Décembre 2022
- 01/12/2022 : Wired Ways - Wires Ways
- 02/12/2022 : Wilderun - Epigone
- 03/12/2022 : Brendan Pollard - Cycles and Pulses
- 04/12/2022 : Thierry Zaboitzeff - 50 ans de musique(s)
- 05/12/2022 : Versa - A Voyage / A Destination
- 06/12/2022 : Andy Pickford - Radiosilence : Derelict Spaces
- 07/12/2022 : Proportions - The Odd Land Of Nod
- 08/12/2022 : Phoenix Again - Vision
- 09/12/2022 : Jean Pascal Boffo - In Spiral
- 10/12/2022 : Nathan Hall and the Sinister Locals - Golden Fleece
- 11/12/2022 : Temps Calme - Vox III
- 12/12/2022 : Secrete Session
- 13/12/2022 : Hawkwind - We are Looking In On You
- 14/12/2022 : Haven of Echoes - The Indifferent Stars
- 15/12/2022 : Francesco Gazzara - Progression
- 16/12/2022 : Evership - The Uncrowned King – Act 2
- 17/12/2022 : Somali Yacht Club - The Space
- 18/12/2022 : Le Trio Voyageur - FU-RIN-KA-ZAN
- 19/12/2022 : Devin Townsend - Lightwork
- 20/12/2022 : Kansas - Another Fork In The Road - 50 Years Of Kansas
- 21/12/2022 : Berlin Heart - The Low Summit
- 22/12/2022 : Deaton Lemay Project - The Fifth Element
- 23/12/2022 : Amon Acid - Cosmogony
- 24/12/2022 : Oho - Ahora
- 25/12/2022 : Charlie Griffiths - Tiktaalika
- 26/12/2022 : Macchina Pneumatica - Appartenenza
- 27/12/2022 : ESP Project - Anarchic Curves
- 28/12/2022 : Banda Belzoni - Timbuctu
- 29/12/2022 : Millenium - Tales Of Imaginary Movies
- 30/12/2022 : MesaVerde - KY
- 31/12/2022 : Oak - The Quiet Rebellion of Compromise
01/12/2022 : Wired Ways - Wires Ways
Wired Ways
Wired Ways
rock psychédélique / rock progressif – 43:42 – Allemagne ‘22
1er album d’un collectif entre Berlin et Hamburg. Que nous devons à Richard Schaeffer et Denis Rux. C’est dans le but de créer un album prog nourri par la vénération des Beatles et du son années 60 et 70.
«Ticket Tally Man». Très Beatles d’entrée (voix et musique), le projet est dédié, d’aucuns le sentent, au fun et aux passions musicales. Comme l’impression d’écouter des chutes de studio de «Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ». Frais et sympathique!
«Peacock on the Highway». Un disque qui ne peut trahir son inclination pour le classic rock 60’s et 70’s. Une voix qui évoque Jack Bruce. Un brin de Spirit. Fleure bon le rock West Coast et Haight Ashbury. Harmonies vocales soignées.
«Lazy Daisy». Un album bien planant. Comme dit plus haut, Liverpool est bien présent. Avec un soupçon de prog. Agréable et bien fait. De beaux arrangements et une bonne instrumentation (Sir George Martin leur a envoyé ses inspirations), la guitare sonne très bien. Ambiance à la Nektar.
«Hànội Tramway». Un morceau plus méditatif bien psyché aussi. Les voix sont vraiment au top, merci! Un départ vers des horizons plus space rock. Et plus sombre.
«Mosquitoes». Ici c‘est le versant plus pop/prog mélancolique. Influence King Crimson avant de repasser en mode soleil. Du beau travail avec une musique qui évoque les bons comme les mauvais moments de la vie.
«Perpetuum Mobile». Un beau morceau de psyché pop chatoyant et connoté comme j’aime. Kula Shaker vient à l’esprit. Jack Bruce aussi une fois de plus. Musicalement ça coule tranquillement (guitare et claviers). Très sympathique et ce son de sitar!
«When the Doors are Closed». Un trip de plus à ajouter à ma collection. Très Sergent Pepper's à nouveau. Une guitare renversante. J’insiste vraiment sur les prouesses vocales. Une ambition qui n’est pas sans rappeler celle de The Syn du regretté et unique Chris Squire.
«Another Sad Man». Je suis aussi très heureux de constater cet amour des Fab Four car il est très noble. Quand je pense qu’une presse conciliante avait osé accorder de l’importance aux insignifiants «Fool’s Garden» et leur anecdotique «Lemon Tree» en disant qu’ils rappelaient les Beatles (c’était insipide). Influences prog bien amenées (à nouveau King Crimson). Très beau, sincèrement.
«Planet 9». Je vais rentrer avec eux sur leur planète. Un feeling à la Spirit également (The Family That Plays Together).
Très séduisant.
Mission accomplie.
Fatalis Imperator
https://wiredways.bandcamp.com/releases
02/12/2022 : Wilderun - Epigone
Wilderun
Epigone
metal progressif – 71:17 – États-Unis ‘22
Classé dans mon top 3 en 2020 avec leur excellent album «Veil Of Imagination» pour lequel je ne tarissais pas d’éloges: subtilité, inventif, puissant… Wilderun fut une découverte très heureuse. J’espérais donc rencontrer un digne successeur, puisque ce mot est la définition de «Epigone», mais vous l’aurez sans doute compris (surtout si vous avez déjà jeté un œil à ma cote), même si ce nouvel album tient la route, il ne m’est pas revenu ce plaisir d’écoute de nouvelles sonorités.
Wilderun nous vient de Boston. Parmi les 5 musiciens, le chanteur Evan Anderson Berry accomplit la voix claire très (trop?) douce et le chant guttural, ce qui, il faut l’avouer, est une belle performance. On retrouve bien entendu la guitare acoustique mais aussi le son lourd et les riffs métalliques, également des chœurs qui donnent un aspect symphonique. Une nouveauté cependant: des jolies notes de mandoline. L’album se veut en deux temps: une première partie, puis l'interlude «Ambition» (un instrumental mystérieux qui offre enfin un côté expérimental), avant la seconde partie composée de «Distraction I», «Distraction II», «Distraction III» (présence d’une musique presque classique), trois titres à consonance cinématique et «Distraction Nulla» (aussi un instrumental) où se déchainent tous les instruments, un essai intéressant (mais est-ce réussi?). Comme sur «Veil Of Imagination», le dernier titre est une reprise; il s’agit ici de celle de Radiohead, «Everything in its right place», façon metal symphonique. Un album qui devrait plaire aux amateurs de prog metal, notamment grâce aux belles envolées guitaristiques, mais pour ma part je préfère quand c’est moins typé.
La Louve
https://open.spotify.com/album/1fvGhdUzdva8Y7vHD8RtNV
https://www.youtube.com/watch?v=lcRWxBPjDPQ
03/12/2022 : Brendan Pollard - Cycles and Pulses
Brendan Pollard (Brendan Pollard Rogue Element)
Cycles and Pulses
berlin school – 64:28 – Royaume-Uni ‘22
Voilà un musicien qui ne peut cacher son amour pour le Tangerine Dream de l’époque Virgin. Synthés modulaires, LFO et filtres «delay», Elka Rhapsody, ARP Omni 2 et Mellotron y sont associés pour créer ces ambiances planantes et séquentielles des seventies avec les effets de chœurs que l’on pouvait trouver sur des albums comme «Rubycon», «Ricochet» ou «Phaedra». «Process» est l’un de ces miroirs du son TD d’alors, quasi le frère jumeau de «Rubycon». Depuis des années, Brendan revisite l’univers du grand Edgar et de ses complices et c’est un réel bonheur pour qui ne jure que par eux de les retrouver en quelque sorte ici. Mais l’artiste a collaboré aussi avec d’autres ténors de l’e-music comme Javi Canovas, Adrian Dolente et Michael Daniel et je citerai ici l’excellent «Two Roads» sorti en 2013. Outre les phrasés tangeriniens reconnaissables entre tous, Brendan explore encore, dans sa composition «Re-Pulse», le lointain passé de Klaus Schulze où flottent les fantômes d’«Irrlicht» donnant naissance à un ambient d’avant les synthétiseurs analogiques et numériques. Ambiance mordorée où la voix des anges flotte en psithurisme galactique. Puis Brendan replonge dans la veine des albums solo d’Edgar Froese pour achever la trame mélodique en remodelage de séquences vintage pionnières de la Berliner Schule. Les fans des premières heures du genre vont donc se régaler. Et si c’est le cas, dans la foulée, je recommande «Expansion», «Prologue» et «Phrases and Protocols». Superbes pépites de sa discographie.
Clavius Reticulus
https://brendanpollard.bandcamp.com/album/cycles-and-pulses
04/12/2022 : Thierry Zaboitzeff - 50 ans de musique(s)
Thierry Zaboitzeff
50 ans de musique(s)
rock in opposition – 3:37:59 – France ‘22
Comme vous pourrez le lire dans l’interview que Thierry Zaboitzeff nous a accordée, cela fait 50 ans qu’il pratique son art, aussi bien en solo qu’avec Art Zoyd, Aria Primitiva ou encore Thierry Zaboitzeff & Crew. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour un autodidacte, notre homme s’en sort haut la main. Pour être honnête, je ne connaissais guère ses réalisations car, jeune, je ne disposais que de peu d’argent de poche et je le réservais à l’acquisition de musique progressive bien sûr, mais moins avant-gardiste. Je n’ai fait connaissance avec son univers que lorsqu'il est venu nous présenter son projet Aria Primitiva au Centre Culturel de Soignies, en 2018, à l’occasion du festival Les Intemporelles. J’ai été immédiatement subjugué et conquis, incité que j’étais à suivre sa carrière d’un peu plus près. La sortie de cette compilation qui mélange habilement les époques est donc une chance exceptionnelle de découvrir ce grand artiste d’une gentillesse tout aussi enthousiasmante. C’est pourquoi je vous invite à vous précipiter sur cette sortie.
Tibère
https://thierryzaboitzeff.bandcamp.com/album/thierry-zaboitzeff-50-ans-de-musique-s
05/12/2022 : Versa - A Voyage / A Destination
Versa
A Voyage / A Destination
folk progressif – 53:35 – Canada ‘22
Versa nous vient de Victoria au Canada (en réalité, la Colombie-Britannique). Le groupe s’est formé en 2006 avec Matthew Dolmage, Kevin Grady, Hollas Longton, Benjamin Rancourt et Anthony Theocharis. Le groupe se compose désormais des membres fondateurs Matthew, Ben et Anthony, avec Michelle Edwards à la trompette et Janelle Wrona aux claviers et aux percussions. Hollas continue de participer à l’écriture depuis son poste en Hollande.
Si la base peut s’assimiler à du folk progressif, remarquons immédiatement qu’il s’agit, en réalité, de bien plus que cela puisque leur musique est enrobée d’ambiances ambient et post-rock, accompagnée notamment de violons. Vous me direz que c’est normal car nous approchons (à l’instant où j’écris ces lignes) de l’automne qui blesse mon cœur d’une langueur monotone. Mais ne nous laissons pas envahir par les torpeurs typiques de cette saison. Cet album est une pure merveille composée de 4 titres (dont l’un, le dernier, atteint quand même les quasi 27 minutes).
Le premier titre, «Pool of the Naiads», nous emmène déjà, tout du long de ses 15:30, dans les brumes ténébreuses propres à cette période de l’année. Ne vous méprenez pas, car vous serez réveillés par une approche très nettement progressive et musclée dès les deux minutes atteintes. Sans entrer dans le détail des compositions présentes sur l’album, la plage terminale, «Voyage», dont je viens de vous parler plus avant, s’avère être simplement fantastique (on y trouve du violon, de la mandoline, des chœurs magnifiques).
Mais faites donc l’expérience par vous-mêmes, nul doute que vous serez entièrement conquis!
Tibère
https://versaversa.bandcamp.com/album/a-voyage-a-destination
https://www.youtube.com/watch?v=1IV8YdX7Ol4
06/12/2022 : Andy Pickford - Radiosilence : Derelict Spaces
Andy Pickford
Radiosilence : Derelict Spaces
ambient / chill spatial – 76:26 (+ 16bit one track) – Royaume-Uni ‘22
Il y a plus ou moins deux ans, Andy Pickford crée une branche pour y loger son talent de maître à rêver alimenté par ses compositions purement ambient ou spatiales. Là où tout est calme et volupté. L’ambient «made in Picko» a ceci de particulier qu’il ne s’apparente à aucun genre connu parce qu’il y a toujours ce petit quelque chose sis dans tels rythmes légers ou telles sonorités qui font que… «Shrine» rappellera tant soit peu les marées cosmiques chères à Brian Eno. Un développement riche en nuances qui s’élèvent majestueusement en poussières d’étoiles. «Transhedral», spatial, akashique, ascenseur cosmique greffé sur une palette Roachienne. Sérénité absolue. Le voyage se poursuit sur les ailes d’un rêve baigné d’absolue quiétude. Effets «marimba» en touches subtiles et séquentielles pour une «Heliopause» qui se complète d’effets de profondeur sur trame cosmique. Les non-initiés ne sont pas mûrs pour en apprécier toute la palette mélodique. Vagues synthétiques et complétion de plus en plus dramatique au fil des secondes qui peignent «Elucidelia»; caressez les ailes d’un ange, elles sont tissées dans votre corps astral. Glissements en suspension entropique où planent de subtiles luminescences. «Fractopolis» achève l’auditeur, hypnotisé par ses coulis séquentiels, cocons où fluident des cascades de plénitude. L’ombre de Eno, encore, est à un ou deux sauts quantiques. Rêvez, rêvez, laissez-vous envelopper dans l’intemporel de cette magie mélodique. Une musique qui ne peut en aucun cas laisser indifférent.
Clavius Reticulus
https://andypickford1.bandcamp.com/album/radiosilence-derelict-spaces
https://www.youtube.com/watch?v=Xo6e2PCrElc&list=OLAK5uy_kWVpOk6dCoFQYmEF_wUwMxp0j6JDw28vw
07/12/2022 : Proportions - The Odd Land Of Nod
Proportions
The Odd Land Of Nod
rock progressif / jazz fusion – 57:29 – International ‘22
Après avoir tué son frère, Caïn trouva refuge en Pays de Nod, terre située à l’est d’Eden. Cette précision géographique a conduit certains exégètes à vouloir localiser le Pays de Nod dans l'actuel Afghanistan.
Mais il est plus vraisemblable que «Pays de Nod» soit en fait le fruit d'un jeu de mots en hébreu entre «Nod» et le mot traduit par «vagabond» dans un des chapitres du Livre de la Genèse.
Le Pays de Nod serait une terre d'errance, sans limites spatiales… Et c’est ainsi que s’offre à nous une possibilité de compréhension de la philosophie musicale du groupe.
Les musiciens travaillent par Internet, chacun envoyant aux autres membres des démos approximatives et permettant à chacun d'ajouter sa propre contribution.
Leur musique mélange le jazz fusion avec de nombreux styles différents de rock progressif, de folk progressif au symphonique en passant par l'expérimental, tout en tâtonnant avec des signatures rythmiques originales tout au long de chaque morceau.
Les instruments acoustiques (piano, flûtes, mandolines, penny whistle, guitares, saxo alto) côtoient les instruments électriques (tous les autres).
L’ensemble est plutôt réussi, tel titre démarre avec une signature rythmique jazzy puis soudainement nous voilà projetés dans le monde du rock progressif. Nous voyageons continuellement de l’un à l’autre avec des sons typiques de l’un utilisés sur des tempos de l’autre et vice versa…
À la lecture de ce qui précède, il doit vous venir à l’esprit que l’attention voire la concentration est de mise à l’écoute du travail présenté par Proportions ainsi que des réécoutes successives pour bien apprécier la créativité, l’inventivité et le souci du détail de nos compositeurs. Alors ce pays (Land) vous paraîtra moins étrange (Odd) qu’il ne l’était et peut-être que derrière l’éclectisme vous découvrirez une cohérence illuminatrice!
Publius Gallia
https://propsreboot.bandcamp.com/album/the-odd-land-of-nod
08/12/2022 : Phoenix Again - Vision
Phoenix Again
Vision
rock progressif italien – 52:38 – Italie ‘22
Phoenix Again est une affaire de famille. Les Lorandi. Né Phoenix en 1981. En trio, les frères Claudio (guitare), Sergio (basse) et Sylvano (batterie) peinent à publier en 91 une cassette, «Alchimie». Et comme de très nombreux (et bons) groupes italiens de l'époque, ils se séparent après cette seule concrétisation. Claudio décède en 2007. Trois ans plus tard apparaît Phoenix Again. Pléonasme?
Actuellement composé des Lorandi: Sergio, Marco (guitares), Antonio (basse), Giorgio (percussions), plus Silvano Silva (batterie), Andrea Piccinelli (clavier), le groupe publie son 5e album.
«Ouverture»: immédiatement captivant avec son Hammond et son thème orientalisant, le développement fait d'un jeu de guitare et de synthé croisés est parfaitement enthousiasmant. Il faut toujours soigner son intro. C'est le cas!
«Moments of life» reste dans cette verve, en plus poignant, pizzicati vs nappes de synthé puis quand tout s'apaise un Rhodes et une guitare sèche solo exploitent un joli thème que vient ensuite soutenir un Hammond. Rêverie émouvante, jusqu'à l'arrivée d'un motif synthétique et d'une batterie plus nerveuse, pour une envolée symphonique qui finit en un mixte de RPI effréné et de Tangerine.
«Triptych»: puissant, crimsonnien comme nombre de pépites dans ce morceau, un peu math, mais brillant!
«Air»: guitares sèches arpèges, un joli thème ciné, un riff de basse. Des rebondissements à foison.
«Psycho»: intro goblinesque pour une pièce nerveuse.
«La Fenice alla Corte del Re»: le phœnix à la cour du Roi, c'est clair! Un peu période Belew, un peu «Red» aussi, et la folie RPI! Belle œillade.
«Propulsione»: choral, seuls chants dans cet album totalement instrumental par ailleurs.
«Mamma RAI»: kaléidoscope, comme la TV, avec pointe folklorique très RPI et le «Te Deum» de Marc-Antoine Charpentier!
«Threefour»: hommage à leur 1er album? Écriture cursive un brin nostalgique.
En conclusion, Phoenix Again confirme ici être une des valeurs sûres au riche pays du RPI.
Cicero 3.14
https://phoenixagain.bandcamp.com/album/vision
https://www.youtube.com/watch?v=s2oEhLjROQY
09/12/2022 : Jean Pascal Boffo - In Spiral
Jean Pascal Boffo
In Spiral
rock progressif planant – 44:06 – France ‘22
Cela fait un bon bout de temps que l’ami Boffo, lutin ludique de la guitare en territoire lorrain, nous abreuve de ses opus solos. Depuis 1975, JPB parcourt l’univers progressif français avec un talent qui s’est épanoui au sein des Larsen, Déjà-Vu, Mandragore, Geheb-Ré, Troll, 3Cac & Co, Decamps & Fils et Alifair… N’en jetez plus, vous avez là une flopée de formations bien connues du microcosme national. Outre ses capacités à nous interpeller au fil du temps avec des albums où il entrelace guitares et expérimentations accessibles, JPB trône au centre du studio Amper à Clouange où l’artiste est aussi producteur, mixeur, preneur de son et j’en passe. Plus de 250 disques sont passés entre ses mains ou plutôt ses oreilles expertes depuis 1990! En 2022, il nous propose son quatorzième album en solitaire ou presque puisqu’il est en compagnie des bassistes Claire Chookie Jack et Patricia Alves Peito, du claviériste Séraphin Palmeri et du batteur William Bur, sans oublier les chœurs du Conservatoire de Metz pour ce «In Spiral» plutôt inspiré. Il en a fait du chemin depuis le petit premier «Jeux de Nains» en 1985, premier disque également sorti chez le célèbre label Musea! Alors, qu’en est-il pour le petit dernier? J’oserai dire que je retrouve la magie timide des trois premières rondelles parues dans les années 80, la trilogie «Jeux de Nains/Carillons/Rituel», tout en ayant évolué de style. Au fil des dix morceaux, on songe parfois au King Crimson des années 80, mais en beaucoup plus doux; ce doit être les percus qui font cet effet-là… L’éloquence des thèmes, leur «facilité» à se promener d’une oreille à l’autre, rappellent que le son Boffo était partie prenante des albums de Décamps & Fils car je perçois ici des tournures chères à l’artiste quand il honorait de sa guitare les chansons de Christian Décamps aux alentours des années 94/95. Je pense en particulier au très beau «Childhood Dream», langoureux à souhait. La guitare s’enroule en arabesques mélodieuses (c’est encore plus flagrant au casque) et ses boucles entrelacées sont de vrais accroche-cœurs. Complètement instrumental, ce nouvel opus fera rêver ceux qui ont l’âme en bandoulière et l’imagination facile car les voyages de Jean-Pascal Boffo sont d’une beauté indécente.
Commode
https://jeanpascalboffo.bandcamp.com/album/in-spiral
https://youtu.be/WwR4Zmse6NY
10/12/2022 : Nathan Hall and the Sinister Locals - Golden Fleece
Nathan Hall and the Sinister Locals
Golden Fleece
rock psychédélique – 45:39 – Pays de Galles ‘22
Natif de Cardiff, capitale du Pays de Galles, Nathan Hall mène de front deux croisades musicales, avec les Soft Hearted Scientists par là et les Sinister Locals par ici, les deux ancrées du côté psychédélique de la vague, avec une touche plus mélancolique du côté «sinistre». La collection de quatorze chansons de «Golden Fleece», sixième album de Nathan Hall and the Sinister Locals, tourne autour des recettes éprouvées du genre: on se réfère plus ou moins directement aux Beach Boys, à la psilocybine, à Jim Morrison, à 1967, au Laurel Canyon de Los Angeles et la musique est à l’avenant: proprette et lisse, au tempo de sénateur, des fleurs dans les cordes, parfois rehaussée de synthés analogiques (le joli «I Won't Take You For Granted», qui se détache de l’ensemble avec, dans une moindre mesure, «The Jellyfish»), aimable et sympathique – mais l’été de l’amour et des révolutions pacifiques, c’était en 1967 et, à ce stade du développement, ça date un peu.
Auguste
https://nathanhallandthesinisterlocals.bandcamp.com/album/golden-fleece
11/12/2022 : Temps Calme - Vox III
Temps Calme
Vox III
électro progressif – 31:25 – France ‘22
Temps Calme est un trio lillois dont vous pourrez lire l’interview ailleurs dans ces pages. Bien qu’ayant sorti un premier EP en 2019 et un album, «Circuit», en novembre 2020, les voici donc à nous faire parvenir leur deuxième production. Ils nous proposent un électro légèrement progressif dans un style, comme leur nom l’indique, calme et sans vague. Je pointerais, pour ma part, un aspect répétitif, notamment sur «Coywolves». La mélodie de «Ice Floe» est entêtante et d’une douceur infinie, sertie d’un travail très intéressant sur les voix. Veuillez noter toutefois que les claviers que l’on entend tout du long de cette plaque sont analogiques, ce qui assez rare que pour être signalé. Je vous encourage par conséquent à laisser traîner vos oreilles sur cette production et à aller les encourager en concert.
Tibère
Bandcamp: https://tempscalme.bandcamp.com/album/vox-iii
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=vYywFXYaTOc
12/12/2022 : Secrete Session
Various Artists
Secrete Session (LES SECRETES SESSIONS)
expérimental – 87:42 – France ‘22
Quand le label Dur et Doux réunit une pléiade de ses artistes afin de créer quelque chose ensemble, cela donne Les Secrètes Sessions. C’est à la Tannerie de Bourg-en-Bresse que le label a réuni, trois jours durant, Mélissa Acchiardi, Anthony Béard, Guillaume Bertrand, Myriam Bovis, Cynthia Caubisens, Pierre Chanel, Maud Chapoutier, Rémi Foucrier, Stéphane Giner, Pierre Glorieux, Guillaume Lagache, Guilhem Meier, François Mignot, Estelle Mouge, Judith Saurel afin de créer un spectacle de deux heures, composé de chansons inédites. Il y a évidemment et comme toujours dans ce genre de projet à boire et à manger. Par exemple, il m’est difficile d’apprécier un titre comme «Harissa et Lexomil». A contrario, et c’est définitivement mon titre préféré, «Tapo» a tout pour plaire…
Des questions existentielles sont également posées: «Si je me mange moi-même, est-ce que je double de volume ou est-ce que je disparais» dans «Mange Route» (que personnellement, j’adore!). On trouve également une sorte de jazz expérimental de longue durée (13 minutes pour «Jull»). «Le Pote de Vanessa» nous sert une ritournelle nous plongeant dans un univers proche des Tueurs de la Lune de Miel. Un petit Noël funkysant pour quitter nos amis? Voilà que déboule «Noël à Saint-Tropez».
Il faut de tout pour faire un monde: Dur et Doux (et ses artistes) vous le propose avec un album qui ne plaira pas forcément, car il demande une oreille attentive et, surtout, curieuse!
Tibère
https://duretdoux.bandcamp.com/album/secrete-session-dur-et-doux
https://www.youtube.com/playlist?list=PLESAVlYIBEfBNointwg6-rZ9z6xNDLVZ4
13/12/2022 : Hawkwind - We are Looking In On You
Hawkwind
We are Looking In On You
space rock / psyché – 111:33 (2 CD) – Royaume-Uni ‘22
Enregistré en 2021, ce double album «live» est le énième enregistrement public du groupe, Maître incontesté du genre et prolifique s’il en est. Alors on pourrait se poser la question: pourquoi encore acheter un tel opus? Certes, un double album rassemble un maximum de leurs grands standards et il faut reconnaître que dans la veine «live» on a connu pire chez eux. Mon ressenti qualitatif est pourtant plus que mitigé. Aucun relief sonore au niveau du travail de production et c’est bien celle-ci qui dérange. Quant au choix des plages, on trouvera un large échantillonnage des «hits» de la grande époque (exemples: «Warrior on the Edge of Time», «Doremi, Fasol, Latido», «(X)in Search of Space»), superbement interprétés (le «Brainstorm», entre autres, survitaminé et speedé à souhait) et des plages extraites de leur dernier album studio, «Somnia» (2021), de très bonne facture celui-ci. Pour l’humour, on épingle un clin d’œil à Tom Jones: «It’s not Unusual» chanté «faux» à souhait. La liste se complète de beaux arpèges de piano («Peace», quasi classique et bien trop court) et d’un travail parfois plus subtil comme le cool «Neurons», ballade atmosphérique en ouverture par ses coulis de synthé doublés d’un piano langoureux, avant que ça ne dépote à nouveau façon mitraillette, et «It’s only a Dream», quasiment de la veine prog cette fois. Mais, au total, pas vraiment de surprises et, il faut l’admettre, un tableau assez monotone dans sa linéarité lénifiante, mais le public beuglant (heureusement bien porté en arrière-plan) semble apprécier. Comme pas mal de productions «live», je pense qu’il vaut mieux assister au concert que de l’écouter chez soi. Pour inconditionnels, on l’aura compris.
Clavius Reticulus
https://hawkwindofficial.bandcamp.com/album/we-are-looking-in-on-you
14/12/2022 : Haven of Echoes - The Indifferent Stars
Haven of Echoes
The Indifferent Stars
cinematic / crossover / progressive rock – 43:52 – Allemagne ‘22
Haven Of Echoes c’est le nouveau projet de Paul Sadler et Andreas Hack accompagné de sa fidèle Nerissa provenant des groupes Spires et Frequency Drift. Du progressif mélancolique cinématique actuel se démarquant par la voix et l’ambiance du son Frequency Drift et de la puissance métallique à la porte de l’art-rock.
«Sirensong» lourd, réverbérant, sur les Crippled Black Phoenix, plus loin Killing Joke; un rock sombre à la Soen; atmosphérique teinté d’un break violon mélancolique, cold-wave entraînante avec des nappes de synthés; final jouissif laissant éclater une voix hurlée, ôm. «The Orator’s Gift» atmosphérique, pads tribaux, ambiance pesante à la Gabriel; Paul lance sa voix sur un air binaire pop aux Leprous; break cinématique sublime. «Stasis» part dans le rock-pop sombre, à la lisière d’un Depeche Mode; Nerissa distille quelques notes de harpe accompagnant Andreas dans tous les recoins; l’association voix-instrumental reste envoûtante.
«Endtime» se veut éthéré, donnant à Paul la place incantatoire qui lui sied; dynamique, jovial; break brut avec un piano esseulé sur la voix en cristal, ça monte tel un mantra au crescendo lyrique et teutonique. «The Lord Giveth…»: ah cette intro, on se croirait dans «Silent Hill»; air lent, gothique, le rock actuel s’affranchissant des marqueurs prog tout en proposant l’ambiance; malsain, sublime, glaçant. Titre onirique voué à l’expiation musicale. «Let Them In»: final classique avec l’orchestre, joute entre la voix de Paul émotive et les instruments; flûte, piano, arpège guitare, mandoline, harpe, vibrant; des ruptures dans ce titre exceptionnel où Paul livre des soli vibrants.
Haven Of Echoes projet d’un jour? En tout cas, ils ont tout pour plaire; le rock mélodique aérien et fruité des Frequency Drift s’est mué ici en néo-classique perlant de sensibilité archaïque, où les atmosphères créent des climats d’ambiances singulières entre romantisme et mélancolie, débordants de beauté et avec des touches cinématiques, amen.
Brutus
frequencydrift.bandcamp.com/album/the-indifferent-stars
www.youtube.com/watch?v=8cdYk2uG6IU
15/12/2022 : Francesco Gazzara - Progression
Francesco Gazzara
Progression
prog symphonique génésien – 65:05 – Italie ‘22
Parmi une discographie jazz très fournie, Francesco Gazzara avait déjà publié 3 disques de transcriptions piano de Genesis et un livre «Genesis dalla A alla Z». Voilà qui prouve son admiration! En créant cet album instrumental basé sur la plus ancienne carte du Royaume-Uni, datée du 14e siècle, il y sublime sa passion. Il y propose un périple de 11 villes, de Southampton à Canterbury, d’une musique originale, aux sonorités et instruments vintage très génésiens, avec, parfois, de vrais fragments qui raviront les fans de Genesis.
Autant ses disques de transcriptions pour piano, parfaits dans leur conception et leur exécution, me laissent, un peu, sur ma faim, autant je trouve beaucoup de charme à ce périple dans le sud briton, effectué en compagnie de 6 musiciens sur 22 instruments. Voilà qui est plus riche et donc plus prog qu'un clavier solo, même sous les doigts d'un virtuose!
Après une introduction solennelle, «Misericordiae», nous entamons le périple par une corne de brume dans le port de «Southampton» où nous fêtons le retour à terre de Hogweed à 3:50.
À «Chichester», le souper est prêt; attendons la bataille à 2:20!
En conséquence, on ne s'étonne pas à «Bramber» d'apercevoir un peu le détroit du Fifth au milieu de Broadway, éclairé par la lune de l'homme fou. À «Lewes», on se fait un cinéma. Le périple s'achève à «Canterbury», centre d'un prog de haute école, sans qu'il y soit fait allusion d'ailleurs, où seul un petit coup de couteau nous rappelle le trépas du groupe vénéré.
Ce disque ravira au-delà du cercle des fans, car les fragments presque originaux, ne représentent à chaque fois que quelques secondes dans de riches morceaux de 3 à 8 minutes. Ces clins d’œil enrichissent le propos, où pointent aussi, parfois, des influences minimalistes («Arundel»).
PS Génésiens! Les commentaires sont là pour recevoir les fragments découverts!
Cicero 3.14
https://francescogazzara.bandcamp.com/album/progression
https://www.youtube.com/watch?v=4KpLrITo6ow
16/12/2022 : Evership - The Uncrowned King – Act 2
Evership
The Uncrowned King – Act 2
rock progressif symphonique – 57:55 – États-Unis ‘22
L’histoire de Shane Atkinson est pour le moins inhabituelle. Compositeur, multi-instrumentiste, producteur et ingénieur, il a fait ses premières armes en jouant dans des groupes basés à Nashville (d’où est natif son compatriote Neal Morse), à partir de la fin des années 80. Notre homme a ensuite fait carrière dans l’informatique, sans pour autant abandonner l’écriture de ses propres morceaux. Suite à un rêve qu’il fait en 2005, Atkinson a alors une révélation et vend sa maison, déménage, construit un studio d’enregistrement et lance son entreprise de production de musique de films pour financer la sortie de ses futurs albums. Le temps que son business fleurisse, Evership voit le jour en 2016.
Cette année sort son quatrième album qui continue le conte, débuté dans le précédent, et qui raconte l’histoire d’un pèlerin cherchant l'illumination spirituelle dans une terre désertique lointaine.
Je ne sais pas si cet album, comme l’a été l’Act 1, a été enregistré à l’aide d’une console analogique Harrison (construite à Nashville) en provenance directe des années 70 et utilisée à l’époque par Kansas pour son «Leftoverture» et aussi par Styx et Johnny Cash.
Surpris par le premier titre que je qualifierais de grandiloquent (mais n’est-ce pas la qualité d’une ouverture?), je suis resté coi dès le second, sans doute le meilleur de la galette, au point de le repasser plusieurs fois avant de continuer le reste de l’album.
Quoi qu’il en soit, le disque offre d'excellents titres et quelques pépites «genre feux d’artifice». La voix de Beau West vous emmène dans un style «à la Steve Walsh». Il est expressif, planant, fragile, mais sans manquer d’audace ni de passion.
Shane s’occupe des claviers, des percussions, son frère James se pose comme un virtuose de la guitare et Ben Young est d’une précision diabolique à la basse.
Cet album, d’une dimension yessienne, peut prétendre se hisser au niveau des meilleurs, écoutez «Missive Pursuits», «Fading Away» ou «Uncrowned»… Et il aura une place d’honneur dans les tops (et les cadeaux!) de fin d’année.
Publius Gallia
https://friendsoftherevolution.bandcamp.com/album/the-uncrowned-king-act-2
17/12/2022 : Somali Yacht Club - The Space
Somali Yacht Club
The Space
post-metal psychédélique – 45:16 – Ukraine ‘22
Le groupe Somali Yacht Club pratique une musique essentiellement instrumentale (les voix ne sont là que pour souligner les mélodies entêtantes développées tout au long de l’album). Leur musique utilise des éléments provenant aussi bien du rock psychédélique, du stoner, du shoegaze et du progressif voyageant dans ces eaux éthérées. En effet, nous sommes effectivement conviés dans un espace infini à l’écoute de ces chansons («Momentum», le plus long titre du haut de ses 12:30 est une pure merveille de spleen). Notons que la pochette est aussi aérienne que la musique du trio, composé de Mezk Erei AKA Ihor Pryshliak (guitares, chant), Artur Savluk (basse) et Lesyk Mahula (batterie). Tant que l’on y est, j’ajouterai que le nom du groupe est une contraction entre les pirates attaquant les navires au large des côtes somaliennes et les riches vacanciers qui claquent leur fric dans ces endroits (parfois) idylliques. Un album qui repose agréablement nos oreilles. J’ai positivement adoré et je vous invite à en faire autant.
Tibère
https://somaliyachtclub.bandcamp.com/album/the-space
https://www.youtube.com/watch?v=wcOKkAmApLU
18/12/2022 : Le Trio Voyageur - FU-RIN-KA-ZAN
Le Trio Voyageur (CIRCUM-DISC)
FU-RIN-KA-ZAN
jazz – 48:56 – France ‘22
Le Trio Voyageur, ce sont trois musiciens qui s’en reviennent du Japon avec, au fond du sac, un carnet de voyage, entre «vent, forêt, feu et montagne», entre modernité et tradition, entre technologie et spiritualité: huit plages dont les thèmes écrits (par Ludovic Montet, vibraphone et percussions) cohabitent, dans une singulière fluidité, avec d’amples passages improvisés, aux bons soins, outre le précité, de Stefan Orins au piano et Charles Duytschaever à la batterie – les trois donnent de la voix à l’occasion. La facture de «FU-RIN-KA-ZAN», classique relativement au creuset expérimental du label d’artistes lillois Circum-Disc (l’improvisation en est une autre composante génétique), étincèle, tantôt virtuose (le piano de «Nara»), tantôt allusive (le vibraphone de «Tokyo respire») – quand il ne s’agit pas de tribulation spécifiquement percussive («Furinkzan»), comme si l’ensemble s’adjoignait une double fonction: trio jazz, oui, mais aussi et de percussions. Au point (l’expérience des trois musiciens dépasse le cadre esthétique du disque), dotées de cette originalité sans esbroufe dont le discernement exige un peu d’écoute, les compositions du Trio Voyageur donnent envie d’y revenir.
Auguste
https://circum-disc.bandcamp.com/album/fu-rin-ka-zan
https://www.youtube.com/watch?v=7Yus1PJWU9E
19/12/2022 : Devin Townsend - Lightwork
Devin Townsend
Lightwork
experimental post-metal – 55:55 – Canada ‘22
Devin Townsend, leader des Strapping Young Lad, de Casualties Of Cool et de ses différents projets, a commencé à sortir des CD en 1997; surnommé le savant fou du métal pour mélanger ambiances planantes, métal, pop, ambient, prog, indus, country et airs thrash basés sur un mur de son extrême empilant guitares et claviers. Diagnostiqué bipolaire, je comprends un peu plus ses errances musicales variées. C’est son 21e album plus atmosphérique.
«Moonpeople»: pop song d’ouverture avec un son d’Ayreon tout en montée avec un riff entêtant. «Lightworker»: intro grandiose, aérienne, berceuse d’après pandémie? Le son se veut expressif, avec air de fête foraine; le break amène les cris lourds typés; les claviers symphoniques étranges introduisent «Equinox», oui pendant quelques secondes j’y ai pensé aussi… à «Equinoxe»; sur le même ton tout en mélodie. «Call of the Void»: titre soft monolithique au clavier distinctif. «Heartbreaker» arrive, renvoyant au son DTP avec ballade sur son syncopé des claviers, soft rock entremêlé de voix diverses; réminiscences fugaces d’Oldfield aussi.
«Dimensions»: rock industriel teuton, entraînant sur Rammstein, voix hurlée et solo semblant sortir de nulle part; son torturé typé avec batterie métallique et synthés ouatés. «Celestial Signals»: sur un mur de son après un couplet aérien pop-new wave, chœurs grandiloquents et mouettes en fin. «Heavy Burden»: pop-métal indus avec voix samplée dénotant singulièrement; des enfants venant faire la causerie, synthé guilleret puis riff étrange art-rock opéra qui surprend, un gazouillis et «Vacation», country-folk doux, régressif, lançant «Children of God», long titre monolithique avec rythme mantra; le final avec vagues, mouettes et cor de brume réveille pour accoster au rivage.
Devin sort de la pandémie en jetant un son direct, moins agressif, plus musical, une lumière dans l’obscurité; opus avec des titres variés et répétitifs, oxymore musical; accompagné d’artistes changeant ses idées créatives propres, Anneke Van Giersbergen, Mike Keneally, Steve Vai et le Elektra Women’s Choir; un pont musical commercial avec un CD de démos pour un album accessible.
Brutus
https://open.spotify.com/album/6qjb8ZypDxCCIZUKYwjYlL
https://youtu.be/KMNWwd0f-zQ
20/12/2022 : Kansas - Another Fork In The Road - 50 Years Of Kansas
Kansas
Another Fork In The Road - 50 Years Of Kansas
hard rock progressif – 3:50:01 – États-Unis ‘22
Kansas c'est 52 ans d'existence! 16 albums studio et 13 albums live plus tard, ils nous proposent cette première compilation pour le label prog InsideOut. Et paradoxe, cela démarre par une nouvelle version, enregistrée en 2022, de «Can I tell you» qui est le 1er morceau de leur 1er album «Kansas» publié en 1974. Puis l'ordre antichronologique étant choisi, viennent 5 morceaux des 2 derniers albums, «Abscence of Presence»( 2020), puis «Prelude Implicit» (2017). Ensuite, au fil des 3 CD, on (re)découvre 2 à 3 titres de chaque album, du moins pour la version européenne; il existe aussi une version US, où l'on peut noter l'absence des albums «Power» (1986) et «In the Spirit of Things» (1988), sans doute des histoires de gros sous, car à cette époque le groupe tanguait pas mal, d'où une pause d'une (bonne) année. Bon, d'un autre côté, ce n'était pas leur meilleure période, ni la meilleure pour le prog en général, d'ailleurs!
Ce n'est pas la seule étrangeté: parmi les 41 titres choisis, «The Wall» et «Dust in the Wind» ont été pris sur le LP symphonique «Always Never the Same» (1998)! «Two for the Show», l'album live réalisé après les fameux albums «Leftoverture» et «Point of Know Return», fournit «Carry on my Wayward Son», certifié plusieurs fois disque de platine.
Cette compilation fait près de 4 heures, si vous écoutez l'ensemble à la suite. Ce retour dans le passé (j'aurais préféré que l'ordre soit chronologique) permet de bien entendre les différentes nuances qu'a connues Kansas. Un rock assez basique, du prog symphonique, de l'epic «Magnum Opus», de l'AOR, de l'arena rock, il y a tout cela dans leur histoire. Et dans la nôtre!
Succombez à la nostalgie Kansas!
Cicero 3.14
https://www.youtube.com/watch?v=CzA_ZjNJBrM
21/12/2022 : Berlin Heart - The Low Summit
Berlin Heart
The Low Summit
rock progressif / post-rock – 52:35 – France ‘22
Une beauté montagneuse déconcertante, révélée par le pinceau nerveux du peintre, m’invite à pénétrer en ses lieux. Je chausse mes grolles en cuir. S’ouvre une piste brumeuse façon Midlake... En avant!
Passée l'acoustique aguicheuse, sirène qui me fit prendre la route, tombe un second titre plus convenu. Comme un arbre déjà, en plein milieu du sentier, me force à m’interroger à propos de ma réelle motivation à perdre trois calories en piétinant des feuilles mortes. Bien heureusement, oublié ce power folk hâtif, «Apical Bud» remet à l’heure les pendules, habillé de textures audacieuses et faisant suffisamment preuve de retenue pour que cette balade alpine ne tourne guère en mésaventure. Cela fait renaître des rêves de lumière pastel, mais aussi l’on y voit poindre la jolie voix de Vincent Blanot, démiurge en ces reliefs.
Le pas maintenant sûr, j’avance confiant, écartant les branches avec en ligne de mire cette neige promise. «Crystal Morning», admirablement construite, donne un aperçu de la vision du gaillard par une progression magistrale débordant en un moment paroxystique mémorable. Tout y est, d’une maturité dans la retenue à une virtuosité au service de l'instant de grâce. La forêt échevelée ploie de plaisir sous le vent d’automne. L’odeur des cailloux humides envahit l’espace, le pic est proche.
Un vieux pont de sanglots longs; le plancher cède et c’est pour ne point choir en l’abysse du track qui s’ensuit que je m’accroche désespérément à l’antique corde tressée de l’édifice suspendu! Oh hisse, puis reprendre sur une douce éclaircie: «Dead Leaves», poétique, débranchée, simplement touchante!
Objectif atteint au pied du «Low Summit» annoncé. Long tableau dense comme le mont analogue. Si dense parfois, qu’il s’efface malheureusement sans transition de notre champ de vision. Reste un amas de pierres, une impression de collage, malgré quelques grands moments d'exaltation.
Au final: une ascension solaire allumée par un post-rock puissamment mélodique, suivi d’un retour-velours; parachuté sous mon plaid car, oui, je n’ai pas encore rallumé ma chaudière!
Œuvre qui porte défauts ainsi que qualités qui hantent l’artiste seul, tel le marcheur éprouve l’immensité belle puis combat l’instant d’après, pour sa survie, une nature qui le dépasse.
Néron
https://berlinheartmusic.bandcamp.com/album/the-low-summit
https://www.youtube.com/watch?v=GV7oY-50ABc
22/12/2022 : Deaton Lemay Project - The Fifth Element
Deaton Lemay Project
The Fifth Element
heavy progressif – 70:02 – États-Unis ‘22
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Texas est aussi un terreau idéal pour l’éclosion de musiciens, la preuve aujourd’hui avec Deaton Lemay Project qui nous prodigue un heavy prog de haute volée. Ce projet est né d’une collaboration entre Roby Deaton (guitare et claviers) et Craif LeMay (batterie et percussions). D’autres artistes se sont bien évidemment ajoutés à ce duo de base pour délivrer cet opus «The Fifth Element». Dans «A Different Place in Time», les claviers devraient aisément vous rappeler les incartades d’ELP. Vous ne serez guère dépaysés à l’écoute de «The Nighmare» où les guitares et claviers s’entremêlent de la meilleure façon qu'il soit. La seconde partie de la plaque qui nous occupe s’avère être une suite («Elements of Life Suite») composée de six parties. Il est certain que les fans de Dream Theater, Symphony X ou des ambiances typiques des seventies vont adorer cet album. Malheureusement pour moi, cette musique me plaît moins qu’auparavant…
Tibère
https://open.spotify.com/album/2BXRv5Bxf9viNWdSPJlkkE
https://www.youtube.com/watch?v=hnBVGc1l0B0
23/12/2022 : Amon Acid - Cosmogony
Amon Acid
Cosmogony
rock psychédélique / stoner – 64:08 – Angleterre '22
Un trio originaire de Leeds, fan de Showaddywaddy et de Human League (non je déconne), Sarantis Charvas, Briony Charvas et John Sutcliffe, 1er album en 2019 (éponyme), Amanesh (pareil), Leftover Acid (mars 2020) et Diogenesis (2022), entre autres.
«Parallel Realm». Dès les premières notes, nous voilà dans le vif du sujet. Un stoner bien lourd aux accents space rock avec un feeling à la Alex Oriental Experience / Erkin Koray. Voilà un très bon client pour le Freak Valley Festival, à tout hasard. Kyuss n‘est pas loin. Mystique et puissant! J‘adhère!
«Hyperion». La puissance ne manque pas dans cette galette. Très sombre également et monolithique. Pas de monotonie cela dit, ça m‘évoque Scott Wino Weinrich et Spirit Caravan. Black Sabbath aussi. Un disque très intense et aussi une expérience en live, visiblement. Quelques respirations dans le cosmos avant de revenir sur le champ de bataille et c‘est bien.
«Death on the altar». Flower Travellin’ Band et son Satori frappent à la porte par ailleurs. Et le psychédélisme lourd porté en bandoulière par ces 3 cosmonautes hargneux est bien ciselé. Ils passaient en concert il y a quelques jours en Angleterre. Un excellent groupe qui rappelle le Roadburn 2019 et Seven That Spells.
«Demolition Wave». Très épuisant cet album car très heavy, mais j‘aime ça. Un mur du son et des morceaux de bravoure avec des riffs mastoc. La guitare domine et ça fait du bien. Un morceau au titre pertinent. J‘aurais besoin de chansons flower power et de Simon and Garfunkel.
«Nag Hammandi». Une messe noire cosmique pour nous redonner le moral. Très sépulcral aussi. Un album inspiré par un groupe productif. Ils ont aussi écouté du rock allemand 70‘s des groupes comme Nazgul.
«Mandragoras». Ils ont trouvé un savant équilibre entre psyché et riffs lourds. Je note, mais ce n‘est que mon impression, un amour du rock psyché / prog turc (Baris Manco / Mustafa Ozkent). Une voix puissante et prenante, une volonté fusionnelle dans les compos. Solide!
«Demon Rider». Petite pause dans un salon de thé avant d‘aller à l‘église pour faire ses prières bien sagement et non en fait je fais toujours le plein de doom psyché; je pense à Lee Dorrian de Cathedral.
«Ethereal Mother». Ravi de cette découverte. Une envie de les voir en concert! Un feeling à la Acid Mothers Temple pour faire bonne mesure. Je pense aussi à Letze Tage Letze Nacht de Popol Vuh. Super trip.
«The Purifier». Et merci bien pour la purification, avec eux tu ne risques pas d‘avoir des médiocrités taillées pour la radio dans les oreilles. Une bien belle musique de fort des halles aux doigts de fée. Excellente découverte.
Fatalis Imperator
https://amonacid.bandcamp.com/album/cosmogony
https://www.youtube.com/watch?v=6vmPO52x6GE
24/12/2022 : Oho - Ahora
OHO
Ahora
folk progressif – 36:17 – États-Unis ‘22
Groupe de Baltimore ayant une histoire avec beaucoup de changements de line-up et même de style de musique et ce depuis sa création en 1970. Il se présente désormais en mode trio (avec adjonction de quelques invités).
Dans son dernier et court album le groupe nous propose trois titres qui ne sont, en fait, que trois parties d’une même suite.
Dans «Ahora Pt. 1», après une intro/voix narrative sur un arpège de guitare acoustique, nous plongeons dans un développé entre des changements de tempo continus et de riches textures de clavier. Notez que le violon sera omniprésent dans tout l’album. La structure est élaborée et le chant chaleureux et expressif, un mélange de sonorités prog symphoniques classiques et modernes.
Dans «Ahora Pt. 2», c’est sur une mélodie au violon et guitare que le narrateur introduit la chanson avec une touche encore plus marquée folk et baroque que le titre précédent. Les cuivres y sont du plus bel effet. Si cette partie est également symphonique, elle propose aussi des passages plus rock et plus free, presque dissonants… Guitare et violon dialoguent pour notre plus grand plaisir.
La troisième partie, «Ahora Pt. 3», assied un peu plus tous les aspects développés jusque-là, amenant une dimension plus pompeuse et j’oserai dire médiévalisante.
Il y a du «The Bollenberg Experience» dans cet album avec des intro parlées, du folk (violons et guitares qui font penser, parfois, à des cornemuses), un peu de Jethro Tull et de Kansas.
C’est un album qui met en valeur la technique et l'expérience de ce groupe qui joue du prog à un haut niveau.
La section rythmique y est solide et enrichie par les changements de tempo, d'excellents mélanges guitare et clavier avec l'ajout du violon pour proposer une bonne demi-heure de rock progressif à la fois classique et moderne.
La seule réserve que je formulerais concerne les temps trop longs des introductions narratives…
Publius Gallia
https://ohomusic4.bandcamp.com/album/ahora
https://www.youtube.com/watch?v=3pI90qCYwGE
25/12/2022 : Charlie Griffiths - Tiktaalika
Charlie Griffiths
Tiktaalika
metal progressif – 52:35 – Royaume-Uni ‘22
2022, Charlie Griffiths, guitariste du cadorissime groupe de metal britannique Haken, est venu rechercher, à son tour, son indépendance, sa défourailleuse perso, sur 9 titres imparables, bardés d’invités; c’est que notre gaillard soliste a le manche long!!! Notez plutôt les références: Darby Todd aux fûts (Devin Townsend), Jordan Rudess aux claviers (Dream Theater), Rob Townsend au saxo (Steve Hackett) et Tommy Rogers qui partage le micro avec Vladimir Lalic, Neil Purdy, Daniël De Jongh… (Between The Buried And Me, Textures, etc.) qu’on ne présente plus. En gros, c’est du lourd, du reconnu, du V.I.P, de l’incontesté, tandis que «Bibi Charlie» assure le chant sur «Digging Deeper», la basse et autres claviers (en alternance) sur toutes les tranches de l’album, sans négliger un instant ses talents de rédacteur de textes (à la fois hermético-mystérieux et brillants) et sa place de grand chef d’orchestre au milieu d’une production soignée et généreuse au service d’un album concept où il est question de géologie, de fossiles et de préhistoire. Mais très concrètement??? Dans une ambiance d’iceberg-vaisseau-morbide, garantie sur pochette, on va vite découvrir qui fait transpirer nos saintes glaces éternelles au (Léo) Pôle Nord (et Nous): Tiktaalika! D’entrée de jeu, la patte noire de Haken bien visible sur son épaule comme des galons d’officier, «Charlie Guitare» va nous asséner au lance-roquettes ses influences classiques trash metal '80 et tech-death metal '90. Y qu’à commencer par le commencement et «Prehistoric Prelude», c’est «Battery» de Metallica, pur jus! James Hetfield et Lars Ulrich vont y prendre un petit zeste de jouvence. Plus loin, le morceau éponyme passera 8 minutes 34 secondes à nous servir une palette de riffs-griffants-cisaillants dignes des premiers faits d’armes eightienniens de nos Big Four! Sur «Dead in the Water», c’est une basse lourde et horrifiante qui vient nous enfoncer son propos bien profond derrière les six cordes de sa petite copine, avant d'accueillir un coup de cuivres aussi inattendu que bien rendu: effrayant et sublime! Guitariste mais pas que, Griffiths va respecter un parfait équilibre pour tous les instruments, entre tous ses invités! Le résultat est édifiant, aussi nous n’avons nullement l’impression d’écouter un xième album auto-complaisant d’un guitar hero. Ça se situe plutôt au niveau de l’équipe bien soudée et heureuse de taffer et mélanger son art, sa science. Certes, il n’y a rien de bien révolutionnaire là-dedans, mais «ne trashons pas dans la soupe», S.V.P. Nous ne sommes pas ici pour jouer les anars ou les iconoclastes, notre hôte l’a bien compris! Pas de chichi, les coups de boules et les coups de battes iront crescendo jusqu’aux deux sons courts qui clôturent l’album: «Crawl Walk Run» et «Under Polaris», deux concentrés accélérés de compos metal hargneuses. Et ça fait un bien fou fou fou! Aussi, un seul mot me vient pour la fin: achetez!
Kaillus Gracchus
https://open.spotify.com/album/0rw2PwlUEBB661euyhhszg
https://youtu.be/Sr7X2RNc4DA
26/12/2022 : Macchina Pneumatica - Appartenenza
Macchina Pneumatica
Appartenenza
rock progressif classique – 43:53 – Italie ‘22
«Appartenenza» est le second album de Macchina Pneumatica, après «Riflessi e Maschere», sorti en 2019. À l’origine, il s’agissait d’un trio composé de Carlo Fiore (claviers), Carlo Giustiniani (basse) et Michel Nesti (batterie). Ce dernier fut remplacé par Vincenzo Vitagliano, en même temps que l’arrivée de Raffaele Gigliotti au chant et à la guitare.
Le son du quartet est inspiré par les différentes expériences musicales de nos protagonistes (principalement le progressif classique), allié à des mélodies évidentes et une passion commune pour le jazz rock.
Sans pour autant être un album concept, les chansons ont pour principales thématiques les aspects négatifs des clichés de la société civile actuelle.
Si l’album n’est pas musicalement révolutionnaire, son écoute s’avère très agréable et mérite amplement que vous vous y penchiez: tous les plans que vous adorez s’y trouvent, d’une manière ou d’une autre.
Tibère
https://macchinapneumaticaband.bandcamp.com/album/appartenenza
27/12/2022 : ESP Project - Anarchic Curves
ESP Project
Anarchic Curves
pop / rock progressif – 55:14 – Royaume-Uni ‘22
En 2015 est créé ESP, un projet de rock collaboratif (temporaire) avec des musiciens de King Crimson, Van der Graaf Generator, Procol Harum, GTR, Landmarq, Lifesigns et quelques autres... à l’initiative de Tony Lowe (guitares, voix) et Mark Brzezicki (batterie, percussions, voix). ESP Project a acquis au fil des albums une personnalité et une identité propres, d’autant plus logiquement que notre batteur quittant le projet après le 2e album en 2018, Tony Lowe s’est retrouvé seul aux manettes.
Un cinquième (avril) et sixième (septembre) albums sont sortis cette année.
C’est celui d’avril, «Anarchic Curves», avec ses huit titres, dont il est question dans cette chronique.
Tony est accompagné, cette fois, par Peter Coyle au chant et aux claviers (pour les plus anciens d’entre nous, «The First Picture Of You» par «The Lotus Eaters» c’est lui), Pete Clark à la basse, Dave Etheridge à la batterie et Cheryl Stringall aux claviers. Chacun ayant déjà travaillé avec Tony Lowe auparavant.
Ce petit monde nous sert un prog symphonique soyeux et reposant où les quelques guitares restent en second plan derrière les claviers et la rythmique omniprésente («Still Lives Of John Lennon» - «Cogs»).
L’album se positionne dans le style des ballades de BJH (la voix de Peter Coyle y est pour beaucoup), appréciable dans le titre «Entangled Stories», bel exemple de démonstration mélodique et harmonique.
L’ensemble des compositions et interprétations semble être mis au service du chanteur qui déroule ses textes sur des mélodies rondes et douces dans une parfaite symbiose. Écoutez «Moon Dust» et vous ressentirez ce petit moment de grâce et de calme (qui ne s’explique pas avec la raison), comme avec un parfum surgissant du passé en lien avec le bonheur des volutes de nos jeunes années.
Un disque pour une soirée calme devant un feu de cheminée pour rêvasser, toutes lumières éteintes…
Publius Gallia
https://esp-prog.bandcamp.com/album/anarchic-curves
https://www.youtube.com/watch?v=hHxXj5QfLd4
28/12/2022 : Banda Belzoni - Timbuctu
Banda Belzoni (Ma.ra.cash_Records)
Timbuctu
rock progressif italien – 48:50 – Italie ‘22
Ne cherchez pas l'instrument joué par Belzoni dans Banda Belzoni. Derrière le patronyme de l'explorateur italien du XIXs, on découvre Gigi Venegoni, actif depuis les années 70 dans Arti e Mestieri et Sandro Bellu (The Egonist). Pour leur second album d'un typique rock prog italien, le duo ne pouvait rester seul; il a ainsi convoqué, entre autres, les vénérables Lino Vairetti (chanteur leader d'Osanna) et Franco Mussida (guitariste fondateur de PFM qu'il a quitté en 2015), mais le prog italien propose aussi de jeunes pousses confirmées tels Andrea Pettinelli (Lo Zoo di Berlino) ou Marta Caldara (Syndone) invités eux aussi.
Voici qui laisse espérer un voyage transalpin des plus intéressants; la «Banda» nous fait suivre, de nouveau après le premier album de 2019, le parcours de Belzoni de Gibraltar à Timbuktu en 11 étapes musicales de souvenirs de voyage ou de pensées vers sa chère Sarah, pour une délicate note sucrée en une courte intro et surtout en fin d'album où la sèche de Mussida régale d'un solo majeur.
La musique servie est chatoyante, grandiose parfois. L'équilibre guitares/synthés n'est certes pas révolutionnaire, mais cela fait très largement le travail d'émoustillage auditif; tout juste quelques titres sont plus légers, s'approchant de la chanson, mais le RPI a toujours flirté ainsi, pour mon plus grand plaisir. N'en déduisez pas cependant que le chant, en italien, soit envahissant. Ce n'est pas le cas! Et lorsque c'est Lino Vairetti qui pousse la «canzone», son timbre inimitable et sa puissance font merveille dans «Latitudine Zero».
L'ensemble ne manque pas de souffle épique tel «La Città della Luce», ou «Copenhagen». «La Nuvola» offre le mix parfait du folk et du rock prog pour un morceau sautillant et choral, qui ferait un excellent titre live, du pur RPI !
En conclusion, c'est un album plaisir plus que recommandable!
Cicero 3.14
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/timbuctu
https://www.youtube.com/watch?v=B8c25rYAJU8
29/12/2022 : Millenium - Tales Of Imaginary Movies
Millenium
Tales Of Imaginary Movies
rock néo-progressif – 49:01 – Pologne ‘22
Millenium, groupe de 1999 avec Ryszard aux commandes, sort là son 17e album; sans grande nouveauté mais sans défaut, avec une nouvelle voix, David et ses refrains chaleureux; des solos marqués allant des claviers de Ryszard aux cordes de Piotr; plus symphonique, plus emphatique avec le monde malade. Un style au départ sur Pendragon, Collage ou Pink Floyd, maintenant un son propre et limpide.
«Tales Of Imaginary Movies 1» pour l’une des plus belles intro symphoniques entendues; guitare juteuse, synthés pesants, lancinants, et final qui me rappelle fortement Ayreon! «Invisible Superhero» enchaîne par un tempo consensuel lorgnant le heavy prog, les 80’s fruitées; réminiscence des Barclay James Harvest; air planant, chœurs et Piotr avec sa guitare chaleureuse et le synthé cinématique. «A World Full Of Spies» enchaîne sur ces bruits de pas et un air rock; Eloy, BJH encore, beat serré qui reste en tête et solo intense sur du Gilmour; break doux clavier, un second haché, morceau AOR. «Brightness Hidden In The Dark»: les pas s’éloignent sur une ballade accrocheuse avec le spectre des Pink Floyd («The Wall»); David envoûte, un peu de Queen, de Kansas en guitare, un peu de «The Trial» en arrière; air transpirant d’émotion; le dernier solo guitare peut faire penser aux Eagles… C’est beau.
«A Comedy Of Love»: titre AOR avec une flûte dynamique, ça fleure bon les 80’s et le solo à la Mark Knopfler; un peu de Toto, de Sniff 'n' the Tears. «The Sounds Of War»: air irlandais avec flûte, batterie syncopée; pop rock avec déclinaison progressive et spleenante. «Memories In Tears»: mélodie pastorale, air cinématique sur «Rencontres du 3e Type», atmosphère langoureuse, les claviers amènent sur Genesis et BJH; ça monte, hurle, la batterie militaire ajoute au côté solennel puis «Second Earth» arrive, mélodie triste de fin de guerre symphonique. «Tales Of Imaginary Movies 2» planant, riff à la Ayreon, aux Iron Maiden de «Seventh Son», tiens de la guitare anglaise des 60’s, quelques notes de Téléphone... ma femme passe par là; ça monte sublimement. Piotr fait hurler ses cordes, Ryszard ses touches!
Millenium a changé de chanteur mais la trame Kramarski continue de délivrer des albums mélodiques facilement accessibles, peut-être trop, justement; une composante orchestrale dense, des envolées floydiennes à n’en plus finir, des réminiscences diverses proposant un bon résumé de ce que le prog a fait de mieux.
Brutus
30/12/2022 : MesaVerde - KY
MesaVerde
KY
Crossover – 46:28 – Norvège ‘22
Certes, Jonas Lundekvam a parfois le timbre de l'immense Jon Anderson; cela aide, mais est-ce pour cela que les 3 amis d’école que sont Jørgen Apeness (batterie), Lars Fremmerlid (basse) et Henrik Schmidt (guitare) lui ont confié le clavier, les textes et le chant? Pas seulement, d'après moi, car avec MesaVerde on est très loin d'un cover band. Je peine à définir un style! C'est coloré, chatoyant, vif (les 12 morceaux vont d’un peu moins de 3 min à 5 min), certains sont des O.A.N.I. (objets auditifs non identifiés) tel «The first to have noticed» – rock bourrin et... electropop! – ou «The Way I Want» qui alterne, sur des rythmes rockabilly et jazz, des vocaux travaillés et de jolis soli de guitare. Si l'on détaille: «Dreamers» ouvre l'album avec ses vocaux et chœurs soignés (yessiens), qui réjouissent tout au long de l'album. L'alternance se fait avec le très rock «Smile» dont la guitare phasée pulse, acerbe, s'opposant à la voix andersonnienne pour une apothéose lumineuse. «Like You Used To Know», syncopé et cinématique, reste plus abrupt que d'autres pièces plus consensuelles telles «Grace», «In Time» ou «What Jimmy Said».
«End Cue»: un peu post avant un riff rock, et toujours la voix multiforme et convaincante de Jonas pour booster le titre.
«Soon» débute comme la démo du synthé que l'on vient de déballer, un son cristallin, égrainé avec un doigt, qui prend peu à peu de l'assurance, mais nous laisse sur notre faim.
«Things Will Never Get Better»: riff dissonant accrocheur, chant choral (yessien), un petit goût texan.
«Big Fish»: basse, synthé, batterie binaire et cymbales vibrantes, et Jonas tout en sensibilité face à la guitare saturée. Un des très bons moments vient conclure le LP.
Autoproclamés enfants de Led Zep et Tame Impala, Mesa Verde offrent un 1er album kaléidoscope convaincant de leur univers tout aussi habité que les grottes du parc national...
À suivre.
Cicero 3.14
https://mesaverde.bandcamp.com/album/ky
https://www.youtube.com/shorts/NG6w1Gc5RFo
31/12/2022 : Oak - The Quiet Rebellion of Compromise
Oak
The Quiet Rebellion of Compromise
pop / crossover progressif – 49:30 – Norvège '22
Oak est le quatuor composé de Simen, Øystein, Stephan et Sigbjørn, jeunes musiciens talentueux œuvrant dans le classique, l’électronique, le folk et le dark metal progressif depuis 2013; s’est ajouté l’aspect cinématique depuis, pour parler de la santé psychique au cœur de notre monde; un son dynamique et mélancolique tirant sur Riverside, Porcupine Tree, OSI et Anathema, avec des errances psychédéliques majeures.
«Highest Tower, Deepest Well»: piano cristallin au riff lourd, chœurs cosmiques, break planant et voix baryton pour un air hypnotique où la progression se fait jour. «Quiet Rebellion» lorgne sur leur son à l’arpège frissonnant, mélange grandiloquent où les trompettes accompagnent les percussions; un soft pop des Tammatoys, titre entêtant avec la slide guitare spleen. «Dreamless Sleep»: intro electro sombre, air pop synthé au saxo pour renforcer la noirceur; voix grave et crescendo onirique; titre métronomique.
«Sunday 8 AM»: à nouveau piano et batterie militaire, hymne électro et le saxo jazzy; son à part pour se poser; la guitare enfonce l’aspect post-rock, le saxo criard à ce moment pour un final cotonneux; rencontre entre Pineapple Thief, Airbag et le cinématique dark psyche.
«Demagogue Communion» renvoie sur Antimatter, riff bluffant entre cosmique et harmonies divines; break spatial entêtant, vibrant et déstructuré.
«Paperwings»: pièce maîtresse; Massive Attack pour montrer l’étendue du spectre musical, voix des Rammstein; ça monte sur Opeth dernière génération avec voix angélique; c’est planant; la dérive progressive est moderne, la montée dès 5 minutes devient jouissive; les maîtres Porcupine Tree ne sont pas loin; une tulipe progressive aux pétales tombants; final onirique, époustouflant, avec un growl sidérant, pulvérisant les tiroirs musicaux.
«Guest of Honour» conclut sur une comptine pop dépressive, électro avec Simen qui se montre aux vocaux et à l’atmosphère brumeuse.
Oak frappe fort, jouant entre symphonique, psychédélisme et néo dark métal; des rythmes doux et hypnotiques à la lisière du pop puis des errances lourdes; les thèmes sur la santé psychiatrique donnent un opus hors norme qui fera date en 2022, se plantant tel un chêne dans les meilleurs du mois.
Brutus
https://oakinoslo.bandcamp.com/album/the-quiet-rebellion-of-compromise