Juillet 2021

01/07/2021

Anneke Van Giersbergen
The Darkest Skies Are The Brightest
pop mélodique – 41:48 – Pays-Bas ‘21
J’ai pris de nombreuses semaines et de multiples écoutes pour vous faire part de mes impressions sur le nouvel album de cette sympathique et talentueuse Batave. Anneke a écrit l'une des plus belles pages du métal atmosphérique avec The Gathering avant de tenter de voler pour d’autres couleurs, avec son compagnon d’abord pour le groupe Aqua De Anique, puis VUUR, en passant par le projet the Gentle Storm. Il faut bien reconnaître que, mis à part cette dernière, les deux autres formations furent des échecs. Passer des salles de concerts combles aux salles de bistrot, avec Monsieur comme chauffeur et le fils vendant le 'merch', a bien failli causer banqueroute financière et implosion du couple. Mais la belle a la hargne et une combativité à toute épreuve. C’est dans celles-ci qu’elle a puisé les thèmes de son nouvel enregistrement. La voix y est sublime, maîtrisée, les titres sont superbement interprétés et les arrangements irréprochables… Alors? dites-vous. Pourquoi cette cotation moyenne? Eh bien, après plus de 30 écoutes… je n’en ai rien retenu, c’est beau, agréable, mais au terme des 42 minutes, impossible de me souvenir d’une mélodie; j’ai passé un bon moment mais il me manque une étincelle, un ingrédient qui ferait de cet album une merveille incontournable…
Bref, un album qui plaira aux fans mais qui, malheureusement, n’en ramènera pas d’autres.
Tiro
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=WMuysO4TpWw

02/07/2021

Astral Bazaar
A Sudden Realization
rock psychédélique/art rock – 48:40 – Finlande ’21
Sa pochette, chamarrée, rétrofuturiste, à l’œil tentaculaire et aux caractères alambiqués, est en ligne avec l’époque (les seventies) dans laquelle s’ancre la musique d’Astral Bazaar, influencée, plus encore dans ce deuxième album, par Tame Impala pour le côté accessible ou par l’expérimentation sonore pour l’efflorescence psychédélique que déploient harmonies vocales, percussions subtiles et graciles arrangements de guitares. L’élégance est le deuxième axe de développement de «A Sudden Realization», en conformité avec le versant arty du groupe, certes plus à l’avant-plan à ses débuts, en 2018, mais toujours présent (surtout dans la deuxième moitié du disque), en témoignent les interventions du saxophone, par exemple dans «Cop & Thieves», la délicatesse du chant dans «Dwellin’ in the Apocalypse» ou les riffs jazzy de «Embrace the Reverb». Un agréable voyage dans le monde intérieur (oui, une écriture conceptuelle relie les huit morceaux) d’un gars qui cherche à comprendre la réalité qui l’entoure et chemine vers l’illumination – bon, je ne cache pas ma préférence pour les chansons plus psychés, telles «Food for Thought» ou «Lungs of Modern Times».
Auguste
https://astralbazaar.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=74bM_uQsdAg

03/07/2021

35 TAPES
Home
rock progressif atmosphérique – 46:33 – Norvège ‘21
J’avais eu l’occasion de vous présenter le premier album de 35 Tapes, «Lost & Found», dans ces pages le 18 juillet 2019.
Le même trio de musiciens compose toujours la joyeuse troupe, à savoir Morten Lund (guitares, claviers, chant), Jarle Wangen (basse, guitares, chant) et Bjørn Stokkeland (batterie). Ne nous voilons pas la face, leurs principales sources d’inspiration proviennent des grands groupes des années septante (je vous laisse deviner lesquels).
C’est avec «Undertows» que débute cette plaque avec sa basse ronflante et ses claviers réminiscents de Genesis. «Wave» poursuit notre écoute d’une manière nonchalante, style ballade mélodieuse (du moins dans sa première partie). Beau solo de guitare après 2:34 et envolée des orchestrations plus nerveuses vers 4:39. Une introduction des plus planantes et voici «Well» qui entre en scène pour le titre probablement le plus intéressant. La plus longue plage, «Walk» (9:16), nous ramène à notre cher rock progressif des seventies, plein de mellotron et d’un joli break piano/guitare: vraiment un titre qui nous embarque dans un monde onirique dont nous avons tellement besoin durant cette période même si un peu de déconfinement semble pointer le bout de son nez. «Epilogue» clôture cette belle réalisation en nous amenant loin au-dessus des nuages, vraiment le morceau idéal pour quitter une telle œuvre.
«Home» sera, j’en suis certain, un excellent compagnon musical pour tous les fans des anciennes productions de la musique que nous adorons: l’été s’annonce beau et chaud!
Tibère
https://35tapes.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=6OSz1Dtnqro

04/07/2021

KAUAN
Ice Fleet
post dark metal prog – 41:28 – Estonie ‘21
KAUAN est un groupe estonien qui en est à son huitième album en seize ans, excusez du peu.
Ce «Ice Fleet» raconte l’histoire d’une flotte non identifiée découverte en 1930 dans le nord de la Russie, complètement gelée, les corps de son équipage et de ses passagers étant préservés. Le groupe a publié une série de cinq publications sur Facebook dans lesquelles ils racontent l'histoire en détail. C’est une histoire sombre, mais ce n’est pas la première fois que le groupe s’attaque à un événement tragique de l’histoire de leur pays. Leur album de 2015, «Somi Nai», a raconté l'histoire de l'incident du col de Dyatlov, au cours duquel neuf randonneurs condamnés ont péri dans une tempête de neige dans les montagnes de l'Oural. Ils chantent et écrivent leurs chansons en finnois. En fait, KAUAN en finnois veut dire «depuis longtemps». Que dire de cet album? Vous vous sentez comme si vous étiez là-bas dans l'océan, éprouvant le froid glacial et les émotions des gens qui traversent cette épreuve. Dans l'ensemble on est plus dans le post rock - post métal atmosphérique très sombre mais la rythmique des guitares me fait penser, en l'isolant, à du black metal norvégien et les parties de chant guttural à fréquence basse ne font que confirmer cette impression. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit, ne vous attendez pas à entendre Mayhem, Gorgoroth ou Watain... On parle bien ici d’atmosphérique mais l'ambiance y est très spéciale. En fait c'est un album de musique émouvante qui doit être écouté en une seule partie; on ne peut pas mettre une chanson particulièrement en avant. Ce «Ice Fleet» est innovant, original, puissant fort. Un album comme celui-ci ne peut se décrire totalement, il doit s'écouter, point! Comme moi, vous serez sans voix et vous vous le repasserez encore et encore. Bonne écoute.
Vespasien
https://kauan.bandcamp.com/album/ice-fleet

https://www.youtube.com/watch?v=dsk0sQTv-5M

05/07/2021

Subterranean Masquerade
Mountain Fever
métal prog-folk extrême – 54:15 – Israël ‘21
Subterranean Masquerade est un groupe israélien fondé en 1997, œuvrant dans le post prog métal, du rock’n’roll néo métal progressif. Leur 1er opus de 2005 m’avait surpris par ce penchant expérimental, psyché et dark prog. Leur 4e se dit explorer les contrées de la musique moderne, traditionnelle avec cuivres des Balkans, bouzouki, black métal et gospel, quelques traces jazzy et folk, des riffs ravageurs et un côté orchestral déroutant. Des invités d’Orphaned Land et de Melechesh viennent magnifier ce petit bijou dont je vais vous conter les notes.
«Snake Charmer» sur du heavy prog rétro mélodique, accrocheur sur la rythmique, voix douce, single puissant, un peu tout venant qui enchaîne avec «Diaspora, My Love» ballade avec un crescendo mélangeant prog métal et séquence orientale, final death-dark à la Pain Of Salvation pour le côté animal, un très beau solo de guitare spleen en plein milieu avant la signature du groupe et sa voix growl.
«Mountain Fever» et des cuivres flambants en intro, la voix de Doley comme celle de Roy des Kamelot, puis grognement qui casse l’ambiance; solo mélo jusqu’à un break singulier déroutant, tribal avec tambours, violons, idéal pour danser dans tous les sens, section orientale sublime paradoxale, oxymore musical avec le chaos et le doux, le susurré et le growl.
«Inwards» et une intro de là-bas, folk-troubadour avéré, festif, douceur sidérale, l’oriental à table avec mélodie, puis le riff et la voix de mort qui envoient du lourd, solo bluesy, voix phrasée douce, jazzy, puis ça remonte, s’emballe, cuivres intenses avec saxo, voix à la Axl de Guns N’Roses, giclée orgasmique.
«Somewhere I Sadly Belong» continue sur la même rythmique au début: puis déferlement à la Holy Moses infernal, death métal brut puis reprise rock encore à la Guns; mélange singulier, un chant gospel et un orgue Hammond sauvant du naufrage musical pour les puristes mais un titre qui ne laissera pas insensible; fort déroutant.
«The Stillnox Oratory» break vocal avec Dolev qui assure ici sur une ballade romantique tout en finesse au piano et cordes; grandiloquent, solo guitare aérien, fruité et divin; de l’émotion en barres, break synthé puis final plus lourd avec le retour d’une voix growl savamment mélangée à la rythmique émotive, il y a du Faith No More dedans, magique. «Ascend»: ça dépote, orgue, rythme placé, voix de Dolev sur plusieurs octaves, le single de l’album avec un refrain évident et puis ce break orchestral divin, jouissif, tribal, rock oxymorien; le ’Oioioi’ te donne envie de chanter aussi.
«Ya Shema Evyonecha» en hébreu, je m’en doutais, mystique et violent; growl, cuivres, riffs, world music brassés ensemble; le sifflet donne le départ pour un break fusion barjot où les Balkans t’invitent avec le violon à danser et à pactiser, fort!
«For The Leader, With Strings Music» repart sur le death-black métal violent et nerveux qui montre le vrai visage du groupe; vous avez tenu, bien fait le break musical qui s’ensuit est l’un des plus beaux, mélodique, mélancolique, intimiste, le saxo qui surprend aussi pour un crescendo sur-vitaminé.
«Mångata» avec guitare, bouzouki, ballade, clin d’œil à l’ancien chanteur, post rock nostalgique pour ce reflet de la lune sur l’eau; Idan des Orphaned Land venant jeter quelques notes et permettre au titre de monter, Pain Of Salvation me revenant en tête.
Subterranean Masquerade a frappé fort en mélangeant un peu plus ses influences musicales; c’est doux, fort, singulier, ethnique et musical, c’est groove, death, dark, extrême; c’est varié, brut, inventif et interrogatif; une fusion singulière, créatrice de dark-heavy prog dans un creuset musical inventif.
Brutus
https://submasq.bandcamp.com/album/mountain-fever

https://www.youtube.com/channel/UCCtbWisSOIFnNi_vkPxOZng

06/07/2021

Paola Tagliaferro La compagnia dell'ES
Paola Tagliaferro Sings Greg Lake
chansons progressives – 44:19 – Italie ‘21
Le décès de Gregory Stuart Lake le 7 décembre 2016 a laissé un grand vide dans l’univers du rock progressif britannique. Sa voix si chaleureuse, ses mélodies parfois si mélancoliques ont imprégné d’une encre indélébile l’esprit de la plupart des fans de rock progressif.
Paola Tagliaferro rencontre Greg Lake et son épouse Régina en 2012, elle ne cesse ensuite de correspondre avec le musicien… et en 2019, Régina suggère à Paola de reprendre une série de titres de son défunt époux.
Paola, auteure - compositrice - interprète, a jadis étudié le chant au conservatoire de Vicenza et a publié depuis une série d’albums.
Mais elle n’avait jamais envisagé l’idée de faire un disque de reprises de chansons célèbres.
«Toutes ces chansons de Greg Lake, ses chansons que j'aime. Pour lesquelles, au cours de ce voyage intense, profond et difficile, j’ai appris, sous la direction de Regina Lake, à percevoir l’intention et le sentiment de Greg, afin de faire résonner le travail de ce grand artiste à travers ma voix et la musique de La Compagnia dell’Es», écrit alors la musicienne après avoir terminé le projet. Le groupe qui l’accompagne, La Compagnia dell’Es, (Pier Gonella - guitare, Giulia Ermirio - alto, Andrea Zanzottera - piano, Enten Hitti - luth/cloches / hautbois / xilophono, UT Gandhi - percussions et Vincenzo Zitello - harpe) a collaboré au projet en suivant certes les directives artistiques de Paola mais en interprétant librement les parties qui leur ont été assignées. L’aboutissement de cette collaboration est par conséquent acoustique, épuré et raffiné.
Ce sobre album de reprises, sans exubérance, est un hommage délicat, fragile, parfois difficile, qui traduit le ressenti d’une artiste face à une œuvre conséquente, qu’elle touche, par pudeur, du bout des doigts.
Une démarche certes sincère mais qui ne rend que très sommairement la qualité des compositions dont l’instrumentation, à l’origine, donnait la vie et la force. La voix limpide de Lake y était d’ailleurs pour beaucoup; alors que la voix particulière de Paola ne peut malheureusement restituer qu’en partie la magie de ces compositions hors du commun.
Centurion
https://paolatagliaferro.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=WLosHeRrc_U

07/07/2021

Chance
Original Worlds
rock progressif instrumental – 70:29 – France ‘21
Voici un album du retour pour un artiste du rock progressif français, Laurent Simonnet, géniteur en son temps de Chance, sa créature, pas vraiment un groupe mais une appellation pour désigner deux opus sortis en 1994 «Dunes» et 2000 «Escape to Horizon» qui bénéficia de la collaboration de Roine Stolt en personne, guitariste sur deux morceaux, et de Jean-Luc Payssan de Minimum Vital. Depuis vingt ans, le claviériste avait mis sa passion musicale de côté, se concentrant sur sa vie de famille, mais le démon de la création l’a aiguillé de son trident magique et L. Simonnet a repris le chemin du studio, le sien en l’occurrence, pour un album fait maison, entouré d’un ordinateur, de nombreux claviers (Korg, Roland, Mellotron informatisé, Yamaha, Crumar, Prophet, Mini Moog et d’autres plus modernes) mais aussi d’une inextinguible soif de mixage. Durant ces deux dizaines d’années, le compositeur a créé, touillé, mélangé, enfanté d’un nouvel univers musical pour aboutir à quatre pièces instrumentales de toute beauté, ayant chacune leur indépendance de thème mais reliées entre elles par de judicieux enchaînements. Mélangeant sa sensibilité personnelle de musicien aux émotions multiples dont «Welcome» est l’émanation la plus évidente par le travail informatique et le thème rêveur du morceau, s’entremêlant de belle façon, L. Simonnet développe des histoires aux thèmes variés. «Proxima B» évoque un voyage intersidéral vers ce fameux système solaire sensé abriter une vie semblable à la nôtre, «The Tightrope Walker» nous emmène vers la vie de son frère aîné, décédé en 2002 à l’âge de 38 ans, victime d’une vie sur le fil du rasoir, retranscrite avec une forte émotion musicale, et «Colours of my life» retranscrit carrément les 25 dernières années de la vie de son auteur. Les quatre morceaux sont eux-mêmes découpés en sous-parties, façon de faire chère à ce bon vieux rock prog’ dont Laurent Simonnet développe des parties devant beaucoup à ses parents les plus connus (Yes, Pink Floyd, Tangerine Dream, etc.). On songe à une œuvre crée au cœur des années 70; toute la magie de l’époque est ici évoquée, revisitée à l’aune d’une grossesse de vingt ans et notre homme avait de quoi expulser d’un imaginaire musical fécond! C’est un authentique voyage au Progland qu’il nous propose et tout cela sans l’ombre d’un chanteur, tour de force s’il en est car on ne s’ennuie pas un instant, tout occupé à surfer sur des vagues de synthés qui occupent l’espace sans jamais tomber dans la marmite planante de la Berlin School, par exemple. Un torrent d’émotions jaillit sur la roche de l’inspiration de L. Simonnet et c’est ce qui fait la réjouissance de l’écoute; on croirait entendre un groupe à l’œuvre. Ce disque est sorti aussi grâce au concours de George Pinilla, la tête pensante de Gepetto dont Simonnet a mixé le dernier album «Evolutive Songs» et qui lui a rendu la pareille en l’aidant à sortir «Original Worlds» chez Gepetto Music. Jolie petite histoire pour un troisième album d’une carrière erratique, dommage qu’il ait fallu attendre vingt ans mais, en même temps, c’est aussi pour ça peut-être que le disque est si bon! Welcome to the machine(s)…
Commode
Album non disponible sur Bandcamp.

George' s Shop

https://www.youtube.com/watch?v=H_2wnDG5kH4

08/07/2021

Nad Sylvan
Spiritus Mundi
rock progressif/folk prog – 52:54 – Suède ‘21
Nad Sylvan n'est pas que le chanteur reconnu du Genesis revisited depuis 2012. C'est aussi un instrumentiste et compositeur de talent, et il le prouve à nouveau dans ce 7e album élégant, aérien, pastoral parfois. Créé, à distance, en collaboration avec l'américain Andrew Laitres, avec lequel il avait partagé un titre sur son précédent opus «The Regal Bastard».
«The second coming» débute l'album de manière ample, cordes, guitare, synthé puis c'est une simple guitare sèche qui introduit la voix de Nad Sylvan, qui n'est pas dans le registre Genesis, proposant ainsi un rendu plus personnel sans doute; un riff de violon venant en ponctuation, avant que la basse énorme de Tony Levin ne conclue cette très appétissante ouverture.
On a affaire à un album de chanteur, mais la voix, mettant en valeur les textes basés sur des poèmes du Nobel 1923, l'Irlandais William Butler Yeats, n'est jamais envahissante. Dans «Sailing to Byzantum» la performance vocale de Nad est double; en solo il fait immédiatement penser à Cat Stevens/Yussuf Islam, pour les chœurs c'est génésien, la voix d'Andrew complétant les vocaux très élaborés de cette 2e piste où la basse de Tony pulse joyeusement, ou tonne dans les passages plus doux. Puis viennent les harmonies pastorales de «Caps & bells» où Nad nous capte, a cappella (mais pas dans une chapelle, plutôt dans la nature dont il est si proche!). Sa voix est délicate et poignante, un peu à la manière d'un Dave Cousin (Strawbs). Ces 3 premiers morceaux devraient déjà, à eux seuls, vous convaincre qu'entendre ne suffira pas. Une écoute très attentive de tout l'album s'impose. Vous voilà prévenus! 11 pistes et un livret à explorer, pour profiter pleinement de ce bel album où l'on note aussi la participation des Flower Kings, Jonas Reingold et Mirkko de Maio... et de Steve Hackett!
Cicero 3.14
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=hpyJeTgEi2A

09/07/2021

Hawkestrel
Pioneers of Space
space rock – 46:01 – UK ‘20
Alan Davey (Alan Boomer Davey Music) joue dans Hawkwind de 1984 à 1998. Il fonde ensuite Gunslinger et The Psychedelic Wariords, groupe cover du Faucon. En 2015, désirant composer des morceaux originaux, il crée Eclectic Devils. Hawkestrel fait partie de ces multiples formations dont il est l’instigateur. Trois albums au compteur jusqu’à présent, dont un OVNI consacré à la fête de Noël («SpaceXmas»). Ce boulimique de musique touche à presque tous les styles et, à l’instar d’Ayreon, invite de grosses pointures du rock pour participer aux space trips. Ginger Baker, Nik Turner, Michael Moorcock, Arthur Brown, Carmine Appice et aussi Todd Rundgren dans le présent opus. On retrouvera Rick Wakeman et Glenn Hughes sur l’album «SpaceXmas» qui n’a quasi rien à voir avec du space rock. Mais nous sommes bien entendu ici dans la veine Hawkwind. Tous les ingrédients s’y trouvent: batterie «marteau piqueur», guitares en écho, synthés en mode bruitage cosmique. C’est dire si l’énergie est omniprésente. Les riffs de guitare assassinent, le chant d’Arthur Brown («Glass Wolves») ajoute à la face obscure de la Force par sa façon inimitable de pousser des hurlements. Compositions cependant, hélas, sans grande originalité où l’on pointera quelques sonorités Hillage dans les effets de voix de «Biometrics» et un jeu de guitare typique Rundgren dans «Circles». Hawkwind a suscité des vocations «solo» au sein du band, engendrant le bon comme le moins bon. Il faut reconnaître qu’à côté des albums de Dave Brock ou Nik Turner, Hawkestrel fait pâle figure et ce même si ce «Pioneers of Space» est supérieur au précédent «The Future is Us», chroniqué par votre serviteur il y a peu.
Clavius Reticulus
https://hawkestrel.bandcamp.com/album/pioneers-of-space

https://www.youtube.com/watch?v=z6HV_7jsGCA

10/07/2021

Entr'Eux Couleurs
Liaisons enluminées
nu jazz – 117:17 – France ‘21
Entr’eux Couleurs est un ensemble du Nord-Pas-de-Calais qui en est à son deuxième album! C’est un sextuor composé de la rythmique habituelle (basse, batterie, guitare) à laquelle vient s’adjoindre une section de souffleurs qui s’en donnent à cœur joie: un saxophoniste (ténor et soprano), un trompettiste et un tromboniste. Jean-Pierre Soarez, le trompettiste a fait partie de Art Zoyd jusqu’en 1985.
Le guitariste prend de temps en temps quelques belles envolées pour être ensuite rejoint par les souffleurs. Le style est résolument nu jazz, un peu comme des fils spirituels des Lounge Lizards de la belle école, mais avec un zeste de prog dans l’écriture: changements rythmiques, harmoniques au sein de certains morceaux. C’est un album long et varié, les morceaux sont pour la plupart écrits avec des tempos lents ou moyens; on y trouve des ambiances orientalisantes («Do»), de beaux crescendos («Absence»), un peu de folie («Shoescolors»), ou encore de jazz classique («Turquoise») ou légèrement loft («Les forces du mal»).
On y trouve également de la joyeuse pagaille qui pointe son nez vers la musique improvisée et puis des moments un peu plus méditatifs où les soli se développent et se répondent pour tisser une trame variée en timbres et inflexions rythmiques. Certains moments sont même plutôt humoristiques et peuvent évoquer des ambiances à la Albert Marcoeur (dans ses petits instrumentaux).
En résumé, un album très agréable qui marie diverses influences jazz pour nous offrir un cocktail aux nombreuses saveurs. Pour qui aime le jazz!
Lucius Venturini
https://entreuxcouleurs.bandcamp.com/album/liaisons-enlumin-es

11/07/2021

Tusmørke
Nordisk Krim
art rock/rock progressif – 81:41 – Norvège ‘21
[Rien à voir avec l’album que La Louve avait chroniqué ici même en février 2020 (http://www.progcensor.eu/fevrier-2020.html#usy407X4).]
Tusmørke nous revient donc avec cet album voyageant entre progressif et art rock. Inutile de préciser, j’imagine, qu’autant de musique ne peut tenir que sur deux CD (ou vinyles). L’usage de la flûte pourra faire penser à Änglagård par certains aspects.
Sur cet album, le groupe est constitué de Benediktator (basse, chant, guitare acoustique), Krizla (chant, flûte), HlewagastiR (batterie), Haugebonden Gode Gullstein (claviers) et Åsa REE (violon).
Si ce n’est l’utilisation de la flûte, il y a des aspects que les Sparks des seventies n’auraient pas reniés dans «Ride the Whimbrel». «Age of Iron Man» poursuit sur un tempo plus enlevé et n’oublie évidemment pas les mélodies (ah, ces wouh wouh qui donnent presque un côté pop à la chanson). «Mumia» utilise les mêmes secrets de composition que le titre précédent. Les claviers se font sautillants, je dirais même primesautiers, sur «Cauldron Bog» avec toujours de splendides passages à la flûte. La fin du morceau dégage d’étranges émotions, confirmées par l’instrumental «Dogs Flesh», tout aussi délirant et angoissant. Arrive ensuite «Moss Goddess», l’un des longs titres de l’album (14:45) aux ambiances qui ne sont pas sans rappeler Van Der Graaf Generator et contenant des breaks très différents les uns des autres, parfois RIO, parfois majestueux et sombres. Jethro Tull s’invite sur «Black Incubation» pour une gigue typique du folklore nordique, soutenu par des claviers genesissiens de la plus belle facture. Toujours dans des atmosphères ténébreuses, «Et Moselik» nous captive par son chant norvégien, ainsi d’ailleurs que «Heksejakt», plus léger quant à lui. Mais quittons-nous sur la pièce de résistance de cet album (17:47), «(The Marvellous and Murderous) Mysteries of Sacrifice», où la flûte, encore elle, fait monts et merveilles pour notre plus grand plaisir.
En bref, un album que je ne peux que vous recommander pour toutes les richesses que vous y découvrirez.
Tibère
https://tusm-rke.bandcamp.com/album/nordisk-krim

https://www.youtube.com/watch?v=0QeREeDyUHU

12/07/2021

Motorpsycho
Kingdom of Oblivion
rock progressif/hard rock/rock psychédélique – 70:11 – Norvège ’21
Il y a une telle intensité dans les compositions de Motorpsycho, qui pourtant jamais ne déborde, qu’on pense à de mythiques taureaux chez qui des années d’enseignement bouddhiste adapté auraient inculqué, à la profondeur des noyaux cellulaires, la subtile différence entre la force et la puissance, celle-ci dotant celle-là de sagesse et de retenue réflexive. Cette puissance est à l’œuvre dans «Kingdom of Oblivion», sans ride apparente malgré la publication, en à peine trois ans, des trois albums (dont deux doubles) de la «Gullvåg Trilogy»: Motorpsycho ne révolutionne pas le genre, mais, du haut de son inspiration productive (Bent Sæther indique l’importance de ne pas stagner dans la nostalgie comme un groupe d’anciens et d’aller de l’avant, avec une musique fidèle à soi-même), assoit fermement ce mix de rock psyché/prog/hard/folk et fournit 70 minutes de productions nouvelles exemptes de langueurs, d’abord projet de pur hard rock né d’une collecte de gros riffs de guitare («The United Debased»), enregistrés en France avant la mode Covid, puis réajusté de cette touche folk qui adoucit les mœurs – et nourrit Bouddha – («Atet» ou «Dreamkiller» et son éveil stratosphérique), remanié et finalisé l’année suivante – parfois avec un coup de main du copain Reine Fiske (comme si on manquait de guitares!) – pour atterrir, vacciné et sain et varié, dans ce qu’on appelait avant les bacs des disquaires et aujourd’hui les fermes à serveurs.
Auguste
https://motorpsycho.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=tzvX2Nb2vl8

13/07/2021

Standard Human Experience
Never Belong
rock progressif/heavy prog – 38:01 – Finlande ‘21
Standard Human Experience est un jeune groupe qui veut concilier le goût old school et la non-conformité; leurs titres ont été enregistrés sur des bandes comme au temps d’avant et distillent du heavy prog sombre teinté de notes ralliant Rush d’un côté et nombre de groupes dark metal de l’autre; un mélange artistique de haute volée pour baigner dans les racines progressistes. Des écrits sur la séparation, le détachement et la résilience qui en découlent au risque de sombrer sur une note de destruction intimiste.
«Population Control» ouvre avec un air à la Rush, voix limite gutturale des premiers Riverside ou de Rogue Male, juste sur le fil, du déjà vu jusqu’à la déclinaison instrumentale jouissive et une guitare acérée.
«Hero Oversold» intro latente, basse à la Mariusz, du métal prog épuré, désincarné, sombre, monolithique avec quelques touches progressistes d’avant, simple, efficace.
«Never Belong» sur le sentiment d’être un étranger, un peu réaliste durant cette année de pandémie; titre plus frais, chanté, doux, apaisant, solo et air 70’s à 80’s pour prendre le temps d’écouter sans réfléchir.
«Take This Longing» arrive avec une intro à la Carpenter puis un relent rock vieilli, usité; ballade vintage avec réminiscences des 70’s, toujours rock prog métal avant l’heure; le final hurlé amène une fin en cascade cacophonique comme sur le Rogue Male ou les recherches folles des Xtc.
«Traces of You» et une superbe intro old school, on attend plein de groupes hard mélodiques prog; une ballade art-musicale avec Rush en toile de fond, une déclinaison instrumentale pour la fin qui te fait tendre l’oreille.
«Container» pour le final dans la même lignée; un quatuor sans claviers pour du rock sombre rushien; à signaler une voix féminine sensuelle; le dernier solo de guitare fait prendre conscience qu’il y a du potentiel chez SHE.
Un album signe d’un bon début, qui ne demande qu’à se peaufiner pour aller dans la cour des grands. Le plus, le son brut, écorché vif distillé par Touko Lehenkari, Sami Perttunen, Tom Pohjola et Joel Huttunen qui sont là pour ça.
Brutus
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/channel/UC0KFxhwC2qsjZtOdW2uKwMQ

14/07/2021

Gens de la Lune
Pentacle de Lune
concept album prog – 49:36 – France ‘21
Ce sera donc la première et dernière fois que je chronique un album des Gens de la Lune! Car oui, pour des raisons indépendantes de leur volonté, le groupe cher à Francis Décamps doit s’arrêter là, des raisons que le leader angélique développera à loisir ailleurs s’il le désire. Didou, le fameux «clavier» historique d’Ange qui avait mis en branle cette nouvelle mouture de ses multiples aventures en 2008 avec un premier opus éponyme, rebondira une nouvelle fois, n’en doutons pas. Toujours accompagné des fidèles Jean-Philippe Suzan au chant, Damien Chopard à la guitare, Cédric Kick Mells à la batterie et Matthieu Desbarats à la basse, Francis Décamps aux claviers et ses Gens de la Lune nous laissent orphelins d’un groupe de rock progressif à la française, typique du genre théâtral et emphatique que tout fan d’Ange a appris à connaître et apprécier durant ces treize années d’existence. Et il faut bien dire que, pour en finir, ils ont fait vraiment fort. Ayant aimé les albums précédents, c’est bien celui-ci qui laissera sûrement le plus aux fans un souvenir durable. Ce nouvel opus, «Pentacle de Lune», est un concept album dont l’idée revient à Mathieu Desbarats (c’est qu’il est bon… Desbarats!). Il raconte l’histoire d’un personnage un peu naïf joué par J.-P. Suzan, qui pense résoudre les problèmes de la société. Il ira à l’aventure afin de convaincre les gens rencontrés de le suivre vers une vie meilleure (un nouveau Décamps… gourou?). De là, de nombreuses aventures, un peu dans la lignée, ou plutôt l’idée des Fils de Mandrin, vont se développer à nos oreilles attentives. Francis Décamps jouant un clown un peu barré, incarnant la peur du changement, M. Desbarats sera la sagesse, D. Chopard l’amour et C. Mells l’agressivité. On retrouve bien là l’imaginaire cher à Didou, enfanté d’une carrière angélique, baignant dans ce type d’histoire, de conte utopique. Au final, tous veulent décrocher la Lune et le Pentacle de Lune naîtra de leurs idéaux conjoints. Bref, un excellent album concept comme on en a tant vu fleurir au cours des années 70! Six morceaux dont la durée moyenne serait de 8:23 dans un monde de statistiques, mais deux pièces de plus de 9 minutes et une de plus de 13 sont la charpente d’une œuvre où les claviers du «cadddcamps» (cadet des Décamps!) enveloppent avec force circonvolutions, un rock démonstratif, voire cinématique. Depuis que Francis reprend à son compte des œuvres angéliques («Caricatures» en 2012 et «Le Cimetière des Arlequins» l’année dernière) dont il tire la sève musicale avec une sacrée louche de talent, il en reste forcément quelque chose dans une nouvelle création comme ce «Pentacle de Lune». D’atmosphères calmes et planantes aux déchaînements rock, c’est tout un univers qui s’ouvre à nos tympans comme un livre à nos pupilles. Ceux qui, comme moi, ont baigné dans ce rock progressif et démonstratif de l’école française, seront ici aux anges (!) en retrouvant tout ce qui en a fait le sel: un chant déclamatoire, des paroles d’une réconfortante naïveté ou d’une insidieuse audace, des ambiances diverses et variées qui nécessitent plusieurs écoutes, des breaks inventifs et ces sons de claviers qui ont cette arrogance et ce parfum d’ivresse des flamboyantes seventies. Les Gens de la Lune vont donc hiberner sur la face cachée de nos envies. Ce quatrième et dernier volume de nos sympathiques rêveurs chimériques devrait enchanter tous les amateurs de ce style qui déploie ici toutes les tentacules du genre avec de vrais talents, textes, musique, production étant à la hauteur des visions idéalistes et fantastiques de leurs géniteurs. Merci pour ce dernier voyage, Messieurs!...
Commode
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=WQDR5Jrzrfs

15/07/2021

Trettioåriga Kriget
Till Horisonten
rock progressif – 46:47 – Suède ‘21
Trettioåriga Kriget (guerre de 30 ans) est un groupe suédois existant depuis 1970 dont voici le dixième album. Les membres du groupe se répartissent comme suit: Stefan Fredin (basse, chant, guitare rythmique), Dag Lundquist (batterie, violon, chœurs), Robert Zima (chant), Christer Åkerberg (guitares) et Mats Lindberg (claviers). Ne prenez pas le chant en suédois comme étant gênant car les mélodies sont en tout point superbes.
Une courte «Intro» nous permet de nous glisser dans l’écoute de cette plaque, immédiatement suivie par «In Memoriam», morceau d’anthologie s’il en faut puisqu’il semble difficile de se l’ôter de la tête. «Tidigt/Early» calme un tant soit peu les ardeurs de nos musiciens et nous permet une pause bienvenue, avant le retour aux affaires musclées avec «Staden/The City» et son riff prenant. De nouveau, la douceur nous envahit, c’est «Till en vän/For a friend» qui débute, laissant la place à un (très) court duo guitare acoustique/voix: «En gång/Once». «Brevet/The Letter», à peine plus long, voit le retour d’une mélodie prenante et entêtante. Mais il est temps d’entamer la pièce de résistance de l’album, «Vägen till horisonten/The road to the horizon», qui, du haut de ses treize minutes et quelques, nous donne à entendre de très beaux accords de guitare (je croirais presque qu’ils sont issus de l’album «Adventure» de Television, et c’est un compliment!). Mais il est temps de quitter nos Suédois préférés avec ce dernier titre emphatique qu’est «Till horisonten/To the horizon».
Un album qui a tout pour m’emplir d’aise et vous également, j’en suis certain!
Tibère
https://trettioarigakriget.bandcamp.com/album/till-horisisonten

https://www.youtube.com/watch?v=5tLbfgtJSw8

16/07/2021

Arabs in Aspic
- Progeria
- Far Out in Aradabia
- Strange Frame of Mind
heavy prog – 27:29/50:43/40:39 – Norvège ’03/'04/‘10/réédition ‘21
Aujourd'hui nous vous proposons un trio d'«Arabs in Aspics». En effet ils rééditent leur premier EP «Progeria» et leurs deux premiers albums, «Far Out in Aradabia» et «Strange Frame of Mind». Vous trouverez également ce jour l'interview de ce groupe hors normes. Commençons par cet EP sorti en 2003. Après le 1er morceau, titre parlé de 1:47, pas très accrocheur (c'est osé de démarrer sa discographie ainsi!), «Silver Storm» émerge de la pluie, et c'est déjà la moitié de l'ADN d'Arabs qui saute aux oreilles: Hammond + Leslie, puis un tempo lent, lourd, ensuite une guitare en solo doux et expressif, et, enfin, les voix réverbérées. On est tout de suite pris dans cette douce mélodie mais bientôt l'orgue se fait déchirant, le rythme s'accélère, la guitare wah se joint un instant, avant que tout se brise. Cela repart sur des notes de guitare trafiquée, égrainée, accompagnée d'une batterie très syncopée. La guitare saturée se solidifie ensuite avant qu'inévitablement le gros son (l'autre moitié de l'ADN) ne vienne pour finir d'emporter ma totale adhésion. Les 2 autres pistes sont tout aussi efficaces ainsi «Megalodon», lorsqu'Arabs part en caravan, est jouissif! Album initial plus que recommandable. Continuons avec «Far Out in Aradabia» sorti en 2004. Et il commence bien avec «Arabs in Aspic II» quand Black Sabbath croise Deep Purple en accrochant au passage des influences progressives, rien de plus, rien de moins. L'écriture des chansons commençait à devenir plus audacieuse et plus aventureuse, et ils ont même enrôlé un claviériste, Magnar Krutvik. Quel album! Une petite merveille de recherche créative. Le dernier morceau était un jam de studio où ils ont joué pendant 65 minutes et en ont sorti un titre live de 19 minutes. Premier véritable album et première pochette réalisée par Julia Proszowzka, qui continue toujours actuellement; on reconnaît d’ailleurs immédiatement leurs albums grâce à ses œuvres. Le groupe s’interrompt en 2006 et se poursuit ensuite sous l’impulsion de Jostein Smeby et Eskil Nyhus, seuls rescapés de la formation originale. Notez que Tommy Ingebrigtsen et Terje Nyhus ont récemment créé The Flying Norsemen, un coverband d'Arabs in Aspic. Terminons ce triptyque en 2010 avec «Strange Frame of Mind». Le claviériste Arve Kvam Jørgensen arrive dans le groupe ainsi qu'Erik Paulsen à la basse. Le groupe sonne moins heavy mais rentre dans un style plus progressif seventies. Ils me font penser au groupe belge Hypnos 69 ou encore à King Crimson... un son moins Black Sabbath mais plus Uriah Heep. L'album est épuisé depuis longtemps, d'où les rééditions présentées aujourd'hui… N’hésitez pas: foncez. Ils sont disponibles en CD et LP chez Karisma Records, leur maison de disque actuelle. Mais, grâce à leur penchant heavy, vous les trouverez aussi via des labels métal, comme le très connu Nuclear Blast.
Cicero 3.14 et Vespasien
https://arabs.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=ybVfdNE7fmg

https://www.youtube.com/watch?v=sL-jEtxndbc

https://www.youtube.com/watch?v=NJZPGPybjzk

17/07/2021

Le Bruit des Dofs
La combinatronique
jazz psychédélique/progressif – 62:43 – France ’21
Circum-Disc, le label du collectif de musiciens de jazz basé à la Malterie à Lille, sort, sous un titre intrigant, une collection aguerrie de neuf morceaux raisonnablement aventureux, enregistrés en 2017 mais chauds comme sortis du four (du boulanger? du sidérurgiste?) et signés par Jean-Louis Morais, qui y tient aussi la guitare, aux côtés d’Olivier Verhaeghe (basse) et de Charles Duytschaever (batterie). S’ils peuvent évoquer, à l’occasion de transes plus électriques, certains aspects du travail du John McLaughlin de Mahavishnu Orchestra («Spirale») ou du Benjamin De La Fuente de Caravaggio («D-gressif»), les développements, parfois improvisés, de Morais, savent aussi se faire menus comme un échantillon de gouttes d’eau frêles («Entrelacs») ou, au contraire, épicer un espace sonore puissamment rythmé («Artgressif») – sans parler de leur prévalence champêtre, comme dans le morceau titulaire ou le bien nommé «Charlotte va dans la forêt et ramasse des fraises».
Auguste
https://lebruitdesdofs1.bandcamp.com/album/la-combinatorique

https://www.youtube.com/watch?v=MprfoLIoHpE

18/07/2021 : Heavy Prog

Prog Censor 0901//2022 : Heavy Prog

Ultimatium

Virtuality
métal progressif mélodique – 70:53 – Finlande ‘20
La Finlande est terre de métal et nous le prouve une nouvelle fois avec le 4e album de Ultimatium, groupe sur les routes depuis 2004. «Vis Vires Infinitus», sorti en 2015, m’avait laissé un excellent souvenir et donc c’est avec beaucoup de confiance que j’ai entrepris l’écoute du petit dernier, «Virtuality», œuvre de plus de 71 minutes d’un heavy prog de haut vol. Cet enregistrement est un condensé de ce que ce petit pays nordique sait produire. Dès les premières notes, c’est à Nightwish que l’on pense avec un chanteur qui n’a rien à envier à Marco Hiatala et la présence d’une chanteuse opératique finit d’enfoncer le clou. Le côté sombre des contrées glacées est également assuré par la présence de chants gutturaux.
Ce «Virtuality» est un album riche et dense aux couleurs multiples; Dream Theater percute avec talent Rainbow sur certaines plages, jouissif!
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cet album, que je conseille à tous les fans de heavy prog symphonique.
Écoutez «Digital Power» si les classiques de Rainbow vous font frémir et «Run like the Wind» ou «Together» si c’est vers Nightwish que votre cœur balance.
Un bon album!
Tiro
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=U-sVi6HnQqc

Astrakhan

A Slow Ride Towards Death
metal progressif – 45:28 – Suède ’21
Dans ce groupe suédois (Astrakhan-official), on retrouve Johan Hallgren, guitariste de Pain Of Salvation, ainsi qu’un ancien membre de ce groupe, le bassiste Per Schelander. Outre le bagage instrumental de ces belles pointures du prog, l’un des autres atouts du groupe est le timbre de voix puissant et mélodique du chanteur Alexander Lycke qui fait penser à celui de Zak Stevens (Savatage, Circle II Circle). De ce fait, l'association de ce chant fort expressif, des chœurs et des parties de guitares forgées dans le metal classique évoque le heavy progressif de Savatage, notamment lors des soli de guitares empreints de force lyrique, soutenus par les claviers dans les phases épiques. Dans les passages plus atmosphériques, ceux-ci distillent des sonorités floydiennes période «Animals», moments ténébreux qui jalonnent l’album, insufflant un vent frais sur les poussées sulfureuses de riffs rougeoyants. Ce cocktail de styles et d’époques fait de cet album un élixir varié et savoureux au goût renforcé par des mélodies réellement accrocheuses et de fameuses envolées progressives jouées avec dextérité et originalité.
Les fans des débuts de Pain of Salvation déçus de l’orientation plus electro/ambient prise par cette formation ces derniers temps seront assurément ravis de retrouver ici de fortes réminiscences d’anciens albums, tels «Entropia», «One Hour By The Concrete Lake» ou encore «Remedy Lane», dont on retrouve le style métallique original mêlé à de subtils développements progressifs gorgés d’émotion, le tout dans un climat sombre. Les musiciens apportent ici ce cachet sonore issu de leurs racines, qui marque d’une profonde empreinte cet album fortement recommandé.
Orcus

https://astrakhan.bandcamp.com/album/a-slow-ride-towards-death

Triton Devs

Stay Alive
metal progressif light – 39:45 – Italie ‘21
Sous l’égide du guitariste Black Lee Stone, ce nouveau collectif constitué du chanteur Eric Castiglia, de la bassiste Anna Portalupi (Hardline, Tarja Turunen) et des batteurs Zamkenoby et Mike Terrana (Yngwie Malmsteen, Rage, Tarja Turunen, Axel Rudi Pell) propose un métal progressif aux accents très classiques, entre heavy metal typé année 80 et metal progressif light mais enrichi de diverses tendances pétillant çà et là au travers des compositions… «Malgré une empreinte résolument metal, chaque morceau est contaminé par différentes micro-influences musicales qui rendent chaque morceau différent de l'autre en explorant de nombreuses nuances du genre joué dans son ensemble.»… explique le guitariste. Assurément il s’agit d’un album bariolé et rehaussé de plusieurs tendances mais il n’en demeure pas moins qu’il garde une belle cohérence. Néanmoins, outre ces caractéristiques plutôt positives, il faut également noter un point très négatif, le son. Il est comme étouffé sous des tonnes d’oreillers, ou noyé dans les abysses océaniques. Aurions-nous reçu une version volontairement «atténuée»? Je ne le pense pas car le son du clip officiel (voir lien YouTube en commentaire) n’est pas meilleur. Bref un album qui semble intéressant mais massacré par un son profondément merdique.
Centurion
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=MjmAczDCUto

Faro

Luminance
métal progressif – 34:45 – Italie ‘20
Faro est un groupe de métal progressif italien, inscrit dans son époque, qui ne doit pas être confondu avec «Faro», groupe de métal allemand, aux consonances franchement années 80.
L'histoire commence en 2007 pour ce trio de musiciens, emmené par Rocco De Simone (voix + claviers) et ses frères «musiciens», j'ai nommé Angelo Troiano (guitare + basse + claviers + électronique) et Fabrizio Basco (guitare), aujourd'hui réduit à De Simone et Basco, portés fièrement par leur label Andromeda Relix mais aussi aujourd’hui distribués par MaRaCash Records.
Ils livrent, tout d'abord, un premier album en 2011: «Gemini», pochette aux prédominances bleu/noir, représentant une femme (?) à demi-face visible contre une fenêtre, au contenu pêchu, bien servi et légèrement dark, du moins en théorie, si vous en croyez les intitulés «Eyes of Drama», «My Dark Angel» et «Black Day».
Neuf années plus tard, le 31 août 2020, comme accouché dans la douleur, ils mettent au monde leur second enfant, répondant au nom de «Luminance»: un disque (8 titres, 34 minutes et 45 secondes, tout est dit), qui, de prime abord, sonne un peu «toujours pareil», du moins, si vous n'avez aucune intention de vous y attarder, écrasé par une vie bien trop remplie.
Dans le berceau, vous trouverez une pochette, sobrement discrète, demi-face maquillée de hiéroglyphes lumineux sur fond noir, comme le deuxième visage des Gémeaux...
Si, lors de leur premier effort, ils avaient effleuré le côté obscur, il semblerait que cette fois, les Faro ont véritablement plongé dans la dépression.
Il suffit de consulter les thèmes abordés pour s'en convaincre. Tous les stades du cancer de l'âme y sont abordés: après le bonheur naïf («Pure»), c'est la déchirure («Fragment»), les pleurs («Tears»), la chute abyssale («Down»), les saisons morbides («Autumn», «December»), pour enfin, Saint Graal, atteindre la «Luminance».
La facture de l'album est mélancolique, sophistiquée, glaciale et résolument inspirée.
Laissez-vous glisser progressivement dans cet univers décadent, chapitre par chapitre, strate par strate.
«Pure»: notes en échos, guitares lancinantes, chant comme nostalgique d'une naïveté. «Fragment»: deux trois notes créant la faille suivie d'une bonne rasade de distorsion. Le ton de l'album est donné: une torsion de douleur très bien rendue par une voix claire, toujours juste sans jamais être haut perchée.
«Tears»: les lignes de guitare nous investissent comme le chagrin; d'abord un petit écoulement suivi par des torrents d'accords. Si les vocaux chuchotent à l'ouverture, ils finissent par hausser le ton mais sans jamais rattraper la colère.
«Down»: le plus long morceau de l'album (7 minutes). Est-ce le début d'une descente aux enfers? Petits cris de guitare sur le mur du son de la lamentation, breaks plus hardeux et distordus, enchevêtrement des deux, avant de former un tout cohérent, complète association d'un duel de guitares rehaussé par la section rythmique, magnifique saupoudrage basse/batterie.
«Autumn»: des petites saccades d'accords comme pour symboliser le tournoiement des feuilles mortes au gré du vent, tournent, tournent plus fort, relayées par le chant pour ne plus s'arrêter avant la fin du morceau.
«December»: petits flocons de tintements avant avalanche de batterie, sur saison de riffs angoissés...
«Luminance»: multiples coups d'onglets sonnant comme de petites étincelles; c'est une lueur d'espoir au bout du tunnel. Les couplets sont plus chauds, on sent un certain recul de la douleur, un peu d'optimisme...
Il ne fallait pas en donner plus pour nous séduire. Mon Dieu, doit-on attendre 9 années de plus pour avoir des nouvelles de nos gaillards? Patience est mère de sûreté. En tous les cas, je les accueillerai volontiers... Du reste, espérons que Castor et Pollux avaient un frère ou une sœur... la troisième face cachée des jumeaux contraires.
Kaillus Gracchus
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/luminance

https://www.youtube.com/watch?v=D-o6gsvpBys

Helium Station

Sanctuary
AOR/metal/blues/funk – 68:27 – France ‘21
Toulouse est une ville prédestinée pour le rock et plus encore depuis peu d’années pour la tenue d’un festival metal-prog, le Ready for Prog. Helium Station, originaire du secteur, semble taillé pour y participer, œuvrant parfois dans un prog metal des plus classiques, sans innovations particulières ou détails dérangeants. Déjà auteur d’un premier album en 2019, «Flesh and Bone», a été chroniqué chez nous le 4 novembre 2019 mais est passé relativement inaperçu. Il n’en sera pas de même pour ce «Sanctuary» je l’espère, bien que, je me répète, il risque de se retrouver noyé dans la masse d’une production ultra abondante en la matière. Ah si, une particularité peut être mise en avant, l’emploi de cinq chanteuses et chanteurs différents, en l’occurrence, Marjorie Alias, Natacha Kanga, Yann Fabié, Alexis Dimitriou et Yann Rousseau. Malgré une pochette assez réussie (un astronaute de plus pour une iconographie en pleine bourre!), je ne peux m’extasier plus avant sur les titres prog metal, succession de «déjà entendu» ailleurs. Je déteste dire du mal d’un groupe ou d’un disque, aussi je sens ici l’âme et la passion d’un seul homme, Fabrice Lacourt, guitariste qui a composé seul guitares, claviers, basse, les textes et leur mélodie chez lui dans son studio avant de faire appel aux vocalistes déjà cités et un batteur professionnel, Benjamin Marmier. Outre le prog metal, on peut aussi entendre et leur préférer des échappées plus excitantes vers le blues, le funk et une certaine pop calif’, style prisé en Midi-Pyrénées (Week-end Millionnaire, remember). Là, je change mon fusil d’épaule ou plutôt mon stylo de main pour apprécier les «Heaven’s in Your Eyes», «Moon Shine», «Be Yourself» (superbement funky) et «Piece of Mind» (latino rock à la Toto) entre autres, dignes d’un album de la West Coast. Là, Helium Station excelle et c’est dans cette direction que F. Lacourt devrait continuer, sans être spécialiste de la question, on y prend un plaisir que les titres prog metal n’ont su procurer. La sensation de «pain surprise» provoquée par l’écoute intégrale, rapproche le disque de ces rondelles surgies de Los Angeles et alentours, aux mid-seventies. De plus, quelques-uns de ces chanteurs ont la voix en prise directe avec les genres évoqués (pop US, funk, blues-rock, «Revenge is Mine» en l’occurrence). Cet album est déroutant, on y sent l’envie de bien faire mais la réussite penche du côté de la pop AOR, pas du metal prog, c’est clair!
Commode
https://heliumstation.bandcamp.com/album/sanctuary

https://www.youtube.com/watch?v=sNmkmuYQs3k

19/07/2021

Fatal Fusion
Dissonant Minds
rock progressif – 43:09 – Norvège ‘20
Quatrième album pour Fatal Fusion, groupe créé en 2008 par Knut Erik Grøntvedt (chant), Stig Selnes (guitares), Erlend Engebretsen (clavier), Lasse Lie (basse) et Audun Engebretsen (batterie). Ils ne pourront cacher leur amour pour le progressif des années 60 et 70, principalement des groupes comme Rush, Yes, ELP, Genesis, Pink Floyd ou Deep Purple, par exemple. Mais des groupes des années 90 sont également dans leur playlist, je citerais Anekdoten, IQ, Marillion ou Dream Theater. Mais entrons dans le vif du sujet: avec «Coming Forth by Day», un épique de plus de quatorze minutes, nous sommes entraînés, durant les quatre premières minutes, dans un progressif symphonique instrumental de bonne facture (avec même un passage hispanisant à la guitare acoustique), relayé par le chant plutôt rock, lui-même introduit par une flûte rappelant le meilleur de Genesis. Des phrases musicales typiques se répètent tout au long de ce morceau. Superbe jeu de basse pour ouvrir «Quo Vadimus» qui nous emmène dans un voyage parfois éthéré, mais aussi plus musclé avec toujours de belles interventions à la flûte. Le titre le plus court, complètement instrumental, «Beneath the Skydome», nous fait planer tandis que le break, avec ses roulements à la batterie, nous donne une impression presque militaire. Mais pour qui sonne le glas? C’est la question que l’on pourrait se poser à l’introduction de «Broken Man pt. 2» qui se poursuit de façon plus sautillante. Après six minutes (il fait tout de même dix-sept minutes et quelques), l’ambiance change en durcissant le ton. Une pause bienvenue s’offre à nous à partir de la onzième minute (même le chant est apaisé) pour repartir de plus belle (quelle emphase, mes enfants!). Un album qui ne peut que ravir les oreilles des progsters que vous êtes assurément tous.
Tibère
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=uk84BvIcaKY

20/07/2021

Time Haven Club
Gathered at Dusk
rock progressif – 65:54 – Italie ‘21
L’Italie est une terre bénie pour le rock progressif et ce premier album de Time Haven Club en est la parfaite illustration.
Que vous dire de cet enregistrement si ce n’est qu’il est excellent, magnifique, magique! Alchimie parfaite entre les années 70 et notre 21e siècle. Jamais ringard, ce «Gathered At Dusk» séduit par une structure musicale solide donnant la part belle aux échanges de guitares et claviers. Mélodiques quand il le faut, et d’une agressivité tout en nuance et toujours d’une qualité rare. Je n’ai pas de titres à vous recommander en particulier tant cet album est parfaitement équilibré. Juste vous dirai-je que, sur «Dance of Krampus» et «Despite All This Darkness» (quel solo de six cordes!), vous penserez aux meilleurs moments d'Arena. Le chant, magnifique lui aussi, est maîtrisé et jamais démonstratif.
Un groupe à découvrir et à écouter sans cesse. Un opus inspiré, un voyage entre passé et modernité, une œuvre qui plaira à tous.
Le rock progressif est vivant et le restera grâce à des groupes comme celui-ci!
Tiro
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=ETvQBd1DI_Q

21/07/2021

Daudane
Colchique
rock psychédélique/divers – 41:45 – France ‘21
À l’heure où je rédige cette chronique, Bayonne se bat pour rester en Top 14, élite du rugby hexagonal. Pourquoi cette information saugrenue dans le cadre du rock progressif? Car la pochette du premier album de Daudane en a sidéré ou amusé certains, une photo d’un match de l’équipe de France de rugby pour moitié et des quartiers d’agrumes pour l’autre. Bon, Daudane est de Bayonne et les sept titres ont été enregistrés entre Hendaye, Labenne et Montpellier, où le ballon ovale a droit de cité. Votre serviteur écrivant de Carcassonne, ceci dit, vous noterez le jeu de mots. Bon et la musique? clame déjà le lecteur qui veut siffler la mi-temps. Alors là, ça se corse car c’est un gouleyant et inattendu salmigondis de new wave, voire post punk, psychédélisme et krautrock coloré et imprégné d’un certain esprit festif. Imaginons Magazine ou Buzzcocks qui auraient rencontré Can et Grateful Dead… Oui, je sais, sans avoir écouté, c’est très délicat d’assembler tout ça pour un cerveau normalement conçu. Et de là, voici venue une formation française encore une fois bien barrée (ce qui devient une spécialité nationale) et surtout offre un vrai plaisir d’écoute car le territoire exploré par les Basques devient un terrain de jeu où l’imaginaire va d'un coin à l'autre, sans plaquer aucun style musical précis. Retenons l’excellente complainte psychédélique «Escape» qui, du haut de ses 9:44, vous raccompagne au vestiaire, la tête dans les étoiles. Je suis peut-être allé un peu vite en besogne au niveau post punk ,quoiqu’un titre comme «Caros» sonne comme les Beatles meets Wire! Réjouissant et vindicatif. Avec «Gendarme couché», pardon Daudane, on s’éloigne véritablement du progressif convenu pour un de ces inclassables virulents et aux sonorités imaginatives. «Targa» est dans une lignée qu’il n’est pas péjoratif de qualifier de psy/punk, rythme roboratif et voix brumeuses sur une gigue futuriste endiablée. Bref, un album dont la pochette laisse dubitatif pour une échappée belle sans rentrer dans la mêlée, une new wave teintée de psychédélisme british évaporé. Je finirai en citant «Salt of Summer», jolie parenthèse enrubannée d’une flûte, et ce qui se rapproche le plus du «vrai» rock progressif. Je la fais quand même? Allez, essai transformé…
Commode
https://daudane.bandcamp.com/album/colchique

https://www.youtube.com/watch?v=ebxPy3uZ_1g

22/07/2021

Blackfield
For the Music
pop-prog – 30:18 – Israël/UK ‘20
Le talent d’être populaire, en musique, c’est l’art de la mélodie et, en ce qui concerne la chanson, du texte juste qui lui est apposé. Que le vide accouche de ce dénominateur commun implique que l’artiste fasse l’effort de la simplicité, peut-être grâce à l’écoute attentive de son intuition ou à l’impossible recherche de «l’accord parfait». Aux antipodes de cette «presque-mystique», notre petit groupe de barbus dont les murs intérieurs arborent les portraits soucieux de célèbres créatifs refusant l’évidence. Je suppose que vous serez d’accord de reconnaître le progressif tant aimé comme n’étant pas enclin à se fier à ses intuitions mais bien à les dépasser, les transcender par l’exploration, l’expérience, l’analyse, et conséquemment avec une complexification (inutile? ostentatoire?). Là se trouve, supposons-le, le piège d’un questionnement (trop?) profond, d’un doute quel qu’il soit, c’est l’égarement. Fils masochistes de Descartes, n’avons-nous guère poussé la belle Euterpe à penser plutôt qu’à danser!?
Une espèce de perversion habermassienne primaire transposée au microcosme culturel bobo voudrait-elle qu’une minorité pileuse en t-shirt haut-de-gamme clame la suprématie d’une musique cérébrale sur celle qui fait l’unanimité? Protégeons-nous démesurément les intérêts de notre passion? Si nous faisions l’effort de revenir aux fondements, nous nous rappellerions sûrement un ADN commun, souvenir qui ferait tomber ce dernier cliché: une composition limpide cousue d’un texte lisible ne distrait pas plus qu’elle n’éveille!
Du coup, on n'a pas beaucoup parlé de Blackfield, me direz-vous! Bien au contraire, car ils comptent parmi les nobles révélateurs du manifeste. Comme l'évoquait Michel-Ange, leur œuvre est déjà présente à l’intérieur du bloc de pierre, il ne font qu’enlever la matière superflue pour la dévoiler. Le titre de l’album qui nous occupe atteste d’ailleurs de cette volonté. «For the Music», n’est-ce point là l’affirmation d’un retour aux fondamentaux, à l’essentiel?
Un engagement autour de ce que profondément, après tout, l’on a dans la peau, encore et encore, ce pourquoi l’on tombe ou l’on passe des nuits blanches.
Blackfield est là, proche de la vérité.
Néron
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=SMaDJlCKv2k

23/07/2021

Ovrfwrd
Starstuff
rock progressif seventies instrumental – 38:53 – USA ‘20
Ce quatuor de Minneapolis sort une quatrième galette (cinquième si l’on compte un live) bourrée d’énergie aux ingrédients estampillés 70. D’entrée, «Firelight» y ajoute une pincée de heavy prog façon Deep Purple. Un plein son d’orgue Hammond qui déferle, soutenu par une guitare caracolante. La batterie puissante de Davenport étincelle. On se prend une claque magistrale. Les influences sont variées, mêlant adroitement les moments puissants et légers, ciselés par une flûte camélienne virant caravanesque en cours de route au gré d’une femme tombée enceinte pendant la nuit sous les assauts très énergiques du roi George («Let it Burn»). Puis la Dame calmée écoute les échos d’un rêve lointain. La guitare se fait douce et caressante, complétée par une merveilleuse mélodie où règne en maître le mellotron aux couleurs d’un roi pourpre transfiguré. Ravissement céleste absolu («Starstuff» le bien nommé). «Look up», la plage la plus longue de l’album, s’articule autour de claviers en reverb et d’une batterie omniprésente secondée d’une six cordes qui donne la réplique dans un mariage parfait né au lit d’un jazz fusion drapé de mellotron aérien. Construction mélodique assassine précédant un piano pastel et rêveur («Daybreak») qui ne veut mourir et s’invite à compléter un nouvel envol vitaminé quasi symphonique et génésien («Zathias»)! Souffle alors une brise apaisante pour tempérer tant soit peu le jeu débridé. Piano électrique, ici cascadant et là martelant, de concert avec une ‘slide guitar’ tueuse sertie d’une basse ronflante: «From Parts Unknown» semble un instant s’évanouir comme un regret mais se relève en un dernier sursaut qui nous laisse malgré tout orphelins. De quoi faire sortir un anachorète de sa thébaïde! Un petit bijou bien trop court si vous voulez mon avis. Over forward for sure! À noter que sur Bandcamp l’ordre des titres est différent du CD vendu par ailleurs.
Clavius Reticulus

https://ovrfwrd.bandcamp.com/album/starstuff-2020-now-available

https://www.youtube.com/watch?v=I9g-avjcfOY

23/07/2021 - EP

Zombi
Liquid Crystal
post-rock/prog-électro – 30:51 – USA ‘21
Zombi est le duo basse/synth et batterie (Moore et Paterra) créé en 2001 qui a joué avec Red Sparrows et Goblin.
«Mangler» part sur du proto-kraut hypnotique, une section rythmique hyper présente, un air lancinant, monolithique, noir, tout en crescendo.
«Chant» plus sombre et intimiste basé sur un riff à la R. Smith, air majestueux amenant une tension onirique; effet «crescendique» souvent retrouvé sur les BO des Tangerine Dream.
«Liquid Crystal» titre qui rappelle «Sorcerer» justement, ou Carpenter pour ce son minimaliste, une montée encore où synthés et batterie s’en donnent à cœur joie jusqu’à la délivrance jouissive de la guitare de Moore.
«Turning Points» avec un rythme ascendant me rappelant la basse de The Cure ou celle de The Gathering; du Goblin pour l’air sympho-orchestral planant; un titre créant une tension malsaine.
«Black Forest» pour terminer; encore Tangerine Dream, époque 80’s, avec une note funky à la Moroder, bref un groove lourd qui fait monter à l’extase.
Un EP hypnotique, sombre et envoûtant sur une base rétro-synth; un monolithe électronique!
Brutus
zombi.bandcamp.com/album/liquid-crystal

https://www.youtube.com/watch?v=-rxVGH7Wt_4

24/07/2021 : Les samedis étranges

Prog Censor : les samedis étranges

Nouvelles Lectures Cosmopolites

Antipodes-contrepieds
électro spatial/minimaliste – 44:31 – France ‘21
Sous ce patronyme étrange (Nouvelles Lectures Cosmopolites - unofficial) dont on ne cherchera pas l’origine, Julien Ash et Angustère forment le groupe en 1989 à Nantes. Angustère, plus porté sur l’expérimental, ne restera qu’un an aux côtés de son coreligionnaire avant de se consacrer ailleurs à ses expérimentations bruitistes. La suite de NLC sera faite de collaborations diverses qui donneront des colorations plus mélodiques, voire néoclassiques à la musique de Ash. Mais il ne se revendique d’aucune étiquette et celle que vous lisez ci-dessus est plus minimaliste que le présent opus qu’il qualifie d'EP. Le premier après 14 ans de silence. Du bruitage on en retrouve ici mais en doses homéopathiques, souvent sombres et cosmiques en intro de plages qui au fil des minutes se muent en mélodies teintées d’un soupçon de mélancolie. Des voix d’enfants viennent s’y greffer et l’on voit soudain apparaître des pulsars roachiens ou tangeriniens époque «Zeit». Un violon pleure sur les accords d’une basse qui crée un leitmotiv; les synthés bruissent dans un trou noir qui nous absorbe en rêverie anamorphique subliminale. «Résurgences», la longue plage de cet album numérique, spatial en première partie, se transforme subtilement en mélodie intimiste complétée par une boîte à rythmes et des percussions ethniques. La magie opère. «Antipodes», en deux versions, est le plus dansant et «Contrepieds», qui clôture l’album, glisse sur une ligne de basse obsédante accompagnée de soubresauts synthétiques pour boucler la boucle par des rythmes à nouveau plus dansants louchant cette fois du côté de Richard Pinhas et Heldon. Un album étrange qui interpelle et ne peut laisser indifférent!
Clavius Reticulus

https://nouvelleslecturescosmopolites.bandcamp.com/album/antipodes-contrepieds

MFTJ

My Mom's Getting a Horse
funk progressif – 43:18 – États-Unis/Australie ’21
Le duo intercontinental MFTJ (dont la mère, à la fin, acquiert un cheval), pratique un de ces mélanges dont on se demande s’il naît du hasard, de la torture ou d’une matrice de créativité – mais si, ce tableau, systématique et en deux dimensions, où un coach inspiré croise, par exemple, une série de genre musicaux avec eux-mêmes: la plupart de ces croisements forcés sont bons pour la décharge, mais de temps à autre, l’une de ces cellules accouche d’une riche idée, parfois même viable. En sélectionnant le carrefour où se croisent la colonne «progressif» et la ligne «funk», Scott Schorr (piano, basse, flûtes, percussions…) et Mike Keneally (guitares, basse, claviers, hautbois, bruits…) misent sur une musique entraînante qui, au premier abord et l’électronique en moins, fait penser aux anciens novateurs de The Future Sound Of London; mais le filon s’essouffle rapidement et ce qui, au départ, semble une bonne idée, tourne en rond au bout de quelques morceaux: la faute à une inspiration fatiguée et une interprétation mécaniste.
Auguste
https://mftj.bandcamp.com/album/my-moms-getting-a-horse

https://www.youtube.com/watch?v=jOV30JZW0vk

Nobody

Eternal Infernal
dark folk – 36:42 – Finlande ‘21
Cette musique folk menée par Tuomas Kauppinen, notamment auteur de plusieurs recueils et d’une pièce dramatique touchant à l’occultisme, s’inscrit dans la tradition de celle des hordes de groupes black métal qui, parfois, se retrouvent aux tréfonds des forêts scandinaves pour se ressourcer afin de composer des musiques douces, folks et acoustiques.
Ce «Eternal Infernal» nous offre des ballades nous entraînant vers des histoires moyenâgeuses et des contes antiques au gré du son d’une omniprésente guitare sèche, d’un chant emprunté, d’une basse prégnante, d’un petit clavier discret et d’instruments improbables comme l’accordéon, le conga, le djembé et le triangle.
Certes cette musique aux ambiances folks, délicatement médiévale, presque exclusivement acoustique, et constamment portée par un chant déclamatoire, ne maintiendra pas un attrait constant et indéfectible, mais permettra néanmoins de passer un petit moment paisible, comme sagement assis face au conteur ensorcelant son auditoire d’histoires étranges autour des flammes d’un feu de camp.
Centurion
https://nobodymetal.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=7Uj_dX6ICnQ

MOOP

Ostara
jazz progressif/avant-garde – 34:12 – France ’21
Ce second album, court de quatre morceaux mais lourd de quatre pièces épaisses aux sonorités colorées, voit l’ex-quatuor, maintenant trio, gagner en densité dans des morceaux aux développements appuyés: Erwin Toul (batterie), William Brandy (saxophone baryton) et Julien Coupet (guitare) produisent une musique inventive et propulsée («Ostara»), à tête chercheuse et aux ruptures tranchantes (l’univers inquiétant, bruitiste et brutal de «#Eule»), cinématique et où l’on retient sa respiration comme dans une atmosphère à l’oxygène raréfié («Manlayl - Half Completed/Half Started»), aux structures militaires et ronflantes comme un rock en opposition («Papatte Douce» – si, si): énergie et brillance effilées.
Auguste
https://moopercrew.bandcamp.com/album/ostara

https://www.youtube.com/watch?v=ezmAPe8Qeo0

René Lussier

Complètement Marteau!
expérimental musique contemporaine – 34:21 – Canada ’21
Depuis son «Le trésor de la langue» en 1989 – où, poursuivant une approche documentaire (sa propre histoire entre Montréal et Québec) et historique (qui lie, d’un côté, le matériel collecté et arrangé et, de l’autre, les enjeux historico-politiques qu’il évoque), il traduit le langage parlé en musique instrumentale (dans une grande variété de styles musicaux) –, René Lussier n’a cessé de titiller l’innovation, sans cesse en recherche sonore: il compose, improvise, écrit des musiques de films ou d’installations et de la chanson, joue avec Fred Frith dans le monde entier et est joué par des ensembles comme Bang On A Can. Les pièces rassemblées sur ce disque coproduit par ReR et Circum-Disc datent de commandes entre 2009 et 2019 et témoignent du patient travail de sculpture de ce guitariste autodidacte: pointilliste du monde auditif, il distribue les motifs sonores en additions constitutives de mélodies et de rythmes («Pour modifier vos options personnelles, appuyez sur l'étoile*», quatuor pour guitares et brosses à dent électriques), invente une histoire pour quatre contrebasses («Le clou»), multiplie les sons concrets (spatules à gâteau, bruits de bouche, styromousse sur vitre mouillée…) et les percussions («Burletta», «BanQ») – dont l’expérimental daxophone, inventé par Hans Reichel – dans une logique purement expérientielle, poly-stylistique et imprévisible. Insupportable ou génialement foutraque selon votre orientation à l’innovation.
Auguste

https://renelussier.bandcamp.com/album/compl-tement-marteau

https://www.youtube.com/watch?v=GExLYvDd7S8

25/07/2021

Laughing Stock
Zero Acts 1 & 2
concept album prog ambient – 48:12 – Norvège ‘21
Laughing Stock est à la base un trio (H. Enge, JM Sorensen, JE Kirkvold, leur nom vient d'une piste de Talk Talk) qui propose cet album sur l'histoire de l'enfant Zero (allusion au Héros de Gong?). Laughing? Non, mais je laisse Baudelaire vous mettre en garde: «La mélancolie est l'illustre compagnon de la beauté».
«Welcome» ouvre l'album, naissance de Zero, musique inquiétante, le sentiment du bébé (que l'on entend!) qui vient de naître à ce monde inconnu? Puis «When darkness come» est magnifique et pathétique, lent, le chant me fait penser à Gazpacho. L'atmosphère est lourde, plombée par le tempo «Nightime». «Imaginary friend» une guitare sèche égraine sa mélodie qui nous vrille avec le violon, la voix reste sombre. La vie de Zero est d'une tristesse palpable. Le violoncelle qui vient ensuite n'égaye pas plus ce morceau d'une grande expressivité. Autre tempo avec «School», une strat sautillante rythmé par une batterie claire, c'est gai car Zero pense qu'après l'école il trouvera un ami, mais en 90' sec, ses espoirs ruinés cassent aussi le rythme. «Leave me alone» voit venir la voix de la mère (Samantha Preiss) pour un duo, distant, avant qu'en solo elle ne décolle, un instant trop court, à la manière de Clare Torry dans «Great gig in the sky» du Floyd. «My love pt 1 et 2» est très Floyd/Japan: efficace. «Last supper», 10e des 12 pistes, n'est pas la cène finale, c'est la première piste qui semble offrir une ouverture, celle de la porte pour quitter le domicile. «Zero» qui se dit n'être personne, sans personne, est tout comme l'album beau et triste, et lorsque tombe le final «Curtain falls», la perspective d'un espoir pourrait se faire jour, au gré d'arpèges et de voix d'enfants lointaines. Fin de solitude?
Cela appellerait une suite!
Cicero 3.14
https://laughingstock1.bandcamp.com/album/zero-acts-1-2

https://www.youtube.com/watch?v=MXLA1VkQItE

26/07/2021

Frost*
Day and age
rock progressif – 111:06 - UK ‘21
Frost* (Official Frost*) est le sauveur du prog! Le groupe vient de produire son 4e album et il va faire date. Pourtant, c’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai appuyé sur le bouton «Play». Deux raisons à cela: il y eut tout d’abord le départ de Craig Blundell du poste de batteur et puis surtout la parution d’un EP 6 titres en juin 2020, «Others», qui était une vraie catastrophe.
Rien de tout cela ici. Mentionnons d’abord que le groupe est renforcé ici non pas par un mais par trois batteurs différents (dont rien moins que Pat Mastelotto). Mais surtout, tout ce qui fait la force de Frost* est sublimé par des compositions stratosphériques et des choix stylistiques culottés (l’album ne comporte aucun solo, par exemple). Les morceaux s’enchaînent à la vitesse d’un TGV. La plage titulaire propose un croisement improbable entre Linkin Park, Police et Pink Floyd. «Terrestrial» marche sur les traces de «Towerblocks» mais avec une mélodie irrésistible. «Waiting for the lie» met en valeur la voix caressante de Jem Godfrey. La rythmique de «The boy who stood still» vous retournera comme une crêpe tout en lorgnant vers Tears for Fears. Les deux courts morceaux «Island life» et «Skywards» vous donnent à peine le temps de souffler avant le diptyque final, «Kill the orchestra» et «Repeat to fade», où se rencontrent tour à tour le Floyd, Simple Minds ou Genesis.
Ajoutez à cela un concept sur la condition humaine et une interrogation sur le sens de la vie et vous avez un album majeur qui fera date. La production est tout simplement tellurique; tout est parfait, John Mitchell n’a jamais aussi bien chanté et le mélange des deux voix fait mouche à tous les coups.
Pourquoi «sauveur de prog»? Ce groupe casse toutes les barrières attendues de notre genre préféré, débarque là où on ne l’attend pas et est ainsi capable d’amener d’autres auditeurs vers le prog et de le faire ainsi sortir du ghetto dans lequel il se complaît parfois; un vrai tour de force.
Notons que l’album est vendu comme un album double avec un second CD reprenant tous les morceaux mais uniquement instrumentaux, ce qui met encore plus en valeur la luxuriance des arrangements.
Bref, un chef-d’œuvre!
Amelius
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/channel/UCfwcuf6eoSd80RjwdZuvwHQ/videos

27/07/2021

BankSwallow
BankSwallow
rock progressif groovy – 56:26 – Canada ‘20
Les seules traces sur le Web que j’ai pu glaner à propos de ce groupe se retrouvent dans leur page Bandcamp ou YouTube. C’est ainsi que j’apprends qu’il nous vient de Toronto au Canada. Les compositions sont toutes l’œuvre d’Alan Walks (guitares, chant, claviers, mellotron, violoncelle, basse). Les autres membres du groupe sont au nombre de trois, soit Jody Brumell à la batterie (il fait également partie d’Ace of Wands), Michael Flynn au chant, guitares, claviers et Geoff Martel au piano, sitar.
La plage la plus longue, «NetF*AANGed», du haut de ses onze minutes, entame de belle manière l’album qui nous occupe: cela groove merveilleusement bien et la section rythmique laisse une belle place à des envolées guitaristiques de toute beauté. Quand interviennent les claviers et le mellotron, les grands anciens se rappellent à notre bon souvenir. Une entrée en matière funky, «Cenotaph», déboule dans les enceintes et les années septante nous émerveillent. Ne croyez pas que ce titre ne soit pas inventif, bien au contraire car la mélodie, aussi bien au chant qu’aux guitares, ne peut que nous remplir d’aise. Une ambiance planante arrive ensuite, voici «The Trap, pt 1» avec ses guitares quasiment floydiennes. Changement de style pour «The Unforgiven» avec son côté plus rock et sa basse chaloupée. Ce titre est entrecoupé, encore une fois, de splendides envolées aux guitares. Le court «Money Grub» déboule ensuite, tel un hymne punk que parcourent néanmoins de belles envolées bien progressives dans les guitares. Une suite découpée en huit parties termine cette plaque: «Nine Lives – Life 1…8». Ces titres voyagent en vrai territoire progressif, mélangeant allègrement des passages planants à d’autres typiques de la musique que nous aimons et ceci toujours parsemé d’élans guitaristiques dignes des plus grands.
En définitive, un album comme je les aime, comme les groupes en réalisaient dans les glorieuses années septante, sans se préoccuper une seule seconde de créer dans un style unique, mais se permettant d’écrire ce qui leur plaisait.
Tibère
https://bankswallow.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=x6AFTxyU34Y

https://www.youtube.com/watch?v=s1X53jeLReM

28/07/2021

Long Distance Calling
Ghost
post-metal – 33:18 – Allemagne ‘21
Angoissant tel un gable orné de cathédrale, l’acéphale spectre des Long Distance Calling trompette, clapote et gémit au piano avant de disparaître d’un coup d’potard, exorcisme radical d’un ingéson pressé. Diable, pourquoi ce fondu de sortie béant me sort-il du décor où déjà j’étais? Sans cavalerie aucune pour emmener le décapité, brusquement, revoici l’été silencieux.
Badaboum, Rhodes, basse puis batterie qui claque. Le vieil amour qui s’ensuit est un «Riders on the Storm» instrumental aux percussions cliniques, surdimensionnées, couronné d’une progression éclatante. J’en oublie l’initiale déception. Le chien noir qui, après cet orage pointe son nez, me ramène sous la truffe des touches électroniques, des effluves post-métalliques. La bête s’enfuit. À sa recherche, on s’enfonce dans les bois, lanterne au fusil, peur au ventre. Ce n’est pourtant que du cinéma!
The End. Spectacle terminé, j’remonte mon strapontin, le voisin dort comme un nouveau-né. L’antépénultième séance s’habille maintenant de Kraut digéré façon 21e. Ça suinte le Noise entre les kicks et ça termine au taquet.
Arpeggiator, une fièvre me prend. Un classique musclé de l’après-Rock m’invite gentiment vers son climax. Je le suis. Je sors de la salle. Dehors, c’est la foire. Dans ce Freaks, un camelot promet du rêve aux badauds, mais le rêve tarde à venir, étouffé de temps morts... ce sera un demi-orgasme au grand final. Frustration.
Dernier titre qui résume l’opus. Du positif, du négatif. Émotion, exploration, audace! Déséquilibre, maladresse, incohérence? Mieux réfléchi en sa structure ainsi qu’en sa sonorité, le travail des Allemands aurait pu être un bestiaire cinq étoiles.
Fi du défaut, bel album!
Néron
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=pbkYTH82Tng

29/07/2021

Ole Teigen
Aske og Jord
néo-classic – 33:58 – Norvège ‘21
Ce musicien fréquentant depuis de nombreuses années des groupes aux influences métalloïdes diverses, comme Superlynx, Dødheimsgard, Skitliv, Den Saakaldte, fait ici comme une volte-face en proposant sur Apollon Records un premier album solo qui, musicalement, est aux antipodes des rages pétaradantes qui ont jalonné son parcours jusqu’ici. «Aske og Jord» (Cendres et Terre) est une musique tragique honorant la mémoire du frère disparu, à travers une musique commémorative d’une extrême tension, d’une intime beauté, d’une infinie tristesse.
Magnificence d’un chagrin incommensurable matérialisé par une tentative aussi vaine que désespérée de réparer, ou même comprendre, un tort inique.
Un piano borgne enfoncé dans la glaise mortifère par une instrumentation secrète: flûte, violon (ou peut-être alto), parfois une voix féminine, une basse sombre, une batterie discrète... un piano aux cordes viscérales, qui tanguent, qui errent à la recherche de la pulsion de vie. Et on sombre avec elles dans ce désespoir, on questionne les notes fragiles qu’Ole pose sur le souvenir du cher disparu.
Expérience étrange, abstraite, presque métaphysique.
Il y a de ces choses universelles que la musique traduit mieux que bien des discours.
Magistral!
Centurion
https://oleteigen.bandcamp.com/album/aske-og-jord

https://www.youtube.com/watch?v=aG8MGes480g

30/07/2021

Klone
Alive
metal post prog alternatif – 81:04 – France ‘21
Klone est le groupe poitevin qui a commencé à vivre dès 2003 et s’est amusé à trouver son style de musique entre Porcupine Tree, Opeth, Paradise Lost et Tool pour la lourdeur. Des bribes de Riverside, des Pink Floyd ou d’Anathema vont venir petit à petit s’intégrer au son déjà bien fourni avec des lignes musicales éthérées, en crescendo et avec une intensité provenant de la voix forte de Yann.
Leur dernier opus «Le Grand Voyage» ainsi que l’avant dernier «Here Comes The Sun» sont grandement représentés sur ce live de plus de 80 minutes (un live au moment où la pandémie recule, où les salles vont rouvrir), «Yonder» et le toujours floydien «Breach» très captivants, «The Last Experience» pour un crescendo diabolique tiennent la corde; deux morceaux de «The Dreamer's Hideaway» ainsi que trois de «Black Days» dont une cover de Bjork finissent de remplir la set-list de «Alive».
Plus précisément, l’entame se fait sur le dernier sorti en studio et vous pouvez avoir l’impression d’être justement à l’enregistrement; ambiance cold, intense, envoûtante, éthérée, métallique, explosive, jouissive, rien que ça. Les titres invitent au voyage, à la contemplation, un moment captivant entre l’ombre et la lumière; un super pied de nez au covid qui a empêché nombre de festivités et qui va prendre fin j’espère; pour la petite histoire c’est Klone que j’ai vu en concert juste avant la fin subite des manifestations l’an dernier, c’est avec ce «Alive» que les salles rouvrent et que je vous dis d’aller les voir.
Klone fait du rock atmo sur une tendance heavy prog à la frontière des genres et le fait bien, Klone sort ce live pour ceux et celles qui craignent encore les rassemblements, Klone fait voyager alors partez avec eux pour rester dans les strates musicales.
Brutus
Album non disponible sur Bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=ana4HkC3WqM

31/07/2021

Elisa Montaldo
Fistful of planets part II
rock progressif – 46:29 – Italie ‘21
Voilà une œuvre singulière et magnifique qui nous transporte à la fois dans les étoiles et au plus profond de nous-même. Dans la version coffret, c'est une expérience polysensorielle, un parfum complète l'album. Isolée loin de son groupe Il Tiempo delle Clessidre, Elisa (Elisa Montaldo Official) a composé en quelques mois un album de chansons, «Dévoiler», et cette suite de FOP (FOP 1 datait de 2015).
Quelle progression! Car la sirène Elisa, multi-instrumentiste, nous charme de sa voix toujours plus affirmée et cristalline. Ses textes incitent à la prise de conscience «essayons de trouver un sens, réveillons-nous et faisons le bon choix». Côté musique, c'est un Big Bang générant une infinité d'ambiances et de planètes. Kate Bush + Kitaro dans un même corps?
On pénètre le concept album par le fil rouge qu'est la «Valse des Sirènes». Présente en plusieurs endroits et plusieurs formes sur l'album, cette valse sépia, co-écrite avec Alexandre Attala, est la partie terrestre du CD, craquements de gramophone compris. L'ensemble de l’œuvre nous plonge dans l'inconnu, un maelstrom d'une beauté absolue souvent («Earth Call» ou «We are Magic»), parfois d'une délicatesse nipponne («Haiku») ou d'une rusticité tellurique dans «the Black Hole». Cet epic est co-signé par Mathias Olsson (Anglagard) qui a co-produit l'ensemble de l'album.
Elisa est aussi une Onna Mushasha of Prog (samouraï); ainsi j'ai déjà eu la chance de chroniquer son flamboyant «Washing the clouds», déjà présent sur «Beyond the Wardrobe» des SOP. Steve Unruh (guitare et violon) est toujours présent, différemment, et la basse fretless est tenue par Diego Banchero (Il segno del commando), mais la pièce reste, ô combien, profondément émouvante!
Celui qui a dit que la beauté est dans l'œil de l'observateur (ou son oreille ici!) aurait dû insister sur la qualité nécessaire de l’œuvre, et, ici, FOP II est une magnifique pierre philosophale qui révèle la beauté qui est en nous.
Cicero 3.14
https://elisamontaldo.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=qF8wfxuD_eM