Octobre 2022
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01/10/2022
Anderes Holz
Continuo
rock progressif éclectique – 37:36 – Allemagne ‘22
«Continuo» est la seconde production du groupe Anderes Holz depuis leur création en 2018. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela déménage en mélangeant sans vergogne aussi bien du progressif, de l’art-rock à du punk, par exemple, ou même des passages folks.
Mais venez donc faire un tour du propriétaire avec moi afin de vous faire une idée plus précise. Déjà, la longue plage introductive «Şıfr» triture des sons les plus divers pour nous assommer dans cette mixture avant-gardiste. Notez également que toutes les paroles sont déclinées dans la langue de Goethe. Les noms qui me viennent à l’esprit à l’écoute de cette galette sont, par exemple, Diablo Swing Orchestra, Stolen Babies, Sebkha-Chott, 6:33 ou City Weezle, chroniqué ici même le 01/05/2022. (https://www.facebook.com/progcensor/posts/1050312208906328)
«Fase» est une courte mélopée à tendance (légèrement) bluesy tandis que «Schan» chaloupe sur des percussions entraînantes.
Voici donc une chouette découverte que je me permets de partager avec vous tous, en tout cas les plus curieux d’entre vous.
Tibère
https://anderesholz.bandcamp.com/album/continuo-2
https://www.youtube.com/anderesholz
02/10/2022
Brötchen des Todes
I will start a fire
rock mélancolique progressif psyché – 44:51 – France ‘22
Epicericords
Groupe originaire de Camaret, à 1 heure de Brest.
«Deer Hunter». Un album qui commence en sonnant comme une production Constellation Records (le label de GYBE) et qui pourrait illustrer musicalement un film de Darren Aronofsky. Perturbant et hypnotique avec un soin particulier apporté aux percussions. Elles sont capitales dans la construction de leur son, tout comme les voix hantées. Un son âpre et violent (les guitares) et peu d’espoir.
«You haunt me». J’y vois la belle tristesse de Paranoid Android, cette émotion qui vous submerge sans sombrer dans le pathos. Un morceau poignant, répétitif, intriguant et planant, voguant vers un climax post rock et évoquant avec pertinence le dépit amoureux. Très beau.
«No new morning». Un bon premier effort et une 3e piste plus enjouée car moins introspective, beaucoup de plaisir à découvrir ce jeune groupe expérimental. Tourné vers le film noir à la David Lynch et l’étrange.
«Little girl». Cette galette très cinématique reprend alors son envol vers des territoires plus effrayants. Une inspiration du rock allemand 70’s se fait sentir également (à la Emeralds ou Titan). Très spatial et bruitiste.
«I will start a fire». À nouveau excellent psychédélisme lancinant, quelques réminiscences de Jeff Buckley. J’encourage vivement le groupe à poursuivre ses efforts. Ils passent à Nantes prochainement. C’est l’occasion pour moi.
«Dans cette fureur». Une piste qui fait honneur à son titre. Malgré les notes pessimistes d’aucuns voient poindre une lueur positive. Comme dit plus haut, un album très percussif, comme une idée d’en faire un mur du son. Très bien et me change du vieux prog (que j’aime toujours autant).
«The world fell down». D’aucuns pensent également à Popol Vuh dans ce final étincelant (la guitare notamment) mais aussi à Neil Young coopérant avec Pearl Jam. J’y entends aussi un peu du thème principal de Queimada (Morricone, un film de Gillo Pontecorvo). Félicitations du jury!
Fatalis Imperator
03/10/2022
Lonely Robot
A model life
rock progressif – 53:20 – UK’22
John Mitchell est déjà de retour. À peine l’album de Frost* sorti, il préparait déjà un nouveau projet appelé «The Kite Experiment» que j’ai chroniqué ici-même le 11 mars dernier et le voici déjà de retour avec le déjà cinquième album de son projet solo Lonely Robot.
Le gaillard présente pas mal de similitudes avec un autre personnage du prog, à savoir Neil Morse. Tous les deux ont cette faculté de pondre des mélodies belles à pleurer, tous les deux ont un sens de la composition et de la production qui font mouche et tous les deux multiplient les projets musicaux et enfilent les sorties musicales. Certes le rythme de Mitchell est peut-être un peu moins intense mais cinq albums solo en sept ans en plus du reste, avouez que ce n’est pas mal.
L’analogie avec Morse ne s’arrête pas là; la patte «Mitchell», cela se reconnaît. Outre les mélodies, son chant un peu éraillé et son style de guitare fluide et précis sont reconnaissables entre mille et tout comme Morse, ces atouts qui font sa force peuvent également faire sa faiblesse car le défi pour lui est d’arriver à se renouveler et donc à surprendre. L’homme a du talent à revendre; c’est indéniable. Il sait aussi parfois se mettre en danger. Il fallait en effet un fameux courage pour oser relancer It Bites dont le style était tellement marqué par le talent et la personnalité hors normes de Francis Dunnery.
Dans une interview récente, Mitchell disait que Lonely Robot était le projet lui donnant le plus de satisfactions car il était seul à la manœuvre. Eh bien, je pense précisément que Mitchell est encore meilleur lorsqu’il n’est pas seul et doit se frotter aux contraintes artistiques d’autres tels que Jem Godfrey dans Frost* ou John Beck dans It Bites.
Attention, cet album est hautement recommandable: les titres s’enchaînent comme des perles… Pour vous en convaincre, écoutez le magnifique «Species in transition», «Rain Kings» ou la merveille «Duty of care». Mais on sent notre homme parfaitement dans sa zone de confort en produisant une musique plus pop-rock que vraiment prog. Pour comprendre mon point de vue, réécoutez ne fût-ce que la plage titulaire de «Day and age», la dernière livrée de Frost* et vous verrez ce que je veux dire.
En conclusion, un très bel album, parfaitement conforme à ce que les fans sont en droit d’attendre mais auquel il manque, selon moi, un grain de folie pour le rendre indispensable.
Amelius
04/10/2022
Antony Kalugin
Rebirth
rock progressif instrumental – 49:54 – Ukraine ‘22
On ne compte plus le nombre de réalisations de notre Ukrainien préféré, que ce soit sous son nom propre ou au sein de Karfagen, AKP, Sunchild ou Hoggwash. Comme de nombreux musiciens originaires d’Ukraine, il semble que notre homme ait trouvé refuge en Pologne afin de pouvoir encore nous faire parvenir ses compositions; dans un autre style, les Russes d’Imperial Age sont dans le même cas de figure.
La base de cette parution a en fait été composée entre 2003 et 2004. C’est en avril-mai de cette année qu’Antony a revisité ses compositions afin de nous les offrir comme une renaissance. Il nous offre ainsi un progressif moins symphonique et habité qu’à son habitude: tout est complètement instrumental. Tout est entièrement réalisé par ses soins, à l’exception des guitares confiées aux doigts de fée de son ami Max Velychko, membre de Karfagen.
Bien que tout soit parfaitement joué et que certaines parties soient tout à fait exceptionnelles, je dois avouer avoir été quelque peu déçu car il n’y a pas de grandes envolées comme on peut s’y attendre avec le bonhomme, malgré une espagnolade sympathique («White Castle»).
Attention, rien n’est à jeter ici, mais je trouve le tout un peu gentillet, d’où une cote en deçà de mon habitude avec le sieur Antony…
Tibère
https://antonykalugin.bandcamp.com/album/rebirth-24-48
https://www.youtube.com/watch?v=9td4pJ-ggc4
05/10/2022
Gates To The Morning
Walk Between Worlds
atmospheric-acoustic rock, post-metal – 42:56 – USA ‘22
Gates To The Morning c’est Sean Meyers proposant un intermède musical post-rock-folk des pistes de «Return To Earth», bien dans leur son black metal prog d’origine; ici c’est wilsonien, toolien et opethien, sur Nordagust en fait. C’est le 1er de 3 albums en préparation, le calme avant la tempête fondé sur une base acoustique, un entre-deux-monde musical où la désolation des notes rime avec des climats engendrés, où l’hiver reste là perpétuellement.
«King Obscure»: intro floydienne, anathemaïenne, dirais-je, obscure et plaintive. «Piscean Daydream»: déclinaison post-rock instrumental acoustique à l’air de mantra puis «Moon in the Mid-Day Sky», condensé de Porcupine Tree avec le côté sombre d’un Opeth pour la ballade mélodique et son petit solo. «Paradigms Fall»: sombre dans la veine d’un iamthemorning, lente mélopée avant que des percus virevoltantes viennent jammer; sans électricité il fallait oser. «Sacrament»: onirique, austère, sombre, malsain, beau, litanie musicale monocorde.
«Chapel Perilous»: 6 minutes en folk sombre du cru, enfin on s’y croirait… en Scandinavie, on sent le froid et la beauté d’une harpe qui réchauffe; une chorale qui fait frissonner, féerique. «Chasing Shadows»: pour un chant dans la même lignée, du temps où les troubadours n’avaient point peur, le piano divin amenant «Terra Incognita», à l’ambiance d’Anathema jusqu’aux voix graves chuchotées ici; mélange de douceur et de violence potentielle; c’est black de fond et «Return to Earth», piano pesant, air sombre, voix mélancolique et envoûtante en mélodie qui s’étire, base à «Fortress (Piscean Reprise)», floydien un temps, flamenco en valse de toute beauté.
Gates To The Morning donne donc dans l’onirisme, la solitude béatifiante, l’atmosphère sombre revigorante. Un opus froid, calme, dans la lignée du «Casualties Of Cool», country planant de Devin Townsend, et bien entendu du «Damnation» d’Opeth. Un set réimaginé, relooké, divergent; du black metal édulcoré plutôt sombre que malsain, inventif que mélancolique.
Brutus
https://gatestothemorning.bandcamp.com/album/walk-between-worlds
06/10/2022
Here on Earth
Nic nam się nie należy
metal progressif – 43:44 – Pologne ‘22
Quintet silésien (Katowice) fondé en 2013, qui a sorti deux albums: «In.Ellipsis» (2016) et «Thallium» (2018) et peut être classé comme groupe de métal progressif avec des relents post-rock.
Je ne connais pas leurs premiers albums pour la bonne raison que je ne connais pas le groupe. Je sais, par contre, que «Nic nam się nie należy», c’est le premier disque chanté dans leur langue d’origine et c’est plutôt courageux que de faire ce choix. De ce fait, au niveau compréhension, ça devient compliqué; ainsi le titre de l’album peut-il avoir plusieurs sens (On ne nous doit rien/Nous n’avons droit à rien/Nous ne méritons rien).
Pour moi, pauvre bilingue (français/anglais), il ne reste que la musique et les impressions liées à la voix pour rencontrer chacun des titres. Le seul titre que je crois avoir compris est le deuxième qui doit vouloir dire «ultracrépidarianisme», un terme qui interpelle tout critique qui se pose la question de son autorité à parler de…
J’ai cru comprendre que le choix de la langue maternelle se posait comme nécessaire car le groupe voulait évoquer la situation du pays et la condition de l’homme dans ce contexte.
Concentrons-nous donc sur la musique des 9 titres proposés: elle est impressionnante avec de superbes mélodies parfois bien émouvantes et qui peuvent facilement s’ancrer dans la mémoire. Bien sûr, il y a parfois beaucoup d'emphase et de pathos (défaut de jeunesse ou volonté délibérée?), mais cela a son charme. Le groupe allie très bien le poids émotionnel des puissants riffs de guitare à la mélancolie, le tourment ou le calme. Quand on ajoute à cela de longues nappes de claviers et de fréquents changements de rythme chacun doit pouvoir y trouver son bonheur. La barrière éventuelle de la langue ne doit pas vous détourner de cet album car la voix, plus qu’agréable, est parfaitement adaptée au style de musique et tient sa place comme instrument à part entière.
Publius Gallia
https://hereonearthpl.bandcamp.com/.../nic-nam-si-nie-nale-y
https://www.youtube.com/watch?v=eepDi8ltQek
07/10/2022
Splink
Kozmosis
crossover unlimited – 44:11 – UK ‘22
Premier choc de cet album, sa pochette! Ce «cover» de la peinture «Universum» de l'astronome français Camille Flammarion. Ce format carré m'avait évoqué, quand je l’avais découvert, la «cover» de ce qui serait MON premier album de prog. Je ne vais pas faire un livre sur Camille, car l'éditeur c'était son frère. Assez sur le plumage.
Le moto de ce quatuor c'est «No Rule Music»: promesse tenue! Cet album vous fait passer, avec à peine 2 silences pour les séparer entre les pistes 5 à 7, des embruns de «Greenlands» et son violon sautillant à la touffeur du sous-continent indien pour l'intro de «Cavendish», ce morceau évoluant ensuite en une gigue magistrale menée grand train. Et pour vous achever, après ces deux purs instrumentaux, le très ironique «zappesque» chant sur «Jeremy's Been Shot». Mais, contrairement à Jeremy, nous pouvons ensuite nous délecter d'un «Spaghetti Double Glazing», dont la rythmique funk nous entraîne dans près de 9 minutes d'un morceau vigoureux entre jazz-rock et psyché.
Mais j'aurais dû commencer par la piste 1 qui donne son titre à l'album: intro très rock, guitare énervée avant que le violon phasé n'intervienne; c'est accrocheur mais comme cette voix vocodée, ou les vocalises plus tard, ce serait réducteur!
Splink c'est plus, essentiellement instrumental, avec un violon pour instrument solo. La piste 4 «Pins and Noodles» fait penser au meilleur de Louise Attaque, puissant, mélodieux avec des pizzicati et un riff de violon imparable et entêtant.
Le quatuor se dit composé de deux «vieux»: Matt Evans (guitare, clavier), Tim Chapman (batterie), et deux «jeunes»: Andy Crickett (basse) et Vikki Ings (ce n'est pas un pseudo 😉 ), au violon. Ils ont déjà publié 9 albums et sur scène ils se montrent excellents, comme me l'a confié le censor «Fatalis Imperator» qui les a vus au Kosfest '22.
Un album à découvrir pour sa fraîche inventivité joyeuse! Vite, faites comme le personnage de la pochette et allez écouter ce que cachent leurs univers !
Cicero 3.14
https://splinkband.bandcamp.com/album/kozmosis
https://www.youtube.com/watch?v=sm0ce4wTap0
08/10/2022
Schnauser
Altra Seccatura
rock progressif / Canterbury – 43:48 – UK ‘22
Débuts en 2005 pour Alan Strawbridge après la fin des Lucky Bishops. 2 précédents albums: «Protein for Everyone» (2014) et «Irritant» (2017).
«Obligations». Un album visiblement riche en morceaux courts. Pas d’epic de 20 minutes à y trouver. Une première piste très enjouée et jazz-rock avec parfois un esprit klezmer. Très sympa et bonne guitare.
«Daddy». À nouveau je sens un amour pour le Canterbury (cette légèreté et ce refus de débauche de solos et cet aspect planant. Un groupe très frais qui semble avoir écouté les Beatles. Et avec réussite. Un final qui évoque Yes. Des bons musiciens.
«Waltz of the four dark corners». Soyons francs, je préfère vraiment les albums plus sombres et les structures complexes mais force est de constater que cet album a du chien du fait de son amour des Fab Four (c’est ce qui ressort pour moi). C’est de l’excellente pop prog.
«Positive». J’apprécie aussi la présence des cuivres dans ce solide opus qui fait montre de beaucoup d’insouciance et d’amusement. L’instrument principal c‘est la voix assortie de jolies mélodies.
«Do the Death». Un essai joyeux qui nous fait rencontrer la Grande Faucheuse les mains dans les poches. Quelques clins d’œil à King Crimson. Un sax enfiévré. La voix n’est pas si loin de Peter Hammill.
«Bistro!». Une agréable virée de plus avec cette fine équipe anglaise qui sonne très bien. Ils s’entendraient sans doute formidablement avec Robert Wyatt qui les écoute peut être religieusement. Ils auraient sans doute aimé cheminer avec Kevin Ayers.
«Forever». C’est marrant parfois je pense à un VDGG plus apaisé et souriant. Beaucoup de qualités pour un groupe qui m’était inconnu et loin des sentiers où j’aime marcher. Excellentes sonorités de claviers.
«Man Friday». David Jackson est là aussi sans doute. De beaux morceaux de bravoure instrumentale çà et là. Je ne me suis pas ennuyé du tout et d’ailleurs la note monte au fur et à mesure de l’écoute.
«The Crane». Un petit délire à la Gong pour arriver pas loin de la conclusion. Quelque peu planant. Bonne alliance de la prog, de la pop et du psychédélisme.
«Twisted Solar». Et du Twisted Sister pour finir, non du Twisted Solar. Un final éthéré et bien en place. Très cohérent. J'ai adoré les cuivres. Très bien fait.
Je préférerai toujours Anekdoten ou Amon Düül II mais c’est chouette.
Fatalis Imperator
https://schnauser.bandcamp.com/album/altra-seccatura
https://www.youtube.com/watch?v=A94M8xlgZIU
09/10/2022
Venus Principle
Stand in Your Light
rock progressif éclectique – 68:06 – UK ‘22
Voici le premier album de Venus Principle, bien que ses membres ne soient pas des inconnus: en effet, le line-up est composé en grande partie d’anciens Crippled Black Phoenix (Daniel Änghede au chant, Mark Furnevall aux claviers, Ben Wilsker à la batterie et Daisy Chapman aux chœurs) aidés par Jonas Stålhammar (guitares, At The Gates) et par Pontus Blom (basse). Comme vous pouvez vous en douter, le résultat est à la hauteur: il n’y a rien à jeter, que du contraire. On trouve dans cette galette, dans le désordre, du psychédélisme sombre, du progressif classique, du doom, du post rock atmosphérique, le tout baigné d’ambiances mélancoliques comme peuvent nous en distiller des formations telles qu’Anekdoten ou Landberk: tout en programme!
Je ne vais pas passer en revue tous les titres faisant partie de cette œuvre, mais mettre en exergue certains m’est permis (ben oui, c’est moi qui écris).
Dès «Rebel Drones», vous voici embarqués dans ces atmosphères lourdes et légères à la fois, car chargées d’émotion. Le chant de Daisy se montre enveloppant, notamment sur «The Lord He Giveth And He Taketh Away». Antimatter s’invite sur «Sanctuary», titre parfait pour nous évader dans nos rêveries… C’est sur une ballade douce (le titre éponyme de l’album) que se clôture cette belle réalisation. Je m’en voudrais de ne pas mentionner ma plage préférée, «Shut It Down»: nos amis sont là au faîte de leur créativité.
Décidément une plaque à réécouter à l’aune des soirées automnales car, comme le dit le poète, «Les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon cœur d’une langueur monotone», même si cet instrument n’est pas utilisé ici!
Tibère
https://venusprinciple.bandcamp.com/album/stand-in-your-light-deluxe-edition
10/10/2022
Arena
The Theory Of Molecular Inheritance
néo-heavy-prog – 62:57 – UK ‘22
Arena (Arena (official FB)) fondé en 1995, un méga groupe à l'époque avec des membres de Marillion, Pendragon et d’Asia au départ. Un néo puissant, la 3e génération de rock prog après Genesis et Marillion justement. La lourdeur de leur son a orienté selon moi le prog vers le métal pour le plus grand bien. C’est leur 10e opus avec l'apport de Damian Wilson qui a œuvré pour Landmarq, Maiden United et Ayreon; il lui manquait un groupe majeur, c’est fait avec Arena.
11 titres entre 4 et 7 minutes avec la particularité d’être accolés, des bruitages entre et l’on trouve un album remarquable, l’un de ceux dont on va parler longtemps. Grâce à Clive bien entendu, grâce à Damian qui vient booster de sa voix les titres; grâce aux autres musiciens qui impriment rythme et soli endiablés avec puissance. «Time Capsule» synthés en avant, rythmique de fer de Mick et Kylan, voix haute hypnotique. «The Equation» piano à bois, break de Clive et relance de Damian, un Moog gras, visqueux vient conforter la sensation du travail accompli; la rythmique est lourde, nerveuse, le final explosif. «Twenty One Grams» bruit de cœur, basse sombre de Kylan, Mick derrière; Damian chante sur un air de sirène. Ça monte à mi-parcours sur une ambiance rappelant les errances dark métalliques de Riverside; final au clavier. «Confession» et la ballade génésisienne sur une base piano-voix. «The Heiligenstadt Legacy» avec Damian sur une déclaration du testament de Ludwig, boosté par le piano solennel de Clive. John fait suinter sa guitare sur un crescendo envoûtant.
«Field of Sinners» synthé Marillion époque Fish; c’est latent puis explosif, un pur produit Arena avec les nappes claviers; le titre le plus progressif, atmosphérique sur «The Visitor», c’est bien foutu et le solo mitrailleur de John conforte l’impression. «Pure of Heart» avec air à The Passions, ça monte et tu ne sais pas quand ça va pas s’arrêter. Damian sur un riff métallique, sa voix haute à la Trevor Horn époque «Drama»; les synthés assurent le solo avec John; riff hard final. «Under the Microscope» et un robot chauffe l’air avant la montée sur des synthés virevoltants, on rentre dans les comptines de Lewis Caroll; guitare aérienne à la Gary Moore finale. «Integration» plus consensuel avec un combat claviers-cordes qui part d’un coup. «Part of You» riff classique majestueux, superbe montée progressive avec moment d’égarement musical. «Life Goes On» sur «L’Exorciste», si Mike… Oldfield écoute il va sourire; aboutissement de cet album sans faille.
Arena que je n’avais jamais chroniqué sort l’album parfait rentrant dans mon top 2022, vu l’association millimétrée entre guitare, claviers, basse rythmique et vocaux de Damian. Je craignais trop de présence vocale, je suis doublement rassuré et enthousiasmé. Clive devait être sûr de lui pour me laisser chroniquer. David Wyatt pour l’artwork et notez des versions acoustiques et instrumentales dans le CD2. Longue chronique qui le nécessite.
Brutus
11/10/2022
Aircooled
St Leopards
krautrock / space-rock – 44:54 – UK ‘22
1er album par Justin Welch (Elastica et Suede), Oliver Cherer (DollBoy) Katharine Wallinger. Chant Riz Maslen et percussions Pablo Cooke. Concert 2 octobre The Crypt Hastings.
«Aircooled». Un climat à la Pharaoh Overlord et Circle pour lancer cet epic space rock de 16 minutes et quelques. Instrumental qui convoque Neu! bien évidemment. Un minimalisme que tous les amoureux de rock allemand connaissent bien. Neu! a pour moi toujours fait du space rock minimaliste.
J’adhère d’entrée au trip répétitif et je pense à la période Kraftwerk avec Michael Rother (Ruckzuck). J’espère aussi une date française prochainement. Ils sont d’ailleurs peu éloignés de Zombie Zombie d’Etienne Jaumet.
Bonne transe avec des claviers qui vous emmènent très loin. Une franche réussite.
Hallogallo vient aussi à l’esprit. Une bonne illustration du fameux less is more en musique et c’est un amoureux de Yes et des longues suites complexes et virtuoses qui vous le dit.
«Tommy’s Strut». Je reste bien assis sur mon tapis volant (et cette fois ci sans marijuana promis!), guitare bien accrocheuse. Les rythmes Motorik sont légions (Jaki es-tu encore là? J’aimerais que ce fût le cas). Un album très plaisant qui correspondra bien aux rêveurs comme moi. J’ai brièvement pensé à Hawkwind.
«Offenhausen 360» 2e morceau de bravoure (Agitation Free Malesch en inspiration). Une excellente jam session cosmique et hallucinée. Beaucoup de nerf dans l’instrumentation. Les claviers sont enivrants. Le grand voyage se passe bien. Un peu d’Air également. Une bonne découverte. Un chant fort bienvenu, enchanteur et une piste qui rappelle l’émerveillement d’un jeune homme à imaginer le futur en admirant les couvertures des pulps SF américains.
«Supamotodisco». Les extra-terrestres dansent eux aussi (ce n’est pas mon cas) c’est à mon sens le morceau le plus faible de l’album. Trop sautillant pour moi. Il y a pire mais je trouve qu’il est un peu en décalage avec le reste de l’opus. Mais c’est sympa et le disque est réussi.
Fatalis Imperator
https://aircooled.bandcamp.com/releases
https://www.youtube.com/watch?v=X53h5sIEQ3Q&list=OLAK5uy_kNIaJFWP_W7TLg0OJ3Kz84laWIGMSXiPY
12/10/2022
Promises Of Hope
rock progressif – 61:16 – UK ‘22
Ce qui était en 2020 encore un duo (Bandana/Birzer) est devenu un groupe de quatre musiciens, à savoir Dave Bandana, Gareth Cole, Tim Gehrt et Peter Jones. Vous reconnaîtrez probablement certains de ces noms. Cependant, c'est aussi un collectif, dans le sens où de nombreux invités sont impliqués…
Dans ce deuxième album, l’histoire évoque une jeune reine qui essaie de se suicider mais le ciel ne le lui permettra pas et offre à la place la rédemption. Le parolier historien Brad Birzer a une fois de plus fait référence à des grands de la littérature, à savoir Lewis (Britannique, ami de Tolkien) et Virgil (Romain, ami de Cornélius Gallus). Il s'agit, vous l’avez compris, d'un album concept sur le thème du suicide, basé sur neuf chansons avec des durées de lecture comprises entre 4:34 et 9:38.
Le groupe joue un son inspiré du rock progressif rétro avec de nombreux éléments pastoraux, jazz, blues et rock symphonique.
Vous trouverez sur ce chemin vers la rédemption des influences celtiques et folkloriques à travers l'utilisation de sifflets, de cornemuses et de violons («Consumed»), du Floyd («The Burning Flame», «Why Are You Here?»), du sombre et intense à la VdGG («Colors and Shapes»), du funk des 80’s («Returned») et peut être ressentirez-vous l’ambiance Procol Harum («Imagine»)…
Cet album fait moins électronique et expérimental que le premier. L’apport des divers protagonistes y est pour beaucoup et le résultat pourrait passer pour quelques-uns pour un patchwork n’aidant pas à définir une personnalité au groupe.
J’y vois un kaléidoscope, donnant une illustration concrète de la façon dont on peut créer quelque chose de nouveau par un simple réagencement de ce qui existait déjà auparavant. Cet album donne ainsi une figure réconciliant les termes apparemment opposés de la permanence et du changement, de l'identité et de la différence.
Un voyage offrant un panorama nouveau à chaque titre, à chaque nouvelle écoute.
Publius Gallia
https://thebardicdepths.bandcamp.com/album/promises-of-hope
https://www.youtube.com/watch?v=-IdytNA_lkQ
13/10/2022
Imaginaerium
The Rise of Medici
rock progressif épique – 54:18 – International ‘22
Comme vous pourrez le lire dans l’interview accordée par Laura Piazzai, le projet Imaginaerium réunit cette dernière, ainsi que Clive Nolan et le regretté Eric Bouillette.
Difficile de mettre en exergue l’un ou l’autre titre de cette œuvre, car c’est bien ce dont il s’agit ici. Les amateurs de rock et progressif symphonique et épique seront bien entendu aux anges! D’autant que le thème développé (grandeur et décadence de Cosimo à la suite de son mariage avec Contessina de’ Medici) ne peut que nous emporter dans un lyrisme échevelé. Les plages se suivent et ne se ressemblent pas, mais je citerais, parmi mes préférées, «The Tide Will Change» ou «Never Close Your Eyes» où les chœurs ne sont pas sans évoquer, à mes oreilles, certaines parties particulièrement épiques des Sparks. Magnifique travail du regretté Eric à la mandoline sur «Glass Throne» ou à la guitare acoustique sur «Fall From Grace».
Précipitez-vous donc sans hésiter sur cet album: vous ne le regretterez pas, parole de Tibère!
Tibère
https://imaginaerium.bandcamp.com/releases
https://www.youtube.com/channel/UCQH6ik_DbAKpXxhQ7e1_umA/videos
14/10/2022
Steve Hackett
Genesis Revisited Live: Seconds Out & More
apogee prog – 138:35 – UK ‘22
C'est ma 100e chronique et c'est Steve Hackett!
Ma première, en 1976, c'était l'excellent «Strands of the Future» de Pulsar.
Mais elle n'aurait existé sans ce bel après-midi d'été 73 (ou 74) où l'on m'a prêté «Nursery Crime» et «Foxtrot». Ce fut une révélation par Genesis, et non pas «from Genesis to revelation», l'un des avatars de leur premier disque.
Cette musique complexe, ces textes parfois étranges, et étrangers dans une langue où je n'avais qu'une pratique scolaire et pas assez de britannité pour saisir la quintessence du contexte, avaient tout pour éveiller en moi une passion pour cette musique absolument stimulante.
Mais il n'est pas acquis que cette chronique soit dévote, écrite par un pèlerin que la foi aveugle. Combien de fois avez-vous trouvé que tel ou tel lieu de votre mémoire est finalement bien plus insignifiant que les souvenirs que vous en aviez?
Cependant comment envisager d'éreinter Steve Hackett, dont la gentillesse et l'accessibilité ne sont pas que légendaires?
J'ai abordé cet album (qui est aussi un DVD/Blu-ray) sans regarder la setlist; à peine ai-je vu que la pochette est aussi «Revisited» du cliché mythique qu'Armando Gallo avait shooté pour cet album enregistré à Paris et publié le 14 octobre 1977. Celui-ci a été capté à Manchester. Et cela démarre par un apéritif de 6 morceaux de Steve, après une courte intro, «Apollo», hommage à la salle de ce concert, 2 viennent de «Surrender of Silence», 2 de «Spectral Mornings» et le final, en apothéose, «Shadow of the Hierophant». L'apéritif aurait pu être dînatoire tant la richesse des morceaux et leur interprétation sans faille prouve, une fois de plus, l'excellence de l'écriture du maître de chapelle et de l’exécution de ce groupe (Jonas Reingold, Rob Townsend, Nad Sylvan, Craig Blundell, Roger King & Amanda Lehmann).
Vient ensuite l'intégralité de l'album original avec une seule entorse, et qui s'en plaindrait: «Cinema Show» est suivi de son complément «Aisle of Plenty». C'est un régal, avis partagé largement par le public enthousiaste très présent lors des interludes, pour «a flower?», ou pour un clapping parfait dans «Firth of Fifth» et dans «Los Endos» malgré la fin proche. «I Know What I Like», devenu jazzy, est tout aussi jouissif, «Super's Ready» étale 25 minutes lumineuses avec le cello qui transfigure les arpèges initiaux; toutes ces relectures attisent nos sens sans bafouer nos souvenirs. Du grand Art.
Le titre de l'album de Genesis jouait-il sur le fait que c'était à la fois leur second live et qu'un second membre quittait le groupe en 2 ans? Steve était peut-être «second's out», mais il demeure l’inébranlable «last in» des merveilleuses célébrations de ce prog symphonique resté au sommet depuis précisément 45 ans aujourd'hui!
Bon anniversaire: faites-vous ce cadeau!
Cicero 3.14
15/10/2022
Billy Yfantis
The Nebula Voyager
expérimental/bruit – 74:34 – Grèce – ‘22
Voilà un «artiste» (?) qui ne se prend pas pour de la m..e ! «Si vous voulez en apprendre sur les étoiles et les nébuleuses qui sont toutes rigoureusement réelles, alors écouter ces compositions sera un «plus»!», dit-il en substance. Ben voyons! «Compositeur» (?) amateur depuis 1990, il tripatouille des bandes magnétiques et des sons à partir de «machines électroniques» (sic), laissant de côté la guitare et les claviers numériques (qu’il peut jouer –paraît-il) et leur préférant ces créations qu’il qualifie de «rêves artistiques». En fait, au final, inutile d’écouter deux fois de suite ce trop long opus que l’on qualifiera par bonté d’âme d’«expérimental». Zappez les plages à n’importe quel moment de ces interminables minutes et tâchez de supporter quelques minutes de ces insipides bruitages que même le cosmos n’a pas osé imaginer dans sa symphonie d’étoiles ni, d’ailleurs, dans ses pires cauchemars. Ne cherchez donc surtout pas la moindre mélodie, ne cherchez pas non plus un son expérimental inspiré. Si vous êtes d’humeur suicidaire, je vous conseille même d’éviter l’expérience. Je crois qu’il est inutile d’épiloguer ou de chercher à dire quelque chose de plus. J’ai rarement eu à chroniquer de pareilles daubes électroniques et, croyez-moi, j’en ai entendu! Il ne faut pas être musicien pour pondre cette soupe de sons et encore moins «artiste»! Si encore Billy avait été tant soit peu modeste. L’étoile attribuée c’est pour qu’il y en ait au moins une dans son abominable trou noir. Pathétique!
Clavius Reticulus
https://billyyfantis.bandcamp.com/album/the-nebula-voyager
https://www.youtube.com/watch?v=CKy5s7t9SjQ
16/10/2022
James Labrie
Beautiful Shade Of Grey
folk pop rock – 48:10 – USA ‘22
Déjà le quatrième album solo pour le charismatique chanteur du grand Dream Theater. Il est composé avec Paul Logue, bassiste d’Eden’s Curse qui officie également à la guitare acoustique. Dès l’entame de l’album avec «Devil In Drag», on se dit qu’il a pris un virage dans sa carrière avec un titre basé sur le synthé et la guitare acoustique… Adieu les guitares électriques. La ballade «Give And Take» confirme cette tendance et surtout que James peut convaincre par son chant mélodique et n’a pas nécessairement besoin de la musique plus dure de Dream Theater pour exister. Ce «Beautiful Shade Of Grey» est un album doux, extrêmement mélancolique et très bien construit. Naturellement, vous l’aurez compris, il est à mille lieues de ce qu’on a l’habitude d’entendre avec James LaBrie. On ne peut pas le considérer comme progressif, il affiche cependant un mélange de compositions agréables mais sans aucune surprise. Il se laisse écouter mais ne restera sûrement pas dans les annales de la musique. Petite surprise de l’album pour le clôturer: une très grande reprise de «Ramble on» de Led Zeppelin!
Vespasien
https://open.spotify.com/album/0XJNJFFoIR0qla5kluJVK2
https://www.youtube.com/watch?v=fwDfh5Mvd0o
17/10/2022
Jakub Tirco
Alaska
progressive/djent-rock/post-rock – 44:46 – République tchèque ‘22
Jakub Tirco, compositeur slovaque, sort son 1er album instrumental; il m’a fait poser un œil dessus par sa collaboration avec Baard Kolstad de Leprous, ce après divers EP. Un son neuf qui en ferait oublier la voix, fait de rythmes effrénés, de synthés luxuriants et d’ambiances planantes à souhait. Un son post-rock moderne me rappelant Cassini, le Sithu Aye de 2011, djent métal prog inventif et vif. Il joue aussi dans Ions, projet plus métal chanté.
«Aubade», instru post-rock fruité avec des relents djent; air frais mélodique idéal pour décoller; air moderne contemplatif avec piano aérien, du trombone et un beau solo guitare; finale latente. «The End of All Things (feat. Baard Kolstad)» sur le même air enjoué. «Cocaine Lipstick» nous emmène sur une digression planante, un son que les Atoma affectionnent, lançant des notes aiguës et acérées; le break cotonneux sur une percussion en avant laisse pantois. «Mixed Signals» avec la guitare qui donne le son actuel, métallique, moderne et ambiant à la fois, son torturé à la Ian Crichton et encore le trombone de Gregor qui passe tout seul. «Saudade» arrive, lent à la limite bluesy contemplatif; rappel des premiers Animals As Leaders au djent fuité orchestral; break nippon doux et subtil. «Moderation» ambiant à la guitare perlant ses notes, dans la même veine avec des relents zappaesques; la fin sonore explosive. «Horizontals» avec encore ce trombone fruité qui fait rayonner les cuivres dans ce registre, finale forte progressiste. «Nocturne» à l’air sombre de «Birdy», morceau le plus beau selon moi; écoutez-le, vous comprendrez. «Hiraeth» frais et rythmé sur le même thème avec des vagues finales pour l’envol.
Jakub Tirco nous lance des compositions oniriques latentes; les fins de titres explosent souvent dans des moments mélancoliques où le post-rock donne alors plus de retenue. Un album facile à l’écoute qui se répète au niveau mélodique cependant.
Brutus
18/10/2022
Audio'm
Godzilla
rock progressif – 43:31 – France ‘22
Il est des retours qui font plus plaisir que d’autres et celui d’Audio’m, six ans après son premier album éponyme en 2016 donc, en fait partie. Formation originaire de Perpignan ou plus exactement de Banyuls, d’une région, l’Occitanie, où le progressif se fait rare, à ma connaissance. Seul Nuance avait percé entre 1982 et 1996 dans le genre qui nous réunit, Audio’m s’était fait connaître par un premier disque des plus réjouissants dans la plus pure tradition progressive à la française et le chant qui va avec, cette fois au féminin. Mais aussi par le public présent au Prog’ Sud 2015 et au festival Crescendo 2016, qu’ils s’en souviennent! À ce propos, un clip (chanté en anglais!) doit être absolument vu sur YouTube: «Run away» extrait du premier album, quand l’image s’allie à la musique; ce titre est magnifique. Sinon, cette fois avec «Godzilla», Audio’m ne fournit qu’un seul titre de 43:31, alors vous vous doutez bien que les variations et les breaks chers aux fans de rock progressif tournent à foison et font florès. Les harmonieuses et complexes richesses que recèle «Godzilla» vont vous faire frémir de ce plaisir auditif que nous connaissons si bien, quand la surprise vient se mêler aux réjouissances de l’oreille. Emmanuelle Olmo-Cayuela chante parfois comme la grande Catherine Ribeiro, voilant un ton grave que certains ne pourront peut-être pas apprécier à sa juste valeur. Je ne vois plus la flûte traversière et la viole de gambe utilisées sur le précédent opus, mais je les entends encore; est-ce un effet dû aux claviers tenus par Michel Cayuela et Mathieu Havart (oui, ils sont deux!)? Pour le reste, on retrouve les musiciens inspirés du premier album: Marco Fabbri (batterie), Simon Segura (basse/guitares), Dominique Olmo (guitare) et Gary Haguenauer (guitare lead). Je dois dire qu’outre le coup de cœur procuré par Audio’m (2016), mes espoirs fiévreux à retrouver un groupe que je croyais disparu en Méditerranée ou dans les limbes impitoyables du milieu prog’ sont plus que comblés. Je reconnais la ferveur créatrice des seventies et la joie de composer un rock poétique, enflammé, lyrique dans la meilleure tradition que certains n’ont pas oubliée voire même pas connue. Personnellement, je suis dans l’extase fébrile quand un groupe pond ce type de progressif à l’ancienne avec autant de dévotion envers le style. À force de piocher dans un panel d’inspirations cinquantenaire, les jeunes groupes de maintenant ont réussi à se forger une identité propre et notre beau pays, moins peuplé que d’autres au niveau des formations en activité, peut se targuer d’enfanter peu mais avec classe. Les Lazuli, Monnaie de Singe, Grandval, etc. et maintenant Audio’m font revivre la décennie dorée juste cinquante ans plus tard. Je ne saurais que trop vous conseiller ce deuxième album des Occitans pour un vrai beau voyage auditif d’une richesse édifiante.
Commode
https://audiom.bandcamp.com/album/godzilla
https://youtu.be/hb9ZQ5I4WdI
19/10/2022
Banco del Mutuo Soccorso
Orlando: Le Forme dell’Amore
RPI – 76:03 – Italie ‘22
Vittorio Nocenzi, compositeur et ultime fondateur de BMS (Banco del Mutuo Soccorso - Official) présent, avait depuis longtemps le projet de mettre en musique ce poème de 40000 vers, écrit au XVIe siècle. Avec son fils Michelangelo et le parolier Paolo Lugli, il a conçu ces 11 pièces. L’œuvre chevaleresque d'Arioste est, pour les Italiens, ce qu'est la chanson de Roland (Orlando) pour les Français.
Après 50 ans de carrière, les faux pas ne sont pas impossibles (cf. Yes), et leur dernier album «Transiberiana» (2019) ne m'avait pas vraiment touché, sauf les bonus... en live au 2days Prog +1 de 2018, où j'avais été ébahi par la prestation issue de leur grandiose discographie passée.
La 1re écoute de ce nouvel opus ne m'a pas vraiment ému.
Mais le prog ne s'offre pas toujours immédiatement.
J'ai persisté. Bien m'en a pris, et son souffle épique de m'emporter ensuite: la préciosité de «Proemio», la guerroyante «La Pianura Rossa» illustrent parfaitement le livret (traduit).
«L'isola Felice» est une pure démonstration de RPI, c'est enlevé, recherché et accessible. Le suivant, «La Maldicenza» est un instrumental de toute beauté; des thèmes à foison donnent, en à peine 6 minutes, le tournis comme la médisance dont il est question, puis le punchy et syncopé «Cadere O Volare» mute en une ballade où la voix de Tony D'Alessio montre sa puissance contenue.
2de partie de l'album, les 4 dernières pistes, sont un voyage dans la lune. «Non Credere Alla Luna» oppose D'Alessio à un superbe sax déchirant (Carlo Micheli). Les 11 minutes de la «Moon Suite» peinent à me convaincre, contrairement au final «Cosa Vuol Dire Per Sempre» où ce nouveau line up confirme un autre équilibre entre les instruments. Là où, auparavant, les 2 claviers des frères Nocenzi faisaient l'âme de BMS, Filippo Marcheggiani et Nicola Di Già (guitares), Marco Capozi (basse) et Fabio Moresco (batterie) font un nouveau BMS convaincant.
La pochette revisite le design de leur 1er album 50naire: le petit cochon qui abritait nos économies d'enfant. Devenu lunaire, il mérite d'être brisé. «Auguri BMS»!
Cicero 3.14
20/10/2022
Nemo
Les Nouveaux Mondes
rock progressif heavy – 54:18 – France ‘22
Après quelques années d’absence, revoici Nemo avec une nouvelle version de leur premier album sorti en 2002. Comme nous l’explique Jean Pierre Louveton dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’album n’est physiquement plus disponible. Il s’agissait, à l’époque, plus d’une démo que d’un véritable album. Après 20 ans, il était donc temps de rendre justice à ces titres en les réenregistrant dans les meilleures conditions possibles. Je dois reconnaître que le contrat est largement rempli, tant les titres sortent de ce traitement avec une nouvelle aura. Je me souviens d’un concert donné par le groupe, le 8 avril 2006 à l’Auberge de Jeunesse de Tournai (1600 km, quand même!): vraiment des instants magiques.
Pour les fans, précipitez-vous sur cette nouvelle version de cette plaque, vous serez évidemment comblés.
Tibère
https://nemo1.bandcamp.com/album/les-nouveaux-mondes-2022-hr
https://www.youtube.com/channel/UCnUZlWCpZH46oiZqCUnvp_w
21/10/2022
Adventure
Tales Of Belle, Part 2 – Unveiled by Fire
prog symphonique – 40:28 – Norvège ‘22
En avril de cette année, j’avais eu la mission de rédiger une critique de «Tales of Belle, part 1. Across The Ocean». Voici, bien plus tôt que prévu, le second volet de cette duologie.
Je veux en profiter pour rectifier une information fausse sur cette première critique. Belle Gunness est née à Selbu et non pas à Trondheim.
Sinon, pour ce qui est de la suite de l’histoire: au décès de son premier mari, Belle Gunness touche 5000 dollars de l'assurance-vie (l'équivalent d'environ 176000 dollars de 2022). Cet argent lui permet d'acquérir l'année suivante une ferme d'une vingtaine d'hectares à La Porte (Indiana), à 80 km au sud-est de Chicago.
Ferme qui brûlera huit ans plus tard et qui donnera lieu à des fouilles réclamées par un homme inquiet de la disparition de son frère. Ces recherches aboutiront à la découverte d'une quarantaine de cadavres dans les terrains environnants (pour la plupart: ses enfants, ses maris et prétendants, des employés de la ferme, etc.). Personne ne sait ce qu’est devenue Belle.
Au niveau musical, je ne peux que réécrire ce que j’avais déjà écrit dans la première critique. Le groupe reste fidèle à son style de musique qui pourrait faire penser au groupe Uriah Heep, celui de l’époque avec David Byron et Ken Hensley et croisé avec un peu de Deep Purple ou de Rainbow.
Style qui enchantera les nostalgiques de hard rock symphonique des années 70, mélangeant consciencieusement les éléments prog et folk. La guitare et l’orgue Hammond sont toujours centraux dans le son du groupe et soutiennent les belles performances vocales s’appuyant sur une solide base rythmique. Ici pas de grands développements ni de grandes envolées, mais une efficacité certaine tout le long des 10 titres.
On peut noter un peu plus de lyrisme et de théâtralité dans le chant sur certains titres.
Notez les participations de Clive Nolan et de la violoncelliste Marit Aspås.
Publius Gallia
https://adventure1.bandcamp.com/album/the-tales-of-belle-part-2-unveiled-by-fire
22/10/2022
Harpo Jarvi
Babushka Noir
rock progressif / Canterbury / électro planant – 44:18 – USA ‘22
De St. Louis (Missouri) ils reviennent après «Abuelo Blanc».
«Yakuza Palooza». Un long morceau qui évoque les Français de Turzi (A et B) en mode rock allemand et BO. Très planant et sombre, des vocaux éthérés et un rythme lent et angoissant. Très cosmique et une ambiance à la «Thief» de Michael Mann. Un brin d’Ashra mais aussi une réminiscence d’Alan Howarth et John Carpenter. Une intro puissante aux allures syncopées. Electro progressif très chouette.
«Moonflower Girl». Retour au Canterbury avec une voix chaleureuse qui rappelle Caravan (Moonflower Girl = Golf Girl?). Un calme qui dénote avec la furia du premier morceau. Un clavier qui sonne très Genesis. Une très agréable pause jazzy.
«Breeders». Carpenter toujours pour moi du moins (New York 1997 me vient à l’esprit), à la fois électronique et jazz-rock avec un peu de Dead Can Dance (la voix joue). Orient Squeezers aussi (groupe fusionnel et psyché ethnique suédois). Très revigorant, bonne flûte, final intense avec une basse omniprésente.
«The Boogmoogler». La pièce de luxe de l’album au début très mélancolique. Cet album est très réussi aussi et je le trouve très porté sur les musiques de films (là ce serait Giorgio Moroder et Vangelis). Et très progressif planant comme Tangerine Dream. Un léger feeling à la Magma avec Jannick Top, ce qui n’est pas incongru, bien au contraire. Très bonne alternance entre stress et sérénité. Des accents Motorik à nouveau le rythme s’emballe furieusement. Musique parfaite pour une virée en Ford Mustang par ailleurs. Je ne serais pas contre quelques concerts en Europe de leur part. Voix habitée à nouveau. À un moment j’ai pensé à 2066 and then et à Eloy. Superbe.
«Forest Mom Part 2». Une conclusion tout en élégance et charme avec une piste qui évoque parfois Morphine. Un son à la Out of Focus (les cuivres). Solide production une fois encore.
Fatalis Imperator
https://harpojarvi.bandcamp.com/album/babushka-noir
23/10/2022
Dinner and Whiskey Next Week
Gravitational Pull
rock prog / métal prog – 61:00 – Suisse ‘22
2017, Genève, les banques, la Croix-Rouge, «Anges et Démons», et surtout l’annonce d’un rancard musical de toute première grandeur: Dinner and Whiskey Next Week. Annulez tout ce que vous avez à faire!!! La formation helvétique, Timothée, Giulio, Kieran et Barthélémy sapés «rock» et décontractés, sera au rendez-vous, préparez votre chéquier et soyez pas radin en pourboires!!! Concert après concert, après un EP rugeux-disto-new wave, en 2020, «W is Silent» qui fera é«Mule»ation, notre fédération du quatrième art a décrété son premier long «recordage». Pochette bicolore, up ou «dawn», emportant un sujet «bande dessinée» vers les vagues d’Hadès voire une autre dimension, bienheureux fut-il, les chaînes d’Andromède lui feront garder le contact avec la terre. Quel peut bien en être le message? Laissez-vous emporter pour un temps (1 heure 1 minute), pas de panique, on garde un œil sur vous! «Bourbon» nombres d’entre vous, le message passera fortement et intensément… La production est très réussie et rafraîchissante, un petit côté années 90, insouciant et grave à la fois, les «Quatre Suisses» connaissent parfaitement leur job, s’élevant note après note sur leur île perso, construisant ponts et encore ponts entre solos et réunion, vers un tout rassembleur! Les intérêts jaillissent de partout: «Drugs to Forget About Drugs», single parfait, épopée poisseuse-opiacée, clip carré à l’appui, on rejoint la promo; «la Fée pt. II», lignes de basse/guitares maléfiques-attrayantes, un univers où aller vers; «System of a Dawn», une référence présidentielle, entrée à la Kurt Cobain en prime, nous sommes définitivement conquis; «The Mule», est déjà une vieille copine, en version live sur leur premier enregistrement, la voici, emballée et pesée en studio, on sent tout le potentiel brut du live, le Katrina du direct en sa version noble, serait-ce leur Unforgiven? Allez, un petit dernier pour la route? Au final, c’est «Vanilla Fuzz» qui retentira avant minuit (une 😉 ), un bon concert de rengaines d’accords au même niveau que la voix transformiste de Guilio, dont la guitare «Valente» et rapide, entre «Poggi»-Pogo, lâchés de «Gallopin» tourbée, pour un rendu Poivre et «Salter»! Plus question d’être neutres, mes petits amis, nous allons traverser la frontière pour placer nos espoirs dans cette valeur refuge qu’on ne veut pas laisser dormir, notre rendez-vous pour la nouvelle vague «on the Rock», je vais réserver une table pour Dinner and Whiskey next Week! Vous m’accompagnez? Au menu, un groupe qui a déjà une identité, une marque de fabrique, du prog surtout en ses parties instrumentales, mais du rock/métal tout du long!
Kaillus Gracchus
https://dinnerandwhiskeynextweek.bandcamp.com/album/gravitational-pull
24/10/2022
Machiavel
Phoenix
rock – 47:53 – Belgique ‘22
Une mise au point s’impose d’emblée. Pour la majorité des lecteurs de Prog censor, la présence de Machiavel (Machiavel - Official) sur cette page relève de l’incongruité, le groupe ayant définitivement tourné la page du prog en 1980 (j’inclus volontairement «Urban Games» que je considère un peu comme leur «Duke»). La deuxième vie du groupe avec «The Cry of Pleasure» en 1987 était une tentative de faire une synthèse entre le côté pop et des velléités un peu plus ambitieuses mais l’accueil fut mitigé et la fin des années 80 engloutissait finalement le groupe.
Contre toute attente, Machiavel renaît une deuxième fois de ses cendres après avoir été remis en selle par Sttellla à l’occasion des Francofolies de Spa en 1996 et se lance dans une tournée faisant la part belle aux anciens morceaux. Dans cette troisième vie, le groupe a sorti cinq albums. Mais soyons honnêtes, ces albums semblaient plus être des prétextes pour remonter sur scène et n’ont pas laissé un souvenir impérissable. Personnellement, j’ai été très peu séduit par les deux derniers «11» et «Colours», caressant peut-être comme d’autres le rêve de les voir revenir à leurs premières amours.
2018 est évidemment à marquer d’une pierre noire avec le décès de Mario Guccio, l’emblématique front man du groupe. La tournée «The Early Years» a ravi les anciens fans et s’est transformée en une tournée d’adieu à Mario. Mais après, que faire?
Renaître une troisième fois pardi; le titre de ce nouvel album est donc éminemment symbolique. L’attraction principale de «Phoenix» est bien sûr l’arrivée de Kevin Cools comme nouveau chanteur: un choix audacieux et judicieux tant sa voix présente des similitudes avec celle de Mario sans en être un clone. Toutefois, j’avoue avoir été inquiet à l’écoute des deux premiers morceaux issus de l’album («Magical Mess» et «Soulrise»): deux ballades très gentilles qui, en fait, s’avèrent être les morceaux les moins intéressants de l’album.
Pour cette nouvelle livraison, Machiavel ne revient certes pas au prog mais produit ici une musique chatoyante où, à plusieurs reprises, le passé prog pointe le bout de son nez. Dès la deuxième plage, «Of lust and crime», le groupe propose un titre que Toto ou Journey n’auraient pas renié. La plus longue plage «Drop the mask» met en lumière les aptitudes vocales du nouveau chanteur. «Six Feet Under» se fait rageur, «The following day», le seul morceau chanté en lead par Marc Ysaye, se déploie dans une fausse simplicité avec un pont musical de toute beauté. Et l’album se conclut par une pure merveille, «Afterlife», dans lequel Kevin Cools s’approche le plus de Mario Guccio et où le groupe nous donne à penser qu’il a encore des choses à dire. Relevons aussi l’excellent travail de Christophe Pons aux guitares tout au long de l’album.
Visiblement requinqué par ce nouveau chanteur, le groupe entame le quatrième chapitre de son histoire de très belle manière et semble envisager ce nouveau départ comme le début d’une nouvelle carrière.
Amelius
25/10/2022
Suspension Solar
Crisis del Arte
rock progressif / crossover parfois rêveur – 31:11 – Argentine ‘22
Après Syrio en 2016, le quatuor de la banlieue de Buenos Aires présente «Crisis del Arte». Un second album qui s'ouvre avec «Crisis del ser Abstracto» dans une tendance prog vintage, le meilleur des présages (pour moi!), et cela ne se dément pas, la basse tricote comme celle de l'immense Chris Squire, la guitare math, l'envolée lyrique et le break enchaîné, le solo de guitare acérée stoppé par du math. Intro appétissante, mais ne sont-elles pas faites pour cela? En tout cas, ici c'est excellent!
La suite? «Ventanal», malgré son intro un peu plus musclée, verse très vite (en 2:17) dans le prog math et/ou/puis le prog rock.
Mais c'est avec «Despertar» qu'ils parviennent à installer le climat rêveur et nostalgique qui est, pour moi, la pierre angulaire de ce disque.
«Punto y Linea sobre el Plano» est une superbe ballade, arpèges et slide guitar (façon Gilmour), un délice délicat.
«Renacimiento» démarre de manière aussi entêtante que les créations du King Crimson version Andrian Belew. Voix couplée à sa guitare, Facundo Calozo envoûte. Mais pas de second guitariste ici; Manuel Zamora à la basse, David Capaldo à la batterie et Yoel Augusto Inzerilli aux claviers complètent le line-up. Le morceau, un peu comme «Ventanal», se formule aussi (math+prog)*rock.
«Sentir el Sol» revient pour le bouquet final sur une mélodie douce, précieusement chantée, guitares en arpèges, «strings» (violons de synthé), et basse électronisée homéopathique. Puis, après un break bucolique, Facundo reprend le chant toujours très expressif, qui malgré le prénom du chanteur n'est jamais envahissant.
Vite, cliquez encourager ces Argentins, qui ont vraiment de «Bons Airs» à vous offrir depuis Buenos Aires. Cette pub est une sorte de capillotractage, non?
Cicero 3.14
https://suspensinsolar.bandcamp.com/album/crisis-del-arte
https://www.youtube.com/watch?v=Sk5Lpurc7Kk
26/10/2022
Dim Gray
Firmament
pop symphonique / post rock – 44:30 – Norvège ‘22
Venant d’horizons divers, c’est à Oslo qu'Oskar Holldorff (chant, claviers), Håkon Høiberg (chant, guitare) et Tom Ian R. Klungland (batterie) se sont rencontrés et ont décidé de former un groupe en 2012. Tous trois ont des parcours musicaux contrastés dans des genres aussi divers que le black metal, le rock, le blues, le folk et la musique de film, et c'est la fusion de toutes ces influences qui a créé leur propre son distinctif.
Huit ans de gestation ont été nécessaires pour sortir leur premier album, «Flown», très bel album. Ceux d’entre vous qui désirent s’en assurer doivent écouter «Ouroboros».
Deux ans plus tard, voici «Firmament», sorti sur le label «English Electric Recordings» de Big Big Train et dont Gregory Spawton (Big Big Train) dit le plus grand bien.
Les textes des 12 titres sont poétiques et délivrés par une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Jeff Buckley.
La musique peut se faire minimaliste et soudainement verser dans le symphonique. Dim Gray fait preuve d’une belle intelligence dans ses compositions qui semble mettre en avant et soutenir le chanteur. Mais ce serait faire offense aux musiciens que de les reléguer à cette seule fonction. L’inventivité, l’exécution et l’invitation des multiples instruments et sons les imposent en tant qu’artistes chevronnés et démontrent la maturité et la maîtrise de leur art.
Certains diront que ce n’est pas du prog, quoique… Si les critères qui définissent le rock progressif étaient gravés dans le marbre, il en perdrait sa définition et son essence.
Sans égaler le premier album, celui-ci peut néanmoins prétendre à confirmer le groupe comme une valeur montante et à surveiller de près. La musique de Dim Gray pourra, sans nul doute, accompagner, avec ses flux et reflux, ses montées et descentes de tempo, son petit côté folk et quelques-uns des thèmes chantés, un excellent moment d’écoute telle une fin de journée sur une plage des Côtes-d’Armor, à mi-chemin entre la terre, le ciel et la mer…
Publius Gallia
https://dimgraymusic.bandcamp.com/album/firmament
https://www.youtube.com/watch?v=XuAziZFxZRw
27/10/2022
Cró!
Buah!
rock psychédélique progressif – 28:24 – Espagne ‘22
L’Espagne n’est pas vraiment réputée pour ses groupes psyché, ni même prog. Et pourtant, voici déjà, depuis 2009, le cinquième album des Galiciens de Cró!. Si nous ne sommes pas ici face à du progressif classique, il est certain que la musique proposée par nos amis en provenance de la Galice [Radar Estudios, à Pontevedra, ndlr] est inventive et secouée du bulbe, comme je l’adore. Cinquième album depuis leur formation en 2009, «Buah!» devrait plaire à toute personne à la recherche d’un tantinet d’originalité. En tout cas, les musiciens composant cette entité (Rubén Abad, guitare - Xavier Núñez, claviers - David Santos, basse - Cibrán Rey, batterie) font montre d’une haute technicité dans leur jeu.
La plage titulaire déboule à toute allure, tandis que le calme revient avec «Coia». Du psychédélisme, vous en trouverez, mêlé à quelques effluves électroniques, dans «Antonio». Le dernier titre de cette plaque, «Lille», est ainsi intitulé en souvenir d’un concert dans une pizzeria de la célèbre Capitale des Flandres devant un public oscillant entre zéro et deux personnes!
J’ose espérer, pour ma part, que s’ils reviennent dans le grand Nord (l’été, il y fait parfois zéro degré – on l’a vu cette année!) ou en Belgique, vous serez très nombreux à venir les supporter, ils le méritent amplement.
Tibère
https://spindarecords.bandcamp.com/album/buah
https://www.youtube.com/watch?v=Ms2My2wLOns
28/10/2022
Day of Departure
Day of Departure
rock progressif divers – 52:47 – USA ‘22
Day of Departure est une formation américaine, originaire de Washington DC, qui nous propose ici son premier album. Le groupe combine des éléments de post-rock, de rock ambiant, progressif, voire hard-rock. Leur musique est atmosphérique, lente, rêveuse qui n’est pas sans rappeler celle de The Gathering époque «How To Measure a Planet» et ceci est confirmé dès les premières vibrations des cordes vocales de la chanteuse Michelle Schortz, tant celles-ci sont proches de celles de Anneke Van Giersbergen, sans toutefois faire oublier cette dernière.
Le gros souci de cet opus est la longueur de certains passages qui rendent hélas ennuyeuse l’écoute de celui-ci. Mais, rassurez-vous, il y a du bon, même du très bon sur ce premier essai; je vous recommande «Pierce the Sky» et «Ex Machina».
Je vous dirai donc que, dans l’ensemble, la musique est bonne, mais il manque un petit quelque chose pour vous donner envie de sortir cet album plusieurs fois par an de votre discothèque.
Mais bon, en bande-son d’une soirée lecture…
Tiro
https://dayofdeparture.bandcamp.com/album/day-of-departure
https://www.youtube.com/watch?v=olZswmbhat4
29/10/2022
Malcolm Galloway
Patterns
contemporain/minimaliste – 145:08 – UK ‘22
Cette œuvre, nous dit l’artiste sur Bandcamp, comprend trente minutes de nouvelles compositions et une rétrospective de ses créations favorites. C’est son sixième album solo. Malcolm dépasse cette fois le «minimalisme minimaliste» qui était de mise pour des opus jusqu’ici, disons-le franchement, souvent ennuyeux. «Patterns» offre une musique contemporaine inspirée de l’école Steve Reich. Les sonorités marimba y sont très présentes complétées d’une cascade de notes vêtues en gemmes de pluie éclatant sur un miroir mélodique adamantin. La sélection des anciennes partitions n’est sans doute pas fort heureuse puisque, le plus souvent, on espérera un «décollage» lors que l’on s’enlisera plutôt dans des mouvements qui s’étirent à n‘en plus finir et deviennent, à la longue, casse-bonbons (le bien trop long «Chemistry» et l’interminable «Spiral» de plus de 35 minutes). L’ombre de Steve Reich reste cependant bien présente dans le superbe «Oblong» (20:45 de pur bonheur). Force est ici de constater que le terme «minimaliste» cache parfois bien plus de richesses que certaines musiques «progressives» pompeuses. Beaucoup de non-initiés vont cependant trouver «l’album» trop répétitif. J’ai, pour ma part, nagé dans le bonheur à plus d’un moment, étant grand fan de Reich mais aussi de Philip Glass dont on trouve des textures e.a. dans «Lighthouse». À noter que Malcolm est aussi le fondateur multi-instrumentiste du groupe prog rock Hats Off Gentlemen It’s Adequate. Comme quoi l’un n’empêche pas l’autre.
Clavius Reticulus
https://malcolmgalloway.bandcamp.com/album/patterns
https://www.youtube.com/watch?v=jHey99kn6Jg
30/10/2022
King's X
Three Sides of One
metal progressif – 46:48 – USA ‘22
Treizième album pour le groupe mythique King's X actif depuis 1979. Ils n’ont plus rien sorti depuis quatorze ans… Il était temps! Mais la vie du groupe a empêché une sortie plus récente, notamment celle du batteur/chanteur Jerry Gaskill qui s’est miraculeusement remis de plusieurs infarctus, survenus, qui plus est, à la suite de la destruction de sa maison, emportée par l’ouragan Katrina en 2005. J’ai principalement retenu de l’album les titres «Swipe Up» avec des riffs musclés qui restent en tête, «All God’s Children» avec un côté «Rival sons» et «Flood Part 1» un titre dur mais construit avec classe. «Festival» est un titre très proche des Foo Fighters pour le côté pop rock de l’album. King’s X sonne toujours incroyablement carré et n’a rien perdu de son groove. Il est nécessaire d’effectuer plusieurs écoutes de «Three Sides Of One» avant de rentrer totalement dedans et de découvrir toutes les nuances que l’on ne peut entendre de prime abord. J’avais prévu de les voir sur leur tournée européenne de cette fin d’été mais le groupe a récemment annulé une nouvelle fois sa venue en Europe, en raison de problèmes médicaux pour le guitariste/chanteur Ty Tabor. Espérons sa guérison rapide pour pouvoir montrer une nouvelle fois tout l’amour que nous avons envers le mystique King's X. En attendant il faut que vous écoutiez «Three Sides of One», vous ne serez pas déçus.
Vespasien
https://open.spotify.com/album/2Qii6sj7o8K6ukKSKKExuv
https://www.youtube.com/watch?v=99pyxedohpk
31/10/2022
Velvet Meadow
néo psyché – 49:09 – USA ‘22
La première piste à l'ambiance très floydienne, claviers en nappes, guitare rythmique flanger, batterie tranquille au fond du tempo, phrasé s'approchant de celui de Gilmour, est un (très beau) leurre, car dès le second morceau c'est nettement plus côte ouest et psyché. Le chant réverbéré est entre Jim Morisson, Andrew VanWyndgarden (MGMT) et Grant Lee Buffalo. On est en plein trip!
Et c'est de la bonne, et on en reprend avec les 9 autres pistes (de 3 minutes à plus de 5 minutes) qui forment un album d'une grande cohérence. Léger, sans être éthéré, accessible mais sans mièvreries, ce 4e album (2LP et 2EP) est une réussite. Le multi-instrumentiste, Velvet Meadow, nous régale; à aucun moment on ne veut lâcher l'écoute, comme dans les livres classifiés de turn pages. Kris Heironimus nous fait tourner (l'apache) l'album jusqu'à sa fin et, pour peu que vous ayez activé la fonction boucle, vous poursuivrez le voyage et vos rêveries avec le même plaisir pour un très bon moment encore. La guitare réverbérée prédomine, certes, mais l'ensemble des touches de tas d'autres instruments (je crois même avoir entendu du sitar) compose un spectre musical complexe, propre à satisfaire les progueux!
Kris fait tout dans l'album, à l'exclusion de la batterie confiée à «Micah» George (Wolff du groupe psy Micah 1971-1974). Lui-même fait (faisait?) partie de Luna Cruse, un autre groupe psy... Tous des inconnus, pour moi, jusqu'à l'écoute de ce très bel opus.
Venez vous vautrer dans cette prairie de velours, et faites tourner!
Cicero 3.14
https://velvetmeadow.bandcamp.com/album/velvet-meadow-2
https://www.youtube.com/watch?v=6T6R4Cn7ZeE