Décembre 2021
- 01/12/2021
- 02/12/2021
- 03/12/2021
- 03/12/2021 - EP
- 04/12/2021
- 05/12/2021
- 06/12/2021
- 07/12/2021
- 08/12/2021
- 09/12/2021
- 10/12/2021
- 11/12/2021 : Les samedis étranges
- Jon Durant & Stephan Thelen
- Red On
- Paulina Owczarek & Peter Orins
- JÜ
- Hidden people
- 12/12/2021
- 13/12/2021
- 14/12/2021
- 15/12/2021
- 16/12/2021
- 17/12/2021
- 18/12/2021
- 19/12/2021 : Heavy Prog
- Moonshine Oversight
- Dordeduh
- D R O T T
- Breaths
- Venus Syndrome
- 20/12/2021
- 21/12/2021
- 22/12/2021
- 23/12/2021
- 24/12/2021
- 24/12/2021 - EP
- 25/12/2021
- 26/12/2021
- 27/12/2021
- 28/12/2021
- 29/12/2021
- 30/12/2021
- 31/12/2021
01/12/2021
Himmellegeme
Variola Vera
progressive rock atmosphérique – 38:53 – Norvège ‘21
Il serait faux de classifier Himmellegeme dans la catégorie psychédélique comme cela l’a été par certains. En effet, le groupe évolue dans un progressif plutôt langoureux (comme Anathema, par exemple). Toutefois, une personnalité propre se démarque dès que l’on écoute attentivement l’album.
N’hésitez pas à lire par ailleurs l’interview que Hein et Lauritz nous ont accordée (vous y découvrirez le line up du groupe ainsi que la thématique générale de l’album). Sachez cependant que l’album tourne autour de la variole (variola vera étant son nom scientifique) et les conditions qui ont permis à cette horrible maladie d’être une pandémie tueuse à grande échelle. L’action de l’être humain sur son environnement n’est pas étrangère à sa rapide et large expansion (cela vous rappelle quelque chose?).
L’ambiance générale de «Variola Vera» est évidemment le spleen quasiment typique des groupes nordiques. Néanmoins, certains titres se montrent différents, tel «Blowing Raspberries», plus proche du pop punk que d’autre chose, ou encore «Caligula» dont le riff de basse a été inspiré par Tame Impala. Les paroles, elles, reflètent les pensées qu’auraient pu avoir cet empereur tyran, mais néanmoins mon successeur, dans les derniers instants de son existence.
Reportez-vous donc à l’interview déjà mentionnée plus avant pour connaître les tenants et aboutissants du titre «Agafia»!
La plage titulaire, pourtant un simple piano-guitare acoustique, clôture cet album de la plus belle des manières.
Laissez-vous donc tenter par les ambiances sombres et froides de ce groupe norvégien qui mérite plus qu’une écoute distraite!
Tibère
https://himmellegeme.bandcamp.com/album/variola-vera
https://www.youtube.com/watch?v=A1f6ihTE2II&ab_channel=KARISMARECORDS
02/12/2021
Amanda Lehmann
Innocence and Illusion
progressive rock – 45:54 – UK ‘21
Premier album pour Amanda Lehmann, guitariste accompagnant depuis 2009 sur scène son illustre beau-frère, Steve Hackett. Naturellement elle s'est tournée vers ses compagnons de voyage pour réaliser les 9 pistes qui composent l'album. Steve est présent à la guitare, à l'harmonica, mais aussi aux claviers qu'il partage avec Nick Magnus et Roger King; il y a aussi Rob Townsend au sax tenor qui donne parfois une couleur jazz à quelques pistes, tel «Childhood Delusions». Sur le très beau et foisonnant morceau prog d'introduction, «Who Are The Heroes», la voix d'Amanda est parfois chaude et granuleuse, parfaite dans les parties jazzy ou pour le prog, mais le premier choc vocal est la piste suivante où sa voix cristalline «Tinkerbell» évoque la pureté d'une Kate Bush. «Only Happy When It Rains», chanson jazzy-blues, nous prouve que lorsqu'on est britannique il est préférable d’aimer ce que l'on subit. Mention spéciale au blues «The Watcher» où l'on reste en suspension jusqu'à un beau solo libérateur. «Memory Lane» joue sur le pathos avec sa guitare sèche, ses chœurs et son sax, sans totalement m'émouvoir. «Forever Days», plus rock et catchy avec son refrain choral et son solo, ne dépareillerait dans un album de Steve, mais pas le dernier qui est excellent de bout en bout. «We Are One» avec son appel floydien ne m'a pas convaincu. Mais ce beau premier album s'achève mieux avec «Childhood Delusions».
En conclusion, un premier album contrasté dans ses ambiances, dans ses styles et dans le plaisir ressenti. Parfois moyen, mais plus souvent vraiment bon. Le tout méritant largement votre écoute!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/album/3HPXqKdmhVBZb2IRPYqejf?si=U2qHp-l8QbKebTgL5UK-jA&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=ZXcMw-LFJ8o&ab_channel=CrookedHandProductions
03/12/2021
Three Colours Dark
Love’s Lost Property
crossover prog – 42:11 – UK ’21
Deuxième album du duo composé de Rachel Cohen, ex-Karataka/The Reasoning, au chant mélodieux et aérien, et de Jonathan Edwards, compositeur et claviériste de Panic Room/Luna Rossa. La voix de Rachel, sur certaines plages dont la première, éponyme, m’a fait mélodiquement penser à celle de Benoît David (Yes) dans «Fly from Here » et à d’autres moments plane le fantôme de DBA dans les partitions à l’ambiance mélancolique et éthérée; incarnation d’une musique sublime où se greffe le violon de Kate Ronconi y ajoutant une touche de nuances pastel colorée pour une toile mélodique angélique qui embras(s)e l’âme («Wish I wished you well»). La voix sublime de Rachel nous mène par le cœur, étreint l’âme et la transfigure en notes étoilées. Quoique non conceptuel, cet album se veut une continuité lyrique et mélodique. Les textes suivent un chemin où se chevauchent les divers thèmes évoqués et la rivière musicale qui les accompagne complète leur homogénéité. Épinglée aussi cette magnifique reprise de «Ordinary World» composée par Duran Duran en 1993 dont le présent duo sortait, en avant-première, un EP de 11 minutes où figure aussi le titre «World on Fire», une face B exclusive qui ne prend place sur aucun de leurs deux albums. Les maîtres-mots de ce voyage musical sont douceur et beauté. Le mariage entre les envolées de guitare conjuguées au saxo ténor de Steve Simmons, les voix mariées de Steve Balsamo et Rachel sur une plage haute en couleur comme «Eye for an Eye» suffiront à vous convaincre que nous avons ici un album qui allie puissance ponctuelle et compositions d’une beauté extrême flirtant avec certains concepts proches de ceux d’un Anthony Phillips ou d’Arena. Un parfum d’Eden dans un monde devenu difficile à vivre.
Clavius Reticulus
https://threecoloursdark.bandcamp.com/album/loves-lost-property
https://www.youtube.com/watch?v=UX4fN9kfkDw&ab_channel=JonathanEdwards
03/12/2021 - EP
Thierry Zaboitzeff
Pagan Dances
rock in opposition – 19:36 – France ‘21
Il a un son bien à lui (et le violoncelle électrique n’en est pas le seul garant) – le graal de tout groupe, d’autant plus difficile à atteindre pour un artiste seul (en dehors des contours si personnels de la voix) –, Thierry Zaboitzeff (Aria Primitiva, ex-Art Zoyd, musiques de théâtre, de film…), capable d’exploration caverneuse et aérienne en même temps (le couple chant/piano du «suspendu dans la grotte», «La Légende de NaYmA»), tout comme d’un périple plus obscur (hasardeux?) dans l’univers de ces «danses païennes», nerveux, inquiétant, aux confins de ce que nous voulons voir – ou entendre.
Auguste
https://thierryzaboitzeff.bandcamp.com/album/pagan-dances-ep
https://www.youtube.com/watch?v=eQlJLMm5pkQ&ab_channel=ThierryZaboitzeff-Topic
04/12/2021
Craig Fortnam
Ark
folk avant-garde – 35:54 – Angleterre ‘21
Regardez la vidéo qu’on vous a mise en lien: simple, pétrie d’humour, pas très bien jouée mais sympathique en diable, elle résume à elle seule (et on n’a pas encore abordé la musique) le travail de Craig Fortnam. Je vous ai déjà parlé du bonhomme qui, avec son projet North Sea Radio Orchestra, s’est, vaillamment et avec bonheur, attaqué au «Rock Bottom» de Robert Wyatt (on retrouve l’atmosphère de cette œuvre intemporelle dans l’exquis «Managed Decline On The Orford Ness») – sans mentionner son groupe Arch Garrison, avec lequel il pratique une musique acoustique qui broute du côté du psyché. Pour «Ark», premier disque sous son nom propre, Fortnam livre dix compositions sincères et sensibles, essentiellement acoustiques elles aussi (plusieurs copains ajoutent les couleurs sonores de leurs violon, basson, violoncelle, piano, vibraphone, clarinette aux guitares, orgues et synthés du compositeur), de celles qui, l’air de rien, dégagent les nuages noirs et rappellent qu’on a le faculté d’améliorer les choses – en tout cas d’essayer, encore et encore.
Auguste
https://craigfortnam.bandcamp.com/album/ark
https://www.youtube.com/watch?v=51CvrGCsbPY&ab_channel=OnomatopoeiaRecords
05/12/2021
THSL
Memories of a Dream
progressive metal/dark-metal sympho – 43:17 – Grèce ‘21
Thanasis Labrakis (THSL pour les intimes), guitariste et fondateur du groupe de power prog metal Lightfold, propose ici son premier album solo qu’il a produit, mixé, masterisé et composé avec son pote Thanos Bertsatos (THANOS). Qualifié de «multi genre» par son auteur, ce «Memories of a Dream» n’en demeure pas moins un album de délicats bourrins, à l’image de ce qui se fait parfois dans le milieu du métal progressif. Les influences ne sont pas celles de groupes comme Dream Theater, mais plutôt à chercher du côté du dark métal progressif au chant clair – sept chants différents (féminins et masculins) se succèdent au fil de cet album et contribuent à le diversifier. Avec ce côté darkisant, qui rappelle parfois un peu l’ambiance et le violon de leurs compatriotes des anciens albums de On Thorns I Lay, on songe avant tout à Queensryche de par la dimension dramatique qui imprègne les compositions.
Un metal dark prog symphonique, qui, de temps à autre, est abusivement maniéré, mais reste dans l’ensemble de bonne facture, à l’image de l’excellent «When the Darkness Blinds my Eyes» que vous pouvez écouter via le lien YouTube en commentaire.
Centurion
https://thsl.bandcamp.com/album/memories-of-a-dream
06/12/2021
Isildurs Bane et Peter Hammill
In Disequilibrium
symphonic rock atmosphérique – 44:21 – Suède/UK ‘21
La collaboration entre Isildurs Bane et Peter Hammill date de 2019 avec un premier opus et une participation commune au dernier festival de Gouveia (Portugal). La musique exigeante d'IB s'est longtemps vécue instrumentale, mais, parfois, elle s'ouvre à des chanteurs; ce fut Steve Hogarth (Marillion) en 2017, puis Peter Hammill. Ne croyez pas cependant qu'il va s'agir de chansons. L'expérimentation reste la marque de fabrique d'IB, même si cet album ne fait pas partie de la série des 4 «MIND» albums, l'esprit Mind Investigating New Dimensions perdure malgré tout.
J'ai l'habitude de penser que le prog ne se livre que rarement à la première écoute. C'est absolument le cas ici. La production sonore est parfaite et la voix de Peter excelle en tous points, présence, expressivité, timbre. C'est à peu près tout ce que j'ai ressenti à la première écoute, qui m'a laissé un peu en déséquilibre (... le titre en 3 parties de la plage initiale!). Trop d'informations?
Mais si l'on persévère un peu, dès la deuxième écoute, on découvre, déjà un peu plus, combien la composition de chacun des 2 morceaux est puissante. Petit à petit, l’œuvre se révèle, servie par un grand nombre de musiciens aux instruments variés – outre les traditionnels guitares, claviers, basse, batterie, on y entend vibraphone, marimba, sax, trompette, violoncelle, violon, et la voix de Peter!
La musique est simple d'abord mais les structures, simples elles aussi, alentour, nous emmènent bien plus loin, sans qu'il soit besoin d'un foisonnement d'instruments en parallèle. C'est plutôt par une succession de touches que progresse leur musique, jusqu'à former un morceau dont la beauté laisse pantois. Et le second morceau en 4 parties se nomme «Gently (Step by Step)». Révélation.
Parfaite symbiose que je vous propose d'expérimenter! Vous nous direz?
Cicero 3.14
https://isildursbane.bandcamp.com/album/in-disequilibrium
https://www.youtube.com/watch?v=5YrQvti6RqE&ab_channel=IsildursBane-Topic
07/12/2021
Rachel Flowers
Bigger on the inside
progressive rock – 67:50 – USA ‘21
Attention, OVNI!
Plantons le décor: Rachel Flowers (Rachel Flowers Music) est une musicienne et compositrice américaine née en 1993. Sa naissance prématurée la rend aveugle à l’âge de 15 semaines. Mais, très vite, on lui découvre un don pour la musique, étant notamment dotée de l’oreille absolue (cette faculté à reconnaître une note instantanément, sans note de référence). Dès l’âge de 2 ans, elle apprend le piano; elle apprend la musique dès 4 ans et s’essaie ensuite à divers instruments. Elle entre également en contact avec Keith Emerson qu’elle cite comme une de ses principales influences et ce dernier l’adoube. Toute son histoire est d’ailleurs racontée dans un documentaire intitulé «Hearing is Believing»; tout un programme!
Elle sort un premier album en 2016, un deuxième en 2018, année au cours de laquelle elle publie également un EP en collaboration avec Michael Sadler, le chanteur de Saga. Voici donc son troisième album et c’est une vraie belle découverte. Tout d’abord, Rachel joue de tous les instruments et de quelle manière! Tout est parfaitement exécuté et mis en place avec une précision chirurgicale. Le style est difficilement définissable: il y a du prog, du rock, du jazz fusion, le tout arrosé de rock californien, voire de musique de film.
Dans la forme, on peut parler de progressif avec trois morceaux de plus de 10 minutes, mais même cette étiquette est réductrice. Ainsi, le premier morceau («A B») nous plonge de suite dans une ambiance jazz fusion que ne renierait pas King Crimson (elle collabore d’ailleurs avec Adrian Belew par ailleurs) ou Planet X. Le deuxième commence aux grandes orgues avec une ambiance que n’aurait pas reniée Rick Wakeman pour enchaîner sur le chant qui nous propose une mélodie rappelant le sens mélodique de Neal Morse, pour finir sur un tempo pop et symphonique, un peu comme «Music» de John Miles. «Feel» lorgne du côté de Pat Metheny et «Beautiful Dream» sonne un peu comme une ballade à la Adele. Comme vous le voyez, c’est varié sans être fourre-tout, c’est souvent surprenant et terriblement emballant. Si vous ne devez écouter qu’un morceau, prenez «The Darkness» qui commence comme du John Williams pour se développer avec un rythme presque prog métal.
Si on devait relever une faiblesse, on pourrait reprocher des paroles simplistes et pas toujours hyper abouties. Et oubliez la hideuse pochette: foncez sur cet album qui vous surprendra plus d’une fois.
Une belle découverte.
Amelius
https://shop.rachelflowersmusic.com/album/bigger-on-the-inside
https://www.youtube.com/watch?v=a_tKfmyNc-4&ab_channel=RachelFlowersMusic
08/12/2021
Djiin
Meandering Soul
stoner psychédélique – 40:17 – France 2021
Les Rennais de Djiin nous offrent, avec cet album, un bel exemple de stoner psychédélique mâtiné d’un soupçon de prog. Le groupe a pris naissance en 2015 et s’est actuellement stabilisé autour de Cholé Panhaleux (chant, harpe électrique), Tom Penaguin (guitare, chœurs), Charlélie Pailhes (basse, chœurs) et Allan Guyomard (batterie, chœurs). Ainsi que nous l’apprendrons dans l’interview qu’ils nous ont accordée, ce troisième album concerne un être tourmenté par sa propre personnalité et ses démons intérieurs.
«Black Circus» nous entraîne d’emblée dans le désert: on se croirait dans un film de Jim Jarmush traversé d’envolées musicales permettant des brisures de rythme. Ne résistez pas à la sensation d’envoûtement que pourrait vous procurer «The Void». Nos amis musiciens se montrent d’un excellent niveau, notamment dans les parties plus psychédéliques. Le chant de Chloé n’est évidemment pas étranger à l’atmosphère dégagée lors de l’écoute de «Meandering Soul», passant allégrement de parties en voix claire à des quasi-hurlements montant sans vergogne dans les notes les plus aiguës. Intéressez-vous à «Warmth of Death» et comparez ensuite vos impressions avec les explications délivrées dans l’interview. Le titre qui conclut cette belle plaque s’avère également en être le plus rapide, mais n’en déduisez par pour autant qu’il est le moins intéressant, vous passeriez à côté de la «plaque»!
En conclusion, je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher attentivement sur nos amis rennais: vous ne pourriez, comme moi, qu’en tomber littéralement amoureux!
Tibère
https://djiin.bandcamp.com/album/meandering-soul-2
https://www.youtube.com/watch?v=rBVrd1gEqxY&ab_channel=Djiin
09/12/2021
Various Artists
Jubaleumsplate - En hyllest til Knutsen & Ludvigsen
folk rock & divers – 40:40 – Norvège ‘21
Apollon Records
Knutsen & Ludvigsen vous sont très certainement inconnus mais sachez que le duo était extrêmement célèbre dans son pays, la Norvège. Un répertoire essentiellement orienté vers les chansons pour enfants, et que les parents se réappropriaient volontiers. Deux musiciens qui, par le biais de sept albums de 1970 à 1986 et quelques concerts réunion plus tard, ont contribué à égayer ce merveilleux pays scandinave par cette forme de divertissement absurde à la fois rock et folk.
Ce tribute «En hyllest til Knutsen & Ludvigsen», publié par Apollon Records, célèbre les 50 ans du duo à travers 11 titres repris par 11 groupes norvégiens parmi lesquels vous reconnaîtrez peut-être Arabs In Aspic, Tusmørke, Vulture Industries et Kryptograf. Le reste étant défendu par des congénères qui me sont, je l’avoue, inconnus.
Des titres endossés par des artistes qui les colorient à leur mode, et c’est ainsi que vous découvrirez des essences prog avec Arabs In Aspic et Tusmørke, mais aussi carrément glam, rock ou folk avec d’autres.
Ceci donne une compilation éclectique, qui doit ravir les anciens fans du duo norvégien mais qui, il faut bien l’admettre, nous laisse, nous, un peu dubitatifs.
Centurion
https://open.spotify.com/album/7aGz9gqrgiSRbM1oZm6VZO?si=wmTMw9OfSku_Nbw5I2jN7g&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=XvO2-TMTV6c&ab_channel=ArabsinAspic-Topic
10/12/2021
Perilymph
Tout en haut
rock progressif/pop psyché – 42:00 – France '21
«Intro», c’est un début planant au synthé pour lancer le début de l’aventure; guitare et batterie entrent ensuite dans la danse pour nous réveiller et nous faire entrer dans un nouveau monde. «La Genèse», nous sommes bercés par une douce guitare et des claviers atmosphériques. Le tout est rehaussé par une voix charmeuse. Tout est fait pour planer avec une bonne basse. Les synthétiseurs contribuent à un bon climat psyché pop. Puis vient une phase instrumentale de bon aloi à la guitare. Batterie et claviers se répondent bien.
«Tout en haut», un titre très pertinent tant la musique nous a expédiés vers les plus hauts des cieux. De quoi dodeliner au son de la six cordes et de la voix suave. Une mélodie enjouée (guitare/claviers). La basse prend son envol et le charme de l’album ne s’étiole pas. Je suis dans le domaine des songes avec les jolies interventions à la gratte.
«Sans savoir», toujours aussi 70’s (Fatalis Imperator approuve) et évocateur de la pub parodique des Nuls, à savoir Maxpét qualité filtre, la musique prend des tournures progressif électronique (guitare et claviers de nouveau) avec un chant séduisant et mélancolique. Je file vers la zone négative (Les 4 Fantastiques Stan Lee et Jack Kirby).
«Coulis», un morceau dominé par les claviers et un essai en pop hallucinée. La divagation mentale n’est pas terminée, la guitare sonne très Canterbury à mon sens et la dérive vers le space rock est lancée.
«Ou», je suis un psychonaute qui continue à apprécier la psyché pop méditative de ce groupe inspiré. La douceur, l’hébétude et l’imaginaire sont les mots clés de cette galette réjouissante. Les synthés vintage ne laissent pas leur part au chien.
«Le Sombre et le rire», la béatitude est toujours de mise avec cette alternance entre pop et space rock (remarquable utilisation de la guitare). L’ambiance m’évoque «La planète sauvage» de René Laloux et Roland Topor (auteur: Stefan Wul) et la superbe musique d’Alain Goraguer. Une fois encore une bonne exploration cosmique pour clore un album bluffant. Fatalis Imperator a aimé. Fatalis Imperator sera clément.
Fatalis Imperator
https://sixtonnesdechairrecords.bandcamp.com/album/tout-en-haut
https://www.youtube.com/watch?v=SLCkxxN82UQ&ab_channel=Perilymph
Jon Durant & Stephan Thelen
Crossings
soundscape/ambient guitars – 65:37 – USA ’21
Croisements entre deux mondes de guitaristes vivant à des lieues l’un de l’autre même si tous deux Américains de naissance. Stephan vit aujourd’hui en Suisse, à Zurich, tandis que Jon trouve ses muses dans les superbes paysages de l’Oregon. Ce dernier a également travaillé avec Colin Edwin de Porcupine Tree et Tony Levin que l’on ne présente plus. Stephan, lui, fut guitariste au sein du groupe minimaliste suisse Sonar et collabora avec la formation Kronos Quartet pour laquelle il composa «Circular Lines». Mais on est ici assez loin du style de ces groupes et de ces talentueux musiciens. La combinaison de la guitare ambient de Jon, nommée à juste titre «cloud guitar», et la six cordes fractale de Stephan crée des mirages célestes envoûtants et emporte l’auditeur vers des sommets où toute matière semble se dissoudre en vapeur astrale. On trouve ici des constructions chères à Robert Fripp quand celui-ci éveille son inspiration ambient en solo ou aux côtés d’un Brian Eno. Glissandos sur lesquels se greffent des arpèges doucement répétitifs transcendés par une savante alchimie presque floydienne. Effets cosmiques, notes étoilées soutenues par une basse hypnotique. Naissance de mélodies sidérales immersives. Travail d’orfèvre fait d’entrelacs atmosphériques divins. Un album qui marie la sérénité ambient et une mouvance mélodique voisine de la psyché. Un merveilleux portail vers l’Onirimonde.
Clavius Reticulus
https://jondurant.bandcamp.com/album/crossings
https://www.youtube.com/watch?v=qSNgl4aoxkI&ab_channel=StephanThelen
Red On
Drums
ambient/électro – 37:03 – Norvège ‘21
Graphic designer et musicien, Philipp Dittmar, a.k.a. Red On (a.k.a. Philipp Roth aussi, mais il y en a peut-être un que ça fait moins rire), joue, sur ce troisième album (dont une cassette en 2015), de tous les instruments – sauf de ces deux batteries qui donnent le titre à ce nouveau disque (et du saxophone sur «This City Has No Seasons» ainsi que du violoncelle). Si elle revendique un héritage krautrock, la musique de Red On, sphérique, organique bien que de synthèse, s’en est affranchie depuis au moins deux générations et s’inscrit, avec une certaine aisance, bien plus dans un courant ambient et électro, à l’ancrage tout aussi germanique, mais moins psychédélique.
Auguste
https://verydeeprec.bandcamp.com/album/drums
https://www.youtube.com/watch?v=5dOZZYBWdCI&ab_channel=VERYDEEPRECORDS
Paulina Owczarek & Peter Orins
You Never Know
experimental – 56:58 – France/Pologne ‘21
Une rencontre saxophone et batterie se réfère, inconsciemment, collectivement, immédiatement, au domaine (presque traditionnel) du jazz. Mais Paulina Owczarek (Cracovie) et Peter Orins (Lille) voient les choses autrement, en tout cas de façon plus large: la première, avec ses saxophones alto et baryton (ici, alto), improvise (elle fonde – et dirige, ce n’est contradictoire qu’en apparence – le Krakow Improvisers Orchestra) et expérimente (son deuxième axe de développement est la musique contemporaine), en même temps que le second, avec sa batterie, expérimente (il co-fonde le collectif Muzzix) et improvise (principalement avec des musiciens de jazz). Dans «You Never Know», les deux réunis se permettent la liberté, parfois éprouvante, certainement déconcertante pour les oreilles moins averties, de faire entendre des timbres inédits, de toucher leurs instruments au travers d’usages insolites, de jouer sur les respirations de l’interprète, de faire geindre les caresses des peaux (celles des tambours).
Auguste
https://circum-disc.bandcamp.com/album/you-never-know
JÜ
III
rock in opposition – 37:03 – Hongrie ‘21
Jü est un trio hongrois (de Budapest), qui sort, avec «III», son troisième album, au son envoûtant d’Europe de l’Est, croisant rock, prog, free jazz et – cette fois – musique de gamelan d'Indonésie et chants extatiques d'Inde – tout ce qui incite à ouvrir l’approche en matière de mélodie, de rythme, d’harmonie ou de temps, est bon à prendre. Jü, ce sont trois musiciens (András Halmos à la batterie, Ernő Hock à la basse, Ádám Mészáros à la guitare), certes épaulés par le chant de Dóra Győrfi (chanteuse hongroise impliquée dans des groupes de gamelan et de wayang – théâtre d’ombres – à Java, elle propose textes et chants, comme sur «Palaran», dérivé du traditionnel «Palaran Durma Laras Slendro Pathet Nem») et l’électronique de Bálint Bolcsó, qui façonnent des textures sonores complexes et denses, frénétiques parfois, dans des compositions écrites, pour moitié, à partir de chants coutumiers, et qui ne tiennent compte des styles que pour mieux s’en éloigner: «Nos influences sont des sons, plutôt que des genres ou des musiciens particuliers», revendique Halmos.
Auguste
https://weareju.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=-fiyJ0u00pg&ab_channel=J%C3%BCTube
Hidden people
Comment s'étaient-ils rencontrés?
rock minimaliste – 46:24 – France ‘21
La démarche de Hidden People évoque celle des Elles, moins pop et léchée bien sûr – et ce n’est pas parce qu’il s’agit de filles; d’ailleurs le groupe de Pascaline Herveet compte parfois des musiciens au masculin – et moins normande (le duo vit dans le Lyonnais), mais les deux se rejoignent dans la prégnance de la poésie sonore, dans cette façon de chanter/parler la mélodie, d’user de mots avec la simplicité de l’évidence («Discussion intercontinentale»), tout en cultivant des sons monophoniques mais luisants, un peu à la manière du quatuor féminin et islandais Amiina. Parlons-en, justement, du son de ce deuxième album: violoncelle (Aëla Gourvennec; elle balade son instrument là où, d’après elle, on le trouve trop peu), batterie préparée au banjo et synthétiseur (Mélissa Acchiardi; elle enseigne les percussions), voix bien sûr, pour des textes parfois absurdes («Attendre»), fruits d’immersion dans des mondes littéraires où croisent Henri Michaux, Georges Perec, Allen Ginsberg ou… Brigitte Fontaine. Effroyablement rafraîchissant.
Auguste
https://hidden-people.bandcamp.com/album/comment-s-taient-ils-rencontr-s
https://www.youtube.com/watch?v=hoAH25OLTkQ&ab_channel=Duretdoux
12/12/2021
Synapse
Singularities
progressive metal inventif – 50:08 – France ‘21
Synapse est un jeune groupe de métal progressif parisien fondé en 2016, apparenté au maître Dream Theater mais pas que: du rock, des déclinaisons progressives et une touche jazzy, une tornade musicale mélodique remplie de passages instrumentaux inventifs et d’un son actuel pour un projet ambitieux. Des textes sur la fin de notre monde, sur notre potentielle réaction, sur notre acharnement à préférer le chaos plutôt que l’adaptation, son 2e album présentement. Synapse, est composé de Thomas Valentin au chant, Alexandre Sacleux à la guitare, Sacha Le Roy à la basse et Carlos Bardonnet à la batterie.
9 titres qui s’écoutent en pensant à Dream Theater pour l’instrumentation, la lourdeur et rythmicité musicale; la voix hurlée peut déranger au départ mais elle s’adapte bien en fonction des errances musicales hard FM un temps, AOR à d’autres, un trait de Royal Hunt pour l’enchaînement et la créativité; breaks jazz-prog innovants, latinos, bossa nova, djent sur un titre qui montre bien le son très actuel, quelques notes de Leprous sur «It’s Only Cries» avec un break à la Serra, solos pouvant rappeler Malmsteen par instants, la comptine «Human Naiveté» pour finir comme une bande son de film, un condensé agréable de fait.
Synapse est un album à écouter! Un album qui cache des pépites, qui se bonifie au fil du temps, un album qui ne se contente pas d’être un ersatz, on a du son neuf. Le bémol serait la voix un peu haute par rapport à l’interprétation des structures mélodiques variées et fraîches, sinon c’est bien un groupe à suivre.
Brutus
https://open.spotify.com/artist/4cSVXyAed16yhla0dQXHDB
https://www.youtube.com/watch?v=xl8eVaneAvU&ab_channel=SynapseBandOfficial
13/12/2021
Van der Graaf Generator
The Charisma Years 1970 - 1978
progressive rock – 17 CD + 3 Blu-ray – UK ‘21
Luxueux coffret à plus d’un titre vu que le tarif le moins cher que j’aie trouvé n’est plus disponible: 122,99 euros sur Amazon.fr. Sinon, il y a la FNAC.fr au prix sidéral (tu m’étonnes!) de 525,98 euros (vous avez bien lu) et aussi Amazon.com pour 262,97 dollars. À noter qu’une édition album par album en digipack de 2 CD et un DVD audio multicanal est disponible partout pour quatre d’entre eux. Ce qui allège considérablement la dépense si l’on s’en contente. Je vais survoler les 17 CD assez rapidement: chaque album contient des bonus dont beaucoup sont inédits (singles, faces B, premières versions, BBC sessions). L’intérêt du coffret se porte surtout sur le nouveau mix stéréo à partir des bandes d’origine de «H to He who Am the Only One», «Pawn Hearts», «Godbluff» et «Still Life», puis sur les «live» et plus encore, dirais-je, sur les trois Blu-ray. «The Least we can do is wave to each other», «World Record» et «The Quiet Zone/The Pleasure Dome» ne bénéficient pas du remix stéréo mais contiennent des bonus inédits. Attention, il ne s’agit pas de SACD. Parmi les rondelles présentées, «The Pawn Hearts Sessions» est composé des sessions inédites de John Peel (BBC). Une autre rondelle contient un «Live in Rimini - 9 août 1975», deux autres CD pour le concert «Live at ‘Maison de la Mutualité’» de décembre 1976 (totalement inédit). Notons encore deux CD pour «Vital», leur premier album live en 1978. Le groupe se séparera entre l’enregistrement et la parution de l’opus. Ceci est la version intégrale inédite à ce jour. VDGG ne se reformera ensuite qu’en 2005. Pour qui a l’installation requise, les deux Blu-ray audio sont assurément le top du coffret! Son en haute résolution DTS 5.1 multicanal + nouveau mix stéréo et bien sûr la piste stéréo originale. Ceci concerne toujours les albums «H to He», «Pawn Hearts», «Godbluff» et «Still Life». Le troisième Blu-ray, «The Video Vaults», offre de larges extraits de concerts et les prestations pour différents shows télévisés (allemands et belges, Pop Shop RTBf, mini concert à Paris au Bataclan en 1972 et une participation à un festival en Autriche en 1978), la plupart inédits (qui est le maître mot de la chronique) et de très bonne qualité au niveau de l’image compte tenu de l’époque de l’enregistrement d’origine. J’ai ainsi épinglé le merveilleux film promotionnel «Wondering» et ses chœurs d’enfants! À noter enfin une excellente interview de Peter Hammill (non sous-titrée). Le tout se complète d’un bouquin de quelque 70 pages richement illustré tant en textes qu’en photographies, reprenant un descriptif historique de chaque album e.a. Cet objet est donc à réserver aux vrais fans, vu son prix et son tirage limité, mais on en a pour ses deniers. Maintenant bonne chasse pour le trouver sans vous ruiner. Je me suis personnellement saigné de 180 euros (frais de port compris) sur eBay pour mon exemplaire envoyé d’Allemagne.
Clavius Reticulus
https://open.spotify.com/artist/02frazNrWgZCxUEf4UTfHt
https://www.youtube.com/watch?v=bM65nV2FTUQ&ab_channel=panosc2
14/12/2021
Acolyte
Entropy
heavy prog – 56:48 – Australie ‘21
Cet Acolyte-là va vous mettre la tête à l’envers. La pochette est sublime et la musique n’est pas en reste, comme elle le prouve dans le court «Prelude». La suite s’articule autour d’un heavy progressif d’excellente facture alternant plages longues à d’autres au timing habituel. Parmi les titres marquants, notons ce «Clarity» de dix minutes à la rythmique syncopée. Des plages plus mélancoliques nous permettent de profiter au maximum de la voix posée de Morgan-Leigh Brown. Symphonisme épique se joue la part belle sur «Idiosyncrazy» où les instrumentistes, Brandon Valentine aux guitares, David Van Pelt aux claviers, Jason Grondman à la basse et Chris Cameron à la batterie, nous montrent toute l’étendue de leur talent.
C’est en 2016 que nos cinq amis se sont associés afin de nous présenter toutes les musiques qui trottaient dans leurs têtes et ce, pour notre plus grand bonheur.
Le heavy progressif moderne que nous distille la bande ne manquera pas de vous séduire, j’en suis certain. Encore une belle découverte!
Tibère
https://acolyteband.bandcamp.com/album/entropy
15/12/2021
Kosmodome
Kosmodome
progressive rock – 44:39 – Norvège ‘21
C’est le bébé des frères Standvik (Sturle à la guitare et au chant, Severin à la batterie). Ils nous proposent un psyché 60’s avec une bonne dose de stoner. Pour les amateurs de Motorpsycho et Black Mountain.
«Enter the Dome». Vous qui entrez laissez toute espérance de facilités pop commerciale à la Stromae et écoutez cet instrumental d’introduction qui rappelle Amplifier. Bon début en mode psyché space rock.
«Retrograde». Le chant fait son apparition et le psyché domine (guitare bien mise en avant qui sonne comme il faut). Après un départ musclé, le rythme se ralentit et ça plane bien. L’influence Motorpsycho se fait bien ressentir avec cette alternance entre climat heavy et moments plus introspectifs. Bon space rock (guitare, batterie et claviers). Un bon trip.
«Hypersonic». Un album toujours plaisant avec de bonnes harmonies vocales et ce son 60’s bien cool. À 2 minutes et quelques, la six cordes se met en branle pour nous offrir une bonne escapade.
«Deadbeat». Belle ambiance stoner; à nouveau il y a quelque chose de frais dans ce groupe norvégien. Ce sont de très bons instrumentistes (chouette son de guitare) avec un parti pris feel good. S’ensuit un super passage instrumental psyché space (guitare et batterie) pour explorer de nouvelles galaxies et finir sur un plan baba cool (percus, gratte et chant).
«Waver 1 et 2». Registre Queens of the Stone Age (Songs for the Deaf) très énergique et plombé, ce qui n’est pas pour me déplaire. Esgourdes bien dépoussiérées. Un verre de rock aux frères Sandvik (comme dans Rock Academy de Richard Linklater). Remuant comme j’aime. 2e partie: une entrée en matière costaude avec un space rock stoner à la fois vitaminé et hébété et des claviers vintage évoquant parfois Houses of the Holy de Led Zep. Une guitare nerveuse et acérée, riffs endiablés à l’appui.
«The 1%». Un sympathique intermède trippant et du bon rock lysergique.
«Orbit». Là c‘est le domaine du rock spatial une fois encore, j‘aime bien la guitare une fois de plus. De moments bien heurtés avant un interlude cosmique et chanté et un feeling prog. Un album qui s’écoute et se réécoute avec plaisir pour les amateurs de Desertfest.
Fatalis Imperator
https://kosmodome.bandcamp.com/album/kosmodome
16/12/2021
Soup
Visions
progressive rock – 39:52 – Norvège ‘21
Soup vit depuis 2004 avec son leader charismatique Erlend Viken à la proue du groupe; un rock alternatif, crossover, hors norme qui distille des notes expressives, dynamiques et mélancoliques, aidé en cela par le Giant Sky Orchestra dont l’album est juste mon album de l’année pour l’instant. C’est leur 5e production sortant en vinyle coloré, CD, digital et mix CD/vinyle avec bonus sur un ton atmosphérique, art rock, post-rock. La pochette de l’album a encore été créée par Lasse Hoile pour un visuel singulier.
5 titres, un blanc pour cacher quelques bonus dont je ne vous dirai rien, oui il faut avoir le spécial collector! Des morceaux qui s’enchaînent comme pour un concept album, «Burning Bridges» en fer de lance, intimiste, un peu de Pink Floyd et de Barclay James Harvest au loin et un maelstrom onirique post rock au final. «Crystalline» versus génésisien au final assourdissant; un interlude et les deux derniers titres qui se lient l’un à l’autre avec de la beauté venue des anges du nord, spleen mélancolique impressionnant, un peu de didgeridoo; des instants de douceur bucolique alliés à des notes d’intimité fondante qui te font fondre, oui toi aussi lecteur; la beauté sidérale est ici de mise pour vous emmener très loin et ne plus vous faire revenir, attention danger car l’introspection risque de vous accabler.
Soup a livré un album encore parfait, plus sombre que son bébé «Giant Sky» du début d’année; le son paraît simple, presque «plat» à l’écoute, puis il s’intensifie au fil du temps et c’est cela qui est extraordinaire. J’ai lu quelque part l’allusion à une ballade jazzy avec Eno stressé qui mixe et Wright aux manettes comme superviseur... Soup n’a besoin que de ses membres pour vous proposer la musique de demain, celle qui n’a pas besoin d’étiquette musicale.
Brutus
soupsound.bandcamp.com/album/visions
17/12/2021
Drifting Sun
Forsaken Innocence
neoprog symphonique – 68:05 – France/UK ‘21
Revoici l’ami Pat Sanders aux commandes de son Drifting Sun cosmopolite avec un septième album studio, «Forsaken Innocence», et pas le moins réussi! On nous présente toujours Drifting Sun comme un groupe anglais mais le chanteur Jargon est grec, le bassiste ô combien célèbre John Jowitt est anglais, le batteur tout aussi renommé Jimmy Pallagrosi aussi, tandis que Mathieu Spaeter, le guitariste, est français, tout comme Pat Sanders aux claviers; donc Drifting Sun est définitivement un groupe... européen! D’ailleurs, ce nouveau disque ne serait-il pas enfin celui de la reconnaissance internationale, enfin, serais-je tenté d’écrire? Néo-prog par essence depuis l’éponyme opus de 1996, D.S. continue d’évoluer dans ce registre mais la musique a mûri et force est de constater que 25 ans d’écart ont forgé un rock progressif plus mature et aguerri. Témoin ce «King of Country» de plus de onze minutes qui fournit l’entame avec vigueur sans renoncer aux lianes enchanteresses qui font le sel et le charme du genre. D.S. a toujours été à cheval entre un prog’ vigoureux et ce que les Anglais dénomment le «melodic rock», une autre définition du rock a.o.r. (adult oriented rock). Les intéressés ne m’en voudront pas car tout cela déclenche une écoute des plus confortables, bercé par une guitare virevoltante et des claviers judicieusement placés. Plus prog’, le merveilleux «Insidious» croise sur des mers plus favorables avec une guitare ensorceleuse et des parties de claviers enjôleuses, le chant est d’une douceur fatale. Voici le premier gros trip de l’album! Mais je ne peux décrire chaque titre, la place me manque, «Dementium» est aussi un point fort, un phare qui éclaire le disque par son caractère mélodique impeccable. Tout comme «New Dawn» et je me dis quelle riche idée d’avoir Jargon comme chanteur, car celui-ci possède un organe idéal pour la musique développée par ce D.S. new look. L’Athénien a ce voile léger en fond de voix qui en fait le charme, atteignant notre sensibilité au plus profond. Mais l’œuvre de ce disque, la pièce en deux parties d’où l’album tire son titre, «Forsaken Innocence», forte de plus de 25 minutes, retiendra tout particulièrement l’attention. Voici sans doute ce qu’ont créé de plus beau, de plus fort, de plus progressif, Pat Sanders et ses amis. Une véritable bombe à retardement qui développe un rock prog’ des plus recherchés, du calibre de nombre de formations plus réputées; je n’hésite pas à l’écrire car il y a tout ce que le progster recherche dans ce long morceau, emmené par la voix magique de Jargon, l’homme idoine pour cet epic qui explore et revisite les pleins et déliés du genre qu’on affectionne. Il y a du Yes, du Spock’s Beard, du Flower Kings, du Transatlantic aussi dans ce voyage musical et là, je dis banco, voilà donc de quoi est capable Drifting Sun en 2021?!! Une odyssée progressive qui ravira les anciens par ces directions multiples et sa richesse orchestrale où les claviers de maître Sanders font régner un symphonisme adéquat. N’oublions pas Eric Bouillette venu poser son violon sur deux titres... Drifting Sun parmi les grands, cette fois, j’en fais le pari!
Commode
https://driftingsun.bandcamp.com/album/forsaken-innocence
https://www.youtube.com/watch?v=Trp5qjAAjZU&ab_channel=DriftingSun-Topic
18/12/2021
Jo Berger Myhre
Unheimlich Manœuvre
rock progressif / ambient / électro – 37:03 – Norvège ‘21
Bassiste (la superbe basse Gretsch 6071 de 1964 – regardez le lien vidéo), l’Osloïte Jo Berger Myhre est un artiste sonore complet, qui écrit pour le théâtre, la danse, les installations et performances, en même temps qu’il se fait connaître avec Finland dans le monde du rock alternatif improvisé et, dans la sphère jazz, comme membre du trio Splashgirl et du quartet du trompettiste Nils Petter Molvær. «Unheimlich Manœuvre», où il tient la basse, la contrebasse et l’électronique analogique, est son projet (ses sons, ses façons de jouer qui ne trouvent jusque-là pas place dans les collaborations), subtilement accompli, colportant des atmosphères contrastées, enrichies d’apports, extérieurs et ponctuels (à la guitare acoustique, au piano, à l’orgue… ; notamment par son complice Ólafur Björn Ólafsson), se jouant des lumières, cultivant les clairs-obscurs soniques au travers d’instrumentaux (une narration – un texte de Raymond Carver –, sur «Smallest things, part 2») essentiellement nés d’improvisations, qui prennent le temps de leur développement – et surprennent sur les capacités de l’instrument (et de celui qui en joue).
Auguste
https://jobergermyhre.bandcamp.com/album/unheimlich-manoeuvre
https://www.youtube.com/watch?v=wYe_ouii0a0&ab_channel=RareNoiseRecords
Moonshine Oversight
The Frame
progressive metal – 57:02 – France ‘21
Moonshine Oversight est un groupe de métal progressif toulonnais. Ils sortent leur deuxième album depuis 2014 «The Frame». Le groupe le décrit comme un album concept qui traite d'un individu vivant dans un système dystopique où certaines valeurs ont été détournées créant un monde où l'ultra-concurrence, l'ultra-individualisme et la surconsommation sont des vertus. Ne pas vouloir en faire partie ou échouer, c'est faire partie des «inadaptés». Chaque chanson décrit les dogmes de ce système à travers les yeux du protagoniste qui s'interroge progressivement sur son fonctionnement et ses «vertus», jusqu'à son exclusion du système pour ses pensées contraires. Au niveau musical, on est totalement sur un album hyper professionnel avec un son des plus propres. Le chant est particulièrement bon, il me fait penser par moments à leurs compatriotes de The Old Dead Tree de Manuel Munoz dans ses parties torturées et même parfois un peu à Paradise Lost. Il y a énormément de changements de rythme, des accélérations, des parties mélancoliques qui découlent vers une déferlante de notes. Un guitariste qui sait sortir en fond sonore des soli de très haut vol même floydiens par moments. Petit bémol pour ma part, souvent j'ai un sentiment de bon, même de très bon, mais persiste cette sensation de déjà entendu des centaines de fois. Cela n’enlève en rien à la qualité de cet album très agréable à écouter. Petit détail, mais qui a son importance, l'artwork de la pochette a été réalisé par VilKO-yote et elle est magnifique… ce qui fait toujours un plus.
Vespasien
Dordeduh
Har
black metal atmosphérique – 61:28 – Roumanie ‘21
Dordeduh! Non, ce n’est pas l’expression employée par Prunelle lorsqu’il se fâche sur Gaston. Dordeduh est un groupe fondé en 2009, au pays de Dracula, sur les cendres de Negura Bunget, et «Har», leur deuxième album est interprété dans leur langue d’origine. Les deux musiciens principaux sont Edmond Karban, alias Hupogrammos, au vocal, guitares et claviers et Cristian Popescu, alias Sol Faur, aux guitares et claviers également et au hammered dulcimer (instrument de musique à cordes frappées). «Har» est un album aux différents aspects musicaux et, bien entendu, ce qui me plaît c’est ce mélange de black metal, prog, folk, électronique… On passe d’une voix claire (parfois «un chant monastique», par exemple sur «Vraci de nord») à une voix growl. Signalons aussi de très beaux passages symphoniques comme sur la deuxième partie de «Desferecat» avec de sombres sonorités qui pourraient faire partie d’une B.O. d’un film de Tim Burton. La première moitié de «De neam vergur» est différente des autres titres de l’album; cela me fait penser un peu à la musique des génériques de feuilletons des années 60/70. Le rythme tribal du très court «Calea magilor» se rapproche du genre néo folk qu’il m’est souvent habituel de chroniquer. On clôture avec «Văznesit», un autre titre très court et instrumental, où les claviers sont joués de façon organistique.
Si, comme moi, vous aimez le genre (qui n’a pas de genre) de musique hétéroclite, voici à nouveau un bon album du label Prophecy à se mettre sous la dent!
La Louve
D R O T T
Orcus
folk prog (metal) – 39:47 – Norvège ‘21
Drott a créé un premier album mélancolique et psychédélique avec un style folk progressif atmosphérique des plus recherchés. C'est le genre de groupe qu'on adore ou déteste en se disant c'est quoi ce truc… Ce trio composé d'Arve Isdal (guitariste d'Enslaved), Ivar Thormodsæter (batteur live du groupe de folk metal Ulver et de Gorgoroth) ainsi que Matias Monsen (multi-instrumentiste). Ils ne jouent pas dans la facilité… on sent beaucoup de recherche dans la construction et le son. Drott se dit d’ailleurs inspiré par les forces de la nature, la superstition et la spiritualité; le trio explore la lumière dans les ténèbres à travers sa musique. «Orcus» est un voyage fantastique au creux de l'imaginaire. Un titre à mettre en évidence pour moi: «The Marauders», un doom psychédélique torturé hors du commun, qui penche presque du côté indus qui peut faire un peu mal aux oreilles des auditeurs non initiés. Là, pour le coup, les fans d'Enslaved, comme moi, y retrouveront des bribes. L'album est court, ce qui empêche la monotonie, mais pour moi certains titres pourraient être allongés, pas gratuitement, mais sur certains passages, à peine est-on dans l'ambiance qu'on passe à autre chose. Si vous êtes de nature éclectique et curieuse, n’hésitez pas à découvrir cet «Orcus».
Vespasien
https://drott.bandcamp.com/
Breaths
Though life has turned out nothing like I imagined, it is far better than I could have dreamt.
crossover dark metal – USA – 34:55 – USA ‘21
Breaths est le projet passionné du multi-instrumentiste auteur-compositeur Jason Roberts avec ici son deuxième opus. Ce «Though life…» combine des éléments de post-metal, black metal, doom, hardcore ainsi bien sur que du prog et le tout est totalement cohérent. On pense de suite au groupe français Alcest comme influence principale, mais aussi des groupes comme Mastodon, Machine head, Devin Townsend, Emperor. Comment une seule personne a pu sortir cet album! Il paraît simple mais est d'une richesse étonnante, il est d'une puissance et d'une finesse combinées, dignes des plus grands albums d'Ihsahn. Son but avec cet album à la fois clair et sombre, est de laisser à l'auditeur le sentiment que même si la vie n'a pas tourné comme il l'avait imaginé, elle est bien meilleure que ce qu'il n'aurait pu rêver. Les parties agressives avec de gros riffs de guitares sont convaincantes tout comme les parties tristes et mélancoliques. Le son est très bon, bien équilibré et parfaitement mixé. Cet album passe tout seul et paraît trop court. J'ai beaucoup apprécié l'écoute de cet album original et je vous conseille fortement, en quelques clicks, de le découvrir.
Vespasien
Venus Syndrome
Cannibal Star
progressive metal – 45:56 – France ‘21
Cet ancien groupe français bâti pour reprendre le répertoire de Dream Theater sort sous le nom de Venus Syndrome un premier album éponyme en 2020 puis un second témoignage discographique, «Cannibal Star», fin octobre de cette année, et qui démontre encore davantage le talent de la formation hexagonale enrichie, cette fois, de la collaboration de Simone Mularoni (Rhapsody, Eldritch, Elvenking…) au mixage et mastering. Si l’aura de Dream Theater est apparente dans la structure des morceaux, le style des compositions et l’enveloppe générale de l’album, on ne peut pas considérer pour autant que c’en soit un clonage sans intérêt. Les influences sont bien entendu usinées dans le moule du courant métal progressif traditionnel et mettent en exergue technicité, structures complexes, mélodies heavy-metal, et chant clair et puissant. Une grosse maîtrise technique au service de 11 compositions assez riches et avoisinant, question durée, les 3 à 5 minutes chacune. Elles souffrent encore sans doute un peu d’un manque d’originalité et de personnalité; on aurait en effet peut-être espéré une prise de risque supplémentaire au niveau des constructions progressives, à l’image de leur introduction «Ouverture 2040».
Sachez aussi que Venus Syndrome est une formation très impliquée dans l’avenir de notre planète: «L'humanité disparaîtra si chacun de nous, chaque individu ne contribue pas à sa sauvegarde.», nous tance le guitariste Ayman Mokdad. Conscient de cette responsabilité, le groupe s’implique concrètement et contribue à son niveau à rendre cette prise de position palpable, notamment durant ses concerts.
La France compte avec cette formation un bon représentant de la scène métal progressive. À suivre… !
Centurion
20/12/2021
Amarok
Hero
crossover prog/prog-post – 41:48 – Pologne ‘21
Amarok (Amarok - music project) sort son 6e album. Michal Wojtas a débuté en 1999, il a joué du piano, fan de J.-M. Jarre, puis s’est mis à la guitare, aimant Mike Oldfield et Pink Floyd. Une fusion innovante de styles partant sur l’ambient, le folk prog, le post rock éclectique, le space rock hypnotique, le tout agrémenté d’une guitare aérienne à la Knopfler par moments et d’instruments inhabituels tels que le violon, le thérémine, le gong à vent, le djembé, l’harmonium, la flûte et les bâtons de pluie. On pense souvent à Gaspacho et Riverside en les écoutant. L’histoire: la survie potentielle humaine en toile de fond (covid quand tu nous tiens!).
En ce qui concerne les titres, à retenir le son flirtant avec Pink Floyd, Mariusz Duda, The Gathering, Sigur Ros, Lunatic Soul, Killing Joke ou The Cure; sur du Brendan Perry, du The Orb, Ray Linch ou Anathema, par touches, par paquets de notes, Knopfler, Faithfull s’y invitant et donnant une atmosphère générale progressiste entière et complexe. Des titres séparés et uniques dont l’air fait plonger dans une structure musicale délicate et prenante. L’album s’écoute d’une traite, mélangeant des airs synthétiques travaillés avec la guitare structurée et aérienne de Michal. À écouter «Hero» pour l’air primal de MMEB, la guitare de Jim Kerr et le refrain relent des Eurythmics.
Amarok veut nous amener à une forme de paix intérieure, à un moment de sérénité musicale; les sons sont basés sur les synthés qui permettent de sortir des climats anxieux et sur la guitare faisant accéder à la paix musicale. Un son à part, somptueux, agrémenté de climats sombres et divins, loin de tout mouvement sonore actuel; le rock progressif n’en finit pas sa révolution, il se perfectionne avec ce groupe où la fusion exotique musicale envoie très loin. L’année n’est pas finie mais vient de remplir un de mes potentiels tops.
Brutus
amarokmusic.bandcamp.com/album/hero
https://www.youtube.com/watch?v=ISvVFCX2vrI&ab_channel=AmarokOfficial
21/12/2021
The Samurai of Prog
- The Lady and the Lion (and Other Grimm Tales I)
- The White Snake (and Other Grimm Tales II)
progressive rock symphonique – 41:09/57:06 – International ‘21
La discographie de The Samourai of Prog compte maintenant une douzaine d’albums (y compris ceux-ci) et la qualité est toujours au rendez-vous. Ce ne sont pas ces deux productions sorties à peine à six mois d’intervalle qui vont déroger à la règle!
Le noyau «dur» du groupe est bien entendu toujours constitué de Marco Bernard (basse), Kimmo Pörsti (batterie et percussions) et Steve Unruh (guitares, flutes, violon et chant). De nombreux invités (que je ne détaillerai pas ici) font, comme d’habitude, partie intégrante de l’aventure pour de splendides envolées symphoniques. «The Tricky Fiddler», sur «The White Snake», s’offre même des allures, sur certains passages, de musique classique. Du premier album («The Lady and the Lion»), «A Queen’s Wish» nous offre, pour notre plus grand plaisir, un superbe duo vocal. Une sorte de cantate en quatre parties, «The Devil With the Three Golden Hairs» débute de manière dansante et folklorique pour se poursuivre dans un lyrisme échevelé et se terminer comme une marche lente. La plus longue plage de ces deux productions, «The White Snake» (dix-sept minutes et des poussières!), nous fait voyager dans des ambiances très différentes les unes des autres.
Je ne vous cacherai pas que des albums comme ces deux très belles plaques, j’en redemande autant que cela soit possible! Faites-en de même de votre côté!
Tibère
Albums non disponibles, ni sur Bandcamp, ni sur Spotify.
22/12/2021
Between The Jars
What's to Come
psychedelic rock – 36:03 – Pays-Bas ‘21
Capable d’écrire de jolies perles («Untethered») au chant envolé, comme des chansons plus riffées («The Volume Rat»), des mélodies accrocheuses («Passing Through») et des morceaux au développement plus ambitieux – mais toujours accessibles – («All in Me (Reprise)», dont l’atmosphère rappelle la bonne époque de Golden Earring), Between The Jars, élégant quintet au look vintage originaire d’Utrecht (Pays-Bas), présente un deuxième album qui va à l’essentiel et convainc sans débauche d’arguments: la musique est simple, directe, soigneusement produite, respectueuse du passé et de ses racines mais portée par un souffle d’aujourd’hui, une vitalité mélodique remarquable. Pas besoin d’en dire plus.
Auguste
https://betweenthejars.bandcamp.com/album/whats-to-come
https://www.youtube.com/watch?v=lIP3uQ0HyuY&ab_channel=BetweenTheJarsOfficial
23/12/2021
Viriditas
Green Mars
progressive rock/néo-progressif – 157:55 – UK ‘21
Voici un album qui m’a laissé terriblement perplexe.
Les présentations d’abord: Viriditas est un groupe britannique qui publie ici son deuxième album après un premier album intitulé «Red Mars». Ils puisent leur inspiration dans la trilogie de Mars de l’auteur Kim Stanley Robinson. Le groupe est un sextet avec une moyenne d’âge relativement jeune. L’inspiration vient donc de la science-fiction et cela se traduit dans des morceaux aux titres parfois ésotériques.
Concentrons-nous sur la musique. Tout d’abord, l’album est un double pour un total de près de 160 minutes de musique. L’inspiration vient clairement du prog des seventies mâtinée d’une dose de néo-prog. Cela fait parfois penser à Flower Kings et Magenta, cette impression étant renforcée par les chants tant masculins que féminins. Les musiciens font tous preuve d’une belle maîtrise de leur instrument. Les morceaux «Unchartered» et «Nomads» quittent un peu ces sentiers battus en touchant des influences un peu différentes et montrent que le groupe peut prendre parfois des chemins inattendus.
La principale faiblesse de cet album, c’est sa longueur. Sur les 17 morceaux, 9 font plus de dix minutes sans que l’on comprenne vraiment pourquoi il était nécessaire de les faire durer aussi longtemps. En effet, ces morceaux se déroulent comme un long déferlement de notes dont on cherche parfois la cohérence. Tout ce que vous pouvez attendre d’un album prog s’y trouve: les soli, les breaks, les passages à l’unisson, les passages parlés… Sur ce point, si vous en êtes friands, vous ne serez assurément pas déçus. Mais à l’issue de l’album, on ne peut s’empêcher de se demander s’il n’aurait pas été plus judicieux de réduire le nombre de morceaux, mieux les travailler et les rendre plus forts surtout au niveau des mélodies. Je suis sorti de cet album un peu comme on sort d’un restaurant à volonté: on y entre avec la volonté de goûter de tout et on en sort un peu lourd en se disant qu’on ne reviendra pas tout de suite.
C’est dommage car le groupe a de réelles qualités mais gagnerait à rendre son propos plus concis pour le rendre plus marquant.
Notez que l’album est très bien coté par certaines chroniques; à chacun donc de se faire une opinion sur ce groupe qui reste de toutes façons à suivre.
Amelius
https://viriditasmusic.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=u9kVsSWQLpM&ab_channel=Viriditas-Topic
24/12/2021
Tillison Reingold Tiranti
Allium Una Storia
progressive rock/RPI/jazz – 78:50 – UK/S/I ‘21
Ce trio a tout du supergroupe; leurs références, pêle-mêle: Tangent, Karmakanic, Flower Kings, Big Big Train, New Trolls, Latte e Miele, Steve Hackett, Ken Hensley. Et voilà qu'ils décident de rendre un hommage au prog Italien des '70, à travers un groupe, Allium, entendu en 76 par Andy Tillison. Groupe qui aurait été formé de musiciens albanais avec un chanteur italien, du moins c'est ce que dit Jonas Reingold sur son site... et le chanteur italien se serait nommé Roberto de Sarno, soit le prénom de Tiranti et le nom du parolier, car les textes sont d'Antonio de Sarno (Barock Project, Mangala Vallis). Autre guest: Ray Aichinger, saxophoniste de jazz qui avait collaboré avec Tangent. En fait, le concept de l'album c'est Allium et le fait de le produire avec les moyens de ces années-là. Aucun synthé polyphonique, enregistrement en 16 pistes, etc. Bon, l'idée est cocasse, mais qu'importe le flacon.
Car on a l'ivresse! L'album chanté en italien, par l'expressif et puissant Roberto Tiranti, propose surtout un jazz instrumental teinté de RPI (rock progressif italien).
Dès la seconde écoute de la piste initiale «Mai tornare», on a l'impression que l'on connaît le morceau depuis toujours! Pas dans ses moindres détails car il s'étend sur 17 minutes! Cependant n'en déduisez surtout pas qu'il s'agit d'une musique facile. Évidente seulement. Le 2e morceau, «Ordine Nuovo», s'ouvre de manière plus classique, façon XXe siècle, vents et piano qui livre ses notes avec parcimonie, pour bientôt s'emballer (sans nous oublier) pour un thème jazz, lent et chaud. Voilà un ordre nouveau qui n'a rien de dictatorial. «Nel nome di Dio» plus jazz-rock concluant le disque 1, tout aussi brillamment.
Car pour augmenter notre plaisir, 2 mixages sont disponibles, celui de Tillison et celui (un peu plus pêchu) de Reingold. Quel est votre choix?
Cicero 3.14
24/12/2021 - EP
Elements of a Dream
Cry of the Subconscious
rock technique instrumental progressif – 29:35 – Iran ‘21
La musique est universelle, le prog, forcément aussi. C’est la raison pour laquelle, même en Iran (République islamique du Golfe persique arabique) on en trouve, et ici sous la houlette du guitariste/producteur Mohsen Hakimizadeh qui, avec cet EP de 9 titres, «Cry of the Subconscious», nous propose une musique instrumentale, guitaristique essentiellement baignée de prog, de jazz fusion et d’une belle touche de métal. Quelques influences arabiques sous-jacentes épicent de temps à autre les douces compositions du guitariste dont les influences sont, dit-il, à chercher du côté de Joe Satriani, Steve Vai, Nick Johnston, Intervals, Plini, Steven Wilson, Opeth, Tool, Camel... Musique certes technique et parfois construite en dehors des canaux traditionnels du couplet/refrain, elle n’en demeure pas moins agréable à l’oreille et jamais rébarbative. Une jolie carte de visite pour le guitariste iranien qui entre de belle façon dans l’univers underground des musiques progressives.
Centurion
https://open.spotify.com/album/6DnDhqDYpmhUsnnpaTWz1i?si=J5lSGbD3RmGUokMxdnRRZQ&nd=1
25/12/2021
Kristoffer Gildenlöw
Let Me Be A Ghost
crossover prog – 58:11 – Suède ‘21
Kristoffer Gildenlöw vous le connaissez bien sûr en tant que compositeur du grand groupe Pain of Salvation. Il nous propose ici «Let Me Be A Ghost», son quatrième album solo. Je suis relativement déçu des dernières sorties de Pain of Salvation mais ici Kristoffer Gildenlöw nous offre une petite pépite. Cet opus est totalement mystérieux et envoûtant, une musique douce où son chant fait la différence et le frisson est présent en permanence. L'authenticité et la tendresse transparaissent clairement dans chaque titre, un album sombre et fragile. L'album arpente les côtés noirs de la psyché humaine. «Let Me Be A Ghost», dans lequel les revers de la vie sont évoqués, mais aussi la prise de conscience que vous pouvez continuer et revenir plus fort. Malgré cela il ne s'agit pas d'une complainte de treize chansons, Let Me Be A Ghost est également riche et varié. Un bon exemple sur «Fleeting Thought» avec ce solo de Marcel Singor, son collègue de Kayak (Kristoffer Gildenlöw en fait partie depuis 2017). On pourrait retirer comme influence Anathema, Pink Floyd, Camel, entre autres.
Un album qui mérite d'être écouté au coin du feu par une agréable soirée d'hiver qui arrive… Ne passez pas à côté de cet album.
Vespasien
https://kristoffergildenlow.bandcamp.com/album/let-me-be-a-ghost
26/12/2021
Daniele Sollo
Order and DisOrder
progressive rock – 45:54 – Italie ‘20
Premier album solo du bassiste italien ayant collaboré à pas mal de projets comme ceux de Höstsonaten. Un premier album de musiciens (Fabio Zuffanti, Alessandro Corvaglia, Luca Scherani, Stefano Agnini, Jason Rubenstein, Domenico Cataldo, Samuele Dotti, Maurizio Berti, Valerio Lucantoni) s’inscrivant sur le chemin de la philosophie et des idées. C’est ainsi que le musicien/compositeur Daniele Sollo s’inspire des travaux du décrié psychanalyste autrichien Wilhelm Reich, auteur de l’essai notoire «La psychologie de masse du fascisme» (que votre serviteur n’a pu terminer), et ayant défrayé la chronique à la suite de ses déboires au sujet de ses foireuses expériences pseudoscientifiques sur l’orgone qui l’ont contraint à terminer ses jours en prison.
Bon, reste les idées, et notamment celle qui donne son titre à l’album, l’ordre et le désordre qui, selon Reich, seraient profondément liés. Hypothèse que le musicien fait sienne et tente de retranscrire dans sa musique en jouant la cohabitation de passages chaotiques avec d’autres plus harmoniques.
Alors si le chao génère l’harmonie, ou l’inverse (c’est vous qui voyez), on peut certes dire que l’idée est correcte du point de vue scientifique qui, en gros, spécifie que des systèmes simples peuvent générer à grande échelle une apparence d’une très grande complexité; mais là, sous l’angle de cet album solo de Sollo, c’est moins évident. Il s’agit plutôt ici de fondre des éléments parfois complexes à d’autres plus classic-prog ou parfois metal-prog. Et il n’est évidemment pas le premier à avoir tenté l’expérience. Il s’agit donc ici de répéter une recette connue dans laquelle le rock progressif se vautre parfois jusqu’à l’écœurement depuis longtemps.
Il n’en demeure pas moins que certains morceaux très rock progressif à l’italienne, je pense à «Anytime, anyplace», sont d’un excellent niveau, ce qui contribue à rendre cet album agréable, et ce malgré d’autres vraiment dispensables, comme cette triste reprise du légendaire «Pavane» de Fauré qui clôture catastrophiquement l’album. Bref un peu d’humilité dans le futur et ça finira par aller 😉.
Centurion
https://danielesollo.bandcamp.com/album/order-and-disorder
27/12/2021
Pale Mannequin
Colors Of Continuity
progressive rock/metal progressif – 50:30 – Pologne ‘21
C’est ici le 2e album de ce jeune et prometteur groupe polonais. Sa musique évoque ses compatriotes de Riverside avec ce chant doux et mélancolique, une instrumentation qui l’est tout autant avec ses ambiances nébuleuses peintes à coup de notes vaporeuses. Un spleen sonore qui accompagne idéalement ces longues et sombres soirées hivernales qui se profilent. Tandis qu’au-dehors tombent pluie et feuilles mortes, les douces complaintes envahissent votre tête, engourdissant votre esprit d’une torpeur mélodique envoûtante, tel «The Sleeper» qui introduit efficacement l’album en donnant le ton général de l’ambiance feutrée, mais aussi les ballades «Scattered», «Maniac’s Mind», dans lesquelles les soli de guitare s’immiscent parmi cette bruine de notes cristallines.
Sur plusieurs titres, des riffs plus affûtés apportent une touche plus metal pour leur donner un dynamisme entraînant, comme sur «Inkblot», parcouru à nouveau de brillants soli de guitare. Le groupe sait varier les styles qu’il aborde, il se fait un brin plus pop romantique sur «Most Favourite Trap» tout en restant prog et sombre. «Inertia» révèle davantage la facette métallique du groupe avec un tempo martelé, hérissé de guitares tranchantes avec son lot de variations et autres trépidations typiques du prog metal et là on se rapproche des travaux d’Opeth, alors que les traversées atmosphériques sont soudain éclairées de flammes heavy.
Sur plus de 10 min, la plage titulaire démontre le savoir-faire du groupe en terme de composition, à nouveau dans un canevas prog metal; ainsi le spectre d’Opeth resurgit au milieu du brouillard avec même une incursion de chant guttural. L’instrumental «In Mono», toujours transpercé de notes de six cordes aiguisées et inspirées, clôt cet excellent album.
Le fans de Riverside, d’Opeth ou encore de Katatonia, en quête de quelque brillant disciple, savent ce qu’il leur reste à faire!
Orcus
https://palemannequin.bandcamp.com/album/colours-of-continuity
https://www.youtube.com/watch?v=RHi-sHICJfE&ab_channel=PaleMannequin-Topic
28/12/2021
Stefano 'Lupo' Galifi
Dei Ricordi, un Museo
progressive rock (RPI) vintage – 48:49 – Italie ‘21
Un grand nombre de groupes italiens nés avec le prog dans les '70 furent des comètes, produisant un seul disque de feu, merveilleux, puis disparaissant, parfois avant sa diffusion. Museo Rosenbach tient une place à part, car leur «Zarathustra» est un monument du RPI érigé en 1973. Près de 30 ans plus tard, Museo est réapparu, pour 2 productions moins indispensables. Mais voici le 1er album solo du chanteur historique, «Lupo». Le titre ne laisse aucun doute (souvenirs, un musée); nous trouvons d'ailleurs tout au long de l'album 3 morceaux, pour 25 minutes, évoquant directement le mythe. Ainsi le morceau initial «Cuore». Magistrale intro classique au piano pour ensuite une envolée synthé/guitare qui nous envole déjà très haut en à peine 1 minute! La voix belle, rocailleuse, de Lupo n'intervient qu'après 2 minutes 30. Le risque d’un disque de chanteur trop bavard est bien évité. C'est mélodieux et puissant à la fois; Lupo nous distille une ambiance vintage nostalgique, bien aidé par les bouilleurs du cru dont font partie ce gratin de musiciens: Marcella Arganese à la guitare (Ubi Maior) qui coécrit le morceau titre, Luca Scherani (claviers/Hostsonaten, Coscienza di Zeno), GG Colombi (basse/Il tempio delle Clessidre où a chanté un temps Lupo), Folco Fedele (drum/ex-Panther & Co).
Tout au long des 7 pistes, on apprécie les gênes d'un RPI inspiré, pratiqué par des orfèvres; tout y est: mélodies raffinées, envols de synthés, guitares acérées, breaks et ce chant puissant et incarné, un régal comme peut l'être un pèlerinage en terre déjà connue. Mention toute particulière à la piste finale, «L'amante», d'une langoureuse puissance évocatrice, une apothéose qui boucle sur le thème de la piste initiale offrant ainsi une belle cohérence à l’album. N’hésitez pas, jetez-vous dans la gueule du loup!
Cicero 3.14
https://stefanolupogalifi-ams.bandcamp.com/album/dei-ricordi-un-museo
https://www.youtube.com/watch?v=JmQfgszlU4g&ab_channel=AMSRecords
29/12/2021
Solum
Encountering Murk
progressive rock – 42:41 – Suède ‘21
C’est le projet de Christian Fredriksson (Vulkan) et le premier album.
«Entrance» démarre en mode progressif symphonique musclé. Sombre, élégant et inquiétant. Bon son de guitare, bonnes envolées avec des ruptures de rythme bien senties. Un crescendo (guitare/batterie) de belle facture pour une solide entrée en matière.
«Tall Trees & Moonless Sky»: une délicate intro guitare et piano très aérienne et mélancolique. J’y retrouve la virtuosité chère à mon cœur. Une réminiscence d’Anekdoten, ce qui est bon signe (claviers), et une guitare bien mise en évidence. Puis s’ensuit un passage très laid back et réussi.
«Rituals»: le calme persiste et je plane mais le rythme s’accélère (guitare, batterie et claviers). Un rituel très agréable au service d’un album solide et la guitare rageuse me comble d’aise. Du prog très classique mais très bien fait avec beaucoup de puissance et de feeling.
«Briefly On A Quiet Path (Transition pt.1)»: Murk déambule tranquillement au son de la guitare pour un morceau de transition une fois encore aérien et méditatif.
«The Signal»: je viens d’entendre un chouette signal de progressif vieille école bien enlevé et énergique. Escalade de virtuosité (guitare/batterie) avant d’entrer dans une phase tout en retenue. Bonne construction des morceaux, très haletant et moi qui aime la six cordes je suis bien servi. Avec du prog sombre que demander de plus?
«A Constant Reminder (Transition pt.2)»: des nappes de claviers au service d’un prog atmosphérique et le grondement d’une batterie au loin.
«Entity»: la pièce montée finale avec une introduction très flippante puis les éléments éclatent au son de la batterie. Un chouette déluge de notes et toujours cette guitare dominante (je pense à Gravity). Un heavy progressif de haute volée sans longueurs malgré la durée de ce morceau de conclusion.
Fatalis Imperator
https://solumswe.bandcamp.com/album/encountering-murk
https://open.spotify.com/album/5I3ig5qJ51vA7ZED0Rqu72
https://www.youtube.com/watch?v=V1BtQUtXX1c&ab_channel=Solum-Topic
30/12/2021
Pryzme
Four Inches
jazz prog – 64:48 – France ‘21
Quand un groupe remercie dans les entrailles de son premier disque des valeurs aussi sûres que Yes, S. Wilson, Pink Floyd, Sting, P. Metheny et les Who, on peut s’en réjouir mais aussi avoir un frisson d’angoisse qui vous parcourt la nuque. Pryzme va vous rassurer de suite, les envies sont à la hauteur des inspirations car on retrouve dans «Four Inches» à peu près tous ceux qui sont cités. Emmené par une jeune femme, Gabrielle Duplenne, à la fois chanteuse et batteuse, ce qui n’est pas courant, il faut l’avouer, le quatuor de Rennes navigue avec une aisance redoutable sur des musiques métissées avec panache et amour. Prenons le premier titre «Fusion», si ce n’était écrit, j’aurais invoqué Sting et le Floyd car une subtile imbrication de ces deux artistes, pour le moins différents, vient asseoir un petit joyau de jazz-rock funky soul que Yes (les chœurs) aurait pu pondre, un jour de dérive musicale! Si vous situez le genre, je vous envie, l’écoute me donnera raison tellement c’est délicat à définir sans faire d’artifice de critique en manque de repères. Le tableau étant accroché au mur, il reste à le décrire du mieux possible et les Bretons ne me donnent pas trop le choix. C’est juste très bon, voire aphrodisiaque, pour des oreilles en mal de trucs soyeux, et enguirlandé de jubilation excitante. Pryzme c’est aussi Maxence Marmyesse (basse, chant), Dominique Blanchard (guitare, chant) et David Chollet (guitare, chant). Le chant est d’ailleurs si bien réparti qu’on ne sait qui prend le micro, pas grave, c’est toujours avec justesse et allégresse, un vrai bien-être vocal qui est pour beaucoup dans la densité sonore de cet album. Tous ces musiciens sont de vraies pointures et arrivent à offrir un rock qu’on peut qualifier de «progressif de justesse». Je pencherai plutôt pour une sorte de Police qui aurait vu le jour au XXe siècle, mâtiné de paillettes ethno, de world music savamment saupoudrée, de visions «porcupiniennes» et «floydiennes» grâce au remarquable travail des deux guitares, mais aussi d’une basse ronde, quasiment funky par la souplesse qu’elle procure aux morceaux. Parfois, Przyme sonne aussi comme un Weather Report progressif. N’en jetez plus, c’est surtout très bon et d’une écoute reposante, c’est chaleureux, fourni, intense, recherché, avec un point bonus pour «After Wichita» qui accumule toutes les qualités citées. Si on ne le savait, on serait persuadé que Przyme est américain, aussi bien pour le son, la production, la qualité, enfin bref, plein de trucs auxquels on pense quand ça vient des U.S.; prenez ça comme un compliment. Oui, on peut aussi trouver un arrière-goût de rock calif’, parfois de southern rock bien léché («Morning Song»), sûrement le travail des deux guitaristes superbement ajustés. Un formidable «Pretty Princess» qui fera songer à Pat Metheny, quasiment un hommage même... Vraiment, pour un premier opus, en plus autoproduit, c’est la grande classe à tous les niveaux, sauf un bémol: j’aurais vu une pochette plus clinquante, moins «française» en somme, désolé! J’en finirai avec la pièce maîtresse qui donne son titre à l’album, «Four Inches» et ses 13:50 de bonheur en plus (sic!), un condensé de tout ce qui a pu être dit depuis le début et un coup de poing mélodique et classieux qui diverge au gré des courants musicaux avec une facilité déconcertante. Non, décidément, Pryzme a un talent de folie!
Commode
http://pryzme.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=wuuykrXAlCc&ab_channel=Pryzme-Topic
31/12/2021
Strawberry Guy
Sun Outside My Window
dreampop – 34:45 – UK ‘21
Melodic Records
Alex Stephens, alias Strawberry Guy, ce personnage en culotte courte un peu rêveur, à la face juvénile, un tantinet hors du temps, comme issu d’un sous-marin jaune ou d’une forêt enchantée, arrive de sa Galles natale et s’installe à Liverpool. Il y rencontre des gens, s’y plaît, y déniche son havre de paix et son pub fétiche, puis, il y a deux ans, dans sa petite chambre, compose un «Mrs Magic» qui laissé là, finit, au gré des vagues du Net, par provoquer un mini-séisme sur TikTok où le titre sera diffusé 70.000 fois et récoltera des millions de vues.
Nourri par ce succès improbable, Alex travaille alors à la réalisation d’un album à l’ambiance hors cadre et volontairement construit dans cette petite chambre londonienne. En guise de machine à explorer le temps, il utilise ses atouts, ses impressions romantiques impressionnistes, son petit Mellotron M4000D, ses violons sirupeux et apaisants. «Je veux que ça sonne comme si j'avais pressé un orchestre de 80 musiciens dans ma chambre, et que les auditeurs se demandent comment toutes ces cordes sont arrivées là», explique le musicien. Il vous dépose alors au milieu des tableaux de Monet où des touches langoureuses, mielleuses, éthérées vous font perdre la notion du temps. Des couleurs, des lumières, un art de la transposition du réel en quelque chose d’imaginaire, de plus intime, de plus profond, finalement de plus vrai que le réel. L’art de l’impressionnisme comme un rêve doux, un petit nuage délicat qui est ici magnifié par des mélodies captivantes aux contours feutrés. Une réussite absolument totale. Un grand vient peut-être de naître!
«Lorsque la vie vous donne des citrons, échangez-les contre des fraises.» Alex Stephens.
C’est notre cadeau… Bonne année!
Centurion
https://strawberryguy.bandcamp.com/album/sun-outside-my-window
https://www.youtube.com/watch?v=SC0bouMXYP8&ab_channel=DavidDeanBurkhart