Novembre 2024
- 01/11/2024 : SJS - A Sequence of Mistakes
- 01/11/2024 : Tusmørke - Dawn of Oberon
- 02/11/2024 : White Willow - Sacrament [réédition]
- 03/11/2024 - Michael Brückner - The Android Tales vol 1
- 04/11/2024 : Phil Manzanera - Revolución To Roxy
- 05/11/2024 : Steve Howe - Guitarscape
- 06/11/2024 - Quetzal - Quetzal
- 07/11/2024 : The Flying Norsemen - The Flying Norsemen
- 08/11/2024 : London Underground - Live at the 19th Dream Of Dr. Sardonicus Festival 2023
- 09/11/2024 : Transport Aerian - Live in Ghent
- 10/11/2024 : Jake Gotlieb's Banach-Tarski Paradox - Contours, Vol. 1
- 10/11/2024 : we broke the weather - Restart Game
- 11/11/2024 : Anubis - The Unforgivable
01/11/2024 : SJS - A Sequence of Mistakes
SJS
A Sequence of Mistakes
folk spatial - 48:50 - International 2024
Quintet dont le leader est Stuart J. Stawman, sujet britannique émigré en Australie. Stuart a perfectionné ses compétences en studio, à Londres, en tant qu'ingénieur du son durant les années 1980, ce qui lui a permis de travailler avec David Gilmour, Tears For Fears et bien d'autres; il était présent aussi quand Talk Talk a enregistré l’album «Spirit Of Eden».
Ce parcours explique d'emblée la production soignée et les magnifiques arrangements de par la parfaite exploitation du studio. Les titres sont développés et la qualité de l'enregistrement et des effets sonores les placent dans une catégorie supérieure.
Avec l’arrivée d’un nouveau claviériste résidant en Angleterre et qui a participé à distance ainsi que Kirsty Forster (au chant) que Stuart a eu l’excellente idée d’inviter sur deux titres, le groupe semble avoir atteint un autre niveau… que certains critiques comparent au moment où Lindsey Buckingham et Stevie Nicks ont rejoint Fleetwood Mac.
Les sept morceaux de ce troisième album prennent des éléments des mondes du post-rock, du folk, de la musique du monde et des textures électroniques modernes. On navigue entre du New Age à la Enya, du World Beat à la Gabriel, de la langueur floydienne et du néo-progressif… Mais je suis certain que d’innombrables autres images et souvenirs surgiront à l’écoute de cet excellent disque. Je suis certain également que vous l’écouterez plusieurs fois dans l’attente du prochain.
Publius Gallia
https://sjs-music.bandcamp.com/album/a-sequence-of-mistakes
https://www.youtube.com/watch?v=sZeF4DFRwks
01/11/2024 : Tusmørke - Dawn of Oberon
Tusmørke
Dawn of Oberon
rock psychédélique / folk vintage - 43:26 - Norvège 2024
Même si ce sont des clochettes qui ouvrent l'album, c'est vers Gong que vogue mon esprit soucieux de trouver ses bases. Mais cela va être compliqué de trouver la sérénité avec un album de Tusmørke, qui nous invite à voyager avec des compagnons invisibles, des pisses elfes, le tout sous l'égide du ministre des affaires scandifuturistes.
Les 17 minutes de la plage titre sont un pur délire qui passe en un claquement de doigts de fée. Hammond crunchy, flûte tumultueuse, basse tricotant, batterie mouvante, des synthés wakemaniens, le voyage souterrain est merveilleux. Que dire de «Born to be mild»? Cette œillade au loup des steppes est tout aussi réjouissante. Dans «Dwarven Lord», ils nous proposent de chanter dans un tumulus au son d'un flûte parfois très très dissonante, et le pire c'est que l'on finit par se laisser entraîner par les fées pour voir un roi nain et une reine «faire leur truc». Je préfère ne pas savoir ce qu'est ce truc; l'album précédent étant érotisant, je vous laisse à vos supputations. Le suivant fête la mi-sommeil... La nuit est courte en été chez eux, le rêve éveillé se poursuit, en norvégien cette fois, accompagné d'oiseaux, de cymbales. Un morceau pour se reposer avec une longue digression planante.
Les deux dernières pistes sont instrumentales, grandiose et chatoyante pour «People view», plus zappaesque pour «Troll Male» qui apporte une conclusion patchwork à ce feelgood album.
«Dawn of Oberon» est donc leur 12e album, réalisé 12 ans après «Underjordisk Tusmørk», lui-même publié en 2012. Soit 12 12 12, ce qui, d'après eux, permet de prétendre que cet album est 2 fois plus occulte que le cultissime 666.
Personnellement, je pense que cet album devrait être remboursé par la sécurité sociale pour le bien qu'il fait. Achetez-le et tentez le coup.
Cicero 3.14
https://tusm-rke.bandcamp.com/album/dawn-of-oberon
https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mC9BZNcQmg0QCsduK7rKZej4EerECHFjc
02/11/2024 : White Willow - Sacrament [réédition]
White Willow
Sacrament [réédition]
rock progressif - 48:00 - Norvège 2024
Bienvenue dans le monde de White Willow! En 1995, un groupe norvégien baptisé White Willow publie son premier album, «Ignis Fatuus», sur le label américain The Laser’s Edge. Lequel fut suivi en 1998 par «Ex Tenebris», sur le même label. Enfin, le groupe installe son identité avec son troisième opus, «Sacrament», en 2000. Presque un quart de siècle plus tard, le label Karisma offre une ressortie remastérisée de cet opus. En tant que leader d'une vague de superbes groupes de rock progressif scandinaves, White Willow a captivé les auditeurs avec sa charmante voix féminine, des flûtes exquises et évocatrices entrelacées de guitares électriques et acoustiques complexes, naturellement du Mellotron, orgues baroques et synthés et une section rythmique très talentueuse. Ils ont magistralement équilibré des moments tranquilles et pastoraux inspirés de la musique ancienne et de la musique classique occidentale avec des éclats de rock progressif technique épique et énergique. «Sacrament» a été enregistré sur une longue période car certains membres du groupe travaillaient en journée pour enregistrer en studio de nuit. Malgré un programme chargé, le groupe est resté énergique et avait une grande confiance en sa musique. Ils se souviennent avec tendresse du processus d’enregistrement comme d’une expérience agréable, renforcée par l’injection de certains éléments progressistes dans le courant dominant, ce qui leur a fourni une motivation morale supplémentaire. Dès sa sortie, l’album a reçu des critiques unanimement élogieuses… et Karisma Records vous donne l’occasion de vous replonger dans ce chef-d’œuvre progressif. Il s'agit de la troisième d'une série de six rééditions de White Willow sur Karisma Records. Pour le moment, il y a également le premier album «Ignis Fatuus» et «Ex Tenebris». Le seul regret de cette réédition est qu’il n'y ait pas un petit bonus comme un titre live. Mais si vous ne connaissez pas du tout White Willow, allez découvrir la quintessence du prog norvégien avec ce «Sacrement». Si vous êtes fans notamment de groupes comme Izz, Moongarden, Magelan, Anglagard ou Wobbler… foncez. Bonne écoute!
Vespasien
https://whitewillow.bandcamp.com/album/sacrament-remaster
03/11/2024 - Michael Brückner - The Android Tales vol 1
Michael Brückner
The Android Tales vol 1
space ambient / Berliner Schule (5 mg) / dark ambient (10 mg) - 101:16 - Allemagne 2024
Mêlant une pincée de science-fiction et le débat qui ne fait que croître chaque jour à propos de l’Intelligence Artificielle, Michael apporte ici une contribution musicale sur le thème. Rassurez-vous, il n’y fait pas appel pour ses compositions. À la base, trois plages conçues pour sa sortie annuelle chez SynGate dont Kilian Schloemp est le big boss. Il s’agit au départ de trois opus publiés sur YouTube dont vous trouverez les liens sur sa page Bandcamp auxquels il a ajouté une compo inédite et deux bonus. Kilian a réécouté le tout et s’est trouvé fasciné par le travail de Michael qu’il considère comme «consistant», varié musicalement et très dynamique, le tout parfait d’un excellent son, soit l’une de ses créations majeures. Je plussoie pour ce qui est du son et de la consistance de l’œuvre mais suis plutôt mitigé pour le qualificatif «dynamique». Si ce premier volet (volume) des contes de l’androïde alterne les ambiances spatiales et quelques sursauts (anecdotiques) proches de l’École de Berlin, le tout reste assez calme. Nous planons dans un univers souvent feutré qui évoque l’apparente grande quiétude des galaxies dont les étoiles continuent leur expansion cosmique millénaire. Le chapitre trois est à lui seul un multivers peuplé de voix célestes, de chœurs aux couleurs d’infinitude auxquelles s’ajoutent des sonorités flûtées et un doux séquenceur hypnotique. Un voyage de près de 32 minutes aux confins d’un romantisme stellaire onirimondien que dessinent des notes savamment distillées en drapés synthétiques. «If we could go there», chapitre quatre, est effectivement plus dynamique et les ajouts de voix feront peut-être penser à un cousin de «Blade Runner». Cette plage est cependant pleine de rebondissements. Après sept minutes un peu speedées, on repart dans un phrasé très nuancé, plus mélodique et doucement cadencé. Merveilleux mouvement complété d’interventions de guitare. «Mellotron Sketch», premier bonus tout en douceur contenue avec ses «voix» jointes à un rythme lent et un «chant» flûtétoilé, ouvre la porte d’un nouveau plan céleste. «Le Secret de la Lune Hantée», second bonus, pour une version dark ambient du chapitre trois, dessine d’entrée, comme le titre (ici traduit par votre serviteur) le laisse supposer, un trip assez flippant tant soit peu nuancé par un tempo lancinant où iront se greffer de manière éphémère quelques sonorités soeurs des ondes Martenot. Enveloppant et feutré, vêtu de brume fantomatique, se révèle un paysage exoplanétaire baigné de mélancolie. Lune hantée, lune fantôme, spectre de la nuit sépulcrale dont a disparu toute humanité, ne laissant que les androïdes pour fermer la porte à une trop longue suprématie des entités carbone destructrices. Destin funeste. Agonie. Extinction. Renaissance?
Clavius Reticulus
https://michaelbrueckner-syngate.bandcamp.com/album/the-android-tales-volume-1
https://www.youtube.com/watch?v=6wK25y8NOGQ
04/11/2024 : Phil Manzanera - Revolución To Roxy
Phil Manzanera
Revolución To Roxy
art rock - 42:45 - Angleterre 2024
Pour les voir de près au Studio 6 de la RTB lors de l’enregistrement de Pop Shop (saison 1972-1973), peu après la parution du premier album de Roxy Music, les lunettes grillagées et aérodynamiques de Phil Manzanera m’impressionnent presque autant que les plumes colorées de Brian Eno: les tenues délurées des musiciens détonnent alors au regard des cache-poussières gris des porteurs de câble fonctionnaires de la télévision belge (les caméras d’alors pèsent des tonnes), sans rien dire d’une musique inventive et perturbatrice – à l’image de «Virginia Plain» ou «Re-Make/Re-Model». Certes le temps a passé depuis l’émergence du guitariste dans le glam rock d’abord complexe puis plus mélodique, au point qu’il en vienne, à 73 ans, à publier ses mémoires – que le disque «Revolución To Roxy» accompagne et illustre: 10 morceaux, enregistrés en studio ou live, qui marquent quelques-unes des étapes de son parcours (les moments passés à Cuba, au Venezuela et en Colombie; un concert mémorable à Séville en 1991; la Notte Della Taranta à Puglia, en Italie…), un art rock teinté sud-américain, évoquant parfois Carlos Santana.
Auguste
https://open.spotify.com/intl-fr/album/2T5ic0KFJ12TXZF5qPywrz
https://www.youtube.com/watch?v=BmOdcvXAnLE
05/11/2024 : Steve Howe - Guitarscape
Steve Howe
Guitarscape
masterclasse guitare - 38:06 - Angleterre 2024
Steve Howe, non je ne le présente pas. Fondateur du méga groupe Yes, il sort des albums solo, son 28e, mettant en vedette ses guitares et son toucher unique. Au bout de 50 ans de jeu, comment va vibrer celui-ci? Avec le temps et l’utilisation du synthé, un Novation Summit, mis en avant et décontenançant, c’est ce que nous allons écouter.
«Hail Storm» avec un synthé électro-pop binaire et une envolée oldfieldienne, la Gibson qui spleene, saturée, presque déroutant. «Spring Board» toujours sur une ambiance lancinante, plus près d’un Knopfler; répétitif comme un apéro qui se prolonge. «Distillations» acoustique sur un synthé vangélisien pour un morceau divin ou solennel, relent de Chet Atkins. «Up Stream» pour la déclinaison planante, atmosphérique, guitare qui me renvoie au dernier titre ambiant distordu des Queen, à la mort de Freddie; pur, beau, contemplatif. «Secret Mission» titre où le synthé est très basique, balayant la ballade de la guitare. «Passing Thoughts» acoustique délicat, cristallin sur un synthé velouté passant en vague. «Touch The Surface» ambiance films de SF des 60, monolithique.
«Spring Rhyme» thème de BOF avec la guitare qui égrène des notes métronomiques. «Equinox» à nouveau un son distordu sur une base pop mièvre touchante, le synthé sur les premières heures de Vangelis. «Seesaw» pour la déclinaison Bontempi qui ferait oublier le discours de la guitare derrière. «Gone West» voyage orientalisé, un son virevoltant, une lente ballade onirique où l’on peut enfin se poser. «Suma» lance en 90 secondes un morceau digne d’un interlude TV. «Spring Tide» retour au synthé basique, sur John Carpenter pour les puristes, la guitare commençant à lorgner des sonorités yessiennes, l’on ne se refait pas. «Steel Breeze» comme bande-son de fin de film; une guitare acier me faisant penser au petit train interlude de mes jeunes années, tout un monde.
Steve donne le change, du synthé en ligne de base pour guider les airs guitare acoustique, classique, électrique. Aidé de son fils à la batterie, il essaie de nous faire voyager en improvisant des airs frais, mélodiques, loin de son toucher légendaire yessien. Un opus hybride, novateur, prog, ambient; des airs dessinés à coup de doigts grattant des paysages sonores dignes d’une fresque où le psychédélisme épuré des 60 se confronte aux mélodies délicates cinématiques d’aujourd’hui, avec ce regard vers les films série Z des 80.
Brutus
open.spotify.com/intl-fr/album/2rodhwmgCYLbzSZksjbjCQ
https://youtu.be/uGOvafxidMg
06/11/2024 - Quetzal - Quetzal
Quetzal
Quetzal
rock progressif instrumental - 39:05 - France 2024
Il s’agit là d’un premier album comme on n’en rencontre plus souvent dans le paysage progressif français. À savoir un disque au départ autoproduit et proposé ensuite à Musea qui l’a publié sur son label Parallèle, séduit par la qualité musicale impressionnante des quatre vieux loups blanchis sous le harnais du temps. Oui, Christian Laur, guitariste et compositeur a créé le groupe en 2013 en s’adjoignant les services de Denis Louvel, batteur. Les deux compères ont trouvé Daniel Barrego et sa basse sur le chemin, puis Florian Candau aux claviers. C’est cette équipe-là qui a enregistré l’album éponyme «Quetzal» en mai 2023 au Viala-du-Tarn, pas loin de Saint-Affrique, d'où est originaire Quetzal. Alors, pourquoi Quetzal? Il s’agit d’un oiseau d’Amérique centrale considéré comme l’un des plus beaux volatiles du monde. Depuis, F. Candau est parti, laissant la place à Frédéric Schneider, propriétaire du studio Freliz Prod au Viala donc. Multi-instrumentiste, celui-ci a apporté sa basse MIDI pour des sons de synthé/basse du meilleur effet. Sept titres instrumentaux alimentent la rondelle, chacun portant un nom d’oiseau, non pas une insulte, un vrai oiseau, bien que je ne sache qu’un oiseau s’appelait «Genèse»! Ce sont donc «Amazona», «Quiscale», «Genèse», «Pithui», «Colombinae», «Harpie» et «Paruline» qui se succèdent à tire-d’aile, pour un enchaînement purement rock progressif au sens du terme, c’est-à-dire difficile à décrire mais sans jazz, ni space rock et pas du tout néo. Pourtant, Quetzal propose des morceaux d’une moyenne de cinq minutes avec deux pièces plus longues, le superbe «Pithui» de presque dix minutes et le non moins joli «Harpie» (7 min 25 s), pas de longue pièce à tiroirs, une très belle collection de peintures sonores où la guitare a la part belle avec de bien gracieux accords. Ça semble facile, et pourtant voilà un groupe surgi de nulle part et qui propulse d’emblée un progressif réjouissant avec une vraie qualité, et musicale, et de production. A priori, pas d’antécédent dans d’autres groupes prog’, sauf C. Laur qui a joué trois ans dans un groupe de reprises, Point Bar. Je cherche un équivalent du terroir, aucun ne me vient à l’esprit. Non pas que ce que joue Quetzal soit d’une originalité absolue – on a entendu des bribes à droite ou à gauche ailleurs –, mais le tout est d’une splendide cohérence, clinquant nulle part, brillant partout! Comme le dit C. Laur, c’est un tout coloré, parfois mélancolique, parfois plus acerbe, où toutes les influences se sont associés avec une évidence qui semble couler de source. Un bien bel opus qui a su me séduire dès la première écoute intégrale, augurant que le Quetzal vole maintenant de nid en nid pour pondre la bonne musique (ça change de répandre la bonne parole!) et un autre œuf progressif aussi consistant sera le bienvenu un jour si le cœur leur en dit!
Commode
https://www.facebook.com/Quetzal.groupe/?locale=fr_FR
07/11/2024 : The Flying Norsemen - The Flying Norsemen
The Flying Norsemen
The Flying Norsemen
stoner progressif - 40:32 - Norvège 2024
Le quintet a voulu rendre hommage à ses compatriotes d'Arabs in Aspic en empruntant le titre de la deuxième chanson de leur album «Strange Frame of Mind» (2010). Ce morceau rend lui-même hommage à Karl Hovelsen, maçon de profession, qui, à la fin du XIXe siècle, fut champion de ski nordique et de saut à ski avant d'émigrer aux États-Unis, où il devint célèbre sous le surnom de «The Flying Norsemen».
Les deux formations sont originaires de la région de Trøndheim et The Flying Norsemen a commencé comme un groupe hommage à Arabs in Aspic. C’est sans doute cette proximité qui explique que cet album soit produit par Jostein Smeby.
La musique s'inspire des genres prog, stoner space, desert et metal. Vous en déduirez, à ce moment de votre lecture et avec raison, qu’il est difficile de ne pas entendre les vieilles références à leurs ainés sur ce disque, avec tout ce qu’il faut de rock des années 1970, de doom et de psychédélique remplis de riffs tordus tonitruants qui font trembler le sol, de sons électroniques jusqu'aux mélodies qui flottent sur le plan astral. L’ensemble porte des textes en dialecte local, ce qui accentue la sensation de voyage!
Avec les quatre titres de ce premier album, The Flying Norsemen a réussi son élan et son impulsion du tremplin, émergeant en tant qu'entité à suivre et faisant le boulot, au moins, aussi bien qu’Arabs in Aspic. Nous attendons le deuxième album pour savoir comment se réalisera l’atterrissage!
Publius Gallia
https://theflyingnorsemen.bandcamp.com/album/the-flying-norsemen
08/11/2024 : London Underground - Live at the 19th Dream Of Dr. Sardonicus Festival 2023
London Underground (Fruits de Mer Records)
Live at the 19th Dream Of Dr. Sardonicus Festival 2023
rock psychédélique / west coast / lounge / space - 41:44 - Italie 2024
London Underground, fondé en 1998 par Gianluca Gerlini (claviers) et Stefano Gabbani (basse) revenu depuis 2018, est complété depuis peu par Alberto Capelli (guitare) et Andrea Dilillo (batterie). Depuis 2000, ils ont publié quatre albums studio et ce 5e en public, lors du 7e festival annuel (le festival a démarré directement par le 13e, on est psyché ou pas..., sans doute pour faire une suite à l'album de 1970 des Américains de Spirit, «Twelve Dreams of Dr. Sardonicus»). Ce 19th Dream Of Dr. Sardonicus Festival s'est déroulé pendant trois jours, en août 2023, au pays de Galles.
Entre autres publications (voir le lien Bandcamp), nous avons pu écouter le LP six titres, totalement instrumentaux. Parmi eux, trois sont des compositions de London Underground: Gerlini et les «anciens» Alessandro Gimignani et Fabio Baini (la section rythmique 2000-2018). L'un des trois autres, «Fanfare», est très underground, reprise du Crazy World of Arthur Brown, co-signée par Vincent Crane d'Atomic Rooster, les deux autres sont des titres de Wes Montgomery, «Bumpin' on Sunset» et «13 (Death March)», ce dernier écrit par Gary McFarland.
Le tout fait un album live très typé '70, ce qui n'est pas pour me déplaire. Il navigue avec souplesse entre psyché «Fanfare», parfois pas si loin de Canterbury «Billy Silver», divagation west coast, jazz un peu plus énervé que lounge et space rock «What I Say». Avec souplesse, je répète, et cela fonctionne parfaitement, à l'exemple du «13 (Death March)» ou du calorigène «Bumpin' on Sunset», dont la vidéo vous attend en lien.
Cicero 3.14
https://sendelica.bandcamp.com/album/london-underground-live-at-19th-dream-of-dr-sardonicus-festival
https://www.youtube.com/watch?v=sWCaAqrIPE0
09/11/2024 : Transport Aerian - Live in Ghent
Transport Aerian
Live in Ghent
rock progressif - 45:23 - Belgique 2024
Transport Aerian est un groupe belge actif déjà depuis quelques années puisque leur première sortie répertoriée date déjà de 2009. Le quatuor est articulé autour du chanteur bassiste répondant au patronyme de Hamlet et a déjà connu plusieurs changements de personnel. J’avoue que ce groupe était passé totalement sous mes radars jusqu’à présent.
Comme ils l’expliquent dans la bio fournie avec cet album, ils ont voulu faire un live leur permettant d’explorer les possibilités ouvertes par leur précédente sortie studio, «Skywound». L’album a été mixé par l’ingénieur du son français Charles Férec et ils ont choisi d’exclure les sons du public. Cela rappelle un peu la démarche de Joe Jackson avec son album «Big World» de 1986, à la différence près que cet album ne contenait que des chansons originales.
Pour le style, on se trouve dans une musique sombre avec des rythmes le plus souvent lents et lourds. Ils jouent aussi sur les dissonances, rappelant ainsi un peu King Crimson. Le chant quant à lui se veut théâtral et avec de l’emphase ce qui, à mon sens, n’est pas toujours super réussi. Cela dit, le tout est bien joué et la production est en phase avec le style pratiqué.
En ce qui me concerne, cela manque un peu de diversité pour vraiment me séduire.
Cela reste toutefois une découverte intéressante pour ceux qui aiment ce style.
Amelius
https://transportaerianmrrartist.bandcamp.com/album/live-in-ghent
https://www.youtube.com/watch?v=LY0OIzMM6nM
10/11/2024 : Jake Gotlieb's Banach-Tarski Paradox - Contours, Vol. 1
Jake Gotlieb's Banach-Tarski Paradox
Contours, Vol. 1
jazz progressif / fusion - 56:03 - États-Unis 2024
Cet étonnant et prolixe touche-à-tout (outre la musique, qu’il compose, mixe et produit et dont il joue plusieurs instruments, Jake Gotlieb s’intéresse à la linguistique, la généalogie, la mathématique et la programmation informatique) propose, depuis 2020, un album par an, au fil desquels il explore les infinies façons de mélanger les inspirations: jazz traditionnel et jazz rock (Larry Coryell, Xeather Report), rock progressif (Emerson, Lake & Palmer, Yes), musique contemporaine (Elliott Carter, Pierre Boulez), fusion brésilienne (Egberto Gismonti ou l‘inclassable Hermeto Pascoal – qui joue de tout, y compris d’objets divers, inertes ou vivants). Avec «Contours, Vol. 1», cinquième album, Jake Gotlieb's Banach-Tarski Paradox (un groupe à lui tout seul) emprunte aux cultures d’Inde, d’Afrique de l’Ouest, du Brésil, du Japon, du Moyen-Orient ou des Balkans pour parler des paysages, naturels ou urbains du Comté de Marin où il habite, humidifié par les baies de San Pablo et de San Francisco: ses morceaux, complexes comme une musique de Frank Zappa, fluides comme une improvisation de John McLaughlin, graciles comme un tricotage islandais des filles d’Amiina, coulent dans l’oreille, chaloupés et charmés comme le serpent à sonnette sortant en tourbillons lents de son panier.
Auguste
https://banach-tarski-paradox.bandcamp.com/album/contours-vol-1
https://www.youtube.com/watch?v=zX8B84Faqo8
10/11/2024 : we broke the weather - Restart Game
we broke the weather
Restart Game
progressif heavy / psychédélique vintage futuriste - 38:56 - États-Unis 2024
We broke the weather sorti de nulle part, enfin conseillé par un ami; du King Crimson, Gentle Giant, Rush, un peu de Yes, tu verras. Du psy-rock stoner éclectique et synthétique à la Elder, progressif fusionnel, un zeste de The Dear Hunter; leur 2e album alternant du doux et du fort, un véritable dédale musical qui ne laissera personne indifférent aux trois voix. Un son sorti des cerveaux des musiciens Nick et Scott, en pleine pandémie, angoissant melting pot de mélodies envoûtantes, lancinantes, progressives majeures, géniales.
«Vestige» voix d’entrée sur les Light Damage, groupe trop méconnu, au rock prog envoûtant; après King Crimson pour la basse et le saxo, un peu des Panzerballett, mélodie au refrain psychédélique, tout y passe. Quintessence de fusion avec le break saxo contemplatif, spatial, l’explosion sur un «Thrak» décomplexé, ça se stabilise avant le final heavy, stoner psyché dantesque. «Lake St George» quoi Rush n’est pas mort? De l‘énergie, un vocal phrasé sur une guitare psyché et un riff hard, la guitare s’ébranle, électrifiée, excentrique, Anyone au loin; un cocktail progressiste intense. «Heavens Were a Bell» à l’intro sombre, inquiétante, le saxo des 1001 nuits ensorcelle. La voix langoureuse, torturée hypnotisant le serpent sommeillant en vous; break électro velouté, groovy, introduisant le solo guitare crimsonien, sombre, avec une touche de mélancolie joyeuse. Ce son des Gathering en trip-hop lancinant et jouissif, une ode orientale rock déphasé, post-rock alternatif, sublime.
«Marionette» retour du saxo déjanté, entre zeuhl, jazz et Zappa punkien; un riff math rock énergique pour headbanger comme un djeun. Le break flamenco, les cordes s’entrechoquent, les réminiscences groovy fabuleuses sur le roi crimsonien avec ce solo guitare-saxophone du temps où l’on prenait le temps. La mélancolie chaude d’un son tribal folklorique, un zeste de Joe Jackson pour la furie et le final psychédélique. «Sevenseas» enchaîne, synthé futuriste d’un Carpenter avec son espace monolithique; réverbération, latence, voix dépressives sur le climat, la folie. Morceau sombre, cosmique, provenant d’un Olympe à l’atmosphère brûlée. Les vocaux en avant plaintifs, sur Sigur Ros, Motorpsycho avec le clavier hors du temps, fabuleux. Final cinématique envoûtant à la Giant Sky, une référence. «Aromatic Decay» arpège western sudiste, acoustique sans prétention à goûter jusqu’à la montée. «Cycles» basse, synthé et voix posées; une flûte vient s’immiscer et lance le côté psyché écorché vif, les Balkans au loin. La guitare et les instruments traditionnels se lancent dans une danse apocalyptique.
«Restart Game» est à ce jour mon album de l’année; we broke the weather est un groupe de génie, en tout cas époustouflant. Du prog des 70 au nouveau millénaire synthétisé aux textes angoissants sur notre monde actuel mis en scène, le son sur un amalgame novateur sidérant; un opus, un mur progressif moderne qui rassemble tout ce qui avait été fait ultérieurement. En plus des groupes cités, je ne peux oublier les Radiohead pour leur bidouillage de l’époque; bref un album majeur concentrant le meilleur de la musique progressive.
Brutus
https://webroketheweather.bandcamp.com/album/restart-game
https://www.youtube.com/watch?v=ruA-MgHg_LQ
11/11/2024 : Anubis - The Unforgivable
Anubis
The Unforgivable
néo-progressif - 46:26 - Australie 2024
Anubis, né en 2004, est connu pour son album extraordinaire «230503», concept album éclatant de fraîcheur, innovant. Du prog artistique avant tout, un néo à la Arena, IQ, un zeste d’Oldfield, du pop rock folk. Ce 7e album, concept aussi, célébrant les 20 ans du groupe, narre l’histoire d’un homme en lutte avec une secte, clin d’œil non avoué à la malédiction de la pandémie covid? Les réminiscences de leurs albums précédents se font jour rien que pour la narration retrouvée sur ce titre unique en dix parties.
«Part I - A Legion of Angels» espace intro à la mode du new prog; piano latent, une cigarette allumée, un biplan, une voiture de course, l’interlude cinématique aérien. «Part II - The Mark of Cain» arrive, néo sur IQ, It Bites et consorts; morceau accrocheur, Steven aux fûts saccadés tel un galop de cheval; break léger avec le piano jazzy et la voix enchanteresse de Robert, solo guitare de Douglas, spleen néo typé période Arena, ça débute bien. «Part III – Alone» continue en cassant le rythme, passant sur du doom (oui vous avez bien lu), bon juste l’intro puisque l’air renvoie au prog énergique; break heavy encore sur Porcupine Tree avec Mellotron qui vaut pour l’incursion metal; final mélodique, consensuel, voix nasillarde de Corgan des Smashing. «Part IV - The Chains» suit, l’air sur Arena, la voix sur IQ, haute, écorchée, le rythme frappé anglican, le clavier gras et le riff à la Crichton de Saga. Break jazzy-atmosphérique avec la batterie énergique; final avec le traditionnel solo guitare, Douglas là. Ça virevolte intensément avant le final parlé latent, amenant «Part V - One Last Thing» à l’intro piano envoûtante sur un fond floydien de par la guitare. Le tempo est ralenti, dramatique, mettant le vocal en avant, fleurant bon Sylvan; ton solennel avec l’orgue spleen du temps pour la coda caractéristique.
«Part VI - All Because of You» enchaîne, cinématique ferroviaire dépoussiérant l’air; piano et basse sourde, un tantinet électro dénotant d’avec l’intro. Morceau cyclique qui commence à manquer de rythme; bon final guitare pour tenir en haleine, lançant «Part VII - The End of the Age» au frappé électronique en 11/8; le vocal avec Becky changeant favorablement la trame musicale et le crescendo évoluant en 7/8 et 9/8, oui je me suis renseigné. Le rythme gagne en intensité, devenant hypnotique avec ce synthé entêtant et le solo guitare guimauve de Dean; mais «Part VIII – Back» coupe brutalement à l’écoute en proposant le titre typé consensuel, lisez passe-partout. Un bon refrain à la Sylvan, j’insiste, avec le meilleur solo guitare marillionesque de Douglas jusqu’à présent; 15 secondes de cinématique pour «Part IX - Shadows Cloak the Gospel» et la suite concept, titre redondant, du déjà entendu, air à la limite de la ballade romantique dépoussiérée par le meilleur solo guitare accrédité à Dean, comme si proposer un titre commun avec un solo divin était la bonne solution pour faire fondre le progueux. «Part X - The Unforgivable» comme final, un plus, la voix aiguë, mélodique, entraînante; un plus le clavier, tiens encore un superbe solo guitare, le 3e. Les pads nettoient les oreilles des progueux vieillissants, ça me renvoie au meilleur Sylvan que j’adore; le final cinématique avec bruitage radio-TV, concernant les tornades dévastatrices refermant la boucle progressiste.
Anubis sort cet album rempli de titres courts enchaînés, un concept comme au bon vieux temps; une idée de fusionner des atmosphères lancinantes avec des titres clairs, énergiques pour ne pas s’engloutir dans le monde prog d’antan. Ici c’est Neo comme dans Matrix, un monde parallèle d’où le héros s’enfuit, un monde cinématique, progressif, bourré d’esthétisme, de cohésion et d’harmonies enjolivées, renouant avec l’épopée du concept musical onirique.
Brutus
https://anubismusic.bandcamp.com/album/the-unforgivable
https://www.youtube.com/watch?v=TgZwoXz1vic