Mai 2019

01/05/2019

La Batteria

La Batteria II
prog-rock instrumental – 67’38 – Italie ‘19
Quatre ans après leur premier opus éponyme, La Batteria nous propose une nouvelle collection de dix-huit courtes pièces instrumentales. Comme pour leur album précédent, ce groupe romain puise son inspiration dans la musique de film des années '60 et '70, celle de Morricone et Goblin en tête. La guitare électrique est omniprésente, souvent responsable de livrer la mélodie, appuyée par des séquences électroniques simples. L’ensemble est assez hétéroclite, tout en gardant une unité de son «seventies». Guitares wha-wha, surf et distortionnées se côtoient avec bonheur dans des pièces tantôt délicates, parfois musclées, et frôlant même à l’occasion la variété - je pense entre autres à «Moviola» avec son solo d’orgue ringard et à «Eldorado» avec son rythme de danse sociale. À part les guitares, basse, batterie et innombrables claviers analogiques «vintage» tenus par les membres du groupe, La Batteria a pu compter sur l’aide de nombreux amis musiciens pour élargir sa palette instrumentale: des percussions diverses, incluant glockenspiel, congas et vibraphone, de la flûte, de la trompette (superbe dans la finale de «2170 Ultima Speranza») et même du cavaquinho! C’est un album que je qualifierais d’écoute facile, sa force reposant surtout sur des mélodies simples et accrocheuses, et un son daté qui revêt pourtant un aspect intemporel, un peu dans la lignée de Daft Punk. On est plus dans le confort que dans la surprise. La pièce «Stiletto» se distingue par une rythmique plus élaborée et une approche axée sur le traitement sonore.
Ugo Capeto
https://labatteria.bandcamp.com/album/la-batteria-ii

https://youtu.be/8nbjJV_ytBY?fbclid=IwAR1yAr24iXnc7K_2iBlG7MHaF85V-r_fxasVT2KSPptOOrFf_618vbo5OUY

02/05/2019

Callooh Callay
Astonishing Flow Of Time
Prog-rock – 74’15 – USA ‘19
À une époque où énormément de formations s’illustrent en évoluant dans un courant plus «moderniste», le new-prog ou le crossover-prog par exemple, l’apparition d’une nouvelle formation américaine naviguant dans la mouvance du prog-rock traditionnel passerait vite pour du passéisme.
Ce Callooh Callay n’a que faire d’essayer d’appartenir à une nouvelle école, il revendique au contraire sa filiation avec le bon vieux prog-rock à l’américaine.
Ce prog-là n’a certes rien d’innovant mais il est d’une efficacité remarquable. D’abord c’est pro et bien produit, un excellent son qui assure une ambiance bien pleine.
Un album d’une totale cohésion où se marient influences prog des années 90 (parfois 70, les claviers), de nombreux plans mélodiques à la Neal Morse, pour faire simple, et une atmosphère chaude et richement travaillée. Des constructions et quelques plans symphoniques sans grands tarabiscotages ancrent assurément cet album dans le prêt-à-porter; parfois il est inutile de faire dans la démesure pour toucher le fan de prog le plus exigeant. On reste donc avec cette formation dans la pondération, dans une cohésion stylistique comestible qui coule sans risque d’indigestion. Sans ombrage, sans faille, il plaira aux fans du prog symphonique autant qu’à ceux qui ne jurent que par le néo-prog, le classic-prog ou le prog atmosphérique. Et même si parfois les compositions sont rehaussées de quelques riffs bien couillus («Mare Crisium»), jamais ils n’expédieront cet opus dans le garde-manger du heavy-prog, ou pire, du métal-progressif. Ouf!
Les musiciens sont impressionnants, et lorsqu’on entend gronder la basse on songe même à un certain Chris Squire…
Ce «Astonishing Flow Of Time» est une belle surprise, il risque fort de faire son petit effet dans le microcosme progressif.
Centurion

https://www.facebook.com/calloohcallayprogrock/

https://www.youtube.com/watch?v=eYopoZF7ja8&fbclid=IwAR3j79bno95vjseFpbk7Phmp4vDzKNDgPnv7lLxukbXF_6tbEgfVWHXKbUc

03/05/2019

Fervent Send
Super Stereo
Prog Art Rock – 49’56 – États-Unis ‘19
Dès l’entame de «Dirty Lightless Underground Cold Apocalypse Shelters», résonne ce petit côté déluré qui tinte comme un présage, disons, de bon augure. Avec une pochette minimaliste digne de l’indigence des années de vaches maigres - sans parler du titre de l’album, d’un dénuement à en rappeler l’abbé Pierre; mais OK, on a compris que c’était pour rire -, le premier coup d’œil avait du plomb dans l’aile: comme quoi, pour se faire une idée d’une musique, rien ne vaut l’oreille. Et celle-ci (la musique) est ingénieuse, comme la rythmique de «Fat Yellow Germans», touffue tout en préservant la clarté du propos comme la ligne mélodique de «Viral Chain Disease Brings Back the Faith», ébouriffante comme «Nuclear Projectile Plans A Life On It's Own», simple et scintillante comme la paire flûte/guitare acoustique de «Palden Lhamo Sur Kim». Il y a une précision de la recherche sonore, du timbre («Rhythmic In Nature») chez Jon Du Bose (guitares, basse, composition) qui donne envie de replonger: s’ils ont écouté King Crimson («Crippled Anagrams All Meaning Bliss To Solve»), lui et ses copains se sont aussi laissé attendrir par Béla Bartok ou Christian Vander (Magma) pour créer du «prog qui n’est plus celui que ta maman écoutait».
Auguste

https://ferventsend.bandcamp.com/album/super-stereo

https://www.youtube.com/watch?v=WWE6388-OOo&fbclid=IwAR3vzyPfb2L2oUnA_aO33Km0tVuLwK9LMJfTfg2mDh6I4IMyXWqSdBjR1Nc

04/05/2019

Fleesh
Across the Sea
prog-rock/néo-prog – 56'46 – Brésil '19
Non, Fleesh n'est pas une marque de chasse d'eau, c'est un groupe brésilien. Que dis-je? Un groupe? Un groupe de deux (selon la préfecture) ou un duo, si vous préférez: Gabby Vessoni chanteuse et Celo Oliveira multi-instrumentiste. Fleesh s'était fait connaître en 2015 grâce à un album de reprises, disponible uniquement en téléchargement. Ils avaient ratissé large en faisant des reprises diffusées sur Youtube d'artistes aussi variés qu’éclectiques tels que Renaissance, Loreena McKennitt, Genesis, Steve Hackett, Queen, Cher, King Crimson, Jethro Tull, Pink Floyd, etc. Ce qui a valu à Fleesh de se faire connaître par les fans de tous ces groupes (plus de 54000 vues rien que pour Pink Floyd - On the Turning Away). «Across the Seas», le disque qui nous occupe aujourd'hui, est un recueil d’œuvres plus personnelles de facture classique-prog, abordant le thème de la dépression («Nous voulions créer un album exprimant par les paroles et par les instruments, les étapes de la dépression»)... Pas franchement folichon mais le sujet se prête à de belles compositions; c'est bien connu, les plus belles chansons sont (souvent) des chansons tristes. Ce disque regroupe dix superbes titres délicatement ciselés, magnifiés par la superbe voix de Gabby Vessoni, à ranger aux côtés de chanteuses telles qu'Annie Haslam (Renaissance), Anneke van Giersbergen (The Gathering, Gentle Storm) ou Lisa Gerrard (Dead Can Dance). Petit bémol, j'aurais préféré une œuvre un peu moins linéaire, avec un peu plus de folie, mais ne boudons pas notre plaisir et consommons ce «disque» sans modération.
Claudius

https://fleesh.bandcamp.com/album/across-the-sea

https://www.youtube.com/watch?v=DlTdi4XjN-Y&fbclid=IwAR09iEWws5tNtOaXy7TiZp3hPXBKokMjGHB2MzFp-XKUaOg5tF3rBo1Oy_Q

05/05/2019

Lebowski
Galactica
prog-rock atmosphérique instrumental - 67'49 - Pologne '19
Deuxième album studio pour ce quatuor polonais, formé en 2002, et dont le premier opus intitulé «Cinematic» paraissait seulement en 2010. En 2017, ils nous gratifient d’un live intitulé «Lebowski plays Lebowski» avant de sortir «Galactica» cette année. En parcourant le site du groupe, on apprend que les musiciens, de formation classique à la base, ont d’abord proposé une musique basée sur de l’improvisation, avant de construire des plages instrumentales plus «structurées». Vu les noms choisis pour les deux albums studio, on devine aisément que le groupe a un penchant pour le cinéma et plus particulièrement pour les musiques de film. D’ailleurs, la musique de Lebowski est, selon eux, une longue suite instrumentale d’un improbable film. Les neuf plages emmènent l’auditeur au travers de diverses séquences d’un film que je verrais bien en noir et blanc. Musicalement parlant, le style oscille entre différents genres. Tantôt du rock symphonique mêlant classique et jazz, à l’instar des hongrois d’After Crying, tantôt un sorte de musique plus planante qui évoque les allemands d’Eloy, mais dans un style plus épuré. Par moments, j’y vois une certaine filiation avec la scène «french touch», sans le côté électro, comme le duo Air (période «Virgin Suicide») ou encore le dj Kavinski (excellent, soit dit en passant). Je sais que les puristes vont me lancer des tomates mais j’assume. Ceci dit, la musique est agréable. J’ai particulièrement apprécié le titre «Goodby My Jo», petite perle jazzy, avec, en invité, le trompettiste allemand Marcus Stockhausen (le fils du prolifique compositeur et père de la musique aléatoire Karlheinz Stockhausen). Un morceau de toute beauté. J’ajouterai également le final sympho-rock bien foutu qui clôt l’album de bien belle manière («The Last King»). Sans être du «easy listening», ce «Galactica» s’avère bien agréable aux oreilles et d’une fluidité mélodique sans failles. Le «progueux» plus exigeant pourrait lui reprocher un manque de folie symphonique et de breaks endiablés mais le mélomane se laissera emmener par la jolie plage éponyme, autre petite perle sur cet album qui se dévoile au fil des écoutes successives. J’ajouterai une mention particulière pour la photo de la pochette qui colle très bien avec l’ambiance musicale. À découvrir.
Hadrien
https://lebowski2.bandcamp.com/album/galactica-wav-24bit

https://www.youtube.com/watch?v=4uuFxubkuKY&fbclid=IwAR0KuCxrm1_RRh8hrTH5w6C0gqjb5OhKTMG5L7Dsxd7px4cZ-5POHO9zcww

06/05/2019

Loonypark
Deep Space Eight
crossover-prog/neo-prog – 43'49 – Pologne '19
Pour cette première chronique, c’est une découverte tant pour le groupe que, forcément, pour cet album. Loonypark est un groupe polonais qui nous présente ici son cinquième album. N’ayant entendu aucun des albums précédents, c’est donc vierge de tout préjugé que j’aborde ce «Deep Space Eight».
Le groupe nous livre une musique qui navigue entre néo-prog et pop; les morceaux sont relativement courts, le plus long faisant à peine plus de sept minutes.
Le problème est que le groupe hésite entre pop et prog semblant vouloir contenter les amateurs de prog tout en restant accessible à un public un peu plus mainstream. Les compositions sont agréables mais manquent de relief ou de moments de bravoure, la production est tout à fait honnête mais sans éclats et réelle profondeur, les musiciens sont à leur place sans faiblesses mais justement trop à leur place. Enfin, la chanteuse sonne bien et juste mais sa voix reste souvent dans les mêmes tonalités et manque d’une réelle personnalité. Le tout fait un peu penser à Magenta mais avec nettement moins de relief… Les recettes du néo-prog sont donc ici parfaitement assimilées et appliquées mais, à aucun moment, le groupe ne se lance dans un passage un peu plus aventureux.
Au long de l’écoute, les morceaux défilent et on attend une étincelle qui finalement ne vient malheureusement jamais.
Comme dans une classe d’école, on se souvient sans problèmes des élèves turbulents mais on oublie vite les élèves appliqués assis au premier banc. Loonypark est comme ces élèves du premier rang: ils font du bon travail mais ne se démarquent pas assez pour laisser une empreinte dont on se souviendra.
Amelius
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=HGK2e2Ls3Cw&fbclid=IwAR0KuCxrm1_RRh8hrTH5w6C0gqjb5OhKTMG5L7Dsxd7px4cZ-5POHO9zcww

07/05/2019

Cody Carpenter
Force of Nature
prog-rock/fusion – 48’23 – USA ‘19
Cody est le fils de John! John qui? John Carpenter, le cinéaste, connu pour avoir réalisé des navets mais aussi quelques chefs-d’œuvre comme «the Thing» en 1982. Le père, outre sa propension à s’exprimer dans le cinéma de genre (SF, fantastique…), a la particularité de composer la musique de ses films. Autant dire que durant l’écriture de ses scénarios, son fils, dès ses 3 ans, en a sûrement profité pour tapoter sur les claviers de papa. Aujourd’hui… ben ça nous donne un fils musicien et, de surcroît, féru de rock progressif. Outre ses diverses participations aux musiques des films du paternel (le dernier Halloween), mais aussi à la réalisation de ses disques («Lost Themes I» et «II»), Cody a réalisé quelques BO pour «Masters of Horror», des musiques de jeux vidéo, quelques CD téléchargeables sur Bandcamp, et aussi un premier album officiel en 2018, «Interdependence».
«Force of Nature» est donc son second vrai album signé par un label.
Alors il y a quoi dedans? Du bon gros prog-rock fusion instrumental! Niveau influences faut pas trop aller chercher du côté des dinosaures, même si on songe un peu à ELP, ou même parfois au Camel de «Breathless». On peut aussi s’amuser à aller chercher chez les Américains de Cairo ou de Glass Hammer, mais ce ne sont là que de piètres pistes pour définir la musique de Carpenter, avant tout balisée par les codes de la prog fusion; et fusion ça veut dire jazzy. Pourtant ce «Force of Nature» n’est pas vraiment un album de pur jazz-rock; il reste au contraire très prog, mélodique et mesuré.
Même si Cody touche un peu à tous les instruments, chose assez rare pour un leader, il n’est pas omniprésent, il est davantage au service de sa musique, de son band. Mais le plus impressionnant dans cet album est la section rythmique. Le groove basse/batterie est dantesque, ça pulse de partout et concourt à structurer la musique du claviériste. De la basse Cody en joue lui-même et Jimmy Haslip (Jing Chi, MSM Schmidt…) s’y colle sur 3 morceaux. Les baguettes sont essentiellement tenues par Scott Seiver qui laissera par contre sa place sur un titre au célèbre Virgil Donati.
En conclusion, cet album est une réussite. Il plaira aux adeptes du prog relevé et saupoudré de jazzy.
Centurion
https://soundcloud.com/bluecanoerecords/sets/cody-carpenter-force-of-nature?fbclid=IwAR1w6PutLjiFLz8VayuA1uDc0sDu62cBgDyRVWzRnzKrX3JKPXgQPEEFHvg

https://www.youtube.com/watch?v=zN4E-9Kscgg&fbclid=IwAR2ibbmX-7A3yj--BwHj4-fvih7Ccsw44_WFkFgdAHZm__Wip04O2yZOjSg

08/05/2019

Lost Crowns
Every Night Something Happens
psyché/prog-rock/canterbury – 48’22 – Angleterre ‘19
Dans la lignée de Caravan (ah, la tradition british…) ou de Gentle Giant (en moins pétulant et aux voix plus monologuées), Lost Crowns, mené par Richard Larcombe (guitare, chant, composition), qui a rassemblé quelques pointures alternatives de la scène anglaise un peu excentrique, présente un premier album dense, où ne subsiste aucun interstice autre que l’espace entre deux plages. La voix (deux lead, deux backing) y est prépondérante, à la ligne mélodique souvent doublée par l’instrument (guitare, clavier, xylophone…) - un vrai procédé, parfois lassant - et l’instrumentarium, justement, y est foisonnant: outre les guitares, basse, claviers et autre batterie, clarinette, basson, clavecin, harmonium, cloches ou… scie complètent l’étal d’outils de production sonore. Quand je vous disais que c’était touffu! Une pause dans l’écoute évite l’écueil de la surabondance: «Midas X-Ray» (superbe) s’apprécie bien mieux si on se prend une bière avant de l’entamer et si on s’en soulage juste après la note finale. Le silence après Mozart… Quelle diversité dans l’art de la composition: autant Lucie Prod'homme, avec sa «Leçon du silence», explore les façons de l’écouter, cette «chose» qui n’a pourtant pas de réalité physique, autant Lost Crowns s’acharne à l’éradiquer, à n’en laisser aucune trace, à l’étouffer dans l’œuf. «Every Night Something Happens» est un disque puissant - presque trop.
Auguste

https://lostcrowns.bandcamp.com/album/every-night-something-happens?fbclid=IwAR2f-8UsjeVe2YXSOUxO2JXp1cpgkwYmuBZBUnzSeEfYbVI_-PcYMiRbWlI

https://www.youtube.com/watch?v=guTLvKG3IZM&fbclid=IwAR3RxCdKEDpYqFalyqGmCiQXtKFGMWhccQeRuzXJ0S6h9TzQa_78r4_VEQM

09/05/2019

Avenue X
Building Empires
crossover-prog – 64'13 – USA '19
Avenue X! Dites plutôt: Kevin Nadolski!!! En effet, celui-ci s'occupe des guitares, une partie de la basse, des claviers, de la production et du mixage… rien que ça. Il est accompagné d'Alex Rackow, de Mark Nadolski et de Chris Williams pour quelques passages de basses et de guitares.
Avenue X est un groupe relativement récent, deux EP voient le jour en 2011-2012 pour aboutir enfin, en 2019, à ce premier album «Building Empires».
Après une introduction angoissante digne de bons films de science-fiction, nous entrons dans cet album avec, pour moi, le meilleur titre (et de loin) de l'album «Building Empires». Pendant 11 minutes nous passons d'une ambiance lourde à des passages de guitares pratiquement «gilmouriens» entrecoupés de claviers parfaitement fondus dans l'ensemble. Kevin Nadolski nous montre ici ses capacités techniques et mélodiques.
Sur «The Savior», autre style, avec une intro batterie-guitare-basse en décalage où l'on ressent les bases de l'équilibre rythmique de l'album.
«Fallen» démarre avec des riffs de guitare totalement heavy classic à la Judas Priest. Malheureusement le reste retombe vers un rock totalement basique.
«Session One», «Serenity», «Circuit Dreams», «Session Two» sont de jolies ballades planantes, aux mélodies accrocheuses et sublimées par le piano-synté ou la guitare.
J'aime beaucoup «Freedom» où l'on retrouve une guitare magique avec des arpèges typiquement progressifs, digne du grand Pink Floyd, entourée d'une guitare sèche parfaitement maîtrisée.
Sans en diminuer la qualité, je regrette malgré tout d'avoir trouvé cet album un peu long. Aussi, pour le prochain album, je souhaiterais un autre chanteur. Musicalement Kevin Nadolski est doué mais, même si le chant n'est pas catastrophique, un autre véritable chanteur pourrait sublimer les parties planantes.
Ce premier album est globalement une réussite, je ne peux que vous encourager à le découvrir!
Vespasien
https://avenuex.bandcamp.com/album/building-empires

https://www.youtube.com/watch?v=OMfG6OkLcwI&fbclid=IwAR2O4cvpk5HxijMyt0B8fvS4c5ilA5BWxXPQzIlCNPXIEn9EuGkQDUsbDo8

10/05/2019

RPWL
Tales From Outer Space
prog-rock – 49'58 – Allemagne '19
Voici plus de 20 ans que je suis ce groupe allemand avec assiduité (à leur actif, comptons 7 albums plus 5 lives, 3 DVD et 2 compilations) et jamais la formation de Yogy Lang n’est encore arrivée à me décevoir.
Cette nouvelle livraison ne déroge pas à la règle. J'entends bien les critiques blasés dire: «Oui mais depuis quelques années la formation teutonne ne se renouvelle pas!»... C’est faux! Voici une production dense qui à aucun moment ne lasse l'auditeur.
Bien sûr l'influence Pink Floyd est présente, «Light of the World» notamment, mais que de superbes mélodies inspirées («A New World», «Welcome to the Freak Show» et «Not Our Place to be»...). Et même si on effleure par moment la pop («What I Realty Need»), cette musique ne sombre pas dans la facilité.
Si vous êtes fan d'anciens fleurons de notre musique préférée comme Manfred Mann, Alan Parsons et, of course, Pink Floyd, et par la même occasion non allergique au travail récent de John Mitchell and Co dans Lonely Robot, ce nouvel RPWL est fait pour vous!
«Tales From Outer Space» est un de mes albums préférés de ce printemps et assurément une des œuvres de l'année. J'ai hâte de pouvoir les applaudir sur scène, et pourquoi pas dans une salle verviétoise bien connue? J'y serai… et même au premier rang!
Tiro
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=lhHlCx-OlsU&fbclid=IwAR09piLPwaJzkKSJLVOhsoEQHV9RA3D8h93Goymrrzck8TAUusObx92Rom0

11/05/2019

Peter Hammill and the K Group
The K box
UK '19
Ceci n'est pas une nouveauté mais un luxueux coffret sorti récemment, regroupant quatre CD et un livret comportant les paroles, des photos et des témoignages des musiciens. On y trouve d'abord deux albums studio «Enter K» et «Patience», sortis respectivement en 1982 et 1983, et le fameux live «The Margin+» (le + étant un second disque live, ajouté lors de la remastérisation dans les années 2000). Après le split définitif de la dernière mouture de Van der Graff Generator en 77, Peter Hammill a commis quatre albums solo avant de former le Kgroup (K étant Peter Hammill alias Kafka), composé d'anciens membres de Van der Graaf Generator: Guy Evans (batterie), Nic Potter (Basse) et le guitariste des Vibrator's John “Fury” Ellis. Ici l'ambiance est beaucoup plus rock et moins intimiste que dans les disques précédents. Cependant on y trouve quelques titres plus «romantiques» servis par la voix sombre et dramatique de Peter Hammill. Le disque live «The Margin» est une sorte de testament de l'ère Kgroup qui témoigne de l'incroyable puissance, l'immense énergie déployée par ces musiciens d'exception sur scène. Certes, me direz-vous: «Peter Hammill, ce n'est pas vraiment du rock progressif!», d'ailleurs le maître lui-même s'en défend. Pas si sûr! Et si, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, Peter Hammill faisait du prog sans le savoir (ou l'avouer)!
Claudius
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=jpYs_B0uyrU&fbclid=IwAR1_euX8kSzdAjpMwCcC4lwj6vqN_oA7L9SihnlnkXukSPqcVzWGsK8XgUU

12/05/2019

Now in Colour
Now in Colour
crossover-prog/pop-progressive – 43’53 – Australie ‘19
Now in Colour est un trio nous venant tout droit de Sydney (Australie). Fondé en 2017 par le guitariste et chanteur Nic Barker, le bassiste Jeaux Pfeffer et le batteur (et percussionniste!) Jasper Dunn, le groupe sort son premier single (Drift) le 22 mars 2018 et nous revient en mars 2019 avec ce premier album éponyme.
Si vous aimez des groupes comme Porcupine Tree ou The Pineapple Thief, il est certain que voici une galette qui ne manquera pas de vous ravir les sens (surtout auditifs!) et j’en connais plus d’un qui trouvera ces plages plaisantes. Autant être franc avec vous, c’est loin d’être mon cas: ce progressif dit «moderne» me laisse de marbre et aurait même, au contraire, tendance à m’exaspérer. Pourtant, je me dois de reconnaître, par pure honnêteté intellectuelle, que ces musiciens maîtrisent parfaitement leurs instruments. La voix de Nic se montre parfaite pour ce genre d’exercice. La plage «Seafoam» présente même de délicats arrangements au piano tout à fait acceptables.
Je recherche cependant toujours la trace d’influences dont le groupe semble se targuer, comme Devin Townsend (on est malheureusement loin de la folie et la démesure de ce personnage haut en couleur!), Tesseract ou Meshuggah, car, même si certains passages se font plus «énervés», on est loin de la puissance de feu des artistes cités! Même le titre le plus long, «Yeti», d’un peu plus de dix minutes, ne parvient pas à me tenir en haleine malgré un beau riff à la guitare.
Si vous aimez votre pop progressive aseptisée, n’hésitez pas à écouter sur le Bandcamp du groupe ce dont ces musiciens sont capables. Par contre, pour les autres, vous pouvez passer votre chemin!
Tibère
https://nowincolouraus.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=6sC5iHwaMV0&fbclid=IwAR2RDr1SJxZkhqQ-1idhdRPe8at4AD04MDEEuzFpjpDpwlAR4s5SxLPdN-k

13/05/2019

Alan Parsons
The Secret
pop-prog – 48’31’’ – Angleterre 2019
C’est le grand retour du magicien de la mélodie douce et de la rengaine synthétisée, célèbre pour avoir été ingé-son du Floyd sur «Dark side…» et auteur d’un tube méga planétaire «Eye in the sky». Quand je dis grand retour, ce n’est pas un effet de style, en effet le dernier opus du barbu remontait tout de même à 2004 («A valid path»). L’accointance ténue mais réelle entre la soupe commerciale de Parsons et le rock prog n’est pas feinte. Au même titre qu’un Supertramp ou un 10CC, Alan Parsons évolue à la marge. Pour nous séduire, il a invité Steve Hackett en personne pour une reprise tonitruante de l’«Apprenti Sorcier» en ouverture de l’album mais aussi le folk-pop-rock singer Jason Mraz («Miracle») et l’ex-chanteur de Foreigner, Lou Gramm, pour un titre forcément rock FM («Sometimes»).
Pour le reste, vous savez ce que vous allez trouver: onze titres entre 3’22 et 5’44. C’est bel et bien un disque de chansons auquel on s’attendait, certes agréable en fond sonore, mais loin d’un idéal musical progressiste que nous n’attendions pas de toute façon, soyons réalistes… Pour être juste, j’extrais «One note symphony» joliment beatlesien avec grand orchestre inspiré et le sirupeux et mélancolique «I can’t get there from here» bien chanté par le jeune Jared Mahone, deux titres qui trouvent grâce à mes oreilles de vieux mélomane.
Voilà, pas de surprise, le Secret 2019 d’Alan Parsons est taillé pile-poil pour RTL2 et les centaines de radios FM américaines, mais je m’en doutais un peu d’avance.
Commode

https://www.youtube.com/watch?v=a7HO_nFzCNE&fbclid=IwAR3tjvml6hkuHdFdCYVLv5XFZhcBAEnjnpKc7j92BoiEar6ZVpHQ0wQUT6k

14/05/2019

Grice
One Thousand Birds
prog-rock planant – 74'10 – Angleterre '19
3e opus du capitaine Grice qui, vigie ou timonerie, cumule en maître les couvre-chefs et nous propose - je cite - sa “symphonie hivernale pour les inconsolables”.
Avouons que l’équipage de son yacht compte quelques fameux moussaillons, tel que Richard Barbieri (Porcupine Tree).
On nous invite donc poliment à embarquer avec un «One Thousand Birds» ambiant ainsi que délicat. Big Calm. Je prends mon casque puis me pose un instant... Larguons les amarres!
S’en vient un sobrement rythmé «Hardest to Reach», cousu d’une jolie mélodie menée par une voix installée confortablement sur le cuir patiné d’un vieux Chesterfield. Les eaux sont calmes, la mer transpire un flegme presque intégral.
L’on manœuvre sur le vibraphoné «Letterbomb» tout aussi low-temp, moelleux dans la voilure, tandis que «She Burns» nous secoue légèrement, lesté d’un climax ombrageux digne des Ricains de Midlake.
Le litanique, parfois monotone, «The passing» s’installe. Néanmoins certains arrangements léchés, dont de crémeuses trompettes teintées West Coast, empêchent l’ascenseur d’aller à l’échafaud.
Back to Guitars: «Hungersleep» s’effiloche en atmosphères quasi mellotroniques amenant l’évident «Whatever You Do Dont».
«As I Am» ensuite. Pop-rock & Hammond houlent un tantinet, troublant la retenue qui constituait jusqu’ici l’ADN de notre croisière. Une vague salutaire!
Mais qu’à cela ne tienne, revoilà la sérénité: «La Foresta Assente», un instrumental trip-hop aux beats marinés de percussions ethniques.
«Comfort Zone» se distingue. Pièce tant puissante qu’émouvante, ses accents «gabrieliens» la hissent au sommet de ce que nous propose le disque. Saluons au passage l’excellent travail des cordes qui terminent ici cet édifice de 9’23’’.
Plaisante ballade, le brièvement vaporeux «Steam», auquel succède l’élégant «Grace» où l’on retrouve les cornets de Luca Calabrese (qui avait déjà participé à l’album «Refractions» en 2016).
L'élégant «Saving Grace» nous ramène enfin, délicatement, à bon port.
J’applaudis, en conclusion, l’extrême homogénéité du travail accompli durant cette hiémale escapade. Un son rond, propre, contrôlé. L’ensemble, très tempéré, pêche un peu par sa longueur, mais cela se trouve largement compensé grâce à l’harmonie globale. Comme une promesse de printemps...
Néron
https://grice.bandcamp.com/album/one-thousand-birds

https://youtu.be/KVHTOnuuaEY?fbclid=IwAR3Mgc6WRnBUW6iEcUngEp-alGzDyWwlk7aVo0g1yYCLEKDXOf4Ok-nDkNk

15/05/2019

Laktating Yak
Origin Of The Yak
post-rock/zeuhl/RIO/prog – 32’10 – USA ‘19
Curieux nom que ce Laktating Yak à consonance népalaise pour une formation originaire de Houston (Texas)! Sans doute faut-il y trouver une explication dans la légende qui inspira ce concept album, le lait du Yak ayant pour les populations himalayennes une aura sécurisante ainsi qu’un pouvoir de vitalité particulièrement important.
Les premières notes nous entraînent d’entrée vers ces contrées montagneuses avec l’utilisation du didgeridoo, cousin du dungchen tibétain (longue corne de 3 mètres au son si grave), produisant un bourdon incantatoire et obsédant. Nous le retrouverons en introduction de la dernière piste («Invokation of the Yak pt.2»), accouplé avec un jeu de cymbales éthérées. Ce seront là les seuls passages un tant soit peu exotiques de l’album qui nous rappelleront, si besoin est, qu’il y est question de Népal, d’Himalaya et de Yaks.
En effet, la grande majorité du propos musical est résolument moderne, même s’il puise ses sources des années 70 à aujourd’hui.
Cela semble évident que ces jeunes musiciens ont lorgné du côté du post-rock par les accords de guitare lancinants, tantôt joués en arpège puis plaqués en déroulant un crescendo de plus en plus puissant, et des voix célestes contrebalancées par des battements de cœur joués par la basse. Les quelques interventions des saxophonistes se veulent assez avant-gardistes, s’aventurant du jazz au free, voire développant une extravagance que ne renierait pas John Zorn. C’est souvent court, mais toujours amené intelligemment, comme une espèce de déferlement salutaire après un recueillement.
Outre la rythmique solide, l’instrument qui donne la couleur à Laktating Yak est le violon. Et là, force est de constater qu’à chaque écoute, les références des heures glorieuses du progressif se bousculent. En premier lieu, le King Crimson de 72/74, avec l’excellent final de «The Errorist» qui mériterait de perdurer bien plus que ce qui nous est proposé. Même constat pour le titre suivant, «Tsak of the Yak» où l’influence de Jean-Luc Ponty et/ou du Mahavishnu Orchestra n’est pas feinte, loin de là. Morceau complet avec une progression envoûtante, puis ça devient un peu fou et dansant avec le seul véritable solo de guitare du disque.
Points culminants, «Stampede of Yak» ravira les amateurs de Zeuhl version japonaise (Koenjiyakkei), tempo élevé, écriture précise, pertinente, entêtante, et «Hidden Yak Fantasy» qui possède LA mélodie de l’album. Un régal!
À découvrir et surtout, vu le potentiel, j’attends la suite.
Arthurus
https://laktatingyak.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=5vcV9Co-q3c&fbclid=IwAR35mojZA65l7Uw33HiDJZmLDh5sWKNfWavu6570E5nxD_xFL9KDKUn4w1Y

16/05/2019

Suldusk
Lunar Falls
rock atmosphérique – 43’13 – Australie ‘19
Fondé au départ en solo par Emily Highfield, Suldusk est né véritablement en 2016. «Lunar Falls» est le premier album de cette formation australienne, qui rend hommage à la chanteuse Aleah Starbridge, du groupe Trees of Eternity, avec le titre «The Elm» (une adaptation de la chanson «Sinking Ships»).
Pour produire cet album, Emily a fait appel à Mark Kelson du groupe de doom metal The Eternal. Dès le départ, on sent très bien que l’inspiration provient de la nature; avec l'intro «Eleos», nous entrons dans une étrange forêt. Puis, sur «Solus Ipse», on s’avance un peu plus loin et on entend grogner un animal. Intervient ensuite un chant incantatoire pour conjurer l’animal mais, à chaque tentative, les grognements reviennent et finissent par terminer ce titre; peut-être, pour moi, le meilleur de l’album où la chanteuse, Emily Highfield, joue à la fois le rôle de l’incantatrice et de l’animal, ce qui est une belle performance!
À ce propos, Emily raconte qu’elle voulait «un album qui fusionne l’apaisement et le brut», même si, pour ma part, il y a plus d’apaisement que de brut. Le brut (l’animal) reviendra seulement un instant, vers les dernières secondes du dernier titre de l’album. Une autre exception: «Aphasia», belle plage de metal (le brut) symphonique (l’apaisement) où il y a un véritable mélange de sonorités. Bref, musicalement, on est plus proche de Enya (même si je ne renie pas cette interprète) que de Myrkur. Dommage, car notre chanteuse a vraiment du potentiel.
Pour le reste de l’album, on se laisse bercer par une voix vaporeuse et éthérée, un son calme et des musiques lentes.
Si vous aimez les voyages musicaux envoûtants, cela vous plaira.
La Louve
https://suldusk1.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=3SigfZSqcAY&fbclid=IwAR0UiFX7jjmgCTmPueWhzZwY-LGwFw6sekn1peIpPISspP-zsS5wYKkOBUE

17/05/2019

The Black Heart Death Cult
The Black Heart Death Cult
rock psychédélique – 43'30 – Australie '19
Le premier album éponyme de ce groupe de Melbourne a atterri dans nos écouteurs.
Le titre d’ouverture «Setting Sun» contient son lot d’influences velvetiennes, avec un soupçon de The Jesus & the Mary Chain. Cette influence va se retrouver tout au long de l’album, comme celle des Black Angels d’ailleurs.
Le chanteur possède une voix plutôt juvénile qu’il pose sur une musique assez convenue pour le genre, d’où émergent quelques soli de guitare aussi saturés que déjantés.
«The Magic Lamp» est le plus psyché de l’album, avec son lot de Tampura et de Sitar, dans une ambiance à la Stones dans «Their Satanic Majesties Request».
Le groupe semble être le plus à l’aise dans de longs morceaux lancinants tels que «Rainbow Machine» ou «Seven Gods».
Le dernier titre «We Love You» laissait présager une reprise des Stones avant écoute, mais il n’en est rien, c’est à nouveau un morceau au tempo lent dans lequel le clavier saturé tient le rôle principal.
Disque plaisant, mais qui dans l’ensemble pêche néanmoins par manque d’originalité. On est loin des innovations harmoniques et soniques des Temples par exemple.
Lyre
https://theblackheartdeathcult.bandcamp.com/…/the-black-hea…

https://www.youtube.com/watch?v=oNfFf2XIMIo&fbclid=IwAR0-OUK064vGpBoFyjj0AndKmVOcfUJr6iHJHLrJofvUwZAuQqkJtp9RKIo

18/05/2019

Todd Rundgren's Utopia
Live at the Chicago Theatre
prog-rock/pop-prog – 120’33 – USA ‘19.
Genesis l’avait fait à Rome en 2007 et The Police à Buenos Aires en 2008…
L’année de ses 70 ans, Todd Rundgren leur emboîte le pas et présente une belle compilation live d’Utopia: un long concert capté à Chicago en mai 2018.
Willie Wilcox (batterie) et Kasim Sulton (basse et chant) ont repris leur place historique aux côtés de Todd Rundgren pour nous délivrer ce best of. Le claviériste Ralph Schuckett a décliné l’offre, remplacé par l’Israélien Gil Assayas qui assure également le chant sur certains titres.
Sans surprise, l’album commence par l’emblématique «Utopia Theme», instrumental de 14 minutes. Une mise en bouche très dynamique: synthé et guitare en belle harmonie, batterie puissante, et… petit exercice d’échauffement pour le public.
On enchaîne directement avec «The Ikon», un titre au tempo très rapide que ne renierait pas Yes, incluant un petit duo sympa basse-batterie, mais un peu trop court selon moi.
Chacun de la dizaine d’albums studio du groupe étant représenté dans ce concert, on navigue ensuite entre les différents styles qui ont caractérisé la carrière d’Utopia: du prog à la fusion (intro de « Another Life»), du rock dans la tradition américaine springsteenienne («Do ya») aux rythmes plus musclés de «Back On The Street», façon Toto, en passant par une jolie ballade («The Wheel»).
Dans cette étonnante palette, quelques titres recèlent de (trop?) rares fulgurances mettant en valeur le jeu de guitare («Play This Game»), le clavier et la batterie dans les très élaborés «Overture - Communion With The Sun» et «Swing To The Right», ou encore les «vocals» bien léchés («Last Of The New Wave Riders»).
Bref, un double album plaisant et varié, qui fait la part belle à la période prog d’Utopia et nous rappelle - si besoin est - à quel point Todd Rundgren, au talent protéiforme, a pu influencer le paysage musical prog-rock-pop durant trois (cinq?) décennies.
Vivestido

https://toddrundgren.bandcamp.com/album/live-at-chicago-theatre?fbclid=IwAR1IdsZQgdjejnYwY0arEwh1fzStJI2ZkckTkNaZ4HCgFY9JElxS-ePnGwQ

https://www.youtube.com/watch?time_continue=10&v=fpPN4ztXWVQ&fbclid=IwAR37YClxRoIEtYxFEmf66uLuGAKjJfYSAluWulC5yCo6T2iei0nryXDMj5E


19/05/2019

Lucy in Blue
In Flight
prog-rock/classic-prog/psychédélique – 40’52 – Islande '19
L’Islande c’est avant tout Bjork et Sigur Ros mais ce fut naguère une scène progressive qui s’illustra par des formations comme Eik dans les années 70, et Eldberg un peu plus tard. Lucy in Blue, fort d’une carrière qui débute en 2013, et d’un premier album éponyme qui paraît en 2016, n’est donc pas né de roches stériles. L’Islande, à l’instar des Vikings du continent, s’inscrit dans une tradition progressive bien particulière, et nos 4 musiciens islandais ne dérogent pas au mythe. Par contre, là où ils innovent, c’est dans leur filiation évidente avec le rock psychédélique, celui du vieux Floyd évidemment; c’est flagrant sur certains titres, («In Flight»), mais ça n’en devient jamais une manie. Leur musique est passionnante de bout en bout, faite d’ambiances éthérées soutenues de claviers planants aux superbes sonorités «vintage», mais aussi parfois vivifiée par une section rythmique d’une efficacité remarquable («Matricide»).
Notons aussi des envolées captivantes qui lorgnent vers les classiques comme sur «Respire» où le guitariste s’inspire de «Starless» de King Crimson, ou sur «Tempest» et son incursion un peu iconoclaste vers le prog à l’italienne de Balleto di Bronzo ou Biglietto per l’Inferno. Mais, d’une façon générale, l’aura de l’album demeure dans les ambiances du prog seventies éthérées et psychés, à la manière de quelques vieux dinosaures germaniques (Grobschnitt…).
Une création lente, subtile et atmosphérique, un chant en anglais lancinant, parfois solennel. Bref, une musique qui prend son temps et qui nous demande de prendre le nôtre afin de mieux nous surprendre. En définitive, il s’agit d’un voyage vers le passé dans lequel il est jouissif de s’enrober.
Chose rare, là où d’autres voient leur château de cartes s’écrouler lamentablement après plusieurs écoutes, signe très révélateur, l’album de nos Islandais, lui, prend de la valeur, se révèle…
Centurion

https://lucyinblue.bandcamp.com/album/in-flight?fbclid=IwAR3e64DG34a_XKGEhzpngrgOqBW4EPJPqabRCqaKh5HrsbqldfNWkniXdAo

https://youtu.be/z9bYadQlkMI?fbclid=IwAR1BGzMIgovp9W7_lkxLX480WcX1yRc9oEFUzeIjssnrt3pZcFjLiVqhFeQ

20/05/2019

Six By Seven
The Bonfire Of The Databases
krautrock – 49’48 – Angleterre ‘19
Voilà un mariage musical bougrement efficace. Prenez un groupe opiniâtre qui roule sa bosse depuis la deuxième moitié des années 90. Offrez-lui les bonnes vieilles recettes d’un krautrock sans âge. Il ne vous reste plus qu’à déguster le résultat de cette fusion sans attendre. Écouter «The Bonfire Of The Databases», c’est en effet se plonger dans un univers sonore qui doit beaucoup à Cluster, Neu! ou Harmonia. Et gott que c’est bon! D’emblée, «S(O)LO» vous embarque dans une chevauchée psychelectro dont le tempo imperturbable rend hommage aux Dieter Moebius, Michael Rother, Conny Plank et autres Klaus Dinger. Toutefois, limiter cet album à un calque de l’âge d’or du kraut serait bien trop réducteur. Le groupe de Nottingham se fait fort dès le deuxième morceau d’élargir les horizons. Le chant apporte de l’humanité et de l’émotion aux textures noisy développées au fil de «Kont_rol». Il évoque ensuite, étrangement, deux plages plus tard, Public Image Limited sur le rythme lancinant de «Locked». Morceaux purement instrumentaux et chansons s'alternent ainsi avec un rare bonheur offrant une diversité dans un univers qui reste néanmoins d’une cohérence imparable. L’évolution du projet du leader Chris Olley est fascinante. Pour se rendre compte du chemin parcouru, il suffit d’aller jeter une oreille sur l’inaugural «The Things We Make» sorti en 1998 et republié en vinyle bleu pour le Record Store Day de cette année. Six By Seven est un groupe qui se renouvelle avec intelligence. Un constat qui se renforce lorsqu’on s’intéresse aux tout récents et tout aussi inspirés «Ex» (2017), «The World Hates Me And The Feeling Is Mutual» (2018) et «Abstraktion 12» (2018). Chris Olley est entré dans une phase de son travail extrêmement prolifique et définitivement hypnotique. Puisse cette orientation lui offrir une reconnaissance qui lui a trop souvent fait défaut.
Lapideus

https://sixbyseven.bandcamp.com/

21/05/2019

On The Raw
Climbing the Air
jazz-rock-prog-fusion – 53'37 – Espagne '19
Je dois bien l’avouer, je ne connaissais pas «On The Raw» avant d’avoir la mission périlleuse de faire ma première chronique pour Prog censor!
Je me suis donc empressé d’écouter leur premier album, fort réussi, «Big City Awakes» sorti en 2017, avant de me plonger dans ce deuxième opus intitulé «Climbing the Air». Alors suis-je monté au 7e ciel? Non, pas totalement, mais j’ai passé un fort agréable moment en ces terres bien connues de jazz-rock-prog-fusion qui rappelle beaucoup le style du groupe Passport, certainement à cause de la présence du sax, des flûtes et cuivres qui donnent une couleur si particulière à la musique des Catalans.
Il y a aussi quelques moments latinos comme dans le titre éponyme de l’album et son break qu’Al Di Meola ne renierait pas.
Mais pour cerner leur style, le meilleur exemple est certainement le 4e titre «Moneypenny» (mon préféré) où nous retrouvons toutes les influences de ces excellents musiciens avec des touches de blues (intro), puis jazz, puis break légèrement électro, pour se terminer avec un fort bon solo de guitare et de sax.
Je ne vais pas m’étendre plus qu’il ne faut. Vous avez compris, nous ne sommes pas loin d’un très bon disque, mais j’ai un petit bémol: il me manque une touche de modernité, des apports plus novateurs pour me faire le même effet que sur certains morceaux de Snarky Puppy, de Protocol et de bien d’autres grands groupes de fusion.
Je vais attendre le troisième album de On The Raw avec impatience car, à n'en point douter, il sera encore meilleur.
Trajan
https://ontheraw.bandcamp.com/album/climbing-the-air

https://www.youtube.com/watch?v=nb7HTQeJtPo&fbclid=IwAR0aNZwLcqhhBcZxBzJErDzHI6FNmQAyYpZpun4aPBv5u13OvujFZ_V6PUg

22/05/2019

Steve Hackett
At The Edge Of Light
prog-rock symphonique – 54’30 – Angleterre ‘19
Steve Hackett nous offre, avec ce vingt-cinquième effort solo en studio, une œuvre poursuivant la démarche entreprise cinq ans auparavant avec «Wolflight». Toujours assisté de son complice de longue date Roger King à l’écriture, aux arrangements, aux claviers et à la production, Hackett nous invite à arpenter des territoires jamais très loin des sentiers battus. Les premières notes de târ donnent une teinte moyen-orientale à l’ouverture de «Fallen Walls And Pedestals», teinte qu’on retrouvera sporadiquement tout au long de l’album. On plonge rapidement dans un univers où s’entremêlent violons indiens et riffs hard à travers lesquels s’infiltre la guitare incisive de Hackett. Après cette intro instrumentale coup-de-poing, on enchaîne avec «Beasts In Our Time», une pièce qui nous ramène en plein cœur de la cour du roi Crimson, alternant passages acoustiques et échanges musclés faisant la part belle aux envolées guitaristiques. Le ton est donné: on a affaire à du prog très conventionnel, mais très inspiré et joliment bien foutu. «Under The Eye Of The Sun» - gros clin d’œil à Yes - profite de l’impétuosité de Jonas Reingold (Flower King) à la basse. La plus longue pièce de l’album, «Those Golden Wings», mettant en valeur les talents d’arrangeur orchestral de Roger King, relate la relation amoureuse de Steve Hackett et sa femme. L’artillerie lourde est largement mise à contribution sur ce titre: passages symphoniques, chorale réminiscente des chants médiévaux, soli de guitare aux notes soutenues et plaintives, fréquents changements de tempo et de timbre. «Shadow And Flame» nous ramène les violons indiens dans un raga pavant la voie au sitar de Sheema Mukherjee. «Descent» reprend le motif rythmique du «Boléro» de Ravel dans cette deuxième pièce instrumentale, évocation des peurs et cauchemars qui nous hantent. «Peace» conclut sur une note positive un album où la guitare est omniprésente, toujours juste, à sa place, touchante, au service de l’œuvre plutôt qu’opportuniste. Le talent de Hackett, comme un bon vin…
Ugo Capeto
Album non disponible sur bandcamp

https://youtu.be/pApZ15HM10E?fbclid=IwAR0aNZwLcqhhBcZxBzJErDzHI6FNmQAyYpZpun4aPBv5u13OvujFZ_V6PUg

23/05/2019

In Continuum
Acceleration Theory
prog-rock – 62’15 – USA ‘19
Flashback: en 2013 sortait «Dimensionaut», l’excellent premier album de Sound of Contact, projet monté par le batteur Simon Collins (oui, le fils de) et le claviériste, arrangeur et producteur Dave Kerzner. Le second album se faisait attendre et pour cause… «In Continuum» est le nouveau groupe de Dave Kerzner et sort cet album qui reprend une partie du matériel composé pour le second album de «SOC» qui ne verra donc jamais le jour.
La différence est que In Continuum se présente comme un vrai groupe avec un line up alléchant incluant notamment Matt Dorsey, déjà bassiste sur «Dimensionaut» et l’inévitable Marco Minneman à la batterie. Ajoutez à cela Steve Hackett, Steve Rothery et Jon Davison comme invités (entre autres); le programme s’annonce donc plus que prometteur. Mais, comme souvent dans ce genre d’entreprise, le ramage vaut-il le plumage?
Ici, la réponse est oui sans réserves! Dans un style relativement classique, les compositions s’enchaînent avec brio et avec une variété et un allant qui évitent l’ennui à un seul moment. Bien que les morceaux soient relativement courts (à l’exception des 11 minutes de «Hands of time»), on est emporté dans cet album comme dans un space opera avec ses moments calmes, ses envolées et ses moments de bravoure. Les mélodies sont soignées, la production est étincelante sans être oppressante. Le style rappelle bien sûr Sound of Contact mais fait parfois penser également à l’album «Calling all stations» de Genesis. Les interventions des deux Steve sont également à propos et donnent une couleur vraiment intéressante à l’album.
Aucune faiblesse donc? Oui et non; plutôt une réserve pour le chant. Le chanteur Gabriel Agudo n’a fondamentalement aucune faiblesse; il chante juste, en place, et son chant est bien intégré à l’ensemble. Je trouve toutefois qu’il manque de relief et de personnalité; c’est le type de voix mille fois entendue dans le prog et cela n’apporte pas une touche d’originalité qui pourrait faire la différence.
Passé cette (petite) réserve, ne boudez pas votre plaisir. «Acceleration Theory» est un excellent album; le genre d’album dont le prog a besoin pour se faire une place auprès d’un public plus large. Donc, foncez!
Amelius
https://sonicelements.bandcamp.com/…/in-continuum-accelerat…

https://www.youtube.com/watch?v=tTo3h5NooQs&fbclid=IwAR1ngZU7O0GPfQsFT53o3ldttQFCLgdyxXgy0cmbJPCRJMTdaLn341JUZiA

24/05/2019 : Album du mois

Galaad
FRAT3R
prog-rock fougueux – 46’27 – Suisse ‘19
Le grand retour, celui qu’on n’espérait pas, surtout après les deux albums solo du charismatique Pierre-Yves Theurillat (alias PYT) qui avaient favorablement comblé le manque. On retrouvait la voix du chanteur de Galaad, bien entendu, mais sans les compositions de tout un groupe. Ici, on retrouve le plaisir combiné des deux! Et l’organe puissant du chanteur et le rock progressif tout feu tout flamme de la formation du Jura suisse. 24 ans plus tard, c’est le grand retour d’une formation qui éclaira la scène francophone par deux disques éblouissants: «Premier février» en 92 et «Vae Victis» en 95. Comme si rien n’avait changé, on prend presque les mêmes et on recommence: Sébastien Froidevaux à la guitare, Gianni Giardiello aux claviers, Gérard Zuber à la basse, Laurent Petermann à la batterie et Pierre-Yves Theurillat au chant. Ce dernier, véritable Fish helvétique, avait déjà réuni son petit monde en 2016 pour quelques concerts de retrouvailles et célébrer le bon temps. L’écriture de l’album a, en fait, commencé fin 2017 et l’aboutissement est enfin là entre nos mains fébriles.
Autant le dire de suite, Galaad n’a rien perdu en route et la fougue, le panache, sans oublier une certaine technique, sont là, tout frais comme en 95, tels un équivalent au miraculeux «Vae Victis»… Passant de la douceur acoustique aux pires furies vengeresses, Galaad commence fort avec «La machine» qui sera comme l’étalon auquel se raccrocher à l’ensemble de l’album. Tout est déjà là d’entrée de jeu: chant mélancolique puis rugueux et rugissant, guitare de Froidevaux s’envolant à la moindre occasion dans de déchirants soli à la Rothery et nappes de clavier de Giardiello tissant avec vigueur une trame indéchirable. On retrouve d’emblée ce qui suscitait la magie qu’on appréhendait! S’ensuit le titre le plus court, «Moloch», un instrumental puissant de 2’34 estomaquant et furibard, puis «Kim», morceau à la rythmique chaloupée, sillonné d’un synthé et d’une guitare s’entrelaçant à merveille. Mais il est temps d’aborder la tuerie du CD, le pilier de l’album, le colossal «Stone», plus long titre à l’atmosphère lourde et intense qui va finir par déchaîner les foudres d’un enfer progressif avant de revenir à de plus mélancoliques sentiments. Break sur break tout en respectant les canons de la partie chantée. «Justice» possède un petit côté «Rammstein fait du prog» surprenant mais «Merci» débute déjà sur des arpèges hindous avant de développer la marque de fabrique des Suisses: un rock surpuissant porté par un PYT dont l’organe a mûri, plus chaleureux, plus évocateur. «Encore!» laisse la part belle aux échappées guitaristiques jusqu’à déchirer la paroi émotionnelle qui résistait encore. Et on finit par un «Frat3r» où PYT évoque des accents à la Tristan Décamps (des frontaliers!) pour une apothéose qui installe Galaad au sommet pour un come back parmi les plus réussis de la petite histoire du rock!
Définitivement mon album du semestre, «Frat3r» bouleverse et propulse Galaad au rang d’un Ange suisse. Le compliment n’est pas mince, les Jurassiens ont pris de la bouteille et l’ont jetée à la mer. Nombreux sont ceux qui vont en déchiffrer les secrets contenus avec délectation et éblouissement… Ne manquez pas les concerts de l’automne (Bordeaux, Paris, Lyon).

Commode

https://itunes.apple.com/ch/artist/galaad/202927406?l=fr

https://www.youtube.com/watch?v=3G6B7Qy2tLY&fbclid=IwAR05ml6wi22TriEwlVpcwNI0CnHngVeW_sD0_gq4xHPe6L0kB6xN82IvNtQ

25/05/2019 : Les Samedis étranges

A Flying Fish

Carnival of souls
prog-rock/dark-prog/avant-prog – 35’53 – Mexique ‘19
L’inconcevable est arrivé, Devil Doll est ressuscité !... mais cette fois il est mexicain. Devil Doll, le groupe italo-slovène, fut une parenthèse dans l’univers musical des années 80/90. Quatre albums mythiques, (cinq si on compte «the Sacrilège of Fatal Arms» de 1993), qui, à l’époque, provoquèrent quelques dithyrambes affolants de la part des «scribouillards» du petit monde progressif. «The Girl who was Death» en 1989 et «Dies Irae» en 1996 demeurent encore aujourd’hui deux des meilleurs albums de l’univers progressif. Alors, quand il s’agit de s’inspirer de ce groupe légendaire, il faut être à la hauteur. Certains ont essayé, ils ont eu des problèmes. Penitent par exemple, et son «Songs of Despair» en 2002. Mais parfois il faut noter quelques bonnes surprises; ce fut le cas en 2014 avec l’album «The Phantom Of The Opera» du groupe The Laze, que je vous conseille vivement. Avec «A Flying Fish» il ne s’agit pas de s’inspirer, de revendiquer une filiation ou même de piquer quelques éléments sonores, mais (comme le précise lui-même Raul Guerra Jiménez, alias Râhoola, sur Bandcamp) de rendre hommage au célèbre groupe du Mr Doctor. Et je dois dire que c’est une totale réussite. A Flying Fish c’est comme Devil Doll, et jusqu’au moindre détail, un mimétisme effarant. On est totalement dans le rock aux ambiances ténébreuses, iconoclastes, où la grandiloquence côtoie le minimalisme, où l’aventure sonore complexe se marie aux climats gothiques. Le musicien s’en explique: «J’ai voulu rendre un hommage à chacune des structures, à chacun des albums de Devil Doll». Et Râhoola gère tout ça, tout seul: musique, paroles, arrangement, voix, claviers, piano, guitares, basse, chœurs, programmation. Si cet objet est un clone parfait de Devil Doll, sa seule composition constituée de 33 fragments (dites 33, Mr Docteur, ça ne s’invente pas) est bonne mais n’atteint pas forcément le génie de celles du Maître dont l’étincelle sublime balayait constamment les œuvres. Râhoola compense un peu ce manque bien compréhensible en développant dans son «carnaval des âmes», une dimension rarement explorée par Mr Doctor, à savoir l’humour, ou du moins une certaine forme de dérision que l’on découvre par petites touches discrètes. En conclusion cet album est bluffant. Et comme les fous de Devil Doll ont définitivement fait le deuil d’un nouvel album du Mr Doctor, ce «Carnival of souls» va, très certainement, les titiller. C’est mon cas.
Centurion
https://aflyingfish.bandcamp.com/album/carnival-of-souls

https://www.youtube.com/watch?v=E4AVL0zxTAo&fbclid=IwAR2ITFDKzhW1PPif_v3Xjvia1cbCrUs2-QB652D81naPzd5tBgmPULaNp50

Dronte

Quelque part entre la guerre et la lâcheté
post-métal acoustique – 46’29 – France ‘19
Dronte est un oiseau disparu, mieux connu sous le nom de «Dodo». Mais c’est également la réunion de sept musiciens parisiens, produisant avec des instruments acoustiques une musique à l’esthétique métal, mais très loin des carcans classiques du genre, car ils n’hésitent pas à mélanger des ambiances planantes et mélodiques avec des passages énergiques, massifs et parfois bruitistes. C’est ainsi qu’ils se définissent! On trouve donc Nicolas Aubert à la guitare, Benoît Bedrossian à la contrebasse, Ève-Rosemarie Boulada au saxophone, Frédéric Braud au chant et bâton de pluie, Lucas de Geyter à la batterie, Camille Segouin au vibraphone et aux percussions, ainsi que Grégory Tranchant à la guitare. Comme vous pouvez le constater, la palette instrumentale est alléchante! Mais qu’il me soit permis de vous mettre en garde: ne vous enfuyez pas à l’écoute du titre introductif, «Champion en série», car le chant est d’entrée de jeu guttural et je sais que cela rebute nombre de progueux! Pourtant ce chant est souligné par une belle ligne au saxophone. Pour profiter de ce CD, il faut s'imprégner de la musique sans tenir compte du chant qui se fait quand même parfois clair! Roulements de tambour et «Théâtre du vacarme» entame sa sarabande (Par la fenêtre ouverte…). La guitare acoustique se fait délicate sur «Sarcophage du succès»: on y entend même par moments le toucher du guitariste sur les cordes (j’ai toujours adoré entendre ces glissandos!). Musicalement, ces gars sont très forts! Sur «Un orage…», le xylophone se fait enchanteur. Je vous le rappelle, on est très loin du métal, si ce n’est que par le chant! Les orchestrations donnent même un aspect presque jazzy du fait de l’emploi du saxo! On quittera, à regret, cet album sur une courte plage instrumentale à la guitare acoustique, «… et puis plus rien», de toute beauté!
Bien que je réserverai «Quelque part entre le guerre et la lâcheté» aux plus ouverts d’esprit d’entre vous, c’est, à mon sens, un must absolu. Vivement que ces musiciens se produisent en concert!
Tibère
https://dronte.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=ExSV_MzWXDs&fbclid=IwAR0IyDa9BCqu7lKAX_FAEwj3WsGY3Isa3bTHlVJoUtlYrHWA5zrtZ9DAob4

Przepych

Regresarabas
math rock – 45’15 – Pologne ’19
Je suis toujours surpris de la référence à Steve Reich qui est habituellement mise en avant pour parler de math rock. Bien sûr, sa musique, minimaliste, se préoccupe abondamment du rythme: n’est-il pas à l’origine, avec Terry Riley, du phasing (décalage temporel d’un motif répété en boucle), ainsi que des techniques additive ou soustractive (une note ajoutée ou enlevée dans un cluster récurrent), ou aussi d’œuvres telles «Drumming» ou «Clapping Music» (les instruments? 4 mains), dont le rythme est l’unique raison d’être? Mais le contraste mélodique est frappant avec les tenants actuels - peut-être plus fondamentalistes - du genre, tel le duo polonais (batteries / guitares) Przepych, un des nombreux groupes à répéter ardemment à l’underground CRK (Centrum Reanimacji Kultury) de Wrocław, tout à ses structures et métriques atypiques, complexes - voire arides. Le credo? L’ascétisme versus la redondance. La technique réduite au minimum et la forme étirée au maximum. Des moyens riquiqui, une expressivité maxi. Bon, ça demande confirmation. Deux choses pour conclure. La première: l’intro de «Choroby To Podróże Ubogich» s’inscrit bien dans le courant minimaliste, canal historique Riley. La deuxième: à qui renvoie le titre de ce premier album, qui signifie en espagnol «tu es revenu»?
Auguste
https://przepych.bandcamp.com/album/regresarabas

https://www.youtube.com/watch?v=cisKQx8p_n8&fbclid=IwAR0Ah5a_5p7kFUO45m9deZXAHYU1uqAlWqNy5G88z9nVf7PdMjAm31hc_JQ

Evi Vine

BLACK//LIGHT//WHITE//DARK
trip-prog – 36’64 – Angleterre ‘19
Film noir. Trenchcoat sur la plage où je traîne les pieds, loin d’mon Rat Pack.
Soudain, le chant troublant d’une sirène qui rappelle la beauté dépressive des exploits de Beth Gibbons me happe et m’oblige à braver la marée. Cette mélopée éclatante, lunaire, plane dessus l’éther. Atmosphère d’un dépouillement énigmatique au service d’une poésie «littorale», littéralement incarnée par notre héroïne: Evi Vine. Rencontre singulière. Le Dux Bellorum m’a de nouveau envoyé planer en zone humide, me dis-je à ce stade!
Je prends cependant goût à sa voix veloutée émanant délicatement des guitares poisseuses, lorsqu’un «Sabbath» m’explose la cochlée en bonne et due forme. Alternant les powerchords poussiéreux aux ambiances sombres dignes d’un Massive Attack lesté, ce mégalithe se dresse majestueux. La puissance bourdonnante des distorsions fait ensuite place à la légèreté, le plomb à l’or.
Je pénètre alors dans un sanctuaire où siège, écrasé par l’immensité du lieu, un vieux piano fantôme martelant religieusement tandis que la belle me susurre une bien funeste histoire. Pieuse écoute, hypnotique, si bien que je n’sais vous dire comment ce vaste dôme prend congé de votre serviteur.
Me voilà maintenant planté à l’entrée d’un couloir immense au fond duquel l’installation de quelque ersatz de Richard Pinhas tartine les volumes d’un épais ronronnement. À moins que quelqu’un n’ait oublié d’éteindre l'aspirateur? Transpercé du souffle granuleux de cette vielle à roue, je trouve le temps long. Ma caverneuse escapade s’efface malgré tout, insensiblement. Les murs disparaissent, laissant place aux astres.
Sous mes pieds, les feuilles mortes. À l’orée d’une forêt baignée de la lumière bienveillante des constellations, l'ensorceleuse m’invite à danser au battement lourd d’une énième chanson triste. Le vent se lève, tout s’accélère. Tourbillonnant ensemble sur de paroxystiques effets post-rock, moment de communion qui s’estompe enfin... me laissant seul au sol, inconscient.
Me réveille face contre sable. Je fouille mes poches. Clopes trempées! Je jure. Mêm’ pas l’courage de m’lever pour aller récupérer mon stetson. Drôle de songe, drôle d’affaire!
«Black Light White Dark», titre on ne peut mieux choisi pour évoquer les contrastes aventureux de l’étincelante ténébreuse.
Mme Vine, depuis le folk ambiant de «...And So The Morning Comes» en 2011, assied son style unique avec cet espace préservé, propice à l’introspection. Troublante expérience!
Néron
https://evivine.bandcamp.com/album/black-light-white-dark

https://www.youtube.com/watch?v=hGf_smOurpI&fbclid=IwAR3XlAdTHiiRMJGEiHp5si3keXKgVMuHmSM62RpFidunP9stb0Ehx8kCfyo

Public Memory

Demolition
dark ambient électro – 39’42 – USA ‘18
«Demolition» est le second album solo du New Yorkais Robert Toher qui a fait partie des groupes Eraas et Apse. Sur un canevas trip-hopien, et donc une rythmique apaisée qui ne monte jamais dans les BPM, Robert pose d’emblée un climat enveloppant. À coup de synthés extrêmement travaillés, il impose une atmosphère sombre qui flirte parfois avec l’industriel, la new wave et bien évidemment la Kosmische Musik. Rien qui ennuie, pas de maniérisme mais un vrai travail sur les rythmes qui ont été cisaillés pour un résultat mature et harmonieux. Par ailleurs, tout cela pose les fondations sur lesquelles un véritable talent mélodique peut s’exprimer. Des superpositions de synthés aux petits oignons où le travail de titan opéré en studio aboutit à un ensemble d’une densité admirable. C’est sombre, grandiose et triste à la manière d’un Portishead période «Dummy». La voix de Robert, éthérée, travaillée en studio, est utilisée comme un instrument, n’occupant pas l’avant-scène, elle contribue aux atmosphères, son timbre androgyne évoque un croisement entre Ian Curtis et Beth Gibbons, même si elle est mixée plus en retrait par rapport à ces deux chanteurs. Quelle émotion d’une sublime tristesse contenue! À chaque écoute les morceaux apparaissent plus construits et on ne peut que constater une incroyable capacité à créer des ambiances dans lesquelles on ne peut que se plonger, un peu comme Boards of Canada parvient à le faire… Par moments, certains passages m’évoquent même le grand Devil Doll comme sur «Falsetto»… Nombreuses sont les sorties d’albums solo d’artistes qui n’utilisent que des instruments électroniques, il peut être facile de produire quelque chose de valable en s’orientant vers le rythmique mais lorsqu’il s’agit de faire un choix plus atmosphérique/mélodique, les productions réussies sont beaucoup plus rares. Public Memory a réussi un coup de maître!
Eutropius
https://publicmemory.bandcamp.com/album/demolition

https://www.youtube.com/watch?v=EZLWvS453wA&fbclid=IwAR04yQuu8Gawa6ao_AG78yPVz9uS7dIfy5FcfFx2WrC3Mv-qY_s57kreWYo

26/05/2019

The Mute Gods
Atheists and Believers
crossover-prog – 57'21 – Angleterre ‘19
Voici donc déjà le troisième opus de Mute Gods. Pour rappel, ce groupe est formé par l'ex-bassiste de Kajagoogoo, Nick Beggs, qui fit les beaux jours de la new wave dans les années 80. Complice de l'ex-Porcupine Tree, Steven Wilson, avec qui il enregistra ce qui est pour moi l'un des chefs-d'œuvre du prog moderne «The Raven That Refused to sing» du déjà nommé Wilson. C'est durant les sessions d'enregistrement de celui-ci qu'il fait la connaissance du batteur Marco Minnemann. Une tournée plus tard, l'idée pour les deux hommes devient une évidence: ils sont faits pour jouer ensemble! Très vite le claviériste de Steve Hackett, Roger King, les rejoint, The Mute Gods est né. En 2016, sort leur premier album «Do nothing till you hear from me». Il est très bien accueilli et salué par le public et la presse, séduits par la musique et la qualité des textes de Beggs. Un an plus tard, «Tardigrades will inherit the earth» confirme les espoirs de chacun. Restait donc à franchir le pas tant redouté du troisième album qui est souvent celui de la consécration ou... Pour mettre les chances de leur côté, ils font appel à des amis prestigieux et talentueux: Alex Lifeson de Rush, Graig Blumdell de Frost et Rob Townsend du groupe de Steve Hackett. Et la musique dans tout cela? Et bien c’est un mélange plutôt réussi de pop rock, surtout sur les trois premiers titres de l'album. Après, ça se cherche sans vraiment briller mais sans décevoir non plus. Un album qui devrait plaire aux amateurs de bonnes mélodies, à ceux d'entre vous pour qui une tentative de mélodie commerciale n'est pas un crime, et pour qui le prog ne se résume pas à de longues plages musicales de 15 à 20 minutes. Je suis de ceux qui pensent qu'il est plus difficile de faire des morceaux courts de 4 à 5 minutes avec des mélodies imparables que des longueurs démonstratives qui, en fin d'écoute, nous laissent peu de souvenirs.
Si vous pensez comme moi, cet album est pour vous.
Tiro
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=yCMGNS9XmuE&fbclid=IwAR1Hv56rg1AxEdj1V9cAg-nridW6jErc2EYdze5JJk_R8C5kWEPrX2QC2Nc

27/05/2019

The Neal Morse Band
The Great Adventure
prog-rock – 103'39 – USA '19
S.O.S. Le Morse revient avec un nouveau disque «The Great Adventure». Après avoir sévi chez Spock's Beard et Transatlantic, Morse s'est offert une transat en solitaire, si je puis dire. Comment qualifier son œuvre? Power/prog/épique/chrétien/pompier? Ce dernier opus composé de deux CD, ne déroge pas à la règle, toujours cette furie créatrice composée de bribes de mélodies inspirées, de soli de guitares sauvages, de batterie marteau-pilon, d'harmonies vocales millimétrées. Quelle complexité dans la construction des morceaux! Entre deux morceaux longs et ennuyeux, on se refait une santé par des titres plus calmes, pour repartir de plus belle vers une profusion de phrases musicales grandiloquentes. On s'accroche à une mélodie pendant quelques secondes et hop, monsieur Morse s'attaque à un autre thème! Cet album est basé sur le livre «The Pilgrim’s Progress» («le Voyage du Pèlerin») de John Bunyan. Cependant, à l'image de l'empereur Joseph II s'adressant à Mozart, on pourrait reprocher à Neal Morse: «C'est une musique formidable, mon cher Morse, mais il y a cependant quelque chose... il y a, je pense, trop de notes dans cette partition». Si vous n'êtes pas sujet à la crise de foie et aux migraines, vous pouvez consommer ce double CD, avec modération. Personnellement, je trouve cet album particulièrement indigeste, c'est mon humble avis et je le partage!
Claudius
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=hcq6xc26WQI&fbclid=IwAR16qjK6wU6pDzK7m8Fa0hevUMbHtiS__sf0h0YO2VZLU1zoTaT8bAhXEJQ

28/05/2019

Subaltern Project
A Vision in Exile
post-rock/crossover-prog – 52’29 – États-Unis ‘19
Une grande surprise ce deuxième album de Subaltern Project «A vision in Exile»! Ce groupe nous vient de Lancaster en Pennsylvanie (USA). À la première écoute, cela m'a fait penser à Hollowscene (groupe italien) et à leur excellent album éponyme sorti en 2018. La voix de Jeremy Graeff est assez prédominante sur l'album, évoquant un mélange de Richard Sinclair et de Claudia Brucken de Propaganda, mélange nonchalant et assez sympa. Je peux difficilement classer le groupe dans un style prédominant car l’album contient du post-métal, du stoner, du post-rock, du psyché, le tout en harmonie. Donc, pour être sûrs, classons ça dans le crossover-prog. L'album est assez égal, les musiciens font preuve d'une excellente maîtrise artistique du début à la fin. Ici, trois morceaux dignes d'une playlist annuelle voire intemporelle («Breaking», «Babylon's Fall» et «Witness») se démarquent et offrent une atmosphère sérénissime! Pour la note ça sera un bon 3, proche des 4. Allez-y, foncez...
Younnix
https://subalternproject.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=I6l5iSgUHkQ&fbclid=IwAR0XHirL4vnSfjs6KAIq62NdngwHklZoYMahecxjUMCSZWWpTqWc0RJSqwY

29/05/2019

Skylake
In Orbit
heavy-prog/crossover-prog – 44'34 – Pays-Bas '19
Skylake est un groupe Hollandais qui nous sort son premier album «In Orbit».
On pourrait qualifier Skylake de groupe de rock mélodique aux accents prog: tantôt des riffs puissants de guitare qui vous feront inévitablement secouer la tête à la façon de Porcupine Tree, tantôt des rythmiques planantes et envoûtantes semblables à un doux moment de rêve, à l'instar du groupe Anathema. La douce voix de Suzan van den Engel y contribue amplement.
Sur le premier titre «The storm», nous avons un bon exemple de la puissance rythmique de Bart Laan, le guitariste du groupe, qui par moments est à la limite du hard tout comme sur le titre «Prisoner».
Pour moi, «Crossroads» est le titre le plus emblématique de cet l’album où la section rythmique, composée de Arjan Laan à la batterie et de Charlie Feld à la basse, peut largement nous faire découvrir son feeling technique. On part d’une ballade pop en traversant un passage rock pour arriver dans un prog chatoyant et le tout sans aucun déséquilibre.
Un premier jet très prometteur avec une base de travail très solide. Un pop-rock-prog varié plein de fraîcheur. Petit bémol, aucun risque n’est pris tout au long de l’album, mais il faudra les suivre dans la suite de leurs aventures musicales avec attention!
Vespasien
https://skylakeband.bandcamp.com/album/in-orbit

https://www.youtube.com/watch?v=0pQbTDq-oXM&fbclid=IwAR0eHYXeHxiCjZpM7mDGRb1hb6utMpMJJe_MhvsMa54kBDuABDz8Ir4ojQM

30/05/2019

Kinetic Element
The Face of Life
prog-rock symphonique – 46’25 – USA ‘19
Un groupe américain qui sonne comme des groupes européens, la chose est plaisante! Il s’agit même d’un progressif de très haut niveau. Le groupe en est à son quatrième album depuis sa création en 2006 (si l’on compte «Starship Universe», pièce solo de Mike Visaggio (leader et principal compositeur de cette entité – il est présent dans le monde de la musique à partir de 1962, dans différents groupes de cover, mais aussi au sein de Randori et Innervision, c’est lui qui officie aux claviers et au chant). À la batterie et chant, on trouve Michael Murray, tandis que les guitares sont l’apanage de Peter Matuchniak. La basse est tenue de main de maître par le polonais Mark Tupco et Saint John Coleman est le chanteur principal de Kinetic Element. Parmi les quatre titres formant cette plaque, deux sont des épiques de seize («All Open Eyes») et presque vingt minutes («Face of Life»)! La plage d’introduction, «Epistle», de près de sept minutes, plante immédiatement le décor: l’ombre des grands anciens plane au-dessus de la tête de ses talentueux musiciens! C’est par un superbe chœur (je suppose à trois voix), délicatement soutenu par quelques notes de clavier que débute «All Open Eyes». Rapidement les touches se font virevoltantes pour nous emmener dans des développements dignes d’un Genesis par exemple. Quoique Yes pointe également son nez par instants… «Face of Life» nous enveloppe pour sa part de superbes nappes semblant émaner d’un mellotron propices aux voyages rêvés! Mais les guitares ne sont pas en reste: Camel n’est jamais très loin de ces entrelacs! Les mélodies au chant (parfois à plusieurs voix ici aussi) se montrent prenantes et restent en tête. Après un passage des plus aériens, Yes nous revient aussi bien au niveau du chant que des orchestrations. Les derniers mots («Last Words») de cette plaque nous permettent de quitter notre (agréable) torpeur tout en douceur. N’hésitez en aucune manière: allez découvrir Kinetic Element, vous ne serez en rien déçus!
Tibère
https://kineticelement.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=Fntg6eqrH9Y&fbclid=IwAR0l0ejpO_q2RUHpJphNUrs-EqlBEB_DWw3h1WlTRRwDnQfoVUC4zd9vt3o

31/05/2019

Amon Acid
Amanesh
rock-psychédélique – 55’47 – Angleterre ‘19
«En fait, nous ne pensions pas que quelqu’un pourrait aimer nos démos faites maison avant que nous ne publiions notre premier EP sur le web.» Amon Acid est du genre modeste. Sorti début d’année, le quatre titres évoqué rassemblait déjà les qualités qui nous font apprécier le premier album de ce duo basé à Leeds. «Doumani», placé en ouverture de l'EP, déroulait ainsi une mélopée psycho-exotique d’excellente facture entre arabesques hypnotisantes et périple initiatique dans le désert. «Aman Ariman», premier morceau du LP «Amanesh», est l’évident prolongement de cette composition, une invitation parfaite au voyage. Au fil des plages, les ambiances se diversifient, se défiant des étiquettes avec une créativité qui fait plaisir à entendre. Sur ce point, le groupe s’est confié à Prog censor. Lorsque nous avons demandé au duo quels étaient ses héros musicaux, les noms se sont alignés en mode inspiré: «Nous avons des goûts musicaux terriblement variés. Parmi nos héros, il y a Hawkwind, Black Sabbath, Parliament, Funkadelic, Can. Nous écoutons aussi pas mal de groupes psychés et garage des années 60 comme 13th Floor Elevators ou Electric Prunes, mais également de la musique world psychédélique genre Zamrock ou Erkin Koray.» Faut-il s’en étonner? Tous ces noms viennent à l’esprit quand on écoute «Amanesh». On entend ces influences multiples s’entrechoquer avec jubilation. Pas de surprise donc, lorsqu’un «Bare Witness» marie du spoken word à un orgue aux sonorités très garage, lorsqu’un «Abstract Space» dispense des lourds riffs à la Iommi ou lorsqu’un «Through the Forest» invente une espèce de dub ottoman. «Nous pensions que l’utilisation de l’électronique et la diversité allaient déranger les gens. Finalement, c’est l’inverse. Nous faisions ça uniquement pour nous et, au bout du compte, les retours extérieurs sont extrêmement positifs, loin de notre premier sentiment». On ne peut qu’encourager Amon Acid à creuser le sillon. Pour peu qu’on ait l’esprit musical ouvert et l’envie de goûter à une œuvre en devenir, leur album réserve quelques belles surprises comme ce «Synaptic Flow» à l’énergie psych-punk-garage bien sentie. Objectif du duo? «Élargir la formation pour s’attaquer à la scène». Tiens, et «Amon Acid», c’est un hommage à Amon Düül? «Pour être honnêtes, nous ne connaissions pas Amon Düül avant de sortir notre EP. On s’amusait juste à faire des combinaisons de termes. Le nom du démon Amon nous a plu, on l’a associé à Acid, ça nous a fait rire et voilà. Depuis, on a écouté ce groupe et on l’adore.» On peut prendre ça comme une bienveillante et révélatrice coïncidence.
Lapideus
https://amonacid.bandcamp.com/album/amanesh

https://www.youtube.com/watch?v=81szlhZYCyU&fbclid=IwAR3TqDIgdNZHx3cOwIx26EHLzZ7CcExyu23EinPhLvZtltq8oCYnawe43nw