Septembre 2021

01/09/2021


Chain Reaktor
Homesick
rock progressif – 54:01 – Pays-Bas ‘21
Chain Reaktor c’est le groupe des frères Laan du groupe Skylake avec leur père Erik de Silhouette. L’album traite de la solitude des villes; musique moderne néo-prog mélodique, groovy, sombre limite mélancolique comme une errance à la recherche de soi. Un side project de Skylake ou un nouveau groupe?
«The Day That Never Came»: intro pastorale, titre groovy, du prog métal basé sur les claviers et la voix haute en plus d’un riff bien placé, la patte de Silhouette; le break flûte, piano puis le solo plaintif, mélodique enjoué.
«Lonely City»: majestueux de par la flûte et le solo guitare de Bart à la Camel; voix très singulière mais idéale lors des refrains; titre mélodique et rythmique.
«Enjoy Your Life»: sur un arpège piano délicat amenant un air convenu jusqu’à l’éternel solo énergique, Bart grappe divinement.
«The Lying King» enchaîne sur un air en deux temps avec montée métal-prog, ajout du violon de Sophie, titre travaillé, nerveux, très aérien; tout est parfait avec un final relevé. «Homesick» change de ton avec un titre langoureux piano-violon, ballade au départ, saxo jazzy en break puis explosion guitare jouissive coulant jusqu’au final majestueux, violon en retour, complexe avec le retour bucolique.
«Stop Yelling» titre léger passe-partout mélodique, syncopé, puis la dérive évolutive avec flûte et guitare acoustique donnant une belle touche finale avec le dernier solo.
«A Thousand Diamonds»: intro sympho rapide pour le titre évolutif, atmosphère sombre, instruments bien en place, la voix qui suit; violon et saxo partent dans un break avant le retour du thème central et la guitare plaintive.
Chain Reaktor a sorti une musique créative, énergique, évolutive, remplie de breaks progressifs. Du rock prog alternatif qui s’éloigne de Silhouette mais qui reste bien dans la lignée de Skylake rien que pour les structures mélodiques.
Brutus
chainreaktor.bandcamp.com

https://www.youtube.com/channel/UCIiA2QgML_onUfOqRwWrd0A

02/09/2021

Dirt Poor Robins
Anthem to the Edge of the Earth
prog-pop/cinematic/classic – 67:01 – USA ’21
Cette compilation offre un large panorama du savoir-faire du couple Neil et Kate DeGraide, originaires du Kentucky. En 2018, un double album «The Raven Locks» rassemble les 29 plages des trois «actes» sortis entre 2013 et 2017. Les trois EP de «Dead Horse» feront aussi l’objet d’une sortie «de luxe» en 2020 les complétant de sept plages bonus dont deux inédits. Pour la présente compile, le couple y fait une sélection et ajoute des extraits de leur premier album «The Cage» (2007) et du suivant «The Last Days of Leviathan» (2010) en y collant leur single éponyme. Ce qui fait toute la beauté de ces compositions tient du savant mélange de sonorités Beatles (il faut avoir entendu leur version explosive de «Eleanor Rigby» sur «The Cage»!) et d’accords échappés de la galaxie Queen ou Muse selon les plages. La guitare nous sert des riffs pas piqués des hannetons entre de belles envolées de violons et de chœurs féminins glissant sur une orchestration cinématique surprenante. Ce n’est pas tout, il faut ajouter une pincée de ragtime en quelques mesures festives et dansantes. Un cocktail peu banal! Les grands moments de cet album appartiennent donc à la trilogie «Dead Horse» (le queenesque «The Saints 1» et «All There Is», très enlevé, serti de violons en mode pizzicato et d’un son de guitare Oldfield évoluant vers un final emphatique ayreonien), incontournables, et à «The Raven Locks» (le magique «Solemn Dream» dont la coda laisse pantois par son envolée puissante où coulent des chœurs célestes). La majorité des titres est servie par un chant féminin à la fois aérien et vitaminé. Attention, on devient vite dépendant de ce concept musical!
Clavius Reticulus

https://dirtpoorrobins.bandcamp.com/album/anthems-to-the-edge-of-the-earth

https://www.youtube.com/watch?v=k03dmfhcG60&ab_channel=DirtPoorRobins

03/09/2021

Resistor
The 5th season
rock US progressif – 44 :58 – USA ‘21
6e album du quatuor bio de Steve Unruh, qui, insatiable, se démultiplie: Samouraï of Prog (SoP = 4 CD en moins de 2 ans), United Progressive Familly, et d'innombrables collaborations!
1re piste: «Winter»: intro blizzard et caisse claire martiale, puis guitares qui martèlent une dizaine de notes introduisant la voix de Steve Unruh. Le tempo devient lourd autant que sa voix se fait ténue et aiguë. Par son format de 13 minutes et sa position initiale, c'est le morceau de choix de l'album. Je ne sais si c'est la récente disparition de Robby Steinhardt (Kansas) qui m'y fait penser, mais le violon d'Unruh fait merveille. «Saint Iris» s'introduit, bucolique, quasi médiéval, avec violon pizzicato et flûte, puis se muscle rockfolk. «Seraphim» lui succède sur un rythme plus lent, avec une guitare picking, une rythmique et une solo, pour une ballade enchanteresse. «Cricket season» arpège et flûte, on est très loin de SoP, trop courte (1:49) avec ses accents andersonien de flûte crachée. «Till spirits rise» vient au son d'un violon orientalisant, d'une rythmique folk, de pizzicati. La voix de Steve Unruh inquiétante et une mélodie bien entêtante où le violon mène le bal avant qu'une guitare ne nous ramène vers une apothéose rock. «Aurora» durcit encore le propos mais nous promène vers l'Espagne dans le riff initial, pour une pièce assez traditionnelle dans sa progression, mais diablement efficace. «Falling snow» brode superbement autour d'une trame de guitare rythmique; le soliste Unruh nous réjouit de sa guitare ou de son violon dans ce trop court morceau de 6:19, d'autant qu'il termine cet album, démonstration magistrale de l'étendue du talent du multi-instrumentiste qui livre ici, avec un trio guitare/basse/batterie, un opus bien loin des productions très formatées des SoP.
Cicero 3.14
https://resistor222.bandcamp.com/album/the-5th-season

03/09/2021 : EP

Amour
Hyperborea
post-rock instrumental/prog – 37:12 – Belgique ‘21
Amour, quel nom pour un groupe! Il faut une sacrée dose de culot pour s’affubler d’un tel patronyme et nos compères namurois (Jezu à la basse, Sam à la guitare et Denis à la batterie) n’en manquent assurément pas. Quatre titres constituent la moelle épinière de cet EP allant de 6:22 à 13:41 pour le plus long. Tout ce qui construit le post-rock se retrouve ici, pour notre plus grand plaisir coupable : variation de rythme au sein d’un morceau («Hyperborea»), envolée musicale lyrique, fuzz en veux-tu en voilà, titre nerveux, voire tendu («On Vous Aime»), démarrage atmosphérique («01.01.1997»), superbes accords à la guitare acoustique («Cirrostratus»)…
Un excellent EP qui me fait dire en guise de conclusion à ma chronique : Amour, On Vous Aime!
Tibère
https://amourprogrock.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=Y_r2lbdjFFM&ab_channel=666MrDoom

04/09/2021

Deine Lakaien
Dual
dark wave – 44:56/42:08 – Allemagne ‘21
Incroyable: je ne pensais jamais chroniquer un album de dark wave, mais celui-ci m’a touchée dès le départ grâce à la belle voix grave du chanteur Alexander Veljanov et par le son électro sombre du compositeur Ernst Horn. J’avoue que ce duo formé en 1985 (dont «Dual» est le 10e album) m’était inconnu, mais comprenez que c’est normal pour quelqu’un qui ne s’intéresse pas à cette «vague» des années 80. Pourtant Ernst Horn est un ancien membre de Qntal, groupe qui m’avait aussi plu directement lorsque je l’avais vu pour la première fois en concert. «Dual» est divisé en 2 albums comprenant chacun 10 titres. Chaque titre sur l’album blanc, qui contient les nouvelles compositions, est en rapport avec un titre sur l’album noir, l’album de reprises, mais pas dans le même ordre. Vous pouvez vous amuser à essayer de faire correspondre les titres (pour moi c’est facile, les solutions se trouvent dans le livret). Sur l’album blanc, Ernst Horm diffuse ses sonorités électros, comme les différents jeux sur «Qubit Man», parfois il revient au «simple» clavier sur «In Your Eyes», tandis qu’Alexander Veljanov pose son timbre de voix chaud, parfois tout en douceur sur «Snow» et une fois en français avec «Les oiseaux», qu’il est facile de mettre en relation avec le seul titre en français sur l’album noir: «La chanson des vieux amants». En ce qui concerne l’album de reprises, citons les plus connues: «Because The Night», «The Walk», «Dust in The Wind», «Lady d’Arbanville» et la plus réussie, «Black Hole Sun». Seul bémol, je trouve que la façon de chanter est trop proche des versions originales (sur le titre de Jacques Brel, l’intonation est tout à fait la même), par contre la musique retravaillée en sons électros apporte la différence.
Eh bien voilà, je viens une nouvelle fois de chroniquer un album du label Prophecy, souvent très prometteur!
La Louve
https://deinelakaien.bandcamp.com/album/dual

https://www.youtube.com/watch?v=UaSKLET6VE4&ab_channel=DeineLakaien

05/09/2021

Cos
Cosmix
rock progressif/canterbury – 72:27 – Belgique ’21
Faisant suite au 45 tours – un edit de l’inénarrable «Mein Maschine Ist Schön» et une chanson du disque collaboratif issu, en 1978, de l’étonnante rencontre entre Daniel Shell et Dick Annegarn – publié il y a quelques mois, le label londonien Finders Keepers Records a la noble idée de rassembler, sur un double vinyle au son soigné, une sélection de douze morceaux tirés des trois premiers albums de Cos, parus entre 1974 et 1978, auxquels s’ajoute une double rawette: «Achtung! TV-Watchers» (extrait de «Swiß Chalet», de 1979) et le primesautier «Einstein, j't'aime», du disque «Pasiones» de 1982 – là, c’est Ilona Chale (Nuit Câline à la Villa Mon Rêve), aujourd’hui créatrice de bijoux, qui tient le micro. Cos l’inclassable, Cos l’inventif, Cos le fusionneur: le groupe privilégie dès ses premiers pas une musique de découvreur, électrique et acoustique, jazz et rock (et bien d‘autres choses encore), où les idées prennent le pas sur les normes – et les onomatopées sur les mots (la voix intime et pas si fragile de Pascale Son) – et Daniel Schell excelle à capter autour de lui l’énergie foisonnante des Marc Moulin (Placebo), Charles Looz (Abraxis, Julverne), François Cahen (Zao) ou Marc Hollander (Aksak Maboul, Les Tueurs De La Lune De Miel, l’éphémère By Chance). En mai de cette année, par un de ces pieds de nez espiègles propres au pays du surréalisme, «Mein Maschine Ist Schön» (plus précisément «Tam tam Tchidi», sa partie centrale) est choisi pour illustrer le défilé Chanel filmé aux Baux-de-Provence.
Auguste
https://finderskeepersrecords.bandcamp.com/album/cosmix

https://www.youtube.com/watch?v=rpEWlbOwZ54&ab_channel=FindersKeepersRecords

https://bernardvincken.blogspot.com/2020/11/a-question-of-sound-002-les-oreilles.html

06/09/2021

Fufluns
Refusés
rock progressif – 61:45 – Italie ‘21
Après un premier album en 2015, Fufluns (nom du Bacchus étrusque) (Fufluns - Italian Prog Rock Band) nous projette, dès la 1re piste de «Refusés», au milieu des mines de diamants de la Sierra Leone, où l'on exploite des enfants pour extraire les diamants de sang. Le chant déchirant de Simone Cecchini illustre parfaitement le thème, côté musique après une intro au piano tendance classique, la rythmique est plus métal, mais le symphonisme chatoyant du rock progressif italien domine. Fufluns a pour cela la génétique qu'il faut: outre Cecchini qui officie aussi avec Il Bacio della Medusa, le groupe fut formé par Mau di Tollo (Mascera di Cera) remplacé ensuite par Marco Freddi venu rejoindre Alfio Costa (claviers) issus tous les 2 des Prowlers. Gugielmo Mariotti (Bocca della Verita, Trabopan, Mr Punch) est à la basse et Simone Coloretti à la guitare. Le vivier prog de l'Italie est infini!
On trouve tout dans cette 1re piste, en plus de la voix rocailleuse et expressive, si italienne de Cecchini: Hammond, moog, mellotron et riffs lourds ou purs soli de guitare, une batterie qui présente un jeu délicat des cymbales en plus d'une belle pulsion avec la basse. Le thème d'une quinzaine de notes qui revient en filigrane dans le second morceau marque l'unité de cet album autour du côté sombre de l'humanité. Hommage nommément rendu à des hommes et des femmes victimes devenues moins anonymes grâce à ce «Refusés». Seule exception, «Blu Oltremare» qui célèbre le départ du chanteur d'Il Biglietto per l'Inferno pour la vie monastique Hare Krisna.
La photo de quelques-unes des 17 statues en terre cuite de la série «Refusés» de Beppe Corna fournit un bel étui et son titre à cet exemple remarquable de RPI actuel: de quoi faire ripaille!
Cicero 3.14

https://maracashrecords.bandcamp.com/album/refus-s

https://www.youtube.com/watch?v=nv8hOUCSg3w&ab_channel=Fufluns-Topic

07/09/2021

Anders Buaas
Tarot
rock progressif éclectique/folk – 76:43 – Norvège ‘21
Tarot n’est pas la première livraison d’Anders Buaas, (Anders Buaas - artist) mais probablement la neuvième. Il fait suite à la trilogie «The Witches of Finmark», mais sa composition a, en fait, déjà débuté dès l’écriture du premier opus de ce triptyque. Le résultat est là: 22 titres basés sur les thématiques riches en symbole du jeu de tarot. On peut même, sur Bandcamp, faire l’acquisition de ce jeu illustré par la peintre Verena Waddell.
Je ne vais évidemment pas vous passer en revue tous les titres de ce fantastique voyage, ce serait trop long. Juste vous raconter ce qui m’a charmé à son écoute: une science innée des accords réalisés à partir d’instruments peu habituels dans notre domaine de prédilection, comme de la mandoline («The Magician»), du banjo («The Hermit»!), des morceaux de bravoure («The High Priestess»), des mélodies de guitare dignes du meilleur Steve Hackett («The Hierophant»). Il y a bien entendu du progressif dans la musique de notre ami, mais pas que, des digressions plus pastorales font un bien fou à nos neurones fatigués ou des accents plus pop, lorgnant du côté de Mike Oldfield («Fortune»). Sur «Justice», la guitare nous amène des sons dignes des Shadows. Des aspects néo-classiques se dessinent également de-ci de-là («The Hanged Man», «Temperance»).
À l’instar de Jon Landau, je terminerai ma chronique en le paraphrasant: J’ai écouté l’avenir de rock progressif et il s’appelle Anders Buaas. À bon entendeur…
Tibère
https://andersbuaas.bandcamp.com/album/tarot

https://www.youtube.com/watch?v=YoJ5_hqbRV0&ab_channel=AndersBuaas

08/09/2021

Michał Łapaj
Are You There
post-rock-electronic-ambient – 62:28 – Pologne ‘21
Michał Łapaj est le claviériste de Riverside! De la pandémie et des concerts en suspens il sort un album ambient, intimiste et mélancolique, bourré de sonorités électroniques analogiques, entrecoupé de titres chantés par Mick Moss et Bela Komoszyńska. Du rock planant à la Vangelis, Tangerine Dream, Schulze aussi et du Łapaj.
«Pieces» sur un instru glacial, entame spatiale à la Vangelis, vibrations finales entêtantes amenant «Flying Blind» austère avec Mick aux vocaux pour une ballade dépressive de toute beauté, les claviers monolithiques et répétitifs. «Shattered Memories» sur une sonorité mandarine grandissante, la voix de Mick posée, envoûtante; simplicité des accords hypnotiques pour un final solennel psychédélique. «Shelter» enfonce le tempo avec Bela émouvante me rappelant Lana Del Rey pour une romance suintant le spleen, apte à vous broyer le ventre. «Where Do We Run» pour un changement radical: X-Files, le son cosmique de Klaus Schulze et Tangerine Dream tout en synthés divers pour de l’ambiant répétitif, atmosphérique, glacial.
«Fleeting Skies» déroutant, progressif, mélange ambiant amenant Bela à chanter à la Anna d’Albion, voix suave expressive fondante. «In Limbo» en 2 temps, air répétitif minimaliste sur du Tangerine Dream des 80’s, une montée pleine d’angoisse qui passe très vite. «Unspoken» suave, chaleureux où la mélancolie devient contemplative, le piano réverbérant, la batterie d’Artur solennelle; des bribes de voix accentuent l’atmosphère; il y a du Carpenter derrière. «Surfacing» sur une ligne musicale hypnotique, douce et envoûtante. «From Within» rappelant Richter et ses ambiances romantico-spleens pour vous laisser dans l’éther éternellement.
Un album frais, hypnotique, méditatif, écorché aussi, idéal pour la méditation dont nous avons besoin en ces temps incertains. Un opus où les mélodies envoûtantes associées à des voix majeures donnent une osmose d’émotions immense allant de la beauté mélancolique à la contemplation sidérale, sublime.
Brutus
https://michallapaj.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=GtJbcQIqBIc&ab_channel=MysticProductionTV

09/09/2021

Farewell
Spinoza
électro pop prog – 33:17 – France ‘21
Sans doute étais-je encore une fois le jouet des causes et leurs conséquences pour qu’atterisse en mes mains cet adieu. Farewell, projet de Mr Jean-Baptiste Calluaud, qui, après morts & arbres, s’attaque aux philosophes.
Loin du Deus Sive Natura d’l’ami Baruch, le Calluaud est démiurge. Il crée, joue, enregistre, programme, malaxe, mixe, masterise…
Il est à lui seul un empire. Avec un résultat, avouons-le, plutôt transcendant. Play!
Voix susurrées, allongées tranquilles sur un transat jungle à la mécanique complexe, Spinoza entame son discours mélodique. Bidouillages sifflants puis guitares incisives les rejoignent sur le grain tiède d’une première plage pleine de promesses. Un piano martèle. S’ensuit un «conditionnel» atmosphérique aux allures pop mais toujours animé par une magnifique maîtrise des programmations rythmiques. Soudain, le vent tourne, nous ramenant des parfums iodés nineties. Je déguste! Enthousiasmé par ces contrastes, je baisse la garde, j’me laisse aller tandis qu’le track suivant s’annonce avec un cliquetis électro-pétillant duquel éclot, après trop (?) de murmures, un post-prog assez consensuel affublé d’une gentille rengaine. Ce cocktail m’apparaît moins goûtu, et c’est un peu déçu que j’aspire le fond d’ce Blend d’un grand «Slurp». Qu’à cela ne tienne, la naïve prémisse carillonnante introduisant «Let Them Talk» me fait vite oublier le précédent liquide. Je réajuste mes lunettes solaires. Clavier capitonné, beat syncopé versant sur un panache distordu, ça me plaît. Efficace, répétitif, volontaire... ça continue d’ailleurs, animé de la même énergie. Point culminant de cet opus bigarré, «Will» est un morceau particulier où notre marionnettiste s’en tient à l’essentiel. Servi par la rayonnante Madly Stock qui lui donne une dimension vraiment particulière, on en redemande. Final délicat pour ce farniente sombre et lumineux; un aveu de l’auteur: «I Am Multiple».
Peut-être est-ce cette multiplicité qui rend parfois l’album abstrait.
L’on aimerait entendre tout un disque dans le style de tel ou tel titre, tous dignes d’intérêt mais souvent forts d’un univers propre. Je vous invite d’ailleurs à découvrir les deux premiers ouvrages de Farewell, peut-être plus homogènes...
«Spinoza» reste un excellent 3e album.
Néron
https://farewell1.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=TKaKsjf9NvY&ab_channel=Farewell-Topic

10/09/2021

Styx
Crash of the crown
AOR/prog – 43:04 – USA ‘21
Convenons-en, qu’attend-on vraiment d’un groupe ayant près de 50 ans d’existence et dont la moyenne d’âge des membres fondateurs restants est de 70 ans? A priori, pas grand-chose. Les actuelles interrogations sur le futur album de Yes, mêlées de crainte et de circonspection en sont la preuve.
Mais ici, rien de tout cela: pour son 17e album studio, Styx vient nous foutre une méchante claque en travers de la gueule! Pour le contexte, oublions les esprits chagrins qui regretteront l’absence de Dennis DeYoung (cela fait près de 20 ans qu’il est parti) et saluons ici un line-up rutilant avec, outre James «JY» Young, Tommy Shaw et Chuck Panozzo (en fonction de sa santé) augmentés de Todd Sucherman à la batterie, Lawrence Gowan au chant et aux claviers ainsi que rien moins que Ricky Phillips (remember The Babys et Bad English).
Je ne suis pas un grand connaisseur du groupe mais, pour cette chronique, je me suis replongé dans «The Grand Illusion» paru en 1977 et considéré comme le sommet de leur carrière. Eh bien, ce «Crash of the crown» lui tient la dragée haute, rien de moins! 15 morceaux dont le plus long fait moins de quatre minutes mais regorgeant de mélodies qui font mouche, d’arrangements ciselés et d’harmonies vocales à tomber mort. L’ensemble a plus un côté théâtral, voire glam rock, que vraiment prog, mais peu importe. Les compos fourmillent d’idées et les arrangements rutilent au soleil comme une Corvette astiquée par son propriétaire amoureux de belles mécaniques.
L’ensemble fait parfois penser à Queen (même si l'un de mes collègues de Prog censor m’a averti que Styx ne pouvait être appelé le Queen américain), mais ce serait trop réducteur pour ce groupe à la personnalité bien trempée, qui n’a plus rien à prouver mais qui vient de faire un beau pied de nez à la jeune génération.
Jouissif!
Amelius

https://open.spotify.com/album/4eeGDSc0JcfM7qddTuoUR2?si=9cc89058a06f4c8d&nd=1

https://www.youtube.com/user/styxtheband

11/09/2021

Corde
Corde
folk progressif – 37:24 – France ’21
La musique de Corde, trio de Lille, se concentre sur une palette de couleurs étroite mais intense: le son des violons de Maxime Szczepanek occupe l’avant-plan, élégamment structuré par les rythmes de Steve Peuvrel et ardemment densifié par l’électronique de Nîm. On devine une base d’influences classiques russo-françaises (Tchaïkovski, Ravel), maturées par des expériences rock et numériques, des pérégrinations géographiques et des échanges d’idées génératrices d’élargissements de pensées. Dans ce premier album, éponyme et instrumental, on navigue en immersion, de la poésie d’Amélie Poulain – mise en son par Yann Tiersen – («Last Summer», une madeleine de Proust pour Maxime, qui le téléporte jusqu’au préau de son école, reniflant le pétrichor, cette odeur de la terre après la pluie), à l’énergie occitane d’Artús (l’épique «When The Night Comes»), extrémités d’une corde à linge tirée entre poteaux de bois rongés de sel sur la falaise, garnie de tendres culottes ivoire et de larges boxers anthracite, en passant par l’essence de la vie – l’air, la respiration – (l’entêtement mélodique de «We Breathe»).
Auguste
https://soundcloud.com/cordemusique

https://www.youtube.com/watch?v=QGzLeKVrCRM&t=80s&ab_channel=CordeMusique

12/09/2021

Manifesto
The Pills for Blindness
musique progressive – 30:47 – Russie ‘20
C’est russe mais je n’en sais pas plus. Que dire? L’entame est puisée dans le «Shine On You Crazy Diamond» de Pink Floyd, c’est très bien, on est sur un coussin moelleux, paré pour entamer un voyage intemporel… et puis une horloge, et c’est le couperet. STOP!... Nous sommes alors transportés dans un univers sonore totalement imprévisible. Durant de très longues minutes nous nous retrouvons enfermés dans un collage sonore improbable. Bruits de guerre, de révolution, de cataclysme, de fêtes ancestrales, le chaos… l’Histoire, la Renaissance, les chants médiévaux, conversations, naissance, valse, Requiem de Mozart, Hitler, extraits radiophoniques… une cacophonie indescriptible de bruits et d’extraits de tout et de n’importe quoi. Tout ça sur près de 10 minutes. Pour quoi faire? Je n’en sais rien. J’en reste pantois… Et puis le deuxième titre, première partie de la plage titulaire de l’album. Un violon sur piano, soft, on respire. Puis un chant, une voix, en anglais. Comme une ballade floydienne (encore), ou plus exactement wautersienne. Brisure ensuite, de Pink Floyd on passe à un style à la Steven Wilson qui aurait croisé le fer avec Schiller, le roi du chillout. Et puis la seconde partie du titre. Pink Floyd (encore!?), sonorités à la Gilmour, et encore ce violon plaintif et agréable. Plongée immersive avec un accent jazzy du côté du piano. Intéressant, on est dans le cœur, là. Une voix doucement smooth jazz et toujours ce fond floydien (décidément), et puis une finale atmosphérico-symphonique captivante. Tout ça est bien fait, très intéressant même, c’est juste que le premier titre «The Last Grand Manifesto» et ses bruitages interminables prennent trop de place sur ce si court album.
Centurion

https://open.spotify.com/album/4vafn3xJfWnwU7mxZ4SxYt?si=135c8aaf5b1949f1&nd=1

https://www.youtube.com/watch?v=U1ojUvzrrOw&ab_channel=Manifesto

13/09/2021

Lake of Licks
Surge
rock progressif/postrock instrumental – 44:27 – Allemagne ‘21
Lake of Licks a été fondé en 2014 par un quatuor berlinois, aujourd'hui toujours inconnu au bataillon, ou presque, leur page Facebook ne fait apparaître que le visage des musiciens mais ne nous renseigne ni sur leur poste, ni sur leur pedigree. Dommage, cette petite équipe, au demeurant sympathique (du genre gueule de gendre idéal, version années 2010-2020) ne manque pas d'intérêt, bien que Spotify ne leur crédite qu'une faible poignée d'auditeurs par mois. Lake of Licks, à traduire littéralement par «Lac de lèche» (comme ça vous êtes prévenus...), est un groupe de rock progressif instrumental. Comme quoi, les langues sont tombées au fond... du lac...
On leur connaît deux albums, un premier, «Blue», en 2018, et un second, «Surge», en 2021. Les deux œuvres sont de qualité et d'inspiration identiques, elles nous font passer un bon moment en mode «mystère» et «on met (un peu) la gomme».
La couverture de «Blue» annonce «la couleur»: 4 silhouettes nocturnes en bordure d'une forêt traversée par brume et étendue d'eau. Les thèmes abordés sont oniriques: «Deep Sleep», «Far from here», «Recurring Dream», «A Memory of the futur», passeports pour les pensées, «voyages, voyages» depuis un canapé, tout se passe dans la tête.
«Surge», fraîchement sorti, semble plus concret (pincez-moi si je me trompe), soit un cran au-dessus, nous avons atteint les nuages, repère doré, vu depuis le hublot de Zeus.
Lake of Licks produit une musique d'ambiance à écouter couché sur un transat, à écouter sur une table de massage, à écouter dans un SPA (mais pas Francorchamps).
Perte de stress garantie, dès la première piste de l'album, confirmée encore et encore, à mesure que les morceaux s'écoulent, comme les grains du sablier du marchand de sable.
Prenez légèrement appui sur la guitare et laissez-vous aller, les autres instruments feront le reste. Inventivité et alternance sont au rendez-vous.
«Sway», single de l'album, est la parfaite mise en bouche. Le clip est disponible sur YouTube. Qu'y voir? Quidams bravant la pluie et curieux kaléidoscopes numériques: bref, visuellement très hermétique.
Musicalement, on passe par diverses variations de sons, on a l'impression de chevaucher le dos d'un albatros, traversant toutes sortes de vent. Décalage de sensations !!!
«Wired», «Freak Accident», la densité des morceaux nous emporte, sans désemparer, au travers d'une circulation aérienne plus complexe qu'il n'y paraît, à mesure que les notes s'accumulent. L'intérêt est constant, riche en rebondissements, crédibilisé par un travail de recherche indéniable.
Chacun des intervenants participe, c'est évident, aux forces de l'album, mais les musiciens qui détiennent la palme, le haut du panier, le trône incontesté sont les inspirés et héroïques (bien qu'un peu intellos) guitaristes, dont je ne peux que m'inSURGEr de ne pas connaître leurs identités... L'œuvre est-elle plus intéressante que ses composants, la matière avant l'humain? «Berlin, we've got a problem», il faut nous en dire plus, qui êtes-vous? Si vous ne voulez pas plus en révéler, livrez-nous au moins d'autres musiques sans tarder...
Au plus je m'interroge, au plus je puis valider une théorie: leur silence biographique est délibéré, il fait partie d'un plan, après tout, il vaut mieux un coup de corde qu'un coup de langue...
Kaillus Gracchus
https://lakeoflicks.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=7GVhIuG8Q2o&t=9s&ab_channel=LakeofLicks

14/09/2021

Vienna Circle
Secrets of the rising sun
crossover prog – 44:17 – UK '21
Son frère Jack l'ayant quitté, Vienna Circle est désormais le groupe du seul Paul Davis. Deux guests prêtent leur concours: Alex Micklewright, à la batterie, et Gemma Davis pour la voix sur la plage 4, «That night», qui ferait un bon titre radio. «Golden sunset roulette» ouvre l'album tout en muscle... Pendant 30 sec (c'est l'attaque de «Sunset revolver» que l'on retrouvera en piste 5 qui peut être considérée comme une version alternative instrumentale et plus courte), puis tout s’apaise devant une belle guitare sur un tempo enjoué, très feel good music, entre jazz, pop, prog, rock, avec des incursions plus ou moins marquées tout au long des 10 min de la piste. «67 a summer in heaven» chante Paul Davis d'une belle et suave voix androgyne. C'est tout à fait cela le summer of love. Cool man!
Parmi les 9 plages notons «Fly lady fly»: intro acoustique (piano, guitare, et arpèges), ne traîne pas longtemps sa nostalgie. Un doux tempo tom + cymbale nous entraîne dans une belle ballade sur la lande. La voix de Davis est ici plus grave, presque éraillée, avec un beau solo de guitare (type Gilmour). En conclusion, il vous restera dans l'oreille longtemps et en une seule prise. Essayez, mais vous êtes prévenus!
Le morceau titre de l'album en plage 8 fait plus dans l'efficacité (un rien Deep Purple dans le riff), avec ses cœurs, mais toujours avec cette recherche éclectique qui caractérise tout l'album.
Ultime «Canyons» ouvre avec un piano et une guitare solo. Une chaude mélodie coule facile, avant qu'une guitare saturée et torride sur un tempo très lent ne nous délivre ses variations, reprises par un synthé dans une transition très floydienne, là aussi. Le tout venant conclure ce très agréable disque, son troisième depuis 2009.
Cicero 3.14
https://viennacircle.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=HvJEzFUaRAM&ab_channel=ViennaCircle

15/09/2021

Wojciech Ciuraj
Kwiaty na Hałdzie
rock progressif/art-rock – 49:24 – Pologne ‘21
Wojciech Ciuraj est ce musicien œuvrant sur Walfad, sortant ici son 4e CD sous son nom, sur une trame prog rock et des intégrations atmosphériques. Il distille un son singulier frappé par l’école prog polonaise au chant typique. Des compositions intenses, envoûtantes et rythmées.
«Czas wyboru» sur un prog rock avec Hammond et percus fortes amenant la voix de Wojciech en polonais; ambiance sombre et solo torturé.
«Linia Korfantego»: avec une percu-piano laissant filtrer un air magistral et mélancolique de toute beauté et «Kontury» survient sur une chanson progressiste, voix divine de Karolina associée à la basse de Claudia; crescendo explosif jouissif sur le solo guitare d’Apostolis. «Z kamienia i nocy» pour le titre radio rock, vitaminé avec l’apport du saxo éructant de Marta. «Znikąd (w zasięgu kościelnych dzwonów)» plus rock ballade avec des notes de guitare cristallines sur un frappé percussif jazz-rock en crescendo et l’apport du moog de Christopher de ProAge.
«W objęciach czarnych hałd» continue en distillant un rock crossover prêt à vous perdre dans les méandres de sa classification.
«Pieron» revient à un son lancinant, guitare plaintive puis explosive sur la voix éructée de Wojciech très répétitive.
«Bitwa o Górę św. Anny» encore plus sombre avec une mandoline spleen, air rythmé, voix phrasée puis digression sur le saxo et «Dom stoi tam gdzie stał» intervient cassant cette ambiance avec le plus beau titre progressiste, la voix de Karolina me rappelant celle d’Anna d’Albion pour sa pureté; une montée onirique diablement bien foutue.
«Czerwiec 1922» et le chœur final du groupe Olzanki comme final.
Wojciech a donc sorti la dernière partie de sa trilogie sur les soulèvements silésiens en proposant des titres concis bourrés de liens prog sur des ambiances rock au départ, des breaks intimistes et atmosphériques contemplatifs; un album bourré de sang jeune.
Brutus

https://open.spotify.com/album/5x7HKuzhFiV1TRSrWm0Z5c?si=abf02c0111444106&nd=1

https://www.youtube.com/watch?v=zQO8BI-Kypo&ab_channel=EmetRecords

16/09/2021

Mythopoeic Mind
Hatchling
rock progressif symphonique/canterbury – 43:22 – Norvège ’21
«Fear Fiesta» révèle, dès les premières mesures (et sa citation de «Summertime» de George Gershwin), la couleur sonore spécifique de la musique de Mythopoeic Mind, encore confortée par la voix, présente et personnelle, de Veronika Hørven Jensen – fleuriste de formation. Déjà avant la création de Panzerpappa (où il tient le saxophone), Steinar Børve porte en lui ce projet orienté symphonique, alors qu’il habille de notes plusieurs textes extraits du «Seigneur des Anneaux», pour un épique «Songs from the Red Book of Westmarch» – qu’il présente au deuxième Nordic Tolkien Festival, en 1997. D’abord destiné au studio, le groupe enregistre un premier album en 2019 (chez Apollon Records), qui suscite finalement des velléités de scène, vite contrariées par le virus coquin: l’occasion alors de mettre en forme de nouvelles compositions (même si la première session de studio suffirait à fournir un deuxième disque), enregistrées entre deux confinements à Oslo et Bergen, avec certains copains de Panzerpappa (Trond Gjellum, Anders K. Krabberød), un panel renforcé de cuivres (trompette, euphonium) et un solide background numérique – qui se concrétisent par cinq morceaux d’une eau limpide, féconde et aboutie.
Auguste
https://mythopoeicmind.bandcamp.com/album/hatchling

https://www.youtube.com/watch?v=4oHRDnoQIIQ&ab_channel=SteinarB%C3%B8rve

17/09/2021

Before & Apace
The Denisovan
metal progressif puissant – 52:02 – Canada ‘21
Before & Apace est le projet du Canadien Devin Martyniuk et «The Denisovan» est son premier album constitué de 4 titres plutôt longs. Reconnaissant l’inspiration de groupes comme Tool, The Mars Volta ou Meshuggah, The Denisovan est à réserver aux plus téméraires d’entre vous. Devin est aidé dans son entreprise par Kaylon Disiewich (basse), Bryce Holcomb (chant, guitare) et Arlan Kopp (batterie, percussions), alors que lui-même occupe le poste de chanteur et de guitariste.
«Zeno» débute cet opus par un riff à tendance post-rock avant de virer à des accords nettement plus lourds. La construction des morceaux n’est pas sans rappeler son compatriote Devin Townsend. C’est bien en voix qu’il entame «Limbics» avec ses riffs acérés, alternant passages chantés et d’autres aux voix d’outre-tombe. «Ontogeny» semble plus traditionnel dans sa construction: un excellent rock hard des familles. Il nous faudra près de vingt minutes pour quitter cet artiste intriguant avec le planant «Simultanagnosia» qui décolle vraiment après plus ou moins quatre minutes.
Si les groupes cités dans cette chronique constituent votre tasse de thé (ou votre bière favorite), n’hésitez aucun instant et précipitez-vous sur The Denisovan, vous ne le regretterez pas, foi de Tiberius Cæsar Divi Augusti Filius Augustus.
Tibère
https://beforeandapace.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=LX2WChieofg&ab_channel=Before%26Apace-Topic

17/09/2021 - EP

Eon Collide
Oniria
métal progressif – 25:14 – Canada (Québec) ‘21
Après un premier EP, «The Entrance», chroniqué sur notre page le 19 mai 2020 (https://www.facebook.com/progcensor/posts/617683022169251), le trio québécois Eon Collide nous revient avec un nouvel EP de quatre titres (trois nouvelles compositions + un «Tryptic» en Jam Session) qui s’éloigne volontairement du créneau éculé du prog-métal traditionnel pour planter ses crocs dans la terre du métal progressif instrumental couillu et complexe. Cette musique aux sonorités de métal avant-gardiste à la sauce Tool expose donc une carrure alternative aux confins du post-métal. Un métal intelligent et intelligible qui allie force et finesse pour échafauder une musique structurée et solide. Un pas plus loin pour se forger une identité encore plus remarquable et ils seront prêts pour le grand saut vers l’album complet. Encourageant!
Centurion
https://eoncollide.bandcamp.com/album/oniria

https://www.youtube.com/watch?v=lF0yUz4cwm0&ab_channel=EonCollide

18/09/2021

Castro Camera
CC
postfolk – 30:35 – France ‘17/’21
Une fois n’est pas coutume, il s’agit plus d’un récapitulatif de carrière qu’une simple chronique pour Castro Camera puisque, à l’occasion de la sortie de son nouvel opus «CC», nous pouvons nous pencher sur le parcours peu connu mais prolifique du Bordelais. Pour faire simple, 2015 c’est le premier EP «Castro Camera», 2017 «Beyond the Sun» plus rempli, 2018 nouvel EP «The Fall» et enfin, cette année, après «EP B-sides», voit la parution de «CC». Même si je dois bien avouer mon ignorance jusque là sur la musique du guitariste solitaire, ce n’est pas le cas de nombreux zines et autres sites internet référencés en matière de musique différente. Pour ma part, je me pencherais sur le dernier travail de Castro Camera qui diffuse cinq titres d’une beauté languide, évoquant de nombreuses scènes grâce à ses instrumentaux cinématiques. Chaque morceau pourrait être la bande-son d’un passage de film où le héros se pose des questions sur sa vie, avec un paysage à couper le souffle, paysage qu’il vous revient de créer selon vos humeurs, distillées au gré de votre imaginaire que je pense fécond. Il faut souligner la guitare en apnée, un simple accompagnement de batterie comme au ralenti, un fond sonore comme des nappes qui sont posées pour asseoir les tempos rêveurs de notre homme. Cinq titres aux appellations contrôlées qui n’ont jamais si bien retranscrit le thème de chacun: «Le Temps», «Les Cieux», «La Nuit», «La Brume» et «Le Feu»... Tout est dit, il n’y a plus qu’à suivre les circonvolutions atmosphériques de la guitare pour s’engager sur des chemins musicaux ayant à voir avec le post-rock parfois, le progressif quelquefois, un folk moderne ma foi, la méditation souvent, le rêve à coup sûr. Cette demi-heure onirique et apaisante vous enveloppe dans un châle de bien-être et l’écoute répétée ne fera que vous faire voyager dans des régions que vous ne connaissiez pas, à chaque fois renouvelées. La suspension des six cordes dans un espace sans fin ni marge réserve un périple audacieux aux bienheureux qui s’abandonneront aux contours ouatés de la musique de Castro Camera...
Commode
https://castrocamera.bandcamp.com/

19/09/2021

Q-bizm
Corduroy Shorts
jazz rock funk – 35:12 – Italie ‘20
La genèse du groupe date de 1996 et, de fil en aiguille, les fondateurs du combo, Stephano Hunyady (guitare), Francesco Corrias (batterie) et Filippo Gaetani (basse et chant), accompagnés d’une série d’autres musiciens, sortent un premier album intitulé «Vivid» en 2003.
Il aura donc fallu attendre 17 ans pour qu’apparaisse un successeur à ce premier témoignage discographique. Alors ce «Corduroy Shorts» est un album où cohabitent ambiance rétro et sonorités jazzy, funk et prog (l’excellent «Black Truck»). Des tonalités cool et vintage auxquelles s’adjoignent le très beau saxophone d’Alessandro Riccucci et les ambiances parfois passéistes incarnées par les belles sonorités claviéristiques de Francesco Longhi («Just A Man»).
Un rock funk, doucement jazzy à la Jamiroquai («Kyodo Shuffle»), flirtant avec le smooth jazz sans pour autant sombrer dans la facilité, où les ambiances swingantes rappellent Brian Auger's Oblivion Express sur «Funkraum» ou «3013».
Souvent instrumental, cet album brille par ses contrastes et ses ambiances pastel aux couleurs passées revisitant quelquefois la pop psyché des sixties («Warning») ou le vieux bon jazz-rock («Roggen Roll»). Là, les musiciens s’en donnent à cœur joie: excellente ligne de basse, batterie endiablée, guitare subtile, claviers très à propos, saxophone bien balancé...
Est-ce une musique pour les fans de rock progressif? Les plus curieux prendront sûrement plaisir à constater la dextérité des musiciens, les autres passeront leur chemin…
Centurion
https://q-bizm.bandcamp.com/album/corduroy-shorts

https://www.youtube.com/watch?v=NiL5DwcJZE8&ab_channel=rayrecordings

20/09/2021

PINHDAR
Parallel
wave dreampop trip (sans hop) – 34:52 – Italie ‘21
L’œuvre fraîchement reçue avait de quoi me troubler… mélanges audacieux, chants angéliques, autant d’accès à ce monde parallèle, habité d’équilibristes. Pas comme le nôtre où l’on tombe ou s’envole, une ligne à travers le chaos!
Le mien de monde ressemblait à Sparte. «Anacreonte», track 1, poussa mes songes en Grèce archaïque. Le gouffre des Apothètes était aujourd’hui celui de l’indiscernement, celui où l’on jette les gosses à qui l’on refuse la balance des doutes. Ma Rome moderne online, tous pouvaient trouver preuve d’une présence de prunes sur la lune en trois clics. Jadis, nous poursuivions le vrai, il nous fallait maintenant chasser le faux. La culture n’y échappait point. Esprit encombré, j’avais besoin d’écouter encore. Replay!
Duo italien que l’on comprend, par ses références insistantes, invoquer la poésie du pays d’Hélène… j’suis pas Verlaine, mais j’te l'dis quand même: les deux premiers tracks sont d’une beauté, d’une épaisseur à couper le souffle.
Des grattes glacées s’articulent, glissent autour d’une vague complexe qui parfois se symphonise, audacieuse atmosphère ornée de cette douce et puissante voix qui par bien des aspects me rappelle l’excellente Goldfrapp quand, toutefois, elle ne sombre sans scrupules au fin fond d’une électro commerciale sexualisée à souhait.
On peut aussi songer à Björk en découvrant «Cori», où la surprenante dissonance, après vous avoir déstabilisé, souligne parfaitement l'esthétique en place.
Il y a ici la magie folle des titres wave-gothiques fin d’siècle, où chaque piste séparément semble bancale, où tous les constituants paraissent incohérents mais dont l’étonnant résultat fait pétiller vos neurones. Qui parlait de musique froide?
De la retenue, qualité souvent ignorée, ainsi qu’une recherche sonore finement réfléchie achèvent de donner à notre plaque une ambiance unique. Ô, c’n’est guère chamboulement, cependant, l'œuf sublimé par un chef étoilé vaut toujours le coup de fourchette. Même brouillé, il se révèle, c’est un moment de vérité!
Néron
https://pinhdar.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=kYhaj-v5krk&ab_channel=PINHDARMusic

21/09/2021

Leprous
Aphelion
métal progressif djent post-hardcore emo-pop – 56:00 – Norvège ‘21
Leprous est le méga groupe fondé en 2001 jouant sur du tech extrême au départ. Ils ont abordé de près Ihsahn et Emperor et font de la musique presque inclassable, flirtant avec le prog métal puis l’art music à tessiture complexe, hard, djent, pop, avec la voix d’Einar racontant ses tourments existentiels dans les titres. Un 8e album travaillé dans 3 studios différents, covid oblige, album s’éloignant de plus en plus de leurs mentors que sont Dream Theater, Opeth, Cynic, Porcupine Tree ou Winds. Leprous c’est aussi des incursions hautes et classiques avec Raphael et son cello magique, c’est la violence de riffs associés à une voix divine, c’est l’association de sons jusqu’alors opposés, réunis pour créer un nouveau genre.
Dix titres où vous passerez par l'emphase, la stupéfaction, la contemplation et la symbiose avec Einar bouleversant, Raphael studieux et élogieux, Baard époustouflant derrière ses fûts, Tor et Robin prêts à laisser la place quand il le faut. «Silhouette», «All The Moments», «Have You Ever?», «On Hold» et «Nighttime Disguise» sortant du lot estampillé Leprous fondu extrême.
À cause de la pandémie, Leprous a composé chaque titre séparément, sans trame, excepté le ton mélancolique qui s’en dégage; du chaos positif puissant que ce soit dans le registre du rock, de la pop, du djent, du funk, du trip hop ou du métal. Einar se chargeant de la soudure progressive avec un zeste intrépide d’inventivité, de mélancolie ravissante et de spleen qu’Anathema aurait signé de suite. À noter le titre au départ, «Adapt», signe de notre société, «Aphelion» n’étant pas mieux puisqu'exprimant notre éloignement maximal à notre soleil bienfaiteur. Bon, de santé mentale vous en aurez besoin pour rester impassibles devant ce brasier musical, de l’énergie vous en aurez en écoutant cet opus dans la continuité de «Pitfalls», heavy, teigneux, métallique, dépressif et ô combien bouleversant. Un album frais, vivant, intense qui peut vous amener au firmament musical.
Brutus

https://open.spotify.com/album/1FqPZscG7gDH6utCpoWnkG?si=JxB0w7ViTEO3fQd2REl4ZA&dl_branch=1&nd=1

https://www.youtube.com/watch?v=RewhLbJONfA&list=PLe3UPCHpSqZlB2AHOZNe5zjX5oQtzJCEj&ab_channel=Leprous-Topic

22/09/2021

Toboggan

Première Descente
Avantprog /R.I.O./complexe – 60:17 – France ‘21
Attention! Ne vous trompez pas de Toboggan. Ce groupe n’est pas la formation suisse formée en 1996, n’est pas non plus le Toboggan québécois de Montréal, et encore moins le Toboggan français de Rouen, formé en 2013. Notre Toboggan, ici, est de Clermont-Ferrand et est constitué d’un trio classique basse, batterie, guitare/claviers. La tête pensante en est Étienne Mazoyer qui signe les compositions, s’occupe de l’enregistrement, du mix et du master.
Cette Première Descente, comme son nom l’indique, constitue leur premier album studio, après un live en 2019, et nous offre un éclectisme et une variété musicale hors des sentiers battus.
Les compositions sont de petites aventures où l’on s’engage sans savoir où cela nous mènera mais qui, sans nul doute, nous retrouveront bien satisfaits à la fin du voyage.
On détecte de nombreuses influences qui se mélangent et offrent probablement les nombreuses sources où Mazoyer va chercher son inspiration créative originale. Pour en citer quelques-unes, pêle-mêle, on y trouve des ambiances à la Zappa, avec l’humour bien présent, musicalement (il s’agit d’un disque instrumental), nous rappelant un peu le Miriodor québécois. D’autres moments sont légèrement teintés de jazz, avec soli à la clé. Les changements fréquents et importants au sein des morceaux, avec plus ou moins de dissonances selon les compos, nous emmènent vers les rivages R.I.O. Enfin, une autre source d’inspiration va du côté du jazz fusion sans que l’on puisse dire qu’il s’agisse vraiment d’un album du genre.
Les trois musiciens connaissent leurs instruments et, par exemple, la section rythmique nous donne quelques grands moments de cohésion au sein de changements complexes.
En résumé, un album pour ceux qui ont l’esprit ouvert aux aventures musicales. Gageons que cette excellente «Première Descente» sera suivie d’autres tout aussi efficaces!
Lucius Venturini
https://tobogganmusique.bandcamp.com/album/premi-re-descente

https://www.youtube.com/watch?v=ftvog0vmrNg&list=PLmnVZeoldNLJET5P2JsJV9N2E9NgaNs9B&ab_channel=-Toboggan

23/09/2021

Ske
Insolubilia
rockprogressif symphonique contemporain d'avant-garde de Canterbury et RIO – 55:37 – Italie ‘21
2nd album solo de Ske, 10 ans après le remarquable «1000 Autonni», cet album c'est 11 plages avec le morceau titre de l'album en fil rouge dans 5 variations. J'en sors «Insolubilia 2», pour résumer mon ressenti. La piste s'ouvre avec un bourdon d'orgue d'église couplé avec un mellotron, puis une voix féminine nous vient des limbes, c'est simple et léger, jusqu'à cette flûte un peu inquiétante. Ensuite, c'est au tour du piano, puis du vibraphone, un basson sériel passe en coup de vent, avant une fin plus traditionnelle faite de théorbe (une sorte de luth avec un manche fin d'une longueur qui ne prédispose pas aux voyages en avion), de guitare classique, de cloches... Et j'ai omis de très nombreuses autres touches d'instruments venus apporter un détail dans cette œuvre de moins de 7 min.
Vous l'aurez compris, c'est d'une très grande richesse. Et ces moyens sont au service du morceau dans une osmose parfaite. Morceau achevé, je me suis demandé comment j'étais passé d'une intro à une conclusion si différentes l'une de l'autre sans jamais avoir ressenti la moindre rupture. Je vous invite à regarder les crédits pour finir de vous convaincre que la palette d'instruments de Gentle Giant et Penguin Café réunis serait largement moins étendue qu'ici!
Chacun manié par une pléiade de musiciens internationaux, de jazz ou issus de groupes prog aussi éclectiques que Wobbler 👎, Present (😎, Ciccada (Grèce), Camembert (F) et des compatriotes de Goblin, Syndone, plus Not a Sign et Yugen (ces 2 derniers dont a fait partie Paolo Botta).
Pour les plus fainéants qui ne liraient que la fin de cette chronique, je résume: comment 20 instrumentistes talentueux maniant autant d'instruments différents ont-ils exécuté la musique composée par Paolo SKE Botta et réalisé ce merveilleux album d'une inventivité et d'une nouveauté absolues? La question est «insolubilia»... bien sûr! Donc il faut l'écouter!
Cicero 3.14
https://skeskeskeskeske.bandcamp.com/album/insolubilia

https://www.youtube.com/watch?v=ZXa6QJRuA9c&ab_channel=skeyugen

24/09/2021

Aeon Zen
Transversal
Métal progressif – 30:02 – UK ‘21
Aeon Zen existe depuis 2008. À l’origine de ce projet, on trouve Rich Gray (également connu comme Rich Hinks); il tient les guitares lead et rythmiques, la basse, les claviers et le chant. Il est assisté par Andi Kravljaca (chant principal), Alistair Bell (guitare) et Steve Burton (batterie), ainsi qu’une apparition, sur un titre, de Vadim Pruzhanov (DragonForce) au clavier. Vous découvrirez, en lisant l’interview que Rich nous a accordée (et je vous y encourage!), que «Transversal» constitue le sixième et dernier album d’Aeon Zen: les activités du sieur sont si nombreuses (il possède une société d’enregistrement, de mixage et d’édition), surtout depuis son arrivée, en 2015, dans le groupe de trash Annihilator et ce en tant que bassiste. Reconnaissons que cette dernière production est une réussite totale qui peut rivaliser sans rougir avec les réalisations des plus grands dans le domaine, comme Dream Theater, par exemple.
Divisé en dix parties, l’album doit cependant être considéré comme constitué d’un seul et même titre dont l’écriture a débuté en 2007. Les parties de guitare sont un vrai régal pour les oreilles de tout mélomane qui se respecte, tandis que le chant se montre absolument convaincant.
Je n’hésiterai donc pas à vous recommander chaudement ce splendide album puisque l’on y croise effectivement le fer ainsi que l’on peut découvrir des passages plus atmosphériques et même, j’oserais le mot, symphoniques. Faites donc votre bonheur.
Tibère
https://aeonzen.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=XbJdmT-lhVs&ab_channel=AeonZen

24/09/2021 - EP

Wax Mekanix
Mobocracy
hard rock/rock/pop – 26:59 – USA ‘20
Waxim Ulysses Mekanix est un vieux briscard natif de Pennsylvanie, fier comme Artaban de ses origines.
Sa page Facebook le présente affublé d'un costume trois pièces brun ligné, taillé pour JR, coiffé d'un couvre-chef à la Mickey Rourke dans «Once Upon a Time in Mexico», un style, une griffe, une personnalité, la classe rockeur assumée...
«Wax» n'est pas le petit puceau qui vient de naître. Il est l'un des fondateurs du groupe Nitro, formation rugueuse, pêchue et efficace, réponse américaine à la NWOBHM [New wave of British heavy metal, NDLR].
En parfait maître d’orchestre, il a surtout plusieurs casquettes, puisqu'il compose, produit, chante, joue des guitares, de la batterie et des percussions. Que dire de la substance? Du bien, que du bien; rien ne vaut l'expérience, comme dirait l'autre.
«Mobocracy» a des allures vintage sur l'emballage, mais ne vous y trompez pas, ça groove et ça pulse «jeune»!
«Blood In My Eyes», c'est du métal bien hurlant, «Victorious» et «Ghostland»: gentiment pop-rock, «All Freaks»: teenage-rock mais pas que, «Mad World»: hard-rock sophistiqué et, enfin, «Black» et sa folk attitude aux refrains ponctués, et... et... trois petits tours et puis s'en vont, en somme.
Sérieux, frère! C'est un pur condensé de savoir-faire rock!
Sans passer de la pommade à Wax, son court ouvrage mérite longue vie. En tous cas, c'est pas moi qui lui foutrais «l'EP»... j'en redemande encore... Ulysse reviennnnt, Ulysse revient!!!
Kaillus Gracchus

https://talonrecordsusa.bandcamp.com/album/wax-mekanix-mobocracy

https://www.youtube.com/watch?v=kV-WjXICBB0&ab_channel=ElectricTalonRecordsUSA

25/09/2021

Jack Dupon
La république dominicale du Zoo
RIO – 32:54 – France ’21
Productif, toujours énigmatique, Jack Dupon, groupe à quatre voix, deux guitares, une basse et une batterie (en tout, quatre musiciens), change, avec «La république dominicale du Zoo» sa façon de composer: si, avant, la musique émergeait dans la salle de répét’, collectivement et pour la scène, là, elle se crée pour le disque, et chacun à son tour prend la main sur un morceau, diversifiant la donne, rebattant les cartes des cinq chansons aux textes éclatés (l’écriture privilégie le cri stomacal à l’intelligibilité neuronale) mais à la maturité (presque) apaisée – on est bien chez Jack Dupon, «Muté» nous sécurise par sa continuité dans l’œuvre, «Ludus» est la navette de l’usine qui nous prend à l’aube («debout, debout!») pour le laminoir à chaud, tandis que «Garagiste» succède à «Taureau» comme la nuit au crépuscule: place à l’eau de la source et au repos après la bière de la pompe et la bringue.
Auguste

https://jackdupon.bandcamp.com/album/la-r-publique-dominicale-du-zoo

https://www.youtube.com/watch?v=hgSdSJt5e4Q&ab_channel=JackDupon

26/09/2021

Dr.Viossy
The Aventure So Far
progressive metal/guitar hero – 54:39 – Italie ‘20
Michele Vioni, alias Dr.Viossy (Michele "Dr.Viossy" Vioni - Official), est un compositeur, célèbre coach de guitare, guest de studio, producteur et youtubeur. Il a tourné en Italie et en Europe avec ses groupes et, en tant que guitariste, pour Edu Falaschi et Blaze Bailey (ex-chanteur d'Iron Maiden). Il s'est fait connaître sur YouTube grâce à son interprétation du troisième mouvement de Beethoven de «Moonlight Sonata» à la guitare électrique: en quelques mois plus de 16 millions de vues! Depuis, il poste des reprises comme celle de Queen («Bohemian Rhapsody»), d'autres interprétations de compositeurs classiques, des reprises de John Petrucci de Dream Theater et autres. Il est professeur spécialisé de guitare rock/metal/prog au MMI (Modern Music Institute) aux USA. Si je ne devais choisir qu'un titre, ce serait «Prima Ballerina», véritable leçon de guitare comme seuls les meilleurs savent le faire. On retrouve un peu de John Petrucci, Michael Schenker, Uli Jon Roth, Steve Vai, Joe Satriani… Vous voyez le niveau… Quelle finesse, quel son! Encore plus pur le titre «All I Knead Iz U!!1!». Il n 'y a pas que de la démonstration, sinon cela serait monotone, mais on retrouve beaucoup de passages aux riffs lourds et même du très bon heavy metal par moments. Une fois l'album terminé, on reste avec un sourire au bord des lèvres et on ne veut qu'une chose, s'en refaire un petit et on relance l'album. Une belle réussite vraiment à conseiller à tous les fans de guitare, de belles musiques variées et surtout de metal prog.
Vespasien

https://open.spotify.com/album/2ac2mhIVWbYRs61xXfd8j1?si=rnNKL4j9SWO-k65Kk2Xm3A&dl_branch=1&nd=1

https://www.youtube.com/watch?v=J3dYMUYJUmQ&ab_channel=Dr.Viossy

27/09/2021

Mick Paul
Parallel Lives
progressive rock – 63:46 – UK ‘21
Passer du statut de musicien à celui de songwriter n’est pas donné à tout le monde. D’ailleurs, Mick Paul aura attendu 2021 pour sauter le pas. Bien que certainement inconnu par la plupart d’entre nous, il est loin d’être un débutant puisqu’il entame son parcours musical au début des seventies. Son fait d’armes le plus marquant est certainement celui d’avoir rejoint le David Cross Band (formé, vous l’aurez deviné par l’ancien violoniste de King Crimson). C’est d’ailleurs au sein du DCB que Mick Paul a trouvé une partie des contributeurs à ce «Parallel Lives» qui s’offre à nous. Citons aussi la présence de David Jackson (oui, oui, celui de VDGG) ainsi que de Craig Blundell à la batterie.
Il serait exagéré de dire que cet album est ardu; toutefois, il faut plusieurs écoutes pour bien s’y installer et poser ses repères. Les morceaux sont courts et Mick Paul a fait aussi le choix de proposer certains morceaux plus axés sur les ambiances que sur une véritable composition. L’instrumentation est assurément soignée; à mon goût, cela «tricote» un peu de trop. On discerne parfaitement la complexité de certaines lignes instrumentales mais elles sont insuffisamment mises en valeur de par des compositions assez «fermées». C’est plus intimiste qu’ample et assurément pas symphonique. Le jeu des comparaisons est toujours difficile et ingrat. On peut rapprocher cet album de Peter Gabriel ou de Steven Wilson mais, surtout, cela m’a fait penser au travail de David Sylvian venant de quitter le groupe Japan et notamment son très bel album de 1986 «Gone to Earth».
À mon sens, il manque une ou deux compositions vraiment «tatouables» pour faire de cet album un incontournable, même si les derniers morceaux «Name On You», «Consigned to Reality» et «Morning Skyline» vous emportent vraiment.
Une nouvelle carrière commence pour Mick Paul; souhaitons-la-lui fructueuse après ce premier album tout à fait respectable.
Amelius
https://mickpaul.bandcamp.com/album/parallel-lives

https://www.youtube.com/watch?v=Ljh_DI6sMI4&ab_channel=shestop

28/09/2021

Metamorphosis
I’m not a hero
neoprog/symphonic-prog – 56:39 – Suisse ‘21
Metamorphosis (Metamorphosis swiss progrock), projet de 2001 de Jean-Pierre Schenk, sort son 6e album sur un son floydien, teutonique d’Eloy, RPWL, d’IQ aussi. Une musique mélancolique, intimiste, aux climats sombres et doux, aux claviers nerveux et mélodiques et au côté heavy par la guitare.
«Dark World» dans la veine néo prog, voix haute parlée, son latent avec basse imposante, synthés bien placés; break phrasé, claviers planants faisant monter le ton jusqu’au riff heavy dans un crescendo apocalyptique. «I'm Not a Hero» poursuit, basse éclairée par le clavier, ambiance hypnotique répétitive avec guitare explosive de toute beauté écartant cette morosité. «Little Stars Desintegrate» et sa superbe montée, on approche le «Division Bell» ici, c’est néo dégoulinant sans explosion mais délicatesse et spleen, limite désespoir avec voix monocorde et claviers envoûtants. «When Life Starts Again» basse et claviers flirtant jazzy «Subway» puis spatial amenant la guitare lourde pour un slow instrumental romantique sublime.
«More Is Less» sur une variation zeppelinienne, titre qui se confond avec les autres, majestueux, tourmenté, emphatique, solo final gras et jouissif à la Iris.
«I Will Leave Tonight» plus frais, mid-tempo, symphonique, néo de base qui rappelle au niveau orchestral Clepsydra pour la fusion synthé-guitare; planant puis énergique, le plus chanté et mélodique; la chorale surprend et ramène à une ambiance classique surprenante, grandiloquente. «Leftovers» posé, son de guitare impressionnant; une ode à la vie actuelle morose?, une ode d’espoir avec des réminiscences du Satellite d’antan; la voix en impose, me rappelle l’air du «Streets of Philadelphia» soutenue par la batterie métronomique. «So Now What» synthétique, concis, nerveux pour lancer «So Hard's the Road» avec une intro à faire fondre, une lente montée mélancolique inéluctable sans fin pour l’apothéose des instruments.
Le CD à posséder, un son imposant, austère, amenant à la rêverie mélancolique sur des paysages froids, sombres et intimistes; harmonies délicates qui le font rentrer définitivement dans un potentiel top 21.
Brutus
Non disponible sur Bandcamp et sur Spotify

https://www.youtube.com/watch?v=PWlXRkWANO8&ab_channel=odcienieartrocka

29/09/2021

Andrew Stone
The Pilgrim
progressive rock – 46:15 – UK ‘21
Ce «The Pilgrim» se veut inspiré du roman «Kim» de Kimball O’Hara qui narre les aventures d’un apprenti guidé par son Maître dans une quête initiatique. Cet album est donc comme un pèlerinage à la découverte du rock progressif tel qu’Andrew l’a ressenti à travers son cheminement personnel.
Influences diverses pour le musicien dont la démarche musicale, dès les seventies, l’a fait apprécier le rock progressif dans toute sa diversité. C’est ainsi que les pigments qui colorent son album sont foisonnants. Un premier titre, «A Hundred Thousand Years», qui se promène d’un canterbury soft «caravanesque» vers un rock jazzy teinté de Steely Dan. Un «The Universe Is Dancing (v2.0)», qui, sans détonner, et toujours imprégné des seventies, s’aventure davantage vers un progressif plus américanisé. «Sanctified» incorpore alors des sonorités un peu psychés sur des arpèges genesiens avant de bifurquer vers les sentiers de l’Inde (référence au bouquin de Kimball O’Hara encore), et qui rappellent peut-être un peu certains anciens albums de Steve Hackett. Un «Tocil Wood» en intermède avant d’entamer le grand voyage que constitue «The Pilgrim Suite» qui, du long de ses 22 minutes, nous entraîne langoureusement, comme à dos de dromadaire, vers des circonvolutions enchanteresses. Un parfum d’Orient, une idée du rock progressif soft des seventies; des sonorités émanant d’un passé riche, et une grande délicatesse des arrangements nous guident encore plus profondément dans les méandres initiatiques. Les images fusent au gré des notes qui s’égrènent, et toujours ce rythme lancinant qui dompte la chaleur, les mirages, et nous invite vers les tréfonds du rock progressif crimsonien… Un merveilleux voyage comme barbouillé aux pastels; des tons, des couleurs, des images, un voyage presque onirique.
Centurion

https://pilgrimstone.bandcamp.com/album/the-pilgrim

https://www.youtube.com/watch?v=sMAC6RcpnsM&ab_channel=FishintheSky

30/09/2021

Taï Phong
Dragons of the 7th Seas
pop symphonic rock – 65:43 – France ‘21
Voici un retour qui fera jaser, même si Tai Phong (Tai Phong Official) n’a jamais vraiment disparu grâce à l’abnégation de son leader Khanh Mai, seul survivant de l’époque dorée du fameux «Sister Jane». Comment ne pas citer ce tube énorme de l’été 1975, si on parle de Tai Phong, formation à part dans le paysage progressif français par sa musique portée vers la mélodie et la douceur, mais aussi pour avoir eu en ses rangs le célébrissime Jean-Jacques Goldman qu’on retrouve (!) d’ailleurs ici venu placer sa voix sur «Melody»? Surprenant invité qui accorde de son aura à un disque qui n’en a pas besoin tant la qualité mélodique n’a jamais disparu du champ de vision de son leader charismatique K. Mai. C’est désormais accompagné d’une chanteuse, Ketty Orzola, que Khanh propose une collection de chansons talentueuses, portées par un sens de la composition qui recèle toujours ce parfum de seventies entre chaque développement. Davy Kim (guitares), Bastien Macoine (claviers), Klod (basse) et Romuald Cabardos (batterie) sont dorénavant Tai Phong. De nombreux invités sont présents également pour asseoir l’aspect symphonique d’un rock progressif oserais-je dire «mainstream», enfin de celui qui plaira à tous ceux qui n’aiment pas avoir les tympans torturés. Bref, on est ici plus près d’un B.J.H. que d’Univers Zero, vous le saviez déjà. Je pense à «The Boy in the Storm» et «Dragon», où la voix de Ketty fait des merveilles dans un registre éthéré, ou au sublime «Flow» et la guitare de Khanh qui survole dans des glissandi d’une beauté émouvante: on retrouve pareille sensation avec le splendide «Sabishii»... Deux instrumentaux à la suite qui décollent à une hauteur mésosphérique! À signaler que le CD renferme quatre morceaux bonus track dont le fameux «Melody» chanté en anglais par JJG. Pour être franc avec vous, il s’agit du tout premier titre enregistré par Goldman en 1973 et un véritable inédit; la qualité n’est pas géniale mais ça n’en reste pas moins la première chanson de notre JJG national à être publiée depuis des lustres! Cet album du renouveau, même s’il renferme une connotation Yes/Genesis encore prégnante, lorgne plutôt du côté d’une pop classieuse à relents symphoniques, comme on en faisait entre 74 et 76. On sait que Tai Phong a toujours été un pourvoyeur de mélodies troussées au fil de soie, mais, pour ce «Dragons of the 7th Seas», la troupe s’est surpassée et des passages en radios seraient amplement mérités! Un disque qui oscille entre pop sympho et, osons le mot maudit, «variétés», mais qui mérite votre oreille car la beauté lyrique de la voix de Ketty et la guitare de Khanh proposent un voyage au pays de la sérénité...
Commode
Album non disponible sur Bandcamp et sur Spotify

https://www.youtube.com/watch?v=oZckTfCmWC8&ab_channel=TAIPHONGVIDEOS