Avril 2021

01/04/2021

Eye 2 Eye
Nowhere Highway
neo progressif – 59:20 – France ‘20
À l’instar d’un Asia Minor, c’est aussi à un autre come back que nous assistons au sein de la scène française progressive avec celui d’Eye 2 Eye. Certes, peut-on parler de retour quand un groupe n’a laissé que quatre petites années entre son précédent travail et le nouveau? Cette fois, Philippe Benabes (claviers) et Didier Pègues (batterie/claviers) ont choisi l’autoroute et un musicien paumé pour accompagner la trame musicale de leur nouvel opus. À signaler que Eye 2 Eye aime laisser des traces de son passage; en effet, l’album débute avec «Behind the veil - Ghosts part 2» qui n’est ni plus ni moins que la suite du «Ghosts part 1» de «The light bearer» de 2017! Avant d’aller plus loin, il faut reconnaître au groupe un certain sens du jeu de piste puisque «The Hidden Muse», 3e titre du présent opus, reprend le même thème à la guitare que «You», morceau du… premier album «One in every crowd» de 2006! Suite dans les idées ou recyclage? Saga a montré l’exemple avec ses «Chapters» après tout… Quoi qu’il en soit, la route est belle mais il faut s’y retrouver. L’heure de musique propose deux grandes pièces: «The Choice», en six parties, et «Nowhere Highway», en sept autres morcelées en petites durées, dont pas moins de six sous les deux minutes. Seuls trois morceaux désenclavés retrouvent un format prog’ habituel, «Behind the veil» (8:54), «The Hidden Muse» (6:42) et «Moons Ago» (7:09). De toute façon, l’œuvre s’écoute d’une traite, fi de ces calculs d’apothicaire qui, sur le papier, décomposent la musique mais, à l’oreille, offrent un grand moment de rock progressif oscillant entre neo prog et prog’ symphonique de haute volée. Entre Marillion (on songe un tant soit peu à «Misplaced Childhood») et le Genesis de «Duke», Eye 2 Eye bâtit une architecture confuse qui trouve un réel point d’équilibre après plusieurs écoutes. Mélodique, enlevé, parfois sombre, parfois chatoyant avec le chant clair et puissant de Jack Daly qui est pour beaucoup dans l’entrain et le charme déployé. Eye 2 Eye en est, mine de rien, à son cinquième album si l’on met de côté «ADN» et son «Prélude» de 1999 où officiaient déjà les deux compères, Pègues et Benabes. Un morceau comme «Moons ago» résonne comme une pure merveille mélodique voire enchanteresse et résume assez bien à lui seul l’esprit qui anime la formation avec ses breaks harmonieux, sa guitare soyeuse (Bruno Pègues), son chant impétueux (à la Geoff Mann!), ses percus synthétiques bienvenues, son orgue incongru mais jouissif (!), son lyrisme envoûtant, bref tout convoque le plaisir auditif avec une profusion de sensations venues du neo prog mais un neo prog ayant gagné ses lettres de noblesse. On n’a pas envie que ça s’arrête, c’est simple… Pour résumer, cet album est un éclatant signe de santé du rock progressif français en général et de Eye 2 Eye en particulier. Il faut que vous écoutiez ce disque, c’est impératif si vous aimez les longues routes qui ne vous emmènent nulle part mais vous font voir du paysage et celui que déploie E2E fait de ce disque un «road record» exténuant de bonheur!
Commode
https://eye2eye1.bandcamp.com/album/nowhere-highway-2020

https://www.youtube.com/watch?v=fbqoa-ikgXg

02/04/2021

Glass Kites
Glass Kites II
crossover-prog – 30:10 – Canada ‘21
Attention, groupe à suivre! Glass Kites est un groupe de Vancouver au Canada et dont les origines remontent déjà à 2008. Il nous livre ici son second album après un premier album paru déjà en 2012. Peu d’informations sont disponibles sur le groupe mais ce qui surprend d’emblée c’est, d’une part, le jeune âge des gaillards et, d’autre part, la brièveté des albums. Cet album-ci fait effectivement 30 minutes alors que le premier en faisait à peine 36.
La musique est difficilement classable; la jeunesse des membres du groupe doit expliquer le peu d’influences que l’on peut accoler à leur musique. Elles ne sont en tous cas pas à chercher du côté des grands classiques ou du néo-prog. L’accent est ici mis sur les ambiances et les atmosphères avec un côté «spatial» du plus bel effet. Les voix sont le plus souvent éthérées et utilisées plus comme un instrument; cela véhicule de la mélancolie mais donne également une invitation au rêve.
J’ai trouvé dans cet album une liberté qui fait vraiment du bien, un peu l’instar de Long Distance Calling que j’ai eu l’occasion de chroniquer précédemment. L’utilisation du vocoder peut parfois faire penser à Eloy mais plus dans l’esprit que dans la forme. En évoquant Eloy, je retrouve ici cette forme de liberté que le groupe de Frank Bornemann s’est toujours accordée en ne se conformant à aucun code ou aucune recette.
Est-ce du prog? Finalement, on s’en fout un peu; c’est une musique libre, détachée de toute contrainte et qui invite au rêve et c’est là le plus important. De plus, c’est vraiment bien joué et la production est chatoyante et chaleureuse et avec une mention particulière pour les patterns rythmiques qui sont souvent surprenants mais toujours à propos.
Un seul regret toutefois: produire une fois 36 et une fois 30 minutes de musique en près de 10 ans de carrière, c’est vraiment peu. De plus, dans cet album-ci, le morceau «Ideologue» est sympathique mais n’apporte pas grand-chose; cela fait un peu remplissage et c’est dommage d’avoir cette impression car l’album n’est déjà pas très long.
Bref, un groupe et un album à découvrir absolument avec toutefois une pointe de frustration au vu de la brièveté de la livraison. Mais un groupe à garder à l’œil de très près de toute façon.
Amelius
https://glasskites.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=wzfa8Ga7evk

02/04/2021 - EP

Achelas
A World Without Boundaries
musique ethnique progressive – 29:45 – Maroc ‘20
Nous n’avons pas pour vocation de vous faire visiter le monde, pourtant, en recevant des témoignages venant de pays peu enclins à produire des musiques inspirées de l’Occident, force est de reconnaître que Prog censor est comme un voilier sillonnant des mers étranges! Alors accostons cette fois au Maroc, sur les traces de Achraf Elas (alias Achelas) pour parcourir son premier témoignage discographique. C’est comme une danse autour de divers genres allant du folk au jazz et de la pop aux musiques orientales. C’est comme une musique sans frontières, à l’instrumentation légère, souple et évocatrice. C’est comme un appel à la tolérance culturelle par le biais d’une musique hybride faite d’altérités jugulées pour réussir un mariage d’amour. C’est à découvrir!
Centurion

https://achelas.bandcamp.com/album/a-world-without-boundaries

https://www.youtube.com/watch?v=ZAfdmgmzx78

03/04/2021

Kraan 

Sandglass
jazz/funk progressif – 49:52 – Allemagne ’20
Kraan est fondé en 1971, autour du bassiste Hellmut Hattler, par quatre garçons nés à Ulm, sur la rive gauche du Danube. Les membres du groupe vivent et travaillent ensemble pendant près de cinq ans dans leur ferme communautaire de Wintrup, petite ville du centre de l’Allemagne – où Conny Plank transportera son studio mobile pour y enregistrer le quatuor et qui donnera son nom au deuxième LP. Les premiers albums se caractérisent par de longues improvisations modales et la musique du groupe, entendue par les rockers comme du jazz, et par les jazzmen comme du rock, sort des sentiers battus: l’ensorcelante basse de Hattler articule la fusion saxophone (Johannes Pappert) et guitare (Peter Wolbrandt), le tout reposant sur la rythmique de Jan Fride – le frère du précité. Bon, depuis, le style du groupe s’est fait plus rond, évoluant vers un funk/soft jazz; certains sont entrés, d’autres sont sortis; à une décennie d’inactivité a succédé une renaissance en 2000 et «Sandglass», l’album de 2020 (avec Hattler et les deux frères), de bonne facture et d’un doigté vaillant, m’enthousiasme un peu moins, évoquant, à la marge, les Américains de Steely Dan («Schöner wird’s nicht»).
Auguste
https://kraan.bandcamp.com/album/sandglass

https://www.youtube.com/watch?v=qqQRndhSHik

04/04/2021 : Heavy prog

Prog Censor Heavy Prog

Ward XVI

Metamorphosis
rock métal baroque avant-gardiste – 49:43 – UK ‘20
Le groupe Ward XVI nous vient de Preston au Royaume-Uni. Leur premier album, «The Art of Manipulation», traitait d’une psychopathe, Psychoberrie, emprisonnée dans un asile de haute sécurité qui nous contait la manière dont elle avait usé de ses charmes pour conduire un homme à tuer. Dans cette nouvelle pièce, elle nous revient après trois ans et nous invite à entrer plus profondément dans son esprit afin de la voir doucement passer de l’innocence à la folie. Les membres principaux de nos joyeux drilles sont Psychoberrie (chant et paroles), Dr Von Stottenstein (guitare) et Wolfy Huntsman (basse). Quelques invités les assistent dans leur terrible besogne, à savoir, notamment, John Badger (batterie), Martin Crawley (claviers et accordéon) et Anabelle Iratni de Devilment (chant opératique).
Sur un fond musical inquiétant, un texte parlé nous présente cette œuvre, «Retrogression». C’est avec des babillements d’un bébé, associés à une boîte à musique, que débute «The Cradle Song», pour se poursuivre comme une musique de bastringue (ou de fête foraine foutraque), bien que les riffs de guitare oscillent entre les influences nettement progressives et d’autres nettement plus «couillues». Cette plage de plus de huit minutes passe très (trop?) rapidement avant d’attaquer «Mister Badadook», également introduite par des paroles d’enfant, presque comme une comptine, faisant peu à peu place à des rythmes plus enlevés. «Daisy Chains» poursuit la route telle une musique de cirque. Les Français de Duckbill Crisis ne sont pas loin. «Broken Toys» sera l’occasion de headbanger au son de l’accordéon. Maintenant, c’est aux Suédois de Diablo Swing Orchestra que je ne peux m’empêcher de songer. Rock plus «classique» dans sa conception, «Imago» nous fait passer un bon moment. Le sanglot long du violon nous prend à la gorge avec «A Goodnight Shot» accompagnant le chant cinématique d’Anabelle. Une épopée orientalisante lui succède allégrement, à savoir «Burn the Witch», néanmoins entrecoupée de passages plus métalliques (là, c'est aux Américains de Stolen Babies que je les comparerais). «Catch Me If You Can» déboule à toute vitesse pour nous écraser les tympans. Enfin, après les coups de marteau typiques des procès, tombe «The Verdict». «Shadows» clôture cette merveilleuse plaque comme un mini-opéra, au même titre que «Bohemian Rhapsody», en plus heavy encore.
J’avoue avoir hésité avant d’accorder ma cote: j’étais tenté de leur accorder 5 étoiles, mais je me suis finalement abstenu car que devrais-je leur octroyer si leur prochaine production est encore meilleure?
Tibère

https://wardxvi.bandcamp.com/album/metamorphosis-digital-download

https://www.youtube.com/watch?v=touT5d2tC7g

Ainur

War of the Jewels
opéra métal prog – 73:55 – Italie ‘21
Dans le monde du prog, l’Italie a une place de choix et, depuis quelques années, le métal prog et le métal y sont aussi représentés à foison.
Ainur y a une place à part. En effet, c’est le seul groupe, à ma connaissance, dont la totalité de l’œuvre est dédiée à celle de Tolkien; le nom même du groupe y fait référence: les Ainur sont les fils de l’unique Ilúvatar (les initiés comprendront).
Musicalement, le groupe (formé de 18 membres permanents) nous propose une musique grandiose qui mélange classique, rock et métal prog, le tout dans des ambiances grandioses qui collent parfaitement à l’univers du père du Mordor.
Nous sommes ici très proches d’un autre maître de l’opéra rock, Ayreon: les deux formations développent les mêmes goûts pour une musique qui vous immerge totalement dans les univers qu’ils cherchent à partager avec leurs auditeurs.
Les références musicales sont Blind Guardian (pour le coté médiéval), Symphony X (pour les envolées de guitares), Rhapsody (pour l’heroic fantasy) et Labyrinth (pour la structure de morceaux).
Il y a cependant beaucoup de longueurs et une structure brouillonne dans le déroulé de l’album qui le rend difficile à apprivoiser en une seule écoute.
Ceci étant, cet album est à ranger aux côtés des meilleurs Ayreon qui est, pour moi, la référence ultime du genre.
Tiro
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=7i3XlsPVJsI

Mastord

To Whom Bow Even The Trees
hard progressif – 72:35 – Finlande ‘20
Le moins que l’on puisse dire est que Mastord nous en donne pour notre argent avec son second album.
La joyeuse bande est composée de Markku Pihlaja (chant), Pasi Hakuli (basse), Kari Syvelä (guitares et claviers) et Toni Paanen (batterie).
Leur hard rock progressif va chercher son inspiration vers des groupes comme Dream Theater évidemment, mais aussi Tool avec un chanteur très typé Bruce Dickinson. N’en déduisez pas pour autant que nos sbires ne sont qu’un pâle reflet des groupes cités ci-avant. Ce serait une grossière erreur car une personnalité propre se fait jour tout du long de l’écoute de cette plaque; j’en veux pour preuve le magnifique «Closer to the Void» ou encore le long titre final (treize minutes au compteur), «Circle Lies», les deux pièces maîtresses de cette œuvre. Remarquons toutefois que certains titres, comme «Mediocre» (qui ne l’est absolument pas), se font nettement heavy. Idéal pour les amateurs chevelus que vous êtes.
Mais faites-vous donc votre propre idée en les écoutant sur les liens ci-après et vous m’en direz des nouvelles!
Tibère
https://mastord.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=5QD_D9GgmhA

Soen

Imperial
metal progressif – 42:09 – Suède ‘21
Autant le dire tout de suite, je suis fan de Soen depuis leurs débuts. Depuis 2012, ils ont réalisé 5 magnifiques albums, notamment Cognitive (2012) et Lotus (2019). L'initiateur du groupe est Martin Lopez, ancien batteur d'Opeth et d'Amon Amarth, accompagné de Steve DiGiorgio, bassiste de Testament et de Death, entre autres. Ils sont toujours actuellement accompagnés au chant par Joel Ekelöf. Aujourd'hui Steve DiGiorgio a quitté le navire (trop de projets) mais ils sont renforcés par Oleksii “Zlatoyar” Kobel à la basse, Cody Ford à la guitare et Lars Åhlund au clavier. L'album commence avec «Lemurian». On débarque directement dans du Soen pur jus, du gros heavy prog mais rempli de breaks et guitare aérienne, on va passer un bon moment… «Monarch» montre un style plus léger où une ballade s’entrechoque avec du véritable heavy. Le style de Soen est non seulement technique mais également hypnotisant; on peut y séparer tous les instruments facilement et en ressentir toute l'importance. Nous ne sommes pas ici dans du métal prog de démonstration mais plus dans de l'émotion. Avec «Illusion», on peut se laisser bercer par la musique en rêvant à la Vénus callipyge en se disant qu'il s'agit d'un titre léger… mais ensuite une leçon de guitare juste sublime arrive à vos oreilles et on ne peut que s'incliner. Et que dire de la voix de Joel Ekelöf, profonde, chrysalide, chaleureuse et puissante à la fois? Sur le titre «Dissident», il en tire la quintessence. L'opus se termine avec «Fortune», le meilleur titre de l'album pour moi; on y croise une guitare «gilmourienne» qui nous donne envie de réécouter l'album directement. «Imperial» est l'illustration d'un groupe au sommet de son art où tout est varié, calculé, équilibré. Le son y est naturellement parfait. À n'en pas douter, c'est déjà l'une des meilleures sorties de l'année 2021.
Vespasien

Pas de bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=ggazixx942Y

Atravan

The Grey Line
rock progressif/métal progressif – 39:30 – Iran ‘21
Atravan (signifiant "flamme sacrée") est un groupe iranien – il faut le souligner – qui a commencé à jouer en 2010. Un EP, un hommage à Pink Floyd, et les voilà à délivrer un métal progressif dans la veine de Soen, Antimatter, Paradise Lost, avec des sonorités floydiennes progressives. Un album émotionnellement centré sur des titres intimistes remplis de spleen musical pour nous aider à nous recentrer sur notre esprit, d’autres plus alternatifs bourrés d’adrénaline et saupoudrés de nappes de claviers envahissants.
«The Pendulum»: magnifique intro spatiale, émouvante, ambiante, remplie de sérénité et de spleen sur une déclinaison floydienne fait place à «The Perfect Stranger», avec des synthés à la Carpenter, puis ça part sur un bon prog métal mélodique avec la voix singulière, éraillée de Masoud; mélange de voix chaude, métal mélodique hypnotique avec rythmique lourde, double pédale et synthés langoureux, air à la Soen pour l’envolée progressive instrumentale en seconde partie.
«My Wrecked House»: plus rock lourd mélo, voix limite growl qui fait plaisir sur ce titre, lenteur sur des variations d’Antimatter, le synthé de Marjan bien gras et présent, doom atmosphérique et une guitare spleen intense sur un air final de «J’ai vu» de Niagara, du bon métal prog atmo bien graisseux.
«Vertigo»: sur une intro au synthé planante, puis air atmosphérique, de la tristesse, de l’intensité, de la création, un chant prenant amenant un solo de synthé inventif et une fin douce cristalline remplie d’émotion.
«Dancing On A Wire»: titre prog métal langoureux à la limite de la ballade romantique mélancolique onirique et contemplative; ici le synthé amplifie le sentiment de tristesse, de spleen sidéral et la guitare arrache des notes encore plus écorchées; de l’ambient mis à la sauce métal prog.
«The Grey Line»: sur une entrée synthé stéréo, une voix tirée d’une liturgie orientale, puis ça monte en intensité aidé par la batterie, la voix et le riff de guitare envoûtant; break gothique, percussion militaire intimiste, l’air est sombre, lourd, graisseux et explose finalement en un long solo de Shayan. Un signe: les neuf minutes passent très rapidement; perso un peu de Tool, de Therapy?, de Paradise Lost.
«Uncertain Future» et l’outro à la Pink Floyd, oui sur le «Shine on you crazy diamond» en version boostée, un instrumental planant, entêtant, métallique avec des guitares omniprésentes, des synthés enivrants et une batterie vivifiante.
Avec «The Grey Line», Atravan signe un album frais, langoureux, bourré de sensations intimistes et minimalistes. Spatial par instants, éthéré en d’autres moments, mélodieux souvent, rythmé, énergique et saisissant; le bémol selon moi vient du son enregistré. Un très bon album à la lisière du métal progressif créatif.
Brutus
https://atravan.bandcamp.com

https://www.youtube.com/watch?v=XZS3VrhvF_Q

05/04/2021

Built for the Future
Brave New World
classic prog 70’s – 74:28 – USA ‘20
Après 5 années d’attente, voici le second volet d’une saga qui a débuté en 2015 avec l’album «Chasing Light». Les Texans de Built for the Future poursuivent ici leur voyage initiatique sur la vie, son sens et toutes ses étapes, heureuses ou malheureuses. Il en découle une œuvre impressionnante et riche. Trop riche peut-être? Cet album est long (75 min) et il est difficile, même après plusieurs écoutes, d’en retenir l’essence, une ligne mélodique.
Cependant, le travail d’écriture est impressionnant, les guitares et claviers sonnent juste. Mais cette œuvre part dans tous les sens: Pink Floyd (souvent), mais aussi Coldplay quand cela devient pop, ou encore Yes (des années 80), voire même Led Zeppelin quand le trio touche au classic-rock saupoudré de hard/blues.
C’est un bon album qui aurait gagné à être plus court, car c’est bien connu, trop d’information tue l’information.
À découvrir si vous aimez les longues œuvres à tiroirs multiples.
Tiro
https://builtforthefuture1.bandcamp.com/album/brave-new-world
https://www.youtube.com/watch?v=bs1JO8aBQIE

06/04/2021

Jakko Jakszyk
Secrets & Lies
rock progressif – 49:29 – UK ‘20
Que les amateurs (dont je fais partie) de King Crimson se rassurent: ils (re)trouveront dans cet album les références indispensables au groupe mythique, ne fût-ce que par la présence d’invités de marque issus, comme Jakko Jakszyk lui-même, de la sphère crimsonienne (Robert Fripp dans «Separation», Gavin Harrison, Tony Levin et Mel Collins).
Que les allergiques aux guitares angulaires et autres «dissonances» du Roi Cramoisi soient aussi sans craintes: Jakko Jakszyk a réservé ici beaucoup d’espace à de belles mélodies et de douces ballades, dans une succession d’atmosphères parfois pesantes mais toujours séduisantes.
Pour créer l’équilibre parfait, il a pu compter sur la présence de Peter Hammill (voix sur «Fools Mandate») et de John Giblin (basse sur «It Would All Make Sense»), pour ne citer qu’eux.
Les thèmes – vous l’aurez deviné à la lecture du titre de l’album – «explorent des sujets tels que l'obsession, la trahison, les motifs changeants de la politique contemporaine et les fils enchevêtrés de l'histoire familiale», comme l’écrit Jakko sur son site.
L’annonce d’un «travail mûr débordant de mélodies aspirantes dans des réglages symphoniques ou grand écran, un travail de guitare fluide et la voix sincère et émotionnelle de Jakko» [traduction Google] n’était pas une promesse en l’air. Le challenge est clairement réussi et cet album est (pour moi) un régal par sa diversité (admirablement bien servie par des musiciens de grand talent) et une production irréprochable (à noter une version DVD muticanale).
Bonne écoute!
Vivestido
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=9dn--ivPFSk

07/04/2021

Be Cause
New Knights
rock progressif intimiste – 70:51 – Italie/UK ‘21
Be Cause est un projet ouvert visant à dépasser les limites des genres musicaux avec une approche multicouche des paroles. «Nous sommes les créateurs de musique, et nous sommes les rêveurs de rêves»: voilà comment il se présente sur son site, reprenant un poème d’Arthur O'Shaughnessy. Bien mystérieux ça! Be Cause sort deux albums dont «Anima Mundi», un remix décrivant une atmosphère orientale, un voyage sans fin dans une vie nocturne. Bref, Federico Milanesi (puisque c’est de lui qu'on parle) compose avec Andrea Di Terlizzi des musiques dites New Age basées sur la sphère mentale et émotionnelle; il sort là un album singulier de compositions avec des réminiscences bien établies.
Ne nous cachons pas plus, l’intérêt prioritaire est bien la voix angélique de Federico. Ça vous rappelle quelqu’un? Quinze chansons à texte, accompagnées d’une programmation musicale pour ce «New Knights» dont on ne sait pas grand-chose, nous embarquent dans des ballades romantiques, mélancoliques ou intimistes. À vous de voir. Des titres qui transpirent des vocaux de Peter Gabriel ère Genesis comme sur «Lilith» ou «The Myth Of Love», qui renvoient irrémédiablement à l’ère du même Gabriel en solo sur la plupart des autres (exemple avec «Don’t Go Away»). Une atmosphère plus enjouée comme sur «The Wheel Of Fear», marche funèbre sur «A Light On The Horizon», une dans la veine Tiger Moth Tales sur «New Knight», «It’s Me» ou le très beau «Life Is Like A Dream». Il faut attendre «Looking For You» pour avoir un solo de guitare digne d’un titre prog.
Le hic, car il y en a un, c’est cette orchestration très artificielle, trop synthétique qui sert simplement de support à la voix (mais quelle voix!), soit Peter Gabriel, soit Peter Jones. Attention, un constat n’est pas une critique, juste une information pour dire que cet opus aurait pu être excellent avec ce petit plus musical, un rendu instrumental plus humain. Sinon, le plaisir de l’écoute de ces titres fait attendre le prochain album avec avidité.
Brutus
be-cause.bandcamp.com/album/new-knights/

https://www.youtube.com/watch?v=2EI84HoMo7k

08/04/2021

Legacy Pilots
Aviation
crossover prog symphonique/AOR – 64:12 – Allemagne ‘20
Il aurait été dommage de passer à côté de cette jolie réalisation. Il s'agit de l'œuvre du pilote Franck Us, multi-instrumentiste et compositeur, qui ici se fait entourer par du beau monde pour ce deuxième vol. Les passagers sont nombreux... Sans tous les énumérer, on peut citer l'impeccable Marco Minnemann et l’efficace Todd Sucherman qui se partagent les parties de batterie, ainsi que Steve Morse, Pete Trewavas, John Mitchell, Jordan Rudess, ou Jake Livgren (neveu du grand Kerry) qui vient prêter sa voix pop sur deux titres.
Le propos musical dans l'ensemble lorgne plus du côté d'Alan Parsons Project ou de Manfred Mann que d'un rock progressif pur jus, mais nous gratifie d'un rendu très agréable, symphonique, pop et accessible.
Dès l'instrumental qui ouvre l'album, on se sent flotter dans les nuages avec de sympathiques arrangements symphoniques, des claviers vintages et des guitares aériennes...
Le titre suivant, «A different ligue», au refrain assez entraînant, dans un esprit pop rock, nous propose l'agréable voix de Jake et se termine par un joli solo de Jordan Rudess, dont le style est reconnaissable entre mille.
«Dreamer» vient confirmer l'aspect très mélodique/AOR du projet, avec un romantisme éthéré.
«Innocent» est bougrement pop, lisse et sirupeux, mais ça passe bien, car les ambiances symphoniques travaillées sont là et contribuent presque à faire avaler le bonbon sous forme de barbe à papa.
«Wide Wide World» nous propose le chant accrocheur et le talent guitaristique de John Mitchell pour un résultat très mélodique qui s'insinue dans la tête avec son refrain efficace.
«Fear part one» commence de façon innocente avant de dériver vers un rock entêtant.
«Fear part two» surprend par des nuances plus sombres et des arrangements aux claviers assez étranges, pour un résultat plus complexe, presque torturé, qui contraste avec le reste de l'album.
Citons la sympathique ballade acoustique de «Saccadian Rythm» ainsi que le grandiose et progressif «Immortal», avec ses belles envolées de claviers et sa riche instrumentation.
«To the Stars», lui, est plus anecdotique, mais nous rappelle l'élégance des arrangements.
«An Adventurous Journey» vient clôturer en beauté l'album avec ses multiples ambiances. Notons au passage le solo incisif du guitariste virtuose Steve Morse qui vient comme une cerise sur le gâteau, mais surtout la richesse des interventions aux claviers, dignes d'un Keith Emerson, qui donnent de l'emphase à la conclusion et qui restent le corps du sujet.
En résumé, un album qui alterne moments pop et AOR avec des passages symphoniques plus ambitieux pour un ensemble plutôt agréable et orchestral.
À écouter.
Maximus
https://legacypilots.bandcamp.com/album/aviation

https://www.youtube.com/watch?v=JDN3KeomMww

09/04/2021

Syrinx Call
Mirrorneuron
rock néo, folk, symphonique bref total prog – 62:21 – Allemagne ‘21
Voici un concept album sur les états d'âme d'un robot et de la psychologue appelée à l'aider. Cela permet à Volker Kuinke (flûtes à bec de tous calibres) et Jens Lueck (tout le reste!), ainsi qu’aux 2 chanteurs que sont Isgaard et Doris Packbiers, de nous illustrer cette histoire étrange dans un échange, parfois solo, parfois duo tout au long du disque. L'empathie devant se créer grâce au «neurone miroir»… et c'est vrai que l'on peut ressentir une empathie certaine à l'écoute des belles mélodies de «Mirrorneuron», plutôt typées néo dans une première partie du disque, mais aussi folk (l'effet flûte?), ou un peu latino parfois.
«Bit by Bit» (5:29). Dès l'intro, énergique, on sait que le nom du groupe est bien en rapport avec son objet: une flûte à bec prend le solo. Et Pan (sur le bec?). C'est lyrique, le tempo majestueux nous laisse le temps de goûter à une mise en son parfaite où la voix d'Isgaard expose son mal-être de droïde.
«Deceptive Illusion» (4:59). La 2e piste démarre itou. Entrée de la chanteuse, un peu à la manière d'Isabelle Adjani, mais son registre s'étendra bien plus par la suite. Ce titre est très entraînant et ce n'est pas le dernier.
«Breakdown» (6:12). Piste 4: 2e morceau, style single. Très réussi aussi! Cet album c'est aussi de très belles pistes aux mélodies accrocheuses, mais jamais racoleuses.
Mais, à partir de «Mirrorneuron», Syrinx Call nous propose un progressif quasi symphonique, s'éloignant ainsi d'un néo-prog bon teint, caractéristique première de l'album (la participation de 3 membres de Eloy et d'un guitariste de Sylvan n'étant sans doute pas étrangère à cela). Les pistes suivantes poursuivent dans la même verve, nous emmènent jusqu'à une conclusion assez gilmourienne d'un très bel album qui vous permet de découvrir la flûte à bec comme instrument solo d'un groupe prog dont c’est le 3e opus!
Cicéron 3.14

https://syrinxcall.bandcamp.com/album/mirrorneuron

https://www.youtube.com/watch?v=YGZYAdvE9v4

09/04/2021 - EP

PICTURES ON SILENCE
PICTURES ON SILENCE S/T
post-rock – 23:29 – France ‘21
Le post-rock, une musique alternative, qui, dès la fin des années 90, a envahi l’underground US et british pour ne cesser depuis de se propager partout ailleurs. Et notamment en France qui voit aujourd’hui éclore sa nouvelle Fleur du Mal du nom de Pictures on Silence, entité incarnée par Fred Bressan (guitares, basse, synthés) aidé à la batterie par Alex Di Pasquale.
Se revendiquant du mouvement en proposant un premier EP 4 titres qui sillonne les bases d’une musique notamment façonnée par des God Is an Astronaut ou This Will Destroy You, le musicien français s’inspire de formes et de concepts mille fois visités mais contribue, là encore, à les rendre touchants, pénétrants. Un spleen qui serait baudelairien si la recherche des sonorités n’élevait pas cela au-delà de la simple mélancolie. Comme une petite musique en forme d’allusion au célèbre poète qui incarnerait non pas le mal, mais la rage de vivre...
Tristesse magnifiée, belle musicalité, excellente orchestration. Simplement prometteur!
Centurion

https://picturesonsilence.bandcamp.com/album/pictures-on-silence-s-t

https://www.youtube.com/watch?v=nCPITKXHYYE

10/04/2021

Elephant9
Arrival of the New Elders
fusion/jazz-rock/Canterbury – 43:43 – Norvège ‘21
Voici donc le nouveau Elephant9 tant attendu! Et dès les premières notes, on sait à quoi s’attendre… On ne sera pas déçu!
La formule du groupe a changé et on a affaire maintenant à un trio, vous ne trouverez donc pas la guitare de Reine Fiske sur cet album. On s’éloigne donc de sources d’inspiration allant vers Landberk, Dungen, Paatos, etc.
Ceci dit, les compositions sont tellement fortes qu’on se prend rapidement à oublier l’absence de Fiske. Naturellement, Sorlokken se taille ici la part du lion, mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est un véritable trio qui officie, extrêmement serré, à l’écoute, d’une unité quasi mystique, très impressionnante.
Les compositions sont ici plus écrites, si l’on compare aux deux volumes live de «Psychedelic Backfire». Mais ils n’ont rien perdu pour cela en spontanéité et la matière musicale nous engage sur les terrains les plus variés, sans effort, et avec beaucoup de talent et de savoir-faire… Inutile d’insister sur les qualités instrumentales des trois membres du groupe, elles sont évidentes et elles sont toutes au service de la musique; pas d’esbroufe ici, pas de virtuosité inutile, ils font ce que la composition réclame, un point c’est tout!
Du point de vue musical, il s’agit d’un album instrumental et l’on peut dire que nous sommes en plein jazz-rock, et du meilleur cru. Tour à tour, on peut penser à Mahavishnu avec un morceau comme «Arrival of the New Elders» ou aux grands moments de Weather Report, dans le «Live in Tokyo», avec un morceau comme «Rite of Accession». D’autres morceaux courts créent une ambiance méditative qui vous laisse rêveur, onirique, à la suite du piano électrique de Sorlokken. Parfois cela jette une oreille du côté de Canterbury, comme dans les moments mélodiques d’un groupe comme Hatfield and the North, par exemple. Ou on se retrouve soudain dans des mélodies légèrement dissonantes («Throughout the Worlds»), atonales et on s’y délecte. De manière générale, l’atmosphère méditative domine, et on se plaira peut-être à se souvenir du premier album de Weather Report, avec des morceaux comme «Orange Lady» ou «Eurydice».
Que dire de plus? Précipitez-vous… C’est un grand disque, atemporel, varié, riche d’idées, de sentiments, de musicalité…
Si vous avez un faible pour cette époque bénie des origines du jazz-rock, entre 1969 et 1973, vous serez servis au-delà de vos expectatives, avec un album qui vous imposera une seconde écoute dès la fin de la première, etc. Si votre oreille est moins habituée à ce style, voici une bonne occasion de découverte… Normalement, vous ne le regretterez pas!
Lucius Venturini
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=Y_Ay3acXSBE

11/04/2021

The Breath Of Life
Sparks Around Us
goth/dark progressif – 50:23 – Belgique ‘20
Les Belges de The Breath of Life existent depuis 1982 et viennent de sortir leur dixième album. Le groupe, composé d’Isabelle Dekeyser (chant), Philippe Mauroy (guitare, batterie électronique), Giovanni Bortolin (violon, claviers) et Didier Czepczyk (basse), jouit actuellement d’une solide réputation au niveau européen.
La voix d’Isabelle dégage toujours ce côté magique et enchanteur tandis que le son global se révèle toujours doux et caractéristique de la formation. Bien que la face sombre soit bien évidemment présente, un titre comme «Her Dreamcloud» nous élève bien haut parmi les contes de fées enfantins (et c’est un compliment!). De son côté, «In Her Darkness» sera très certainement l’un des titres les plus appréciés par les fans lors des prochains concerts (en tout cas, dès qu’il leur sera possible de fouler les planches où la gestuelle délicate d’Isabelle ne peut que les ravir). Je lui trouve même certains aspects proches du Velvet Underground.
N’hésitez donc pas à vous précipiter sur cette production (si vous faites partie des afficionados) ou, au moins, à lui réserver une oreille attentive.
Tibère
https://thebreathoflife.bandcamp.com/album/sparks-around-us

https://www.youtube.com/watch?v=YDBGNZt8_Xw

12/04/2021

TDW
The Days The Clock Stopped
metal progressif/rock progressif – 73:45 – Pays-Bas ‘21
TDW (TDW Music & Visions) est le bébé de Tom de Wit. En effet il en est le compositeur, chanteur, guitariste et producteur, rien que ça. En guests pour ce The Days The Clock Stopped nous retrouvons Rich Gray à la basse et Fabio Alessandrini à la batterie… tous deux membres de Annihilator, le groupe de trash speed metal canadien (même si Jeff Waters, le maître du groupe, vient de déménager en Angleterre). Au niveau guitare pas moins de neuf guests se partagent les soli, dont Daniel Magdič, ex-Pain of Salvation, et Marco Sfogli, ex-James LaBrie et PFM (Premiata Forneria Marconi). N'oublions pas Remco Woutersen venu jouer quelques parties de violoncelle. Plongeons-nous dans ce huitième album… Cela commence très dur avec ce «Crashscape» qui nous pousse vers un speed – heavy –sympho de haut vol. Il faut absolument pointer «The Pulse», un titre puissant et magique, un peu un mélange de Psychotic Waltz et Pagan's Mind avec un soupçon de Vanden Plas. «Code of Conduct» est marqué des changements de tempo continus et couvert de nappes symphoniques qui s'opposent aux explosions de metal auxquelles s'ajoute une voix lourde et gutturale. Ce titre enchaîne avec «Clockstop - Insight 2» sombre et mélancolique et soudain on gagne en puissance, un duo de guitares s'opposent à un orgue, tandis que les accélérations de batterie donnent vie au morceau le plus lourd entendu jusqu’à présent entre prog et heavy metal. Le titre le plus construit est bien sûr «No can do», titre de dix-sept minutes; les musiciens peuvent y montrer toute leur technique et chacun y a sa place. «The Days The Clock Stopped» est un album abouti, rempli d'idées originales où le metal symphonique croise le heavy prog metal. On y croise parfois des passage de néo-prog mais cela reste franchement très rare. J'y retrouve du Dream Theater, Psychotic Waltz, Abydos et par moments du Ayreon. Deux bémols pour moi: je suis relativement déçu des différents chants; les chœurs et les différents chanteurs et chanteuses sont bons mais sans faire vibrer. Ensuite, l'album est un peu trop long, je finis par décrocher. À part ces détails, je vous conseille chaudement l'écoute de cet album.
Vespasien
https://tdwprog.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=KyyylHA2kZU

13/04/2021

Illuminae
Dark Horizons
rock progressif mélodique/folk – 60:58 – UK ‘21
Illuminae est le projet de l’instrumentiste virevoltant, Ian Jones, qui signe ici avec Agnieszka Swita un album plein de couleurs et de sensibilité; Ian c’est Karnataka et Chasing The Monsoon avant; autour Craig Blundell de Steven Wilson, Luke Machin aux guitares, Steve Hackett, John Helliwell au saxo, Troy Donockley avec ses cornemuses et Gonzalo Carrera (Karnataka). Des influences progressives mélodiques, celtiques, irlandaises, un peu de symphonisme, le tout barré par la voix douce et angélique d’Agnes de Caamora; des titres développant la notion de l’oxymore musical avec harmonie et ambiance douce, rythme sombre et inondé de lumière.
«The Lighthouse» avec la marée et les cloches de la cathédrale pour le titre épique, somptueux pour tout amateur de rock progressif symphonique, Ian Jones a un sens de la mélodie, le solo qui tue de Steve Hackett genre poils qui se dressent du bras et Agnieszka chante divinement dessus. «Blood on Your Hands» choisi comme single pour présenter l’album avec le ventre d’Agnieszka orientalisé! Titre symphonique, karnatakesque, un peu de Within Temptation et de Mostly Autumn, le solo six cordes de Luke Machin est lui aérien et cristallin. Une ballade sur la guerre de Westeros, sur la vie, la mort, les antithèses, les dangers de l’idolâtrie. «Edge of Darkness» suit sur une course effrénée, un titre plus court et conventionnel, le symphonisme qui donne la part belle à la voix divine, hargneuse. «Lullaby» qui part sur une respiration, c'est puissant, beau, religieusement chanté par Agnieszka, on se croirait dans la BOF du «Seigneur des Anneaux», dans un film irlandais, elfique; la présence de Troy Donockley et de ses instruments à vent finissent de faire fondre notre esprit, air répétitif sur un style de ballade écossaise. «Twice» passe assez vite sortant une ballade celtique convenue.
«Heretics and Prophecy» entame la 2e face de l’album avec le titre passe-partout, folk irlandais virevoltant tout en montée et la voix posée pleine d’entrain; un peu d’Enya en toile de fond. «Sanctuary» poursuit sur la même mouvance symphonique qui rappelle Karnataka, Hayley Griffith Band, Chasing The Monsoon, un titre entêtant pour radio avec quelques sons folk orientaux, l’intro à l’orgue est trop courte selon moi. «Black Angel» pour une redite dans un format chanson-radio avec la voix en avant, poussée, rappelant de loin les Coors, mélodie avenante. «Sign of Infinity» se différencie par une trame douce et la venue progressive d’un saxophone illustre tenu par John Anthony Helliwell, ce qui permet à ce titre de devenir doux et envoûtant en même temps, le piano de Gonzalo des Karnataka en rajout. Le second épique qu’est «Dark Horizons», la pièce éponyme et ses onze minutes, dépasse le titre d'ouverture: des sons symphoniques qui tournent, une batterie posée mettant en valeur la voix d’Agnes, le solo de guitare de Luke qui embrase encore une fois, un titre aussi mélodique avec sa lente montée harmonique, celtique, là je ne peux que comparer à l’un des plus beaux titres des Mostly Autumn.
La dualité de la voix et des instruments donnant naissance à une symphonie sombre et luxuriante, à des berceuses celtiques aériennes, à un grand moment épique de rock prog mélodique. Le bémol est certainement les titres centraux similaires, le plus se situe au niveau des deux morceaux épiques lançant Illuminae sur le fil d’un grand groupe. Sorti en CD compact avec livret, double vinyle, cet album risque de vous émouvoir durablement.
Brutus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/channel/UC2fJwW6G4dHh5xtKnq6ZyNA/featured

14/04/2021

Tom Doncourt & Mattias Olsson
Cathedral
rock progressif – 35:53 – USA/Suède ‘20
Tom Doncourt était le claviériste du groupe de rock progressif américain Cathedral qui fit d’abord paraître en 1978 son réputé «Stained Glass Stories!», et ensuite, 29 ans plus tard, le second album, «The Bridge». Groupe assez méconnu sur lequel les aficionados du prog des années 90 se sont précipités grâce aux nouvelles structures indépendantes du mouvement progressif, fanzines et VPC, qui ont contribué à le sortir de l’anonymat. C’est sans doute durant cette période que Mattias Olssons (Änglagård) fit la connaissance de ce groupe et explique la collaboration des deux hommes.
Tom décède, Mattias décide alors... de sortir, un an plus tard, le fruit de leur travail en proposant cet album sobrement intitulé «Cathedral».
Tom était un passionné des sonorités analogiques, le Mellotron 400 en tête; c’est donc cet instrument qui prédomine sur l’album. Essentiellement instrumentale, cette musique sombre aux structures chaloupées sillonne les chemins tortueux du prog scandinave sous l’œil scrutateur du grand King Crimson. J’y note d’ailleurs sur le titre «Chamber» des traits de l’«Exposure» de Robert Fripp. Cette musique pleine d’ambiances funestes et mystérieuses est un voyage que ceux qui possèdent le «Symphonic Holocaust» de Morte Macabre apprécieront grandement.
Une musique grave et puissante qui est de temps à autre magnifiée, comme sur le final du long titre intitulé sobrement «#1», et dont les atmosphères étranges sont parfois tempérées par l’expérimentation (le très élaboré «Poppies in a Field»).
Album fait de climats à la beauté ombrageuse, à réserver aux soirées pluvieuses.
Centurion

https://roth-handle.bandcamp.com/album/tom-doncourt-mattias-olssons-cathedral

15/04/2021

Ars Pro Vita
Cords
rock progressif vintage génésien – 75:46 – Brésil ‘20
Depuis novembre '20, où nous avions chroniqué leur superbe album «Peace», Ars Pro Vita est toujours un duo composé des 2 frères Venegas. Cette fois, il ne sera pas question des horreurs du passé récent, mais de cette effrayante réalité: notre futur sur la terre est limité à 1 million d'années à partir de maintenant. Enfin demain, car aujourd'hui, j'ai encore des trucs à faire. Un très beau teaser est disponible ici: https://www.youtube.com/watch?v=7hrcDjhiWHE.
Voilà qui éclairera cet album quantique et, au cas où cela ne suffirait pas, de très (trop) nombreux narratifs viendront compléter le propos tout au long du CD. Et c'est bien dommage, car, entre ceux-ci, la musique proposée est plus que plaisante. J'aurais aimé que chacun de ces narratifs soient sur une piste zappable!
Certes, je n'y ai pas retrouvé l'inventivité et la variété des moyens employés sur «Peace», mais la qualité de la musique possède toujours cette belle base génésienne, où les orchestrations sont pertinentes, étoffant les thèmes. Les narratifs sont, quant à eux, le plus souvent soutenus par une atmosphère plus floydienne/shine.
5 pistes composent ce disque: 2 longues suites, «Banquet in a middle-age irish castle» (près de 27 min) et «Lazarus and his beloved» (22 min), sont encadrées par 3 pistes plus courtes (de 16 à 3 min). La piste introductive de 16 min, nébuleuse et bavarde, pourrait rebuter, mais passées les 6 min on entre dans le vif de la plus belle manière. Les suites assez génésiennes, «Banquet» type gothique flamboyant/lamb et «Lazarus» plus «Trick» avec une «quantatrice» (😉) en guest, valent la peine d'avancer. Entre ces suites, «Thread», très belle piste, médiane, au piano et orchestre. «Cords» finit l'album éponyme de manière concise et lyrique, démontrant encore un peu plus le savoir-faire de la fratrie.
Cicéron 3.14
https://arsprovita.bandcamp.com/track/v-cords

https://www.youtube.com/watch?v=PIkzUrB4iCg

16/04/2021

Rikard Sjöblom's Gungfly
Alone Together
pop progressive – 52:58 – Suède ‘20
Voici donc venir la troisième production de Rikard Sjöblom, notre Suédois préféré au chant, guitares et claviers, et de ses acolytes (et frères) Petter Diamant à la batterie et Rasmus Diamant à la basse, sous le patronyme Gungfly. Le sujet traité sur cette plaque est typique de notre époque puisqu’il s’agit, ni plus, ni moins, que des dérives entraînées par certains réseaux sociaux mettant en avant une image incorrecte des personnes.
«Traveler» introduit parfaitement cette plaque avec ses treize minutes et des poussières. La mélodicité est mise en avant avec de sympathiques interventions des claviers et des guitares. Le titre suivant, «Happy Somewhere in Between», s’avère très enlevé et sautillant, de quoi nous apporter un peu de baume au cœur dans cette période troublée (et troublante). «Clean as a Whistle», où le chant devient caressant, se fait plus calme et nous permet de profiter d’un break progressif. Une guitare que je n’hésiterai pas à qualifier de floydienne introduit «Alone Together». D’intéressantes interventions à l’orgue parsèment cette chanson. Guitare, piano, voix, voilà que s’installe le court «From Afar». Mais il est temps de quitter cet album par l’écoute du long (plus de quatorze minutes) «On the Shoulders of Giants», serti de beaux arpèges guitaristiques.
Il est nécessaire de bien prendre le temps de rentrer dans cette production de notre ami Rikard pour en soutirer toute la substantifique moelle, mais une fois fait, quel bonheur!
Tibère
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=NS1wfNlPCQo

16/04/2021 - EP

Jeff Pennachio
Setting The Stage
rock progressif/métal progressif – 13:30 – USA ‘21
Guitariste avant tout, il met aussi les mains à tout le reste (basse, batterie, programmation, sons de claviers) afin de se lancer, seul, à l’élaboration de cet EP de musique instrumentale et parfois musclée. Trois compositions basées sur des ambiances mélodiques où Steff chevauche sa guitare afin d’emprunter ardemment un chemin d’atmosphères façonnées de quelques propensions métal et progressives, inspirées de ses modèles que sont Dream Theater, Plini ou Trans-Siberian Orchestra.
EP fort court mais qui donne malgré tout un aperçu du potentiel du musicien. Gageons que ce premier EP lui portera chance car voir éclore un nouveau musicien a toujours quelque chose de touchant.
Centurion
EP non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=PjZfHCyIK-Y

17/04/2021

Les samedis étranges

Zaal

Homo Habilis
jazz rock fusion – 48:04 – Italie ’20
Le claviériste Agostino Macor (à l’œuvre dans toute l’Italie du Nord, avec Finisterre, La Maschera Di Cera, LaZona, Rohmer, Ombra della Sera, Chanfrughen ou Blunepal) construit, avec Zaal (un nom ni transalpin ni flamand, mais issu de la mythologie persane) et «Homo Habilis», troisième album de ce projet à géométrie et participations variables, une explosion sonore à la palette en arc-en-ciel, abreuvée des apports du sitar («Revéil (Post Big Bang)»), de la trompette («Presences») ou du saxophone, de la flûte, des percussions et des violon («Homo Habilis»), violoncelle et contrebasse, le tout étayant la mandoline, l’orgue, le Rhodes, le piano et les synthés de Macor. Le qualificatif «fusion» peut difficilement prendre plus pleinement sa dimension dans cette abondance d’influences mêlées, où se rencontrent des senteurs de jazz, de rock, de progressif, mais aussi de musique de chambre, de world («Instruments»), d’ambient ou d’électronique («Androids Void»), où s’allient l’acoustique et l’électrique, où se titillent traditions d’Occident et d’Orient («Revéil (Together Project)». Le thème de cet album instrumental? La relation homme/machine, la perfection, l’humanité, l’artificialité, la complexité, la naturalité. Au service de la beauté du son.
Auguste
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=C48lHHZouUk

Jack Dupon

Jack a quinze ans
rock in opposition – 60:46 – France ’20
Pour son anniversaire, Jack Dupon (un bel ado de 15 ans, les cheveux un peu sales, un carton de pizza sous le lit) invite ses copains pour une fête, sans virus et avec instruments – ou voix, au choix. Une fête à concept, où chaque camarade (artiste un peu en marge, comme il se doit – les parents de Jack ne fréquentent pas n’importe qui et veillent au grain des relations, surtout en voyage) apporte un morceau joliment emballé dans du papier sulfurisé (c’est parfois un peu gras), qu’il confie, avec grâce et ingénuité, à JD pour interprétation, transformation, déconstruction. Cela donne un ensemble assez foutraque (avec Jack c’est à prévoir), d’une belle variété de tons, à la robe colorée, aux timbres multiples – voire explicites –, parfois alanguis («Funamboule», avec JankoMas, «authentifié unique groupe de free jazz dance au monde par un panel de spécialistes»), parfois excités («Rouge de couleur poison», avec les Martiens de Noise From Spain), parfois vélocipédique («La roue tourne», avec Etienne Tine), parfois haché pas-si-préparé-que-ça («+ ou - Foncer», avec Gru-Drü), parfois simplement bref («Coyote Av.», avec Paul Sears, arrière-petit-fils des célèbres magasins ‘ricains). Bien sûr, Jack Dupon n’est pas facile à suivre (et encore quoi?) mais jamais l’auditeur ne s’ennuie – ou ne s’endort, même sur un paquet de lauriers. J’aime bien aussi l’exquis dessin de la main de la petite copine de Jack, mi-alevin, mi-sirène aiguë, mi-aquatique, qui accompagne le digipack plein plein plein de dessins, de photos, de collages, de couleurs – et de musique, y compris le bonus au titre viannesque, «Du lilas à Pékin» (qui, en fait, parle surtout du sirocco dans le néant).
Auguste
https://jackdupon.bandcamp.com/album/jackaquinzeans

https://www.youtube.com/watch?v=0maoI85yfks

We Need A Plumber

Palmier Perdu
jazz et rock (world-music) – 40:12 – France ‘21
Un palmier jeté sur la toile d’un trait de peinture jaune, c’est déjà comme un indice sur la teinte orchestrale de ce second album, «Palmier Perdu», du groupe lillois We Need A Plumber. Si le groupe n’a toujours pas trouvé un bon plombier («Moi aussi j’en cherche un, un signe des temps!»), il a par contre trouvé un équilibre très intéressant entre les diverses tendances musicales qu’il explore. Une démarche qui pourrait évoquer le Santana des seventies ou les compilations d’Africafunk d’il y a quelques années, et aussi le «Black Market» de Weather Report, en plus urbain, en plus brut. Du jazz et du rock parfois expérimental, parfois prog, parfois valeureusement bluesy, et puis, pour apporter des couleurs, quelques touches d’afrobeat. Un tout qu’Antoine Béague à la guitare, Valéry Derisbourg à la batterie et Pierre Hoareau à la basse combinent afin de proposer une musique plantée au carrefour des cultures.
Démarche captivante où des moments parfois hypnotiques sont contrecarrés par des bouffées rock. Un balancement perpétuel entre terres africaines, îles tropicales et villes occidentales trépidantes; comme un carrousel des influences qui tourne et tourne encore; comme un caléidoscope brouillant les pistes.
Pour apprécier «Palmier Perdu», il est préférable, me semble-t-il, d’avoir quelques affinités avec le jazz; le prog n’y suffira pas. Bon voyage quand même!
Centurion
https://weneedaplumber.bandcamp.com/album/palmier-perdu

https://www.youtube.com/watch?v=ymnRFJxDBT8

Neon Heart

Temporaria
rock psychedelic/rock progressif/krautrock/garage – 43:16 – Suède ‘20
Un peu de tout s’il vous plaît…
À la base, du krautrock.
Et puis vous me mettrez un peu de notes de jazz, mais juste un soupçon!
N’oubliez pas d’y ajouter du rock avec une sonorité garage… vous savez? quelque chose d’un peu brut de décoffrage…
Ah oui, j’allais oublier… du psyché…
Un petit coup de shaker et vous obtenez «Temporaria» du groupe suédois Neon Art, un album fondamentalement krautrock mais qui mélange le tout très finement.
À l’instar du morceau «Som en Sanning» dans lequel survient subtilement du saxophone. Ce saxophone que l’on retrouve avec plaisir dans de douces circonvolutions sur le morceau plus lyrique «Vi får vål» et, en plus larmoyant, sur «One of these days».
Mais la couche de fond, ce sont ces lignes de basse et de batterie qui donnent un tempo, identique au sein d’un morceau et bien souvent le même entre les morceaux eux-mêmes.
Et puis surviennent des petites doses de guitare électrique, des petites piqûres pour nous sortir de notre rêverie engendrée par ces pulsations de basses constantes, récurrentes.
Ça pulse, régulièrement, infatigablement, sur un tempo moyen, pour créer cette ambiance assez planante avec une voix qui sort comme quelque part… du fond.
Et c’est d’ailleurs curieux car j’ai ressenti des constructions différentes entre les morceaux en anglais (où la voix est plus directe) ou en suédois dans lesquels la voix paraît plus vaporeuse, plus tournoyante… comme un écho en superposition avec sa propre voix…
Mes morceaux préférés: «Vi får Vål», «Somna Bort» et «One of These Days».
Isidøre
https://neonheart1.bandcamp.com/album/temporaria

https://www.youtube.com/watch?v=jiGLbMPb3_Q

STUFF.

T(h)reats
jazz-électro – 34:25 – Belgique ‘21
«Après des heures de discussions, rien de concret n'est apparu. Nous avons alors simplement commencé à faire de la musique pour voir où cela allait nous mener.» C’est par ces mots que le groupe anversois présente son troisième album «T(h)reats» qui débarque en pleine pandémie, après la parution d’un album éponyme en 2015 et d’un «Old Dreams New Planets» en 2017. Musicalement influencé par ce que les spécialistes appellent la «future funk», STUFF. n’en est pas pour autant affranchi des vieilles écoles de l’électro-jazz et des Aphex Twin, Tricky, Amon Tobin et de leur père à tous, Herbie Hancock.
Ce quintet, composé de Dries Laheye à la basse, Lander Gyselinck à la batterie, Joris Caluwaerts aux synthés, Andrex Claes à l’EWI (contrôleur à vent midi) et Mixmonster Menno (pour manier les platines), propose une musique qui sort totalement des sentiers battus, et qui, je vous le concède, n’a pour ainsi dire rien à voir avec le rock dit progressif qui nous occupe en général. Néanmoins ce groupe pourrait vous chatouiller quelques neurones de par ses recherches sonores étourdissantes dont le groove et les rythmiques sont pour le moins subtiles. Un groupe comme STUFF. (à ne pas confondre avec la formation américaine de jazz-funk des années 70) ouvre une nouvelle page après celles écrites par des Erik Truffaz, Quantic, Skalpel, Pink Freud, Jaga Jazzist et Bugge Wesseltoft, en gravant une forme d’épure du jazz-électro.
Musique étonnante et instrumentale, aux ambiances parfois captivantes, aux sonorités envoûtantes, qui sembleraient montrer une nouvelle voie.
À garder à l’œil...
Centurion
https://stuffmusic.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=4ooua3yRk0c

18/04/2021

Hawkwind
50 Live
space rock – 58:44+49:00 – UK ‘20
Cette tournée marque, comme son nom l’indique, les 50 ans de carrière de l’un des groupes les plus prolifiques de la scène rock, tous genres confondus. Et, comme je le dis quasi chaque fois, tout n’est pas toujours bon à prendre, particulièrement quand il s’agit d’enregistrements «live». Ce double album est, quant à lui, d’une qualité irréprochable et comblera les fans des origines de l’univers du faucon. Les titres du dernier album «All Aboard the Skylark» se fondent avec un réel bonheur dans la set-list de ce concert axé pourtant sur des compositions très anciennes. Même «Right to Decide» de l’atypique «Electric Teepe», aux moods atmosphériques, s’y intègre à merveille. Épinglons au programme de ce show enregistré au Royal Albert Hall: «The Watcher» (composition de Lemmy (Motörhead), avec la participation remarquable de Phil Campbell en invité spécial), «Silver Machine» (avec Phil Campbell, encore) et de grands standards qui déménagent comme «Golden Void» (interprétation magistrale étoilée d’un extraordinaire jeu de claviers), «Assault and Battery» tous deux de l’excellentissime «Warrior on the Edge of Time», «Master of the Universe» (prestation vitaminée ahurissante d’un titre fétiche) et «Welcome to the Future» (de «Space Ritual», 1973). Les rois du rock spatial ne changent pas leur recette qui tue: bruitages cosmiques, quelques récitatifs habillés d’écho et une section rythmique «rentre-dedans» qui martèle plus que jamais les envolées de claviers de Magnus Martin. Il ne nous manque que l’image pour parfaire le voyage.
Clavius Reticulus
Album non disponibile sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=cVu2wix4PCM

19/04/2021

Arc of Life
Arc of Life
rock progressif – 57:18 – USA ‘21
Si le prog n’en a pas l’exclusivité, c’est tout de même dans le prog que deux phénomènes ont trouvé leur incarnation ultime; je veux parler d’une part des concept albums et de l’autre des supergroupes. Évidemment, le sujet divise, comme souvent dans le prog: pour certains, cela peut être la garantie d’un orgasme musical et pour d’autres, le sommet de la prétention et du charlatanisme dont le prog a trop souvent été coutumier. Révérés par certains et honnis par d’autres, en quelque sorte.
Je ne reviendrai pas sur mes avis concernant les concept albums; je vous renvoie à ce sujet à mes critiques des derniers albums de Knight Area et de M-Opus publiées sur cette même page.
Venons-en donc aux supergroupes: ici aussi, le meilleur a côtoyé le… moins bon. Dans les bons exemples, ELP était certainement le premier du nom (je n’ose imaginer ce que cela aurait donné si Jimi Hendrix s’était joint à l’aventure), mais nous pourrions aussi évoquer le premier album d'Asia ou, plus près de nous, Transatlantic, le premier album de Kino, ou encore le très réussi The Sea Within. Du côté des déceptions, je ne citerais que GTR par correction.
Arc of Life (Arc Of Life Rock Band) est donc un supergroupe qui comprend deux membres et demi de Yes, à savoir Billy Sherwood, Jon Davison, Jay Schellen, Dave Kerzner (l’homme derrière Sound of Contact et In Continuum) et enfin Jimmy Haun dont le pedigree est peut-être plus discret mais non moins intéressant. Bien qu’on parle de membres de Yes, tout le monde conviendra qu’il ne s’agit d’aucun acteur de la grande époque du groupe.
Le bébé se présente donc sous les meilleurs auspices; et pourtant cet album est pour moi une très grosse déception. Les influences sont évidentes: Yes, bien sûr, même s’il s’agit plus du Yes des eighties que des seventies, mais aussi World Trade, le fameux groupe de Billy Sherwood que j’ai personnellement découvert totalement par hasard chez un disquaire à deux pas de la Place Stanislas de Nancy. En fait, le tout sonne pataud et paresseux: les compositions sont poussives et peu construites. On y trouve des breaks placés un peu n’importe comment et cela donne une impression assez désagréable de «compliqué fait exprès». Écoutez aussi le solo de guitare dans «Just in Sight», un véritable copié-collé d’un solo de Steve Howe. Ajoutez à cela un trop-plein d’effets sur les voix (surtout sur celle de Billy Sherwood) et cela donne un ensemble dont on sort perplexe et, je dirais, totalement intact, sans avoir été réellement touché, emporté. C’est d’autant plus dommage que la production est évidemment irréprochable (encore bien) et l’artwork sympa, quoiqu’un peu old school à mon goût.
Écoutez pour vous faire une opinion mais pour moi, aussitôt écouté, aussitôt oublié… Dommage…
Amelius
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=dD7YE7evbwo

20/04/2021

3.2
Third Impression
AOR/rock progressif – 56:54 – Europe/EU ‘21
3.2 est la suite musicale du groupe mythique 3 composé d’Emerson, de Palmer et du chanteur instrumentiste Robert Berry. Elle donne des morceaux mélodiques, de l’AOR, du Yes, Asia, des ELP en plus nerveux; le dernier est justement la dernière collaboration avec l’organiste hors pair parti brutalement. Berry a presque tout fait sur cet album, excepté bien entendu les claviers de Keith.
«Top of the World» pour l’entame avec guitare acoustique puis synthés, du Yes 80’s, rythmique lourde à la Led Zeppelin et voix hardeuse, un peu d’Asia, synthés vertigineux où la dextérité transpire à chaque note; retour final plus posé qui laisse une grande impression. «What Side You're On» pour un titre court rock heavy, j’y retrouve la pêche des solos de GTR, des claviers frais et les couplets phrasés d’un titre de Queen mais chut, tout est rapide, nerveux et très bon, interlude pêchu. «Black of the Night» titre symphonique, pompeux, enjoué haut en note avec des traces irlandaises et celtiques, un son de biniou à mi-parcours; développement prog-AOR pompeux sur des traces synthés rares, air grandiloquent teinté de spleen, un peu de Toto par instant. «Killer of Hope» intro intimiste et titre aux tourbillons d’Emerson déjantés, jouissifs, Berry donnant avec la batterie un tempo décalé énergique. «Missing Peace» guitare acoustique, synthé, Yes est là, de l’AOR pour une basse rythmée, synthé tapis, superbe solo gras de guitare, un peu du Porcaro, la voix en impose, le refrain entraînant, l’un de mes coups de cœur.
«A Bond of Union» piano délicat, voix crooner à la Springsteen, chaleureuse, la ballade slow qui te fait frissonner avec sa guitare à la May, progressif avec l’arpège cristallin du piano; titre introspectif sur l’importance d’union familiale. «The Devil of Liverpool» synthés 80’s, guitare hackettienne sur GTR, touches de synthés lancées par grappes! Solo tonitruant du moog, un crescendo de notes qui rappelle Asia, ELP, jouissif jusqu’au sabot. «Emotional Trigger» et sa ballade bluesy à la Toto, un piano intimiste jazzy accompagnant cette voix chaleureuse; les claviers un peu trop hauts et vifs pour cette piste mais on oublie ça d’un coup. «A Fond Farewell» pour le titre phare sur cette société qui va vraiment mal, des synthés 7/8 en veux-tu en voilà; la voix bien en place de Berry me rappelle Wetton par instants, les synthés virevoltent encore et donnent la dimension de ce que cet organiste pouvait faire. «Never» et un titre d’ELP genre «Trilogie»; intro de film tonitruante, ça part sur une suite sans fin avec le refrain typé, allez un peu d’APP par là, puis le break et magie entre les claviers et la guitare sur différents tiroirs bien huilés; retour aux voix pour lancer un dernier solo partant sur celui de Boston, suffisamment bien introduit pour avoir envie de mettre en replay.
Berry a repris le travail laissé sur cassettes pour sortir cet album de musique progressive exquis, travail débuté grâce à Brian Lane et Carl Palmer (Yes, Asia, A-Ha), avec plus de voix pour une écoute plus facile, travail fait dans le contexte pandémie; un «coucher de soleil» comme hommage à Keith et ses mains d’argent; ici on a une fusion entre le ELP, le Yes des 80’s et Asia pour un album scotchant.
Un mot aussi sur le second disque... Il confirme cet enthousiasme collectif même si certains passages peuvent sembler anecdotiques. Le groupe nous propose une sélection de sessions d’improvisations qui flirtent parfois avec un jazz-rock façon Return to Forever gonflé aux hormones. Comme le superbe «Ya Mon» ou «Your Bears Is Good»… Alors oui, certains trouveront ça peut-être inutile ou «m’as-tu-vu», que le tout n’apporte rien de plus aux deux premiers albums sortis il y a plus de 20 ans, mais les autres, friands de musiques instrumentales «techniques», trouveront ça jubilatoire.
Brutus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=gk6WlBqD2EA

21/04/2021

Kerrs Pink
Presence of life
rock progressif – 48:47 – Norvège ‘21
Un groupe au destin chaotique, n’ayant cessé de renaître de ses cendres. Formé en 1973 avec 7 albums au compteur dont ce dernier «Presence of life». Musique essentiellement formatée aux ambiances soft-prog et parfois folks montées confortablement sur le dos d’un vieux chameau qui n’est en réalité qu’un dromadaire. Un «Mystic Spirit» en 2013 qui montre que le groupe décide de visiter d’autres branches de l’univers progressif. Exit alors les influences très marquées de Camel et du folk traditionnel, bonjour au progressif plus complexe, plus couillu. Il faudra attendre 8 années supplémentaires pour voir apparaître ce «Presence of Life» qui nous occupe aujourd’hui. Ce nouvel album, bâti sur les mêmes fonds, poursuit la démarche entamée par le précédent ouvrage mais l’accentue encore davantage. Sans tergiversation cet album prend aux tripes pour ne plus les lâcher durant ses 48 minutes. Des roulements de rythmiques où la basse de Per Langsholt croise le fer avec la batterie de Magne Johansen dans des élans étourdissants guidés par les sonorités vintage de l’orgue Hammond de Glenn Fosser. Un déferlement que vos enceintes prennent en pleine poire tels les feux d’une panzerdivision prog inarrêtable. Le bien nommé «Resurrection», qui sonne comme un bon Flower Kings débarrassé de la voix de Stolt, entame les hostilités, mais ce n’est qu’une entrée en matière. Le reste sera encore plus dévastateur. J’en veux pour preuve «Private Affairs», deuxième titre de l’album. Quelle rythmique étourdissante tenue par le trio basse/batterie/Hammond. Ça pulse, c’est fort, c’est grandiose mais dompté de maîtresse façon par la savoureuse voix d’Eirikur Hauksson. On en oublierait presque le vieux capitaine Harald Lytomt (seul rescapé de l’ancienne formation) qui semble laisser ses plus «jeunes» comparses gentiment guerroyer. Mais il veille, il dirige, comme sur «The Book of Dreams» où sa guitare appuie les propos progressifs pour ensuite les sublimer dans une spirale énergique. Idem avec «Away from Shadows» à l’époustouflante introduction. Schéma désormais récurrent, qui marche, qui à chaque fois donne une grosse claque. Puis un solennel et magnifique intermède, «Luna», pour introduire le dernier titre «In Discipline and With Love» qui débute sobrement avec technicité et délicates touches complexes pour nous entraîner gentiment vers une déferlante étourdissante. 12 minutes intenses, d’une richesse extrême, d’une suavité éclaboussante, d’un symphonisme grandiose; une merveille.
Incroyable album, assurément leur meilleur, ça valait vraiment la peine d’attendre. Respect à Harald Lytomt pour avoir persévéré afin de sortir son joyau qui sera éternel si vous daignez en enrichir votre discothèque.
Centurion
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=F_ypkK0fhqo

22/04/2021

Caligonaut
Magnified as Giants
rock progressif – 50:40 – Norvège ‘21
Par définition de son créateur, Ole Michael Bjørdal, le Caligonaut se déplace sur la brume. Ce guitariste chanteur, compagnon de route d'Airbag, Oak et Bjørn Riis Band, souhaite maintenant proposer sa propre musique. Pour réaliser ce 1er album, il s'est entouré de quelques Vikings of Prog 😉, membres de Wobbler, Pymlico, Meer et bien sûr d'Airbag et Oak.
Donc tout droit sortis de la brume des fjords, ils entament «Emperor» (14:35). Grand piano solo (oiseau de feu), puis attaque globale prog rock autour de la batterie, suivie d'un solo expressif de basse pour enfin réunir l'ensemble en puissance. Break, on repart avec voix, guitare acoustique et harmonies vocales (Wobbler)... Superbe! On est happé! Tout cela en moins de 3 minutes. Le violon et les arpèges de guitare en contrepoint font merveille avant qu'un solo de guitare vienne nous emporter bien avant la mi-piste. Et jusqu'à une belle fin apaisée, on apprécie le mouvement de balancier entre puissance et délicatesse. Imparable empereur!
«Hushed» (10:43). Intro presque folk, puis des patterns se succèdent piano/'acoustique/basse (il y du Crimson dans l'idée), ensuite tout s'éclaire en un refrain addictif et jouissif. Mais, très vite, un premier solo de guitare perce! Rattrapée par la basse maintenant sautillante, la guitare nous propose de danser, le temps d'un hommage, avec le chevalier du rayon de lune (Hackett 😉 ). Avant une fin joyeuse, magnifiée par un orgue d'église et la basse de Hultgren, que n'aurait pas reniée l'ancien enfant de chœur Squire (RIP).
«Magnified as Giants». Arpèges, voix et harmonie vocale. Nous touchons les nues. Magnifique ballade avant d'attaquer les 19:34 de l'épique «Lighter than air». Euphorisant, on est happy!
O.M. Bjørdal, élève de Fripp, cite dans ses goûts, outre ceux déjà évoqués, Pink Floyd, Yes, PFM et BMS. CQFD! Cet album initial est INDISPENSABLE.
Cicéron 3.14
https://caligonaut.bandcamp.com/album/magnified-as-giants

https://www.youtube.com/watch?v=J0L7E_ZDGzM

23/04/2021

Liquid Tension Experiment
3
fusion/metal progressif – 61:39 – USA ‘21
Après 22 ans d’absence, Liquid Tension Experiment remet le couvert avec ce troisième opus dédié aux fans de fusion metal prog instrumentale. Pour rappel, le groupe est composé de la section harmonique de la formation actuelle de Dream Theater, ainsi que de Mike Portnoy, ex-batteur du même groupe et dont on ne compte plus les participations à de multiples projets… Pour couronner le tout, le talentueux Tony Levin (qu’on ne présente plus) vient compléter le quatuor. Disons le tout net, ce troisième volet est à la hauteur de ce qu’on attendait. C’est une vraie petite bombe! Pour commencer, au niveau des guitares, John Petrucci est au sommet de sa forme et a cette capacité à alterner de la meilleure des manières riffs d’acier et solos techniques avec envolées lyriques atmosphériques ou planantes. Son homologue aux claviers, Jordan Rudess, digne héritier d’un Keith Emerson, n’est pas en reste et nous gratifie de superbes parties en enrichissant le discours musical de sa large palette de sons, symphoniques, organiques ou électriques. Pour la section rythmique, soyons clair, ça envoie du bois. Puissante, dynamique, inventive et parfois groovy. On a la ferme impression que les musiciens éprouvent beaucoup de plaisir à rejouer ensemble et c’est palpable à l’écoute. Ce que l’on pourrait craindre comme être une simple démonstration de débauche technique et de virtuosité est contrebalancé par cette spontanéité et ce sens inné de la mélodie. C’est varié, ça déborde de trouvailles et le son est superbe. Le tout est cohérent, plutôt bien équilibré et assez varié. Entre le survitaminé «Hypersonic», le délicat «Shades of Hopes», le magistral «Rhapsody In Blue» qui reprend de façon originale un thème de Gershwin, le planant «Liquid Evolution», le grandiose et arabisant «Key to The Imagination» qui rappelle le meilleur de Dream Theater, le crimsonien et expérimental «Chris & Kevin’s Amazing» ou l’enjoué et quasi festif «Beating The Odds» ainsi que l’efficace «The passage of Time», on est servi! Ça demande peut-être plusieurs écoutes pour digérer le tout mais l’amateur du genre sera conquis. Quand on songe à la moyenne d’âge des membres et à cette capacité à conserver un tel niveau de rapidité d’exécution et de complexité, on se dit que les petits jeunes n’ont qu’à bien se tenir! Soulignons également que cet album assez créatif et plein de fraîcheur comble d’une certaine manière la légère baisse d’inspiration que l’on peut regretter des derniers albums de Dream Theater, même si ceux-ci sont de bonne facture. Une belle réussite. Enjoy!
Un mot aussi sur le second disque... Il confirme cet enthousiasme collectif même si certains passages peuvent sembler anecdotiques. Le groupe nous propose une sélection de sessions d’improvisations qui flirtent parfois avec un jazz-rock façon Return to Forever gonflé aux hormones. Comme le superbe «Ya Mon» ou «Your Bears Is Good»… Alors oui, certains trouveront ça peut-être inutile ou «m’as-tu-vu», que le tout n’apporte rien de plus aux deux premiers albums sortis il y a plus de 20 ans, mais les autres, friands de musiques instrumentales «techniques», trouveront ça jubilatoire.
Maximus
https://liquidtensionexperiment.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=OSNVo6bZGUs

23/04/2021 - EP

Past and Secrets
Memories
métal progressif – 17:58 – France ‘20
Past and Secrets est un projet solo de métal progressif atmosphérique (et instrumental) de Lille, créé par Yohan Delasalle qui nous présente ici son premier EP.
En cinq titres, Yohan nous montre de quoi il est capable en mélangeant allégrement le métal et les parties atmosphériques, le tout sur de belles mélodies mémorables, que ce soit «Heaven for Them», le plus dur «Dancin' Together» ou la touche finale «The Day You Turnaround».
Une très bonne pioche que cet EP. Allez donc l’écouter pour vous faire votre propre idée.
Tibère
https://pastandsecrets.bandcamp.com/album/memories

https://www.youtube.com/watch?v=foq_hyxcIEA

24/04/2021

Sealand Airlines
Sealand Airlines
rock psychédélique/prog – 40:14 – Ukraine ‘20
Quel album étonnant que cette première production des Ukrainiens de Sealand Airlines! Ils mélangent en effet du prog, du rock psychédélique, du kraut, du hard rock, de l’électronique et même de la pop, sans que pour cela l’album soit indigeste.
Cette curieuse entité est composée d’Andrii Davydenko (claviers, chœurs), Mykhailo Kanafotskyi (guitares), Artem Bemba (basse, chant, claviers, violon, flûte) et Iurii Khomik (batterie, percussion, chœurs).
L’orgue peut se montrer lancinant comme sur «Garrison» ou prendre des aspects (presque!) religieux sur «Railway Man». La fuzz est bien entendu de la partie («Revenge»). Les chœurs sont souvent superbes («Salia Ana» ou «The Mountain») et nos amis ne sont évidemment pas des manchots avec leurs instruments respectifs: on sent les musiciens aguerris.
N’hésitez surtout pas à vous envoler vers ces contrées lointaines (et très certainement moins froides à cette saison de l’année) avec cette merveilleuse compagnie aérienne, vous ne le regretterez pas, je vous en fais le serment!
Tibère
https://sealandairlines.bandcamp.com/album/sealand-airlines

https://www.youtube.com/watch?v=kEz_irdQamU

25/04/2021

Angipatch
Vie
rock progressif (à la française) – 75:53 – France ‘81-‘21
C’est avec un vrai plaisir et une réjouissance affective que je vous parle d’une réédition (une fois n’est pas coutume) d’un album d’un groupe français de rock progressif symphonique. Angipatch, auteur de deux disques en 1981 («Vie») et en 1982 («Delirium»), était un combo archi représentatif de la fin d’une époque où moult formations s’échinaient encore à offrir quelques dernières œuvrettes du genre qui nous passionne. Au début des eighties, ils sont pléthore à surfer encore sur la vague qui s’est retirée derrière les assauts punk puis new wave et particulièrement en France (Grime, Opale, Würtemberg, etc.), le plus souvent sous des pochettes aux dessins archaïques et enfantins qui font partie du charme naïf de ces derniers feux de joie. Tradition qui sera perpétuée par leurs jeunes descendants au cours des années, mais le sujet n’est pas là. Si on reparle de ce premier opus des Lyonnais, c’est aussi qu’il y a du nouveau grain à moudre dans cette réédition, pas moins de quatre titres, «Rêves» du premier 45 tours sorti en 1976, deux démos non publiées, «La Plage» et «À la cour du roi Charlatan», ainsi qu’un cinquième, «Les larmes du temps / Le jour se lève», déjà divisé en quatre parties du temps de sa sortie, en fait, la prise complète du morceau jouée instrumentalement d’un seul jet. À ce sujet, pourquoi pas trace de la face B de «Rêves», «Terre des Vilains»? Mystère… Angipatch, dont le nom est formé des débuts des prénoms de ses membres, développait un prog’ mélodramatique dans la droite filiation des Ange et Mona Lisa qui ont influencé une descendance copieuse. «Vie» est un bon choix car il est nettement plus inspiré que le suivant, «Delirium», beaucoup moins raffiné et sophistiqué. Emphase du chant, orgue illuminé, soli de guitare fébriles, batterie énergique, Angipatch n’échappe pas à un style revendiqué et assumé, cependant plus proche d’Orléans que de Belfort! Sans rentrer dans les détails de chaque titre, c’est le style d’album qui m’a fait aimer le progressif, malgré tous ses défauts d’amateurisme et d’enregistrement. Cette école du prog’ à la française a généré plus d’émotions que de chefs-d’œuvre, mais c’est avec des petites formations comme celle-ci que j’ai rêvé plus d’une fois. Angipatch en était un digne représentant. Espérons que cette nouvelle exposition à la lumière du jour lui procure une seconde jeunesse!
Musea Records
Commode
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=6jzIqCNflWg

26/04/2021

DBA 4
Halcyon Hymns
rock progressif mainstream – 63:29 + DVD – UK ’21
La collaboration entre Geoff Downes et Chris Braide en est aujourd’hui, comme le nom l’indique, à son quatrième album. Braide compose des musiques de films et de publicités mais il a travaillé aussi avec Beyonce, Christina Aguilera et Britney Spears, entre autres (non, non, ne partez pas… attendez!). Étonnant de le voir aux côtés d’un ancien de Buggles, Asia et Yes, n’est-ce pas? Et de Buggles, il y avait encore la nette empreinte dans leur premier album en 2012 ainsi que celle de New Musik («Songs that can heal»), le son des années 80 quoi! Mais vous n’en retrouverez aucune trace ici! Par ses Hymnes dédiés aux années heureuses où tout paraissait tellement plus simple, l’oiseau mythique nous offre des mélodies d’une efficacité extraordinaire articulées autour de rythmes pétillants et de moments ô combien mélancoliques. L’un et l’autre récitatifs ponctuent le concept qui touchera l’âme profonde du poète. Les arrangements vocaux qui s’entremêlent («Beachcombers»), rappelant les premiers Yes, les sonorités de mandoline au parfum Led Zep («The Battle of Evermore»), les arpèges de guitare aux teintes génésiennes des premiers albums, ce chant sur «Warm summer Sun» (superbe) au reflet Asia/Wetton, l’évocation même de Sting («Hymn of Darkness») et ce «Remembrance», miroir de Kate Bush, tout contribue à nous immerger dans une sphère onirique aux multiples facettes dont on ne peut sortir que sublimé. Le pur joyau de l’album étant ce magnifique «Late Summer», nostalgie d’un passé perdu qui fait jaillir des larmes de Félicité tant céleste est sa beauté: «Oh, what a day, don’t let it end, promise me you won’t forget». Impossible d’oublier pareille mélodie inspirée des anges. Chant aérien, effet reverb et chœurs en arrière-plan, piano cristallin et un texte qui prolonge le frisson. Un mot encore sur le DVD de l’édition digipack: un mini film (hélas très «amateur») où l’on suit Roger Dean pendant la création de la pochette (surprenante technique que la sienne!) et trois clips dont deux vintage tournés en super 8. Du pur bonheur!
Clavius Reticulus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=wUpk1i2ZMus

27/04/2021

Zombi
2020
post-rock progressif – 38:24 – USA ‘20
D’un point de vue pratique, je considérerai plus Zombi comme un groupe de la planète post-rock, voire même à tendance doom, que à proprement parler progressif: les ambiances sont globalement sombres et plutôt lourdes. Le duo existe depuis vingt ans au moins et nous présente ici sa première livraison depuis cinq ans. Il est composé de Steve Moore à la basse et au synthé et d’Anthony Paterra à la batterie. Steve est également producteur et compositeur de musique de films, il a notamment travaillé avec des groupes aussi divers que Ghost (!), Goblin, Maserati ou Voivod.
À toutes fins utiles, je ne résiste pas à vous fournir ci-après le lien Bandcamp pour vous faire une idée des musiques qui ont joué une influence notable dans l’élaboration de cet album.
Comme quoi, cette année trouble peut également se révéler un excellent millésime en ce qui concerne la musique. Mais entrons donc dans le vif du sujet avec le titre d’ouverture, «Breakthrough & Conquer» où la guitare le dispute avec les claviers sur une batterie précise. Avec «Earthscraper», la lourdeur s’installe (je vous parlais de doom au début de cette chronique). On continue avec une rhythmique implacable pour «No Damage», soutenant encore et toujours ces guitares abyssales surnageant, tant bien que mal, dans cette ambiance inquiétante. Le début de «XYZT» se fait atmosphérique pour une ambiance presque primesautière (non, je rigole, nous sommes en apesanteur). Sur «Fifth Point of the Pentangle», les claviers nous amènent toujours dans un état de lenteur extrême. En ce qui concerne «Family Man», certains accords aux claviers me tirent irrémédiablement, mais vous ne serez peut-être pas de cet avis, vers un univers angélique. Les derniers titres de cet opus continuent dans la même voie. Parmi vous, les amateurs de doom seront ravis d’écouter 2020 (la musique de notre confinement!?). J’ai définitivement fait mon choix.
Tibère
https://zombi.bandcamp.com/album/2020

https://www.youtube.com/watch?v=canRYAHbxkI

28/04/2021

Raven Sad
The leaf and the wing
rock progressif/neo progressif – 67:47 – Italie ‘21
Raven Sad était un one man band créé en 2005 par le guitariste Samuele Santanna. Si, dans ses 3 premiers albums, les musiciens supplémentaires étaient des guests, Santanna présente maintenant un quatuor avec lequel il a réalisé, 10 ans après son dernier «Layers of Stratosphere», ce nouvel opus «The leaf and the wing».
Limiter Raven Sad à une filiation floydienne (revendiquée) c'est en réduire l'éventail. Certes, après l'apéritif (une bière!) de «Legend 1», le poignant titre éponyme nous emmène dans une ambiance Us and Them / Meddle / Atom, mais la couleur des autres pistes est bien différente. Les compositions de ces morceaux sont plus complexes et ouvertes à de longs développements (4 pistes de 9 à 13 minutes!). Ainsi la piste suivante, «City lights and desert dark», avec sa guitare façon Edge et son break plus jazz rock, nous propose une tout autre ambiance, tout aussi recherchée. Et l'on y apprécie, de nouveau, la voix convaincante de Gabriele Marconcini, délivrée avec parcimonie, avant un superbe solo de guitare gilmourien sur un tempo ample. Dans le plus rock «Ride the tempest», dont la belle pochette pourrait être l'illustration, on pourrait entendre comme un Procol Harum néo-prog dans un superbe télescopage!
«Absolution Trial», antépénultième piste avec sa partie plus électronique, laisse à penser que Raven Sad, dans ce line-up, est prêt à étoffer encore son spectre. Car le moins que l'on puisse dire c'est que la progression depuis l'album précédent est importante. Pour intéressantes qu'étaient ses productions précédentes, ce Raven Sad a bien plus d'épaisseur et mérite bien plus qu'une seule écoute attentive pour en apprécier toutes les subtilités!
À vous de le jouer?
Cicero 3.14

https://ravensadband.bandcamp.com/album/the-leaf-and-the-wing

https://www.youtube.com/watch?v=r8ybybdqnEo

29/04/2021

Galaad
Paradis Posthumes
rock progressif – 64:02 – Suisse ‘21
Maintenant que le grand retour a eu lieu en 2019 avec «Frat3r» et le succès que l’on sait, la nouvelle marche à enjamber pour les Suisses nécessite un autre regard et une attente juste un peu moins palpitante mais non moins curieuse. Bref, est-il possible de faire mieux, voire aussi bien, que son brillant prédécesseur? Eh bien, Galaad a acquis cette maturité obligée qui se ressent dans les compositions, même s’il doit être le seul groupe à encore zébrer son rock parfois furieux de strates à la Faith No More, rappelant en cela les débuts de 1992 avec «Premier Février». Car, malgré un coma dépassé de 20 ans, Galaad a su garder une ligne de conduite qui fait oublier toutes ces années sans eux. Faith No More pour le versant rock intégré dans leurs fibres mais aussi et encore le Marillion de l’époque Fish. La guitare de Sébastien Froidevaux évoque plus que jamais les tourbillons de Steve Rothery; une grande part de l’attrait pour ce groupe perdure dans ces volutes incandescentes à travers les albums. PyT chante toujours avec autant de ferveur et son ton déclamatoire rocailleux et fait encore merveille ici sur des compos de toute beauté. Elles sont au nombre de onze et se suivent dans une harmonie unitaire qui situe cet album in fine un cran au-dessus de son prédécesseur. Plus rock progressif que «Frat3r», ces «Paradis posthumes» ont pour nous, auditeurs transis, le goût du présent, de l’anthume en somme et, au contraire d’un chanteur disparu, pas perdus pour tout le monde! Malgré quelques écoutes, il m’est difficile de ressortir un titre plus qu’un autre. Peut-être le tournoyant «Amor Vinces», sis au centre de la rondelle, d’une richesse instrumentale parsemée de breaks savoureux? «Apocalypse» aussi et ses lignes de claviers ahurissantes de Gianni Giardiello, à moins que «Jour sidéral», plus long titre de l’opus (9:10), si ce n’est «Ton ennemi» et sa cassure electro qui relance le titre avec habileté… Même si le terme néo-prog n’est plus d’actualité pour Galaad, la formation romande ayant délaissé ses oripeaux de jeunesse pour un rock progressif théâtralisé, fort de la carrure de son chanteur charismatique, il reste ce parfum de «Jester» qui leur colle à la peau pour notre plus grand bonheur. Galaad et PyT déroulent un monde musical parfait, des chansons aux textes finement ciselés. «Paradis Posthumes» est l’album qui les place au sommet de la chaîne prog’ de langue française; les voici devenus, par la grâce de deux albums du retour puis de la confirmation, le groupe dont s’inspirer pour une génération future! Ah oui, «Divine» qui clôt l’album est mon morceau préféré au fait: une pépite plus courte bourrée d’émotion et chantée à fleur de peau qui respire tout ce qui fait de Galaad ce qu’il est, une formation à chérir plus qu’une autre et qui dégage ces frissons que seule une autre, francophone, peut fournir… Ange! On n’échappe pas au destin, Galaad jacta est…
Commode
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=lEkzCAu2QyI

30/04/2021

The Flying Caravan
I Just Wanna Break Even
rock progressif – 98:05 – Espagne ‘21
Il va sans dire que la version physique de cet album se décline sur deux CD. Si vous aimez le progressif vintage mais réalisé maintenant, The Flying Caravan est fait pour vous sans aucune hésitation possible car vous ne serez pas dépaysé.
Antonio Valiente (guitare) est à l’origine de ce projet, dès mars 2017. Il est bientôt rejoint par Juanjo Sánchez (claviers), Izaga Plata (chant), Pedro Pablo Molina (basse) et enfin par Lluís Mas (batterie). C’est en janvier 2021 que le travail de production a pris fin: il a fallu tout ce temps pour que sorte enfin cette bien belle réalisation. Notons également la participation de Manolo Salido (saxophone), Juan Carlos Aracil (flûte) et Jorge Aniorte (chant). Le groupe revendique des influences de The Flower Kings, Karmakanic, Transatlantic ou Be Bop Deluxe, excusez du peu!
Le premier CD comporte cinq titres dont le premier, «Get Real», développe un aspect bluesy mais néanmoins progressif. Avec la plage éponyme, nous sommes en plein revival des grands anciens. La voix d’Izaga montre toutes ses capacités. La plaque se termine avec le long «The Bumpy Road to Knowledge», titre aérien au possible.
La seconde plaque est en fait constituée d’une suite de 36 minutes, découpée en sept tableaux: «A Fairy Tales For Grown-Ups» (une pure merveille d’inventivité) et d’une réécriture bienvenue de l’ultime plage de l’autre CD.
Comme je le disais en entrée en matière, une œuvre à réserver aux amateurs de prog à l’ancienne et ils sont nombreux, je le sais.
Tibère

https://theflyingcaravan.bandcamp.com/album/i-just-wanna-break-even

https://www.youtube.com/watch?v=0saNt8SSDQw

30/04/2021 - EP

L'Orchidée Cosmique
M87*
électro-noise/post-rock – 25:27 – France ‘20
«Inspiré par des nanars de science-fiction, ces 4 titres ont été pensés comme si un équipage de cosmonautes atterrissait sur une nouvelle planète!» Voilà la phrase qui plébiscite cet étrange EP voguant sur des ambiances cosmiques sur «Cumulus», post-métalloïdes sur «The Green Thing», électro sur «Cirrus», et éthérées sur le bien nommé «Les Dauphins» qui suggère sans doute fortuitement le «Cycle de l’Élévation» de l’écrivain David Brin.
Les climats angoissants et parfaitement réussis pourraient décrire l’oppression du spationaute seul face à l’étrangeté de l’espace. Et le commandant Florian Pichollet, seul Maître à bord du vaisseau «spécial» l’Orchidée Cosmique, m’évoque, avec «Cumulus», Kris Kelvin découvrant, dans le célèbre roman de Stanislas Lem, les affres de «Solaris» depuis sa station d’observation. Expérience intéressante à vivre coincé entre les électrolyses musicales d’Heldon et les turbines astrales de John Carpenter.
À écouter!
Centurion
https://lorchideecosmique.bandcamp.com/album/m87

https://www.youtube.com/watch?v=3VtuKLgzJ04