Novembre 2020

01/11/2020

Runaway Totem
Multiversal Matter
rock progressif – 73’15 – Italie ’20
Trente ans après, «Multiversal Matter» est l’album du retour chez Black Widow. Du groupe fondé au siècle dernier – même s’il revendique une existence aussi ancienne que celle du cosmos, Runaway Totem est non seulement né quelque part (à Riva del Garda), mais aussi à un moment donné (en 1988) –, reste Roberto Gottardi (alias Cahål de Bêtêl), ses guitares, ses synthétiseurs, son Mac, ses bidouillages électroniques, qui s’est, cette fois, acoquiné avec Raffaello Regoli (alias Re-Tuz), sa voix, ses claviers, son duduk (un hautbois du Caucase). La demi-heure de «Dark Matter» ouvre, avec la prévenance raffinée de qui prend le temps de se développer, ce nouvel album de zeuhl cosmique à l’italienne, aux textures riches, aux couches sonores multiples, au chant prégnant, où «Korath Matter» occupe la branche kobaïenne, «Universo Di Sfere» la ramification interstellaire, «Le Scale Oscure» la jonction opératique contemporaine, «Paesazione Sonora» l’amalgame sonico-vocal et où «Deorum Matter» représente le greffon dispensable.
Auguste
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=uhm1h5ZtsIA

02/11/2020

Windom End
Perspective Views
rock progressif/néo progressif – 49’14 – Suède ‘20
Formé par un ancien bassiste de In Mourning, Pierre Stam, et un ex-batteur de Moon Safari, Tobias Lundgren, la formation suédoise Windom End nous propose ici un premier album qui va puiser ses influences directement au cœur des 70’s. Musique complexe, variée, mais également empreinte de modernité.
On passe un excellent moment à l’écoute des 6 morceaux de ce «Perspective Views» délicieusement vintage grâce à l’utilisation de claviers aux sonorités d’époque. Des mélodies intenses rappelant Yes dans «the Dream» ou encore IQ avec des titres tels que «Starless» et «Walk This Way»; bref du prog comme j’aime!
À aucun moment on ne s’ennuie à l’écoute de ce premier album. Une musique jubilatoire à l’image du titre «Révolution», un pur condensé de 40 ans de progressif.
Un album sans point faible. J’attends la suite avec impatience!
Tiro
https://windomend.bandcamp.com/album/perspective-views

https://www.youtube.com/watch?v=omhsj_neFOo

03/11/2020

The Black Noodle Project
Code 2.0
post rock atmosphérique – 44’36 – France ‘20
Au départ, The Black Noodle Project est une initiative musicale solitaire de Jérémie Grima. C’est en 2002 qu’il s’entoure de musiciens pour que ce projet devienne un véritable groupe aujourd’hui auteur d’une longue et fructueuse carrière de huit albums (plus un live en Pologne) dont le dernier en date est sorti en juin, «Code 2.0»… La plupart d’entre vous ont donc dû entendre parler de The Black Noodle Project au moins une fois ou l’ont écouté. Guitariste et chanteur avant tout, J. Grima a très vite retrouvé son vieux pote d’une précédente formation (Stereoscope), Sébastien Bourdeix, pour développer un rock atmosphérique basé sur une guitare et une basse heavy contrebalancée par des claviers symphoniques, générant un paquet d’émotions diffuses. Seulement voilà, il semblerait bien que S. Bourdeix ait pris les commandes de l’équipage, J. Grima n’apparaissant plus dans le line up! Comme un Anathema français, The B.N.P. a entrepris cette fois un album divisé en sept actes, chacun portant un numéro pour les différencier. Absolument sans paroles (à part certaines incantations dans l’Acte III) comme tout bon disque de post rock qui se respecte, les banlieusards parisiens explorent avec un vrai bonheur une brume qui enveloppe leur paysage sonore comme un petit matin d’automne quand les formes cherchent à se matérialiser à vos yeux. Lancinant mais jamais ennuyeux, ce disque est à écouter quand vous allez bien car un spleen inédit peut vite vous prendre la tête et vous enfoncer dans un purgatoire d’émotions nostalgiques où le bonheur perdu prend une nouvelle vie pour s’insinuer dans le malaise latent. Réduit à trois personnes, S. Bourdeix (guitare, claviers, basse), Anthony Létévé (basse) et Fabrice Berger (batterie), The B.N.P. s’adjoint les services ponctuels de Sandrine Bourdeix, la compagne de Sébastien, Clément Bourdeix, son fils, et Léon Burghgrave pour des voix sur les deux derniers actes. C’est l’Anathema d’«Alternative 4» qui se cache en filigrane la plupart du temps, mais on peut aussi se régaler d’ambiances intimistes guère éloignées des univers du Floyd, de Kwoon voire de Radiohead. L’Acte final soulève un léger voile d’optimisme sur la musique de ce «Code 2.0». Mais j’insiste bien sur le fait que la mélancolie de Black Noodle Project n’est jamais poisseuse ni anxiogène, juste subtilement spleenétique, ouvrant le troisième œil, celui qui a filmé ces moments du passé qu’on aimerait revivre. La durée du disque, presque trois quarts d’heure, est en soi idéale pour savourer les entrelacs d’une œuvre qui aurait peut-être lassé sur une durée plus longue…
Commode
https://theblacknoodleproject.bandcamp.com/album/code-20

https://www.youtube.com/watch?v=-m9-pniEV4k

04/11/2020

Haze
Back to the Bones
rock progressif – 68’31 – UK ‘20
Ailleurs sur cette page je vous parlais du groupe Abel Ganz, pionnier avec d’autres du mouvement néo-progressif au Royaume-Uni. Sachez qu’ayant sorti son premier témoignage discographique à la même période, en 1984, le groupe Haze fait également partie de cette génération de défricheurs.
Issu de la fratrie McMahon, ce groupe porté sur les fonts baptismaux en 1978 connut un itinéraire chaotique. Premier album en 1984 et dissolution en 1988. Les deux frères Chris et Paul forment ensuite l’éphémère World Turtle qui, tenez-vous bien, accueillit temporairement en son sein le batteur Fudge Smith de Pendragon. Plus tard, à la suite d’une compilation éditée par le label Kinesis, les frères décident de reformer leur groupe. C’est, au choix, World Turtle ou Haze, car il faut finalement considérer que ces deux groupes n’en font qu’un; le quatrième album de Haze porte d’ailleurs le nom «World Turtle».
Aujourd’hui, avec ce nouveau «Back to the Bones», Haze (+ World Turtle) compte donc à son actif 7 albums studio, 3 lives, 3 compilations (avec des titres inédits) et un DVD. Pas si mal pour un groupe très méconnu.
Alors que dire de ce nouvel album qui arrive 7 ans après «the Last Battle»?
C’est un retour en grande pompe vers le rock progressif un peu délaissé au bénéfice du folk sur «the Last Battle». Ce nouvel opus s’inscrit donc dans la tradition du groupe qui a toujours aimé mélanger le son progressif avec des touches de folk et de blues, et parfois même un peu de hard-rock. Le titre «See You On The Other Side» ouvrant l’album en est un peu la synthèse. S’entrechoquent les influences de Jethro Tull et d’Uriah Heep pour pimenter un rock progressif abrupt, rock, fait à l’ancienne et duquel resurgit, comme par magie, l’aura du néo-progressif d’antan. Mais Haze à plus d’une corde à son arc. Les guitares aériennes de Paul McMahon couplées aux claviers du frangin renvoient aux heures les plus flamboyantes du rock progressif des seventies. Et il n’est dès lors pas rare qu’au détour d’un passage folk surgisse un prog somptueux et pompeux digne des meilleurs représentants du style, «The Snake».
Haze alterne, toujours, comme sur «The Last Post» allant du prog au blues pour revenir au prog le plus pompeux; c’est la marque de fabrique du groupe anglais, il faudra vous y faire...
Quelques langueurs monotones aussi, «To Us All», fort heureusement contrebalancées par des moments plus inspirés; la seconde partie échevelée de «Lockdown» et ses claviers bombastiques. Oui, tout est à l’avenant, comme si le groupe ne voulait pas choisir et laissait toutes ses idées prendre racine. Mais de cet humus fleurit toujours quelque chose (la seconde partie guerrière de «A Call to Arms»).
«The Summoning Dark», l’ultime titre de l’album, résume une fois de plus l’entité Haze. La voix un peu fragile de Paul McMahon, la frappe lourde de son fils Danny, les claviers augustes de Chris, la flûte virevoltante de Catrin Ashton. Des moments épais, des passages riches, du symphonisme, de la fougue, de la subtilité mais aussi des longueurs, des lenteurs, bref une identité, un style qui définit un groupe humble, sincère et talentueux.
Comme je ne connais pas tous les albums de Haze, je ne vais pas faire mon malin en vous disant que ce nouvel opus est le meilleur du groupe, mais je vous affirme qu’il est bon! Écoutez-le pour rendre hommage à un groupe trop ignoré mais faisant néanmoins partie de la Grande Histoire du Rock Progressif.
Centurion
https://hazeuk.bandcamp.com/album/back-to-the-bones

https://www.youtube.com/watch?v=XVTWZFLxKUM

05/11/2020

Nick Mason
Saucerful of Secrets - Live at the Roundhouse
rock psychédélique – 48’32 + 47’32 + DVD – UK ‘20
Grâce soit rendue au batteur du Floyd (Nick Mason (Official)) pour nous faire revivre leur grande époque psychédélique. On retrouve dans ce palmarès des titres de «A Saucerful of Secrets», bien sûr, mais aussi de «The Piper at the Gates of Dawn», «More», «Obscured by Clouds (La Vallée)», «Atom Heart Mother», «Meddle» et un single très dispensable de 1968: «Point me at the Sky». Des versions en général plus pêchues que les originaux et la guitare de Gary Kemp (Spandau Ballet) n’y est pas étrangère. Sans doute aucun, le DVD constitue le point d’orgue du coffret, étant donné qu’il ne s’agit pas que du concert mais d’un film documentaire à part entière pour lequel, cela dit, mieux vaut bien connaître la langue de Shakespeare (pas de sous-titres et de nombreuses interviews en bonus). Musicalement, le punch éblouissant et omniprésent qui régit les titres de cette excellente set-list permet ici de redécouvrir des plages comme «Obscured by Clouds» (la véritable claque!) et «Atom Heart Mother», souvent boudé globalement par les fans. «Green is the Colour» et «Let there be more Light» brillent d’une énergie qu’on ne leur connaissait pas, le jeu de la six cordes de Gary y est époustouflant. En fait, à côté des autres titres, la soucoupe aux secrets paraît bien timide même si l’ambiance cosmique est intacte et se conclut par un brillant solo de guitare. Je lui préfère nettement l’excellent «Set the controls for the heart of the Sun» et sa montée en puissance exponentielle. Les fans de la période pré-«Dark Side of the Moon» (comme votre serviteur) vont donc se régaler. Le coffret est disponible sous différentes combinaisons et le prix est à l’avenant.
Clavius Reticulus
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=TgLvxZYsI2Y

06/11/2020

Traumhaus
In Oculis Meis
néo-progressif – 49’113 – Allemagne ‘20
«In Oculis Meis» est la première production de Traumhaus qu’il m’est donné d’écouter. Pourtant, nos quatre gaillards n’en sont pas à leurs débuts: ils ont déjà, depuis 2001, quatre autres réalisations (y compris un EP) à leur actif. Mais, à ce stade, une petite présentation des membres du groupe s’impose: au chant et aux claviers, on trouve Alexander Weyland, aux guitares, c’est Tobias Hampl qui officie, à la basse, Till Ottinger fait des merveilles, tandis qu’à la batterie, Ray nous enchante. Deux versions coexistent, l’une dans la langue de Goethe, tandis qu’une interprétation anglaise peut plaire aux anglophiles parmi vous. Une courte entrée en matière, («Das Erwachen / The Awakening»), introduite au piano, nous permet de pénétrer en douceur dans cet album, vite rattrapée par des voix célestes avant que le chant, plus traditionnel, ne se joigne à l’instrumentation. C’est un néo prog plus classique qu’il nous est ensuite donné d’entendre avec «Bewahren & Verstehen / Preserve & Understand» pour une durée raisonnable de huit minutes et un pont presque lugubre avant de reprendre de plus belle. «Der Vorsprung / Walk on yourself» poursuit dans une veine similaire pour notre plus grand plaisir. L’impression de s’envoler dans un vaisseau spatial: c’est «Entfliehen / Escape» qui démarre avant de vraiment décoller. Nos instrumentistes sont bien évidemment tous d’un excellent niveau. «Viele Wege / So Many Ways» est moins enlevé et permet de calmer un tantinet le jeu. C’est au tour de «Der neue Morgen / The New Morning» de nous emmener dans leur univers pour des passages carrément rock. Un instrumental à l’aspect presque post-rock prend le relais («Verstehen & Bewahren / Understand & Preserve»). Eh oui, on nous présente le tiercé du second titre dans un ordre différent (oh, zut, il n’y a que deux propositions). Pour quitter cet album, laissons-nous envahir par «Die Dunkelheit durchleuchten / X-Ray The Darkness» dont le refrain est entraînant et donne envie d’accompagner au chant nos acolytes. Pour parcourir cette plaque, choisissez la langue qui soit la plus naturelle à vos oreilles.
Tibère

https://traumhaus.bandcamp.com/album/in-oculis-meis-german-edition

https://traumhaus.bandcamp.com/album/in-oculis-meis-english-edition

https://www.youtube.com/watch?v=abjujmMkKy0

07/11/2020

Maudits
Maudits
metal prog atmosphérique instrumental – 43'59 – France ‘20
Maudits (Maudits Band) est un trio français dans lequel on retrouve un ex-membre de The Last Embrace et des musiciens actuels de Throane et Ouvtrenoir. Le groupe sort son premier album et commence très fort. Le premier titre éponyme est un must de l'ambient sombre, la guitare est un guide parfait au niveau de ses mélodies et l’on plonge dans une noirceur à la manière de My Dying Bride, accompagné d'un violon qui vient appuyer la noirceur du moment. «Resilience» nous montre une autre facette du groupe, plus rythmée, avec une intro plus typée black metal pour retomber dans le mélancolique sombre. On reconnaît plus le style d'Opeth dans la construction et les émotions parcourues. Le titre le plus prog est sans nul doute «Liminal»; les claviers créent une ambiance digne de Pink Floyd sur «Set the Controls for the Heart of the Sun». «Grain blanc» est un mélange de différents styles avec, encore une fois, une base fortement pop rock, mais, dès que le rythme s’accélère, on se retrouve dans un Satyricon pur jus. J'y retrouve aussi des influences naturelles à la Mastodon, mais toujours un brin plus symphonique grâce à ce violon omniprésent. Pour être complet, «Solace» est un titre très cristallin et «Im Voraus Verloren» donne dans un doom de haut vol. Une guitare saturée, un rythme entêtant, sublime de bout en bout. Cet album est incroyable de justesse, de précision et d’originalité. C'est suffisamment rare, lorsqu'il s'agit d'un premier album, pour être souligné. Espérons que la suite de leur carrière continue sur ce chemin. Une véritable découverte. Ne passez pas à côté de l'écoute de cet album!
Un must de cette année 2020.
Vespasien
https://mauditsofficiel.bandcamp.com/album/maudits

https://www.youtube.com/watch?v=pXC4Iw4pS8g

08/11/2020

M'Z
L'autopsie du dogme
rock progressif – 55’55 – France ’20
Révoquer Universal, abolir l’industrie musicale, abroger Dieu et ses dogmes – ah les dogmes, leurs reliquats, les parcelles, les étincelles! –, s’émanciper des étiquettes plaquées par les labels qui classent pour mieux vendre l’art qu’ils distribuent comme du ciment ou des biscottes – ça fait un moment qu’ils ont abandonné leur métier d’éditeur – avec l’euro-dollar comme seule toile de fond. Mathieu Torres fait preuve, avec «L'autopsie du dogme», d’une ambition tentante: un titre de près d’une heure pour changer le métier – voire le monde –, où le guitariste-compositeur-arrangeur balaie les styles en un défilé d’esthétiques qui donne le tournis et retourne l’estomac fragile comme une Whirlpool à l’essorage. Dans ce généreux potage aux légumes variés, chaque ingrédient a du sens (parfois convaincant), mais plus en lui-même qu’en tant que partie d’un tout: additionner les goûts noie l’essence, le spécifique et écrabouille l’idée dans une tambouille qui s’apparente à un exercice de style, genre "qui trop embrasse, mal étreint"… – à l’image d’un musicien qui mène de front plus d’une demi-douzaine de projets.
Auguste
https://matzizrecords.bandcamp.com/album/lautopsie-du-dogme

https://www.youtube.com/watch?v=O_3QCdtW6dg

09/11/2020

Marquette
Into the wild
crossover/métal prog orchestral – 63’45 – Allemagne ‘20
Groupe formé par le claviériste-batteur Markus Roth, aidé par le talentueux guitariste Sebastian Schleicher d’Amberfield, groupe complexe orchestral souvent avec des orientations prog métal, métal prog symphonique, rétro-prog et jazzy! Ce 2e album de Marquette (Marquette Music) combine le meilleur de ses deux groupes antérieurs, Horizontal Ascension (prog mélodique) et Force of Progress (fusion inédite métal progressif et jazz) dont un album est sorti en début d’année, et amène un espace vocal sur certaines pistes. Le symphonique a sa part et fait le lien entre métal et rock progressif pur.
«No Answer» donne le la en unifiant de façon remarquable prog métal et jazzy. «Seven Doors» est l’une des deux grandes pièces qui risque de vous faire partir loin dans les contrées prog métal, instruments variés jusqu’au violon pour des tiroirs intimistes; Pink Floyd et Camel sonnent au coin des oreilles; le son à la Philip Glass envoûtant dès le début, le break à 11 minutes avec ce violon sinistre, austère et beau à la fois, et le saxo ne vous laisseront pas de marbre. «Criminal Kind» dénote avec l’ajout d’une voix et air jazzy cool avec basse amplifiée à la Eric Serra. «Alexander Supertramp» change encore de forme avec un synthé planant mythologique oriental et un riff métal pesant et hargneux. «Sensuality», avec cette voix susurrée en intro, amène à une incursion jazzy-progressive énergique. «Portrait of Men» et un 2e titre chanté, plus phrasé saccadé sur une comptine brute, rock intimiste presque funky pouvant expliquer un peu les dérives intellectuelles du héros Christopher McCandless à la recherche de l’Âtman. On est bien dans la lignée d’un Dream Theater avec des séquences plus douces, voire éthérées. «Into The Wild» survient, grande et longue épopée finale progressive instrumentale, comme un grand voyage, un rite initiatique (ah, cet air à 4’45! pourquoi j’y entrevois Genesis?) où flûte, piano, trompette créent un climat fait de souvenirs allant jusqu’à la bossa nova à un instant; la suite partant sur une composition éclairée et animée faite de clins d’œil à nombre de groupes dinosauriens; à aucun moment je n’ai ressenti de longueurs dans ce morceau et dans cet album de plus d’une heure.
Néo prog ou art rock instrumental avec touches jazzy mais très progressives de fait, Marquette est un très bon groupe dans une veine à explorer, mêlant puissance et breaks variés sur une base bien reconnue pour éviter une écoute trop déroutante; j’ai été conquis et bluffé par ce genre simple et innovant.
Brutus
https://marquette-music.bandcamp.com

https://www.youtube.com/watch?v=TCdBg84s5no&feature=youtu.be

10/11/2020

Gepetto
Evolutive Songs
rock progressif classieux – 55’10 – France ‘20
On ne peut pas dire que le rock progressif français se porte mal, en tout cas pas plus mal qu’avant, si on se fie au nombre de sorties annuelles. Bien sur, ces œuvres ne sont sûrement pas toujours rémunératrices pour les frais engagés par leurs auteurs mais elles ont le mérite d’exister pour les mélomanes de tous pays car le prog’ d’ici ne se chante pas qu’en français ni même parfois ne se chante d’ailleurs, on est bien d’accord. Nous avons le plaisir de parler du second opus de Gepetto, groupe aquitain dont le fondateur n’est nul autre que le célèbre George Pinilla que les plus anciens d’entre vous ont connu sous le pseudonyme d’Ugum, vendeur de disques de rock progressif devant l’Éternel, plus exactement depuis 34 ans! Non content d’en vendre, depuis 2016, il en fait aussi avec le concours de musiciens issus de Dordogne et de Bergerac. Autant dire que le cru est bon… Il y a quatre ans déjà, Gepetto sortait un premier album au nom évocateur «From heaven to the stars» qui a enchanté un public connaisseur de mélodies progressistes dont les influences étaient à chercher aussi bien du côté de Pink Floyd, Genesis et Yes que des plus récents Marillion, Pendragon et IQ, toutes formations que George chérit par-dessus tout. Eh bien, ils ont remis ça: second projet avec d’anciens déjà présents sur le premier disque et quelques nouveaux pour ces «Evolutive Songs». George se réserve la part du lion avec l’emploi d’un Mellotron, des synthés, du piano, des guitares électrique et acoustique, du chant sur deux morceaux, et convie des membres de sa famille ainsi qu’un certain Stéphan Granjeon (batterie) qui est le neveu de quelqu’un que je connais bien à mon avis… Laurent Simonnet aussi est là, lui qui jouait avec Chance en 2000 sur l’album «Escape to horizon» où l’on retrouvait… George Pinilla à la guitare acoustique, eh oui. Six morceaux entre 7 et presque 15 minutes peuplent un album où ‘the prog’ is king’. «In your mind» inaugure les festivités avec une guitare floydienne et un petit air marillionesque qui s’en vient de-ci de-là évoquer un souvenir furtif d’une époque que nous avons perdue. «Al final del Camino» démarre calmement sous les accords d’une guitare hispanisante et là, surprise, George chante en espagnol pour la seconde fois après le premier album de Gepetto. La voix est bonne, douce, bien placée, l’accent charmeur, il est vrai que le début se prête bien à ce type de chant, agréable étonnement pour un titre qui décolle sur un petit enchantement électrique à point nommé avant de s’en finir sous des voix féminines, pas d’esbroufe, pas d’effets de manche, ce titre est juste parfait. «My Darling» où cette fois c’est un autre Pinilla (Julien) qui chante, le frère… L’hispanisation de Gepetto est évidente là encore par l’emploi d’une guitare à la façon ibère, il en résulte un curieux mais satisfaisant mélange de prog’ anglais et de chaleur sudiste dans le même air avec un final feuilleté au piano, quand une musique s’éteint doucement, le piano vient égrener ses derniers accords par-dessus, très joli. C’est au tour de «Red Sky» qui change complètement l’horizon musical entretenu jusque là, Chris Palmer entonne le chant en anglais et sa guitare juste magnifique prend le relais à la façon d’un Hajdi, oui, de larges passages instrumentaux s’immiscent à point nommé dans ce titre, le plus anglo-saxon de tous par sa texture british avant de s’échouer sous les chants des mouettes. On retrouve le chant espagnol de G. Pinilla pour «Lagrimas Vacias», littéralement les «larmes vides», il y a du S. Hackett sous la guitare quasi flamenco par petites grappes ployant à la fin de chaque partie chantée. Mention aussi à Tiphaine Rivière, bassiste sur ce morceau, et les synthés de L. Simonnet, omniprésent sans être écrasant sur tout l’album. En son centre, le titre décolle à la manière d’un Floyd rugissant, grand moment de rock progressif en soi, comme quand le flamant rose déployait une certaine colère. Certainement le morceau le plus entraînant de l’album. On en finit avec la pièce principale de par sa longueur déjà (14’50), «Mille Cordes» qui est un sommet de bonheur guitaristique à la Camel/Pendragon, une fantasmagorique et paradisiaque ode au prog’ qui nous berce depuis toujours, d’aucuns diraient une tuerie totale qui s'en finit en ‘breakant’ à-tout-va, la 12 cordes de G. Pinilla effectuant le liant entre les parties électriques somptueuses. On pouvait craindre à l’énoncé des nombreux participants à Gepetto que cela nuirait à l’harmonie du projet. Pensez donc, trois bassistes, quatre claviers, trois chanteurs et j’en passe. Point du tout, l’addition de ces talents renforce une atmosphère générale propice à l’enchantement calme, l’apaisement féerique. Ce second opus de la bande à George résonne comme un coup d’éclat dans le landerneau prog’ ‘francés’, par sa force de persuasion à enrichir un rock progressif qu’on (re)connaît mais en le sublimant par une étoffe rare, des guitares soyeuses, un propos recherché et appliqué et surtout, un véritable mélange des ancienne et nouvelle école du retro prog’, celui des années 70 et le neo. Grand et bel album que cet «Evolutive Songs» dont le nom lui va comme un gant.
Commode
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=PD0KSgaP5p8

11/11/2020

Glasswork
Metabolé
rock progressif/prog alternatif – 64’35 – Espagne ‘20
Il y a des musiques qui, pour en trouver le chemin, nécessitent un temps d’adaptation. Ma première écoute de «Metabolé» ne fut pas aisée, non pas à cause d’une trop grande complexité, mais tout simplement parce qu’il m’a fallu un certain temps pour m’y immerger concrètement.
Glasswork est espagnol et naquit en 2013 sur les cendres d’un groupe de power-metal, mais qui, très vite, chercha une orientation musicale de plus en plus progressive.
Aujourd’hui le groupe distille une musique à l’ambiance qui, tout en lui apportant une dimension alternative, traverse le rock progressif de fond en comble.
Le premier titre «Blackspot», et son côté soft-prog, masque déjà un énorme travail harmonique. Et son final atmosphérique en coda pulsatif aux accents post-rock est de toute beauté.
À la façon d’un Overhead, cette musique travaillée alterne les genres au point qu’il devient périlleux d’en relever les influences. La section rythmique renvoie parfois au rock alternatif, alors que le côté prog vintage plonge cette musique dans le passé, «Tales from the Cave».
Foisonnement de tics progressifs beaux comme des rites détournés. C’est du prog à 100% mais c’est aussi tout autre chose. C’est Mars Volta qui rencontre Gentle Giant et Yes qui danse avec Pure Reason Revolution, «The Decision».
Flûte, guitare acoustique, des effluves ibériques, un piano, un synthé qui me rappelle «Rebirth» de Machiavel, une ballade paisible juste avant l’étonnant «A Song for Grace». Mellotron, sonorités et ambiances nostalgiques avant le retour à une dimension rythmique alternative. Ceci ne serait presque que les prémices de ce qui constitue le monument de cet album: «For Everyone and for no One». Derrière ses faux airs de Pink Floyd, ce drôle de morceau nous entraîne dans les méandres du progressif. Tarabiscoté à la Gentle Giant, cadencé de sonorités de vieux synthés analogiques, dardé de voix habituées, ce titre évolue vers un canterbury céleste avant de nous entraîner doucement vers un final époustouflant qui fait partie des moments les plus intenses de cette année, pas moins.
Outre quelques titres très courts («Barbarian Assimilation», «Zeirrah», «Turmoil»), l’album est constitué de morceaux allant de 4 à 15 minutes. Le plus long étant la plage titulaire qui, outre un chant parfois ibérique, pourrait résumer à elle seule toute la teneur de l’album: abondance d’éléments, frénésie de l’interprétation, nombreuses idées, sonorités luxuriantes, inventivité de tous les instants...
Glasswork nous offre un album total.
Centurion
https://glasswork.bandcamp.com/album/metabol

https://www.youtube.com/watch?v=YIk9BatpH28

12/11/2020

Steve Hackett
Selling England by the Pound & Spectral Mornings : Live at Hammersmith
rock progressif – coffret 2 CD + DVD + Blu-ray – UK ‘20
Steve nous joue ici l’intégrale de l’album le plus emblématique de Genesis et la quasi-totalité de son album métaphysique, «Celui des "débuts" et des "fins" de toutes choses», comme il le dit lui-même dans son excellente autobiographie, «A Genesis in my bed», que je recommande par ailleurs chaudement. Pour parfaire ce programme cinq étoiles, Steve y ajoute trois extraits de son brillant «At the Edge of Light» (2019) et deux autres plages de «A trick of the tail» qui font partie, il faut le dire, des traditionnelles fins de concert. Il s’entoure comme à chaque fois d’excellents musiciens: on retrouve Nad Sylvan au chant, Jonas Reingold (Flower Kings) à la basse, Amanda Lehmann au chant et à la guitare, l’incroyable saxophoniste Rob Townsend, Roger King aux claviers et Craig Blundell aux fûts. Line up auquel il faut ajouter, en invité spécial, le frérot John et sa flûte enchanteresse. Il faut savoir que seul le Blu-ray contient le documentaire de trente minutes où chaque musicien livre ses impressions sur la tournée et sur l’album. Ce docu contient d’autres moments savoureux comme la séance de dédicaces et la petite réception où Steve présente sa mère (fière de son fiston) et sa femme Jo (Joanna Lehmann, la sœur d’Amanda) qui prend d’ailleurs part active aux compositions de son homme. La prestation scénique est bien entendu impeccable et l’humour du charismatique artiste complète une exceptionnelle complicité avec son public. Ned Sylvan, un vrai extraterrestre, semble le seul à être taillé dans un bloc de glace suédois. Dans la setlist, j’épinglerai «I know what I like» pour son tonique solo de saxo revêtant le «hit» d’une parure jazzy qui métamorphose totalement l’original. Une énergie inattendue que l’on retrouve aussi dans «After the Ordeal» complété par un solo de guitare étourdissant! La prestation de Rob est exceptionnelle, il seconde avec maestria les claviers pour la partie instrumentale de «Cinema Show» et nous donne le coup de grâce dans l’interprétation finale de «Los Endos». De vrais moments d’anthologie! Mais le «plus», en ce qui concerne la partie «Selling England by the pound», est sans nul doute ce «Déjà vu», plage qui n’avait pu figurer sur l’album à l’époque du vinyle, «faute de place » nous a dit Steve au concert du Kursaal à Oostende en Belgique. Une composition qui fait pourtant figure d’OVNI dans la ligne mélodique du reste de l’album et pour tout dire, je ne l’imagine pas chantée par Peter Gabriel. Mon interprétation préférée reste celle de Paul Carrack sur le premier album «Genesis Revisited» de 1996. Mais cet avis n’engage que moi! Le DVD joint au coffret fait bien sûr double emploi avec le Blu-ray, mis à part, donc, le documentaire qui n’y figure pas. Une fois de plus, on ne pourra que regretter l’absence de sous-titres pour qui n’est pas anglophone. Rendez-vous en 2022, en Belgique, pour le prochain plongeon dans l’univers de Genesis: «Seconds Out». Ce p… de virus met décidément notre patience à rude épreuve!
Clavius Reticulus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=F0HCvxNhoOY

13/11/2020

Ars Pro Vita
Peace
rock progressif symphonique/fresque – 147’19 – Brésil ‘20
Pour leur 3e album, les deux frères Venegas ont invité de nombreux musiciens pour évoquer la guerre à travers les âges… en 23 plages! Cela se veut un chef-d’œuvre. Et ce n’est pas loin de l’être: le premier CD est proche du sans-faute, le second, quoique plus homogène, offrant moins de puissance évocatrice.
2 CD qui nous mènent de Wounded Knee, à l’actuelle Syrie, en passant par Ypres, Auschwitz, Hiroshima, Srebrenica, etc.
L’universalité du sujet est bien mise en perspective par l’utilisation de collages, de voix off parfois en langues locales et d’instruments traditionnels. Le tout est magnifié par un prog symphonique très inspiré. J’ai toujours beaucoup de mal avec les albums patchwork, mais ici l’ensemble est totalement cohérent malgré la multiplicité des moyens employés. Ars Pro Vita nous propose 147 minutes d’un voyage dans le temps et l’espace, sensible, humaniste et documenté. Il y a du «The Wall» dans l’intention!
Je vous propose de sauter à la fin du post sur leur Bandcamp, pour mieux revenir, avec la musique, sur cette chronique, là où vous l’avez lâchée… donc ici!
Je ne vais pas pouvoir évoquer ici chacune des 23 pistes. Voici 3 jalons.
Cela débute par #1 «War is peace» (citant «1984» d'Orwell) dont les 3 premières minutes proposent un instrumental style Camel, puis un premier insert: incursion du réel (il y en a partout dans l’album). La voix (un peu trop trafiquée?) du chanteur est assez théâtrale, (heureusement cette voix finira par sonner comme celle de Peter Gabriel). Il partage le chant avec des voix féminines cristallines. Cela foisonne d’instruments, le rythme est majestueux, en opposition avec cet autre insert vocal couvrant des bruits de bottes «Je suis la guerre, enchanté de faire votre connaissance». Puis on quitte l’univers Camel pour se rapprocher de guitares génésiennes avant que le morceau ne se termine. Déjà! Excellente ouverture… D’ailleurs vous l’écoutez encore (13’), ou vous lisez très lentement!
#7 «Hiroshima», on ouvre sur une flûte nipponne, puis arrivent piano et chanteur. Cette voix sert un morceau lent, très beau, interrompu par des inserts radios des bombardiers, avant une reprise plus musclée, quelque peu génésienne ’78.
#10 «Vietnam», où le collage prend un peu trop le pas sur la musique. Puis un duo guitare/orgue glisse sensiblement vers Crimson (dont le Schizoïd évoquait lui aussi le Vietnam). Puissant.
Il vous reste 20 autres pistes où atterrir lors de ces sauts spatio-temporels…
Bon vol!
Ciceron 3.14
https://arsprovita.bandcamp.com/album/peace

https://www.youtube.com/watch?v=_9uRG_8BuJ0

14/11/2020

French TV
Stories Without Fingerprints
complexe/avant prog – 107’53 – États-Unis ‘20
Treizième album pour French TV et c’est un double! Quelle incroyable production depuis leurs débuts en 1984! Mike Sary (basse) et sa bande n’en finissent pas d’explorer les plus improbables contrées musicales, en nous prenant par la main, histoire de nous aider à ne pas perdre le parapet auquel nous pourrions vouloir avoir recours de temps en temps.
On traverse donc de multiples contrées au sein d’un même morceau, sans effort, dérivant gentiment le long des chemins sinueux où ils nous emmènent. Tour à tour simplement prog, ou mâtiné de R.I.O., ou légèrement jazz fusion, ou encore enjoué et même légèrement bucolique, l’album est un régal, le genre de CD dont on désire recommencer l’écoute sitôt terminée.
Les deux CD sont issus de mouvements légèrement différents. Le premier est dans la droite ligne des précédents, enregistré avec tous les recours disponibles, avec leurs méticuleux retournements de situations dont ils ont le secret. Un seul mot: superbe! Le second est un «live en studio», genre BBC ou Peel Sessions. En fait il contient leur playlist du Chicago Progtoberfest de 2018, rejoué en studio. Ce qui vous donne une petite idée de ce que French TV est capable de vous offrir en public. Selon eux, cela correspondrait à «ce que Henry Cow aurait pu faire s’ils avaient décidé de faire un album fusion!»
Au niveau des instrumentations, rien de nouveau en relation aux albums précédents: la formule de base avec en option un violon qui va et vient au fil des compositions délicatement ciselées.
Encore donc un merveilleux opus de ce groupe qui représente, à mes yeux, ce que le prog actuel produit de mieux!
Lucius Venturini

https://frenchtv.bandcamp.com/album/stories-without-fingerprints

https://www.youtube.com/watch?v=UkSMVlE85Ho

15/11/2020

Temps Calme
Circuit
rock progressif/pop psychédélique – 43’13 – France ’20
C’est le sens mélodique qui drive les compositions de ce trio lillois: magnifiés par une atmosphère volontiers touffue, au flou trompeur (la musique semble éthérée mais le jeu est précis), flottante comme de gros nuages de laine, dodus mais sans graisse, les 10 titres de ce premier album développent l’EP paru l’an passé, dont Prog censor vous a avisé récemment. Temps Calme s’est créé en 2019, rassemblant trois musiciens aux parcours déjà émaillés de différentes participations, Olivier Desmulliez (guitare, chant), Samuel Allain (clavier, chant) et Nicolas Degrande (batterie, chœurs), qui s’y entendent à créer des chansons au parfum pop, à l’accessibilité évidente malgré quelques tendances post-rock, allègrement non agressantes («Ink» ou «Aiko»): écoutez et essayez de résister à l’entêtante partie centrale de «Vampires», à la progression rythmique de «Aquafalling», au développement chanté de «Ernie» – et à sa petite ritournelle au clavier –, à la danse enivrée de la chouette («Dancing Owl») ou aux brumes concentriques de «Mirror Ball»…
Auguste

https://tempscalme.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=uggL5nN84KM

16/11/2020

Darwin
Darwin2 : a frozen war
heavy prog – 30’59 – Islande & USA ‘20
Darwin (DarWin Music) est une exploration infusée de rock progressif dans le futur de l'humanité et du monde difficile qui nous entoure, du prog métal survitaminé, ça c’est dit. Darwin c’est une brochette de musiciens allant de Darwin à Phillips, Bissonette, Sheehan, Govan, Howe, Sherinian ayant joué dans Toto, Beck, Vai, Mr Big, Lee Roth, Asia, Dream Theater ou Steven Wilson. C’est leur 2e album qui sort et qui propose des morceaux nerveux avec guitares et grooves lourds; la trame musicale part, elle, dans des contrées sonores et progressives bien travaillées.
Le «Nightmare Of My Dreams» m’a bluffé de la texture même du morceau mélangeant les instruments dont le solo de Guthrie jouissif, les climats jusqu’au violon superbement introduit, 7 min qui vous envoient au purgatoire pour rédemption du fait d’un monde qui part dans une spirale infernale. «Future History» et ses voix superposées, cet air de guitare mélodique qui vous fait voyager plus loin que le temps de ladite chanson, vous perdant dans un méandre du plus bel effet. «Eternal Life» intro avec slide guitar à la Ry Cooder pour un titre FM des années 80’s, ballade pour enflammer un stade, loin de ce qui est possible actuellement; titre le plus facile jusqu’aux solos de guitare et synthés géniaux ou jouissifs, à vous de voir, qui font décoller. «A Frozen War» m’a scotché par ce riff envoûtant qui devient bien gras et nerveux, mieux qu’un bon riff d’Ayreon c’est pour dire, titre qui passe facilement avec une fin en decrescendo un peu simpliste par contre. «Another Year» est le titre AOR ou FM des années 80 en revisité avec mélodie et refrain, ajout vocal féminin pour passer sur les ondes radio, ah oui j’oubliais votre propre radio; solo aérien, aéré, suave comme la voix!
L'album est également disponible en LP avec affiche et reprises des chansons du 1er album plus deux de cet EP. L’album a été composé séparément au vu de la pandémie actuelle, le tout rassemblé pour livrer une trame musicale S.-F. par instants, travaillée, dramatique avec nombreux tiroirs progressistes. Un rock lourd à refrains de base superposant des voix pour donner plus de chaleur et laissant la part belle aux solos travaillés individuellement, donnant du temps au temps. Un album bien plus complexe et délicieux qu’il n’en a l’air au départ, mais vu la clientèle à l’intérieur c’est presque logique. Darwin nous fait rêver et espérer, c’est déjà inespéré en ces temps sombres.
Brutus

https://darwin.tmstor.es/cart/product.php?id=67956

https://www.youtube.com/channel/UCqCdVQrrcMrFznnzq6M-_qA

17/11/2020

Fish
Weltschmerz
rock et prog – 84'16 – UK ‘20
Voilà, Mr. Fish a décidé de mettre un terme à sa carrière après trente-sept années de service. Pour rappel, il a été le chanteur du groupe Marillion de 1983 à 1987 avec, à son actif, les albums «Script For A Jester's Tear», «Fugazi», le magnifique «Misplaced Childhood» et «Clutching At Straws». Il a poursuivi avec une carrière solo des plus complètes de onze albums. Il explique que «Weltschmerz» se traduit par «lassitude du monde» ou «douleur du monde» et chaque chanson du nouvel album parle de l’approche de la vie de quelqu’un, de la façon dont il gère ce barrage constant de négativité, de Trump au Coronavirus. En fait, il y a tellement de souffrances personnelles, politiques et sociétales, qu'il est impossible de l'entasser sur un seul album, d'où le fait que ses 10 chansons sont réparties sur deux disques. Des fils autobiographiques sont tissés tout au long de l'album. «Walking On Eggshells» met à jour les thèmes de la dépendance toxique et des relations volatiles qu'il a d'abord exploitées en 1983 sur le «Fugazi» de Marillion avec «Jigsaw». Autre exemple: «Little man what now?» traite de la mort du père de Fish et du vide qui a suivi. «Waverley Steps», évoque la dépression, le récit d'une vie dont le chanteur a laissé entendre qu'il aurait facilement pu refléter la sienne. Bref, vous l'aurez compris, l'ensemble de l'album, comme souvent avec lui, nous plonge dans une atmosphère très spéciale, à fleur de peau, qui est portée par son timbre de voix unique et reconnaissable entre mille. La pièce maîtresse de l'album de 17 minutes est sans nul doute «Rose Of Damascus» où il traite le bouleversement géopolitique, le fondamentalisme religieux, le terrorisme, l'immigration. Musicalement aucune surprise, Fish fait du Fish, et il le fait bien. Un mélange de prog et de pop rock comme il l'a toujours fait, un peu à la manière de Peter Gabriel en plus sombre; un peu trop sombre. La production et le son, ça va sans dire, sont parfaits. Quelle belle manière de conclure une carrière.
Encore une fois adieu, bravo et merci pour tout Mr. Fish.
Vespasien
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=0MGDh6qh-0k

18/11/2020

Fren
Where do you want ghosts to reside
rock progressif vintage – 44’48 – Pologne ‘20
Comment décrire ce premier opus des Polonais de Fren sans être obligé de passer par les cases tristesse, mélancolie, souvenirs fanés, anxiété intériorisée? Pourtant, les influences sont claires et sensiblement repérables: King Crimson, Genesis, Pink Floyd, soit trois des plus grands groupes prog’ de l’histoire musicale. Avant tout, ce jeune groupe reste instrumental et Oskar Cenkier (piano, Mellotron, Hammond, synthé), Michał Chalota (guitare), Andrew Shamanov (basse et synthé) et Oleksii Fedoriv (batterie) qui forment Fren, s’ils sont basés à Cracovie, sont à moitié Polonais, à moitié Ukrainiens, deux contrées lointaines qui, pour nous, Européens de l’Occident, ne respirent pas la joie de vivre, bien que les conditions ne soient plus les mêmes qu’avant la chute du Mur! J’ai d’ailleurs appris que Fren avait ouvert chez eux pour des pointures telles que Caravan ou le Icefish de Virgil Donati. Ensemble depuis trois ans, c’est en juin qu’est paru leur premier album. À l’aide de claviers omniprésents (orgue, synthétiseurs, Mellotron), Fren fabrique un son volumineux, une atmosphère seventies authentique et des couleurs tonales. Tout s’avère assez rond et mélodique, progressant plutôt calmement mais de façon ludique et délicate, basculant parfois vers un son un peu plus heavy, sans oublier des vibrations dynamiques et jazzy. Dans l'ensemble, la musique dégage une atmosphère symphonique prog’ à l'ancienne, chaleureuse, sonore et d’une rare amplitude. Ce qui est fort chez eux, c’est cette tendance à inclure dans leur prog’ rétro instrumental (je le rappelle), des tendances jazz rock. Ce n'est pas nouveau bien sûr, d’autres l’ont fait avant eux et les ingrédients sont bien connus, mais c'est très bien fait, arrangé et joué. Bref, une première expérience brillante, d'une maturité presque choquante pour un premier album, combinant l'expérimentation du krautrock avec une composition plus traditionnelle, évoquant des thèmes simples et comme déjà entendus (ça oui!), mais avec la souplesse juvénile de la découverte, que les vieux renards du prog’ ont délaissés depuis longtemps, habitués qu’ils sont aux répétitions musicales. Il reste le plaisir assez intense de découvrir une nouvelle formation qui manie avec talent de multiples instruments à un très haut niveau de complexité, ce que tout fan de prog’ recherche ad vitam æternam! Six titres dont les excellents «Pleonasm» (12’02) et «Surge» (9’43) qui sont, pour moi, les sommets de l’inspiration de Fren, sans oublier non plus «Time to take stones away» (8’41). Bref Fren donne la leçon à bien des formations très connues du cénacle progressif en s’inspirant avec le plus grand bonheur des maîtres du jeu, j’en ai cité trois déjà mais on peut aussi rajouter des bribes fugaces perçues çà et là, incluant du Van der Graaf Generator, du Tangerine Dream ou des connotations jazzy bienvenues et placées à bon escient. Vous savez ce qu’il vous reste à faire, ce quatuor de l’Est est une divine surprise… ‘’From Fren to Revelation’’ ??!!...
Commode

https://fren.bandcamp.com/album/where-do-you-want-ghosts-to-reside

https://www.youtube.com/watch?v=2f0MUCD6faE

19/11/2020

Roger Waters
Us + Them
rock progressif – 114’ (2 CD) - 147’ (DVD/Blu-ray) – UK ‘20
En 2014, Sean Evans et Roger Waters nous avaient déjà littéralement soufflés avec le superbe film de la tournée «The Wall» d’une exceptionnelle qualité audio-visuelle. On remet le couvert avec ce concert filmé à Amsterdam lors de la tournée mondiale de 2017 à 2018. Plus engagé que jamais, l’artiste attaque de front les extrémismes, les guerres en Afghanistan et en Palestine et fustige le président des États-Unis. La première partie du concert reprend des grands titres de «Dark Side of the Moon», «Meddle», «Wish you were here» et «The Wall» sur fond d’écrans géants où défilent des animations impressionnantes. Chorale d’enfants cagoulés en tenue orange de prisonniers pour «Another brick in the Wall» où le slogan «Resist» dévoilé annonce la couleur de la suite. Écrans gigantesques en 3D immersive où défilent alors des images choc et des slogans cinglants musicalement illustrés par des plages extraites du répertoire floydien et de l’excellent dernier album solo «Is this the life we really want?» avec une attention particulière pour Trump, associé au cochon baudruche de «Animals» qui circule au-dessus du public avec le message suivant: «Stay human». On retrouve Jonathan Wilson à la Stratocaster et Joe Waronker à la batterie, tous deux présents dans le dernier album de Roger, et Bo Koster aux claviers. Musiciens extraordinaires. Et que dire des deux chanteuses au look «Gaultier-Cinquième Élément» Jess Wolfe et Holly Laessig (du groupe Lucius) et leur interprétation céleste de «The Great Gig in the Sky»? Leur prestation ne s’arrête pas à ce seul morceau d’anthologie; elles participent activement aux percussions et à la chorégraphie tout au long de ces plus de deux heures de magie. Je le disais: les images sont violentes. Tonnerre dès l’intro du film où les réalisateurs mettent en parallèle le bruit de l’orage avec le tir de canon et de mitraillette, les scènes de bombardements et de réfugiés en fuite se succèdent avec, en point d’orgue, un excellent solo de guitare sur «Money» qu’illustre un champignon atomique en apothéose. «Dans votre monde, personne ne gagne, tout le monde perd». «Us and Them»: images d’une mère qui fuit en pleurs, son enfant sans vie dans les bras et soudain les Twin Towers qui s’écroulent… comparaisons multiples, choquantes, horribles, sur une musique puissante et plus sublime que jamais à chaque instant. Waters conclut cependant le show par des mots d’espoir «I choose Love» tout en réitérant son soutien aux Palestiniens. Un concert qui laisse conjointement de longs frissons de terreur et un ineffable bonheur mélodique, subtile alchimie entre beauté et horreur. Magnificence de ces compositions qui réaffirment définitivement que, sans Waters, Pink Floyd ce n’est plus grand-chose. Beauté du message où il invite à partager amour et espoir paradoxalement délivré par le biais d’un visuel qui retourne l’âme. Double CD, Blu-ray ou DVD, faites votre choix mais ne vous contentez pas du seul digipack audio, c’est un conseil.
Album non disponible sur bandcamp.
Clavius Reticulus

https://www.youtube.com/watch?v=bGhn4iybOHc

20/11/2020

Nothing but Real
Nothing But Real
métal progressif – 33’00 – France 20
Le groupe Nothing But Real nous vient de Paris. Attention les oreilles pour ceux d’entre vous qui seraient rétifs au métal! Car nous sommes en effet en présence d’un métal par moments très brutal, même si ce n’est pas le cas sur tous les titres de cet EP. Mais laissez-moi vous présenter les membres de ce combo. Au chant, Hanta nous enchante car elle passe allègrement d’un chant clair à des growls du plus bel effet. La guitare de Tom n’a, à mon sens, plus rien à prouver à ses pairs. David à la basse et Eghan à la batterie forment le socle nécessaire au soutien des autres protagonistes. De sombres claviers nous accueillent sur «My Deamon», avant l’entrée en matière de la guitare sur des arpèges délicats, bientôt suivie par le chant, d’abord growlé d’Hanta et se poursuivant de manière plus classique. Certains passages de ce titre me font irrémédiablement penser à Duckbill Crisis, un groupe lillois malheureusement disparu, bien qu’ici le chant ne se montre jamais lyrique, comme c’est souvent le cas dans les entités de métal à chanteuse. «Angels Cry» est l’occasion de découvrir un autre aspect du chant car il se fait presque (je dis bien presque) rappé (à l’exception bien sûr du refrain). La mélodicité n’est pas en reste et nous en obtenons la preuve sur «We Are Nothing But Real» que je qualifierais de calme et entraînant avec ses «hey» peuplant le refrain. L’introduction de «Crisis» prend des allures de progressif aérien avant d’enchaîner, pour le refrain, sur un mid-tempo bienvenu. «Therapy Toy» se prend des allures quasiment pop avec, néanmoins, des interventions plus dures. On continue pratiquement sur un même moule pour «Insanity». Nous avons même droit, pour conclure notre écoute, à une envolée quasi atmosphérique, bien que le métal reprenne ses droits lorsqu’il s’avère temps de réveiller les auditeurs, sur «Sundown». En bref, cette démo m’a laissé sur ma faim (trop courte) et j’attends une production plus complète non sans une certaine fébrilité et, qui sait, des concerts là où, j’imagine, le groupe doit véritablement décoller.
Tibère
https://nothingbutreal.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=hHjEK9X7000

21/11/2020

Caligula's Horse
Rise Radiant (bonus track version)
métal progressif – 56’45 – Australie ‘20
Voilà un album qui devrait ravir les amateurs de métal progressif carré et bien calibré. Les Australiens de Caligula's Horse confirment avec ce «Rise Radiant» une direction musicale directe, moderne et plutôt accessible. À noter une pochette très agréable et des paroles qui traitent de la condition humaine, le négatif comme le positif... Une dualité qui se ressent d'ailleurs un peu dans la musique. Des moments d'asphyxie alternent avec d'autres plus apaisés, comme des moments de délivrance…
Niveau musique, le son, la maîtrise ainsi que le chant limpide et saisissant de Jim Grey font penser à du Haken. Mais avec parfois une orientation pop qui pourrait faire penser à la démarche d'un Leprous...
Notons également un régime qui tourne assez souvent (mais avec parcimonie) au métal technique façon Periphery, ce dernier initiateur d'un sous-genre nommé «Djent», caractérisé par des guitares au son particulièrement saturé et agressif, mais en même temps très propre et tranchant...
«The tempest» ouvre le bal avec ses riffs saccadés, son instrumentation dense et son refrain efficace pour un final réussi. Un titre qui annonce un métal progressif abouti.
Impression confirmée par «Slow Violence», où les riffs techniques sont contrebalancés par un refrain à la mélodie particulièrement sucrée et accrocheuse.
Arrive le poignant «Salt» qui fait presque penser à du Pain of Salvation au niveau émotionnel. La partie centrale est très belle et les mélodies en contrepoint viennent enrichir une rythmique intéressante pour un ensemble puissant et en même temps délicat.
«Resonate» est une parenthèse atmosphérique avant d'introduire les tonitruants et énergiques «Oceanrise» et «Walkyrie», agrémentés de refrains enjoués et particulièrement mélodiques à l'instar des deux premiers titres de l'album…
«Autumn» vient un peu aérer l'ensemble avec ses notes douces, contemplatives et touchantes.
L'épique «The Ascent» vient fièrement clôturer l'album avec ses variations d'ambiances. En effet, des séquences qui ''tabassent'' côtoient d'autres presque fragiles. À noter les chœurs saillants du plus bel effet dans sa conclusion...
L'édition bonus track propose une reprise sympathique de «Don't Give Up» de Peter Gabriel, avec l'apport d'une voix féminine, ainsi que le très agréable «Message to my Girl», titre plein de légèreté, pop et intimiste, où une guitare qui fait limite penser à du Camel s'invite joliment aux côtés de la voix très élégante de ce formidable chanteur qu'est Jim.
Un bon album doté de riffs carrés et méthodiques, étoffés de polyrythmies et de mélodies lyriques et accessibles. Un ensemble qui démontre une certaine maturité et un vrai savoir-faire de la part des musiciens en terme de technicité. Reste, à mon sens, une approche sans doute une peu trop ''lisse'', voire ''clinique'' au niveau du son et de la production, ainsi que peut-être une personnalité légèrement moins percutante et moins singulière que d'autres grands noms (certains cités plus haut) dans le paysage du métal progressif... Une belle réussite néanmoins. À suivre.
Maximus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=8mTdsSu3_Is&feature=youtu.be

22/11/2020

Antoine Pierre Urbex Electric
Suspended
jazz rock / jazz fusion – 45’07 – Belgique ’20
Avec l’aventure Urbex Electric, son leader et batteur Antoine Pierre positionne le groupe dans les pas du Miles Davis période «Bitches Brew» (rappelez-vous, il y avait là, entre autres, Chick Corea, John McLaughlin – futur Mahavishnu Orchestra – ou Wayne Shorter et Joe Zawinul – futurs Weather Report), ce tournant fin ’60 / début ’70 où acoustique et électricité se font des papouilles, où jazz et rock se tournent autour, s’explorent mutuellement, tels des zinnekes se reniflant le derrière. «J’avais aperçu le chemin vers le futur», expliquait Miles quand on le questionnait sur ce changement de cap musical mêlant psychédélique, funk, rock et jazz – le département M&A du dernier étage avant la lettre. Si «Suspended» est un album live (enregistré au Studio 4 de Flagey le 16 janvier 2020), ses 9 titres sont des compositions originales, toutes signées Antoine Pierre, qui, lui aussi, a su s’entourer: Jean-Paul Estiévenart (trompette), Bram De Looze (piano), Bert Cools (guitare et électronique), Félix Zurstrassen (basse électrique) et Fred Malempré (percussions) – sans compter les invités. Écoutez «Obsession», son groove imparable, «Steam», son énergie expansive, «What U Expect!», ses envolées jubilatoires, «Feather», ses vapeurs éthérées, «You Nod But You Ain't», sa dynamique du fluide… – sans parler de l’intelligence joviale des plages de repos («Abstract: Tide» ou «Abstract: Peace»). Carrément fascinant.
Auguste

https://antoinepierre.bandcamp.com/album/suspended-live-at-flagey

https://www.youtube.com/watch?v=SCQuG8mN9k8

23/11/2020

Bernard & Pörsti
La Tierra
rock progressif symphonique – 69’47 – Italie/Finlande ‘20
Pour cette chronique, il faut commencer par parler du trio The Samurai of Prog (SoP) où Bernard & Pörsti (B&P), bassiste et batteur, sont épaulés par le guitariste S. Unruh (Unitopia, UPF...). Ce trio a produit 8 albums de prog symphonique depuis 2011 et B&P, en duo, en sont déjà à leur second cette année. Prolixes. Ensuite SoP c'est aussi de très nombreuses guest-stars sur chaque album. Hormis les excellents Twinscape, basse+batterie invitent généralement d'autres instrumentistes pour faire un album, mais il est plus rare de leur laisser aussi la compo; ici, 6 pistes, 6 compositeurs dont 5 issus de la galaxie SoP. Seul J. Rosas, compositeur de l'epic final, semble venir d'autres sphères. Mais au-delà des cuistots, goûtons:
«Vuelo Sacrado» (9'), composé par E.G. Salueña (!Cuac) aux claviers, est une pièce enlevée, introduite par un piano solo. Très vite, ruptures de rythmes, arrivées de synthés dans une verve camelogenesienne donnent de l'ampleur à l'oeuvre. Le chant de l'ensemble de l'album est agréable, en espagnol (Ariane Valdivié pour les pistes 1, 2 & 3). Le violon (S. Unruh) intervient dans un style Kansas/PFM. Le calme revient avec le thème au piano, seul puis orchestré, suivi d’une envolée ciselée de guitare rock, remplacée par une autre de claviers (teintés Floyd, donc roses). Une bonne entrée en matière avec un grand nombre des codes et des sons de la prog symphonique.
«El error» (11') débute, lui aussi, par le piano du compositeur de la piste, A. Di Benedetti (Inner prospekt, Mad Crayon). J. Hackett nous y gratifie de la présence de sa flûte toujours pertinente. Une très belle reprise à la basse au milieu du morceau crée un rythme syncopé qui vire pop avec le chant, pour un slow qui pourrait vivre seul. Apaisant.
«Voz de Estrella que Muere» (5'34), de O. Lacagnina (Latte e Miele), s'ouvre par une flûte (des Andes pour y entendre la voix des étoiles mourantes?). Le morceau alterne passages chantés lents et gris avec un foisonnement guilleret très RPI, pour un final majestueux et entêtant.
«Ansia de Soñar» (10'20) ouvre sur un thème au piano qui sera décliné successivement par flûte, orgue+guitare électrique, avant de laisser seul l'orgue jazzifiant. La voix de M. Escurra (auteur du texte et comparse du compositeur O. Stampalia au sein de Jinetes Negros) ouvre une seconde partie, proposant alors une chanson assez classique, qui va vers le thème devenu rock et revient, poursuivant cette alternance jusqu'à la flûte finale (groupons-nous?). Patchwork.
«Concion desde la Caravana» (3'30) est un agréable interlude, piano solo, proposé par D. Myers (ex-The Musical Box). Une respiration dans l'album avant la pièce maîtresse.
«La Tierra» (30'12) est la juxtaposition de 3 parties, plus Supper's ready que Tales. Certaines foisonnant d'idées à peine exploitées, c'est un beau bouquet final avec un son de clavier qui saute allègrement de Goblin à Emerson.
En conclusion: servi par une qualité de mixage supérieure c'est un album qui ne révolutionne pas le genre mais qui mérite plus qu'une écoute distraite.
Ciceron 3.14
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=bkzTLia7XCo

24/11/2020

Left Sun
Tidal Flow
prog rock kaléidoscopique – 44’43 – Portugal ‘20
Left Sun a commencé dès 2016 à proposer un rock créatif basé sur les mélodies et l’émergence de sonorités diffluentes, passant du hard rock à la new wave en quelques instants. Un polychromatisme musical et expérimental avec des relents de Muse, de Depeche Mode, de Simple Minds, de Paradise Lost, d’Anathema, de Pain of Salvation, de Soundgarden, de U2 ou de Pink Floyd pour l’atmosphère. Certains titres vous feront peut-être penser au Porcupine Tree, à Riverside. Un rock planant, ambiant, progressif, atmosphérique, alternatif, hard avec des sons séquencés à la base, d’autres syncopés, des guitares acoustiques, des riffs exubérants, le véritable creuset musical en fait; de l’indie, du post aussi pour créer un groupe hybride qui rassemble plein de genres. Un album qui narre les dilemmes humains avec ses craintes et ses espoirs.
Un «Devotional» qui met l’ambiance avec du U2 tant en voix qu’en guitare aiguë et lancinante, break travaillé limite grunge puis indie new wave en peu de temps. «Haze» et son violon entraînant dans un dédale zeppelinien avec riff hard et structure doom. «All Roads» et air électronique sombre à la Porcupine Tree puis douceur synthétique qui rapproche d’atmosphères à la Banks, étrange morceau qui vous fait penser à 20 groupes en 4 minutes. «Tidal Flow» pour le titre éponyme instrumental et du Simple Minds, non du Light Damage ici, non cet instrumental d’Ange, non du Pink Floyd, ça devient dur de trouver l’âme musicale de ce groupe, bref sublime. «Cold» débarque avec 7 minutes kaléidoscopiques flirtant avec grunge et rock glacial limite post-rock, un peu de Coma Rossi puis montée enivrante sur un synthé aérien et un solo à la guitare jouissif – j’y vois Gary dessus –, immense morceau. «Waiting» et son intro acoustique pour la ballade spleen romantique. «Celebrate» me renvoie à du Paradise Lost, la voix criarde provoque un bémol ici, le break vient sauver le tempo. «Hide» et l’intro de fond de U2 mais pas que, synthé évolutif, sonorité cold wave teintée de pop agrémentée d’un solo à tomber au violon, spleen à tous les étages. «Soaring» vient terminer cet album déroutant avec un air magnétique, un peu cold wave, un riff à la Gathering du début, de l’indus méditatif avec encore ce violon magique.
Album léger, romantique, alternatif raclant ce qui s’est fait de mieux depuis 20 ans depuis le grunge, le hard, la new wave, le doom et l’alternatif rock, pour intriguer, divertir, passionner, agresser et inviter à l’introspection; Flavio Silva est un génie qui risque de vous étonner après quelques écoutes déroutantes. Des morceaux différents pour un album foisonnant d’idées créant une atmosphère d’art music sidérante.
Brutus
https://open.spotify.com/album/7FdZAxtoxSgtclsnNuVWPC

https://www.youtube.com/watch?v=1PUKlkO9DKY&list=RD1PUKlkO9DKY&start_radio=1

25/11/2020

Long Distance Calling
How do we want to live?
crossover prog – 52’56 – Allemagne ‘20
Cela fait déjà près de quinze ans que les Allemands de Long Distance Calling (originaires de Münster) ont commencé leur parcours. J’avoue d’emblée être totalement passé à côté de ce groupe jusqu’à ce jour et c’est bien dommage. Leur (déjà!) septième album qui nous occupe aujourd’hui propose avant tout une démarche avec un vrai propos illustré par le titre de l’album. Ils nous livrent en effet une réflexion sur l’époque que nous vivons actuellement. Bizarrement, l’album a été composé avant l’éclosion de la pandémie que nous connaissons actuellement mais cette actualité rend le propos encore plus pertinent. Sur le site du groupe, Jan Hoffmann, le bassiste du groupe écrit: «En ce moment, nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas dire si un développement technique renforce l’utopie ou la dystopie. Il devient évident que tout se développe de façon exponentielle. Le contact avec la technologie devient de plus en plus difficile chaque jour. Tout le monde, même nous en tant que groupe, voulons explorer l'avenir, mais nous devrions commencer à regarder de plus près comment nous laissons des empreintes numériques et comment nous abandonnons nos droits personnels. Devons-nous nous engager dans chaque innovation technique, uniquement parce que c'est possible maintenant?… En outre, les théories du complot sont de plus en plus populaires chaque jour. À l'époque de la pandémie, ce phénomène se déroule plus vite que jamais et moins de gens s'intéressent à d'où viennent les opinions, qui les a placées et pourquoi elles l'ont fait.» Le côté visuel est également très soigné; je vous conseille à ce sujet l’inquiétante vidéo de leur morceau «Voices» avec un univers visuel quelque part entre «THX 1138» et «I Robot». Côté musique, le groupe propose une musique quasi exclusivement instrumentale (à l’exception d’un morceau sur cet album) où l’accent est mis sur les ambiances et les atmosphères. Il plonge ses racines dans de nombreuses influences; certains les rattachent à l’étiquette «post-rock», «post-metal» ou «prog metal». Chaque étiquette sera d’emblée réductrice. Au jeu des comparaisons, l’image qui me vient serait celle d’une rencontre improbable entre Pink Floyd et Linkin Park; ambiances donc mais aussi puissance et modernité. En résumé, un cocktail réellement efficace. Est-ce du prog finalement? En fait, cela n’a aucune importance; c’est juste de la belle musique composée par un groupe en pleine possession de ses moyens et sûr de son fait et de son talent. À découvrir absolument donc.
Amelius
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=3HoYxa0D6UM

26/11/2020

Metallica
& San Francisco Symphony
metal/classique/symphonique – 2 CD + 1 DVD – USA ’20
Des années que je n’écoutais plus ce groupe qui, un peu à l’instar de Dream Theater, avait fini par me lasser. Surtout les voix, Hetfield et LaBrie confondus. Si Hetfield reste agaçant à beugler ses trois notes (toujours les mêmes quel que soit le morceau, qui font un peu «yayayoooooooheueueueu» comme sonorité), fort heureusement le côté orchestral rattrape ici le tout! Puissance tant du côté de l’ensemble symphonique que du côté guitare qui arrache solidement. Après une intro d’Ennio Morricone d’à peu près trois minutes, «The Cult of Ktulu» va décoiffer même les chauves. Mariage parfait entre la six cordes de Kirk Hammett et le Symphony, aussi déchaînés l’un que l’autre. Le fan va retrouver les grands «hits» du band avec forte coloration symphonique donc, plus forte encore sur la deuxième rondelle où s’invitent en sus Sergueï Prokofiev (1891 – 1953) et un certain Alexandre Mossolov (1900 – 1973), compositeur contemporain russe. La «Scythian Suite Opus 20 II» du premier a la cote tant auprès des metalleux que des progsters, vu que Emerson, Lake & Palmer avaient déjà repris ce morceau par le passé («In concert»). Quant au «The Iron Foundry Opus 19» du second, il était fait pour la veine metal, vu le sujet et le déchaînement d’énergie pure de l’opus. S’ils optent pour la version 3 rondelles, les fans apprécieront pleinement le DVD qui leur fait revivre le concert en visuel. L’agressivité comportementale légendaire de Hetfield tout comme sa façon de hurler ne les dérangeront pas. Quant à moi, j’ai surtout retenu l’excellente prestation du San Francisco Symphony, parfaitement mariée à la trame de pur metal du band américain (ah! ce duo violoncelle/guitare électrique!). L’album est disponible sous plusieurs formes mais pas sur bandcamp (sauf en mode «watch HD online» si vous êtes inscrits).
Clavius Reticulus
Album non disponible sur bandcamp.

https://www.youtube.com/watch?v=MOvA1MtOKFg

27/11/2020

Kavee
Metempsychosis
folk progressif atmosphérique – 41’53 – Italie ‘20
Kavee est, en réalité, le projet d’un homme seul, Valerio Willy Goattin. Notons toutefois que Valerio est également chanteur, guitariste et compositeur dans les groupes Galaverna (pas très éloigné de ce qu’il nous propose ici) et Slap Guru (entre le rock psychédélique et le stoner). La musique que nous présente ici l’ami Valerio a été composée à Vérone entre les mois de mai et d’août 2020. Malgré qu’il s’agisse d’une période post-confinement, toutes les compositions respirent le calme et la tranquillité. Dès l’introduction du titre éponyme, le ton est donné avec ces quelques notes à la guitare, très délicates s’il en est, le chant, tout aussi fin n’intervenant qu’après deux minutes. Il en va de même pour le morceau suivant, «The Loss of the Sun». «Indian Summer» n’est pas en reste, de même que «Like Morphine». Aucune pièce ne vient briser la monotonie qui nous envahit peu à peu. Loin de moi, l’envie de discréditer cet album, alors je voudrais terminer sur ces mots qui me viennent à l’esprit: «Ô temps, suspend ton vol», car, ici, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté…
Tibère
https://kavee.bandcamp.com/album/metempsychosis

https://www.youtube.com/watch?v=-Xk2yviHo0Y

28/11/2020

Vitam Aeternam
The Self-Aware Frequency
dark-progressif – 35’52 – Mexique/Norvège ‘20
Au début des activités de Prog censor, je vous avais parlé d’un nouveau concept mexicain intitulé A Flying Fish qui, avec son premier témoignage discographique, avait ressuscité l’univers de l’énigmatique groupe italo-slovène Devil Doll.
Aujourd’hui, Râhoola, (l’homme orchestre qui se cache derrière ce concept), s’est entouré d’autres musiciens pour bâtir la légion Vitam Aeternam chargée de poursuivre ses fouilles archéologiques afin d’élaborer une suite au phénomène construit par le célèbre Mr Doctor de Devil Doll durant les années 90.
Vitam Aeternam, la légion fondée par Râhoola, est construite autour de Jake Rosenberg (synthés, piano, programming, sampling) et André Aaslie (piano, orchestration, moog et mellotron). Trio auquel il faut ajouter quelques invités comme Bor Zuljan (ancien de Devil Doll), Øyvind "Mustis" Mustaparta (ex-Dimmu Borgir), Juan Manuel Flores (Cuarteto Cromano), Goran Setitus (Omnia Moritur, ex-Setherial), Alasdair Dunn (Ashenspire), Przemyslaw Kajnat (Eternal Deformity, Allone), et Lotti Wood (Woodwindz). Outre le fait de maintenir le flambeau, cette mouture, plus qu’un clone, poursuit les travaux de Devil Doll en les parant d’expériences que Mr Doctor en personne aurait pu élaborer s’il avait daigné poursuivre sa colossale œuvre musicale.
«Carnival of Souls» de A Flying Fish était déjà un hommage réussi et étourdissant, ce «The Self-Aware Frequency» de Vitam Aeternam en est la pierre angulaire paroxysmique. L’univers de Devil Doll est traversé comme un peintre impressionniste façonne sa perception du réel. Ce premier album de Vitam Aeternam, tout en préservant les tics du Maître, dépasse l’oraison funèbre, le recueillement mélancolique, en y apportant une personnalité, des nuances au modèle. Un exemple avec ces parties rythmiques électro trip-hopiennes qui, sans passer pour blasphématoires, enrichissent l’aura protocolaire. Le cérémonial en est donc enrichi, plus posé, voyageant parfois vers les aventures du premier album de Chaostar ou les affres d’un Klaus Nomi transformé. Le cosmos de Râhoola est à présent proche de la perfection, sa voix est sublime, elle se pose sans hiatus sur des atmosphères et des sonorités ensorcelantes (violon, piano, chœurs, claviers sépulcraux,…).
Un album de neuf titres qui coule d’une traite, comme s’il ne comprenait qu’un seul fil embrasé d’une auréole luminescente.
L’enveloppe est sublime, il manque sans doute encore la force viscérale qui baignait les thèmes élaborés jadis par Mr Doctor, mais nous en sommes proches.
Les anciens fans de Devil Doll seront comblés, pour les autres ceci constituera une originalité qui leur donnera peut-être l’envie de fouiller dans les entrailles mirifiques du cultissime modèle italo/slovène.
Centurion

https://vitamaeternam.bandcamp.com/album/the-self-aware-frequency

https://www.youtube.com/watch?v=j-qPlEtquNs

https://www.youtube.com/watch?v=p4pEv7ryvAo&ab_channel=crimerecordsno

29/11/2020

Il castello delle uova - FASE 3
L'enigma del capitale
post progressif – 51’36 – Italie ’20
Il castello delle uova, «le Château des Œufs»… suggestion puissante d’une image dérangeante, due au quintet de Marsala (Sicile) – fondé il y 20 ans et responsable d’un premier album cinq ans plus tard –, symbole de robustesse et de vulnérabilité à la fois. Et trempée dans l’acier est la musique d’Il castello delle uova, herculéenne, tentaculaire, invincible et pourtant, toute de traits soniques, d’éclairs de lumières fragiles, d’excroissances douloureuses, de stigmates sanglants – poignants. Et fragile est l’histoire du monde qu’elle raconte, au travers de trois traumatismes: les mille morts du bombardement allié de Marsala la nuit du 11 mai 1943; la dévastation de la crise des subprimes de 2008; l’assassinat mafieux, le 8 novembre 1947, de Vito Pipitone, paysan-syndicaliste sicilien en lutte pour les conditions de travail de ses collègues. L’écoute de «L'enigma del capitale» englobe l’esprit, le corps: l’évocation de Pipitone, sous les mots âpres de Gaspare Li Causi, son partenaire de combat (papa du guitariste Pietro Li Causi?); le poids de la charge capitalistique et de ses ravages néo-libéraux; le hiatus des fondements compositionnels, mélodique et discordant, en couches superposées; les cycles arpégés au centrage défaillant, à la dissonance occasionnelle; les sons du monde; la production qui aménage le subtil comme le dément… «La musique d’Il castello delle uova est faite de la lumière du coucher du soleil, parce que le coucher du soleil est la transition d’une dimension à l’autre; parce qu’une lumière qui s’éteint peut donner naissance à une nouvelle aube.»
Auguste

https://ilcastellodelleuova.bandcamp.com/album/lenigma-del-capitale

https://www.youtube.com/watch?v=Jc7JwFZ_LQA&feature=youtu.be

30/11/2020

Maciej Meller
Zénith
rock progressif atmosphérique – 44’58 – Pologne ‘20
Bon, l’album du guitariste de Quidam, du projet Meller Gołyźniak Duda et dorénavant de Riverside, je ne pouvais qu’accepter la chronique, qu’il soit excellent ou pas! Je ne vous rappelle pas que Riverside est l’un des fleurons du prog sans concession de ce début de millénaire et lui redonne des lettres de noblesse; vu que sur le dernier album je trouvais sa ligne mélodique guitare pas assez exploitée, me voilà ravi ici de l’avoir en frontman, bien entouré cependant; on a là un side-project qui se rapproche plus d’un groupe à part entière. «Les musiciens avaient les mains libres, ils n'avaient qu'un croquis, une mélodie, une harmonie, une forme et un rythme» et ça a donné ça...
«Aside» dynamique donne le ton avec la voix posée de Krzysztof pour un titre ballade taillé pour la route, petit break spatial à mi-parcours avec des claviers qui assureront l’ossature des différents titres, amenant un solo qui me fait froid dans le dos, tout en réverbération, solo long que j’ai regretté de ne pas avoir avec les derniers Riverside, fin énergique. «Knife» et son intro au piano puis voix qui se la joue susurrée comme celle de Serra, de Collins de Sound of Contact ou plus ciblée celle d’Amirian de Collage; travail synthétique autour d’une montée «crescendique» puissante qui fait tilt, violence et douceur, la perfection. «Plan B» douceur à la Genesis, ballade romantique sur un acoustique qui est presque instrumental et donne la preuve que Maciej a plus d’un manche à son arc! «Halway» et une percussion pour mise en bouche, base pour mettre la voix si particulière en avant, doux solo immense qui part d’un coup et vous fait remettre le morceau, jouissif. «Frozen» pour le titre le plus pop-rock avec refrain et rythme énergique, histoire sur les interrogations d’un homme qui ne sait que faire et qui gèle sur place; break gilmourien à mi-parcours, chaud et intense sur une trame d’Animals à la fin. «Fox» pour le titre le plus calme, synthétique, électronique, pouvant faire penser à un autre groupe tant la ligne mélodique change jusqu’à l’arrivée du solo. «Trip» immense avec Mariusz dans l’aide à la conception de la trame, montée lente, planante qui me fait penser là à du bon Riverside et à une ambiance que faisait si bien Anathema; l’art de vous faire partir, méditer en quelques breaks électro opportuns; plusieurs couches, percussion métronomique, piano à la Radiohead, ambiance progressive à souhait, morceau qui semble durer plus longtemps. «Magic» pour la petite chansonnette de fin de parcours, voix et guitare acoustique.
Maciej sort ici un album au sujet duquel il ne faudrait pas se tromper, plus qu’une simple errance musicale, une perle musicale: sombre et brumeux pour découvrir une richesse d'émotions et d'accents musicaux, rock prog atmo introspectif, violence des accords sous une couche basse-claviers qui tient la route. Un album surprise dont je n’attendais pas une profondeur musicale aussi forte, un must.
Brutus
https://maciejmeller.bandcamp.com/album/zenith

https://www.youtube.com/channel/UChVNzZodiTieaISxJWhuK9g