Février 2021
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- 20/02/2021 : Les samedis étranges
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01/02/2021
Riverside
Lost 'n' Found - Live in Tilburg
rock progressif étalon –103’45 – Pologne ‘20
Riverside, qu’on ne présente plus, avait sorti un live en 2017 en catimini, pour ses fans. Il faisait suite au «Live at Nearfest» de 2006 et au «Reality Dream» dantesque de 2009. Cette réédition en médiabook CD-DVD-LP, remixée, va combler tous leurs amateurs en manque de concerts, suite à la pandémie. Un tout magnifié jusqu’aux dessins, le précédent enregistrement devenant collector de fait. Une re-issue à la mémoire de Piotr Grudziński, leur guitariste d’origine, enregistrée lors de leur tournée «Fear and the Time Machine Tour». Un concert édité en 2017 que je réécoute avec bonheur, de meilleure qualité et avec la guitare magique de Piotr, laissant dégager cette émotion nostalgique en cette fin d’année. Brel chantait: «On n’oublie rien de rien, on s’habitue, c’est tout»; c’est suffisamment explicite pour vous laisser là-dessus.
Les titres sont dans le même ordre, l’intensité y est, le son nerveux, agressif, envoûtant, les moments des quatre compères au sommet de leur forme, chaque morceau reste un must de notes endiablées; il y avait plein d’énergie, des séquences limite hard que j’ai retrouvées lors de leur dernière tournée avec Maciej Meller, et je pense que tourner la page sans oublier Piotr est possible puisque la vie doit continuer.
Je rappelle «Lost», «Conceiving You», «Panic Room», «Egoist Hedonist» pour son riff ravageur, l’immense «Escalator Shrine» et son intro, ainsi que «The Same River», mais les autres titres ont toujours leur lot d’intensité, de spleen et de souvenirs à l'intérieur de tout qui sait que Riverside a été le fer de lance du new prog au début de ce millénaire. C'était hier.
Mariusz Duda précise que cette réédition doit être vécue comme un souvenir unique, une aide en ces temps sombres de pandémie et d’absence de concerts et, quelque part, comme l’occasion de faire vivre Piotr qui restera toujours dans nos cœurs. Un live au spleen régressif plein d’espoir où le côté mélancolique se mélange à la beauté sidérale des notes d’un quatuor au sommet de son art. Je rappelle que Riverside voulait exprimer des réflexions, des émotions, des rêves et des fantasmes à travers la musique pour échapper à la réalité grise. C'est fait.
Brutus
Album non disponible sur bandcamp.
02/02/2021
Karfagen
Principles and Theory of Spektra
rock progressif – 54’12 – Ukraine ‘20
Et voici, toujours magnifiquement illustré par Igor Sokolskiy, un nouvel album de Karfagen dont le prolixe leader Anthony Kalugin, son compositeur unique, veut proposer du prog principalement instrumental typé '70.
«Levitation» (9'45). Anthony démarre cet album par une guitare bucolique style Anthony… Phillips, pour glisser vers un rythme plus lourd marqué par une basse ronde, détaillée et méthodique, et des envolées de claviers divers et variants de pur prog à quasi jazz rock. Des inserts de flûte, de violons parfois, les guitares quand elles arrivent restent dans un registre plus rock, avec une phrase ciselée qui reste seule en mémoire une fois le morceau achevé. C'est plein de beaux sons, de micro-mélodies: Karfagen.
«Hunter» (6'02). Plus musclé le chasseur, synthés papillonnants, rythmique dense, piste avec beaucoup plus de caractère. Orientalisant parfois. Incantatoire pour finir. Réussi.
«Phantasmagoria» (12'58). Pour cet autre épic, retour de l'esprit de Ant dans cette magnifique intro, puis dans un souffle nous nous élevons sur un tempo lent, emmenés par les synthés, puis suspendus dans des glissandi réverbérés de guitare, nous passons dans un univers plus étrange, en retenue. À mi-piste, nous revenons sur une guitare sèche qui égraine de nouveau l'intro, la guitare électrique venant, un temps, remplacer les synthés avant que ceux-ci s'unissent à elle.
«Birth of a star» (7'04). Exposition du thème par de multiples instruments puis break. Intro très classique! Mais c'est très bien fait, enlevé, riche. 2 minutes passent en un claquement de doigts! Puis, pastel de guitare, basse, synthé, violon, flûte. Toute la palette défile avant que le jeu ne se muscle un peu pour mieux nous faire évader encore avec une guitare un instant gilmourienne, bien vite saturée, pour un chorus plus plaisant. Tout s'apaise (mais ce n'était pas la guerre!) en quelques arpèges.
«Calypso» (10'57). Vagues musclées sur une basse chaloupée, puis une incantation de la nymphe nous entraîne dans ce morceau et nous garde aux prises à nos rêveries dans ce morceau multifacette. Une basse bien grasse, accélérant notre rythme cardiaque, nous réveille pour une fin synthétisée, bercée par la mer. Gai. Le flux et le reflux me font marrer, c'est ainsi.
«Gravitation» (7'26). Intro paradoxale, un peu math pour une guitare réverbérée 😉. Un thème dupliqué tout au long de cette dernière piste un peu plus faible que le reste de l'album. La gravitation l'empêchant sans doute de s'élever. Mais cela reste très agréable, le mini solo «guitar hero», le clavier fusion, les voix de synthèse et cette basse bien ronde sont autant de points d'accroche pour l'oreille.
En conclusion, je suis sûr que si Caton l'Ancien était l'un de nos chroniqueurs, il aurait plutôt déclaré: «Non delenda est Carthago», ce que l'on peut traduire en ukrainien par: «не будемо знищувати Карфаген». Ne détruisons pas Karfagen. Car chaque album est un pèlerinage vers les mid-'70 sans plagiat, composé avec soin.
Cicéron 3.14
https://antonykalugin.bandcamp.com/
03/02/2021
Gavin Harrison & Antoine Fafard
Chemical Reactions
rock de chambre, complexe – 50’16 – UK ‘20
Gavin Harrison et Antoine Fafard ne sont pas des inconnus. Le premier, batteur et percussionniste, est Anglais et officia derrière les fûts dans le «In Absentia» et «Deadwing» de Porcupine Tree, avant de continuer avec Pineapple Thief, et poursuivre, depuis 2007, avec King Crimson. Le second est bassiste, d’origine canadienne, et réside en Angleterre. Depuis quelques années, il se spécialise dans les collaborations avec, par exemple, David Weckl ou Terry Bozzio.
Mais ce n’est pas tout, le Janacek Philharmonic Orchestra, orchestre tchèque de la ville d'Ostrava, est également dans le coup…
Les deux larrons sont virtuoses de leurs instruments et cela vous donne déjà une idée de ce qui vous attend à l’écoute de cet album. Les compositions sont signées par Fafard et nous offrent de nombreuses facettes, tant mélodiques que rythmiques…
Le style est résolument aux confins du rock de chambre, du jazz fusion et du math rock à la Crimson. La présence de Jerry Goodman (The Flock, Mahavishnu Orchestra, etc.) et de son violon rehausse l’ensemble de sonorités intéressantes (timbres).
Si vous aimez la basse, écoutez «Holding Back the Clock» où Fafard s’en donne à cœur joie, alliant mélodie et rythme. Le morceau titulaire, superbe composition, représente probablement l’apogée de cette collaboration avec Harrison au sommet de sa forme.
En somme, un album sophistiqué, de grande habileté musicale, avec de nombreuses compositions originales qui peuvent nous rappeler les groupes de rock de chambre comme Kotebel, French TV ou Finnegans Wake.
Lucius Venturini
https://antoinefafard.bandcamp.com/album/chemical-reactions
04/02/2021
Various Artists
The Sky Goes all the Way Home
A Fundraising Compilation
progrock/electronica/chillout/divers – 2 x 78’34 – UK ’20 (réédition)
Touchée par les anges, la petite Claire, 12 ans, assise sur le siège arrière de la voiture de son papa, prononce cette phrase poétique en contemplant le ciel où passent les nuages. Ashley Franklin présente l’émission «Soundscape» à la BBC. Sa fille Claire souffre du syndrome de Down (trisomie 21) et ne prononce jamais plus de deux syllabes pour s’exprimer. Alors, est-ce un miracle? Ashley décide alors de contacter des musiciens locaux et nationaux pour créer la présente compilation dont le bénéfice des ventes ira à l’école spécialisée de Claire afin de leur permettre d’acheter un minibus. Sorti il y a 21 ans, l’album est réédité aujourd’hui et les fonds sont toujours versés à l’école Parkwood d’Alfreton en Angleterre. On y trouve de grands noms du progressif, de la musique électronique et atmosphérique et ce n’est pas exhaustif. Voyez plutôt: Rick Wakeman, Peter Hammill, Kevin Coyne, No-Man, Anthony Phillips, The Enid (exceptionnel!), Roy Harper, Robert Fripp, Andy Pickford, John Wetton; la place me manque pour les citer tous. Préparez-vous à un long frisson de bonheur en parcourant le paysage mélodique de ces quelque 150 minutes où alternent des saveurs purement célestes et des sonorités plus progressives d’artistes qui offrent ici des compositions parfois exclusives, et ce pour la bonne cause. Le ciel bleu, le ballet des nuages qui semblent «rentrer à la maison», c’est le point de départ donné par Claire dont la voix est un reflet d’éternité qu’Ashley a enregistré et envoyé aux musiciens par lui approchés. Partitions de guitare sublimes sur ce double album en parfaite harmonie et en alternance avec des claviers aux nuances séraphiques spiralées sous les doigts du Mage Wakeman. Ambiances diverses allant des univers chill-out de Andy Pickford aux ballades étoilées d’une mouvance Moody Blues ou celtiques (Thee-na-Shee, d’inspiration Stivell). Tout est féerique si l’on excepte un Kevin Coyne à la voix rocailleuse qui fait un peu tache sur l’ensemble mais ne dépareille cependant pas totalement le concept général. The Enid et son «Tears of the Sun» particulièrement superbe conjugue l’atmosphérique au genre cinématique teinté classique et transporte définitivement le mélomane sur… un nuage! Une parfaite réussite et un large éventail de tout ce que le monde du progressif au sens large peut offrir en héritage. Laissez-vous guider par ce simple appel inspiré par les fées. Sept mots qui ont été le fil conducteur pour chacun des participants et il faut croire que celui-ci menait aux portes d’un monde aux facettes plurielles que chaque artiste a illustrées de son savoir-faire à déguster sans modération. Un «must-have» non disponible sur bandcamp, mais vous trouverez ci-après le lien direct pour commander l’album.
Clavius Reticulus
https://www.cd-services.com/product_info.aspx?id=1970&qry=&key=&genre=24&pi=0
05/02/2021
Fields of Næcluda
Half Live
rock progressif alternatif – 60’37 – France ‘20
J’avais déjà eu l’occasion, le 30 avril dernier, de vous présenter le premier album de ces Grenoblois. Et voici que Fields of Næcluda nous revient avec un album live enregistré à La Salle Noire à Grenoble le 22 septembre dernier (sans public, j’imagine vu la pandémie malheureusement toujours présente). Le line-up a été légèrement modifié par rapport à la première réalisation du groupe: si Michel Tessier (basse, chant) et Mathieu Schricke (batterie) sont toujours bien présents, Steven Segarra a été remplacé à la guitare et aux chœurs par Étienne Doucet.
La setlist présente bien évidemment plusieurs titres déjà présents sur la plaque précédente, c’est le cas de «Make You Blind», «Id», «Elysium», «Only Ashes Remain» et «I See You». Les versions présentées ici valent bien évidemment les originales.
Nous avons donc droit à deux titres supplémentaires: «Intro» qui ouvre effectivement l’album avec ses bizarreries instrumentales. Une très longue composition (trente minutes) clôture et porte le titre «Half Live Full Track» débutant comme la plage d’intro pour se poursuivre avec du chant et des motifs répétitifs, malgré des ambiances différentes tout du long.
Fields of Næcluda ne démérite en rien avec ce «faux» live et je vous encourage à soutenir nos artistes en ces temps difficiles et troublés. L’album est disponible sur leur page bandcamp pour le prix que vous désirez leur attribuer, alors n’hésitez pas!
Tibère
https://naecluda.bandcamp.com/album/half-live
https://www.youtube.com/watch?v=1Sqca2efXsI&feature=youtu.be
05/02/2021 - EP
IKITAN
Twenty-Twenty
post progressif – 20’19 – Italie ‘20
Ikitan est un trio instrumental originaire de Genoa en Italie et est composé de Luca Nash Nasciuti à la guitare et aux effets, Frik Et à la basse et autres effets, et Enrico Meloni à la batterie et à la sonnaille (oui, les cloches que l’on trouve au cou des vaches dans les alpages suisses). «Twenty-Twenty» est leur premier EP et ne se compose que de ce seul titre. Bien qu’ancrée profondément dans le post progressif, cette pièce musicale est tout sauf monotone et nos amis transalpins nous emmènent dans leurs environnements sonores aux développements parfois inattendus, mais jamais inutiles ou redondants.
N’hésitez donc pas à entrer dans leur univers et notez que cette pièce est disponible en CD (avec un poster), ce qui s’avère de moins en moins courant.
Tibère
https://ikitan.bandcamp.com/album/twenty-twenty
06/02/2021
Döda Havet
Tid och Rum
rock progressif – 34’40 – Suède ‘20
Dans ce marasme actuel où tout se vaut ou presque, il est toujours extrêmement rassurant de prendre en pleine poire un album comme ce «Tid och Rum» du groupe suédois Döda Havet. C’est parce qu’il existe des étoiles comme celle-ci, qui laissent apparaitre leur traînée luminescente dans le marais placide des productions lambda, que votre serviteur conserve, pour eux, ces êtres singuliers, ses notes d’exception.
Ce second opus, après un album éponyme déjà intéressant paru en 2016, est une machine indéfectible baignée de rock progressif d’origine scandinave mais aussi d’une certaine idée du rock alternatif. Ses huit titres fusionnent la puissance instrumentale à la richesse mélodique, en y ajoutant l’originalité d’un chant en suédois. Cet équilibre parfait voit bourgeonner des moments magiques, des idées maîtresses, des impulsions plus captivantes qu’alambiquées, des envolées plus puissantes de subtilités orchestrales que démonstratives. Un tout qui de sa main herculéenne vous balance une gifle cinglante pour remettre vos idées en place et vous laisser une trace dans le cœur plutôt que sur la joue.
Il y a de ces musiques qui sont sans datation, ni vintage ni futuristes, juste à propos, en adéquation avec leur style, leur époque, ou ce qui devrait l’être. Les réminiscences du passé sont digérées et restituées dans un véhicule sillonnant des routes matérialisées par le génie créatif d’anciens confrontés aux dictats contemporains. Un condensé de progressif, ni contestataire, ni virulent, juste là,… sain, simple et parfait.
Centurion
https://gaphals.bandcamp.com/album/d-da-havet-tid-och-rum
07/02/2021
AUA
I Don’t Want It Darker
krautrock – 32’21 – Allemagne ’20
Avec ce court album aux compositions motoriques, AUA, duo de Leipzig, replonge dans l’électronique germanique du début des années 70, quand Kraftwerk se penchait encore sur le bruit des lampes et des transistors, polissait ses rythmes sans excès et n’accordait à la mélodie que la place qu’elle méritait (c’est-à-dire pas toute la place) – cela dit, j’adore aussi le Kraftwerk imparable de «The Man Machine». Henrik Eichmann et Fabian Bremer mélangent, à cette dette évidente («I Don’t Want It Darker»), des parties de guitare surf («No Treatment»), un air de… Air (ces vagues glissantes), une esthétique ouvertement vintage («Glowing One») et un penchant pour les décors de fiction («The Energy Vampire») – sans oublier une préférence pour les synthés accordés juste un peu à côté. Bref et sympathique.
Auguste
08/02/2021
Millenium
The Sin
néo-prog – 48:46 – Pologne ‘20
Millenium, qu’on ne présente plus, sort là son 16e album sur une interprétation des sept péchés capitaux axés sur les politiciens avides de pouvoir devenant hors de contrôle. Idée à la mode cette année mais tellement réelle malheureusement. Un album de néo-prog sans grande nouveauté mais sans défaut, avec une voix, celle de Łukasz et ses refrains accrocheurs qui restent vite en mémoire, des solos plus marqués allant des claviers de Ryszard aux cordes de Piotr; la pochette caricature de Marek Szczesny indique bien de quoi il est question.
«Pride» et une petite intro progressive, ça tombe bien, une mélodie avec refrain envoûtant, passage instrumental floydien surtout pour les claviers, air qui plonge littéralement dans le néo-prog atmosphérique du précurseur Arena, air entêtant qui s’incruste dans votre tête dès la première écoute. «Lust» enchaîne, j’aime bien les titres qui se suivent, avec un tempo imposant plus lent, la voix de Łukasz bien dans la lignée néo amenant de fait des envolées de claviers doux de Ryszad dont on sent la patte reconnaissable et des guitares juteuses juste après un break angélique, simple mais efficace avec une touche de symphonisme; et «Wrath» arrive pour un solo guitare intimiste puis un riff rythmé et symphonique, métronomique et aérien, posant le titre jusqu’à un intermède tout en douceur; les voix en duo donnent plus d’intensité puis un solo final graisseux à souhait de Piotr imprime bien la patte du néo; santé!
«Gluttony» et une flûte jethro-tullienne (originale ou samplée) sur une base orientale nous envoie sur un morceau plus intimiste, IQ ou Arena sont bien là en pensée; le synthé d’un coup, doux, velouté à la Pink Floyd du regretté Richard Wright, puis la guitare qui manquait ces derniers temps dans les réalisations progressives. En-cas robotique puis final en duo.
«Sloth» et une ballade, piano délicieux et basique à l’entame, voix suave, synthés dans un premier temps qui font partir, guitares au second train pour un tempo plus langoureux à la limite du spleen pour l’une des pièces à la fois la plus simple et la plus émouvante, retour du piano à la fin. «Greed» enchaîne encore avec le titre tube selon moi avec le premier, plus énergique et aussi plus conventionnel, les claviers de Ryszard jouant avec les cordes de Piotr, titre mélodique convenu un peu en retrait. «Envy» vient finir cet album concept, il faut le dire, par une envolée slide guitar cristalline, aérienne à la Chris Rea (trop méconnu, lui) ou de Mark des Dire Straits; bref, morceau plus long, plus de sensibilité, montée plus lente aussi avec des breaks qui se font attendre, synthés de Ryszard en avant ainsi qu’une guitare acoustique jusqu’à l’apothéose prog comme elle se doit avec le solo guitare de Piotr plus émotif, plus explosif que les autres.
Millenium sort ici le disque ultime, presque des tubes à chaque titre, un rythme mélodique, fruité comme j’aime à le dire, un voyage allégorique pour parler de la fierté, l’avidité, la luxure, l'envie, la gourmandise, la vengeance et la paresse. Il me fait penser un peu au groupe Mystery qui est parvenu à synthétiser la substantifique moelle progressive, un album simple mais terriblement efficace, pas technique en soi mais amplifiant le côté mélodique et versant dans les climats atmosphériques. Un album qui risque de vous marquer en ce début d’année si vous l’avez oublié en 2020.
Brutus
Album non disponible sur bandcamp.
09/02/2021
Guppy Fish
The Fall Of Man
rock progressif – 51:55 – Grèce ‘20
«The Fall of Man» est le premier véritable album des Athéniens de Guppy Fish. Actifs sur la scène progressive depuis une dizaine d’années, leur album fait suite à un EP sorti en 2014 qui m’avait séduit à l’époque par un style très proche du Opeth de ces derniers temps.
Et je ne suis pas déçu; dès le premier titre éponyme, «The Fall of Man», l’influence du band d'Åkerfeldt n’est pas démentie. Mix parfait de rock progressif et de musique planante.
Une musique parfaite pour la BO d’un automne pluvieux, sublimement mélancolique et sombre.
Chants magnifiques, claviers tout en nuances et guitares imparables dans des soli inspirés. Camel, Pink Floyd et Porcupine Tree sont aussi, à l’évidence, des influences majeures de la formation hellénique.
Une œuvre qui sent bon le rock des années 70, celui des pères fondateurs.
Une merveilleuse confirmation d’un talent certain.
J’ai trouvé mon album de fin d’année. Écoutez-le! Mieux, achetez-le! Vous ne le regretterez pas.
Tiro
https://guppyfish.bandcamp.com/album/the-fall-of-man
10/02/2021
Xavier Boscher
Waterscapes
guitar’prog – 40:17 – France ‘20
«Beau mais pas cher! C’est Boscher»… Telle aurait pu être l’accroche publicitaire pour un disque de Xavier Boscher au cours des années 70 mais trêve de gaudriole, Boscher a sorti une pléiade de disques sur un concept prog metal la plupart du temps, mais pointant le museau du côté jazz rock, voire du new age parfois. Pourquoi ce dispatching musical? Notre homme est guitariste et tient à s’exprimer dans diverses directions musicales, le tout avec un certain bonheur, il faut bien l’avouer. Depuis 1995, sans courir après une renommée qu’il n’a obtenue qu’auprès d’un cercle restreint d’amateurs éclairés, témoin son «Embryogenesis» de 2017, le plus encensé par de nombreuses critiques internationales, Xavier Boscher est un stakhanoviste du manche ou plutôt, devrais-je dire, de l’enregistrement. Les guitaristes sont souvent atteints de créativité aiguë et le Niçois ne déroge pas à cette règle quasi intangible. Ce «Waterscapes» atteint un nouveau sommet d’inventivité avec quelques perles telles «Atlantis» ou «Abyssal» où son talent rejoint des profondeurs insondables avec un jeu qui n’est pas sans rappeler celui, souple et délié, d’un certain Hassan Hajdi, certaines mélodies plus douces pouvant s’incorporer dans une création angélique sans l’ombre d’un doute, au point qu’on attend parfois la voix du père Décamps venir se poser au détour d’une note! Car Boscher n’est pas un Malmsteen ou un Satriani, la course symphonique effrénée n’est pas son atout majeur mais plutôt donc certains morceaux d’une beauté aquatique comme encore «Hydrotherapy», autre titre ayant trait à l’élément liquide, celui-ci semblant être le fil à suivre pour s’immerger au gré de l’album. En même temps, le titre «Waterscapes» ne peut tromper sur la marchandise! On ne doit pas être induit en erreur par le titre d’ouverture «Cataract» qui peut faire craindre une déferlante tous azimuts d’un heavy metal trop rapide car le titre suivant «Nectar Ocean’s Depths» vire vers un jazz rock inspiré de haute volée. Pourtant, c’est le surprenant (dans le contexte) «Sea Cathedral» et l’orgue qui introduit le morceau qui provoquera un réflexe pavlovien chez l’auditeur de prog’ lambda, progression d’accords et câlineries progressistes déclenche un enthousiasme non feint. On en arrive au court titre final «Watershed», une jolie composition digne d’un Hackett sous stéroïdes où deux styles guitaristiques s’opposent pour un bouquet final qui déclenche l’allégresse auditive. Ce disque purement instrumental a le mérite de se développer sur une durée qui n’engendre pas l’ennui, un peu plus de quarante minutes de bonheur supplémentaire pour la carrière de Xavier Boscher, un guitariste qui véhicule l’émotion sans bouée de sauvetage…
Commode
https://xavierboscher.bandcamp.com/album/waterscapes
11/02/2021
Devin Townsend
Order of Magnitude : Empath live volume 1
métal progressif – 2 CD + DVD + Blu-Ray (et autres combinaisons) – Canada ‘20
Comme souvent, l’objet est proposé sous plusieurs formes mais seul le Blu-ray de cette édition artwork limitée comprend un documentaire. La section rythmique tue toujours autant et le chant souvent ponctué de longs «hurlements», comme seul Devin peut le faire, renouvelle toute la puissance inimitable de cette prestation scénique. Des coulis de synthés qui font penser à l’intro de «Close to the Edge» précèdent les attaques en règle des guitares assassines. Trois nymphes complètent le chant: Samantha et Anne Preiss et Arabella Packford. Une bonne dizaine de musos sur la scène dont Mike Kenneally (ex-Zappa), Markus Reuter (The Crimson ProjeKct) et Morgan Ågren (Zappa), impossible de les citer tous ici. Les shows de Devin sont toujours délirants et celui-ci ne fait pas exception. Les moments atmosphériques succèdent aux déferlements des six cordes au son saturé ponctué d’interventions vocales qui, elles aussi, oscillent savamment entre calme, volupté et hystérie. «Deadhead» est prodigieux dans son ascension quasi symphonique! Devin apparaît aussi vêtu d’une jupe en voile de tulle pour une partition d’opéra, véritable démonstration d’une incroyable tessiture («Why?»). Son prochain album studio aura des sonorités «extraterrestres» et s’appellera «Lightwork». Sortie prévue en août prochain. Devin Townsend rappelle parfois les moments déjantés de King Crimson, y greffant de petites touches colorées metal psyché. Une multitude d’ambiances fondues en un multivers dont on sort transfiguré ou… dont on ne sort plus! Si ce «Empath live» n’atteint pas la démesure du coffret précédent, «Ziltoid», enregistré au Royal Albert Hall en 2015, il demeure cependant incontournable. Quant au volume 2, il s’est joué en septembre en live streaming sous le nom «By Request». Et solidement, mais alors solidement, plus violent que ce premier volet.
Album non disponible sur bandcamp.
Clavius Reticulus
12/02/2021
DarkFlow
6
post rock – 47:58 – Suisse ‘20
DarkFlow nous vient de Lausanne et pratique un post rock mâtiné d’aspects doom voire psyché. Le groupe se veut malsain, profondément dark et différent des autres bands naviguant dans ces eaux noirâtres. Au risque de ses membres décevoir, et même si leur musique ne manque pas de charme et de noirceur, ils ne sont certainement pas les seuls à officier dans cette catégorie. Déjà, quelle drôle d’idée de nommer leur premier album «6»! Mais voyons tout d’abord de qui est composée cette entité: au chant et à la folie, nous trouvons Sean Horror, aux guitares et à la passion, c’est Flow, à la basse et à l’énergie, Fil emplit parfaitement son job, à la batterie et au cœur, Colt ne démérite nullement, tandis qu’aux claviers et à la gentillesse, TwentyBlood nous délivre de bien belles parties.
Sean Horror s’adresse à nous sur «Old Days» afin de nous faire les présentations et de lancer la machine pour un rock classique à la ZZ Top. «Feel the Sand» poursuit dans une ligne plus psyché avec toujours la voix d’outre-tombe de Sean, le tout sur une basse bien présente. De répétitives notes égrenées à la guitare entame «It’s All For You» sous de lancinantes interventions de l’orgue. Une déchirante ligne au piano et nous voici partis pour neuf minutes avec «Dark Lives Matter» où la voix de notre protagoniste reste toujours torturée mais emplie d’émotions. L’orgue se fait bien présent sur «Hatred Between Neighbours» et convoque des aspects ici encore bien psychédéliques, alors que le break se fait aérien, aussi bien sur les guitares que sur le piano. Le long «Funeral» (seize minutes) développe des ambiances reptiliennes pour clôturer cette plaque.
Un album qui demande plusieurs écoutes pour être apprécié à sa juste valeur. Profitez-en, le téléchargement est gratuit sur leur bandcamp!
Tibère
https://darkflowofficiel.bandcamp.com/
12/02/2021 - EP
External
Stillness
metal moderne/alternatif – 24:12 – Finlande ‘21
La pandémie a provoqué des changements de comportement et parfois suscité de l’inventivité. C’est le cas pour le groupe finlandais External qui, durant l’été 2020, décida de laisser libre cours à sa créativité afin d’engendrer ces cinq petites chansons en dehors de son terreau de prédilection. Plutôt à cataloguer dans le genre metal, le groupe, avec cet EP, lorgne ici vers le rock alternatif, et ce malgré quelques fracassantes poussées énergivores (on ne se refait pas). Cette musique hybride aux ambiances froides et introspectives, et de laquelle la lumière émerge comme à la suite d’un songe tourmenté, est d’une richesse insoupçonnée. Elle donne à penser, à imaginer ce que le temps et l’oisiveté peuvent avoir comme influence sur la créativité, sur nos vies et notre futur.
Un isolement forcé peut engendrer des créations inattendues qui donneront peut-être à cette formation des appétences improbables.
Centurion
https://externaltheband.bandcamp.com/album/stillness
13/02/2021
Once and Future Band
Deleted Scenes
rock progressif/pop/fusion – 40:59 – USA ‘20
Voici un album bien intéressant. Once and Future Band est un combo de Oakland et ceci est leur deuxième album.
De la belle ouvrage! On est immédiatement attiré par la qualité mélodique des compositions. Difficilement classable, on pourrait dire que c’est un mélange improbable de prog-pop, avec pas mal d’éléments jazzy (discrets) et, jusqu’à un certain point, légèrement folk. Au loin, on peut sentir un léger relent de psyché, léger, subtil et entêtant.
Le tout est admirablement balancé et on se laisse emporter sur l’onde de ces compositions délicates et subtiles. On peut parfois se rappeler les Anglais de 10cc ou Supertramp.
Les orchestrations sont riches et une large part est laissée aux timbres si particuliers de synthés analogiques.
Les harmonies vocales sont particulièrement soignées et réussies, donnant une texture variée et dense à l’ensemble.
On trouve trois instrumentaux sur l’album. Le premier, «Several Bullets in My Head», est un exercice classique de jazz fusion avec un solo de synthé qui peut nous rappeler Chick Corea et son Return to Forever. Le second, «Mr. G», est une composition complexe, avec de nombreux breaks, qui navigue un peu dans les eaux de Steely Dan, mais avec toujours ce son de synthé analogique. D’ailleurs, on pourrait dire que l’esprit de Steely Dan accompagne ce projet, sans pour cela, en aucune manière, que ce dernier soit une imitation. On y trouve plutôt une source d’inspiration similaire… Enfin, le grand moment du disque, c’est la dernière plage, «The End and the Beginning». On entre dans une œuvre qui comporte divers mouvements, changements d’atmosphère, rythmes et mélodies. Une fois de plus, on se sent emporté par le flux musical, au plus grand bonheur de nos oreilles…
Pour résumer: un album d’excellence, qui brasse très large, sans jamais perdre son unité. Ne le ratez pas…
Lucius Venturini
https://onceandfutureband.bandcamp.com/album/deleted-scenes
14/02/2021
Kairon; IRSE!
Polysom
psyché noisy/rock progressif – 49:05 – Finlande ‘20
Il n’aura pas fallu une minute à cette galette, frappée en plein cœur par la flèche de Diane, pour m’emmener faire l’Indien au dernier étage. Psychédélisme nappé d’atmosphères vaporeuses se transformant lors d’une accélération claudicante en bruyant monstre métallique, tenu en laisse par une répétitive supplique angélique. Je dis: «Oh oui, donnez-m’en davantage s’il vous plaît!».
Les vaillants Finlandais ne se font guère prier. Phaser en action, titre suivant, une espèce d’Hooverphonic poussiéreux cogné par un ersatz de Keith Moon. Flamboyante folie transpercée d’un solo tant efficace qu’épique! Ouf! J’aurais apprécié un silence suffisamment long afin de me remettre complètement de cette monumentale châtaigne pourtant voilà déjà la Valkyrie bleue qui remet le couvert avec, certes, un rythme tempéré mais toujours une orchestration d’une phénoménale densité.
Ça transpire le post-rock sans que les codes du genre y soient vraiment lisibles, ça se calme doucement, ça s’estompe un peu,... puis boum! À peine mon souffle repris, les meuleuses à six cordes se remettent à hurler derrière une cohorte d’angelots à l’unisson.
J’augmente le volume, ‘vais vers la cuisine, me prépare une camomille pour l’after et reviens me caler confortablement au fond de mon divan en n'oubliant pas la ceinture de sécurité!
Miracle cependant, le groupe me concède «Mir Inoi», pièce tranquille où l’on découvre en une voix douce que viennent d’emblée recouvrir de synthétiques, lancinantes, glaciales sonorités. La descente vers Altaïr, du même acabit, voit toutefois refleurir progressivement le côté noisy qui m’avait retourné les neurones jusque-là.
Clin d’œil à Crimson? «Hypnogram» débarque. Retour des hostilités, Hammond en fusion surnageant au-dessus d’un magma de distorsions bientôt fendu par un lead tranchant. La batterie enfonce le clou encore et encore, je commence à dévorer mon plaid en poil blanc pour ne plus m’ronger les ongles. Argh!
More psyché-prog, l’avant-dernier rail de coke avant la fin ne m’épargne point le palpitant. Ma pauvre tête marque le temps, tic, toc, trouble compulsif, tout mon corps tremble! Un léger filet de bave me raccorde délicatement à la télécommande de la chaîne stéréo.
Final paroxystique, tout est en rotation, les meubles sont des satellites, les ampoules des étoiles, Big Bang! Plus rien…
Alors, comment revenir à la réalité après pareil exploit!? ‘Me prendre une bonne douche, froide si possible, ensuite j’irai me coucher avec l’intégrale de sainte Hildegarde. Bonne nuit!
Néron
https://kaironirse.bandcamp.com/album/polysomn-2
15/02/2021
Days Between Stations
Giants
rock progressif – 60:13 – USA ’20
Pour son troisième album, le duo californien, au nom emprunté au titre d’un roman de Steve Erickson, est plus que jamais au top malgré une galette un soupçon moins ambitieuse que la précédente («In Extremis», 2013) qui invitait moult grosses pointures du prog (Tony Levin, Rick Wakeman, Peter Banks, e.a.), mais elle conserve toute sa puissance émotionnelle. Sepand Samzadeh et Oscar Fuentes de la cité des anges nous mitonnent ici des envolées hallucinantes où les claviers se taillent très souvent la part belle (le morceau éponyme «Giants», aux quelques notes d’intro façon Pavlov’s Dog, ne vole pas son nom en ce sens: synthés et piano, ponctués de solos de guitare renversants étoilent nos émotions pendant près de 13 minutes). Tout l’album revêt cette lumineuse coloration! À d’autres moments, la puissance mélodique rappelle celle de Sound of Contact ou de Magellan de par son énergie et son punch incroyable. Les partitions de claviers, d’entrée, ont des fragrances Keith Emerson («Spark»). Plus loin, «The Gathering» se profile en un mood Wakeman modulé avec une touche d'Anthony Phillips par une cascade d’arpèges où vient se greffer un synthé angélique aux sonorités mellotroniques. D’une richesse époustouflante, cet arc-en-ciel mélodique en constante mutation, alterne les moments vitaminés et les glissements aériens. Échos yessiens («The Common Thread») mâtinés «Magellan» pour les cassures de rythmes ponctuelles et les effets vocaux, envolées émersoniennes, patchwork d’harmonies aux teintes multiples d’une éclatante beauté. Une petite perle qui en promet d’autres, soyez-en sûrs!
Clavius Reticulus
https://daysbetweenstations.bandcamp.com/album/giants
16/02/2021
SUBMARINE SILENCE
Did Swans Ever See God?
rock progressif genesisien – 45:35 – Italie ‘20
Regardez la très belle pochette. Si la calligraphie de Submarine vous évoque quelque chose de plaisant, cet album est absolument fait pour vous car Submarine Silence, après avoir participé a «The River of Constant Change - A Tribute to Genesis», vous livre ici un 4e album très genesisien.
«Undone» (10:43). Nous démarrons un Voyage of the Acolyte, jusqu'à la voix trafiquée, mais la minute ne s'est pas écoulée qu'une voix tout aussi modifiée évoque Phil Collins pendant dix secondes. Pèlerinage! Puis ce sont deux voix qui viendront prendre le relais. Homme et femme à l'unisson le plus souvent. Expressives avec de nombreux changement de couleurs. La musique quant à elle reste très genesisienne, ample et sereine. Remontant plus tôt dans la genèse, avec parfois des incursions inédites: hautbois se fondant en flûte (vivent les synthés!). Ou glissant vers le Genesis à quatre de Trick of the Tail. Pèlerinage, je vous le redis, très réussi; on y trouve tout ce que l'on aime, même si la fin s'écarte des sentiers rebattus, côté voix en tout en cas, pour mieux nous emmener vers l'identité de Submarine Silence?
«Echoes of silence» (03:12). Atmosphère éthérée, nappes, voix réverbérée, pour une courte piste très accrocheuse par son thème qui n'est pas surutilisé, si bien que l'on en vient à regretter que le morceau soit déjà terminé. Mais nous y reviendrons.
«Runaway Strain» (09:14), démarre sur une pulsation rapide et un synthé Genesis, mais la voix sèche (sans effets) assez rock et expressive élargit l'horizon. Toujours ces longs passages instrumentaux inspirés pour nous conforter avant qu'un Camel ne traverse le paysage à mi-parcours. Très plaisant.
«A deeper kind of cumber» (06:26). Une intro inquiétante et nerveuse plus originale, dont on ne sort deux secondes plus tard que par un break et l'apparition du chanteur toujours aussi expressif et doublé parfois par la chanteuse ou lui-même. Enfin le morceau s'éclaire et s'apaise grâce aux guitares qui relèvent la piste au niveau des autres.
«Aftereffect» (06:25). Le chanteur démarre sur un seul piano, jolis chœurs dans cette chanson pour jolis cœurs? À mi-chemin, les voix se transforment, le rythme s'accélère, et une belle guitare revient sur le thème nous gratifier de jolies divagations. La fin boucle l'intro.
«Echoes of Silence Pt. 2» (09:35). Seconde partie plus rythmée pendant une minute avant que flûte et guitare sèche ne viennent accompagner la chanteuse seule. Le chanteur viendra plus tard nous ramener le thème de la pt. 1 densifié. Cette pt. 2 vient à propos combler la frustration de la seconde piste trop courte. Le développement ainsi proposé apporte une belle conclusion à cet album.
Le trio Submarine Silence (dont deux membres de Moongarden) et ses invités nous offrent un très bon pèlerinage sans répondre toutefois à la question existentielle de savoir si les cygnes ont déjà vu Dieu! Et d'ailleurs, est-ce que les cygnes existent?
Cicéron 3.14
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/did-swans-ever-see-god
17/02/2021
Naryan
The Withering
rock progressif/crossover – 38:57 – Finlande ‘20
Naryan n’est pas que le nom du personnage de fiction qu’ils ont inventé, c’est un groupe qui sort trois ans après son EP un 3e album que je ne connaissais pas; honte à moi, eux qui grattent depuis 2005. En cherchant un peu, je vois qu’il y a du sang d’Anglagard, d’Anekdoten, de Landberk, de King Crimson, de On Thorns I Lay et surtout des Anathema dedans, bref je m’y plonge. Anathema oui, et le meilleur des Katatonia, et un peu des sombres Riverside et Lunatic Soul. Un mélange d’instruments classiques et électriques sur une orchestration de toute beauté qui me renvoie surtout au Tenhi, Kauan et Kriget Trettioariga pour le phrasé sombre. Il y a des moments dans la vie avec pandémie où la musique froide vous revigore, Naryan en fait partie.
«The End» pour le 1er titre, ça commence bien et une intro froide, glaciale, austère, divine avec piano et violon amenant une cloche pour se reposer du «You Are The One» au titre évocateur, donnant le ton sur ce groupe hors norme de par ses sonorités et la voix singulière lugubre, écorchée de Tommi; pause avec des chœurs féminins et paf me voilà ne plus pleurer après Anathema; il y a ici la voix, le spleen, l’emphase, le côté dark-doom solennel de leurs débuts. «Now You're Gone» et une entame piano-violon me rappelant les bandes-son froides du jeu «Silent Hill»; puis ça monte avec le violon langoureux et la voix qui est un must dans le genre, beauté sidérale frappant ici à la porte! Du prog nordique sans concession qui continue avec «IV», intermède accroché au titre précédent, pause musicale piano-violon encore et ses petits fours; bref «Black Swan» suit logiquement avec le violoncelle, l’intensité monte encore, Tommi pousse sa voix avant de l’écorcher pour ne rendre jaloux ni les anges ni Vincent d’Anathema; titre ô combien époustouflant, jouissif.
«Until We Meet Again» suit à l’entame de la 2e partie de ce flétrissement étonnant; la part belle à la voix qui monte encore, le côté symphonique classique suit de façon idéale selon moi et fait oublier sur quelles terres progressives nous sommes; montée avec un solo de guitare torturé, fruité à la Daniel, le piano lourd amène «Hear Me Now» et Evelina qui vient donner de la voix douce éthérée jusqu’à l’arrivée de Tommi en voix plus grave, respectueuse; ça monte sur un crescendo bien convenu symphonique, onirique où les voix se rendent la pareille avec un fond musical grandiloquent. «Room of Angel» eh bien voilà quand je parlais de «Silent Hill», on y est; reprise de ce thème culte au son spleen, envoûtant, dépressif, mélancolique, l’oxymore musical pointe ici le bout de son nez. «The World Is Filled With Silence» arrive et change de ton avec une trompette de mort; air pompeux à la «Barry Lyndon» puis un peu de Rondo Venezuelo, encore de la trompette pour nous perdre, la voix aiguë sur un air d’opéra me rappelle même les X Japan, moment de sidération musicale; l’envolée de violons et de trompettes sur du western spaghetti maintenant; ce crescendo symphonique biblique risque de vous faire mal dans le bon sens du terme, les chanteurs du Tampere Opera Choir y étant pour quelque chose. «Takamaa» et le bonus en finlandais juste pour vous glacer un peu plus, vous faire fondre, dirais-je, d’admiration devant cette production de toute beauté.
La tristesse et le désespoir peuvent déclencher les plus beaux sentiments oniriques; avec Naryan cela déclenche du spleen, de la tristesse de toute beauté dans ses compositions mélancoliques, atmosphériques donnant envie de regarder la neige tomber à travers la fenêtre. De l’opéra rock froid, des sonorités venues des plaines glacées, un album iceberg qui va vous faire fondre en ce début d’année car on touche ici à l’exceptionnel.
Brutus
https://naryan.bandcamp.com/album/the-withering
18/02/2021
Steven Wilson
The Future Bites
pop électro prog – 41:57 – UK ‘21
Voilà un album qui, bien avant sa sortie, avait déjà provoqué une polémique et le courroux des ayatollahs autoproclamés du prog. C’est oublier que le terme «progressif» fut donné à des musiciens de tous horizons qui avaient pour but de faire des recherches de sons, de rythmes et de développements musicaux, en marge de ce qui se faisait alors. Le rock, le jazz, la musique électronique allaient être le terreau d’un mouvement qui se voulait tout sauf fermé. Il faut bien admettre qu’avec le temps le style progressif s’est lui-même enfermé dans des codes, des frontières, qu’à l’origine il souhaitait abattre.
Merci donc à Steven Wilson de nous rappeler quelles étaient les ambitions des fondateurs et qu’un style qui n’évolue pas est un style qui meurt.
Depuis quelques années, Wilson ne cachait pas sa volonté de mélanger la pop et un rock dit «progressif». Avec cet album il pousse encore plus loin l’éclatement de son univers musical. L’électronique domine ce «Future Bites» et pourtant, si vous prenez le parti de donner une chance à cet album, les influences classiques dites prog, sont bien présentes. «12 Things I Forgot» est un pur Blackfield. Électro, blues, rock se marient à merveille tout au long des 42 minutes de cette œuvre. Wilson est un génie qui parvient à nous proposer de l’époustouflant, de l’original et du terriblement accrocheur. Les mélodies, faussement faciles, sont immédiatement assimilables et les refrains resteront dans votre tête bien longtemps après l’écoute.
Je ne pense donc que du bien de cet album. Certes, il y a de la pop, mais les fans de Tangerine Dream, de Porcupine Tree... y trouveront aussi leur compte.
Ce n’est pas son meilleur enregistrement, mais ce n’est pas non plus l’échec prédit.
Un album à découvrir en priorité.
Tiro
Album non disponible sur bandcamp.
19/02/2021
Dyble Longdon
Between a breath and a breath
rock progressif/folk – 42:01 – UK ‘20
Derrière ce patronyme se cachent deux musiciens ayant déjà une expérience certaine. En effet, Judy Dyble fut notamment la chanteuse de Fairport Convention et David Longdon est une des chevilles ouvrières de Big Big Train. Cet album, sorti en septembre dernier, résonne de manière assez particulière car Judy Dyble est malheureusement décédée en juillet dernier à 71 ans et n’a donc pas vu l’album sortir officiellement. Cela lui donne donc une signification particulière.
La musique ne nous emmène pas en terrain inconnu; on retrouve ici une musique essentiellement acoustique où les influences folk sont clairement présentes. On pense parfois à Clannad, parfois à Jethro Tull, et nous ne sommes pas très loin de Big Big Train non plus. Les arrangements sont soignés et l’intervention d’instruments acoustiques (flûte et trompette notamment) sont à propos. Le chant, assuré par les deux artistes, est également très soigné et sonne comme une caresse pour nous tenir chaud pendant l’hiver.
Personnellement, j’y retrouve un peu les ambiances de l’album de Three Colours Dark que j’avais chroniqué précédemment mais ici, l’album réserve peu de surprises et m’a moins marqué que celui de TCD, la faute peut-être à une écriture somme toute assez classique et traditionnelle. Le morceau «France» (le plus long de l’album) se détache toutefois pour nous emmener dans un final épique du meilleur effet. Le dernier morceau «Heartwashing», bien que très court, vaut également le détour grâce à sa trompette en sourdine et une ambiance qui lorgne plus vers Kate Bush.
En conclusion, ce testament musical de la longue carrière de Judy Dyble est un excellent album qui plaira aux amateurs du genre mais qui peinera à laisser une trace indélébile. Si vous aimez ces sonorités qui mêlent prog et folk, foncez. Les autres, écoutez et faites-vous votre opinion…
Amelius
https://dyblelongdon.bandcamp.com/album/between-a-breath-and-a-breath
19/02/2021 - EP
Panem
Zeitgeist - Absolute Monopoly
Indie prog – 26:13 – France ‘20
Panem est une toute nouvelle formation française originaire de Tours où la parité est respectée puisque deux filles, Marie Moreau (chant) et Emeline Fougeray (basse), et deux garçons, Morgan Cornebert (batterie) et Yacine Aït Amer (guitare, voix), se partagent la scène. Apparu fin 2018, le groupe n’a pas attendu deux ans pour proposer un premier essai discographique sous un format EP (26:13) d’une qualité certaine. Petit bijou de six morceaux où la voix de Marie Moreau mettra tout le monde d’accord sur le charme et la puissance de son organe vocal. Avant de disséquer ce court opus, penchons-nous sur la signification de Panem qui vient du latin panem et circenses (du pain et des jeux du cirque), allusion évidente aux deux conditions pour un gouvernement d’avoir la paix sociale et ce, encore de nos jours, soit du pain et du foot en somme! Bien que les deux ne soient pas offerts comme c’était le cas à l’époque des empereurs romains pour obtenir la ‘pax romana’… Ceci dit, Panem évolue dans une sorte de mélange diffus et juvénile d’indie rock mâtiné d’un rien de prog’, mais d’un rien, juste une atmosphère globale qui peut donner l’impression. Autant dire, rien à voir avec l’école théâtrale française, d’ailleurs le chant est en anglais. Il n’empêche, l’ambiance est douce, éthérée parfois tout en gardant une énergie sur le fil du rasoir qui permet de ne jamais sombrer dans une épopée neurasthénique. Certains pourraient y déceler un petit goût des premiers Mostly Autumn mais c’est à coup sûr la manière de chanter de Marie Moreau qui rappellera Heather Findlay; gage de qualité, on en conviendra. Surtout qu’un titre comme «A line in the sand» peut permettre cette analogie jusque dans le développement musical évoqué. Panem sait faire rugir son rock classieux en le berçant de mélodies chaleureuses et, comme Weend’ô, offre une alternative au progressif d’ici en surfant sur un développement plus anglo-saxon de ses morceaux. Cela semble venir d’une texture indie évoquée plus haut avec des influences difficiles à établir au premier coup d’oreille. Mais l’avenir n’est pas tout tracé pour les Tourangeaux car, si on écoute le dernier titre «The empty man», on se rapproche d’un metal doom certes allégé mais qui défigure les styles évoqués jusque-là avec réussite; là encore, la voix de M. Moreau se détache sur les jolis accords de guitare de Yacine Aït Amer. Vous n’aurez pas été sans remarquer l’absence de claviers, condition qui peut rebuter d’emblée certains progsters qui ne jurent que par l’instrument roi du genre. Mais justement, Panem ne revendique pas forcément cette étiquette. Et pourtant, la qualité des chansons est déjà d’un niveau remarquable tel le «Zeitgeist/Absolute Monopoly» qui ouvre la rondelle avec un air de tube qui n’aurait pas fait injure au «Rumours» de Fleetwood Mac; oui, je sais, j’ai placé la barre un peu haut! Mais vous l’aurez compris, Panem offre et partage le pain et son jeu d’entrée avec grâce et élégance. Un très court mais très bon premier jet assurément…
Commode
https://panemrocks.bandcamp.com/releases
20/02/2021 : Les samedis étranges
Dirty Sound Magnet
Live Alert
rock psychédélique – 58:30 – Suisse ‘20
Le groupe Dirty Sound Magnet nous vient de Fribourg et dispose déjà de cinq albums à son actif. Le trio existe depuis 2017 et est composé de Stavos Dzodzos (guitare, chant), Marco Mottolini (basse) et Maxime Cosandey (batterie).
À la demande des fans, nos joyeux compères avaient prévu d’enregistrer un album live à l’occasion de la tournée promotionnelle prévue en Angleterre au printemps dernier. Malheureusement la Covid en a décidé autrement. Qu’à cela ne tienne, comme nombre d’autres groupes, ils ont voulu réaliser un live sans public dans leur propre studio d’enregistrement, le tout sans travail ultérieur de production. C’est donc le résultat brut qu’il nous est donné d’entendre (et de voir puisque l’intégralité du concert a été filmée).
C’est à un rock psychédélique bien nerveux que nous avons affaire comme nous le montre si bien le titre d’ouverture, «Social Media Boy», associé à des chœurs entraînants au possible. «The Poet and his Prophet» calme quelque peu le jeu et est parcouru de magnifiques interventions guitaristiques, notamment dans le break. L’ombre de Led Zeppelin plane sur «USA LSD BNB HIV» et la voix sonne à mes oreilles comme une réminiscence de celle d’Ozzy Osbourne. Tiens, voilà le tour des filles avec «Social Media Girl». Le groupe évite le piège de la redite et nous présente une composition complètement différente de la plage d’ouverture. «The Sophisticated Dark Ages» nous permet de profiter d’un véritable travail d’orfèvre au niveau des arpèges à la guitare, avant de s’envoler dans des ambiances typiquement psychédéliques. Que dire de «Organic Sacrifice» qui n’ait déjà été dit ci-devant? Rien, alors passons, si vous le voulez bien, à la plage suivante, «Skull Drawing Rose», longue de dix minutes exactement et qui nous permet de tutoyer le sublime, n’ayons pas peur des mots. Après ce summum, il est temps de quitter nos lascars et «Hashtag Love» nous le permet de manière douce et délicate.
Nous avons également reçu, à la rédaction, deux reprises ne figurant pas officiellement sur l’album, il s’agit d’une reprise de Led Zeppelin (Black Dog) et de Pink Floyd (Have a Cigar), mais la chaîne YouTube du groupe (https://www.youtube.com/channel/UC5yrGtoc2GKN7QHW2INP-NA) vous permettra d’en profiter également.
Je recommande chaudement cet album aux fans de rock psychédélique!
Tibère
https://dirtysoundmagnet.bandcamp.com/album/live-alert
Nicolas Tritschler
Willows
expérimental intimiste – 36:13 – France ’21
C’est par une exploration sourde, presque aquatique, vague lugubre qui se meut au rythme d’une marée ralentie sur un discret roulement de tambour, que débute «Willows», écrit et interprété par le chanteur/batteur de Dustman Dilemma – dont je vous dis du bien à un autre moment sur cette page. Il faut écouter de près «There She Stands» pour se laisser imprégner peu à peu par son écume née des fonds rocailleux (la tessiture et le phrasé de Nicolas Tritschler s’immiscent dans la famille vocale de David Sylvan); il faut écouter «Dancers and Weavers» de très près pour se laisser envahir petit à petit par les images des films de Jim Jarmusch (Tritschler compose pour le théâtre); il faut prendre (le court et instrumental) «Snaking» (à la terminaison abrupte) comme il est pour en ressentir la houle interne s’écouler des conduits auriculaires aux estomacs décrochés; il faut ouvrir ses oreilles aux bruits, parasites mais pas tant que ça – ils fournissent au piano son arrière-plan –, de «Those Who Furrow» pour frémir avec la langueur agitée de l’eau sur le point de bouillir; il faut laisser sourdre les répétitions de «Museum» et vivre, leur vie et la nôtre, pour grandir et s’extraire, épanoui et mûr, de leur corset; il faut que meure celui-là («Museum») pour que naisse celui-ci («Guts»), qui clôt un album discret, intimiste, pointilliste – à écouter de près.
Auguste
https://etourneur.bandcamp.com/album/willows
Malcolm Galloway
Wasp 76b
musique minimaliste – 60:05 – Angleterre ’20
Malcolm Galloway (on vous parle ailleurs sur cette page de Hats Off Gentlemen It's Adequate, son groupe de rock progressif) s’inscrit dans la lignée des compositeurs répétitifs de la deuxième génération, celle qui renoue avec le passé d’avant le sérialisme et qui déploie des œuvres qui se donnent le temps, dont l’élégance évoque ici son compatriote Michael Nyman (chez qui la répétition se cache souvent à l’arrière-plan) et la construction son collègue américain Steve Reich (chez qui la répétition prospère en toute impunité et selon un art calculé). Galloway propose trois morceaux de longueur exponentielle: mise en bouche, «Chrysalis» éveille les papilles; «Wasp 76b», nonobstant la section rythmique (basse, batterie), développe une musique plane, dont les cellules répétées au piano incitent à pénétrer le son, sorte de glissement hypnotique auquel on s’abandonne peu à peu et qui annihile toute notion de structure; «The Haber Process» (le bonus qui fait les deux tiers de l’album) développe la chose, un peu à la manière, moins pleine ou emphatique, de «Music for 18 musicians», avec ces flux et reflux et cette oscillation des résonances que Reich magnifie, lui, avec les marimbas, xylophones et vibraphone. Le qualificatif «répétitif» peut sembler minoratif, erreur: outre que cette musique est tout sauf simpliste, faites l’expérience de vous y laisser enliser – comme le faisait votre petite sœur vous enterrant dans le sable des dunes de Coxyde, les cuisses puis le dos et le ventre gagnés par l’ankylose froide et humide de l’eau de la marée descendante – et retrouver la sensation de votre première écoute de «The Robots», de Kraftwerk – juste moins pop.
Auguste
https://malcolmgalloway.bandcamp.com/album/wasp-76b
The Weever Sands
Stylobat’s Travels
musique électro-progressive – 42:18 – Allemagne ‘20
Pour planter le décor, on nous cite Mike Oldfield qui parlait de «miniature puissante» pour caractériser un groupe et sa musique. The Weever Sands s’inspire de cette idée pour façonner la sienne, comme des miniatures fragiles et transparentes.
Musique minimaliste, épurée, essentiellement claviéristique, nantie d’instruments samplés qui tintent un peu comme des maquettes oubliées dans un tiroir à idées. Sonorités proches des années 80 et de leurs claviers midi qui froufroutent aujourd’hui comme des conserves digitalisées à la Yellow Magic Orchestra, et quelques «clap-clap» qui ne fertilisent guère une terre déjà aride.
Musique qui se veut prog et post, mais qui n’est pas vraiment l’une, et encore moins l’autre, plutôt un enchevêtrement de choses musicales comme des boîtes à musique perdues sur l’étagère d’un grenier oublié d’un Tim Burton.
Musique néanmoins étrange de par son parti pris saugrenu qui évoque néanmoins un peu l’idée du rock progressif lors du long titre éponyme de 25 minutes.
Choix de sonorités iconoclastes au service de miniatures improbables évoluant dans un univers un peu trop dépouillé.
Centurion
https://theweeversands.bandcamp.com/album/stylobats-travels
Narla
Till the weather changes
rock prog / garage rock / blues – 48:30 – Australie ‘20
À la première écoute je me suis dit… waow!
Du blues. Du bon «gros blues», celui qui fait bouger la tête avec un chapeau vissé sur le crâne…
Ça s’est passé avec le morceau «Am I sane», sa ligne de basse, sa rythmique à la batterie et 5 ou 6 notes de guitare qui reviennent sans cesse… comme une lame de fond sur laquelle se pose le côté larmoyant dans la voix… Puis ça accélère… C’est bon ça!
Mais qu’est-ce que cela vient faire dans une chronique de rock progressif?
C’est qu’avec les autres morceaux on revient à des choses plus «classiques» et moins «bourrues»… et présentant des caractéristiques plus traditionnelles mais pourtant bien difficiles à «cataloguer».
C’est néanmoins tendu, plein de guitares qui crient et se tordent, mais c’est toujours harmonieux, aérien et porté par la voix triste et mélancolique de Jack Millar. Cette voix qui monte, monte crescendo en écho pour retomber avec un accord de guitares dans un changement de rythme chaloupé.
C’est selon moi un album bourré de références et d’influences de blues, rock, garage-rock, psyché et de prog…
Mes morceaux préférés: «Bedside», «Till the weather changes» et… «Am I sane»!
Isidøre .
https://narlamusic.bandcamp.com/album/till-the-weather-changes-2
21/02/2021
The Amorphous Androgynous & Peter Hammill
We Persuade Ourselves We Are Immortal
space rock symphonique – 40:22 – UK ‘20
The Amorphous Androgynous est un duo anglais de musique électronique et spatiale composé de Brian Dougans et Garry Cobain (fondateurs de The Future Sound of London). Si le tandem constitue la principale source des six compositions présentées ici, elles sont également créditées à un invité de marque en la personne de Peter Hammill (Van der Graaf Generator) qui participe également au chant. D’autres participations sont également au menu: Paul Weller (The Jam, Style Council) à la guitare et au piano, Ray Fenwick (Spencer Davis Group, Ian Gillan Band) à la guitare, Brian Hopper (Soft Machine) au saxophone, le Chesterfield Philharmonic Choir aux chœurs et une section de cordes bien fournies. Que du beau monde, en somme.
C’est la longue (et splendide) plage titulaire qui ouvre cette œuvre et fait montre d’un symphonisme spatial animé de guitares planantes, de belles interventions au saxophone. Les parties chantées sont sublimes et la mélodie donne irrémédiablement envie de la fredonner à tue-tête. «Himortality» déboule ensuite, toujours aussi aérien et vaporeux, suivi par «Immortality Break» où l’un des thèmes principaux est revisité. Sur «Physically I M Here, Mentally, Far, Far Away», une autre interprétation se fait jour. Nous assistons à un véritable travail d’horloger, tout comme sur «Psych Recap». «Synthony», du haut de ses 11 min 22 s, nous permet de quitter le navire sans risquer de nous noyer, tant l’orchestration est fluide.
Habituellement, je ne suis guère friand de ce genre d’exercice, mais je reconnais qu’ici, j’ai été bluffé par cette plaque que je ne peux que vous recommander.
Tibère
https://theaa.bandcamp.com/album/we-persuade-ourselves-we-are-immortal
22/02/2021
Into the Open
Destination Eternity
rock progressif/néo progressif – 57:19 – Pays-Bas ‘20
Back to the future! La confiserie «Néo» a rouvert ses portes et, diront ce qu’elles veulent les mauvaises langues, moi j’aime encore bien sentir pétiller sur la mienne les pépites extraites de mon p’tit sachet de dropjes. But... ne nous égarons pas davantage dans l’allégorie sucrière car le sujet de ce concept album est bien plus profond.
Sortons Léon Rivail de sa bibliothèque, page 31, question 47: «Les esprits se transportent-ils instantanément d'un lieu à un autre?». Non, il leur faudra au moins les 57 minutes de cette excellente pièce pour atteindre leur destination. Précisément, nous allons suivre ici le chemin d’une de ces âmes vers sa demeure éternelle au son d’un rock réconfortant comme une visite chez le coiffeur. Un néo aux allures FM, bien rassurant pour le nostalgique, toujours agréable pour l’amateur de thèmes édulcorés puis de guitaristes permanentés en pantalons moulants. Tous les marqueurs du genre s’y trouvent, du motif vocal européen aux riffs canoniques, des refrains perchés contre-chantés aux rythmiques nerveuses habituelles, on est à la maison. Et ce discours n’a rien de péjoratif, il est juste l’expression du plaisir que l’on éprouve à retrouver un vieil ami. D’ailleurs, look assumé, le duo Jan Willem Ketelaers & Sander Heerings ne sont guère inconnus au bataillon!
Là où la «chose» devient singulière, c’est grâce à cette modernité apportée au style par les subtils arrangements des Néerlandais. Non seulement d’imparables mélodies parsèment les routes de ce pèlerinage spirituel, mais des claviers aux percussions, des grattes aux cordes, des voix aux chœurs, l’objet reste d’une cohérence rare. Il y a de l’audace au cœur de ce projet, ça se sent... alors de grands moments sont au rendez-vous. De grands moments d’émotion aussi. La messe est dite! Les esprits peuvent quitter tranquilles leurs enveloppes charnelles et se laisser porter au son nerveux qui s’échappe de ce spiral sillon, de la caresse d’une aiguille inexorablement rappelée au centre, enfin.
Convecteur temporel activé, générique, là où on va on n'a pas besoin de route. Les yeux fermés, j’appuie sur le champignon en dégustant le bonbec. Honnêtement, je n’ai pas envie de dépasser la vitesse critique par peur de me retrouver dans un futur qui, pour tout vous dire, ne me donne point l’eau à la bouche!
Néron
Album non disponible sur bandcamp.
23/02/2021
Deluge Grander
Lunarians
rock progressif – 45:14 – USA ‘20
Ce trio US né en 2005, que je découvre avec ce 5e album, s'est adjoint un grand nombre de musiciens avec des instruments typiquement prog symphonique: clarinette, violoncelle, hautbois, trombone, en plus des traditionnels violon et flûte. Appétissant, non?
«Terrestrial débridement» (8:54). Piano, synthé, violon, flûte nous proposent une première piste comme suspendue, en retenue, voire sombre. De nombreuses phrases se succèdent, c'est plaisant, mais à peine exposée, une autre arrive. Trop d'infos pour moi. À mi-chemin, le chant intervient. Le chant voix distant et le violon qui émergent m'apportent un peu de lisibilité. J'aurai pu qualifier le morceau de foisonnant, c'est plutôt touffu qui me vient à la fin de cette piste.
«The Rabbit and the Buffalo» (13:52). Cette seconde piste démarre, sautillante, avec une clarinette en soliste, remplacée par une guitare qui gambade elle aussi. Un thème à 7 min simpliste, du Satie à la guitare, puis une basse qui agrandit l'espace lexical me touche enfin au-delà des diverses expositions que ce premier quart d'heure m'avait proposées. En 3 min, j'y trouve, enfin, du plaisir.
«Sepharial Academy» (6:50). Arpèges, nappes, cymbales et voix pour débuter cette 3e piste. Le chant est parfois profond, mais manque de quelque chose… Puissance? Présence? Corps? Ou est-ce la mise en son? Cette pièce, comme les autres, propose beaucoup de bons et courts moments, mais je ne parviens que très rarement à adhérer, peut-être faute de temps?
«Provisional Derangement» (6:43). Synthé et voix en intro. Toujours en manque de quelque chose, je remarque que lorsque la voix s'estompe le morceau s'éclaircit, un peu. 90 secondes, un thème d'une dizaine de notes émerge et m'emporte enfin! Le développement qui suit nous mène à 4 min, pour mieux nous ramener valser sur le thème initial, mais la voix revient.
«Torn Amoonder» (2:40). Court interlude, un gentil thème qui aurait mérité un vrai développement.
«Lunocand of Ruia» (6:15). Intro optimiste, mais trop vite la voix intervient douchant mon enthousiasme. À 2 min, magiques piano et violoncelle sur un rythme lent nous mènent jusqu'à une guitare réverbérée inquiétante, un rien orientalisante. Puis violon et synthé épaississent la musique pour une fin seulement ternie par la voix revenant pour conclure qui rompt le charme.
Voici un album qui me laisse perplexe, plein de bonnes mélodies, sous-exploitées à mon goût, mais un chant dérangeant, il y a peut-être aussi un problème de paysage sonore, de mise en son. Bref, déçu! Et voilà, je critique au lieu de chroniquer! L'album est sur Bandcamp. Essayez-le, faites-vous votre propre avis et n'hésitez pas à nous communiquer le compte rendu de votre essai. 😉
Cicéron 3.14
https://delugegrander.bandcamp.com/album/lunarians
24/02/2021
Daniel Tompkins
Ruins
metal progressif – 38:09 – UK ’20
Daniel Tompkins… Ce nom vous dit quelque chose? Mais oui! Il s'agit du chanteur du groupe de metal prog moderne Tesseract. En 2019, Daniel Tompkins lançait sa carrière solo avec Castles.
Un album plus électronique que ce qu'il fait d’habitude avec son groupe principal. Eh bien, «Ruins» n’est rien d’autre qu’une revisite complète de Castles. Daniel Tompkins a décidé de la rendre plus agressive en réinterprétant les compositions, allant jusqu’à renommer les titres comme «Kiss» devenu «Tyrant», mais il n’a gardé que les textes et la plupart des lignes de chant. Alors on peut s’interroger sur le but de «Ruins». Je ne sais pas vous donner la réponse, à part vous dire que maintenant «Ruins» sonne comme du Tesseract bis, ce qui nous donne un bon album mais n'est pas du tout le but initial de sa carrière solo. Nous avons un album de metal prog technique énergique et mélodique de haut vol, comme sait le faire Tesseract. Les influences sont donc Tesseract, Devin Towsend, Periphery. Le seul titre inédit est «The Gift» avec en guest Matthew K. Heafy, le chanteur guitariste de Trivium, qui donne sans nul doute la chanson la plus lourde de l'album. Daniel Tompkins ne fait aucune faute de goût: le son, le mixage, la production, tout est bon dans cet album, mais il ne restera pas pour des années dans ma mémoire, libre à lui de donner un second souffle à Castles.
Vespasien
https://kscopemusic.bandcamp.com/album/ruins
25/02/2021
Morpheus Project
Mozaick
rock progressif du monde – 46:51 – UK ‘20
Mustafa Khetty, alias Morpheus Project, né au Sri Lanka, sort du monde de la musique classique, où il officiait notamment pour la BBC, pour se plonger, ici avec ce «Mozaick», dans son terreau de prédilection, à savoir le rock progressif. Un premier album dans cette discipline fait d’une vie de voyages, d’explorations diverses, desquels sont extraits des influences allant de l’Orient à l’Europe, en passant par l’Amérique du Sud. De quoi bâtir un rock progressif dont les bases hégémoniques sont bousculées par des fumets exotiques et des séquences enivrées de parfums envoûtants. Du jazz et du rock se cachent aussi dans les arcanes de cet album étonnant, «Istanbul Swing», où les chamboulements fréquents ne déstabilisent aucunement une écoute toujours étonnée et captivée. Des tapisseries peintes de motifs et de couches harmoniques qui finissent par muter en tapis volant s’ornant des diverses cultures qu’il visite. Une mosaïque de couleurs diverses diffusant une sensation d’aménité, d’une douce solennité, mais aussi d’une grande maturité musicale. Album d’une saine chatoyance, riche mais sans artifice, justement dosé.
Tout n’est pas parfait. Nuisent parfois à cet ensemble homogène quelques passages un peu basiquement rock, comme sur «Dancing with Elves» ou «Nights to Remember», mais dans l’ensemble cet opus est une réussite, une petite originalité dans ce monde du rock progressif extrêmement balisé.
Un périple parfois instrumental que je vous invite à parcourir sans attendre.
Centurion
Album non disponible sur bandcamp.
26/02/2021
Phog
This World
rock progressif pastoral – 42:37 – France ‘20
On ne peut qu’admettre sans tergiverser que le progressif français est en bonne santé et nullement touché par quelque covid que ce soit. Témoin ce troisième album de Phog en trois ans, «This world» qui succède ainsi à «Evidence» (2019) et «Communication» (2018). Une telle prolifération de bonne musique ne peut laisser insensible ni de marbre l’amoureux de rock progressif car la qualité est au rendez-vous à chaque fois et je dirais même que le niveau augmente d’année en année. Phog c’est la concentration d’un prénom, Philippe et d’un nom Ogier (Philippe Ogier); on prend les deux premières lettres et on assemble, pratique pour désigner une entité qui diffuse un prog’ brumeux à la britannique, issu du ventre fécond des années 70. Philippe Ogier s’occupe de tout, tout seul, guitares électriques et acoustique, claviers, basse et percussions. Juste accompagné d’une certaine Ombeline qui vient poser sa voix sur deux morceaux, «In the distance» (pas évident à discerner cependant) et «Summer 22». Comme on le dit souvent, grâce aux miracles de la technique moderne, notre homme se comporte comme un groupe et bien malin celui qui décèlera un seul artiste derrière ces sept compositions d’une vraie beauté old prog’! Totalement instrumental, «This world» gambade et folâtre dans les prairies verdoyantes d’un prog’ typiquement british, librement inspiré de Genesis, Camel, Steve Hackett, et pour cause: il semblerait que le musicien ait eu pour professeur un passionné de rock progressif dont le groupe préféré était Genesis. Philippe Ogier a appris la guitare classique et joué pour une chorale tout en écoutant beaucoup de S. Hackett. Le virus du prog’ était en lui, encore un contaminé de la plus belle espèce et, heureusement, aucun vaccin en vue pour ce type de contagion salutaire. Donc ici, pas de grandes «enflammades» épiques, mais un doux et précieux parcours apaisant au gré d’une promenade bucolique. Je citerai «In the distance» et cette merveilleuse guitare pastorale sur un thème qui n’est pas sans rappeler certaines divagations de Landberk! On attend la voix chevrotante du jeune Pete the Gab’ pour parfaire un tableau idyllique digne des tout premiers opus de la Genèse et je n’exagère pas. Tout l’album respire ce parfum juvénile d’un prog’ onctueux né des premières années de la décennie féconde, claviers et guitares s’enlacent au détour de chaque chemin parcouru à petits pas, avide de découverte agreste. Le plus long titre, «Gravity», déroule ses neuf minutes sur un tapis moussu de claviers old school, prenant un bel entrain en cours de route, imitant parfois la flûte, tel un pastoureau rassemblant le troupeau des brebis égarées par un air malin. Arrive «Summer 22», dernier morceau de l’opus. J’admets avoir été plus emballé par les trois derniers titres et un quatrième m’aurait totalement rassasié mais Phog développe un progressif instrumental campagnard et champêtre qui donne envie d’empoigner le bâton de marche et de le suivre, casque sur la tête, au bout des chemins, entre vignes et rochers, humant l’air sain de la nature, enthousiasmé par le mariage de la musique et du paysage, en parfaite adéquation… Magie de la musique instrumentale qui laisse la marge à l’imagination et sublime la superbe ballade progressive que nous offre Phog et son «This world» si british…
Commode
https://phog.bandcamp.com/
27/02/2021
Alex Carpani
L'Orizzonte Degli Eventi
rock progressif moderne – 50:58 – Italie ‘20
On se souvient non sans émotion de la venue de son band le 25 avril 2015 au Festival Prog-résiste à Soignies.
Voici qu’Alex Carpani nous revient en 2020 avec ce nouvel album. Il y est accompagné de GB Giorgi à la basse et Bruno Farinelli à la batterie alors que lui-même s’occupe aussi bien du chant, des claviers, des guitares…
Écoutons donc ce que l’artiste a à nous dire à propos de cet album: «C’est une sorte de voyage vers une phase de transition qui a duré un an. Période durant laquelle j’ai réfléchi, observé, imaginé… Il parle d’un seuil, d’une vie partagée entre rêve et réalité. Il est visionnaire et controversé; il est passionné, onirique, généreux, mélancolique, impétueux, romantique et existentialiste.»
Rassurez-vous, le moustique qui ouvre la plage titulaire n’est qu’imaginaire et permet l’envol en douceur des nappes de clavier (instrument de prédilection de l’ami Alex) soutenant une longue litanie parlée en italien. La transition avec l’enlevé «Lava Bollente» se fait tout naturellement pour nous emmener dans un progressif moderne plus proche de groupes comme Pineapple Thief ou Porcupine Tree plutôt que des grands anciens. Les ambiances romantiques et plus rentre-dedans se succèdent sur «Fiore d'Acqua» et ce pour notre plus grand plaisir. C’est sur une base électronique que débute «Il Perimetro dell'Anima» avant l’arrivée d’un tapis de cordes bientôt suivi d’une batterie offrant un tournant rythmique non négligeable. La basse nous entraîne sur «Tempo Relativo» avant un riff à la guitare qui n’est pas sans me rappeler U2, mais cette impression n’est que passagère. Bel arpège se répétant durant les presque sept minutes du titre, voici «Sette Giorni» où même la pop s’invite pour notre plus grand bonheur. De nouveaux sons électroniques nous accueillent sur «La Fine è Là» où l’atmosphère se fait délétère. Très moderne également la construction de «Nel Ventre Del Buio», le tout sur un tempo ardent. Mais il est temps pour nous de quitter cet album, c’est ce que nous invitent à faire les sons avant-gardistes de «Le Porte» qui se poursuit cependant comme une mélopée.
Un disque qui ne manquera pas de réjouir les fans de progressif moderne, même ceux d’entre eux rétifs à la langue italienne.
Tibère
Album non disponible sur bandcamp
27/02/2021 - EP
James Basdanis
Diddycoy
rock ethnique – 13:47 – Grèce ‘20
Compositeur et guitariste grec, James Basdanis nous propose, juste un an après avoir publié sa carte de visite sous l’aspect d’un premier album intitulé «Kaemos», un mini EP trois titres intitulé «Diddycoy». C’est comme trois clichés d’un voyage ethnique encadrés d’un écrin rock et fleuris d’une musique venant des contrées helléniques dont le guide chante les louanges grâce aux subtilités d’une guitare aux sonorités parfois orientales. Musique instrumentale, sobre, concrète, sophistiquée mais dénuée d’artifices et qui n’a que peu de rapport avec le rock dit progressif. Enregistré live avec l’Anatolian Trio, cet EP est un ticket vers un ailleurs, vers d’autres sensations. Agréable petit moment d’évasion.
Centurion
https://jamesbasdanis.bandcamp.com/album/diddycoy
28/02/2021
Acid Mothers Temple Official & The Melting Paraiso U.F.O.
Chosen Star Child's Confession
rock psychédélique/space rock – 48:29 – Japon ’20
Prolifique (ou proliférant ou pullulant selon le point de vue), Acid Mothers Temple & The Melting Paraiso U.F.O. a publié, depuis sa création en 1995 et au travers des branches familiales de ce collectif à géométrie (très) variable, des dizaines d’enregistrements. Son fondateur, Kawabata Makoto (guitare, bouzouki, synthétiseur, basse, tambura, enregistrements de terrain, Speed Guru), nourri au progressif, au krautrock, à la musique contemporaine (Karlheinz Stockhausen), assembleur de sons («Tous les sons existent autour de nous, mon apport consiste seulement à les prendre, comme le fait une radio, et les jouer de telle façon à ce qu’on puisse les entendre»), est cette fois accompagné d’Higashi Hiroshi (synthétiseur, canne à pêche), Jyonson Tsu (voix, bouzouki, sifflet de minuit), Satoshima Nani (batterie, autre dimension) et Wolf (basse, espace et temps) – et la joyeuse bande est rejointe par l’ex-Henry Cow, Geoff Leigh, au saxophone et à la flûte. Les cinq morceaux sont de longues digressions allumées et champignonnesques, plus psychédéliques que cosmiques – même si mon préféré (son mantra de six notes égrenées à l’infini) est «Cometary Orbital Drive (Christal Trigger 2199)».
Auguste
https://riotseasonrecords.bandcamp.com/album/chosen-star-childs-confession