Juillet 2024

01/07/2024 : Tony Pagliuca - Immagin'Arie [30th Anniversary Edition]

Tony Pagliuca
Immagin'Arie [30th Anniversary Edition]
art rock - 50:51 - Italie 2024
Tony Pagliuca fut le clavier de Le Orme, dès 69 et pendant plus de 20 ans, avant d'entamer une carrière solo dont nous nous étions déjà fait l'écho ici à l'occasion de la sortie de son album cathoprog de 2021, «Rosa mystica». 30 ans après la sortie de son second album solo, il décide de nous le proposer à nouveau, remastérisé et augmenté de trois nouveaux titres regroupés en fin de disque. Dont le superbe «Ritratto di Un Mattino» qui évoque l'un des albums RPI des plus importants: «Felona E Sorona» de Le Orme, qui a 50 ans. Déjà.
Le pénultième «Ninna Nanna Germano» est une composition inédite de son ami, décédé, Germano Serafin, guitariste de Le Orme dans les années 70. A contrario, ses débuts comme chanteur sur «Ciao Taty Come Stai» ne me laisseront pas un grand souvenir, mais, puisqu'il s'agit d'une chanson d'amour écrite pour Tatiana, sa femme, et par égard à sa belle créativité, je me contenterai de confirmer que l'Amour a ses raisons que la raison ignore. Cependant, même si l'on ne l'arrête à l'avant-dernière piste, ce disque est totalement attachant.
Les 14 pistes de l'album d'origine présentent un kaléidoscope quasi totalement instrumental des facettes de son talent de compositeur et claviériste romantique, cinématique, ambient, pop, minimaliste, voire world, Des pépites concises dont d'aucuns auraient pu tirer des epics insipides.
Imaginez et goûtez!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/33X5cP89UqJbtwpY8GKqB0
https://www.youtube.com/watch?v=x1uKeFhY-Oo

02/07/2024 : RJ Troika - Megalomania

RJ Troika
Megalomania
crossover progressif - 48:54 - États-Unis 2023
RJ Troika est un groupe basé à Boston, ils sortent leur deuxième opus «Megalomania», un rock progressif moderne avec des touches jazzy. Le groupe se compose de Ryan Jackson au chant et à la guitare, Luke Sullivan à la batterie et Dave Sicilian à la basse. Leurs influences de base sont naturellement King Crimson, Pink Floyd, Tool et Genesis. RJ Troika emmène les auditeurs dans un voyage à travers le cœur du prog mais en amenant un son très moderne. Ils ont un son très original qui n’assourdit pas les auditeurs et a l’avantage de percevoir allègrement l’ensemble des instruments. Ils ont un petit côté psychédélique mais pas nécessairement lent, c'est plutôt lié au mixage. Vous l’aurez compris: au moins l’originalité et la recherche sont de mise pour cet album. Je pense que beaucoup de fans de rock progressif quelles que soient leurs préférences y trouveront leur compte. Je ne peux que vous conseiller d’oser l’aventure et de prêter une oreille attentive à cet opus. Vous ne serez pas déçus…
Vespasien
https://rjtroika.bandcamp.com/album/megalomania
https://www.youtube.com/watch?v=1lbMh1Klzpg

03/07/2024 : The Flower Kings - Live in Europe 2023

The Flower Kings
Live in Europe 2023
rock progressif - 75:58 - Suède 2024
30 années d’une longue et belle carrière, ce n’est pas donné à tous les groupes de rock, ici en particulier de rock progressif. C’est pourtant chose faite avec le groupe suédois mené de main de maître par le talentueux guitariste Roine Stolt.
Pour fêter à leur manière ces 30 bougies musicales, les Rois des Fleurs proposent un nouvel album, mais cette fois live!
Et quelle belle surprise, car, je l'avoue, je m’attendais à un double album comme ils en ont souvent sorti dans le passé, et on pouvait craindre quelques longueurs dispensables sur certains titres. Or là, il n’en est rien!
The Flower Kings ont eu l’intelligence d’extraire sur ce nouvel opus, enregistré en octobre 2023 aux Pays-Bas, 6 titres (pour près de 76 minutes tout de même) couvrant leur vaste carrière (17 albums studio).
Cerise sur le gâteau, certains titres ont été repensés, raccourcis – le titre introductif, «Garden Of Dreams», tiré de «Flower Power» (1999), étant ici réduit de moitié, mais l’essentiel y est –, même parfois au contraire rallongés, mais avec comme objectif d’en prélever la substantifique moelle mélodique et surtout sans jamais lasser l’auditeur.
Le jeu de claviers de Lalle Larsson, membre aussi de Karmakanic, et déjà présent sur le dernier album studio «Look At You Now» (2023), n’a rien à envier à celui de l’ancien claviériste co-fondateur du groupe, Tomas Bodin; son style est très original, harmonieux et envoûtant.
Sur les 6 titres présentés, 2 titres sont issus du dernier album: «The Dream» et «Day For Peace».
Écoutez les échanges entre les claviers de Lalle Larsson et le prodigieux six-cordiste Roine Stolt, comme sur le superbe «Big Puzzle», augmenté en live de 4 minutes même par rapport au titre originel du 1er album des Flower Kings, «Back To The World Of Adventures» (1995).
Il ne faut pas oublier les autres membres expérimentés du groupe qui participent à la beauté harmonieuse de l’ensemble: le fidèle guitariste Hasse Fröberg et, assurant aussi le chant avec Roine Stolt, le frère de ce dernier, Michael Stolt, à la basse, et le batteur italien Mirko De Maio.
Condenser trois décennies de belle carrière n’est évidemment pas un défi simple à relever, voire frustrant pour le groupe, mais l’essai est largement réussi, même au-delà des espérances. On ne s’ennuie pas une seconde sur ce nouvel opus live riche en émotions musicales.
Une très belle réussite qui pourra satisfaire aussi bien celles et ceux qui découvrent le légendaire quintet suédois que les fans de longue date, comme votre serviteur.
Caligula
https://www.youtube.com/watch?v=qnSmumy29RY

04/07/2024 : Paul Ellis - Three Trajectories

Paul Ellis
Three Trajectories
electro ambient contemporain - 66:02 - États-Unis 2024
Trois trajectoires d’un peu plus de vingt minutes chacune pour peindre trois tableaux situés au confluent de la musique contemporaine et celle apparentée au monde de l’électronique. Des notes douces aux colorations chaudes et d’une subtile beauté. Trajectoire première: un rythme simple s’invite pour allumer un tempo de guidance. Paul crée des tapisseries mélodiques aux textures ambiantes porteuses d’émotions subliminales. Les notes s’accouplent et se transforment au fil des minutes en paysages sonores éthérés porteurs de vagues oniriques. Le rythme est en perpétuel mutation, cassé puis reconstruit en allégorie subspatiale bercée par les échos de lointains pulsars. Les notes pétillent, rebondissent sur une toile d’infinie beauté faite de glissandos savamment coulés. Les rythmes se font plus marqués au fil du temps qui s’écoule en boucles. Envol angélique pour la deuxième trajectoire, décollage vers les étoiles. Aperçu des splendeurs de l’Infini. Quelque séquenceur s’invite alors pour soutenir des notes toujours d’une constante et éolienne majesté. Évocation lointaine par intrication quantique d’un autre mage des paysages sonores édéniques: Peter Baldwin aka The Rosen Corporation, par touches légères. Un rythme de batterie vient ponctuer ces mouvances nébuliques tout en douceur, telle une brume vespérale dans les demi-teintes de la presque nuit ou serait-ce l’aube d’un nouveau parcours? Rythme syncopé qui évoque les phrasés hypnotiques d’un Gentle Giant égaré dans une galaxie qui n’est pas la sienne. Un style qui mélange l’impressionnisme français, le minimalisme électronique allemand ou américain et d’autres insondables courants qui aboutissent à une touche personnelle et unique dans les textures d’un ambient élaboré. Minimaliste sans doute mais sophistiqué dans sa créativité et ses émotions. Les phases répétitives de la troisième trajectoire ne sont pas sans rappeler les vagues contemporaines hypnotiques de Terry Riley ou de Richard Pinhas dans leurs compositions les plus inspirées. Cette ultime trajectoire reste ma préférée. Presque de la Berliner Schule. Paul a aussi collaboré avec Steve Roach, Craigh Padilla, Rudy Adrian et Ron Boots. Des références s’il en est!
Clavius Reticulus
https://cyclicaldreams.bandcamp.com/album/three-trajectories-cyd-0107
https://www.youtube.com/watch?v=DrB9GtUPKRg

05/07/2024 : Rick Miller - One Of The Many

Rick Miller
One Of The Many
rock floydien - 53:34 - Canada 2024
Le compositeur et multi-instrumentiste canadien Rick Miller a commencé à faire de la musique en tant qu'artiste solo en 1983. Il a produit quelques albums dans le registre du rock atmosphérique tout au long des années 80 et 90.
Puis il a voulu s’adonner à son «véritable amour musical», le rock progressif (toujours plus ou moins atmosphérique) inspiré par des artistes tels que Pink Floyd, The Moody Blues et Steve Hackett.
Il en est aujourd’hui à nous présenter son 18e album avec huit titres exposant, très clairement et très respectueusement, les références à des groupes et artistes du siècle dernier. C’est ce respect, peut être, qui empêche notre artiste de se laisser aller à l’innovation… Ou alors, ça ne l’intéresse tout simplement pas.
Prenez quelques pincées de Gato Barbieri + Alan Parson Project + Barclay James Harvest enrobées de miel floydien et vous obtenez la recette «Miller»!
Cet album respire à la fois le rock progressif et le rock symphonique avec de-ci de-là quelques passages néo-classiques, bruitages et cris d’animaux, le tout produit avec la qualité sonore requise pour ce style de musique.
Rick Miller connaît très bien son sujet mais cela ne suffit cependant pas à empêcher l'album de sombrer dans une monotonie et un manque de rythme évident. Nourri de mélodies anémiques et dépourvu de surprises et d'émotion, «One Of The Many» porte bien son nom.
Notre musicien pose sa voix sur des nappes de claviers, s’accompagnant d’une guitare floydienne, sur des tempos restant cantonnés du côté de l’adagio ma non troppo.
L’album est confortablement bien installé dans une sorte de mélancolie qui ne risque guère d’effaroucher les oreilles sensibles. Nous pouvons reprendre, à bon escient, une citation de Rick Miller à propos d’un album précédent: «Ceux qui aiment le rock progressif avec plein de jazz-fusion ou de heavy metal risquent de ne pas y trouver leur compte.»
Publius Gallia
https://rickmiller.bandcamp.com/album/one-of-the-many
https://www.youtube.com/watch?v=DfcANodbn84

06/07/2024 : Goblyns - Hunki Bobo

Goblyns
Hunki Bobo
rock psychédélique - 31:03 - International 2024
Dès l’entame de «Sakura», le riff de guitare est lancinant, lent comme le cow-boy aux pieds lourds qui sait d’autant mieux où il va qu’il y va armé et déterminé: la musique des trois jeunes Allemands qui se font appeler Goblyns, cinématographique, suscite des images en CinemaScope et puise dans des références (imaginaires) japonaises comme italiennes; les morceaux (et l’album) sont courts, guitare, basse et batterie développant l’idée sonique selon une ligne énergique et posée – même si les 8 chansons sont le fruit d’une session de studio intense, ramassée sur 5 jours aux studios Junxt de Berlin et produites par Andre Leo (il a travaillé avec Medicine Boy and Wombed). C’est sympa, bien fait (la guitare fuzz de «Little Hunger») et ne révolutionne pas le genre.
Auguste
Bandcamp: https://goblyns.bandcamp.com/album/hunki-bobo
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=ojvjfWHa7bI

07/07/2024 : Il Bacio della Medusa - Imilla

Il Bacio della Medusa
Imilla
rock progressif italien vintage - 44:20 - Italie 2023
le 1er avril 1971, Monika Ertl «Imilla» assassine Quintanilla Pereira, alors consul de Bolivie à Hambourg. Celui même qui avait paradé devant la dépouille du Che et assassiné le compagnon de Monika. La militante d'extrême gauche est la fille du nazi Hans Ertl, camérAmant de Leni Riefenstahl. Hans Ertl avait fui en Bolivie dans les années 50 où sa fille le suivit avant d'intégrer, adulte, la guérilla bolivienne. Je vous invite à vous documenter sur son parcours qui vaut bien un concept album!
L'assassinat est de 71, la musique, ici vintage, d'Il Bacio della Medusa est parfaitement raccord. L'album démarre sur le son d'un clavier de machine à écrire, j'y vois le reporter qui écrit son article. Le rythme des touches se mue en un «psycho killer» joué au kazoo, mais, passée cette intro pertinente et gaguesque, on prend le bateau pour «Amburgo 1 aprile 71». Très descriptifs, les textes sont très présents, mais les qualités vocales et théâtrales de Simone Cecchini (auteur-compositeur unique de cet album) nous emportent facilement dans l'aventure, même si l'on n'est pas parfaitement italophone. Ensuite c'est un flash back qui nous est proposé avec la ferme «La dolorida», achetée par Hans Ertl, où s'installe la jeune Monika et où elle côtoiera l'oncle Barbie, «Zio Klaus». Sur le 1er morceau, le sax d'Eva Morelli y est très VdGG; Eva ponctue le texte un peu comme le faisait le grand David Jackson (elle pratique aussi le double sax!), sur le 2nd tempo lourd de Federico Caprai (basse) et Diego Petrini (batterie et clavier), on est très proche du heavy des années 70, et les soli de guitares d'Andrea Morelli sont à l'avenant, bien acérés et directs. Avec «Dentro Monika qualcosa non va» et son anthémique interrogation, la flûte est suspendue et le tempo heurté illustre bien le propos. Et, hormis le funky «Ho visto di occhi di Inti virare a nero» dépeignant le monstre qu'il s'agira de tuer, ces 5 dernières pistes sont du pur RPI; c'est enlevé, mélodieux. Les superbes flûtes d'Eva et la guitare, parfois chorussée (façon Wishbone Ash) de son frère Andrea, finissent d'achever un bel album, très bien packagé de surcroît!
Passionnant.
Cicero 3.14
Bandcamp: https://ilbaciodellamedusa.bandcamp.com/album/imilla
YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=J9Rebdwj8nM

08/07/2024 : Gérard Manset - L'algue bleue

Gérard Manset
L'algue bleue
rock singulier français - 49:30 - France 2024
Gérard Manset c’est «La mort d’Orion», «2870» et «Il voyage en solitaire»; «En route Manset» démontra son aura sur nombre d’artistes tels Clerc, Bashung, Cabrel ou Raphaël; un artiste dans sa bulle qui a chanté «Animal on est mal» dès 1968, un signe. Aujourd’hui tout sort de sa tête pour composer ce 24e opus; ambiance sombre déroutante qui souffle sur les redites de ses albums précédents, avec l’impression déconcertante d’entendre de l’ancien et du nouveau amalgamés; Manset c’est un monsieur à part que j’ai l’honneur de présenter, oui on ne critique pas Manset.
«Comment tu t’appelles» écrite il y a 19 ans, son des 80 avec le saxo pour une ballade nocturne avec l’inconnu de la nuit et cet air reconnaissable entre tous et le refrain entêtant. «C’est toujours elle» pour l’un des deux grands morceaux et le pourquoi de cette chronique ici; un crescendo mélodique dans la veine Manset avec violon, batterie et voix langoureuse, des échos, des redondances pour hypnotiser l’auditeur; la drogue fait effet avec ce titre mélodique et lancinant jusqu’au final répétitif, sur une histoire de rapt abracadabrante. «L’algue bleue» envoûtant, déjà entendu et déjà dans nos têtes, au riff entêtant entre blues solennel et musique de western en boucle et le souvenir de l’algue de Copacabana; ambiance métronomique addictive défiant le temps. «Le paradis perdu» avec le piano, un hymne solennel avec sa voix phrasée, un ton morbide et des images crues d’enfants nus sur une plage envahie de conquistadors. Sa voix rocailleuse sur l’acoustique guitare égrenant du spleen suintant, un clavier frustre enfonçant la veinule mélodique progressiste.
«Rater sa vie» avec un piano sur une narration pour se conforter qu’il faut bouger à décharge de rater sa vie; moment implacable sur sa voix qui résonne, qui raisonne; montée orchestrale divine et un avis défaitiste dépressif marqué. «Monsieur» avec un orgue des 60 continue d’égrener un moment de vie; un duo de voix avec Lisa Spada en guest qui paraphrase, qui lasse, qui ensorcelle; un hymne à l’enfant grandissant devenant un monsieur sur une orchestration chaleureuse. «La mélancolie» c’est comme la pluie; air minima arpègien puis orchestre au loin pour un spleen dégoulinant la tristesse profonde. «Sur la lune on danse» intro cinématique s’il sait que ça existe; le rythme part sur un reggae dub alambiqué, sûrement dû au fait qu’il n’y a pas d’air sur la lune; titre planant et compulsif et rencontre au bord d’un cratère au contenu progressiste. «Nous nous cacherons ensemble» arpège doux, cristallin de la guitare chaude; une comptine grave de lapins courant dans un carré de serpolets, oui vous avez bien lu; le furet est le méchant, oui, oui, oui, pour ceux qui ont déjà écouté; la baffe d’un texte insipide sur un drame de la vie.
Gérard Manset continue ses déambulations avec ses textes singuliers parlant d’anaconda aux yeux salamandre, de ficus dévorant les femmes; un univers musical où sa voix semble ne pas prendre l’âge, comme cette pochette sublime qui ne correspond pas au climat de l’album. Un son d’ailleurs, psychédélique, enivrant, invitant au rêve, sur des textes ensorceleurs qui donnent un mystère progressif.
Brutus
https://open.spotify.com/intl-fr/album/7vSxOKzMG7WOOESKE2q1Oj
https://youtu.be/jsTd2aYrkxo

09/07/2024 : Roz Vitalis - Semi-acoustic at Kuryokhin Center

Roz Vitalis
Semi-acoustic at Kuryokhin Center
rock progressif - 58:00 - Russie 2024
Créé en 2001, Roz Vitalis était, à l’origine, un one-man band composé d'Ivan V. Rozmainsky aux claviers et à la programmation. Originaire de Saint-Pétersbourg, en Russie, le groupe fait du rock avec un apport de musique électronique et parfois du chant. Il y a quelques années, le groupe est devenu un quintet invitant d’autres musiciens en fonction de ses besoins.
Difficile à classer dans une case, leur musique est présentée quelque part entre l'avant-prog, le rock progressif symphonique et l'etho/autopsychédélique (je ne sais pas ce que cela signifie) électronique, avec des influences inspirées par des groupes tels que Le Orme, Yes, ELP, King Crimson, Gentle Giant, Supersister, Depeche Mode, Lacrimosa et d'autres.
Déjà 11 albums studio à son actif, et cette année sort un nouvel album de 12 titres instrumentaux. C’est l’enregistrement d'un concert en février 2023 au «Centre Sergey Kuryokhin pour l'Art moderne» de Saint-Pétersbourg.
S’il est risqué de catégoriser la musique écrite par Ivan, on peut observer qu’elle se structure autour de thèmes repris en boucle par un ou deux instruments, sur lesquels d'autres viennent greffer des motifs épars donnant à tout l'album une teinte légèrement dissonante.
Les instruments sont principalement acoustiques: piano et guitares, complétés au gré des titres d'une flûte, d'une trompette, d’une clarinette, d'un violoncelle et même d'un basson, ou d'autres encore plus exotiques, tels le shvi, flûte arménienne en bois d'abricotier, le shakuhachi, flûte japonaise en bambou, ou le low whistle dont le son se rapproche de la flûte à bec. Côté électrique, la présence d'un orgue Hammond ne passe pas inaperçue.
Les caractéristiques acoustiques de la salle ne permettaient pas de jouer avec une batterie entière, c’est pourquoi le batteur n'utilise qu'un cajon et une cymbale, et le seul piano qui pouvait prendre place sur scène était un piano droit, ce qui explique la particularité du son de ce dernier.
Publius Gallia
https://rozvitalis.bandcamp.com/album/semi-acoustic-at-kuryokhin-center
https://www.youtube.com/watch?v=IHQmq5T68xI

10/07/2024 : Electric Asturias - Dimensions

Electric Asturias
Dimensions
néo-progressif savant - 50:09 - Japon 2023
C'est le 14e album du groupe créé par Yoh Ohyama, qui compose, arrange, mixe, produit et joue de la basse. C'est certes du néo-prog, mais avec un aspect de musique classique dans la composition et l’exécution, telle la fin très académique de la piste initiale. Accroissant encore cet aspect, un seul morceau est chanté, l'ultime, style chanson jazzy, les 5 autres sont purement instrumentaux, donnant aussi une tonalité camélienne avec ses enchaînements rapides et ses finitions parfaites.
Ces musiciens sont tous des virtuoses qui restent au service de la musique de Yoh, pas d’esbroufe ici! L'instrument central du groupe est le violon hypersonique de Tei Sena, évoquant parfois Grapelli, qui sur scène porte un minuscule chapeau, le seul signe de folie de ce groupe!
Le guitariste Satoshi Hirata vient ensuite, intervenant en second soliste, mais quand il prend l'avant-scène c'est incisif, judicieusement granuleux en opposition avec les attaques du violon, les claviers Yoshihiro Kawagoe fournissant textures et accompagnement, nous gratifiant même d'un très beau solo de Moog dans «Shippuu Jinrai». Le line up est complété par Kiyotaka Tanabe à la batterie qui assure une base solide et non ostentatoire. Du sérieux.
Occupant presque la moitié de l'album, la suite «Fourth Dimension» prend à peine le temps d'installer quelques nappes de synthés avant que le rythme n'accélère. Satoshi y est assez howien dans l'accord, plus classique dans le solo, tandis que Tei relance chaque partie avec fougue. C'est cependant le morceau le plus posé; quelques courtes parties suspendues sont finalement les seules respirations de cet album trop parfait, lisse mais vraiment plaisant, quand on sait à quoi s'attendre dans cette forme savante toujours au centre des œuvres de Yoh. Car les thèmes sont toujours très variés: dans la 1re partie de «Karma», on valse comme au siècle précédent, avant que la guitare, rejointe ensuite par le violon, ne procure quelques inquiétudes dans une montée dramatique parfaitement appuyée par le tempo lourd. Jetez-vous dans ces multiples dimensions!
Cicero 3.14
https://asturias.bandcamp.com/album/dimensions
https://www.youtube.com/watch?v=u_KYJ-rSNNk

11/07/2024 : Erik Wøllo - Crossing the Equator

Erik Wøllo
Crossing the Equator
ambient / guitare mélodique - 42:39 - Norvège 2024
Voici un album qui ne laissera pas de faire penser à un autre mage de l’ambient et qui en plus est inventeur du terme, j’ai nommé Brian Eno. D’entrée, avec «Innerland», nous sommes dans les mouvances soyeuses de «Music for Airport», «Music for Films» ou encore «Apollo». Mais le drapé ambient d’Erik Wøllo est en cela différent qu’il ajoute par moments de très légers rythmes électroniques au reverb et à l’écho de ses guitares dont les notes akashiques nous enveloppent dans un quiet cocon propice à l’évasion astrale et au rêve éveillé (je sais, c’est paradoxal). C’est particulièrement le cas des trips «Innerland» et «Equator» dont les notes coulées en écho génèrent des frissons épidermiques tout en invitant un rythme de batterie qui s’impose progressivement. «Beyond the Sea» est un retour au calme accompagné de longues notes angéliques où glissent quelques arpèges synthétiques. «Then Now» ajoute des sons cristallins et nous promène dans un palais des glaces aux reflets irisés. Les notes de la guitare se prolongent dans ces miroirs harmoniques d’infinitude que complète un mouvement séquentiel discret. La magie opère tout au long de ces trop courtes quarante-deux minutes qui alternent légers séquenceurs, dosés homéopathiquement, et psiturisme mélodique teinté parfois d’un brin de mélancolie («Blackstar»). Erik joue de la six cordes avec sensualité, laissant s’envoler de poétiques échos onirimondiens, caressant l’instrument pour donner naissance à une musique faite d’Amour et de Plénitude. On est porté par ses vagues étoilées faites de scintillements d’infini au fil des notes qui s’égrènent et partent en spirales vers un vortex d’éternité. Nous sommes la barque bercée par les vagues océanes d’un Eden oublié, flottant sur de mouvantes caresses alanguies. «Water’s Edge» renoue avec les fragrances enoziennes par ses longs accords atmosphériques avant l’ultime renaissance d’harmonies célestes («Celestial Sphere») où se conjuguent des miroitements rêveurs capturés par l’horizon événementiel d’un rêve qui s’efface à regret. Et captivés d’un bout à l’autre, nous sommes surpris de constater que c’est déjà la fin du voyage.
Clavius Reticulus
https://projektrecords.bandcamp.com/album/crossing-the-equator
https://www.youtube.com/watch?v=mryHUxMsDo0

12/07/2024 : Minuit 10 - Sans Bruit

Minuit 10
Sans Bruit
jazz progressif - 44:58 - France 2024
Deuxième album du quintette marseillais des frères Rouvière (Thibaud à la guitare et au chant, Sylvain à la guitare, Etienne à la batterie, au piano et aux claviers), après le frémissant «Les Enfants de l'Amour» de 2019, «Sans Bruit» porte un pas plus loin le souci de la précision délicate de Minuit 10. Prenez «Tendresse», affirmez le volume et asseyez-vous entre une paire de haut-parleurs un peu dignes (fuyez les enceintes bluetooth en plastique): il y a d’abord l’intense résonance des cordes de la guitare, la danse des doigts en arrière-plan sur le clavier, le souffle et le chant musardé, puis plus loin la voix de Morgane Cadre qui pulse sa colonne d’air, le silence marqué par le tic-tac d’une pendule d’un autre temps – le temps, qui s’en va et revient, au long du disque, sous forme d’interludes. Le groupe puise dans des bassins musicaux aux eaux mélangées, du jazz à la chanson, du folk au baroque, faisant place aux instruments acoustiques (contrebasse ou guitare aux cordes en nylon) dans des compositions à la complexité peaufinée pour mieux s’immiscer dans nos oreilles.
Auguste
https://minuit10.bandcamp.com/album/sans-bruit
https://www.youtube.com/watch?v=iCv0ItmT8zc

13/07/2024 : Cyrax - Novo Deus

Cyrax
Novo Deus
metal progressif world expérimental - 54:13 - Italie 2023
C'est un griot et des percussions afro qui nous appellent dès l'intro. Rare pour un prétendument groupe metal, non?
Mais si vous osez, vous ferez un tour du monde sur fond de metal, parfois lointain. Jetez un œil sur l’itinéraire pochette de Jan Yrlund!
Vous serez donc entrés par l'Afrique noire, puis vous montez vers l'Arabie, descendrez évangéliser les Zoulous... dans le même morceau!
Pour le 2e, parachutés dans les Balkans, vous foncerez au nord vers la Russie, faire un Tetris. L'intro sitar du 3e et les mantras sur fond metal avec tablas ne laissent pas de doute, cap au Levant. Ensuite arrivent des cordes traditionnelles chinoises pour une mélodie délicate qui mue en prog flamboyant. On traverse la mer et l’on passe au Japon.
À chaque étape, le schéma se répète: instruments typiques et chant en langue locale, le metal peu à peu s’immisce et nos compères prennent la main pour venir à leur genre préféré, voulant sans doute démontrer que tout mène au metal!
Changement de climat et de continent avec une bossa, flûte chaude qui baguenaude. Puis ambiance tango et bandonéon. Cap au nord au son des trompettes mariachis, franchissons le Rio Grande pour écouter des incantations amérindiennes. Un violon country western suit avec quelques vocalises que j'attribuerais volontiers au cuistot du Muppet, 1re étape US, la seconde plus actuelle mixe rap/metal.
On finit en Europe. France avec «L'Avare» sur un rythme pop '80, puis Allemagne avec une sorte de Lied!
Bravo à Marco Cantoni (voix), Gianluca Fraschini (guitare, voix) et Lorenzo Beltrami (batterie, voix) pour nous avoir proposé, avec l'aide d'une poignée de musiciens internationaux, ce tour du monde en moins d'une heure.
Pourtant je ne suis pas fan de metal. À la première écoute, cet album m'a semblé hors de portée, désordonné, brouillon, mais en fait, lors des écoutes attentives suivantes, il s'est révélé à mes oreilles pour ce qu'il est: très inventif, parfaitement composé et interprété.
Indispensable aux curieux.
Cicero 3.14
https://cyraxprog.bandcamp.com/album/novo-deus
https://www.youtube.com/watch?v=t2KT6Ok1yG0

14/07/2024 : Vanden Plas - The Empyrean Equation of The Long Lost Things

Vanden Plas
The Empyrean Equation of The Long Lost Things
metal progressif - 55:14 - Allemagne 2024
Vanden Plas formé en 1986, l’un de mes groupes de coeur qui faisait du metal prog avant l’heure; du hard avec des claviers, un album OMNI en 95 avec «Colour Temple» s’inspirant des Dream Theater, des éléments élégiaques, mélodiques, envoûtants. Ce 12e du nom reprend leur trame musicale, eux qui ont côtoyé l’opéra, le néo classique; fier de chroniquer un groupe de mon enfance musicale.
«The Empyrean Equation of the Long Lost Things» avec l’entame arpège piano planante, air spleen des Anathema, l’orage au loin; le riff assourdissant, le clavier d’Alessandro nouveau remplaçant Günter et les vocaux chœurs en imposent; de l’émotion, des soli, de l’épique symphonique, retour de leur création originelle; final plus fort pour faire taire les détracteurs progueux et ceux du metal qui les avaient oubliés. «My Icarian Flight» avec Andy à la barre qui donne le ton sur un morceau chaleureux, enivrant, mélodique; la patte est bien là, la basse d’un coup amène le break avec orgue et solo guitare, tiens l’on se dirait dans un Dream Theater avec ce duo affiché; le final sur la patte Vanden Plas envoûtante et métronomique. «Sanctimonarium» avec l’intro une minute chrono pour faire chauffer l’ambiance; Andy en douceur, le riff symphonique qui va lorgner sur du metal prog vintage avec le Hammond, on se croirait sur un remake des Deep Purple de la décennie 2020; le synthé se veut moderne avant de laisser le riff teutonique revenir en force, à coups de pads estampillés 12.7; le final élégiaque pour asséner le coup fatal, air d’Epica plus jeunes qu’eux.
«The Sacrilegious Mind Machine» déboule, riff lourd tranchant; une minute pour oublier le temps avant de partir sur l’air calibré metal prog mélodique à chœurs et à cœur, juste saignant; le riff plus coupant que ça tu meurs, Andy qui lacère, le synthé qui déchire; break mélodi-acoustique apaisant avant le retour riff canon de 20 mm; l’orgue encore là pour jeter le trouble et faire fondre. «They Call Me God» pour la ballade arpège piano, se rappeler les dérives jouissives orchestrales du groupe; une guitare plaintive qu’on retrouvait sur les Anathema, un violon samplé pour jeter le doute; la ballade romantique se joue comme souvent d’un solo guitare émouvant avant la montée sur un air kashmirien divin; efficace, simple, pompeux, épique. ‘
«March of the Saints» intro lourde pour le titre progressiste dans son âme; l’ajout du temps donne des breaks, de la lourdeur, des répétitions voulues qui peuvent devenir redondantes; break interlude piano avant de repartir sur le riff calibré, la batterie survitaminée et la basse syncopée; l’orchestration devient grandiloquente avec le solo guitare et la voix ensorcelante d’Andy lorgnant vers un maelstrom musical; le final piano cristallin rappelle le son néo-classique.
Vanden Plas sort un opus mélancolique, spleen collant épique d'heavy sombre et éclairé; du synthé harmonique, des soli tournoyants et majestueux, du progressiste métallique avec des relents symphoniques, leur signature est toujours présente et efficace et se rapproche du Dream Theater pour cela avec ses effluves élégiaques, épiques et crescendiques; de la fusion de sentiments, d’émotions pour un metal prog conventionnel qui n’a pas pris une ride mais qui n’apporte pas grand-chose de singulier, un bon opus redit bourré de prouesses techniques qui font résonner notre passé.
Brutus
https://open.spotify.com/intl-fr/album/6ebfIrysSRhz6wwYNy2RAN
https://youtu.be/A2jim4hSl78

15/07/2024 : Anandammide - Eura

Anandammide
Eura
folk psychédélique progressif - 48:30 - Italie 2024
C’est l’histoire d’un Italien, Michele Moschini, immigré à Paris, qui monte un projet «folklorique psychédélique» chanté en anglais, avec des musiciens d'Italie, de France, d'Angleterre et de Suède.
Un premier album, «Earthly Paradise» en 2020 plutôt acoustique, avec de grosses influences de musique ancienne, médiévale, et des paroles qui portaient principalement sur la réflexion existentielle, mais aussi une vision politique très pessimiste, à l’instar de ce qu’il proposait avec «Floating State» il y a une vingtaine d’années.
Notre musicien sort cette année un deuxième album, fait maison, qui aborde la situation mondiale, les guerres, le changement climatique et le sentiment de vivre continuellement en temps de crise, la dégradation de la société et le capitalisme laissant la majorité de la population mondiale en difficulté.
Les thèmes sont à l’image du bonhomme tout habillé de noir avec une écharpe rouge. Le désespoir et la lutte!
Sur le plan musical, nous avons une ambiance principalement acoustique, à base de guitares, de flûtes, d’instruments à cordes, faite de légèreté et de douceur, qui tranche avec la noirceur du propos. Les visions et sentiments qui naissent à l’écoute des dix titres, si on écarte les textes, seront plus souvent associés à une ambiance de fin d’été, légèrement nostalgique du temps qui passe sans qu’on y fasse attention vraiment.
Un album propice au défilement des souvenirs; ce sont Simon & Garfunkel pour les harmonies et les voix, Harmonium pour quelques moments de guitare et quelques autres des '70 (Air, Soft Machine, Caravan, Gong) qui surgiront sur votre écran mémoriel.
Publius Gallia
https://anandammide.bandcamp.com/album/eura
https://www.youtube.com/watch?v=jO5BoiJRJu4

16/07/2024 : Mandoki Soulmates - A Memory Of Our Future

Mandoki Soulmates
A Memory Of Our Future
jazz rock / fusion / ethnique - 78:04 - International 2024
En 1992, Mandoki Soulmates fonde un collectif, chante sur Dschingis Khan et est reconnu dans le monde entier pour ses travaux en composant pour Richie, Collins. Il est influencé par le rock progressif des Jethro Tull, ELP, Genesis, Yes, voire Supertramp d’un côté, la fusion jazzy-prog de Davis, Return to Forever et le Mahavishnu de l’autre; son envie de fusionner les deux en découle. Ce 8e opus en analogique direct sur son équipement d’origine, avec un cygne noir, symbole de notre société décadente, un clin d’œil contre le système, une envie de rassembler.
«Blood in the Water» paf la flûte du Jethro Tull prend à la tête; un air world music gabrielesque entraînant s’en dégage immédiatement avec des relents jazzy-symphoniques, un peu des Toto pour l’air suave; break piano et flûte accompagné par la batterie. «Enigma of Reason» à double ligne vocale, guitare acoustique de Di Meola, pads et claviers dérivant sur une fusion ethnique, le saxo d’un coup apaisant, le jazz devient prog dans le bon sens, en recherche d’éléments sonores nouveaux; tiens, un peu de chœurs yessiens, la voix et l’ambiance d’un Youssou N’Dour; accordéon qui virevolte, les instruments à bois chaleureux avec le chœur pop facile d’accès et le final méolien jouissif. «The Wanderer» douceur sucette, ballade knopflerienne, réel bijou; hymne langoureux sur les méfaits pandémiques, la voix accentuant l’effet d’un possible avenir serein avec des mots de Tolkien. «The Big Quit» air world, d’un côté Chick Corea, de l’autre Peter Gabriel dans ses morceaux dansants; le son fusionne l’air compulsif lorgnant non pas sur des décades précises mais sur des genres musicaux; une fusion utopique pour rassembler le fan jazzy d’avec ceux néo-classiques, celui qui vit la musique comme un art de divertissement et celui qui la voit comme un moment intimiste; j’y entends du Vollenweider, Woody Allen, c’est arabisant et diversifié. «Devil's Encyclopedia» un «Blood» bis avec Ian et sa flûte et la base rythmique addictive amenant à headbanger dessus; entêtant, compulsif, roulant sur les barrières nominatives musicales; très frais, moderne. «A Memory of My Future» est le morceau m’ayant donné envie de chroniquer; guitare fluide de Mike Stern, saxo des Dire Straits, violon riff heavy, refrain facile et voix feutrée à la Mark, airs envoûtants. La musique fusion comme rêvée pour faire taire ceux qui veulent des tiroirs; ah, cette trompette m’ensorcelle, au-delà de la musique.
«I Am Because You Are» continue sur un air pop folk que ne renierait pas Knopfler; douceur mélodique mélangée à du world sensuel, la clarinette, l’air à la «Why Worry», la berceuse bucolique. «My Share of Your Life» à l’intro ensorcelante, l’orgue prédominant; refrain qui fait la part belle à cette guitare égrenant le temps par ses notes cristallines; le break redondant et addictif, flirtant avec les ambiances précitées. «Age of Thought» trompette jazzy de bar de nuit amenant la fusion avec ce néo-classique à la Bartok au côté folklorique prégnant jusqu’à l’orgue plaintif de Cory; un zeste des Kansas aussi, désopilant. «Matchbox Racing» encore Knopfler, air d’un Toto, diversité musicale, tiens un peu des Flower Kings, des Big Big Train avec une trompette jetant le doute sur le son prog; déroutant et jouissif. «We Stay Loud» violon et percussions ethniques pour le rythme entêtant et une divagation de notes jam intemporelles; dansant, swinguant, tribal. «Melting Pot» au relent world africain chaleureux; lente pérégrination à la frontière du psyché jazzy ou comment rassembler la musique.
Mandoki Soulmates propose des titres diversifiés sur la fusion rock, pop, prog, jazzy, world; un banc d’essai pour une musique intemporelle au-delà des fameux tiroirs; ce supergroupe si cela a encore un sens de nos jours, citons juste Anderson, Di Meola, Stern, Evans, Cory, Phillips, Carey, Helliwell en guests. Bruce Soord s'occupe du mixage atmos certifiant la qualité dudit album; une musique authentique, contemporaine, jouissive, lascive et inoubliable; chaleureuse et émouvante, minimale et complète. Un havre de paix musical pour un album majeur.
Brutus
https://insideoutmusic.bandcamp.com/album/a-memory-of-our-future-24-bit-hd-audio
https://youtu.be/oFdvH_CcfQE

17/07/2024 : The Rosen Corporation - Muse

The Rosen Corporation
Muse
ambient onirique spatial - 56:16 - Allemagne 2024
Une unique longue plage de rêve condensé. Une plage que l’on souhaiterait prolongée à l’infini. Peter Baldwin a de nouveau frappé très fort pour bercer notre âme qui doucement éclot comme une lumineuse fleur de lys aux pétales d’une blancheur immaculée dont l’éclat jalouse celui des étoiles elles-mêmes. Ses dernières œuvres sont issues de la même famille: un style ambient mélodique bien personnel et à nul autre pareil distribué ici par le label Ear (un clin d’œil involontaire au label Ohr qui fit la gloire du krautrock? Ou simplement les initiales de «Emotional Analog Resonance»). Les premières vagues sont coulis synthétiques teintés de mélancolie qui, en filigrane, peuvent rappeler Brian Eno. Au bout des sept premières minutes, quelques notes pétillent comme des gouttes d’eau éclatant à la surface d’un plan miroir caressé par un vent intemporel qui continue de nous envoler dans les strates d’un rêve opalescent. Un livre-songe dont on tourne les pages virtuelles pour en prolonger la quiétude éthérée. Le temps qui passe est capturé dans une sorte d’anneau de Moebius. Le début est la coda. La fin prolonge le début. Océan de Lune baigné de tendresse. À la dix-neuvième minute, des voix se fondent en chœur pour épouser de vagues apoptoses subliminales. Un peu plus tard, un rythme évoque un cœur qui bat au sein d’un portail transdimensionnel. Séquenceur feutré au sein d’un écho qui prolonge les notes. Rythme de basse et sons flûtés perdus dans un improbable mariage cosmique. Vagues de mâles chœurs qui couvrent ces pulsatiles vibrations comme une marée événementielle où est figé le Temps. Et la flamme s’éteint, laissant dans une insondable solitude quelques scintillements de poussière d’étoiles. Trente-neuvième minute: chœurs séraphiques cette fois, répercutés en échos abyssaux, miroitement de l’infini soutenu par une nappe synthétique enveloppante d’une ineffable douceur. Retour de rythmes lents conjugués au ressac stellaire de quelque nouveau et ultime portail vers l’après-monde. Le lys se referme pour garder en lui toute la lumière des mondes incertains dont il a jalousement scellé les impalpables reflets. Un voyage au bout de l’Absolu.
Clavius Reticulus
https://e-a-r.bandcamp.com/track/muse-the-rosen-corporation

18/07/2024 : Instant Curtain - State of Art

Instant Curtain
State of Art
Eclectique / Canterbury / Art - 32:40 - Italie 2023
Second album d'Instant Curtain, le trio du compositeur, multi-instrumentiste, mais surtout guitariste Giuseppe Petrucci toujours accompagné de Carlo Maria Marchionni (batterie, clavier, basse) et de Massimo Gerini au chant.
«Leave me behind» ouvre aérien, doux en trio guitare, basse, batterie avant qu'une guitare bien affutée, un rien orientalisante, n'électrise la mélodie. Autour de quelques effluves jazz-rock de clavier, une guitare flamenco apporte parfois une touche hispanique à cette brillante entrée en matière.
«Bitter sweet» plus bitter que sweet dans son intro où la guitare distordue sonne ... comme un clavier Canterbury! Un juste retour des choses? On nage ici dans un Canterbury nappé de synthé. Les changements de signatures collent parfaitement à l'évolution complexe du morceau. «Civil surface» poursuit dans la même verve avec un peu plus de dissonances et de ruptures pour mieux exciter nos sens bien éveillés par les premières pistes, la fin du morceau livrant quelques phrases musicales libératoires imparables.
«Retain all the strain» chanté, plus désordonné et perturbant à la manière du gentil géant, permet à la batterie décidément très créative de se mettre au service de ce maelström finalement assez jazzy avec ce Rhodes égrainant. «Four until late» surprend plus par son silence médian de 10 secondes, que par le thème du morceau qui n'apporte pas beaucoup à l'album.
«Perpetual Retain»: après une intro un peu «Foggy Dew», le morceau devient bien plus aventureux. Plusieurs strates d'instruments progressent en dissonances inquiétantes, la batterie parcimonieuse ponctue avec tact. Une guitare frippienne nous achevant. L'ultime «Talk to me» rassure avec ses arpèges de guitares et sa basse chaloupée, plutôt dans une ambiance Eno pour l'apparente simplicité de la mélodie et le raffinement de la mise en ondes, mais c'est avant qu'un panorama de motifs ne déferle de partout. Un instant et puis rideau. Le disque est fini, donnant immédiatement envie d'y retourner car chaque écoute offre de nouvelles impressions, croyez-moi!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/intl-fr/album/0SvuuLpHiJOtgvkGWGhR0U
https://www.youtube.com/watch?v=IqmSaO3DTiA

19/07/2024 : Zanov - Lost in the Future

Zanov
Lost in the Future
Electro progressif - 44:12 - France 2023
À la frontière des mondes, Pierre Salkzanov dessine ici des notes qui flottent dans un univers à la fois proche des séquences teutonnes et des spirales électroniques proches de la planète Jean-Michel Jarre. Les rythmes structurés et colorés rock électronique complètent un tableau fait de riches nuances cosmiques. L’artiste lyonnais est l’un des pionniers de l’électronique française. Tout en profitant des technologies nouvelles, il reste fidèle à ses sonorités les plus récentes et se distance de son parcours musical des années 70 et 80: «Lost in the Future» aligne des séquentiels mélodiques qui se différencient des structures teutonnes, additionne des bruitages synthétiques qui viennent napper les partitions; des instants non figuratifs se complètent harmonieusement pour offrir une musique chaude et mélodique très éloignée de la Berliner Schule à laquelle les fans de la première heure se sont habitués. On retrouve ici des clins d’œil furtifs aux Grands Anciens tel le «Sarabande» de Haendel, en filigrane cependant et pour mélomane éclectique, dans «Brain to Brain» et en ouverture de «Extended Life». Touches subtiles comme des coups de pinceau sur une toile non figurative. Au fil des minutes, on reste dans un drapé classico-electrorock aux relents Jarre (plus franchement marqués justement dans «Extended Life» et dans «Living with Robots») tant par les rythmes cassés et syncopés que par la sonorité des synthés qui rappellent «Oxygène» et les «Champs Magnétiques». Vagues où glissent des surfeurs d’argent mélodiques en douceur contrôlés par des drones venus d’ailleurs. «Interstellar Travel» se construit en cascades de notes sur des réminiscences fantômes et translucides agitées par les vents solaires d’une autre galaxie pour un voyage cette fois plus proche des phrasés allemands tout en maintenant une recherche subtilement expérimentale combinée à des séquenceurs en intrication quantique. Zanov utilise les légendaires ARP2600 et VCS3, le PS330 et le RMI. Entre 1976 et 1983 sortent trois albums qui resteront gravés dans la mémoire des aficionados: «Green Ray» (et sa longue plage «Running beyond a Dream» à la fois heldonienne et germanique), «Moebius 256 301» (et son sublime «Plenitude») et «In course of Time» (le plus schulzien des trois) indispensables à toute e-discothèque qui se respecte. «Lost in the Future» se décalant donc par rapport à eux, poursuit dans la lignée du précédent «Chaos Islands». Il ne plaira sans doute pas aux amateurs de Klaus Schulze mais se trouve être musicalement construit pour un plus large auditoire. Zanov, toute comparaison d’albums mise à part, reste une véritable référence en matière d’e-music de l’Hexagone au même titre que Heldon ou Jean-Michel Jarre.
Clavius Reticulus
https://zanov.bandcamp.com/album/lost-in-the-future-2
https://www.youtube.com/watch?v=gfRbOmjXChE

20/07/2024 : David Jackson & René van Commenée - Keep your Lane

David Jackson & René van Commenée
Keep your Lane
cross over / jazz / progressif / folk - 56:44 - International 2024
Encore une merveilleuse séquelle du Covid et de son confinement, David Jackson et René van Commenée ont concocté cet album à distance. Mais on sent que ces deux-là se connaissent bien au travers de nombreux concerts partagés. Dès l'intro, le percussionniste et le saxophoniste sont en osmose. «Eternal Caravans» vents de sable et rythmique chaloupée à dos de chameau, dépaysant. On retrouve immédiatement «Le» son de Jack«son». Flûte et sax, les percus de René tricotent. Le flageolet final nous rejette vers le Moyen Âge. Superbe ouverture.
«Garden Shed» plus incantatoire et jazz, voit David répondre à Jaxon, comme dans tout l'album d'ailleurs le multipiste, multicouche, intriqué à l'envi est vraiment réjouissant. David étant déjà une fanfare à lui seul quand, sur scène, il souffle dans 2 saxos en même temps! Technique aidant, on a parfois l'impression d'avoir affaire à une fanfare déchaînée ajoutée la folie des percussions de René, aussi échevelées qu'une batucada.
«Bird's Lament» est une reprise du «tube» de Moondog, qui rend hommage à Charly Parker «Bird». Et les maîtres ne sont pas trahis. Globalement c'est un kaléidoscope qu'offrent les compères: «Waving at Strangers» déchirant et sombre, «Gridlockdown» dansant, «Hills of the North» emphatique, martial et chevaleresque, «Get a Grip!» chant sourd inquiétant, rythme lancinant et dissonances finalement résolues, «JackLanzCom Haiku» baroque et bucolique avec Bernardo Lanzetti (Aqua Fragile, ex-PFM).
L'album se termine par 2 reprises: un superbe «Pioneers over c» de Van der Graaf Generator, version 2023, purement instrumental avec Colin Edwin (ex-Porcupine Tree) à la basse et un certain Peter Hammill, probablement le piano, discret que l'on entend au début de la pièce, car la partition de voix est chantée par les vents de David. L'album s'achève avec «Felona», reprise du chef-d’œuvre de Le Orme et du RPI, dont les textes de la version anglaise étaient de... Peter Hammill.
Ajoutez à cela un mastering limpide digne d'ECM, foncez!
Cicero 3.14
https://talkingelephantrecords.bandcamp.com/album/keep-your-lane
https://youtu.be/Pz98-xP3uCk?si=7JhQrWRPBdRCmz6R

21/07/2024 : Confirmation Bias - Century Mornings

Confirmation Bias
Century Mornings
rock progressif - 62:17 - Norvège 2024
Confirmation Bias formé en 2013 après avoir joué des reprises de Rush et l’envie de créer; du prog des 70/80 comme base avec des touches modernes métalliques et voilà de l’art-rock pour leur premier opus; un peu des Rush, Magic Pie vu qu’Eirik a tourné avec eux, Opeth et Saga. Du rock prog à tiroir instrumental amplifiant la voix chaleureuse, un son lorgnant sur une fusion des Dream Theater, Kansas, Rush, Unitopia et Ayreon, mais un son unique traitant des maux et vicissitudes de l’humain, bref allons voir.
«Residence In You» son singulier sans réminiscences précises, un plus; du prog avec claviers, rythmé metal, mélodie calibrée, solo guitare bien foutu; break spatial avec voix off et déclinaison à la Rush; pads tambours aux effets stéréo avant le final sur un néo-prog aérien tout en couleurs, qui monte et rejoint les Dream Theater, bluffant. «Living With The Lie» texte sur la résilience donc musique complexe aux tiroirs emboîtés avec l’air gras de l’orgue. «In Memory Of…» mandoline d’intro et son à couper le souffle, majestueux, solennel et symphonique; la basse batterie martèle cherchant une brèche progressive pour donner le meilleur aux instruments; ça violente de tous points, l’orgue typé 70 et la guitare new néo-prog; langoureux, spleen contemplatif avec ce break piano; le final lourd, symphonique. «Reality Check» pour la ballade délicate à fond folklorique, romantique et tourmentée avec un très beau crescendo prenant, réverbérant.
«Epiphany» tempo ralenti, rock funeste, guitare égayée rappelant Queen, paradoxe de leur choix musical; inventivité sur l’air pesant nonchalant, novateur, tiens un peu des Bigelf à la voix; un final fleurant un Dream Theater orchestral, grandiloquent. «One Man Show» pour une nouvelle ballade bien marquée, pour se reposer avec de l’orgue langoureux en solo. «Century Mornings» avec l’instrumentation des Styx et 2 min 40 s d’intro jouissive; à mi-parcours dans un titre des Floyd; un morceau épique, souvent orchestral, avec des passages vocaux mélodiques. Les variations de tempo avec ballade homérique pour la migration; un temps symphonique sur les Flower Kings au loin. L’orgue typé et le sang du théâtre de rêve encore, un solo oriental, la fusion des genres fabuleuse. La folie du final sur les Shadow Gallery, un trésor musical qui se bonifie au fil des écoutes; j’y retourne.
Confirmation Bias écrit une musique nouvelle sur du prog metal contemplatif. Osmose de sons anciens et récents imprimant l’énergie, le désespoir; la qualité des musiciens avec deux guitaristes ouvre la voie à des morceaux à breaks et combinaisons qui donnent une signature inédite; entre prog, metal, lyrisme et rythmicité. Le texte d’un émigré du 19e siècle arrivant en Amérique avec ses turbulences est mis en valeur avec ces airs complexes, tarabiscotés et forts.
Brutus
https://confirmationbias.bandcamp.com/album/century-mornings
https://youtu.be/Se7oxxwM8_A

22/07/2024 : Schubmodul - Lost In Kelp Forest

Schubmodul
Lost In Kelp Forest
stoner / post-rock - 42:49 - Allemagne 2024
Schubmodul! D'instinct, on s'attend à rencontrer le bâtard d'un Schtroumpf et d'un Snorky. En fait, ce prénom biscornu désigne un trio, natif de Bochum (Allemagne), créateur, depuis 2019, de fictions musicales. Intrigué par l'enluminure des pochettes, on se laisse facilement convaincre. Instrumental only, «Modul l» (2022) sera un premier essai fort concluant: un stoner/punch tout droit vers la constellation d’Andromède! Du début d’année, leur second disque «Lost in Kelp Forest» est d'une densité plus bulleuse/plus houleuse/plus poisseuse. Avant d'aborder cet album, Still instrumental, choisissez un repère tel que «Le Trésor de Rackham Le Rouge» ou «Le Grand Bleu», mais surtout répondez à l'appel venu d'en bas! En couverture: scaphandre (de plongée) papillonnant à l’orée d’une forêt d’algues. Cette opérette des profondeurs provient de la technique combinée des six cordes de Fabian Franke, de la ligne basseuse de Nils Stecker et de la frappe constante de Christoph Kellner. La cerise est que chacun a réussi à sortir son épingle du jeu. Avec «Voyage» et «Silent Echoes», Herr Franke se taille le riff du lion. Acoustique au début, il est dans tous ses états sur «Renegade One». Avec «Revelations», c'est Stecker qui déclenche (subtilement) ses vagues signatures. Bon équipier tenant la distance, avec «Emerald Maze», la fanfare provient des coups de poing de Kellner. L'ensemble musical est ficelé par une narration mâle/femelle, comme provenant d'une radio portative… Alors quoi? Un accessoire désuet sur fond contemporain. Pas une mauvaise idée pour le coup. À la remontée, une fois séché, nos oreilles sont remplies d'eau salée saturée de sons distordus, mais des sons sortis de la cuisse de Poséidon, des sons bien calibrés, des sons soignés…!
Kaillus Gracchus
https://schubmodul.bandcamp.com/album/lost-in-kelp-forest
https://www.youtube.com/watch?v=suE4w9F_1sc

23/07/2024 : PreHistoric Animals - Finding Love In Strange Places

PreHistoric Animals
Finding Love In Strange Places
metal progressif - 44:55 - Suède 2024
Et de quatre pour PreHistoric Animals! Avec, peut-être, recours à la facilité. Donner dans la science-fiction dystopique pour un groupe de metal progressif, c’est un peu facile, non? Annoncer un concept album qui ne propose que de courtes histoires sans lien direct que le thème de l’amour, fût-il dans des endroits étranges, c’est un peu facile, non?
Alors, soyons tout de suite dans le sujet: la musique proposée dans ce nouvel album est à l’image de ce que les musiciens ont toujours présenté jusqu’à ce jour et ce qu'ils ont créé dans leur carrière jusqu'à présent est tout à fait remarquable, que ce soit par la qualité de l'écriture et de la performance des chansons. Mais «Finding Love in Strange Places» n'est pas tout à fait au niveau de «The Magical Mystery Machine» (chapitres 1 et 2).
Depuis sa création à Borlange, en Suède, en 2015, le quatuor est resté fidèle à ses références eighties et au style progressif saupoudré de pop, qu’il développe au fur et à mesure de ses albums, au risque d’une certaine redondance pour les moins fans d’entre nous. Accordons au groupe qu’il apporte un soin particulier aux introductions de ses titres et que les intermèdes permettent une respiration bienvenue au milieu du déluge de puissance des mélodies entêtantes et oppressantes. La section rythmique est solide, toujours bien présente face à l’agressivité des guitares et efficacement effacée dans les moments plus doux de répit.
Un album donc qui ne révolutionne pas le genre, mais c'est indéniablement une nouvelle sortie très représentative (et un peu frustrante) du groupe qui a tant à offrir.
Publius Gallia
https://prehistoricanimals.bandcamp.com/album/finding-love-in-strange-places
https://www.youtube.com/watch?v=tgoRKn7GrLM

24/07/2024 : Oudeziel - Oudeziel

Oudeziel
Oudeziel
post-rock - 26:54 - Pologne 2024
«Oudeziel» est un mot néerlandais qui veut dire «vieille âme». Selon la philosophie extrême-orientale, après quatre réincarnations, l’âme humaine vieillit. Cela n'a rien à voir avec notre âge. C'est une expérience. Pourtant le groupe est polonais, né des cendres de «Obrasqi» après le décès de la chanteuse, en décembre 2022.
Le duo de barbus a décidé de se concentrer sur la production instrumentale, laissant le chant à des invités, et propose un court album de cinq titres qui vont de la musique électronique au post-rock, touchant à la dream pop et passant par le rock progressif. C’est de l’album, sorti en 2023, dont il est question ici, sachant que le groupe a sorti une réédition, en 2024, dans laquelle deux des cinq chansons du premier EP sont manquantes, «Life» et «Whisper». Un nouveau titre, «Flight» a cependant été ajouté.
C'est un peu étrange de publier un EP, lors d'une réédition qui plus est, réduit à vingt minutes de musique.
Pour ce qui est de la version 2023, le duo nous invite à plonger dans une atmosphère de nostalgie, de jours de vacances chaleureux et d'enfance insouciante. Les chansons contiennent beaucoup de moments et de thèmes intéressants avec un petit goût de «reviens-y», en partie dû à la brièveté de l’écoute mais aussi par le ressenti du manque d’un petit quelque chose… Qui n’y est pas ou qu’on n’a pas découvert à la première écoute.
Quoi qu’il en soit, la très bonne qualité de la production nous fait découvrir en détails une multitude d'effets sonores qui donne une richesse à cette œuvre vraiment pas ordinaire, qui n'est pas nécessairement ma tasse de thé, mais vu la performance livrée, cela ne peut laisser indifférent.
Publius Gallia
https://oudeziel.bandcamp.com/album/oudeziel-ep
https://www.youtube.com/watch?v=N0LdXT_l94A

24/07/2024 : The John Irvine Band - The Starships Are Gathering

The John Irvine Band
The Starships Are Gathering
rock progressif moderne - 47:31 - Angleterre 2024
John Irvine est un compositeur anglais qui a formé ce Band en 2011. Le CD qui nous occupe aujourd’hui constitue le septième de cette formation. Les compositions sont ce qu’il y a de plus classique dans le style qui nous occupe et s’avèrent, ma foi, excellentes; le long «Lacus Temporis» ne déroge en rien à cette règle. La plage titulaire qui clôture cette plaque s’habille d’un atour, un plus atmosphérique qui n’est pas pour déplaire aux amateurs. Certains accords me font d’ailleurs penser à certaines compositions de Genesis. Je vous conseille vivement de jeter une oreille sur ces titres qui ne vous dépayseront en aucune façon.
Tibère
https://thejohnirvineband.bandcamp.com/album/the-starships-are-gathering
https://www.youtube.com/channel/UCyxmFn8JVfzBZg5TbI39wiw

25/07/2024 : Jack Hertz - Solaire

Jack Hertz
Solaire
immersive spatial ambient / solar soundscape - 54:25 - États-Unis 2024
«Un grand lac circulaire envahit la place. De fins voiles de lumière blanche flottent à quelques centimètres de la surface de l’eau. Les diamants célestes, en tombant dans le liquide, se transforment en fine poussière plus légère que l’air et forment cette brume diaphane, jouet de la brise qui tourbillonne lentement dans cet endroit fermé. C’est éblouissant. L’air prolonge en écho un murmure liquide et gazeux à la fois. Les éléments se fondent en une subtile symbiose. Aucune loi physique connue ne régit ce lieu magique (…) Un soleil rouge descend lentement sur la ligne de l’horizon, baignant les rares nuages d’or et de feu. (…) À l’autre extrémité, nous apercevons le lac aux diamants en contrebas. Tout là-haut dans le ciel, la chute continue de vomir son flot de gemmes célestes. (…) On dirait un couloir de lumière phosphorescente, un tube incandescent.» [Extraits de El Jice, «Le Tombeau des Étoiles», éditions Black Cool Press, collection Rivière Blanche, 2019.]
Si j’avais connu Jack Hertz à l’époque où j’écrivais mon roman, c’est sans doute entre autres lui qui m’aurait inspiré. Ces courtes plages dédiées au soleil, l’astre qui nous a en quelque sorte créés, le seul dieu que je puisse reconnaître, sont autant de poèmes dédiés à la Lumière. Nous sommes les enfants du soleil qui force la réflexion sur notre être et sur notre place dans l’univers («Light Beings»). Telle est celle de Jack qui nous guide dans ce palais des glaces aux miroitements éternels par ses notes aériennes et caressantes. Un voyage éblouissant empreint de sérénité et d’Absolu. Ces partitions sont comme des spirales de lumière pure, des éclats de diamants dont les facettes reflètent les gemmes célestes que sont les étoiles, ces autres soleils inaccessibles dont la lumière s’est sans doute éteinte depuis des millions d’années tant son voyage vers la Terre a été long en parcourant les parsecs de Solitude Éternelle au sein de la Grande Ténèbre du cosmos. Chaque plage de ce merveilleux album tourne autour des cinq minutes. Des minutes en condensé d’émotions au son cristallin («Beam Forever») et aux reflets d’or et d’argent. Évocation de Brian Eno («Sun Room», «Filtered») ou de Jonn Serrie («Electromagnetic Mariner») dont la musique a illustré pas mal de représentations en planétarium. La plage éponyme est à elle seule un vibrant hommage au cosmos et aux lucioles qui le peuplent. Les harmonies légères sont en cela assez éloignées des lourdeurs de certaines compositions des maîtres du genre comme Steve Roach dont les compositions se font parfois pesantes eu égard à leur longueur. Jack Hertz réussit ici le pari de nous emporter sur les lumineux rayons d’Helios sans nous brûler les ailes. Une petite perle du genre.
Clavius Reticulus
https://jackhertz.bandcamp.com/album/solaire