Février 2023
- 01/02/2023 : Limite Acque Sicure - Limite Acque Sicure
- 02/02/2023 : Falling Edge - Final Dissent (Into Madness?)
- 03/02/2023 : Phantom Spell - Immortal’s Requiem
- 04/02/2023 : Detlev Schmidtchen - Zero Gravity
- 05/02/2023 : The Black Noodle Project - When the stars align, it will be time
- 06/02/2023 : Riverside - ID.Entity
- 07/02/2023 : Mark & The Clouds - Live At The Betsey Trotwood
- 08/02/2023 : The Lost Vision of The Chandoo Priest - The Lost Vision of The Chandoo Priest
- 09/02/2023 : Polychrome - Equilibrium
- 10/02/2023 : Antimatter - A Profusion of Thought
- 11/02/2023 : The Rosen Corporation - Vernissage
- 12/02/2023 : Torpedo - Orpheo_ Nebula
- 13/02/2023 : Steve Hillage - The Glastonbury Experience (Live 1979)
- 14/02/2023 : Tenderton - The Chateau
- 15/02/2023 : Siiilk - Eemynor
- 16/02/2023 : Retrospective - iNtroVert
- 17/02/2023 : Nothing in Writing - New Lives for Rent
- 18/02/2023 : The Aristocrats - The Aristocrats with Primuz Chamber Orchestra
- 19/02/2023 : The HU - Rumble Of Thunder
- 20/02/2023 : Collage - Over and Out
- 21/02/2023 : L'Estate di San Martino - Kim
- 22/02/2023 : Rioghan - Different Kinds Of Losses
- 23/02/2023 : Alwanzatar - Kosmisk Skrekk
- 24/02/2023 : An'Hedonya - Ill'usions
- 25/02/2023 : The Tangent - Pyramids, Stars & More: The Tangent's Live Recordings 2004-2017
- 26/02/2023 : Floralia - The Witch's Flower
- 27/02/2023 : Crianza - Suoni a sud
- 28/02/2023 : Motorpsycho - Ancient Astronauts
01/02/2023 : Limite Acque Sicure - Limite Acque Sicure
Limite Acque Sicure
Limite Acque Sicure
rock progressif italien – 66:01 – Italie ‘22
Ruez-vous sur le lien pour écouter!
«Sogno d’oriente», 12:48 de RPI orientalisant avec une rythmique parfois lourde, quasi métal, et une flûte virevoltante (Ambra Bianchi, voix et harpe aussi), le texte évoque les exodes. Une 1re piste pas banale et convaincante!
«Terra straniera» (7:53): le vinyl gratte, piano et violoncelle nous y reçoivent dans la nostalgie, avec la flûte qui solifie, aérienne, au milieu de riffs de guitare saturée, puis un instant plus tard le folk italien ajoute à cette 2nde pièce l'aspect jouissif si souvent présent dans le RPI choral.
«Il respiro dell’anima» (8:25): PFM pour le précédent, beaucoup le Orme ici, peut-être la voix d'Andrea Chendi, haut perchée comme celle de Tagliapetra, mais avec une expressivité très personnelle qui nous émeut dans sa recherche de l'âme.
«Antico mare» (8:02): célébration de la mare nostrum, sa culture, à ses guerres, ses dieux, ses héros, ses tragédies, puis la musique s'envole, avec la même ferveur incisive d'une belle guitare (Luca Trabanelli).
«Fiamme intorno» (10:48): un peu plus rock héroïque, avec un tempo majestueux. Les détails de piano et les grandes orgues (Antonello Giovannelli) apportent un surcroît d'émotion pour l'arrivée de la flûte. La fin revient en force, symphonique.
«Il giardino del mago» (15:51): à l'origine Limite Acque Sicure est un cover band de BMS et ils payent ici leur tribut, en live. Délicatement introduit dans le jardin dans cet epic en 4 tableaux, l'interprétation rend parfaitement le côté suspendu de l’œuvre. La tension est palpable, le vertige nous saisit, la magie opère, mais ce n'est pas le point d'orgue de l'album, les compositions originales sont toutes au niveau de ce glorieux modèle.
LAS est né en 2005 à l’initiative d'Andrea et d’Antonello pour faire des covers live de prog. Le sextet est complété par Paolo Bolognesi (batterie) et Francesco Gigante (basse). Depuis 2016, LAS a entrepris de faire ses propres compos pour notre plus grand plaisir. Merci à eux!
Encore un merveilleux groupe de la riche Italie à suivre de près.
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/album/4pt5V25v0Zv948X26WY6aa
https://www.youtube.com/watch?v=XmhquKPzIH8
02/02/2023 : Falling Edge - Final Dissent (Into Madness?)
Falling Edge
Final Dissent (Into Madness?)
rock progressif heavy symphonique – 63:40 – Canada ‘22
Falling Edge, né en 2004, ayant du mal à recruter d’autres musiciens, attente logique entre leurs albums; ce groupe vit dernièrement sur un line-up à deux, Rob Kovar à la batterie et chœurs, et Chris Rupert pour tout le reste! 4 ans pour sortir ce 4e album dans une veine plus néo que symphonique selon moi, voyons voir:
«Arcane Knowledge»: intro heavy dino avec voix nasillarde à la Fish, Magic Pie; des claviers viennent arrondir le riff nerveux; un arpège électrique tirant sur l’andalou amplifie cette association singulière avant un final guitare jouissif. «What Are You Waiting For?»: intro «Flash» des Queen, riff puissant qui semble sortir des 70, un instrumental dithyrambique en crescendo, des synthés cristallins et un break oriental plein d’allant . «Just One More Wish» pour la mélodie néo par excellence, voix feutrée, instrumentation sombre; long break intimiste partant sur des espaces jazzy. «Not Everyone's Cup of Tea» me rappelant Ange le fameux «Capt’aine», oui la musique est universelle; titre mélodique qui passe avec la voix accentuée sur celle de Fish, rappel des grandes années 80; un bon titre vintage avec une beau solo guitare.«‘Whatever Happened to Christmas?» en radio edit, titre qui passe sans trop accrocher, sur une ballade de comptoir. «Final Dissent (Into Madness?)»: superbe intro haute en notes yessiennes, là on est bien sur sympho-prog; des synthés en veux-tu en voilà qui inondent ce début de titre; voix sur l’archange d’un coup, chaleureuse et émouvante; break au premier tiers solennel qui dure et montre l’étendue de leur intensité prog; mi-parcours, retour des vocaux et xylophone frais, enjoué; c’est la 3e partie qui fera acheter cet album car on plonge dans l’univers de Lewis Carroll avec le son de Genesis revisité, instant de folie.
Falling Edge vaut le coup de l’écoute pour l’ambiance et pour le titre éponyme de 27 minutes; un bon album dont j’adore la voix un peu haute qui renvoie malheureusement aux années 80 d’hier, que les fans adoreront, les autres ne verront pas de grande nouveauté.
Brutus
https://fallingedge.bandcamp.com/album/final-dissent-into-madness
03/02/2023 : Phantom Spell - Immortal’s Requiem
Phantom Spell
Immortal’s Requiem
rock progressif / hard rock – 31:59 – Angleterre ‘22
Depuis 2013, Kyle McNeill a donné (et donnera encore) dans le Revival NWOBHM, avec Seven Sisters sur 3 albums, un EP et quelques singles, avec une sacrée conviction. Si vous êtes fan de Tokyo Blade, Tigers of Pan Tang ou Praying Mantis, ce groupe est pour vous! À coup sûr, la richesse de nos aînées n’en a pas fini avec lui. Son nouveau projet, «Phantom Spell», s’en est allé piocher un costard dans la garde-rock progressive des seventies. Et quelle bonne idée! Kyle avait déjà tout bien compris avec les Sisters, il ne sera pas moins à l’aise sur les plates-bandes de Yes et de Genesis (première période). Voyons voir… En cover, il est fait allusion au fantôme de Shakespeare (ou est-ce celui d’Aqualung?) configuré dans une sorte de rappel d’architecture moyenâgeuse. Le ton est donné: le classique et les solennités. Eh bien? Vers où cela va-t-il porter? L’enregistrement n’est pas très long, à peine plus consistant qu’un EP. Pourtant, tout y sera dit. L’album est un relais intello-chic de solos de guitares et de claviers en 6 actes. «Immortal’s Requiem» est une ouverture cathédralesque chantée; «Damn Of Mind» est vendue comme la tête de proue de l’album, les prouesses de McNeill y sont légion, son chant haute-forme accapare toute l’audience entre chaque ascension musicale; «Seven Sided Mirror» et «Up The Tower» sont prog achalandées à la façon de Blue Öyster Cult: la guitare part en croisade au moindre coup de sang; sur une menue distance, «Black Spire Curse» et son entrée au clavecin est une partoche instrumentale courte et efficace; «Blood Becomes Sand» nous assène des «ce n’est qu’un au revoir» à la mesure des notes qui nous échappent; l’estomac noué, nous sentons que la partie est perdue; c’est une «unhappy end»! Du premier au dernier microsillon, Kyle McNeill a tout manigancé, tout orchestré, tout performé. Il a fait son bébé tout seul! La violence est moins évidente que sur les compos de Seven Sisters, bien qu'on puisse retrouver à bien des intersections de bonnes envolées metal. Au bout du compte, comment facturer tout ça? Le nouveau projet de Kyle n’est ni maladroit ni dilettante et il finit par tirer l’épingle de son propre jeu. La mixture est intense, sans être techniquement vertigineuse, ce qui la rend plus authentique encore. Au sortir du son, nous sommes prêts à en reprendre une petite dose, sans zapper, pas la peine de toute façon, toute la place est occupée sans blablabla! Une version de l’album a été garnie de deux titres supplémentaires: une reprise surprenante d’un succès («Moonchild») du regretté Rory Gallagher et une version alternative du premier single de la formation sorti l’année dernière («Keep on Running»). Eh, ma foi, bien que la version ordinaire du disque se suffise à elle-même, ces petites extensions ne manquent pas de classe. Voilà donc! Ces considérations faites, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne chasse au fantôme!
Kaillus Gracchus
https://phantomspell.bandcamp.com/album/immortals-requiem
https://open.spotify.com/album/2UaUFSK8UansXU8F8MeYw7
https://www.youtube.com/watch?v=3C-KpRUFcsY
04/02/2023 : Detlev Schmidtchen - Zero Gravity
Detlev Schmidtchen
Zero Gravity
space rock – 56:46 – Allemagne ‘22
Musicien bien connu de la plupart d'entre nous comme le claviériste (et guitariste) du groupe de prog allemand Eloy. Pour l’anecdote, remportant le festival «Pop 75» (en 1975) à la Niedersachsenhalle à Hanovre, Detlev et son groupe amateur d’alors, «Getriebe», ont gagné un temps d'enregistrement en studio mais aussi une chance de dîner avec les têtes d'affiche du festival, le groupe Eloy. Detlev y restera jusqu’en 1979 puis fondera successivement «Ego on the Rocks», «Piefke & Pafke und die Jungs aus der Dunkelkammer», «The Trick», «Animator» et «Choco». Puis il sort un 1er album solo en 2007…
Son 9e album solo, «Zero Gravity», propose onze titres instrumentaux qui s’inscrivent dans la lignée des grands protagonistes du genre, Tangerine Dream, Vangelis, Jarre et Mike Oldfield, entre autres.
Il est difficile de vous dire quoi que ce soit sur la qualité de cet album, n’étant pas du tout porté sur ce style de musique.
J’ai tout d’abord cru qu’à 68 ans, ce qui n’est pourtant pas très vieux, Detlev voulait rendre un hommage et faire un bilan de ses amours et références musicales. Le tout assaisonné d'influences de l'école de musique électronique de Berlin.
Mais il semble que quiconque connaît les albums de Detlev vivra clairement quelque chose de nouveau ici, et il y a une raison à cela: l'album traite musicalement de la mort soudaine, inattendue et bien trop prématurée de son frère Lutz Schmidtchen. Un tel événement dans une famille est toujours dramatique et mettre en œuvre musicalement un tel drame est un gros projet. C’est donc un album hommage mais à son frère.
En tout cas, tous les amateurs de Detlev Schmidtchen trouveront ici un album émouvant et d'une profondeur sincère qui porte comme message que le sens de la beauté de la vie n'est pas forcément perdu malgré de telles épreuves. Detlev a composé, joué, arrangé, enregistré, masterisé et produit l’album tout seul.
Publius Gallia
https://open.spotify.com/album/7JBIQyseT7fqyNb5VTE0IN
https://www.youtube.com/watch?v=W3iBTjQSKTU
05/02/2023 : The Black Noodle Project - When the stars align, it will be time
The Black Noodle Project
When the stars align, it will be time
rock progressif – 42:11 – France ‘22
The Black Noodle Project est loin d’être un inconnu de la scène rock française. Entre 2003 et 2022, le groupe a sorti pas moins de neuf albums dont le dernier «When the stars…», un live, un split EP et deux démos! Une telle activité dénote une grosse envie et des talents de composition incontestables. Il est pourtant toujours aussi peu facile d’évoquer la musique du B.N.P. même si ceux-ci ont leur page Wikipédia, ce dont peu de formations d’ici peuvent se vanter! Pour faire simple, The B.N.P triture avec une certaine étoffe et une dextérité bien acquise un post-rock atmosphérique métallique, même si le groupe parisien a trouvé la majorité de son public au sein des progsters. Sébastien Bourdeix reste aux commandes, lui qui a intégré le groupe en 2005 à partir de «Stereoscope» mais a fait appel à Sab Elvenia dont la voix sensuelle vient parfaitement s’harmoniser avec les sons lourds du groupe, je pense à «Black Moment». Entre partitions contemplatives et sections heavy, The B.N.P. continue de tracer un chemin qui prend des allures de route nationale, tout est plus qu’en place et alterne douceur mélancolique (les arpèges de «Time», au hasard) et lourdeur quasi «sabbathienne» (l’intro de «Welcome to Hell»). Comme dans tout bon album des Parisiens, il y a un afflux et un reflux permanent entre les sensations ressenties. La confrontation metal/prog rock n’en est pas la seule raison, le chant féminin apporte une note nouvelle et rafraîchit la position de The B.N.P. pour ses presque vingt ans d’existence. J’aurais aimé pouvoir dire qu’ils me rappellent Anathema, mais non, pas cette fois; on peut classer les deux groupes sur une voie parallèle qui, dans une autre dimension, les aurait fait se rejoindre au nirvana du paradis métallique atmosphérique! Les accords et arpèges élégiaques et d’une noire beauté de la guitare sont un ravissement profond, surtout quand ils sont contrebalancés par la puissance revêche du metal. Et ce n’est pas «Behind the Line» qui termine l’album qui contredira l’impression générale. Tout n’est qu’harmonie ténébreuse et désenchantée et là, l’exemple parfait du mariage de la suavité exemplaire et des sombres contrées métallifères.
Commode
https://theblacknoodleproject.bandcamp.com/album/when-the-stars-align-it-will-be-time
https://www.youtube.com/watch?v=CjyOHN9vjVU
06/02/2023 : Riverside - ID.Entity
Riverside
ID.Entity
rock progressif / metal – 52:55 – Pologne ‘23
Riverside, groupe majeur de la 4e décennie progressive; débuts en 2001; les deux Piotr écoutent du Marillion, composent et sortent la baffe «Out Of Myself». Remarqués par Dream Theater, ils font du rock progressif trop lourd pour l’art-rock, trop fragile pour le metal, de l’originale musique élargie et dynamique. 8e album sur la folie du monde, les grandes entreprises à la recherche du profit rapide au risque de détruire notre planète.
«Friend or Foe?»: ambiance 80’s pour l’air new pop rock, allez a-ha pour la fraîcheur, le son Riverside teigneux et hargneux en arrière-fond, dynamique, bourré d’entrain et dansant avec une fin prog à souhait.
«Landmine Blast»: basse caractéristique, riff, percussions et phases latentes claviers; enjoué et rageur comme une explosion.
«Big Tech Brother»: montée cuivres samplés pour une intro singulière de ce que le groupe propose d’habitude; un solo venant de nulle part, plaintif ou mélancolique, jouissif en tout cas, laisse place à Mariusz sur sa très belle voix, ne pas l’oublier; la guitare de Maciej fait plonger ce titre dans l’extase, la contemplation tout en gardant une rythmique dynamique.
«Post-Truth»: riff métallique, son lourd avec Mariusz qui tempère de sa voix; air frais, rock avant tout où le riff fait bouger sans se soucier de l’étiquette musicale; break final au piano cristallin changeur.
«The Place Where I Belong»: titre fleuve mettant en avant le son Riverside, claviers vintage frais, basse nerveuse, batterie sèche matraquée et guitare rageuse au loin qui monte progressivement; le break à mi-parcours amène une digression-ballade pastorale mélancolique où la musique a ce pouvoir de contracter le temps au point de l’oublier; le final plus soft, la ballade s’élargissant avec l’incorporation de tous les musiciens.
«I'm Done with You»: ballade sombre, guitare réverbérante, basée sur des percussions agressives, titre qui monte et me fait penser aux premiers titres de Riverside nerveux et sombres, un juste retour en arrière avec une rythmique plus aérienne.
«Self-Aware»: pour le titre aventureux, rock AOR, le truc qui passait dans les stades et faisait bouger tout le monde, déroutant avec ce chœur FM, l’air reggae et cette sonorité rushienne caractéristique; le break atmo-sombre vibrant décoiffe et confirme que la musique n’a plus besoin d’étiquettes pour plonger.
Riverside n’en finit plus de proposer un son évolutif pour ne pas rester dans les carcans progressif, pour ne pas heurter trop rapidement son public. Il continue d’innover avec la recherche perpétuelle de sons récents baignés de saveurs d’hier; une association musicale confirmant que le son peut évoluer au fil du temps, agréablement. Un sens de l’aspect musical changeant des sentiers battus.
Brutus
https://youtu.be/3q6XJfKxKb4
07/02/2023 : Mark & The Clouds - Live At The Betsey Trotwood
Mark & The Clouds
Live At The Betsey Trotwood
rock psychédélique – 33:00 – Angleterre ‘22
Avec «Live At The Betsey Trotwood», le trio mené par Marco Magnani (chant, guitare, harmonica et songwriting) propose un (court) témoignage de son énergie scénique, enregistré en septembre 2021, dans le généreux pub victorien à la triple façade, situé dans le district historique de Clerkenwell, au centre de Londres – qui accueille régulièrement groupes de rock et autres manigances culturelles. Avec John O’Sullivan (basse, chœurs) et Dan Hurst (batterie; il remplace Shin Okajima), Mark & The Clouds aligne neuf chansons (huit proviennent de son album «Waves», sorti récemment – et dont je vous parle ailleurs sur cette page – auxquelles s’ajoute la reprise de «All or Nothing» des Small Faces), d’un rock psychédélique bien fait et auréolé du parfum des fleurs qui décoraient les chemises anglaises de la fin des sixties. Anecdotique et sympathique.
Auguste
https://markandtheclouds.bandcamp.com/album/live-at-the-betsey-trotwood
https://www.youtube.com/watch?v=nyciGiyLGj8
08/02/2023 : The Lost Vision of The Chandoo Priest - The Lost Vision of The Chandoo Priest
The Lost Vision of The Chandoo Priest
The Lost Vision of The Chandoo Priest
crossover / néo-psychédélique – 41:13 – Italie ‘22
Compères dans le groupe Quel Che Disse Il Tuono, les multi-instrumentalistes Francesca Zanetta (qui officie aussi chez Unreal City) et Niccolò Gallani (de Cellar Noise) nous proposent ce nouveau projet totalement instrumental. Instrumental... à vrai dire je ne suis pas trop fan du chant chez Quel Che Disse Il Tuono...
Les 10 pistes durent de 3:30 à 5 min, mais ces formats assez ramassés, exécutés, en général, par une demi-douzaine d'instruments, pas plus, composent une mosaïque limpide où dominent, le plus souvent, les claviers, aux sonorités parfois proches de Vangelis, ou de Deep Purple. Les guitares sonnent parfois comme du... Tangerine Dream, si si («The White Toad Majesty»)! Mais elles peuvent aussi, être torturées: maths, style Yang, comme sur le martial «Chasing Time In Opposite Direction (pt. II)», dont le climat finalement s'allège!
«Enterind The Void» offre, avec son intro façon boîte à musique et tempo lent, une belle démonstration de tension car même si la basse reprend celle du Starless, on est très loin de la sérénité du chef-d’œuvre de King Crimson. Le crescendo est vite brisé, puis le même piano/boite à musique reprend le même thême, avec un rien de brillance en plus, la basse solifie doucement et le morceau devient lumineux. Très belle démonstration!
«Droplets» fait bien sûr la part belle à la réverbération d'un Rhodes, et le synthé qui suit sonne Vangelis, pour cette pièce apaisante.
«Getting Nowhere»: une belle ligne de basse et un riff efficace, un punch délicat.
«Farewell, Dog» est bien typé Floyd «Astronomy Domine» dans sa descente de clavier, mais plus rock dans sa rythmique, tout ceci en 2 min, ensuite une flûte et une guitare saturée emmènent le débat dans d'autres sphères tournoyantes. Sympa!
«Dunans Castle»: la cabine Leslie du Hammond vous fera tourner la tête pour ces chorus de guitares enluminées, et vous laissera très haut au milieu des oiseaux.
Profitez de ce compagnon qui vous réchauffera en ce début d'hiver!
Cicero 3.14
https://chandoopriest.bandcamp.com/album/the-lost-vision-of-the-chandoo-priest
https://www.youtube.com/watch?v=zI42ZMFDDUc&list=PLxq0NvHXVd_AFoHECO65w8uLHZUBBSNtB
09/02/2023 : Polychrome - Equilibrium
Polychrome
Equilibrium
rock progressif – 66:16 – France ‘22
Au départ, Polychrome ce sont les deux frères Senizergues, deux garçons qui se sont d’abord, comme beaucoup, nourris des Beatles avant d’être emportés par la vague progressive anglaise des années 70. Je ne vous les citerai pas, vous les connaissez inévitablement, mais encore, et là c’est plus déconcertant, par le minimalisme mis en musique de Steve Reich! Il en résulte un amalgame de complaintes charmantes, touillées dans une bouilloire psychédélique avec cette influence «beatlesienne» qui colle aux tympans. Parfois, (le savent-ils?), ils sonnent comme le 10cc de «The Original Soundtrack», ce qui, sous ma plume, est le plus beau des compliments! «Equilibrium», leur premier opus, raconte l’histoire d’Usky, un personnage en quête de stabilité émotionnelle, suite à la perte de son frère qu’il a tué par accident, disparition cachée par ses parents d’où une instabilité compréhensible. Seize titres vont se suivre dans une très jolie collection, tantôt instrumentaux, tantôt chantés pour narrer la vie désolante d’Usky, un album-concept donc. Polychrome sait aussi inclure une potion funky au gré des errances psychologiques du héros de leur histoire. Le bien nommé «Funky Jam» en est l’exemple parfait avec une guitare acide qui nous replonge era 68/69. Pour un premier album, on peut taxer les Parisiens d’une maturité confondante dans la recherche musicale entreprise malgré les influences bien ingérées. C’est un melting pot psychédélico/progressif où viennent s’inviter au détour de chaque morceau aussi bien le Floyd des débuts, grâce aussi au chant de Maxime et/ou Simon Senizergues qui ont le timbre idéal pour nous rappeler les premières mélopées du groupe, que les cycles hypnotiques du King Crimson des années 80. «Run O’Clock» sonne même carrément comme le meilleur Yes sans l’emphase grandiloquente! Mais quelle grâce a piqué ces inconnus qui débarquent sans prévenir? La fraîcheur est pourtant de chaque titre même si les influences tournoient avec évidence, ce qui fait la force de cet «Equilibrium» qui n’en manque pas lui! Quelques très beaux et nobles morceaux peu suspects de longueur inutile enjolivent d’une autre facette le talent indéniable du groupe, tels «En Attendant» languissant et pianistique ou encore «Equilibrium» qui clôture le disque par des vocalises impressionnantes et un chant ravissant (Beatles not dead). Les deux frères sont accompagnés d’une huitaine de compagnons jouant clarinette, basson, violon, alto et violoncelle au détour de divers morceaux. Je conseille à ceux qui sont à l’affût de nouveautés progressives qui sortent de l’ordinaire de découvrir cet album. Le ravissement est inévitable…
Commode
https://polychromemusic.bandcamp.com/album/equilibrium
https://www.youtube.com/watch?v=Otvn9dLdWjI
10/02/2023 : Antimatter - A Profusion of Thought
Antimatter
A Profusion of Thought
expérimental dark metal progressif – 53:24 – Royaume-Uni ‘22
Antimatter s’est formé en 1997 avec Duncan Patterson d’Anathema et Mick Moss. Une voix mélodique et un air mélancolique électronique à la lisière du post-rock. 3 albums et Duncan part, Mick introduit un son plus métallique, sur Anathema, Pineapple Thief et Katatonia, plus expérimental; c’est leur 8e album sur des titres des 5 derniers. Antimatter n’est pas un groupe comme les autres.
«No Contact»: épuré, sombre sur un arpège guitare minimaliste avec lente montée, un saxophone «Supertramp» vient breaker puis retour avec Mick, hypnotique, associé aux guitares saturées d’adrénaline des Anathema. «Paranoid Carbon»: synthé froid, glaçant, lorsque la voix se combine avec les instruments sombres, Massive Attack ambient, rock alternatif latent et progressiste.
«Heathen»: dark wave des 80’s, Bush dans son univers rock alternatif, air de «Juste une illusion»; Mick fait monter sa voix, le saxo le rejoint avant le crescendo final.
«Templates» continue sur ces sonorités électro et une guitare slide en fond; mélodie mélancolique basique avec débauche de distorsion au final et fin arabisante.
«Fold»: acoustique magnifiant la voix de Mick; morceau où la beauté rejoint la noirceur mélancolique, le solo à la Cavanagh peut faire pleurer.
«Redshift»: arpège avec flûte; lente mélodie atmosphérique avec Mick et Irish se complétant subtilement; refrain hypnotique qui rappelle Amarock et X-Files. Le saxo irritant.
«Fools Gold» verse sur un style plus rock tel The Gathering; la flûte vient aider la guitare plaintive, il y a du Dire Straits avec cette slide guitare cristalline; le titre le plus progressif avec un break voix-off s’esclaffant, son de mitraille, roulements de tambour, une mouche maintenant.
«Entheogen»: bruit de vagues au loin et retour aux sonorités électroniques sur les Simple Minds, titre délicat et planant; Vardan nous fait voyager avec son qamancha pour un trip musical langoureux.
«Breaking The Machine»: pour l’interlude où spleen rivalise avec torpeur atmosphérique.
«Kick The Dog»: rythme saccadé pour un titre rock mettant une dernière fois en scène la guitare tourmentée de Mick.
Antimatter a plein de pensées obsédantes avec un son atmosphérique morose alternant électro, post, acoustique; de l’alternatif provenant de différentes archives des 5 derniers albums, enfin révélées au public. Glauque, suave, cotonneux, une voix à part, de l’émotion en barre, un son envoûtant.
Brutus
https://antimatteronline.bandcamp.com/album/a-profusion-of-thought
https://www.youtube.com/watch?v=9RUzXrCDSXo&list=OLAK5uy_ltrvMP1Oahxwro1N4ZXsXxBLT6b91pZYY
11/02/2023 : The Rosen Corporation - Vernissage
The Rosen Corporation
Vernissage
ambient / Berlin school – 104:28 – Allemagne ‘22
Si les débuts de The Rosen Corporation étaient très inspirés par Vangelis, la suite de son catalogue s’est souvent révélée lénifiante et fournie par des compositions kilométriques de plusieurs heures (vous avez bien lu!). Mais je persévère car sous ce nom se cache un indéniable talent de magicien du son et de l’improvisation. Dans sa discographie plutôt bien fournie (42 opus au moment où j’écris ceci, mais je parie que lorsque vous serez en bout de lecture, un nouvel album numérique sera édité), on trouvera quelques perles incontournables comme «Ultra», «A Tree Falls», «Shifting forms of Memory» et icelui pour ne parler que des créations les plus récentes. Dans cet opus «live» créé, comme le titre l’indique, pour un vrai vernissage, vous retrouverez des accents vangéliens. Il est articulé en deux parties dont la première de plus de 57 minutes débute par une intro spatiale suivie de séquenceurs en rythmes spiralés proches de la nébuleuse du grand Klaus Schulze. À plus ou moins 15 minutes de ce premier volet, on glisse dans les sonorités «1492» mais bien vite viennent se greffer des rythmes séquentiels et c’est le décollage. Ce mariage mélodique emporte l’auditeur dans une partition fictive d’une improbable collaboration entre Klaus Schulze et Vangelis. À 25 minutes, des chœurs célestes s’ajoutent au tourbillon onirique qui nous absorbe immanquablement dans une spirale ascensionnelle. La suite renoue avec l’ambient spatial teinté Steve Roach mais le compositeur grec susmentionné n’est jamais bien loin de ce portail cosmique. La seconde partie œuvre d’entrée dans le style ambient mais, au bout d’une dizaine de minutes, virage sur l’aile pour un chillout syncopé mâtiné de mouvances atmosphériques hypnotiques moirées d’étranges bruitages scientifiquement intégrés. Tout simplement superbe.
Clavius Reticulus
https://the-rosen-corporation.bandcamp.com/album/vernissage
https://www.youtube.com/@TheRosenCorporation
12/02/2023 : Torpedo - Orpheo_ Nebula
Torpedo
Orpheo_ Nebula
rock psychédélique – 42:46 – Suisse ‘22
Groupe formé en 2016 à Lausanne avec Carole Obère (chant, guitares), Jérôme Diserens (basse, claviers, machines), Andries Hannaart (batterie). 3 albums: Sphynx (avril 2019), ONW (février 2020) et celui dont je vais vous parler .
«The Fall». Une intro très space rock traversée d‘influences à la Can (période Tago Mago). C‘est très minimaliste comme peut l'être Neu! À la fois psychédélique et punk (acid punk). Des voix habitées et aussi des moments heurtés qui évoquent Amplifier. Un peu de stoner très spatial. Un début engageant.
«Hell». Infernale musique mais pour les bonnes raisons; ça m‘évoque Aqua Nebula Oscillator, excellent groupe français ayant hélas cessé toute activité. D‘aucuns pensent aussi à Dead Skeletons voire à Godspeed You! Black Emperor. Nous avons là un collectif qui pourrait passer au Freak Valley ou au Desertfest ou au regretté Yellowstock. Sombre désespéré et jusqu’au- boutiste comme j‘aime. Excellente découverte.
«Part III - La Mort». Univers mental d‘un post-rock désenchanté et nourri au krautrock, toujours très Can pour moi (la guitare surtout); très bon travail sur les voix et je passe un très bon moment d‘introspection et de questionnement. Je suis fait ainsi, je suis un homme qui rit au milieu d‘une vallée de larmes afin d‘ironiser sur la dureté de l‘existence. Je me défie des soleils factices et c’est pourquoi je me retrouve chez moi dans cette musique tourmentée, rageuse, sensible et belle. Bravo!
«Désert». Un morceau violent pour la bonne cause, il y a beaucoup de vie et d‘espoir dans cet album parfois planant et mélancolique mais plus souvent porteur d‘une saine colère. Ce n‘est pas la première fois qu‘un disque me fait ça mais je trouve celui-ci digne de Constellation Records .
«Interlude». Oui mais pas de pause dans le malheur et la souffrance, mais cette musique est malgré tout faite pour lutter contre ces troubles et faire disparaître le précipice qui menace de nous accueillir .
«Part V - Interstices». Une évidence pour moi que ce groupe. Il plaira aux curieux et aux sensibles, aux torturés et à ceux qui ne négocient pas leur humanité. Toujours aussi psyché mais noisy et abouti. Des rythmes répétitifs bien amenés et une force qui ne semble jamais s‘éteindre .
«Poem». Je le redis, il colle parfaitement à ma mentalité d‘écorché vif mais cette tristesse mise en musique n‘est jamais pesante et malvenue. Elle fait d‘ailleurs du bien. Je serais très heureux de voir cette formation en concert. Beaucoup de plaisir à l‘écouter.
Fatalis Imperator
https://torpedo-cyclope.bandcamp.com/album/orpheo-nebula
https://www.youtube.com/watch?v=Vc4shiSB3y8
13/02/2023 : Steve Hillage - The Glastonbury Experience (Live 1979)
Steve Hillage
The Glastonbury Experience (Live 1979)
Canterbury et bien plus – 58:55 – Royaume-Uni ‘22
N'hésitez pas à vous mettre le son en suivant le lien Bandcamp présent un peu plus bas!
Comme un avertissement, cette «expérience à Glastonbury» démarre par une version d'«Are You Experienced» de Hendrix, que les doigts de Steve élèvent vers le psyché: délicieuse entrée en matière.
En 79, Steve va s'orienter vers l'ambient, mais juste avant, ce concert, issu de ses bandes personnelles, permet d'ériger un best of live où l'on retrouve «Electrick Gypsies» et «Hurdy Gurdy Man» (reprise de Donovan) de L, son premier album solo. Ainsi que «Radio», «Octave Doctor», «Light In The Sky» du 2nd, Motivation Radio, ensuite la moitié de la face OM du 3e, Green, avec «The Glorious Om Riff», «Unidentified», «Crystal City» et 2 morceaux studio de l'album de 1979, Live Herald, «1988 Aktivator» et «Unzipping The Zype». Bref, des pièces issues de toute sa production solo de 75 à 79. Quelle période!
Où ses producteurs étaient Todd Rundgren ou Nick Mason.
Où l'on apprécie sa perception de l'air du temps punk avec l'immédiat «1988 Aktivator», ou funk façon Talking Heads avec «Unidentified» ou «Unzipping The Zype».
Un must!
Rien que pour «The Glorious Om Riff», sa version solo du génial mantra «Master Builder» qu'il avait co-composé avec Gong sur You, cet album mérite vos oreilles car c'est tout aussi addictif que l'original. Tout le concert est imbibé de ce qui fait l’inimitable «son Hillage» de ces années-là: chambre d'écho (analogique!), flanger et arpeggiator, saturations, claviers space-rock (tenu par Miquette Giraudy, sa muse), impros, expérimentations, orientalisme, spiritisme. Toute une époque en une galette... de Proust?
Certes quelques pistes avait déjà été publiées en bonus dans des rééditions, mais cet album fournit la cohérence d'un live complet, indispensable témoignage de cet âge d'or!
Cicero 3.14
https://stevehillageband.bandcamp.com/track/are-you-experienced
14/02/2023 : Tenderton - The Chateau
Tenderton
The Chateau
rock progressif symphonique – 36:43 – Norvège ‘22
Le quartet norvégien donne un successeur à son premier album éponyme de 2016, sur lequel Arild Hammerø (guitares), Marius Simonsen (batteries et – riches – percussions), Haakon-Marius Pettersen (claviers, nombreux) et Morten Kvam (basse électrique) proposent cinq nouveaux titres, dans de florissants arrangements symphoniques, denses mais avenants, intenses mais fluides – ça coule comme une lampée d’aquavit dans le froid glacial –, surgis d’un autre temps mais suffisamment actuels (enfin, ça plaira quand même plus à ceux qui ont écouté le rock progressif des origines), débordant d’intelligence et de virtuosité discrète. Et dire que ces gars-là (ils jouent tous dans d’autres projets) se voient juste pour le plaisir, celui de la jam, de l’impro qui tourne bien – une récréation musicale, un temps libre éclairé, en quelque sorte… (C’est bien mieux que d’aller au bistrot.)
Auguste
https://tenderton.bandcamp.com/album/the-chateau
https://www.youtube.com/watch?v=b1CkFg-bYqw
15/02/2023 : Siiilk - Eemynor
Siiilk
Eemynor
rock progressif – 47:56 – France ‘22
Siiilk est considéré par beaucoup de fans de rock prog’ comme une émanation de l’historique Pulsar, formation phare des seventies, ne serait-ce que pour sa mythique participation au fameux «Groovy Pop Session» de 1972 où l’on trouvait Ange en figure de proue. À cela rien d’étonnant puisque la formation lyonnaise recèle en son sein Gilbert Gandil (guitares) et Jacques Roman (claviers, synthétiseurs, piano), deux membres de l’historique formation. Pourtant, elle est emmenée par Richard Pick (chanteur, guitariste, auteur et compositeur) considéré comme fondateur et leader de Siiilk. Catherine Pick (chanteuse, harmonium et claviers supplémentaires) a rejoint le groupe dès «Way to Lhassa» en 2014 avant de devenir membre intégral du groupe, Guillaume Antonicelli (guitare basse) et Clément Vullion (batterie) remplaçant d’Attilio Terlizzi en 2017 qu’on retrouve subrepticement sur «Burning Hopes». Il se passe avec Siiilk une sorcellerie blanche qui aboutit à la fusion des compositions de R. Pick et des sonorités quasi floydiennes issues de l’univers musical de Gandil et Roman. Dès les premiers morceaux, «Eemynor» et «Signs in the sand», divisés chacun en deux parties, on fait plus que sentir l’atmosphère doucement embrumée, on s’y enveloppe comme dans un édredon bien chaud à même d’accueillir vos rêves les plus doux. On peut invoquer aussi Camel dans une certaine mesure, les Lyonnais ayant des ambitions similaires dans la composition, la guitare de Gandil développe des thèmes planants à souhait. Siiilk continue d’explorer à pas de loup des contrées sonores d’une fluidité méditative, la jolie voix de Catherine Pick se lovant à merveille dans ces territoires éthérés, celle de Richard au timbre serein et feutré participe de cette méditation tout en limpidité diaphane. À peine le temps de partir dans un solo pur et aérien dans «Spandam» où Gandil «gilmourise» avec une aisance tranquille qu’une feutrine veloutée se replie doucement sur le reste de l’album. Le mariage insaisissable aux allures d’éphémère des vieux complices Gandil et Roman, dont les claviers assaisonnent d’une façon imperceptible les replis cotonneux de pièces à la texture automnale, sont d’une limpidité quasi béate. Hypnotique dans sa démarche rêveuse, la musique de Siiilk palpe la mélancolie à ciel ouvert mais a pris soin de nous fournir la couverture pour ne pas prendre froid. Un disque à écouter au coin de la cheminée, un bon chocolat chaud à la main, en regardant tomber les feuilles par la fenêtre. Les photos du livret sont aussi magnifiques…
Commode
https://open.spotify.com/album/0ChMOfWUSU2a5ziP2WduS3
https://youtu.be/2x56E-YreL4
16/02/2023 : Retrospective - iNtroVert
Retrospective
iNtroVert
metal progressif – 44:50 – Pologne ‘22
Retrospective est le groupe polonais créé en 2005, adulant Pink Floyd, Anathema, Riverside; un 5e album moderne dans la lignée d’un Paradise Lost, Antimatter, voire Pain Of Salvation, pour un metal progressif évolutif; des sons singuliers perturbant la trame traditionnelle, un son extraverti dégoulinant d’énergie, avec mélodies enchevêtrées, un duo masculin-féminin.
«Log Out»: base piano genre Paradise Lost, crescendo et explosion avec chant en duo, le tout sur une note plaintive où battements de cœur se font jour; un break guitare fruitée cristalline fait monter l’émotion.
«New Perspective»: une suite dans la même mouvance, beau et consensuel avec ce duo vocal et le piano; le solo guitare gilmourien sombre dans un dark prog mélancolique avéré.
«Invincible Man» continue sur un air plus synthétique cette fois et un chant langoureux en écho, beau titre suintant de spleen qui pourrait passer en radio si le monde tournait plus rond.
«Intoxicated Generation»: retour au piano aérien en intro, latence et ambiance triste; un riff lourd vient casser cela pour nous entraîner sur des paysages oniriques neigeux; un riff floydien à mi-parcours sur un phrasé lorgnant vers l’archange Gabriel; c’est monolithique et il faut attendre les deux dernières minutes fabuleuses pour sortir de la torpeur.
«Away»: le titre qui m’a le plus marqué; rythmique solennelle programmée, du Paradise Lost feutré, air mi-oriental où le piano coule; à mi-parcours, on sort de ce spleen avec des percus orientales et la voix sensuelle, haute de Beata; c’est beau jusqu’au solo post-Anathema.
«Self-Control» vient contrarier mon impression en proposant «enfin» un titre qui remue dès le départ grâce à un synthé en avant; le son devient grandiloquent, aérien et sort du marasme, le solo se veut évolutif, jouissif, lâchant les chevaux musicaux, extraverti.
Retrospective lance des sonorités accrocheuses avec piano à la base, puis le son s’étoffe et s’amplifie. Une histoire d’addiction, d’aliénation sur un concept album un tantinet redondant; les ambiances sont... sombres sans être dépressives; un album introverti (le bien nommé) qui montre pourtant sa face cachée dans ses moments extravertis bien plus parlants.
Brutus
https://retrospectivepl.bandcamp.com/album/introvert
https://youtu.be/J4xvVKqjMdY
17/02/2023 : Nothing in Writing - New Lives for Rent
Nothing in Writing
New Lives for Rent
rock progressif – 53:22 – États-Unis ‘22
Sean Thompson est un ultra-artiste, enfilant les projets comme certains enfilent des perles: Odd Logic, Graphic Light Theory et, très récemment, Nothing in Writing. La plupart de ses œuvres sont le résultat de sa propre personne, ici et là, rejointe par un renfort ou l’autre. En l’espèce, notre solo-confineur a étendu sa bulle à Dan Blackson, un ancien collègue batteur, assez bien dégourdi. Sur la couverture du disque, on devine, à l’heure du loup-garou, un ersatz de Jack l’Éventreur à la porte d’une boutique glauque où de jeunes âmes sont à troquer… mais quelle nouvelle vie va-t-on lui refiler??? Celle d’un Ted Bundy ou d’un Ed Kemper, à n’en pas douter! Sauf que derrière le rempart, on ne trouve rien de crasseux ni de nauséabond, plutôt un univers épuré et structuré, qui gagne l’espace un petit peu à la fois, avec un chant aux allures de beau gosse, une guitare qui bavarde sans haine ni violence mais de toute sa flamme et des percus qui rabattent et rappellent un arrière-plan solide. Tout en retenue, Sean va nous faire essayer ses sons les uns après les autres, sans susciter aucune résistance de notre part; le costume n’est ni ample ni étriqué, rien ne dépasse ni ne surpasse pourtant rien ne nous lasse, on peut dire qu’il balade des gens heureux sans l’être «hyper» toutefois. Le disque colporte les défauts de ses principales qualités: de la quiétude et de l’équilibre, un refuge de bonnes grâces en vrai, cependant vous ne vous éloignerez jamais très loin du quai! L'ascenseur émotionnel ne dépassera jamais le mi-parcours. Cela ne veut pas dire que son compositeur-interprète a les idées courtes, loin s'en faut, mais plutôt qu’il s’est focalisé sur la demi-teinte instruite et bien éduquée. Plus concrètement, laissez roulez les échantillons: 1/ «New Life» fait l’entrée avec un bon punch, 2/ «Virtual Fall» est une séance de relaxation, 3/ «The Last Goodbye» est plutôt rafraichissant alors que 4/ «Home Again» est un petit bijou de rengaines rassurantes plutôt bien canalisées; c’est le titre le plus long, nous sommes en terrain connu, on profite, nous sommes rassurés, comme entraînés dans nos habitudes, et c’est plutôt agréable. Le morceau pourrait porter le message de l’album à lui tout seul. «Here And Alive» clôture le set avec la même conviction qu’au commencement. La boucle va se boucler toute seule, sans chahut, sans mauvaise énergie mais sans vous apporter de pures excitations et de sensations fortes… Après tout, pourquoi non? C’est un concept qui plaira à beaucoup…
Kaillus Gracchus
https://nothinginwriting.bandcamp.com/album/new-lives-for-rent
18/02/2023 : The Aristocrats - The Aristocrats with Primuz Chamber Orchestra
The Aristocrats
The Aristocrats with Primuz Chamber Orchestra
progressif baroque – 68:56 – États-Unis ‘22
Quelle claque, les amis! C’est bien ce que j’ai ressenti à l’écoute de cette plaque de ce groupe The Aristocrats. C’est leur huitième production depuis la création de ce combo en 2011 et je dois reconnaître que je ne les connaissais pas. Mais voilà une erreur réparée. La présence du Primuz Chamber Orchestra n’est évidemment pas étrangère à cette impression de plénitude que l’on ressent à l’écoute de ce disque. Le dernier album studio, datant de 2019, «You Know What …?» les voyait évoluer dans un jazz rock de haut niveau bien sûr. Il existe toujours une filiation avec le jazz rock («Stupid 7»), mais dans l’ensemble nous voyageons ici dans un progressif baroque et symphonique et «The Ballad of Bonnie and Clyde» n’a absolument aucun rapport avec le titre de Gainsbourg, vous vous en doutiez! L’idéal est de vous en faire votre propre écoute attentive et de créer, mentalement, les images qui vous semblent appropriées pour profiter pleinement de ce combo californien.
Tibère
https://the-aristocrats-band.bandcamp.com/album/the-aristocrats-with-primuz-chamber-orchestra
19/02/2023 : The HU - Rumble Of Thunder
The HU
Rumble Of Thunder
folk metal – 63:45 – Mongolie ‘22
Les cavaliers mongols nous reviennent avec leur 2e album (pour rappel, le 1er a été chroniqué sur ces pages en février 2020: http://www.progcensor.eu/fevrier-2020.html#SSPjxCOZ), menés par leur producteur et parolier B. Dashdondog, alias Dashka. On observe un petit changement de line up mais on retrouve toujours quatre musiciens augmentés de quatre autres pour les tournées, ainsi que les mêmes instruments utilisés sur «The Gereg», à savoir les traditionnels morin khuur (violon à tête de cheval), tsuur, tovshuur… et le chant khöömii reste fidèle également. Hue, hue, on débute cet album avec «This Is Mongol» et ses côtés entraînants, déjà taillés pour la scène. Des cris guerriers et un jeu de cordes bien particuliers à The HU se retrouvent sur «Yut Hövende»; comme sur «Upright Destined Mongol» où, à nouveau, on entend leur manière bien particulière de travailler les instruments. On est toujours dans le festif avec «Triangle» au son des percus et de la guimbarde, même si on perd un peu de leur folklore, «Teach Me», très folk par contre, qui rappelle les chansons à boire, et «Bii Biyelgee» avec son refrain très rythmé. Par contre, il y a aussi, et c’est tant mieux, des titres qui s’éloignent de leur style: «Sell The World», «Mother Nature», une douce ballade dédiée à la nature (là on voit déjà le public les bras en l’air qui balancent d’un côté à l’autre) et «Shihi Hutu» avec ses cordes plus «symphoniques».
Finalement, à part «Tatar Warrior» (mon titre préféré), un album plus rock que metal, bien typique du «hunnu rock», qui sera certainement bien défendu lors de leurs concerts par les ambassadeurs mongols (ils ont reçu la médaille de l'Ordre de Gengis Khan, la plus haute distinction de Mongolie).
La Louve
https://thehu.bandcamp.com/album/rumble-of-thunder
https://www.youtube.com/watch?v=3aguZjkVLaE
20/02/2023 : Collage - Over and Out
Collage
Over and Out
rock progressif symphonique – 58:02 – Pologne ‘22
Collage groupe culte formé en 1985, sortant l’OMNI «Moonshine» en 94; groupe majeur aux synthés puissants, à la guitare expressive. Bartosz, qui a chanté avec Quidam, vient avec Michał, nouveau guitariste attitré au son gilien, ressusciter le groupe 27 ans après; une pression évidente, un exploit de remodeler le son et de vous faire régresser agréablement dans leurs méandres mélodiques.
«Over and Out»: entame sympho-électronique rappelant le dernier Galahad, ramenant de par les claviers de Krzysztof et les guitares virevoltantes de Michał au son d’antan de Mirek! Bartosz en phrasé-chanté laisse les instruments naviguer sur l’ère des Genesis et Marillion; le break mi-parcours symphonique part sur des contrées neigeuses; un Collage reboosté avec piano et arpège floydien sur un vocal envoûté. «What About the Pain?»: air facile d’accroche tant par les vocaux que la guitare plaintive, mélodie où le synthé peut rappeler Tony Banks avant de partir sur une variation sympho-atmosphérique; final avec chorale d’enfants innovant, puis «One Empty Hand» en ballade imparable sur un phrasé cristallin et la guitare spleen renvoyant aux souvenirs. «A Moment, a Feeling» enchaîne encore, intro planante qui change des tonitruantes; ça part sur un voyage rétro avec pentes escarpées, entre symphonique et grandiloquence; le son Krzysztof et ses touches insaisissables entraîne sur un Collage moderne, leur meilleur titre. «Man in the Middle»: arpège piano, crescendo doux et une guitare qui se veut différente avec Steve Rothery; un vrai solo qui prend place, dans la complainte et l’émotion; l’intensité de la lumière musicale se fait jour; mélodie loin du Marillion mais avec un feeling marillionesque.
Collage va diviser: d’un côté un magnifique copié/collé de ce qu’ils ont fait de mieux, de l’autre un mix du néo-prog rêvé secrètement par tout un chacun; un album de 27 ans, clin d’œil à un whisky longuement mûri consommé avec modération que vous pourrez ici écouter sans modération; avec suffisamment d’innovation pour entrer dans un top.
Brutus
https://open.spotify.com/album/5IeR2SFqJAkFH7GEZKQcvV
https://youtu.be/93XLppb7RgI
21/02/2023 : L'Estate di San Martino - Kim
L'Estate di San Martino
Kim
rock progressif italien – 59:00 – Italie ‘22
L'Estate di San Marino est le titre italien de la chanson de Cutugno «L'Été indien», sortie en 75. C'est aussi l'année de naissance du groupe du jour!? En 1978, L'ESM gagne un concours primé par la production d'un single promotionnel resté confidentiel. Puis ils se séparent. Mais, à l'occasion de la redécouverte de bandes d'un concert de 1983, un premier disque (live) sort en 2006, suivi immédiatement par un premier album studio en 2007, un deuxième en 2015. Et voici leur troisième, basé sur l'histoire vraie d'une jeune femme, Kim Suozzi, atteinte d'un cancer incurable et qui est cryogénisée immédiatement après sa mort en 2013, pour être projetée dans un futur où sa maladie serait soignée.
Glaçant, non? Néanmoins, la musique proposée est un RPI radieux et rêveur, fait de beaux passages purement instrumentaux; de nombreuses nappes de synthé suspendent le temps, telle l'ouverture «Creto». Des influences extérieures ouvrent des portes; une incursion indienne («Inanna»), des notes génésiennes («Sul Prato», «Gocce», «Libera») ajoutent leurs parfums.
Sur l'ultime «Tewar» avec ses morceaux cachés, ses longs silences, j'ai ressenti Kim. Débutant éthéré avec un cœur palpitant comme seule rythmique, le lent tempo des synthés appelle à une autre dimension. La seconde partie, après un silence, est plus chaotique: batterie syncopée, accords de piano en riff, les nappes de synthé s’interrompent pour une flûte légère pleine d'espoir, bientôt soutenue par synthés et piano pour un thème très romantique, cinématographique. Après un second silence, une voix tombe des limbes, accompagnée des arpèges d'une guitare flangée; des percussions arythmiques et un Moog poussent un instant à la résurrection, mais tout s’apaise, nous laissant en suspens à la fin de ce bel album.
Je vous invite, chaudement, à passer un heure avec Kim.
Cicero 3.14
https://lestatedisanmartino-ams.bandcamp.com/album/kim
22/02/2023 : Rioghan - Different Kinds Of Losses
Rioghan
Different Kinds Of Losses
metal progressif – 49:06 – Finlande ‘22
Projet solo créé par Rioghan Darcy, devenu assez rapidement un trio avec Teemu Liekkala (guitares, basse, claviers) et Valtteri Revonkorpi (batterie). Rioghan Darcy est en réalité le nom d'interprète de Jenni Perämäki.
Rioghan a été fondé en 2019 à Lapua, petite ville de l’ouest de la Finlande. Profondément enraciné dans le gothique et le métal progressif, le groupe devrait certainement apporter quelque chose d'intéressant sur les platines de quelques-uns d’entre nous adeptes du genre, voire chambouler quelques classements de fin d’année.
Ce premier album compte dix chansons. Il a été réalisé en collaboration avec, entre autres, Jonas Renkse (Katatonia) et Einar Solberg (Leprous), qui ne chantent pas!
Pendant de longues périodes, l'album arbore de douces tonalités ambiantes qui naviguent sur des vibrations gothiques tranquilles, élevées sur un fond de rock simple et d'acoustique élaborée (Breath - Sight). Puis du vrai metal éclate et, soudain, vous avez des râpes aiguës qui vous frappent comme un marteau dans une abondance de riffs métalliques sans fioritures.
La musique ici est un mélange de plusieurs genres. L'attitude générale est gothique et alternative. La musique va du rock au metal et vous entendrez même des morceaux de blues et une bonne dose de pop.
Vous ne ressentirez aucun ennui à l’écoute de ce disque et conclurez avec un titre final magnifique… Sans aucun doute mon préféré, «Summer». Il est atmosphérique et finement composé avec une structure de chanson fantastiquement entêtante. C'est exactement le genre de musique qui fera se distinguer Rioghan. Elle, par contre, invite l’auditeur à se pencher sur «Reflection», titre qui a sa préférence et qui présente le plus de signatures rythmiques…
Qui a dit que le rock (metal) progressif était un monde d’hommes?
Publius Gallia
https://rioghan.bandcamp.com/album/different-kinds-of-losses
https://www.youtube.com/watch?v=mHpm2aRI-W8
23/02/2023 : Alwanzatar - Kosmisk Skrekk
Alwanzatar
Kosmisk Skrekk
space rock électronique – 43:09 – Norvège ‘22
Alwanzatar est le projet musical solo de Kristoffer Momrak, dit «Krizla», bête à penser de Tusmørke, créant de la musique électronique extraterrestre. Une bande sonore sombre pour les «voyages spatiaux à bord d’engins interplanétaires gris et poussiéreux». C’est leur 5e album avec moult synthés, thérémine, flûte, incantations, tambours et mixages analogiques; des invités tels Wepwawet de Spectral Haze, Selveste Benediktator de Tusmørke et Aythal de Wobbler pour ce voyage musical singulier.
«Rompirater» pour un voyage sombre, intimiste et planant, doublé d’un break schizoïde spatial à mi-parcours et d’un final folk psyché pour arranger le tout, un «Flash» revisité. «Marspass» à la sonorité d’intro sombre, glauque, ah la flûte vient égayer cette sensation et part sur un titre ambiant alambiqué avec des évolutions overloopiennes, sur des envolées égyptiennes de la porte des étoiles, «Stargate» en ligne de mire. Ça part sur des flèches laser venant approfondir le rythme amenant à du son Vangelis et Tangerine Dream d’antan. «Moteplass»: envolée du rêve mandarin, montée renvoyant à «Ricochet», simple, efficace et beau, prenant, à la limite mantranique. «Sovekapsel»: flûte et boîte à rythme en avant, venue d’une mélodie étrange au spleen langoureux pour un dernier périple intimiste.
Alwanzatar crée donc un climat musical invitant à une excursion entre folie et réalité altérée. Ambiance sombre, archaïque, où les sentiments de dévotion, de psychédélie, de religion de la Grèce antique et des techniques archaïques extatiques sont mises en branle. Album singulier onirique.
Brutus
https://alwanzatar.bandcamp.com/album/kosmisk-skrekk
24/02/2023 : An'Hedonya - Ill'usions
An'Hedonya
Ill'usions
folk rock acoustique – 37:31 – France ‘22
Premier album pour nos amis montpelliérains d’An'hedonya. Le groupe se compose de Marie Soler, chanteuse, Fred Martin (Gholes, Reaching Nothingness), guitariste et Thibaut Gérard (Kalisia, Eyeless), bassiste. Ils nous proposent un album folk rock acoustique chanté tantôt en anglais mais aussi en français. Je retiens notamment le titre «Le cri du vent» avec une bonne rythmique de batterie, de douces nappes de guitare et la voix enchanteresse de Marie. J’y retrouve les influences de groupes comme Pain of Salvation (partie acoustique) ou encore Anneke van Giersbergen. Un album calme et envoûtant, finement construit, avec un niveau technique très abouti. Cet opus invite au voyage de l’esprit et nous fait partir, par moments, bien loin là-haut. Si vous êtes fans de musique planante et de guitare sèche, je vous conseille de découvrir ce nouveau projet en cliquant sur les liens à la fin de cette chronique… Vous passerez obligatoirement un bon moment.
Vespasien
https://anhedonya.bandcamp.com/album/illusions
https://www.youtube.com/watch?v=2J0dFobcKkA
25/02/2023 : The Tangent - Pyramids, Stars & More: The Tangent's Live Recordings 2004-2017
The Tangent
Pyramids, Stars & More: The Tangent's Live Recordings 2004-2017
crossover / Canterbury / jazz progressif – 143:22 – Royaume-Uni ‘23
C'était un de ses rêves d'enfant qui se concrétise. Faire un triple live!
Car, quand nous étions jeunes (Andy Tillison et moi sommes de la «classe», selon l'usage désuet du mot), le triple live était, sans nul doute, le must. «Europe 72» de Grateful Dead, «Yessong», puis un peu plus tard «Welcome back...» avaient augmenté singulièrement l'épaisseur des pochettes et le budget pour les acheter!
Andy compile 3 périodes de tournées: son live allemand «Pyramids & Stars» de 2005 (époque Roine Stolt/guitare) fournit les 2 premiers LP, complétés sur le dernier par 3 pistes live en UK (2012) et 2 aux USA (2017); le CD (inclus dans le 3LP) fournit en plus 2 autres titres de 2012 et 2017.
Les pistes de 2005, issues de la tournée initiée après la sortie du 1er album studio du groupe, «The Music That Died Alone», sont conclues par une reprise chorale de «Lucky Man» d'ELP, où le Moog d'Andy évite les excès d'Emerson, pour laisser la place au chant du public! Ceci souligne l'extrême proximité d'Andy avec ce public; certes le fait qu'il parle allemand n'est pas étranger à cela. Mais c'est un homme qui va vers l'autre et cela se ressent tout au long de l'album, tout comme lors des interviews (il parle français aussi et sans doute lira-t-il cette chronique en VO! – voir l'interview et la chronique du 21 juin 2021).
Compositeur prolixe avec 12 albums studio au compteur de The Tangent, c'est aussi un musicologue de notre genre favori et, facétieux, il nous adresse des clins d’œil en incluant des extraits plus ou moins longs d'Iron Butterfly, Yes ou Steely Dan. Mais l'essentiel de la musique de The Tangent sont ses epics que le live éclaire différemment.
On ne peut que regretter de pas pouvoir applaudir plus souvent The Tangent, mais l'agenda de Jonas Reingold est très chargé. Andy le savait dès la formation du groupe et n'imagine pas de tourner sans lui; alors consolons-nous avec ce live.
Un must pour les fans qui retrouveront l'osmose des concerts, ou une belle manière de découvrir en 3 étapes un peu du parcours de The Tangent.
Cicero 3.14
https://andytangent.bandcamp.com/track/in-darkest-dreams
https://www.youtube.com/watch?v=mMcWXC9peEs
26/02/2023 : Floralia - The Witch's Flower
Floralia
The Witch's Flower
rock progressif / alternatif – 45:47 – États-Unis ‘22
Floralia est le projet d’Ethan Bland, jeune Américain en mal de sons progressistes; sa musique se décline comme une musique sombre des plaines country de l’Ohio, sur un profil indie prog rock assez novateur, peu de notes donc. Lançons-nous dedans.
«To The Rain»: entrée fermière, chien, pluie, orage et puis ça part sur un prog mélodique singulier; vocal sur Rush, sonorités sur l’ambiance prog d’antan, mi-charisma génésisienne, mi-canterbury; le break spatial dénote agréablement par une langueur moribonde, puis ça replonge dans une ambiance prog-heavenly déroutante, entre minimalisme et ré-création art rock.
«Colors»: belle intro pour un titre consensuel mélodique et pop rock prog; ça me rappelle les Elephant&Castle des 90’s; c’est bien foutu mais je retrouve le son brouillé de cette époque un tantinet fourre-tout, le plus pour les claviers. «The Fog’ »: intro Mellotron qui me plaît énormément, Genesis n’est pas loin; le clavier est vraiment l’instrument de prédilection d’Ethan et emmène sur des ambiances chaleureuses feutrées; un peu diffus, le break vaut le déplacement avec passage en revue de la basse-batterie; un bon titre que j’aurais adoré il y a de ça quelques décennies de fait.
«Mrs. Unaware»: pour l’interlude du monde de Lewis avec folie foraine, on attend juste le lapin passer en retard; court mais frais et égayé, floral, aérien, burlesque, génial, de loin le meilleur titre qui replonge dans le prog d’hier et de demain.
«The Witch's Flower»: coq en avant pour la pièce; intro, divagations art-musicales et un break forain jouissif aux 6 minutes, qui se prolonge par un autre à mi-parcours entre électro et voix de manifestation à la «The Wall»; expressif surtout orchestral, sur une belle déclinaison aux claviers; un dernier quart avec flûte en avant fait plonger dans les 70’s puis des chœurs finissent de chavirer votre perception.
Floralia ne demande qu’à s’affiner, s’affirmer et s’étoffer; la création est dure mais s’entourer d’un guitariste, d’un chanteur et le tour est joué pour ne pas rester juste album de studio. Un son qui lorgne sur les 80's plutôt que les 70’s, c’est bien mais cela reste vintage et manque un peu de souffle nouveau, excepté le dernier morceau innovant à souhait.
Brutus
https://floralia.bandcamp.com/album/the-witchs-flower-2
https://youtu.be/wQbhF9IIJfk
27/02/2023 : Crianza - Suoni a sud
Crianza
Suoni a sud
folklorique – 40:27 – Italie ‘22
Formé autour de Gianluca Milanese (dont nous avons eu l'occasion de chroniquer l'excellent album d'Odessa: http://www.progcensor.eu/janvier-2023.html#1H3PyJrw), Crianza n'est pas qu'un groupe de musique du sud de l'Italie à tendance folklorique car, autour des flûtes de Gianluca Milanese, le violoncelle classisant de Marco Schiavone, les percussions moyen-orientales (tabla, var) de Vito De Lorenzi, la voix poignante d'Alessandro Podo Brunetti («Lu rusciu te lu mare») font résonner et raisonner racines et esprit.
Il peut paraître étrange de trouver une telle musique parmi nos pages. Mais le prog est avide d'ouverture, et je vous défie de résister à «Brigante se more», pièce entraînante et entêtante.
Ou à «Pizzica dorica», plus jazzy avec sa basse qui tricote sans fin, tandis que la flûte papillonne avant de partager l'espace avec le bourdonnement du violoncelle.
Ce disque vous offre la parenthèse enchantée, hors du temps, d'une musique de toujours, et pour toujours.
Ce Crianza 2022 n'est pas vain (italien!), c'est un bon cru, goûtez-le sur le lien YouTube!
PS... Rien à voir: je m'interroge, existe-t-il de bons crus dans les vins cuits?
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/album/03ymgwEZiPgeMsaH2K07U4
https://www.youtube.com/watch?v=eCrmBzIVUyw&list=PLnPetFRmqExfqdkXTK0gD9v09gYzeGK8K&index=7
28/02/2023 : Motorpsycho - Ancient Astronauts
Motorpsycho
Ancient Astronauts
rock psychédélique – 43’29 – Norvège ’22
Pour le groupe de Trondheim, qui nous a habitués à la profusion, un an et demi entre deux albums incite presque à se demander si tout va bien. Il suffit d’écouter les quatre plages d’«Ancient Astronauts» pour que la réponse émerge comme une évidence céleste: Motorpsycho est en pleine forme, en témoigne l’époustouflante transformation de «Mona Lisa / Azrael», hymne progressif scandinave à la nostalgie chimiothérapeutique brutalement ragaillardie par des injections de guitare assoiffée et de batterie qui aurait dépassé les doses prescrites – au point que les VU-mètres d’Helge Sten (surnommé Deathprod, un habitué du groupe) dans l’Amper Tone studio d’Oslo ont vu rouge (on frôle la distorsion). L’essentiel, y compris les 22 minutes de «Chariot Of The Sun – To Phaeton On The Occasion Of Sunrise (Theme From An Imagined Movie)» (le morceau le plus long du groupe à ce jour) est enregistré live en studio – quelques overdubs de guitare et de voix –, privilégiant la spontanéité aguerrie de musiciens qui ont leurs instruments si bien en mains qu’ils ne s’en distinguent plus guère. Abasourdissant. (Mais où sont les astronautes?)
Auguste
https://open.spotify.com/album/63TM7QrydgH0IJGSQPpWLU
https://www.youtube.com/watch?v=MuxHfwMJWBI