Mai 2020
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01/05/2020
Magnum
The serpent rings
hard rock mélodique – 59’46 – UK ‘20
Chez MAGNUM on ne change pas une équipe qui gagne. En effet, Bob Cattley, chanteur originel du groupe anglais, et Tony Clarkin, compositeur-producteur, en sont à leur 21e album studio depuis 1978. Petite surprise quand même sur le poste de bassiste que Al Barrow a laissé à Dennis Ward. Ce dernier a travaillé entre autres avec Pink Cream 69, Place Vendome et Unisonic. Cet album ne détonne pas avec la discographie du groupe qui nous sert un très bon rock hard mélodique aux accents progressifs. Bob Cattley n’a absolument rien perdu de sa voix avec l’âge. On a pu s’en rendre compte lors de prestation studio ou live un peu partout dans le monde avec le groupe Avantasia de Tobias Sammet. J’aime particulièrement le titre «The Archway of Tears» où tout Magnum est résumé: un rythme qui vous fait secouer la tête (et les cheveux si vous en avez encore…), un refrain accrocheur et un son de guitare heavy-hard rock inimitable des années 80. Le titre éponyme est également très représentatif du son actuel de Magnum. Alors oui il y a des passages prog ou encore un peu bluesy comme dans «House of kings» avec un magnifique passage de saxophone, mais cela reste quand même principalement du hard rock. Les textes voyagent entre féerie et magie, mais traitent aussi de sujets plus réels, comme l’écologie ou la religion, qui sont chers à Tony Clarkin. Un album qui ne révolutionne rien mais qui fait du bien et passe tout seul. Fans de Magnum, vous allez être ravis.
Vespasien
3/5
Album non disponible sur bandcamp
02/05/2020
Outland
Outward homecoming
rock progressif/world music – 52’12 – Pologne ‘19
Un album concept autour de son créateur, le Polonais Filip Lajtar, tout à la fois instrumentiste multiple et chanteur.
La mise en bouche débute par des sonorités clairement indiennes. Un mélange de sitar et de tabla pour nous emmener bien loin, curieusement, alors que par son titre l’album est censé nous ramener à la maison.
Et le tour du monde de continuer par l’introduction dans les morceaux suivants de sonorités plus moyen-orientales (comme la Turquie) ou nord-africaines, le tout mis en lumière par le baglama.
Même la voix de Filip Lajtar se fond dans l’environnement, par un timbre et un ton langoureux, un peu hypnotique et répétitif. Le côté répétitif est accentué par l’introduction d’accords récurrents au piano, ce qui donne une touche additionnelle de légèreté, mise en lumière par de petites notes de flûte ici et là.
L’introduction du morceau «Those who remember» est quant à elle plus «moderne», un peu «cold wave», avec une ligne de basse plus présente et un synthé typé années 80 et le neuvième morceau, «In the garden of winter wonders», se montre tout en douceur.
On arrive au total à un mélange assez hétéroclite de sons, de tons, d’instruments qui pourtant proposent un ensemble très uniforme, appuyé par la voix de Filip Lajtar qui imprime une cadence globalement lente à l’album et ne varie pas suffisamment pour lui insuffler une bouffée d’air dont il aurait besoin.
Malheureusement, c’est donc assez répétitif et le ton un peu «mystique» peut lasser.
Isidøre
2/5
https://musicfromoutland.bandcamp.com/al…/outward-homecoming
03/05/2020
Kesem
Kesem
space prog, heavy atmosphère – 38’56 – États-Unis ‘20
KESEM est un combo de Los Angeles. Composé de quatre musiciens, il nous envoie ce premier EP de cinq morceaux. La formule est guitare, basse, batterie et claviers (option trompette pour le claviériste).
La musique est variée et on sent que le groupe est encore en train de chercher sa voie. Toutefois, différentes orientations apparaissent qui sont dignes d’intérêt: une direction un peu noisy avec des envolées de guitares et de claviers dans de joyeuses impros - somme toute - très sympathiques.
Des moments plus écrits, comme le «Reverse Engineering», où la trompette apparaît et nous donne quelques frissons mystérieux.
Enfin, des moments avec chant et «grande finale», augmentation de tension et thèmes répétitifs dans une certaine tradition plus prog, mais dans un contexte plus heavy.
Tout cela ne manque pas d’intérêt et nous laisse supposer un avenir intéressant. Groupe à suivre donc, dont ce coup d’essai nous donne envie d’en savoir plus dans un proche avenir.
Lucius Venturini
3/5
04/05/2020
David Cross & Peter Banks
Crossover
rock progressif – 48’56 – UK ’20
Cet album n’a de cesse de nous élever à chaque nouvelle écoute! C’est en 2006, lors d’une tournée conjointe, que se passe la rencontre entre l’un des membres fondateurs de YES, le guitariste Peter Banks aux manettes avant Steve Howe, et un violoniste reconnaissable entre tous, David Cross (David Cross Music), au sein de King Crimson dans les années 70. Ensuite ils ont la bonne idée de se retrouver en 2010 pour une après-midi d’improvisation en studio. Les bandes ont dormi après la mort de Peter en 2013 jusqu’au moment où, bien plus tard encore et suivant également les désirs du défunt, David décide de les produire. Pour cela il invite une pléthore de musiciens quasi tous issus de Yes, pour compléter les partitions. On retrouve ainsi Tony Kaye, Billy Sherwood, Olivier Wakeman et Geoff Downes e.a. Si la guitare de Peter est bien présente, c’est surtout le violon de David qui tient la vedette. Certaines parties sont bien colorées King Crimson pour leur jeu expérimental, les sonorités de la basse et l’acidité de la six cordes un peu frippienne. Un parfum subtilement canterburien évoque aussi Caravan sur les plages «Plasma Drive» et «Laughting strange». Et nous nous laissons emporter par les envolées atmosphériques où le violon s’impose en maître, dans ce même «Plasma Drive» mais aussi dans la plage précédente «Missing Time». De toute beauté! Une petite perle de progressif qui côtoie d’autres styles aux teintes un peu jazzy.
Clavius Reticulus
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp
05/05/2020
Anton Five
Childhood’s End
rock progressif/psyché/rock – 65’16 – Russie ‘20
«The Sun That'll Never Warm You» débute doucement par de la guitare sèche, avec un petit côté espagnol, pour embrayer sur un solo de batterie assez classique dans sa composition, et puis on bascule sur une plage typée rock, elle aussi classique dans sa structure.
La guitare électrique supplante ensuite la guitare sèche et l’on entre dans une période aux références plus «rock classique» qui peut faire penser au retour des Who ou Deep Purple.
«They Have Fallen And Thou Have Fallen» débute par un bruissement. Celui du vent, interrompu par quelques notes répétitives de guitare, appuyées ensuite par la basse, puis quelques notes style flûte… Le tout monte tout doucement en puissance, de façon lancinante pour rester en tête avec le bruit d’un sonar… bip… bip… bip…
Ce soin apporté à la composition ressort également dans le morceau suivant qui fait des détours du côté de la musique classique, avec de légères touches symphoniques.
Comme de nombreuses plages de cet album, tout s’étire en douceur, calmement jusqu’à l’introduction du cinquième morceau, «The Endless Desert (Live)», où l’on se dit qu’ils vont ouvrir grand les vannes d’un rock plus «hard»… Mais non, c’est pour retomber dans un tempo moins énervé qu’attendu.
Aton Five nous propose avec «Childhood’s End» un album instrumental qui regroupe des plages retravaillées d’enregistrements studio non publiés et trois plages d’enregistrements en public. À noter la qualité assez étonnante des enregistrements publics, au point de remercier la présence du mot «live» dans le titre. Dommage en même temps qu’il ne soit possible d’y déceler que de très très très légères traces de la présence d’un public.
En bref, un rock prog/psyché mélancolique et mélodique, une légère impression cependant de déjà entendu.
Isidøre
3/5
06/05/2020
Magoria
JtR1888
métal-progressif opera – 49’55/44’57 – Pays-Bas ‘19
Nous sommes ici face à un nouveau projet de Mark Bogert, guitariste de Knight Area, qui se lance dans le métal opéra dans la lignée d’Ayreon, par exemple. «Mais de quoi s’agit-il?» me demanderez-vous. Sachez tout d’abord que JtR renvoie à un célèbre tueur en série (Jack the Ripper) et que celui-ci a sévi en 1888 dans le district londonien de Whitechapel. Il ne s’attaquait qu’à des prostituées en les éventrant. Au moins le meurtre de cinq victimes peut lui être attribué avec certitude (je vous renvoie à Wikipédia pour des renseignements complémentaires). Vous vous doutez bien que pour emballer un tel projet (21 titres sur deux CD tout de même), notre ami Mark s’est entouré de nombreux musiciens (ils sont six) et chanteurs/chanteuses (au nombre de neuf). Magoria (Magoria - JtR1888) est ainsi composé de, notamment, Harmen Kieoom (Ex Libris) à la batterie, Koen Stam (Ex Libris) aux claviers, Peter Vink (Knight Area, Ex Libris) à la basse, Mark Hennephof (Textures) aux guitares et Cleem Determeijer (Finch) au piano. En ce qui concerne le chant, citons Rodney Blaze (Ayreon, Fatal Attraction, Star One), Peter Strykes, Jan Willem Ketelaers (Knight Area, Ayreon), Mirjam van Doorn (Ayreon). Je vous épargne les autres chanteuses, non par sexisme, mais parce que mes recherches n’ont rien donné comme résultat! Mais rentrons, si vous le voulez bien, dans le vif de la musique de Magoria! «Whitechapel», un titre emphatique à souhait, quoique très court, introduit le propos, suivi par «Legend of the Serial Killer Scene», du prog métal très traditionnel, influencé, on s’en serait douté, par Arjen Lucassen! Heureusement, des passages plus orchestraux font leur apparition («Prince Albert Victor ‘Eddy’»). Chacune des victimes «officielles» a droit à sa chanson! Comme cela s’avère nécessaire pour ce genre d’objet, l’orchestration est d’un très haut niveau ainsi que l’interprétation, tant au niveau des instruments qu’à celui du chant (parfois angélique, mais qui sait se montrer guttural afin d’apporter la tension nécessaire). Ne vous attendez toutefois pas à de longs développements chers à Lucassen par exemple: les titres sont, dans l’ensemble, plutôt «ramassés». Le piano fait merveille sur «More to Life than This» en accompagnant une belle mélodie au chant. «Overture JtR1888», qui ouvre la seconde plaque, se montre très cinématique et l‘angoisse que pouvaient éprouver les Londoniennes nous monte inexorablement à la gorge. Avec «Pub», on s’y croirait (dans le pub! avec son piano de bastringue). C’est avec beaucoup de sensibilité que nous pourrons quitter «JtR1888» avec «Freedom of London» puisque toute la pression retombe pour un final en apothéose. Pour ma part, je regrette le côté trop formaté de cette réalisation dont j’avais espéré plus d’inventivité. Mais ne vous méprenez pas: il s’agit d’un très bon opéra dans le style…
Tibère
3/5
Album non disponible sur bandcamp
07/05/2020
Silver Hunter
Silver Surfers
funky prog – 45’52 – Angleterre/France ‘20
Heureuse année 2020 qui voit nombre de groupes français sortir de nouveaux disques avec une belle sagacité. Cette fois, me revient l’honneur de chroniquer Silver Hunter, descendant d’une lignée de groupes ayant commencé par Anoxie où figurait Thierry Sportouche, ensuite Indelspeen de Lyon qui devint Silver Lining, puis dorénavant Silver Hunter. De l’ancien temps, il reste le dynamique duo Tim Hunter (guitares/claviers/batterie) et Thierry Sportouche (voix et flûte), cheville ouvrière de la formation anglo-française. Thierry Sportouche est une sorte de touche-à-tout disparate et prolifique puisque, non content de sortir plus ou moins régulièrement le fanzine de langue anglaise Acid Dragon où il écrit quasi seul, il est également auteur de romans policiers à l’âme ‘sherlockienne’ et s’occupe d’une émission de radio ‘Prog à part’ et (last but not least) parolier et chanteur/récitant au sein de Silver Hunter. Ce duo s’adjoint les services d’un claviériste additionnel, Phil Jackson, et de deux choristes, Jasmine Isa Butterworth et Sarah-Marie Gayle, pour faire bonne figure vocale. Tim Hunter s’occupe à peu près de tout ce qui fait l’essence d’un groupe de rock: guitare, synthés, claviers, batterie pour ce troisième effort, après «Mad moonlighters» en 2015 et «Concrete hearts» en 2017. La musique du duo est cool, tranquille; pas d’interventions dépareillées ici, juste un prog’ doux et glissant sur une mousse printanière qui accompagne vos pas au sein d’une clairière ensoleillée. On songe à Barclay James Harvest, Mike + the Mechanics, voire John Wetton. Vous l’aurez compris, Silver Hunter ne joue pas sur les breaks ou le symphonisme, c’est une longue ballade paisible où le flegme british tient une place prépondérante. Pas mal de rythmes séquencés accompagnent la lecture de ce troisième opus. Du coup une certaine uniformité englobe le tout pour un disque à s’envoyer, allongé sur un transat au soleil, le cocktail à portée de main, chapeau de paille calé sur le nez. Il semblerait que Tim Hunter ait imposé ses vues quasi soul/funky en maintes occasions car l’ami Sportouche est plus porté vers un prog’ symphonique chamarré, ici plutôt disséminé par petits tableaux de moindre éloquence. Trois titres sortent du lot: «Dreamland (rock power)» où Sportouche monologue en français, trop court, «The king of sun» avec du chant féminin et «Ys, the lost city of Britanny» qui reste, malgré tout, «middle of the road», funk souple à la Phil Collins. À part ça, je ne saurais trop vous conseiller le mini-album de quatre titres «Concrete Hearts», sorti en 2017, avec deux reprises éloquentes: «Avalon» de Roxy Music et surtout «Ode à Émile» d’un petit groupe français peu connu (!) ou d’un grand chanteur belge, au choix…
Commode
3,5/5
08/05/2020
Levitation Orchestra
Inexpressible Infinity
jazz fusion / complexe / zeuhl – 39’13 – Angleterre ‘19
Voici le premier album d’une grande formation anglaise qui nous présente un jazz composé de mélanges surprenants.
Le groupe composé de treize musiciens peut nous évoquer le grand Centipede de Keith Tippett, d’un certain côté, avec de nombreuses ouvertures vers des espaces aventureux et inusités. D’un autre côté, il y a une indéniable fibre zeuhl dans les sources d’inspiration d'Axel Kaner-Lidstrom, le principal compositeur du groupe.
Les moments sauvages et zeuhl alternent avec de superbes ambiances world music qui concourent à donner un cachet très spécial à l’ensemble, surtout avec l’apport des voix harmoniques.
Les instrumentistes sont excellents, dans la meilleure tradition jazz, et les arrangements sont créatifs, alternant les moments de big band classique avec d’autres moments plus improvisés. On alterne entre un modalisme de bon aloi, superbe, et des moments plus classiques ou des envolées résolument world music.
Parfois, pour les moments plus sauvages, on se prend à penser un peu aux projets de Chris McGregor avec sa Brotherhood of Breath. Ou, quand la harpe entre en action, nous entrons dans quelque paysage éthéré au travers de quelques nuages légers…
Pour résumer, un excellent album riche en découvertes, qui donne l’envie d’être réécouté sitôt l’audition terminée…
Lucius Venturini
4/5
09/05/2020
Wishbone Ash
Coat of Arms
rock/folk/blues – 58’59 – UK ‘20
Le groupe Wishbone Ash revient après six années d’absence avec un album nuancé qui s’éloigne tant soit peu de ses productions très anciennes plus marquées par le blues-rock mais assez proche de l’excellent et précédent «Blue Horizon». Au fil des plages, on trouve en effet des ambiances diverses qui vont du rock appuyé et pêchu («Drive» et «Back in the Day»: une plage qui tue!) aux ballades teintées de folk ou de country. Construction rock d’entrée où le travail des deux «lead guitars», caractéristique du groupe, donne le ton. Andy Powell reste en cela fidèle au style pratiqué au fil de ses 50 ans de carrière. La plage éponyme est tout simplement magique. Un jeu de six cordes tout en dentelles tissées sur une rythmique qui arrache. «Empty Man», jolie ballade folk country nous entraîne dans un rythme dansant et guilleret. Un dialogue de guitares ciselé qui force l’admiration. Émotion aussi dans la belle ballade «Floreana» qui ravira les cœurs poétiques même si se profile une seconde partie plus «emmenée». «It’s only you I see» ne dépare pas; la partition de guitares, une fois de plus, est sidérante, à la fois aérienne et appuyée, finissant en seconde partie par un instrumental qui nous laisse pantois. Du Wishbone Ash grand cru. «Too Cool for AC» adopte résolument des riffs «Clapton» qui tuent. Amusant alors: le morceau «Déjà-Vu» fait, lui, indubitablement penser au style et au son de Steve Hackett. «Personal Halloween» termine en beauté sur un rythme funky. Le plus interpellant reste la pochette de l’album qui ressemble à s’y méprendre à celle du groupe de power metal Sabaton pour un album qui porte, de plus, le même titre (sorti en 2010).
Clavius Reticulus
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp
10/05/2020
Last Knight
Seven Deadly Sins
rock progressif symphonique – 69’24 – Espagne ‘19
Le multi-instrumentiste Jose Manuel Medina (Mandalaband) sait s’entourer, jugez par vous-mêmes: John Mitchell (Arena, Lonely Robot…), Ritchie Castellano (Blue Oyster Cult), Theo Travis (Gong, No Man, Steven Wilson, The Tangent). Il fallait bien cela pour donner vie à ce 5e album de Last Knight et dont le concept ambitieux développé est Dante, la Divine Comédie.
C’est ici un opéra rock de la meilleure des qualités, symphonique et épique à souhait.
Amateurs de mélodies développées au cordeau, cette œuvre est pour vous! Longues compositions à l’ambiance riche qui puisent leurs origines dans les années 70. «Lust», «Gluttony» et «Sloth» sont à écouter en priorité. Folk/prog et Canterbury font également partie du voyage avec «Anger» et «Envy». Un disque puissant, intelligent.
Je n’ai rien d’autre à vous dire, sauf: «Achetez et écoutez ce disque!»
Tiro
4,5/5
11/05/2020
Marco Minnemann
My Sister
pop/prog/jazz/gothique/métal/indie – 104’55 – Allemagne ‘19
Marco Minnemann est un artiste d’exception et ses travaux avec Steven Wilson et Joe satriani sont des références; quant à son association avec Levin et Rudness, elle a écrit une des plus belles pages de notre musique préférée. Que vous dire de ce très long «My Sister»? Qu’il y a, comme gage de qualité du travail ici proposé par ce batteur talentueux, des invités prestigieux comme Doug Pinnick (Kings x) et Alex Lifeson (Rush), entre autres…
Si «My Sister» avait été une manuscrit destiné à une maison d’édition, le comité de lecture aurait plus que certainement renvoyé celui-ci avec les annotations suivantes: «Trop long!», «Doit être coupé!», « Plus concis!»… En fait il y a de trop en tout, et c’est là le gros souci de cet album.
Aucune des 21 plages qui le constituent n'est mauvaise, mais elles sont trop chargées, trop d’informations, trop de styles différents. On passe d’atmosphères à la Hackett à de la pop, de la pop à la new wave et au métal déjanté de Devin Townsend, avec même un passage vers le jazz… quel trip!
Un seul exemple: le premier titre de ce pavé sonore, «Fallin Down», et si vous n’attendez pas «Kids in America» de Kim Wild…
Enfin, l’album n’est pas mauvais, mais il peut être à la fois gonflant, prétentieux et paradoxalement créatif!
Si passer de Zappa aux Talking Heads, de la new des années 80 à Dream Theater ne vous fait pas peur, cet album est pour vous; pour les autres, vous risquez d’être déroutés voire réfractaires à l’effort musical de ce vampire stylistique.
Tiro
3/5
Album non disponible sur bandcamp
12/05/2020
Ghost Toast
Shape Without Form
metal progressif – 46'10 – Hongrie ‘20
Ghost Toast est un groupe de metal prog instrumental. Ils en sont à leur quatrième album depuis 2008. Ils nous assurent un album inspiré d’un poème de T.S. Eliot, poète et dramaturge américano-britannique, décédé en 1965, devenu prix Nobel de littérature en 1948 avec «The Hollow Men».
«Shape without Form» tient toutes ses promesses.
Le concept de cet album est basé sur la capacité de l'homme à être humain ou inhumain, d'éviter de devenir faux et corrompu, une menace pour l'humanité en d’autres mots.
Le groupe s'est également fortement inspiré de films. Le premier titre, «Frankenstein’s», commence d’ailleurs avec une belle intro au piano pour se diriger vers une rythmique beaucoup plus dure, à la façon de Dream Theatre. Dans «Y13» on trouve des échantillons de voix tirés du film «Space Men» (1960), réalisé par Antony Daisies. Dans «W.A.N.T.» on retrouve des extraits de «Nineteen Eighty-Four», réalisé par Michael Radford (1984), basé sur le roman de George Orwell (1948), ainsi que d'«Apocalypse Now» de Francis Ford Coppola (1979), dont le héros n'est autre que Marlon Brando jouant le colonel Walter E. Kurtz interprétant des parties du poème «The Hollow Men».
Musicalement, je trouve qu'ils s'approchent fortement de groupes comme Dream Theater, Fates Warning ou encore Special Providence, en plus accessibles. J'aime beaucoup le titre «Eclipse»; il démarre d'un son très heavy avec une rythmique très dure mais, au court de ses huit minutes, nous voyageons dans différents mondes avec différents effets de synthés pour même y croiser un moment plus jazzy. Je qualifierais ce titre de metal-drum & bass. «Hunt of life» est un titre plus léger mais on peut profiter plus pleinement de János Pusker au clavier et au violoncelle, complété par la voix d'une youtubeuse, Kelly Jenny, qui reprend une pièce folklorique islandaise («Krummavísur»). «Shape Without Form» est un album varié, plaisant à écouter et avec une vraie recherche artistique… Jetez-y une oreille attentive, c'est un conseil.
Vespasien
3/5
https://ghosttoastband.bandcamp.com/…/shape-without-form-20…
13/05/2020
Nolan Potter's Nightmare Band
Nightmare Forever
rock progressif/psyché – 43’11 – USA ’19
Pas d’inquiétudes, vous ne ferez pas de cauchemars à l’écoute de cet objet qui nous replonge dans une époque où le psychédélique allait progressivement (c’est le mot) devenir ce qu’on appelle aujourd’hui le «progressif». La flûte est bien présente sur tout l’album et dans la quiétude relative des premières plages qui parlent des elfes et des fées avec une teinte Magma dans le chant et la rythmique (voyez-vous, pas vraiment de mauvais rêves). On découvre ensuite des paysages sonores évoquant tant Syd Barrett que Steve Hillage (pour le chant mais aussi pour la construction musicale). Les plages s’enchaînent sans «silences» en alternant la force tranquille et une certaine brutalité qui, elle, n’est pas sans rappeler King Crimson ou encore Vanilla Fudge pour le titre «Dosing the President» bien speedé! Les compositions flirtent parfois avec un jazz rock déjanté frôlant la dissonance calculée («Donny’s Trip», dont la montée en force témoigne de toute l’ampleur mélodique dont le super groupe est capable). «Singing a single song of Satan» présente un curieux mariage entre Steve Hillage et Jethro Tull pour le dialogue flûte guitare avant une déferlante digne de Billy Cobham. L’une des plages les plus intéressantes de l’album. Le morceau éponyme final nous plonge dans la galaxie King Crimson/Hillage, énergique et lumineuse comme une pluie d’étoiles. Jeu de guitare époustouflant conjugué à un violon débridé en folie! Une conclusion extraordinaire. Je pense que vous aurez saisi toute la richesse de cette petite perle. Cet album promet des lendemains qui scintillent! Soyez-en sûrs!
Clavius Reticulus
3,5/5
14/05/2020
Vacuum Road
Biopsie
métal progressif – 53’26 – France (La Réunion) ‘19
C’est bien la première fois qu’il m’est permis de chroniquer un album d’un groupe réunionnais! Créé il y a dix ans déjà par Yann le guitariste et Thomas le chanteur, Vacuum Road est actuellement composé de Thomas Lim-Su-Kwai (chant), Yann Cadet (guitare), Raphaël Jean-Baptiste (basse) et Laurent Renard (batterie). Ils se définissent comme faisant partie du mouvement métal alternatif, mais je n’hésiterai guère à les classifier comme métal progressif. L’alternance entre les passages mélodiques (avec du chant clair) et ceux plus musclés (où le growl remplace le chant) me fait irrémédiablement penser aux Franciliens de The Old Dead Tree et à Manuel Munoz des précités. Contrairement à ces derniers, les paroles sont tantôt en anglais, tantôt en français (cinq sur huit). Notons également l’existence d’un album plus ancien («Rear Views» en 2016) qu’il vous est loisible d’écouter sur la page Bandcamp (voir plus bas). C’est avec un clavier presque électro (dans les sonorités) et le chant mélodieux de Thomas que débute notre écoute: «To Kill a Father» bifurque ensuite, un peu après la moitié du titre, vers des guitares plus nerveuses, sans encore entrer dans des délires sonores plus rageurs. Ce sera le cas avec le titre suivant, «Sur le Seuil», emblématique du style Vacuum Road. C’est tout en douceur que «Le Conquérant» nous conquiert ensuite, avec son violon aux cordes pincées et même une ambiance de fond grecque, suivis, bien évidemment, par une déferlante toute métallique. Puis, surprise, une reprise étonnante de «La Nuit Je Mens» d’Alain Bashung: une reprise qui s’éloigne de l’original mais qui ne démérite pas, bien du contraire! Attention à vous, «Il y a Deux Cadavres dans la Pièce» suit le canevas qui semble être celui de ce groupe: introduction douce avant l’éruption volcanique des guitares et des hurlements de Thomas. «Epiphany» montre clairement les grandes qualités de mélodistes de nos amis. Dès les premières notes de «Always On», Thomas s’arrache les cordes vocales au son des guitares démoniaques de Yann. Nous quitterons cette plaque par un dernier titre en français, «Ignis», chanson pleine de nuances où un saxo s’invite pour un final en apothéose. Un bien bel album en vérité que ce «Biopsie».
Tibère
3,5/5
15/05/2020
Grandval
Descendu sur Terre
rock progressif – 70’06 – France ‘20
Autre réjouissance annoncée, on est réellement gâtés en ce début d’année par les Français, avec le second album de Grandval, «Descendu sur Terre» qui sera inévitablement celui de la consécration. Tellement plus rock progressif, plus flamboyant, plus audacieux aussi… Plus riche en tout car musicalement accompli, lorgnant de tous les côtés du panorama progressif avec une belle assurance, porté par des musiciens de renom tels Jean-Pierre Louveton qui intervient aux guitares, pour certaines voix, aux claviers et Jean-Baptiste Itier, son complice de Nemo, à la batterie. Ne cherchez pas de comparaison exagérée avec les albums de JPL, Henri Vaugrand, fondateur et âme de Grandval, sait tailler son chemin avec un bel entrain, digne des meilleurs groupes français qui ont étayé le tunnel qui mène vers la lumière. Dès l’intro avec «Exondation», on pénètre de plain-pied en territoire floydien avec une guitare déchirante digne de Maître Gilmour, comme pour bien cerner où l’on est. Ce n’est pas un artifice de circonstance, un exploit guère suivi d’effets, non, c’est bien le début d’un voyage fabuleux au pays du prog’ chanté en français. «Un nouveau destin» fier de ses 9’20 nous entrouvre les fenêtres sur un nouvel Atoll (mais j’y reviendrai), un léger relent de psychédélisme et la machine s’emballe déjà pour une triomphante obole symphonique où le chant de Vaugrand peut parfois faire songer à D. Le Guennec. Tourbillon qu’on aurait cru finir n’importe quel disque de rock progressif, époustouflant. Passons sur «Puissances de l’infini», court pont pourtant puissant, pour nous intéresser à «Descendu sur Terre»: démarrage acoustique, chant, piano, guitare acoustique et c’est un classic rock ouaté d’harmonies vocales, un vrai morceau à la Dahan, Murat, «typically french» dans sa texture. «Fractal et systémique» diffère du reste de l’opus, comme une de ces compositions du nouvel Ange, celui des années 2010, un instrumental où juste est répété le titre comme un chakra épileptique. Enlevé et percussif, un intermède sain qui détonne du reste. Puis c’est le ‘tube’ de la rondelle, la ritournelle d’essence populaire, «Le chemin à l’envers» et la voix d’Henri Vaugrand qui a ce grain poli, parfait pour ce type de chanson, ballade enlevée qui s’écoute avec l’idée qu’elle la devienne, populaire! Autre pièce maîtresse «Il existe une étoile» (10’38 ah oui), pure pièce prog’ qui souffle le chaud et le froid, l’exubérance et la sagesse, le délire musical et le calme vocal. Belle compromission entre deux styles qui s’entrechoquent, voilà du bon rock prog’ bien achalandé à la devanture des desperados du genre. Une guitare qui frotte, des claviers impétueux, voici de la belle ouvrage. Mais Grandval n’a pas fini de nous surprendre avec un trip hop des montagnes, «La meute est dans la place», étrange compo qui ne fait que nous perdre un peu plus dans les méandres de ce disque pas comme les autres. «Brûler dans les flammes de l’enfer» est un rock sudiste à l’américaine, à grand renfort de sons Hammond et de guitares ‘zztopiennes’ mais plus rien ne peut surprendre à cet instant de la galette. «La vie, pourtant la vie» superbe guitare acoustique, relents psyché là encore et superbe fond de claviers dans le lointain (image!), ça se finit en goinfrerie sonore hallucinante comme au bon vieux temps. Mais on arrive à la fin avec une reprise qui n’a rien de surprenant dans ce contexte, «La maison de Men-Tää», oui, oui, celle d’Atoll, on y revient! Une version du feu de Dieu que s’approprie Grandval avec une redoutable aisance. Voilà, c’est fini, cet album est juste génial, mieux que ce que j’attendais, une nouvelle pierre de taille dans le jardin du prog’ à la française, un pavé qui va éclabousser les esgourdes et me conforter en un avenir radieux pour Vaugrand et sa troupe!
Commode
5/5
16/05/2020
Drowning Steps
The Echo of a Distant Past
rock progressif – 38'21 – Brésil '20
À l'origine, en 2016, projet solo du guitariste chanteur Caio Claro, Drowning Steps devient un duo avec l’arrivée de Tiago Pierucci aux claviers en 2018. Accompagné d’excellents musiciens invités, Drowning Steps nous présente l'étendue de ses influences et de son inspiration en publiant cette année «The Echo of a Distant Past». L'album voit s'alterner 3 morceaux longs et 3 plus courts dont 1 instrumental. On débute justement par l'instrumental «The Source Of Imagination». L'ambiance s'installe lentement, l'accent est clairement mis sur la beauté des sons, loin de toute démonstration technique. Une excellente mise en condition pour aborder la deuxième plage, «Gold Through My Eyes», qui est un pur régal, commençant par une intro majestueuse où la voix bien en place fait son entrée sur un rythme lent, jusqu'au solo de guitare déclenchant une phase plus complexe qui part dans de nombreux thèmes finalement complémentaires. La fougue de l'orgue m'a évoqué les premiers Genesis; la voix fait plutôt penser à Steven Wilson, influence qui revient ponctuellement dans l'album. Voici exactement le genre de titre à rebondissements susceptible de plaire à tout mélomane progressif. [Titre à découvrir sur le lien ci-dessous.] «Where Is My Life» commence simplement à la guitare sèche sur des claviers aériens où les voix douces viennent créer un climat apaisant. La deuxième partie voit un synthé répéter un très beau thème dans une ambiance solennelle qui évoquera à coup sûr quelques grands noms du prog... «The Inner Silence» est peut-être le plus aventureux. Après une intro à l'orgue, le morceau s'oriente vers un épisode fusion du plus bel effet, avant de se poursuivre par un rythme planant évoquant vaguement Eloy. Enfin, le titre se conclut par un très beau thème dramatique, et l'amateur de prog symphonique est aux anges. Pour calmer le jeu, «Affected» est une (trop) courte chanson calme et mélancolique. Le dernier titre, «The Echo of a Distant Past», est le plus long avec ses presque 10 minutes. Il possède une sonorité un peu plus moderne que ses prédécesseurs, la guitare se teinte de métal avec toujours de nombreux changements pour un final splendide. Au rayon des points forts, une production fouillée qui propose des sons chaleureux et des ambiances inventives, une certaine recherche de volupté, des harmonies vocales toujours bienvenues, une forte présence des guitares acoustiques et du piano. Une carte de visite des plus recommandables pour ce talentueux duo brésilien dont j'attends la suite avec impatience.
Titus
4,5/5
https://drowningsteps.bandcamp.com/album/the-echo-of-a-distant-past
17/05/2020
Sunset Mission
Journey to Lunar Castellum
pop/funk progressif – 43’32 – États-Unis ’19
«Journey to Lunar Castellum» est une étonnante rencontre, un rien huileuse (de cette huile de bronzage, saturée au parfum de coco, qui donne à la peau exposée au soleil de l’après-midi ce luisant de maquereau panaméen), entre un funk à la Level 42 (le groupe de brit-funk du début des années 80, né sur l'île de Wight - celle-là même qu’ânonnait Michel Delpech), et un progressif tendance pas vraiment actuelle («Time Station» fait penser à Yes - au mixage de la batterie près), saupoudrée d’un nuage à la Steely Dan - ça, c’est facile, vu le mélange des genres du groupe de Donald Fagen - (bon, FM quand même). Basé à Boston, Sunset Mission, qui se présente en photo comme un trio et comme un quintet quand on fait l’appel, lèche et pourlèche sa production depuis trois ans: les voix (Dana Goodwin et Jessica Gray) sont suaves - à l’exception du final de «Forest Slope», gentil délire option Métal Hurlant de Jan Schwartz -, les arrangements délicats, voire éthérés («All This Time We Wait») ou jazzy («Lunar Castellum», la fin du voyage), les compositions délicates. Agréable, un brin transparent mais cohérent.
Auguste
3/5
https://sunsetmission.bandcamp.com/…/journey-to-lunar-caste…
18/05/2020
Blind
Youmanity
prog FM – 59’52 – Italie ’20
Des nouveaux groupes italiens de prog, il en pleut, et ça ne date pas d’hier. On connaît l'exaltation de nos amis transalpins pour cette musique qu’ils chérissent depuis le début des seventies en ayant enrichi le panel sonore de cette obédience musicale par moult groupes de grande qualité à travers les âges. Mais dans la panoplie de ces groupes estampillés prog il est néanmoins plus rare de voir apparaître un groupe comme ce BLIND. Oubliez donc vos références à Banco, PFM et Le Orme, et apprêtez-vous à embarquer dans une musique anglo-saxonne, solaire, vitaminée, mélodique, burnée, atmosphérique et radiophonique. Ce «Youmanity» va chercher ses influences du côté d’un pop/rock progressif débarrassé des clichés en vigueur afin de se consacrer à ce qu’on pourrait qualifier d’essentiel. On voyage autour de divers styles, du rock FM (Dare) au néo-prog stylé (Sylvan), emmené par un bolide dont la rondeur de la carrosserie permet sans encombre de pénétrer comme une flèche dans des climats rugueux. Production éblouissante, prouesse des arrangements, constructions simples, jamais simplistes, orchestration sûre et énergique, compositions souvent parfaites «What Remains». Une musique ensorcelante, des mélodies captivantes, parfois proche de la perfection, un sacré niveau que le groupe n’arrive cependant pas à maintenir tout le long de l’album mais qui lui permet néanmoins de se hisser d’emblée parmi les productions très réussies de cette année 2020.
Un coup de cœur, et même si ce genre de musique ne fera pas l’unanimité, à coup sûr elle ravira ceux qui aiment le prog mélodique bien relevé et non tarabiscoté.
Centurion
Album non disponible sur bandcamp
19/05/2020
Eon Collide
The Entrance
metal-progressif – 17'29 – Canada ‘20
Premier EP pour nos amis canadiens d'
Eon Collide
et celui-ci est tout bonnement réussi… On est loin de l'époque des démos et EP de début de carrière dont le son horrible sonnait comme le fond d'un vieux garage, avec de la résonance et autres défauts de mixages. Ici le son est parfait, une très belle production digne d'un album. Eon Collide est formé par un trio instrumental aux fortes influences prog-metal, post-metal, metal ambiant: Jean-François Quévillon aux guitares, Patrick Poulin à la basse et Ugo Bossé à la batterie. Les compositions sont encourageantes, elles sont simples mais pas basiques. On sent la maîtrise de leurs instruments et de leurs compositions. Il y a sur ces quatre titres une bonne base de metal prog classique. J'entends en eux Cult of Luna, Alcest en plus doux, mais surtout, dans certaines ambiances, Leprous et Antimatter. Que du bon me direz-vous, mais attention il ne s'agit ici que de la genèse de ce groupe, et voyons vers quoi ils navigueront dans le futur. Cet EP ne fait qu'un peu plus d'un quart d'heure, donc pas de pièce maîtresse ou de quoi explorer plus avant. Je n'ai qu'un mot à dire: allez écouter ce groupe, toutes les plateformes de téléchargement accueillent ce premier essai. Groupe à retenir et à suivre...
Vespasien
20/05/2020
Abronia
The Whole of Each Eye
kraut/psyché – 34’24 – USA ’19
Tout en restant dans une mouvance psyché un rien cosmique, quelques spots de nuages kraut viennent décorer le ciel de ces paysages sonores aux rythmes obsédants et lancinants. Le chant de Kalin Mayer n’y est pas étranger. Sa façon de poser la voix est étonnamment semblable à celle de Grace Slick, tantôt incisive, tantôt un rien traînante et sublimée par une touche d’écho homéopathique. Une voix chaude ponctuellement mordante, quasi incantatoire. L’album, d’ailleurs, évoque des cérémonies rituelles païennes perpétrées dans quelque temple séculaire dressé au sein des montagnes isolées d’un désert aride. Le sextet de Portland, Oregon, nous livre ici des hymnes presque gothiques. À certains moments - vous allez me trouver audacieux - j’ai pensé à Catherine Ribeiro + Alpes, Earth and Fire (in: «Rope of Fire», par exemple, ou encore «Cauldron’s Gold») et aussi à «Siouxies and the Banshees». Cette voix qui toujours surfe sur ces ambiances particulières communes aux trois groupes que je viens de nommer, aussi différents soient-ils à la base, se montre particulièrement envoûtante dans «Half Heal», l’un des meilleurs moments de l’album avec ses rythmes tribaux de guitare ronflante et de batterie conjuguées. Le saxo que joue également Kalin ajoute une touche de mystère oriental aux compositions essentiellement menées par les six cordes (pedal steel comprise). Quant à la signification du nom de ce combo, Abronia, vous avez le choix: une plante, une famille romaine de l’époque d’Auguste ou un lézard. Un album trop court mais riche en bonnes vibrations. On en redemande. Ils ont leur page sur Facebook.
Clavius Reticulus
21/05/2020
OBRASQi
Holygram
Indie prog – 22’10 – Pologne ‘19
Difficile de trouver des renseignements sur Obrasqi, qui nous vient de Pologne et dont la langue est, pour moi, incompréhensible, même si les sites de traductions que l’on trouve sur internet peuvent aider. C’est ainsi que j’apprends que ce trio nous provient de la Poméranie (région côtière au sud de la mer Baltique dans le nord-ouest de la Pologne). Il est composé de Monika Dejk-Ćwikła au chant et à la basse, d’Artur Wolski aux guitares et claviers et de Jarosław Bielawski à la batterie et aux percussions. C’est en avril 2019 que le groupe a débuté en jouant dans différentes émissions de radios polonaises. Ces membres nous présentent donc leur premier EP. Ne cherchez pas vraiment de prog ici. Je qualifierai plutôt cette plaque d’indie atmosphérique, extrêmement plaisante ceci posé. Même si elle est chantée, cette musique se montre particulièrement planante dès la plage d’introduction «Najbardziej Ciemny Świt (Radio Edit)». Personnellement, je vous propose d’écouter plutôt la version longue où certaines parties de guitares se font plus inventives. La voix chaleureuse et sensuelle de Monika fait merveille sur l’ensemble des titres et les instrumentistes sont d’un excellent niveau. Outre la version longue déjà mentionnée ci-avant, j’aime particulièrement la plage titulaire. «Nieobowiązkowe» nous entraîne, telle une ballade au coin du feu (de bois) et rentre immédiatement dans la tête, tellement la mélodie coule de source. Je terminerai cette (courte) chronique par ces vers:
«Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté».
Tibère
Album non disponible sur Bandcamp
22/05/2020
Magnesis
La Bête du Gévaudan
prog théâtral français – 42’16 – France ‘20
Il est écrit que Magnesis (Magnesis rock progressif) sera le dernier. Le dernier à se tenir debout dans ce genre qu’il chérit, affectionne et propulse bon an mal an aux oreilles des fans de progressif théâtral à la française, toute une école issue des premiers Ange et Mona Lisa. Fondé à Dijon en 1987 par un duo Eric Tillerot/Frédéric Przybyl, deux copains de lycée fascinés par ce rock progressif emphatique et pourvoyeur d’images. Aujourd’hui, c’est le 12e opus pour les Bourguignons où seul Tillerot tient bon le flambeau de ce rock démonstratif car il faut voir Magnesis sur scène pour comprendre toute la fougue et la passion qui l’animent, lui et ses complices dont le claviériste Jean-Pierre Matelot, présent depuis «Absinthéisme» de 95 et Denis Codfert, batteur depuis «Étang rouge» de 98. Douze albums dont un live, Magnesis détient un record de présence sur la scène française et les platines des derniers fanatiques de ce genre, tour à tour adoré ou décrié. Ici, c’est un fan qui vous écrit, ceux qui me connaissent le savent, je valide cette nouvelle galette, d’autant plus que Magnesis franchit encore un palier dans l’inspiration et surtout l’orchestration de ces huit morceaux. Une épopée dorée à l’or fin, «La bête du Gévaudan», un sujet qui attise les textes et la musique de Tillerot, maître à bord de ses fantasmes XVI/XVIIe siècles. Il sera difficile de faire la fine bouche devant le soin apporté aux arrangements fastueux, digne de la belle époque, celle des années 70. Clairement, on tient là, malgré la qualité de «L’immortel Opéra» et l’excellence d’«Alice au pays des délires», le meilleur album de Magnesis. Chaque morceau se rapporte, dans un ordre chronologique bien entendu, à l’histoire de la Bête. Les claviers supportent l’ensemble dans une profusion de sons chaleureux, bien aidés par la guitare de Fabrice Foutoillet, nouveau venu bourré de classe, à la façon d’un certain Brézovar! D’ailleurs, ce n’est pas faire injure que de rappeler Ange surtout avec Magnesis qui développe un concept dans la même veine que ceux rapportés par les Décamps et leur bande au cours des seventies. On retient «La Bèstia», plus long titre développé en quatre chapitres dont un certain «Versailles» (clin d’œil involontaire) qui joue sur des ambiances symphoniques majeures avec une aisance magnifiée par les 28 années passées à les élaborer. Un charme magique émane de chaque composition, l’exaltant instrumental «La grande battue» comme emmené par un fifre révolutionnaire, l’envoûtant «Révolution», véritable ‘tube’ de l’album, aurait pu figurer dans «Sève qui peut» de qui vous savez, auréolé d’un solo de guitare possédé! Non, Magnesis ne fait pas du rock médiéval mais un rock progressif nourri des vérités et légendes du siècle qui précède le grand chambardement, celui de tous les excès. Eric Tillerot affine sa voix qui s’ajuste et colle au rock symphonique de la ‘Bête’ avec une belle maturité acquise sur les scènes où ne manquez surtout pas de faire un triomphe à ces derniers des Mohicans. Tillerot et sa belle équipe sont les dépositaires de ce cher bon vieux rock prog’ costumé, maquillé, masqué et théâtral qui a biberonné les plus anciens d’entre nous. Il ne faut pas tuer la bête cette fois, juste s’engouffrer dans les émois d’une chasse mystique et se passionner, s’enthousiasmer pour une œuvre qui n’a plus beaucoup d’égales dans son genre en France.
Commode
Album non disponible sur Bandcamp
23/05/2020
Pierre Vervloesem
- Artiste Belge
- Artiste International
avant-garde rock/jazz – 73’56/43’13 – Belgique ’19/’19
Pierre Vervloesem, le multi-instrumentiste. Pierre le prolifique (52 albums, dont 23 en solo, le tout en 28 ans de carrière). Vervloesem, l’homme aux 100 projets: du X-Legged Sally (avant-garde/free) de ses débuts jusqu’au jazz Flat Earth Society (avec Peter Vermeersch, son compère de toujours), en passant par le funky Itza Uchen, le pop A Group (l’inénarrable cover de «Crazy Horses» des Osmonds Brothers!), le parodique Woodentrucks («Peas aud Laugh ), le lunaire Lunabee ou l’expérimental Kings of Belgium. Pierre Vervloesem, qui a joué avec David Byrne (Talking Heads) ou produit dEUS. Qu’on a parfois surnommé le Frank Zappa belge (euh, c’est y aller un peu fort…). «Artiste Belge» se présente comme le successeur de «Not Even Close», guitares en sus (c’est un instrumental). Inventif? Créatif? Oui, mais c’est aussi un sacré foutoir: Vervloesem part dans tous les sens, privilégie la distanciation ironique («Über-Mensch Tango», «Stravinsky & Hutch» ou - ? - «Another Reich»), voire la parodie - quitte à verser dans l’autoparodie («Tango Tango»). Composer vite, enregistrer beaucoup, ça a aussi ses limites. «Artiste International» bénéficie de la dextérité du batteur suédois Morgan Ågren (Kaipa, Kamakanic, Mats/Morgan…) pour sa douzaine de compositions foisonnantes, aux rythmiques virevoltantes - et plus clairement orientées jazz.
Auguste
https://pierrevervloesem.bandcamp.com/album/artiste-international
https://pierrevervloesem.bandcamp.com/album/artiste-belge-bonus-tracks
24/05/2020
Hibiscus Biscuit
Reflection of Mine
rock progressif/garage rock – 37’02 – Australie '20
Un autre album du «land down under», l’Australie. Un album très court de 8 morceaux dans un style très années 70-80. Cela débute par de petites touches de piano, toutes en légèreté, pour naviguer vers du synthétiseur, dans le plus pur style des années 70-80. On y revient… Par moments on y retrouve également quelques très légères touches jazzy, mais il faut le dire vite. Par contre, il y a un réel courant «groove» qui traverse cet album de long en large, avec ses sons réguliers, puis chaloupé avec des sonorités plutôt chaudes.
La voix du chanteur m’est apparue un peu en décalage. Ou, plus exactement en léger retrait, ce qui renforce ce sentiment de se retrouver quelques décennies en arrière. Mais l’effet «flash-back» provoqué chez moi par cet album n’a rien d’une nostalgie triste, au contraire c’est plutôt enlevé, rythmé et je dirais même saccadé ou syncopé. Car c’est bien ça qui a été l’élément marquant à cette écoute.
On avance, on avance, on écoute et puis on dirait qu’un moment reste suspendu, que l’on reste une jambe en l’air quelques secondes ou fractions de secondes pour ensuite retomber, le cas échéant, dans une autre rythmique, à l’exemple du morceau «Sunflower Fields» qui nous entraîne, par ses guitares et batteries, dans une atmosphère «garage rock».
Bref, un heureux mélange, tout en nuances, de genres, de langues (voir le morceau «Abelha de Agua» en portugais), de styles et des réminiscences, de temps en temps, de sonorités à la Supertramp…. et toujours des arrangements soignés.
Mon morceau préféré: «Sunflower fields».
Isidøre
25/05/2020
Anubis
Homeless
pop-prog – 41’16 – Australie ‘20
Jusqu'à ce 6e album, les Australiens de Anubis m’avaient séduit par leur prog largement influencé par Marillion, IQ, Pendragon et Floyd, en développant leur musique autour de longues plages musicales aux univers complexes. Surpris donc de découvrir un album relativement court avec des morceaux autour des 4 minutes. L’album débute par la plus longue tune de ce «Homeless», «Reflective» qui me rassure, le style que j’avais aimé est bien présent, du prog moderne, mais du prog! Après… c’est toujours bien fait, la voix de Robert James Moulding est toujours splendide et musicalement les autres membres sont au top, sauf que pour le reste de l’album nous avons affaire à un rock pop prog de bonne qualité mais qui surprendra, voire décevra, les fans de la première heure.
Difficile pour moi de dire du mal de cet opus, il est bon, il y a de bonnes mélodies, elles sont inspirées, mais ce n’est plus vraiment du prog, d’où ma note de 3 étoiles.
Mais si vous aimez les compos courtes, pop, AOR, cet album est pour vous; si vous aimez les solos de guitares FM, «In Shadows», ce disque est pour vous. Cependant je vous conseille de découvrir les albums précédents qui pour moi étaient bien plus significatifs de notre musique préférée.
Au final, un album qui, à défaut d’être prog, vous fera une compagnie agréable de vos soirées ou de vos réveils dominicaux.
Tiro
26/05/2020
Grand Tour
Clocks That Tick (But Never Talk)
néo-progressif – 68’01 – UK ‘19
Le nom de Hew Montgomery renverra les plus érudits d’entre vous au groupe écossais Abel Ganz, dont il fut l’un des fondateurs au début des années 80. Ayant quitté Abel Ganz en 2007, le claviériste a fondé son propre groupe, Grand Tour (Grand Tour Music), aujourd'hui complété par des membres de Comedy of Errors et Long Earth. Après un premier album «Heavy on the Beach» en 2015, voici un opus dont le thème pourra sembler assez flou et déroutant, entre paranoïa et autres problèmes de santé mentale: «Les seuls qui devraient connaître les voix dans votre tête, ce sont ceux en qui vous avez confiance pour les laisser entrer dans votre esprit. (...) Maintenant, je suis sûr qu'il pourrait y avoir quelqu'un d'autre me contrôlant… Marcher dans l'ombre, quand la journée est finie, des voix dans ma tête pour me tenir compagnie.»
Histoire de rester dans le thème, l’album sera logiquement émaillé de sons d’horloges et... de quelques voix inquiétantes, mais - fort heureusement! - le contenu musical restera toujours simple, lisible et équilibré.
Sept titres assez longs, où chaque élément tant mélodique que rythmique trouve naturellement sa place, sans jamais céder à la «Panic» (petit intermède plus rythmé). Les claviers toujours inspirés de Montgomery et la voix de Joe Cairney laissent beaucoup d’espace aux interventions très enlevées de Mark Spalding (guitare), notamment dans mon titre préféré, «Back in the Zone», et au solide jeu de basse de Chris Radford.
Ce bel album, sans esbroufe mais doté des éléments de base qui font l’attrait du genre, se laisse écouter avec délectation et prolonge la belle tradition du prog d’il y a quarante ans.
Vivestido
https://grandtour.bandcamp.com/album/clocks-that-tick-but-never-talk
27/05/2020
Arnaud Bukwald
La marmite cosmique V
canterbury / space rock – 33’40 – France ’19
Le multi-instrumentiste Arnaud Bukwald se définit comme un troubadour de l’underground. À l’écoute de «La marmite cosmique V», je qualifierais plus facilement sa musique d’éclectique que d’expérimentale: tendance troubadour, plus que tendance underground. L’album compte cinq morceaux et c’est peu dire qu’il ne se termine pas comme il a commencé. Les incantations liminaires du premier, «Zöhr» - la grosse pièce de plus de 12’ -, invoquent Magma, tandis que son premier chapitre, jazzy et canterburien, nous ramène aux sons cuivrés - entre le vieux rose et le gris - d’Arkham, ce mythique groupe (belge) qui ne nous a laissé aucun enregistrement studio et dont les musiciens formeront les piliers du groupe de Christian Vander et d’Univers Zéro. Excellent morceau - et la reprise finale en est un exemple. Avec «New Dawn», le ton du clavier se fait léger, désinvolte, facile: c’est sympa, mais on est déjà ailleurs. «Mandarine» mêle synthés Berlin School et références floydiennes («Breathe», «One of these days» et même quelques échos de… «Echoes»). «Kinky Boots» se la joue funky et soul - et insignifiant -, tandis que «Theremoon», l’autre long titre de l’album, fait "poui-poui" avant de mélanger, sans intérêt évident, percussions exotiques et synthé intergalactique. Bon, moi aussi j’aime l’éclectisme, mais moins quand ça se déglingue.
Auguste
https://arnaudbukwald.bandcamp.com/album/la-marmite-cosmique-v
28/05/2020
I Viaggi di Madeleine
I Viaggi di Madeleine
rock progressif – 53’24 – Italie ‘19
L’Italie et une terre de rock progressif qui engendre depuis le début des années 70 une quantité hallucinante de groupes. Mais il faut bien l’avouer, à cette époque-là de l’âge d’or du rock progressif, à part les grands noms comme Le Orme, PFM et Banco, finalement peu de groupes transalpins sont vraiment arrivés à franchir les Alpes pour ensorceler le reste du monde. Il faudra attendre les fanzines, les disquaires spécialisés, et surtout Internet, pour découvrir ou redécouvrir ces trésors du passé.
De la Botte cette fois nous nous attarderons sur son talon, là où siège Lecce, la ville natale de ce nouveau groupe I Viaggi di Madeleine. Alors si certains se posent encore la question de savoir: «Mais qui est AmAndA?» (cri de ralliement des aficionados du groupe AmAndA), ici nous savons qui est Madeleine… «Elle incarne l’âme de l’adolescence tentant de se préserver de toute la pourriture ambiante.» Vaste programme qui pourrait être l’allégorie de ce genre musical face à l’inculture actuelle. Ce trio constitué depuis 2015 de Francesco Carella (chant, claviers et basse de synthé), Giuseppe Cascarano (guitare) et Giuseppe Quarta (batterie) puise ses influences dans le vieux prog italien d’antan, sans renier une certaine forme de modernité en insérant des parties plus rentre-dedans «Kamaloka» qui me rappellent ce qu’Arpia avait personnifié dans son sublime «Liberazione» en 1995.
Parfois chanté en anglais (une erreur) mais essentiellement en italien (et là ça va de soi) ce «I Viaggi di Madeleine» évoque donc le côté dramatique et symphonique du prog italien des 70’s aux 90’s, allant de Biglietto per l’Inferno à Museo Rosenbach, en passant par Banco del Mutuo Soccorso, Goblin, Balleto di Bronzo, Alphataurus, mais aussi Germinale, Finisterre, Sithonia, La Maschera di Cera, Abiogenesi ou Nueva Era. Mais comment les évoquer tous? La liste est tellement longue...
Par une instrumentation parfois brute mais consolée par des claviers aux sonorités vintages, cet album n’est pas exempt de tout reproche mais il arrive néanmoins à garder un bel équilibre entre emphase et fougue, entre passéisme et ambiances diversifiées.
Recherche et savoir-faire donnent de la mâche à cet opus qui s’enrichit d’écoutes répétées, qui bouscule parfois nos principes, «Gods of distant worlds», qui s’inscrit résolument dans une démarche éculée mais qui arrive à surprendre aux entournures.
Une belle découverte que je conseille à ceux qui ont jadis été baignés à satiété par le rock progressif italien mais qui, à ce jour, ne sont toujours pas rassasiés.
Centurion
29/05/2020
Elysian Fields
Revelation
rock progressif – 45’07 – États-Unis ‘20
Elysian Fields est un groupe de rock progressif formé et dirigé par Mark Jeffrey Dye, créé en 1973, qui a sorti quatre albums sous ce nom. À ne pas confondre avec le duo d’indie rock portant le même patronyme. Mark est impliqué dans la musique depuis l'âge de 10 ans. Il a joué de la guitare, du violon et des claviers dans divers groupes qu'il a formés de 1965 à 1984. Il détient également un baccalauréat en composition musicale de l'Université de Floride du Sud. En 1978, le groupe déménage à Los Angeles et change de nom pour Impulse et sort cinq albums sur le label Electric Fantasy.
Pendant son séjour à Los Angeles, Mark devient spécialiste du Midi et de la synthèse pour de nombreux grands artistes comme Van Halen, Giuffria (clavier d’Angel), Gino Vannelli, et est même apparu sur Entertainment Tonight en tant que conseiller technique pour la musique électronique. Il exploite maintenant une installation d'enregistrement numérique de pointe à Saint-Pétersbourg, en Floride (oui, pas en Russie!). À la retraite, il continue de poursuivre des projets pour lesquels il n'a pas eu le temps depuis 40 ans. Vu l’excellence des travaux proposés, j’en suis le premier ravi.
On a le droit, souvent à juste raison, de se méfier d’un artiste solitaire mais on est vite rassuré dès le premier titre, MJD soutient la comparaison derechef avec… Jon Anderson: «Enigma» semble sorti d’un album du chanteur de Yes, jusqu’à l’intonation. Le mimétisme est troublant, la composition aussi; l’élève peut s’assoir à côté du maître. Mais pas que… On se rend vite compte que Mark a assimilé les meilleures compositions du rock progressif des 70’s car ce sera une succession de morceaux issus des caractéristiques usuelles des plus grands. L’auditeur blanchi sous le harnais d’écoutes répétées des grands maîtres fera défiler Asia, Genesis, ELP, Kansas, Supertramp ou BJH au gré de l’album. Jusqu’à J.S. Bach dont la «Toccata bwv 565» est adaptée pour finir la rondelle dans une sorte de délire emersonien qui fera jubiler tout amateur de prog metal. Ce n’était qu’une intro pour en finir avec un «Savior of the universe», une saveur que MJD a su nous faire goûter avec entrain pour un dernier feu d’artifice d’influences où tout y passe avec un plaisir limite coupable. «Une énième resucée de l’art prog’» diront certains. Perso, j’y prends un plaisir solitaire, replié sur mes souvenirs avec cette délicieuse sensation de tourner les pages d’un catalogue d’inédits des formations précitées n’ayant trouvé grâce pour x raisons et enfin publiés sous la forme d’une compilation! Est-ce un hommage? Je le pense car le bonhomme a un indéniable talent pour faire «comme si» et ce n’est pas moi qui jetterai la première pierre. La nostalgie heureuse n’a pas de prix. From Elysian Fields to Revelation…
Commode
Album non disponible sur bandcamp
30/05/2020
Jay Tausig
Interstellar Odyssey
canterbury/psyché – 37’01 – USA ’19
Deux plages d’à peu près 20 minutes chacune dont la coloration principale est jazzy de l’école de Canterbury. Saxo très présent et jeu de claviers nous plongent derechef dans un univers voisin de celui de Soft Machine (époque «Third»). Jay Tausig, dans sa discographie-fleuve, cela dit, a une prédilection pour le genre space rock, mais il tâte également de l’e-music si l’on en croit ses deux albums «Inventions 1 et 2», parmi d’autres projets cosmiques. Notre artiste joue tous les instruments et collabore avec plusieurs grands noms du rock progressif, notamment dans des tributes à VDGG, King Crimson et Genesis, et en space rock le projet «Chromium Hawk Machine» le voit aux côtés de Nik Turner (Hawkwind). La première partie de la présente odyssée interstellaire est donc jazzy légèrement déjantée comme pouvait l’être Soft Machine dans son troisième album. Viennent s’y greffer quelques nuances space psyché judicieusement agencées et des interventions aux sonorités Terry Riley et Gentle Giant en éclats ponctuels et homéopathiques. Les riffs de guitare sont incisifs et donnent la répartie aux synthés cascadant dans des rythmes changeants. Le deuxième trip s’approche sous certains aspects de la mouvance du Roi Pourpre par ses séquences syncopées, sa flûte traversière et ses arpèges de guitare caracolants. Les deux plages s’enchaînent magiquement et prolongent le voyage interstellaire en alternant les inspirations les plus diverses tout en maintenant une parfaite homogénéité mélodique. Une superbe découverte en ce qui me concerne. Attention, Jay peut changer de style d’un album à l’autre. Vous n’aimerez peut-être pas toute la discographie.
Clavius Reticulus
31/05/2020
The Nits
Knot
art rock expérimental – 46’26 – Pays-Bas ‘19
Ceci n’est pas le CD le plus facile d’accès de nos Bataves préférés que sont The Nits (nits), bien au contraire. Deux ans après «Angst» tourné vers la mémoire, le thème développé dans ce «Knot» se révèle tout autant universel: la disparition de nos parents et le sentiment de solitude infinie que nous procure celle-ci, nous laissant dans un état bizarre, n’étant plus des enfants puisque nous voilà sans parents. Pour mémoire, le groupe est actuellement constitué de Henk Hofstede (chant, guitare, composition), Robert Jan Stips (claviers) et Rob Kloet (batterie, percussions). Knot est un disque contemplatif et atmosphérique: n’y cherchez pas les grandes mélodies pop qu’on leur a connues par le passé. Dès «Ultramarine», le ton est donné: introspection et langueur de temps sont les mots-clés à garder à l’esprit. Ils conservent malgré tout un grand amour des Beatles (je me souviens les avoir vus à Tournai où, suite à une panne électrique, Hank était venu s’asseoir sur le bord de la scène avec sa guitare «classique» nous interpréter quelques titres des Fab Four), en effet le jeu au clavier me fait penser à la partie de piano de «The Man on the Hill». Un rythme (presque) enlevé permet à «Machine Machine» de décoller quelque peu. Tiens, il y a même un peu de français, le court et cosmique «Une Petite Allumette» (Où va le temps? Une petite allumette dans le béton). La dernière plage, «(Un) Happy Hologram», semble, musicalement du moins, la plus enjouée. Mais jugez par vous-mêmes des paroles: «Joyeux anniversaire, bon hologramme, mon papa hologramme joyeux et triste». «Knot» n’est certainement pas à écouter les soirs de grand cafard d’autant qu’il faut de (très) nombreuses écoutes pour y pénétrer…
Tibère
Album non disponible sur bandcamp