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01/05/2022
City Weezle
N° 2
avantgarde – 58:16 – Irlande ‘21
Honte sur moi, j’ignorais jusqu’à l’existence des Irlandais de City Weezle, groupe improbable parmi les plus déjantés, mais voici une erreur bientôt réparée!
Alors que le groupe existe depuis 16 ans, «N° 2» ne constitue, vous vous en doutez, que leur second album. Avec, durant la vie de cette joyeuse bande, des membres provenant d’Irlande, mais également de France, d’Allemagne et du Japon, City Weezle est actuellement composé de Simon Fleury (chant, guitare, banjo), Kengo Mochizuki (basse), Axel Steinbiss (claviers) et Ai Uchida (batterie). Voyons ensemble les influences qu’ils revendiquent sur le page Facebook: Mr. Bungle, Faith No More, System of a Down, Melvins, King Crimson, Frank Zappa, Sleepytime Gorilla Museum ou encore Igorrr (oui, Gautier Serre a participé à la mise en son de certaines parties de cette plaque): il n’y a rien d’easy listening là-dedans…
Votre écoute débutera fatalement par les notes égrenées au piano avant le décollage métallique de l’ensemble (System of a Down n’est pas loin) sur «Captain Introspective». Sur «The Underground in Europe», Queen vous sautera aux oreilles avant d’évoluer en valse improbable. «Maestro Mafioso» nous dévoile un mélange étonnant entre ambiance méditerranéenne, slave et détour punkisant! Des sons arabisants mêlés à un gong oriental sont la marque de fabrique de «Crimson Jig». On trouve également dans leur musique des aspects bluesy («Even Weezles Get the Blues» ou même jazzy «Eskimo Pie». Ne passez pas à côté de la plage finale, longue de 13 minutes, «Cluedo».
Un album pour les plus déjantés d’entre vous, et j’en suis!
Tibère
https://cityweezle.bandcamp.com/album/no-2
02/05/2022
Neon Karma
Neon Karma
progressive rock heavy raffiné – 41:49 – Italie ‘22
Un nouveau groupe italien c'est souvent intéressant. Et quand le dénominateur commun semble être le charismatique (bouddhatique) Roberto Gualdi, cela intrigue encore plus. Autour de lui, trois amis de longue date: Marco Sfogli (PFM, IceFish), guitariste napolitain virtuose, côtoyé dans PFM, le bassiste international Lorenzo Feliciati avec qui il pulsait dans Twinscape avec un second bassiste, Colin Edwin (Porcupine Tree) pour un trio inhabituel, et enfin son compère de Four Tiles, Guido Block. Le Covid leur a permis de mettre en boîte ces morceaux composés depuis des années.
Cependant «The Frog» avec son attaque puissante, quasi métal, aurait pu m'inquiéter, le métal me laisse de marbre 😉, mais dès le break, on perçoit toute la chaleur de Naples sous les doigts de Marco. J'en pince déjà avant d'embrasser cet album charmant.
«Rain» est une ballade qui vous fera frissonner de plaisir avec juste ce qu'il faut de solo de guitare pour regretter que cela ne dure pas plus. «Megapolis», guitare funky, explore la ville oppressante et ses néons.
«Run into the Sun» avec sa basse lourde et chaloupée, ses ruptures de rythmes (Roby!), ses nappes de guitares, incite à la quiétude.
«Enemy Gate» quasi-instrumental, heavy et enthousiasmant entre ses riffs lourds. Lorenzo se fond ici dans le magma avant de se lâcher dans un cheminement jazzy. Quel mariage, quel punch!
«Lullaby» Guido chante cette poignante berceuse sur le grand sommeil, la basse est caressante, la guitare en nappes aériennes. Magnifique!
«Time is cruel» pêchu, chœurs à la Queen, rythme effréné cherche le bon jour.
«The cavern» riff frippien, basse tellurique est l'apothéose. Mention aussi à la qualité sonore de l'album.
En conclusion: les textes en anglais de Guido sont inspirés et signifiants; la musique, accrocheuse et très variée, réussit à marier la puissance (attendue avec Marco) et le raffinement souvent présent en RPI. Le tout faisant espérer que les quatre virtuoses nous proposent a minima quelques concerts ou d'autres albums!
Longue vie à Neon Karma!
Cicero 3.14
https://neonkarma.bandcamp.com/releases
03/05/2022
Ensio & Kusiset tassut
Uuden ajan odottaja
progressive rock – 37:57 – Finlande ‘22
«Tähtisumuun», clairement rétro-prog ce qui ne me dérange nullement. Lumineux et chatoyant. Ce groupe lapon déroule une musique légère et délicate. Claviers vintage, voix douce, je pense parfois à Pulsar et Aphélandra. Un peu space rock, bonne énergie à la guitare.
«Tuulet nuolee», un solide deuxième morceau entre Kayak et Camel, ça fait plaisir, ça me rappelle, dans la démarche, un groupe suédois comme Klotet. Un prog à l’ancienne facile d‘accès.
«Monaco», la famille royale ne m’intéresse pas du tout mais là, Monaco, c’est tout de suite plus sympathique. Une musique aérienne avec quelques heurts toutefois et un esprit jazz rock (guitare et cuivres).
«Päivän sä teet», un petit sas à franchir, une digression planante de très courte durée signifiant le dépassement de la moitié du disque.
«Muuttuvat maisenat», un morceau très agréable mais pas le plus innovant. Je vais avoir besoin de krautrock après, mais on ne s’ennuie pas car c’est très bien fait (belles mélodies, voix soignée, virtuosité).
«Uneton Tarina», ça m‘évoque aussi les groupes scandinaves comme Autumn Breeze ou Horizont, un bon trip aux claviers. Encore un groupe que j’aimerais voir en concert.
«Tänään, eilen/Samettiaurinko», pour finir un morceau bien remuant aux airs de Sandrose. En fait, je trouve de temps à autre dans ce groupe une continuité avec le prog français 70’s et j’aime bien, un album solide.
Fatalis Imperator
https://etsm-aanilevyt.bandcamp.com/album/uuden-ajan-odottaja-2
04/05/2022
GorMusik
Snakes & Angels
progressive rock planant – 67:26 – USA ‘21
Le projet GorMusik est quasiment l’œuvre de Gordon Bennett. Il se charge de la composition, de tous les instruments, de l’enregistrement, du mixage… Quelques amis sont venus lui prêter main-forte, tels Joseph Frick pour quelques parties de basse, Jay T McGurrin pour la batterie et un peu de chant, Peter Jones (Tiger Moth Tales, Red Bazar, Camel) le chant sur toutes les démos de l’album, ainsi qu’en appui du chant de Gordon.
Album conceptuel sur la chronologie de la Bible (de la Genèse à l’Apocalypse), l’idée de réaliser «Snakes & Angels» remonte déjà à plusieurs années. Le véritable sujet est à rechercher sur la lutte entre le bien et le mal.
Et cela débute avec le long (18 minutes et quelques) «The Beginning» où les ambiances se succèdent, partant de sons atmosphériques mêlés aux paroles (déformées) de la Création, avant l’apparition du chant expressif de Peter Jones, bientôt suivi d’une basse et d’une rythmique plus soutenue avant des chœurs on ne peut plus aériens et des envolées guitaristiques du plus bel effet, notamment des tournures flamencos et un nouvel envol vers les cieux. Si «The Deception» nous emmène dans les merveilles du jardin d’Eden, nous sommes très rapidement rattrapés par la réalité moins enchanteresse car l’enfer des guitares lourdes et distordues n’est jamais loin (Devin Townsend n’est guère éloigné, y compris dans le chant écorché). Une sensation de désolation s’empare de nous à l’écoute de «The Wandering» où l’électronique entre en jeu. Maintenant l’espoir n’est plus permis ainsi que l’atteste l’orchestration lourde et étouffante, malgré une fin plus apaisée nous permettant de profiter plus calmement de la narration. Le long «The Lost», au chant presque lénifiant, s’invite au programme où la mélodie nous transporte malgré le fait que «shadows fall»… L’instrumental «The Lost Orchestra» clôt cette superbe galette entre malaise et espoir au rythme de l’orchestration.
En attendant une suite probable (Gordon en a, semble-t-il, déjà enregistré une partie), je vous invite à vous précipiter sur cette très belle galette!
Tibère
https://gormusik1.bandcamp.com/album/snakes-angels
05/05/2022
Freecall Jupiter
The Dark Influence
hard rock progressif – 61:05 – UK ‘21
Groupe fondé en 2018 par les frères Gee: Tom (chant principal/guitares) et Marcus (basse/chœurs) ainsi que de Luke Bocchetta à la batterie.
C’est grâce à leurs capacités de créer de la musique avec l’aide du partage de fichiers en ligne qu’ils ont réalisé cet album car ils vivaient tous dans des villes/pays/continents différents.
C’est Steve Kitch (claviériste de The Pineapple Thief) qui a mastérisé le projet.
Attention: album concept. Au début, vous vous réveillerez avec «The Freelancer» dans une brume d'alcool et de stupéfiants ingérés quelques heures auparavant et terminerez dans une cellule capitonnée. Assis seul. Traçant distraitement du doigt le contour de votre tatouage de plumes, vous accrochant désespérément au souvenir du visage pâle de cette femme découvert à travers un rideau de gouttes de pluie.
L'album vous emmènera dans un voyage hard rock progressif avec des influences psychédéliques, électroniques et même subtiles de jazz.
Vous pourrez y apprécier le travail de guitare, alternativement incisif ou atmosphérique, chargé d'effets, soutenu par une section rythmique très présente et imaginative dont l’activité est remarquable.
Ne vous laissez pas influencer par l’intro («Divide») qui pourrait vous induire en erreur et vous laisser penser que vous êtes tombé sur un disque d’électro…
Dès le deuxième titre, vous tombez dans le vif du sujet avec un riff bien pêchu qui vous accompagnera tout au long de cette histoire digne d’un roman noir. La noirceur des textes n’étant adoucie que par les mélodies, pour autant que ce soit l’effet escompté…
Car c’est du rock auquel on a affaire, ça tape fort, ça déroute par les breaks nous replongeant, parfois brutalement, dans les vapeurs d’alcool évoquées plus haut. Ambiance quasi psychotique tant les affres invoquées, provoquées sont multiples et se succèdent avec soudaineté. Un album qui présente un savant et réussi panachage de références anciennes et d’arrangements actuels.
Publius Gallia
https://freecalljupiter.bandcamp.com/releases
06/05/2022
Electric Mud
The Inner World Outside
progressive rock/symphonique/cinematic/post-rock – 48:52 – Allemagne ‘22
Electric Mud est né en 2011, fusion de Hagen Bretschnieder et Nico Walser, blues et stoner au départ; le groupe se décrit depuis comme du rock post-folk- jazzy expérimental progressif, de l’eclectic prog, bref difficulté de mettre dans un tiroir musical, prog art musical ambiant sûrement; des moments de détente, de tourmente digne d’une bande-son cinéma; de l’orgue majestueux symphonique, de la musique de chambre futuriste avec des sons nature pris sur le terrain, tout cela pour une expérience cinématique hors du commun fusionnelle.
Les différents titres sont analysés et décryptés sur Prog Archives pour les fanas durs. Sinon, que dire en quelques mots si ce n’est que cet album est juste avant-gardiste dans le genre? Les différents musiciens dont Judith au violon et Timo et Andrea aux programmations soutiennent le piano de David. Que dire sinon que les sensations musicales dérivent sur des ambiances dignes d’un «Interstellar» ou d’un «Prometheus», d’un «Birdy», d’un «Delicatessen» ou d’un «Furyo»; que des sons renvoient à l’univers d’Oldfield, de Japan, de Yes ou de Wilson? Que dire sinon que l’aspect global enchanteur donne la chair de poule, que ces différents titres ont le danger musical de vous envoyer haut, très haut dans les sphères cinématiques d’où l’on ne revient pas sans blessure, sans trouble? Que dire d’autre si je vous dis que la beauté sinistre interfère avec la douceur cristallisée des notes du piano pour l’accord final? Le plus c’est bien de proposer une nouvelle musique de chambre glauque et divine, mystérieuse et envoûtante.
Electric Mud fait donc partir dans des contrées lointaines où cinéma et musique prog s’associent par touches créant un climat unique digne d’un tableau au soleil, où les peintures s’entremêlent au fur de la fonte; un album singulier déroutant, intimiste et branché pour divaguer le soir et s’écarter du monde ambient.
Brutus
https://electricmud.bandcamp.com/album/the-inner-world-outside
07/05/2022
NOÊTA
Elm
dark folk/ambient – 38:10 – Suède ‘21
On apprend sur son Bandcamp que Noêta tire son nom de la philosophie grecque et décrit la notion de pensées universelles qui existent sans que quelqu’un (ou quelque chose) les pense… Les paroles de «Elm» sont vaguement inspirées du poème éponyme de l’écrivaine américaine Sylvia Plath et, lorsqu’on s’intéresse un peu à celle-ci (dépressive qui finit par se donner la mort), on comprend le côté sombre de ce deuxième album de Noêta!
Noêta est formé de la chanteuse Elea, prénom (ou pseudo?) qui vient du grec également, et son collaborateur, le multi-instrumentiste Andris.
Nous suivons les 8 titres tout en lenteur et en douceur avec un chant issu du registre heavenly voices, souvent sur une guitare acoustique («Dawn Falls»). La voix d’Elea est donc féerique mais peut être aussi ténébreuse («Above and Below»), hypnotisante («Fade»), chuchotée («Elm» et «Elm II») et, heureusement, sans ces subtilités tout s’enchaînerait dans une lourde continuité. Je n’ai rien contre le côté mélancolique de l’album mais il est si morne qu’il en devient monotone.
La Louve
https://noeta.bandcamp.com/album/elm
08/05/2022
Jeffrey Erik Mack
The Forgotten Earth
pop progressive – 65:40 – USA ‘21
Jeffrey Erik Mack est un bassiste et compositeur, membre de Scarlett Hollow et originaire de Los Angeles. Il nous propose, avec «The Forgotten Earth», un premier disque entièrement instrumental où il s’occupe de la basse et des claviers. Il est aidé dans son entreprise par Brett Stine et Gregg Olson aux guitares, mais aussi par Kristian Terzic au synthé et piano, Justin Lepard au violoncelle et Justin Klunk au saxophone.
C’est avec un tourbillon musical, «The Circus Parable» que débute cette galette. «Sailing the Cosmic Ocean» semble poursuivre dans la même voix. Cependant cette impression se révèle rapidement inexacte car un piano jazzy fait bientôt irruption, suivi plus loin, d’une superbe intervention d’un saxophone tirant sur le free. Avec son côté que je trouve arabisant, «The Witch of Pendle Forest» nous emmène en voyage tout là-haut où les vicissitudes de la vie ne peuvent nous atteindre. Notre déambulation aérienne se poursuit avec «Empire of the Elf». Tiens, j’ai ouvert par inadvertance une fenêtre où se joue un morceau de musique classique? Non, notre ami Jeffrey nous offre une reprise du compositeur Giovanni Bottesini, «Concerto No. 2 in B minor, III Allegro (In Memory of Rinat Ibragimov)». Contre toute attente, je viens de découvrir ma plage préférée. Ce sont des rythmes syncopés qui prennent la relève sur «Architect of Existence». «A Farewell to a King» s’avère être un hommage au batteur et parolier du groupe Rush qui nous a quittés en 2020. Quoi de mieux pour prendre congé de notre artiste qu’une douce mélopée? C’est ce que nous propose «Dark Night of the Soul».
Posez donc une oreille attentive à ce skeud, vous en serez conquis!
Tibère
https://jeffreyerikmack.bandcamp.com/album/the-forgotten-earth
09/05/2022
Yang
Designed for disaster
crossover prog/art/math – 61:55 – France ‘22
C'est seulement le 4e album de Yang, groupe créé en 2002 par Frédéric L'Epée. L'exigence reste la même, et une surprise réelle est au coin du sillon virtuel.
Dès «Descendance», Frédéric et Laurent James ouvrent avec des entrelacs de guitares, façon Fripp/Belew (l'album en est parsemé), mais très vite, grande première: Ayşe Cansu Tanrikulu, une chanteuse intervient dans un registre alternativement jazzy et sériel, complétant un panorama fait de puissance rythmique tellurique et de textures rapides des guitares. L'apport de voix dans 5 morceaux est indéniablement une réussite, et Yang s'offre ainsi une nouvelle dimension: math, polyrythmie, minimalisme + humanité.
«Collision Course» et «Disentropy» poursuivent dans la même puissance (style Crimson '74).
Puis vient «Golem», l'un des 3 interludes bien nécessaires, comme autant de respirations dans cet album d'une grande densité émotionnelle. La suite «Words» reprend dans un chœur lourd et oppressant (tel Magma), contrebalancé par le lumineux «Flower You», chanté et addictif dans sa progression imparable. «Unisson» propose une lente promenade qui prend peu à peu une ampleur majestueuse.
«Migration»: première expo du thème par la basse sur une texture de guitare rapide. Thème repris par la voix chaude quasi jazzy. Mais ce serait trop simple, les rythmes se font mouvants, les patterns de guitares instables et, de manière implacable, le morceau ne nous lâchera qu'après 10 minutes denses. Délivrés mais totalement hébétés, empruntons «La Voie Du Mensonge». Sa cloche qui appelle les fidèles, ses guitares trémolos se répondent de manière inquiétante sur un tempo oppressant parfaitement servi par Volodia Brice (batterie) et Nico Gomez (basse).
«Décombres», un superbe soundscape enossifié, offre une dernière respiration de 2 minutes, avant de finir en apnée avec «Despite Origin». De Bach à l'infini, cette ultime pièce magnifiquement ciselée finit dans une litanie, confiteor ou credo «pour toi» du quintet composé par un Kapellmeister du 21e siècle.
Implacable, absolu.
INDISPENSABLE.
Cicero 3.14
https://cuneiformrecords.bandcamp.com/album/designed-for-disaster
10/05/2022
The Tronosonic Experience
The Shadow Vol I – The Shadow Pt. 2
progressive rock /jazz rock avant-gardiste – 35:32/35:13 – Norvège ‘21
Le combo The Tronosonic Experience dont ce ne sont pas les premiers essais vous comblera si un jazz échevelé teinté de psyché complexe constitue votre pain quotidien. En fait, les deux volumes sont parus à quelques jours d’intervalle seulement. Le quatuor, composé de Ivar Loe Bjørnstad (batterie), Ole Jørgen Bardal (saxophone), Øyvind Nypan (guitare) et Per Harald Ottesen (basse et principal compositeur), se définit lui-même, sur sa page Facebook, comme étant du punk jazz. S’il est vrai que ces iconoclastes n'hésitent jamais à introduire un tas d’éléments différents dans leur musique, la base est bien entendu du jazz auquel, ils ajoutent du rock progressif, de la fusion, du psyché, du stoner, voire même de l’avant-garde. Vous trouverez donc ici du jazz débridé comme le titre «Sheik» (un hommage à Zappa en deux parties?) ou plus apaisé («Totak»). De nettes influences de King Crimson sont détectables de-ci de-là, mais on peut citer également Soft Machine ou Miles Davis notamment. Cette œuvre en deux parties est sortie peu après le décès de leur bassiste et principal compositeur. Peut-on y voir quelque chose de l’ordre de l’hommage? C’est bien possible. Mon titre préféré se situe sur la seconde plaque et s’intitule «Beehive». Définitivement un album à se passer en boucle…
Tibère
https://open.spotify.com/artist/4zU5j3RYFHqzadFHc42oLp
11/05/2022
Retreat From Moscow
The World As We Knew It
progressive rock – 73:43 – UK ‘22
Retreat From Moscow, fondé vers la fin des 70’s, a joué sans faire d’album jusqu’à ce premier jet 40 ans plus tard; du rock mélodique d’antan et récent enregistré dans les Cotswolds, ça m’intéresse puisque endroit de distillation, bon je m’égare! Des musiciens qui ont joué pour Tom Jones, Kate Bush, Frank Zappa; des musiciens qui ont baigné dans les sons des Genesis, Uriah Heep, Pendragon, Camel ou Marillion. Du néo-rock progressif fluide sans fioriture emmené par Greg connu pour son implication dans Manic Street Preachers.
11 titres pour une durée totale de 75 minutes; certains titres vont faire office de bouche-trous dans le sens où la connotation 80’s est très/trop marquée. «The One You Left Behind» pose l’édifice de leur son heavy-sympho-prog, la voix est bien posée avec sensualité; un Arena surboosté par une rythmique de fer et un solo hackettien au spleen dérivant sur une plage acoustique. «Radiation» sur du Yes, Magellan, Asia, Boston, un rock prog endiablé; un break clavier à la Supertramp vitaminé. «I'm Alive» avec claviers dont un Hammond pour une intro fondante, rythmique hard assez complexe signant le son de RFM en mid-tempo; un break spatial contemplatif et la déclinaison finale amène à Yes et Marillion. «Constantinople» change de tonalité avec intro acoustique; The Gathering associé à l’entêtement d’un Arena pour un crescendo d’enfer.
«Home» sur la pièce épique, paroles sur la grande guerre, un néo-prog sur du Pendragon/Arena aérien; le break genesissien bouleversant comme le spleen dans le solo guitare final. «Moving Down» pour une ballade à la Genesis/Phil Collins puis du Camel et final en apothéose. «Perception» titre consensuel sur Asia et un air médiéval à la Jethro Tull. «Don't Look Back» avec une intro à la flûte, ballade avec la voix de John impressionnante; Toto me vient en pensée en fin.
Retreat From Moscow fait du rock prog suintant de mélodies imparables, des breaks instrumentaux avec diverses consonances, des airs somptueux, des notes plongeant dans une multitude de sons ancrés au plus profond de notre cerveau, voilà que ces Anglais vont vous faire chavirer; un album de toute beauté, avant-gardiste dans les 80’s, légèrement passéiste aujourd’hui.
Brutus
https://retreatfrommoscow.bandcamp.com/album/the-world-as-we-knew-it
12/05/2022
Far From Your Sun
The Origine Of Suffering
post rock/rock progressif – 53:32 – France ‘22
Formé en 2013, le projet parisien d'art-rock/rock progressif Far From Your Sun a sorti son nouvel album intitulé «The Origin of Suffering».
Far From Your Sun se définit comme un projet visant à mettre en valeur les compositions musicales rock actuelles en réunissant le travail d'artistes talentueux issus de divers horizons tels que la photographie, la peinture, l'écriture...
Nous n’en saurons pas plus, le groupe est d’une telle discrétion qu’il est impossible de connaître le nom des membres. Nos anonymes se consacrent exclusivement au travail en studio et ne se sont jamais produits en concert.
Les 9 titres vous emmèneront des rives du Nil de l'ancienne Égypte (d’après le livre «A New Translation of the Egyptian Book of the Dead» d'Ellis Normandi) jusqu’au cœur du XIXe siècle et des poèmes d'Emily Dickinson et d'Oscar Wilde.
C’est un album avec des mélodies accrocheuses et des harmonies rythmiques fortes, créant une atmosphère hypnotique qui s'accorde parfaitement avec les textes dont la poésie est l'une des forces de l'album. Il couvrira un très large éventail de musique, allant de morceaux rock à des titres acoustiques plus ambiants («La Fuite de la Lune» – «I felt a Funeral, in my brain») ainsi que des morceaux comportant des instruments orchestraux classiques («Tempus Edax, Homo Edacior»).
Le son est magnifique, cristallin (j’ai écouté au casque) grâce à Frédéric Gervais du Studio Henosis pour son travail d’orfèvre dans l'enregistrement, le mixage et le mastering.
Avec les sorties de ces deux dernières années, nous pouvons affirmer que le rock progressif français fait preuve d’une sacrée santé et cet album ne le démentira pas. Il pourrait très bien figurer dans les tops de l’année 2022.
Si les fans de Katatonia, Opeth, Porcupine Tree, Riverside, Hawkwind et Tool devraient particulièrement apprécier, tous les autres goûteront au plaisir de laisser divaguer leur esprit aux origines de la souffrance.
Publius Gallia
https://farfromyoursun.bandcamp.com/album/the-origin-of-suffering
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mQNyDFfy4a8ic40NWPIE5hvX4jnFGD84U
13/05/2022
Hunka Munka
Foreste interstellari
RPI/crossover/vintage rock – 50:24 – Italie ‘21
Hunka Munka est à l'origine le surnom de Roberto Carlotto. Cela veut dire «bon travail» en magyar (du moins c’est ce qu’on grois). Actif depuis les années 70, c'est un claviériste hors pair, reconnaissable au son d'un Hammond customisé. Talent reconnu jusqu'au Royaume-Uni, il a tourné avec Colosseum et Rod Stewart.
Dans les années 2000, HM est devenu duo avec l'arrivée de Joey Mauro, claviériste (et réparateur de clavier vintage). Pas étonnant donc que leur musique touche!
Car, dès l'intro, «La dama della foresta», les claviers se déchaînent pour notre plaisir; c'est assez musclé, cependant j'ai regretté, comme tout au long de l'album (sauf le morceau titre), une batterie parfois trop basique. Mais le reste des protagonistes nous proposent un prog de haut vol, qui emporte immédiatement, très rock; les 2 claviers et la guitare saturée bien soutenus par la basse donnent une impulsion à l'ensemble que renforce l'arrivée de la voix et des chœurs. Quelque part en plein RPI (rock progressif italien) vintage (pour le côté spumante et la voix), coloré en Deep Purple, des Aphrodite's Child gambadent parfois le long du sillon. «Brucerai» et «Idee maledette» confirment le style et l'efficacité. Le chant italien est particulièrement accrocheur, avec un voile et un timbre qui fait penser, parfois, à Demis Roussos, secondé par Alice Castaglioni et Tony Minerba.
Hors style: «La solitudine delle stelle» où la voix d'Alice et le synthé se confondent dans une somptueuse musique stellaire au rythme d'un écho radar, ainsi que «Amanti come noi» un slow des '70, orgue classisant et voix. Top!
À noter aussi le titre éponyme, epic de 13 minutes, qui après une mise en place un peu longue, devient parfois entêtant dans ses chœurs et ses «violons», parfois acerbe dans ses claviers façon Emerson. Un feu d'artifice ponctué d'un solo de batterie efficace!
Après un premier album d'HM en 1972, il a fallu attendre quasiment 50 ans pour le second! C'est une musique enthousiaste et inspirée mais je ne serai pas là pour le 3e...
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/artist/3JXDzASeVflVkjP2RuvOTr
14/05/2022
James Basdanis
Cosmos 'n' Duniyas
worldmusic – 45:51 – Grèce ‘22
James Basdanis est un guitariste de fusion moderne au son oriental. Il est le membre fondateur des groupes jacArt, Stichovoli et Programmed to Rock et fait également partie de Schema. Bien que j’en ignorais jusqu’à l’existence, James a déjà sorti auparavant d’autres créations sous son nom propre.
Toutes sortes d’influences méditerranéennes (du grec à l’arabe) constituent la moelle épinière de cette plaque intrigante dont le titre lui-même signifierait «mondes», si j’en crois mes sources.
Les morceaux sont, dans l’ensemble, courts, trois à quatre minutes (hormis «Firtina», lente mélopée arabisante de presque sept minutes). Si «Krepusko» s’avère typiquement grec, devinez donc où vous emmène «Balkanusion»…
Si nous sommes loin des musiques habituellement présentées dans ces pages, profitez donc avec moi de cette musique apaisante et dégustez donc un ouzo tout en esquivant un pas de danse («Dancing with the Great Beyond») car ici, tout n’est qu’ordre, calme et volupté…
Tibère
https://jamesbasdanis.bandcamp.com/album/cosmos-n-duniyas
15/05/2022
Malady
Ainavihantaa
progressive rock – 37:37 – Finlande ‘21
Le finnois est le leader du double A – c’est en tout cas une des particularités à laquelle je le reconnais (entre le chinois, le zaïrois ou le patois du Limbourg) – lettre par ailleurs championne de l’occurrence (avec le I et le T) dans cette langue comme le E dans la nôtre (y a-t-il un Georges Perec finlandais?) – et «Ainavihantaa» affirme sa suprématie, autant comme titre d’album (ici, le troisième de ce groupe réputé pour sa musique organique et rétrofuturiste) que comme représentant nationaliste, avec 5 A pour 2 E dans son équivalent français («Ainavihantaa» signifie «tout le temps»). Malady, orteils nus recroquevillés dans la tradition progressive d’un pays boréal pour toujours, polaire pour de moins en moins de temps, fait aujourd’hui une musique d’hier, qui remonte aux origines comme Benjamin Button déroule à l’endroit sa vie vécue à l’envers (c’est ça le rétrofuturisme): les cinq musiciens absorbent et intègrent les fondements du rock progressif, pour créer, dans la continuité, mélodies humbles et sonorités pleines (Hammond, Mellotron, Wurlitzer, Minimoog) et subtiles (saxophones, clarinette).
Auguste
https://maladyband.bandcamp.com/
16/05/2022
Ghost
Impera
hard rock – 49:33 – Suède ‘22
Ghost… vous en avez forcément entendu parler, il s’agit du nouveau groupe à la mode dans le hard rock. Le groupe suédois commence sa carrière en 2006 en évoluant dans l'anonymat et portant des masques sur scène. Il y a le «Papa Emeritus et ses goules». Leur musique est un mélange de hard rock de pop de prog et, lors de la sortie de leur premier album, «Opus Eponymous», ils créent totalement la surprise. Encore actuellement pour moi cet album est leur meilleur. Parlons de suite d'«Impera», leur cinquième album studio. Comme les goules sont masquées, nous ne connaissons pas leur identité, mais on sait que, pour la deuxième fois, elles ont toutes changé. Papa Emeritus étant, lui, passé par une version un, deux et trois, puis l’intermède Cardinal Copia, avant le retour de Papa Emeritus IV, derrière lequel se «cache» la tête pensante du groupe, Tobias Forge. Pour cet album, c'est Fredrik Akesson, le guitariste d'Opeth, qui assure l'enregistrement des guitares. Musicalement, Ghost a bien changé en quelques albums. Nous avons moins de reverb, moins de claviers, plus de guitares. Ils deviennent un groupe moins original et se fondent dans le moule. Par exemple, avec le titre «Dominion» où il y a un passage d'orgue, mais l'effet n'est pas celui de leurs débuts. «Darkness at the Heart of My Love», pseudo-ballade qui nous montre le côté plus doux de Ghost, passera sûrement dans toutes les radios du monde, mais ce n'est sûrement pas ce que les fans de la première heure attendent de Ghost. Même si «Impera» est loin d’être un mauvais album, Ghost est devenu un groupe de metal mainstream. «Impera» traite de la naissance, des échecs et de la chute inéluctable des empires, mêlés à des éléments mystiques et ésotériques. En ce qui concerne les influences, on retrouve Kiss, Def Leppard, Metallica... Vous l'aurez compris, cet «Impera» ne m'a pas totalement convaincu et je pense que beaucoup de fans resteront sur leur faim. Si vous découvrez ce groupe, l'album est agréable… mais soyez curieux d'écouter leur premier album «Opus Eponymous».
Vespasien
https://ghost.bandcamp.com/album/impera
17/05/2022
Bess of Bedlam
Dance Until the Crimes End
pop psyché – 43:20 – France ‘22
Encore une production du label lyonnais Dur et Doux que ce Bess of Bedlam dont voici la troisième galette depuis 2014. Fruit de la collaboration entre Fanny L'Héritier (chant, synthés guitare) et Guillaume Médioni (guitare électrique, basse, banjo), tous deux également dans le projet Odessey & Oracle, cet album nous entraîne vers une pop capricieuse et fantasque avec, parfois, un goût de folk psyché. Notez que Fanny, dont les influences sont plutôt anglo-saxonnes (Kate Bush, Robert Wyatt ou Joni Mitchell), s’occupe aussi bien des paroles que de la musique. Voyons ce que nous dit le dossier de presse: «Au détour de ce voyage rocambolesque et tourmenté, on croise notamment un collectif féministe engagé contre le nucléaire dans les années 80, trois femmes aux destins liés les uns aux autres, une bourgeoise anarchiste russe dans les années 20, une mère et sa fille en éternel conflit… Autant d’aventures sublimées par des mélodies sinueuses et des surprises harmoniques, entre autres artifices dont Bess of Bedlam a le secret.» En tout état de cause, le résultat se montre enchanteur (la voix suave et enfantine de Fanny n’y est pas étrangère). Quel bonheur de pouvoir se reposer les oreilles sur ces ritournelles simples, le tout sans prise de tête! Parfois, par exemple, sur le titre «What Can We Wise Women Do», le chant délicat de Fanny m’évoque Lio lorsque celle-ci se fait tendre et délicate sur ses chansons les plus intimes («Dites au Prince Charmant»)…
J’ai vraiment apprécié ces quelques instants de pur bonheur et j’espère qu’il en sera de même pour vous…
Tibère
https://bessofbedlam.bandcamp.com/album/dance-until-the-crimes-end
https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_m1BDSS7TfITM9Q-OVrKYfjMeglZYNSXf0
18/05/2022
Jonas Lindberg & The Other Side
Miles from Nowhere
crossover prog flamboyant – 85:54 – Suède ‘22
Après 2 EP (2008, 2013) et un premier LP en 2015, voici la nouvelle galette du groupe de Jonas Lindberg. Bassiste, producteur et membre de Flower Kings. Rien de moins.
«Secret Motive Man», intro punchy de l'album: une musique évidente, avec son thème à emporter les foules et ses contrepoints délicats façon flûte. Cela ne peut que présager que du bon. On est dans un album avec juste ce qu'il faut d'emphase pour un prog émouvant.
«Little Man», plus folky et pop, permet d'apprécier de nouveau la voix de Jonas Sundqvist; le noyau du morceau a été créé lors d'une jam avec l'autre Jonas. Sans révolutionner quoi que ce soit, c'est plus qu'agréable.
«Summer Queen»: 15 minutes pour cette pièce pleine de rebondissements, bien introduite par d'amples synthés qui exposent un premier thème; vient ensuite un break en picking, puis Jenny Storm nous charme de sa voix cristalline et pleine. Avec maestria nous revenons au premier thème. Le break suivant propose un pattern léger au xylophone, sur lequel une sèche vient solfier avec grâce, avant que le xylophone ne soit remplacé avec emphase sur son thème par des synthés et des guitares nerveuses. Splendide.
«Oceans Of Time»: à peine plus court, très catchy, un thème un peu balkanisant; là aussi on sait que cela va être un grand moment, avec ce thème sautillant balancé par des textes sur un rythme plus lourd qui donnent envie de se joindre au chœur! Plus loin, on s'ouvre au jazz-rock, au rock en revenant chaque fois au thème central. Lumineux.
«Astral Journey»: pour respirer après l'océan, un peu de sèche et de «flûte» dans une mélodie légère avant que les synthés n'épaississent le propos, renforcés par des guitares à mi-chemin entre Wishbone et Oldfield. Maîtrise!
«Why I'm Here»: pop ET entraînant, pas niais pour autant!
«Miles From Nowhere»: 25 minutes en 5 parties! Ouverture ténébreuse: cloche, orgue Leslie. Un peu de «Fool On The Hill», les guitares de Nicklas Thelin et Roine Stolt (Flower Kings), etc. Trop à dire... Écoutez, réécoutez, délectez-vous!
Cicero 3.14
19/05/2022
Salva
Ghost Story
crossover prog tendance AOR – 57:36 – Suède ‘22
Comme beaucoup, c’est au lycée que trois amis (Per, Johan et Stefan) se sont entendus pour faire de la musique. D’abord de style «hard rock» et «heavy metal», ils ont écumé les pubs et clubs avec des reprises. Puis, en 2003, parallèlement à cette activité, le trio décide de monter le projet «Salva» (Salva Sweden).
Après 6 albums, notre désormais quintet suédois sort son nouvel album, «Ghost Story», qui est leur premier véritable album concept.
Le compositeur Per Malmberg décrit l'intrigue comme l'histoire simple d'un garçon timide et introverti qui se découvre très jeune une passion débordante pour la musique.
Salva a mûri dans l'écriture des compositions et laisse apparaître son énorme potentiel avec ce nouvel album. Six titres s’étendent de 6:32 à 13:16.
La musique peut se définir comme un agréable mélange d'AOR (Styx et Kansas), de Heavy Prog (Savatage et Ayreon) et de pop symphonique (Kayak).
Les envolées Minimoog, les riffs de guitare sensibles et les somptueux chœurs Mellotron, caractérisent la marque de fabrique de Salva.
Cet album contient un travail remarquable sur les claviers (somptueux) et les guitares, et il plaira, j’en suis sûr, à tous les nombreux amateurs qui aiment un son prog bien «dur», d’autant plus que ce travail soutient des voix mélancoliques parfois douces et parfois aiguës et des harmonies vocales de qualité.
C’est sans doute le 2e titre, «Discovery», qui caractérise le plus le style du groupe dans cet album: on décolle sur la belle interaction entre guitares «à vif» et «violons Mellotron», puis un rythme mid-tempo où le chant et l'orgue se rejoignent. Nous nous mettons à planer quand la musique se transforme avec les interventions Minimoog et un solo plus dur. À mi-chemin, l’exacerbation sera à son comble avec une partie plus douce avec des voix chaudes, puis un solo de guitare poignant, suivi d'un Minimoog luxuriant. Et enfin l’explosion avec des riffs de guitare lourds et une batterie tonitruante. Nous ne pouvons qu’être impressionnés par la façon dont Salva passe de la douceur à la lourdeur et à la grandiloquence.
Publius Gallia
https://open.spotify.com/album/7FNd1paEc6Kb9jGIql54KS
20/05/2022
Soulsplitter
Connection
progressive djent métal – 40:28 – Allemagne ‘22
Soulsplitter se décrit comme un collectif de musique et d’art allemand, avant-gardiste ayant sorti l’un des meilleurs albums en 2019 sur une base jazz-prog-métal alternatif, dans la direction de Dream Theater et Opeth. Ce nouvel opus donne la voix à Sami pour plus de continuité; différent pour éviter de citer des grands dinos à chaque titre, différent car plus posé, net, concis, distillant un son propre et singulier maintenant.
«Disconnected» sur du rock djent genre Tesseract, une évolution jazzy soft et une ambiance planante comme de l’eau dégoulinant d’une cascade. «Glass Bridge» pour son intro acoustique et un superbe solo guitare et sa déclinaison piano synthé qui met le rythme. «Incineration» avec une base lourde sur un coulis de notes; la voix d’outre-tombe dénotant, la déclinaison mélodique classique au violon est éclatante. «Erosion» réverbération de l’air et ballade à la Leprous, litanie musicale montante; l’air saccadé donne l’intensité, la rythmique avec le piano distille ses notes avec une douceur pondérée. «Gratitude» air country-jazzy prog décliné à la sauce instrumentale; le solo guitare rythmé et le piano sonnent moderne. «Reconnected» piano cristallin puis mitrailleuse; la voix passe par un soubresaut hurlé sur une base aiguë devenant lyrique.
Album qui s’oriente sur un rock métal bigarré contemporain, progressiste dans son évolution musicale; des arrangements mélodiques pour poser l’auditeur, des compositions survoltées associant spleen et débauche d’énergie contrôlée, du prog métal djent saupoudré de cordes et piano pour un condensé de musique actuelle. Un son condensé qui perd un peu de sa folie créatrice du départ, un Haken posé, un Soulsplitter normé pour se fondre dans le climat actuel.
Brutus
21/05/2022
Carla Kihlstedt & Rafael Osés
Necessary Monsters
rock de chambre – 54:30 – États-Unis ‘21
Compositrice, violoniste et chanteuse, Carla Kihlstedt (membre de Rabbit Rabbit Radio et co-fondatrice de l’incroyable Sleepytime Gorilla Museum) écrit le spectacle scénique «Necessary Monsters» pour le Musée d’Art Contemporain de Chicago, cycle de chansons au livret né de la plume du poète Rafael Osés et fondé sur «Le livre des êtres imaginaires», dans lequel Jorge Luis Borges décrit plus de 100 créatures mythologiques ou folkloriques. Elle retient 9 monstres pour 9 morceaux (enregistrés en direct dans le cadre de la troisième soirée du Relevant Tones Festival de Chicago), parfois chantés, parfois parlés, souvent les deux, taillés pour un orchestre de chambre, plutôt acoustique mais à la rythmique rock (batterie et basse électrique). La chose sort de l’ordinaire, ne manque pas de grâce, peut évoquer le cabaret enfumé des années 1920, en plus relevé.
Auguste
https://carlakihlstedt.bandcamp.com/album/necessary-monsters
22/05/2022
Time's Forgotten
Shelter
progressive metal – 51:35 – Costa Rica ’22
Le Costa Rica, pays d’Amérique centrale, est réputé pour ses plages bordées par la mer de Caraïbes ou l’océan Pacifique, ses forêts tropicales, sa remarquable biodiversité, mais aussi pour ses séismes, ses tsunamis et ses nombreux volcans en éruption. C’est un peu tout cela qui inspire la musique de cette formation originaire de cette fameuse contrée.
En effet les compositions de Time’s Forgotten évoquent les belles étendues de Dame Nature, mais aussi quand celle-ci se fâche et secoue les paysages en laissant se déchaîner ses éléments. Il s’agit donc là d’un metal progressif qui fait à la fois la part belle aux mélodies, mais n’est pas pour autant avare en interventions remuantes.
La voix de la chanteuse Priscilla Ruiz est magnifique, caressante et envoûtante dans les passages atmosphériques, impressionnante quand elle monte en puissance dans les envolées métalliques et ce, tout en restant mélodique, un régal pour les amateurs de metal à chant féminin.
Progressives à souhait, les pièces musicales abritent des passages floydiens contrebalancés par des montées d’adrénaline heavy; le tout reste un metal accessible de par la mélodie qui prime à chaque instant dans un parfait compromis entre metal et rock progressif.
Le guitariste délivre des soli ébouriffants de maîtrise, qu’il joue en mode accalmie ou en position déflagration métallique. Chaque titre voit se succéder de superbes plans musicaux progressifs dans une richesse de notes subtiles et une variété d’ambiances qui donnent cette idée du climat du Costa Rica traduit en musique. Les paysages sonores défilent avec fluidité, rendent l’écoute passionnante de bout en bout. À chaque instant on est surpris par les interventions de chaque musicien, l’abondance de moments prenants de par leur instrumentation et de l’émotion qui s’en dégage.
Genre oblige, la section rythmique dispense des mouvements complexes sans prendre la tête de l’auditeur, les différents tempi s’écoulent en souplesse. Le clavier n’est pas en reste, enrobant les compositions d’une touche de modernité. Le tout est impeccablement produit et constitue un album de choix pour les futures prospections des amateurs de prog metal classieux!
Orcus
https://timesforgotten.bandcamp.com/album/shelter
23/05/2022
The Flower Kings
By Royal Decree
progressive rock – 93:57 – Suède ‘22
En chroniquant le dernier album de Marillion, j’écrivais que 2022 serait une année particulière avec le retour aux affaires du fer de lance du néo-prog des années 80 et de (au moins) deux des trois locomotives du renouveau du prog à la charnière des années 90 et 2000. En attendant Porcupine Tree en juin (et peut-être Spock’s Beard un peu plus tard dans l’année), voici donc la nouvelle livrée des Flower Kings.
Roine Stolt est un autre stakhanoviste du prog puisque, à côté de Kaipa et de Transatlantic, il a trouvé le temps de monter le très réussi The Sea Within, enregistrer un album avec Jon Anderson et continuer à produire avec les rois des fleurs. Après avoir sorti un double album en 2019 et en 2020, les voici de retour avec un nouveau double album. Notons dans le line-up le retour de Michael Stolt à la basse et la présence depuis 2019 du surprenant Zack Kamins aux claviers. Autre particularité, cet album ne comprend que des «courts» morceaux en ce sens que le plus long ne dépasse pas les 8 minutes. Pas de long épique de 55 minutes au programme donc.
Aborder un album des Flower Kings est toujours un exercice ardu; ardu car ce groupe ne semble pratiquer absolument aucune forme d’autocensure. Ils donnent effectivement l’impression d’exploiter la moindre idée qu’ils peuvent avoir tout en arrivant toujours à faire quelque chose d’intéressant à défaut que cela ne soit toujours réussi. C’est une démarche certes réjouissante mais parfois déroutante car on peine parfois à trouver le fil rouge des compositions.
On ne peut leur enlever l’enthousiasme ni la compétence pour tresser des textures sonores complexes; ce n’est certes pas très novateur et c’est solidement ancré dans les racines du prog seventies mais c’est d’une luxuriance peu commune. Le groupe dévoile aussi leur influence «Beatles» sur un morceau court comme «We Can Make It Work» et certains morceaux renferment de superbes mélodies.
Le problème est toujours un peu le même avec eux; parfois, trop c’est trop et on se dit que l’album aurait gagné en cohérence en étant plus «resserré», avec moins de morceaux qui auraient été plus marquants. Mais ils sont ainsi et on ne les changera pas.
En conclusion, il s’agit d’un honnête album qui ne détonnera pas dans leur discographie mais qui ne marquera pas les esprits comme «Stardust We Are» a pu le faire en son temps. Il n’en reste pas moins que c’est fouillé, luxuriant, complexe à souhait et donc tout à fait conforme avec ce que l’on peut attendre d’eux.
Cela ne risque pas de leur amener un nouveau public mais leurs fans apprécieront et applaudiront sans aucun doute.
Amelius
24/05/2022
Alan Hewitt & One Nation
2021
rock/jazz/fusion/prog – 43:12 – États-Unis ‘21
Alan Hewitt (claviériste des Moody Blues depuis 2010) et son supergroupe One Nation nous livrent ici leur 2e album, sobrement intitulé «2021», qui fait suite à «Evolution» (2015).
«One Step Closer» annonce immédiatement la couleur: pas de doute, nous sommes en présence de virtuoses et ils tiennent à nous le faire savoir avec une débauche presque indécente de claviers, synthés, guitares, voix, batterie. Le supergroupe attaque fort.
«Hard Rain» évoque irrésistiblement Toto. «Volt» (mon titre préféré), en mode fusion, est admirablement servi par la basse de David C. Johnson et la batterie de Billy Ashbaugh.
La suite (le yessien «We’re One Nation» et le genesissien «Mad Hatters’s Illusion», entre autres) est assez variée, sans qu’on puisse relever une véritable unité de style – et un supplément d’âme – à cet album trop disparate à mon goût.
En espérant que les amateurs de rock progressiste «à l’ancienne» trouveront leur bonheur au fil de huit titres soignés… au sein d’un album sans réelle signature.
Vivestido
25/05/2022
Bresk
A Journey Through The Life Of Peder Balke 1804-1887
progressive rock vintage – 42:09 – Norvège ‘22
Bresk est un trio familial formé autour des claviers de Lars Christian Narum, de la basse de son frère Jon Anders et de son fils Peder aux baguettes. Je les découvre en même temps que leur 1er album.
«Awakening»: un rien d'atmosphère shinante comme le Floyd pour une courte intro qui cache bien ce qui va suivre!
Car, dès «Napoleonic Wartime Overture», on rocke dans le pourpre profond; c'est pêchu et dynamisant (ma précédente chronique concernait leurs compatriotes de Laughing Stock, les Norvégiens se suivent et ne se ressemblent pas!). Puis d'un coup le clavier et la basse façon Supertramp nous choppent par l'oreille pour une seconde partie tout aussi aboutie.
«The Mountain» nous rappelle qu'aimer son lac et pas la mer n'est jamais loin d'un power trio basse-batterie-clavier. Même flamboyance, en plus collectif, mais la rythmique reste très Deep Purple.
«Sailing the Northern Coast»: intro Moody blues, puis une joyeuse mélodie bien exploitée.
«North Cape Arrival»: net concis.
«Hangin' Out with the King»: quelle efficacité, un thème simple façon tube.
«Revolution of 1848»: très typé ELP avec son riff évocateur.
«Balkeby»: on a bien du mal à ne pas croire qu'il n'y a pas de guitare wah tant la virtuosité de Lars est grande dans ces parties alternées guitare/flûte/Hammond.
«The End», pour conclure (déjà 🙁 ), est dans un registre plus 70; un slow sombre avec son orgue réverbéré et une batterie sans cymbales. Peut-être l'un des rares morceaux qui puisse évoquer les toiles de Balke, ce peintre norvégien aux ciels tourmentés: tout l'inverse de que l'on entend! Enlevé, ébouriffant, joyeux, sautillant, venez vous amuser dans ce disque pas prise de tête.
Je suis certain qu'ils ont dû bien s'amuser pour l'enregistrer; en tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écouter x fois pour cette chronique. Comme quoi, avec de vieux ingrédients qu'on pourrait croire périmés, on peut confectionner quelque chose de frais et totalement roboratif. Leurs fêtes de famille doivent être fantastiques!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/album/0pAGEa3hMONRsOhPIVyhuT
26/05/2022
Kimmo Pörsti
Past And Present
progressive rock pastoral/symphonique – 56:50 – Finlande ‘21
Je ne connaissais pas Kimmo Pörsti en dehors de son activité de batteur dans différents groupes ou projets (The Samurai of Prog, Paidarion, Mist Season, Bernard And Pörsti). Mais mon rédac chef m’a dit: «Ça fait trop longtemps que cet album traîne dans les cartons. Tu t’y colles prompto!» (Prompto, adverbe dérivé du latin qui signifie «rapido» et qui a l’avantage de pouvoir être compris dans une grande partie du globe.)
Suite à des fouilles archéologiques, j’apprends que Kimmo Pörsti a sorti, par un merveilleux après-midi, son premier album solo en 1997, «Ihmeellinen Iltapäivä», publié sous le nom de Maahinen. Il lui a fallu 23 ans pour faire le suivant, «Wayfarer» (2020), mais seulement un an de plus pour faire «Past and Present» (2021).
Dans ce présent et ce passé, on se promène tout au long des onze titres entre le prog pastoral à la Camel, des éléments celtiques («Dance Of The Miststress»), du rock («Darker Places») mais aussi des instrumentaux de jazz-fusion («Fused», «Past and Present», «At Lombardy Convent»).
Comme indiqué dans son titre, l’album présente à la fois des nouveautés mais aussi des pièces plus anciennes qui sont réarrangées et retravaillés, mais surtout magnifiquement exécutées, mixées et masterisées.
Cette mosaïque sonore doublée d’une grande variété de styles peut donner un sentiment d’unité amoindri en comparaison avec «Wayfarer».
Par contre, comme avec «Wayfarer», une bonne vingtaine d’invités, connus et reconnus, participent à ce projet et le font avec un plaisir de jouer évident. Il y a une profusion d’instruments à vent, bois, cuivres, et un magnifique thème de basse dans la piste-titre… qu’il vous faut, à tout prix, écouter et qui vous fera replonger 45 ans en arrière et pourtant ce n’est pas Stanley Clarke qui tient le manche…
Sachez, pour terminer, que la magnifique pochette est, encore une fois, l'œuvre de Ed Unitsky…
Publius Gallia
27/05/2022
T
pareidoliving
neoprog – 71:25 – Allemagne ‘22
T alias Thomas Thielen "t" publie son 8e album! Après «Scythe» il s’est lancé dans de longs albums concepts jouant de tous les instruments! Du prog ambient planant mélancolique, des similitudes avec Porcupine Tree pour les longs développements, Gazpacho pour les envolées, Saviour Machine pour les titres enchaînés chantés. Voix à la Hogarth, à la Bowie et une expérience unique et envoûtante; à écouter avant d’essayer de la posséder pour éviter d’en oublier la substantifique moelle musicale. T sort ses albums pour les écouter, les apprécier, s’y plonger avec délectation et progression, pour s’y perdre et tomber en paréidolie, espace spatial imaginatif sans concession.
8 morceaux dont 6 avoisinant les 10 minutes, un interlude et le radio edit sur «How Not To Speak» et «The Idiot's Prayer»; les autres sur des sons, des ambiances, des harmonies du Marillion de Hogarth, sur la voix de feu Bowie. Des titres oniriques qui s’enchaînent, qui font penser au «Brave»; des titres où la voix incorporée me fait penser aux Saviour Machine ou aux Alice In Chains, une voix qui, dès que vous avez compris qu’il l’utilise comme un instrument, devient bouleversante au niveau lamentation et sensibilité. Un album concept où «The Same Old Everything» avec un final dantesque sur «The Trial» des Pink Floyd, «The Scars of the Sky», «A Relevant Lovesong» (pour l’intégration de vibrations électro) et «Tell The Neighbours We're Fine» (pour le final grandiloquent en crescendo suintant d’émotion) risquent de vous faire enfoncer la touche replay.
T a réussi son examen de passage; il reste dans sa trame mélodique tout en ajoutant des vibrations, un univers, un concept musical unique; il transcende le son de ses instruments et de sa voix pour faire du new-néo-prog engendrant l’émotion à son comble, de l’art rock tout simplement, presque impensable venant d’un seul homme. Alors oui cela peut sembler répétitif mais c’est avant tout évolutif. T c’est «tormidable» et rare en cette année.
Brutus
28/05/2022
Faust
,,Daumenbruch''
krautrock – 56:46 – Allemagne ‘22
MWM
Comment créer après avoir créé – en particulier dans cette période particulièrement dingue qui colle au «Summer Of Love»? Car, depuis le Faust de 1971, un paquet d’albums, de multiples entrées et sorties de musiciens et même plusieurs incarnations différentes se succèdent, jusqu’à celle responsable de «,,Daumenbruch''» – où persistent depuis la naissance du groupe à Wümme, Werner «Zappi» Diermaier (batterie) et Gunter Wüsthoff (saxophone et claviers – dont il parle affectueusement aujourd’hui comme d’une «boîte à musique»). Et donc, comment le duo invente-t-il après avoir inventé? Les trois longues pistes de ce nouvel album sont des cadavres exquis – ce jeu collectif né de l’imagination des surréalistes (eux non plus n’en manquaient pas) par lequel chaque participant (dont des copains d’Einstürzende Neubauten) complète une phrase (ou un dessin) sans voir l’apport des autres. Diermaier et Wüsthoff composent les bases des morceaux, en envoient les rough mix à des musiciens qui, sans concertation, proposent leurs propres overdubs, récoltent et mixent le résultat: un amalgame d’idées, de superpositions, d’entrechoquements, d’irruptions, auxquels ils donnent une forme finale par le mixage. Et, dans cette veine hypnotique, industrielle et expérimentale qui caractérise l’héritage des débuts, c’est excellent.
Auguste
29/05/2022
Asgaard
What if…
progressive metal atmosphérique – 43:12 – Pologne ‘22
Les Polonais d’Asgaard nous reviennent présenter leur septième album après dix ans de silence. Si des groupes comme Anathema, My Dying Bride ou Katatonia figurent dans votre panthéon, nul doute que si le groupe n’y est pas encore (le groupe existe depuis 1994, même si je n’en avais aucune connaissance auparavant) il rejoindra bientôt vos préférés. Le son du groupe évolue légèrement: leur metal gothique se voit maintenant agrémenté de sons en provenance de la sphère électro, ce qui n’est pas rédhibitoire, bien au contraire, j’en veux pour preuve la plage d’introduction, «Sisyphus» (oui, c’est bien sorti de la mythologie grecque). Si la plupart des titres sont interprétés en anglais, certains le sont en polonais, ce qui ne peut que ravir nos oreilles guère habituées. Une plage comme «Horizon Upside Down» se montre nettement plus énergique. Les deux titres bonus placés stratégiquement en fin d’album ne sont que les versions radio edit des titres polonais.
Un album que je ne peux que recommander aux plus romantiques d’entre vous.
Tibère
30/05/2022
WØLZT
Anamnēsis
cinematic rock – 35:13 – France ‘22
Alors, mon p’tit gars, v’là qu’on m’promet – dans ton dossier qui gifle à l’instant mon bureau – du David Lynch nappé sauce Cave et servi façon griffe de la nuit?! ‘Va falloir assurer! Pi n’espère pô filer à l’anglaise avant qu’on n’t’ai cuisiné gamin, lui dis-je en l’aveuglant avec ma lampe à pince.
* * *
Alors, raconte-nous où tu traînais le soir de l’affaire?
Ben, heu… je refaisais le monde sous la pluie. Le cafard. Tracassé. Plein d’questions en tête.
Ouais, on sait, déjà dit tout ça. Faut changer d’disque l’ami. Si ton premier track ronronne comme une chimère, puissant, bâtard d’un déhanchement halluciné à la Doors et du regard furieux d’une murder song qui fleure bon l’Sixteen Horsepower... Va m’en falloir davantage!
"Suis parti me cacher dans la vallée. J’avais peur. Tous ces gens aussi…
Tout l’monde se cache ma caille. ‘Pas ta litanie d’crooner sapé Road-Movie qui va empêcher la ménagère d’se trafiquer l’profil. Fascinante ta musique, soit, mais tu vas t’mettre à table!
J’vous dis la vérité! J’ai l’impression de n’pas être moi. C’est mon corps qui ment. Peut-être un sosie qui se promène quelque part… ’Suis innocent!
Facile ça. Tu risques un tour chez les dingos si tu persistes. Non mais, avec quoi tu t’es défoncé mec? Là-dessus, j’me r’fait un café, j’espère qu’il n’aura plus ce satané goût d’poisson.
J’suis clean, M’sieur.
Toujours la même rengaine. Malgré tout j’ai envie d’te croire. Avec un son pareil, traîné dans la poussière, mais qui réussit le pari du jamais-entendu. Moderne et discret. T’es un cador!
S’il-vous-plaît, j’n’en peux plus...
Pique pô du nez, t’iras t’pager plus tard, on en a pas fini tous les deux!
Qu’est-ce que tu foutais seul dans c’bois le soir où on t’a chopé?
J’me souviens plus. J’venais juste de me réveiller…
* * *
Étrange affaire. J’ai libéré ce type. Plus rien à en tirer! M’avait quand-même pas menti sur la marchandise. Ceci-dit… intuition qu’on a point fini d’parler d’lui!
Néron
https://wolzt.bandcamp.com/track/anamne-sis-2
https://www.youtube.com/watch?v=gyGd2kf0X98&list=OLAK5uy_lUR-hPmZnNWOCCAlMHoAHnvOim_VbxYTg&index=2
31/05/2022
Project: Patchwork
Ultima Ratio
crossover prog/symphonique – 58:09 – Allemagne ‘22
«Project: Patchwork» est le nom sous lequel Gerd Albers publie ses compositions, depuis une dizaine d’années. Il y est aidé dans la réalisation par Peter Koll qui s'occupe principalement de l'enregistrement et du montage.
Loin d’être un solitaire, notre Teuton sait s’entourer de moult musiciens pour exprimer sa vision du rock progressif. Ils sont une quinzaine dont quelques-uns issus de «Mystery», «Seven Step To The Green Door», «Flaming Row» ou «Subsignal».
Le premier album, «Tales From A Hidden Dream», était sorti en 2015, suivi trois ans plus tard par «Re|Flection».
«Ultima Ratio» est leur 3e album, donc!
Il est fortement focalisé sur l’impact de la pandémie de Covid 19. À travers les 9 titres, Gerd tente de décrire les résultats sociaux du confinement et quelques autres mesures en Allemagne (principalement) et dans le monde.
L’album semble plus «compact» que les précédents pour lesquels le projet portait bien son nom. Les titres sont conçus classiquement avec, le plus souvent, une intro guitare (tantôt électrique, souvent acoustique), à laquelle se rattachent les autres instruments. C’est peut être à cause de cela et du manque de surprise que pourrait naître chez certains auditeurs le sentiment de répétition.
À noter une bonne présence des claviers tout au long du disque et l'apparition bienvenue, sur le 4e titre, «Code Red», d’une très belle voix féminine, ce qui en fait mon titre préféré. La construction mélodique des morceaux fait alterner les moments calmes et les éruptions musclées. Le son peut paraître parfois perdre du relief quand il y a profusion d’instruments. Néanmoins, la qualité des divers intervenants, professionnels et amateurs mélangés, font de cet album un produit «bien ficelé», un album très propre d’une interprétation sans faute. Peut-être devrais-je lui donner une seconde chance!
Publius Gallia
https://projectpatchwork.bandcamp.com/album/project-patchwork-ultima-ratio