Juin 2021
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- 04/06/2021 - EP
- 05/06/2021 : Les samedis étranges
- Nicola Alesini / SARO COSENTINO
- Scherzoo
- Peter Orins
- Zézette
- Adoct
- 06/06/2021
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01/06/2021
Hillward
Alternate Timelines
rock progressif/metal-djent synthé – 41:28 – Québec ‘21
Hillward est le projet parallèle canadien du groupe de metal progressif Southern Cross, commençant sa carrière dès 2015, ajoutant au premier groupe des thèmes musicaux provenant du prog mélodique. Je leur associe OSI, Tesseract, Tool, Pain of Salvation, Leprous, Haken, Porcupine Tree, voire Dream Theater. La place en avant des claviers spatiaux et des riffs djent accrocheurs donnent la signature ainsi que des breaks mélancoliques attractifs; l’intensité va crescendo souvent et explose musicalement de façon orgasmique.
«Fire and Brimstone»: avec une entrée spatiale aérienne suivie du son qui sera celui de l’album; un synthé au loin imprimant le rythme, une guitare agressive avec un riff djent et une batterie métronomique, le tout saupoudré de la voix plaintive de David; son accrocheur, nerveux puis break moderne synthétique sur du Teramaze, du Tesseract ou du Haken.
«Vapor Trails»: sur une intro aux percussions d’Antoine, un titre doux, ambient qui monte, lancinant, hypnotique et atmosphérique, une distorsion dans l’espace et le temps métronomique.
«Deafen the Void» revient au son djent du départ, ça se pose avec un synthé mélodieux donnant dans la vibration; un riff répétitif puis le solo jouissif en saccadé, divin.
«Waiting» dénote avec la basse de Jean-François comme guide pour un titre passant du lent mélodique au rythmé fort et intense; titre hard progressif avec une fin cristalline.
«Un»: titre hypnotique où la mélodie est de mise, plus pop méditative; le solo d’Alexandre vaut le déplacement, fruité, fourni; rencontre entre Gilmour et Townsend et ce son part dans un méli-mélo de notes à faire inverser la courbure du temps.
«Broadcast Interruption»: comme l’interlude musical, air spleen, intimiste, rencontre entre la voix, le piano, complainte au cello, beauté du moment. «Amidst the Sun and Stars» repart sur ce son tonitruant, sortant d’une prise de 320 volts; l’air se pose avec des claviers aérés, la guitare rythmique puis l’association des deux soporifique, engourdissante.
«Tainted Eyes» et le titre qui tue: tout y est concentré et bien placé; ça monte calmement, la voix douce un peu en opposition avec les instruments; le break métallique, la guitare d’Alexandre assurent la relève partant sur une séquence onirique aérienne (rappelez-vous que je vous avais prévenus), puis un son de cinéma, du synthé basique vintage accouplé à du clavier moderne d’André-Philippe font de cette fin de morceau un hymne fort qui te force à te relever mettre le replay.
Hillward frappe fort en proposant cet opus boosté, crossover avant-gardiste avec claviers et guitares. Du metal jeune, du progressif de par les dérives musicales, du djent de par l’ossature. J’ai lu que la voix est le maillon faible du groupe, je ne le pense pas, bien au contraire, David permettant aux chansons de garder un attrait mélodique pop-rock; un album qui innove en cette année, c’est un plus et c’est bon.
Brutus
hillward.bandcamp.com/album/alternate-timelines
02/06/2021
Single Celled Organism
Percipio Ergo Sum
rock progressif symphonique – 61:51 – Allemagne ‘21
Le second album de Single Celled Organism s’avère être la suite, d’un point de vue thématique, du précédent «Splinter in the Eye».
Dans ce premier volume, une équipe de chercheurs avait créé une fille afin de mener une expérience sur le développement de la personnalité. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle vivra entièrement coupée du monde extérieur, élevée par des robots. Elle sera libérée par le Dr Barnaby, maître de cette expérience, alors que dehors sévit une guerre biologique dévastatrice due à un virus mortel créé par des fanatiques religieux.
Dans ce nouvel opus, nos deux protagonistes ont survécu et vivent très différemment la chute et la reconstruction de la civilisation. Le credo de cette jeune fille se retrouve dans le titre de cette plaque (je perçois, donc je suis).
Le producteur et multi-instrumentiste Jens Lueck (batterie, claviers, voix, guitares, basse) est l’initiateur de ce projet. Il est aidé en cela par son épouse Isgaard (chant), Ingo Salzmann (guitares), Johnny Beck (guitares), Jürgen Osuchowski (guitares acoustiques), Katja Flintsch (violon, alto), Olek Bakki (violoncelle) et Volker Kuinke (flûtes à bec).
C’est sur les délicates notes au piano de «She’s Awake» que débute cette œuvre. Après 1:23 d’entrelacs du plus bel effet, le titre s’envole vers d’autres horizons musicaux plus enlevés. «The Final Door» se montre également tout aussi doux dans sa première partie. Les arpèges tout autant guitaristiques que pianistiques ne peuvent que réjouir les amateurs de progressif mélodique. Par instants, le chant de Jens me fait penser à celui de Jarvis Cocker (Pulp), mais rassurez-vous, nous sommes bien dans le monde du rock progressif dont les meilleurs moments peuvent se retrouver dans «Save Me From Dreaming» ou «Entanglement Runs Off». Isgaard donne toute l’étendue de son chant sur «I’m Not Human». «Hey You» n’a vraiment rien à voir avec le groupe que vous savez, mais s’avère être l’un des instants les plus tragiques de l’album.
Amateurs de rock progressif mélodique et atmosphérique, je ne peux que vous conseiller l’écoute, si ce n’est l’achat, de ce superbe CD.
Tibère
https://singlecelledorganism.bandcamp.com/album/percipio-ergo-sum
03/06/2021
Jordsjø
Pastoralia
rock progressif/rock de chambre/folk prog – 43:55 – Norvège ‘21
Et voici donc le tant attendu «Pastoralia» des Norvégiens de Jordsjø! Je vous rassure immédiatement, c’est une excellente cuvée! Même une cuvée exceptionnelle!
Dès les premières notes, on est séduit, scotché, fasciné, et je dirais qu’il n’est certainement pas conseillé de laisser quelque chose sur le feu pendant l’écoute car les risques d’incendie seront grands…
C’est donc leur sixième album et ils continuent leur petit bonhomme de chemin – si j’ose dire – avec simplicité, musicalité, inspiration et savoir-faire. Si vous êtes déjà conquis par leur musique, vous entrerez sans effort dans «Pastoralia» qui continue le développement de leur style si particulier, héritier des Anglagard et Landberk du passé. En héritage de Landberk, il y a cette manière particulière de jouer avec le silence, de se l’approprier, de le domestiquer, d’en faire une part intégrante de la musique, sans se presser, en laissant la musique se développer. Il y a aussi la flûte, bien sûr, et certains sons/riffs de guitare qui ne sont pas sans rappeler les meilleurs moments de Jethro Tull. On trouvera également quelques passages de rock de chambre, superbes et magiques. Un petit instrumental d’inspiration folk, «Fuglehviskeren», offre un superbe interlude un peu à la manière de John Renbourn.
De manière générale, ils nous proposent un rock progressif délicat, une dentelle réalisée avec amour et tendresse, précieuse sans être pédante. Les lignes mélodiques s’entrelacent et les changements rythmiques sont proposés avec une naturalité époustouflante. On peut aussi penser au Genesis de l’époque «Trespass», sublime et mystérieux.
En résumé, un sérieux client au titre d’album de l’année 2021! C’est le genre d’album que vous réécoutez immédiatement après que la dernière note se soit éteinte... Et pour ce que vous aviez sur le feu, laissez tomber, c’est déjà brûlé...
Attention, leur lien Bandcamp n’offre que trois plages de l’album!
Lucius Venturini
https://jordsjo.bandcamp.com/album/pastoralia
04/06/2021
Eyesberg
Claustrophobia
rock progressif/symphonique/néo – 48:34 – Allemagne/UK ‘21
Si la belle pochette jaune du guitariste Georg Alfter vous fait penser à Van Gogh, son premier effet est réussi, car c'est un concept album sur le peintre que nous propose Eyesberg. Quintette germano-saxon, créé en 1980, réduit à un trio (Norbert Podien, claviers et Malcolm Shuttleworth, chant) + guests, voici leur 3e LP en 7 ans.
Dès le morceau titre (11 min), qui Shine quelques secondes de Floyd, on ne peut qu'évoquer Genesis en quatuor. Les 4 premières minutes sont accrocheuses en diable. Bien sûr la voix y est pour beaucoup, mais le son du divin Hackett n'est pas loin: certains riffs (6:50) sont identiques! Mais ce long morceau possède son caractère propre. Captivant.
«Strange boy» avec sa rythmique très en avant (batteur guest J. Keegan, ex- Spocks Beard) semble ainsi bien plus immédiat, du moins pendant 3 des 5 min, ensuite on est plutôt dans l'ambiance du Bowie de «Outside»! Déstabilisant Vincent.
«Walking in Storms» renoue avec l'epic (9:33) efficace et multisourcé. Avec une guitare solo qui ne doit rien à personne et nous offre plusieurs très bons moments. «Salamander Tree» est une très belle ballade avec les harmonies vocales enchanteresses de Shuttleworth et d'Emma Edingloh en invitée.
«Sacrifice» démarre au pas de course pour rejoindre la fête, plus dissonant, plus musclé mais très efficace, tout comme l'inquiétant «We want you out» proclamé à tue-tête avec son riff lancinant. «Into the Asylum» démarre majestueusement sur une guitare solo pour une ballade très Collins; les énormes basses semblent venir d'un pédalier (Alfter est à la fois guitariste et bassiste) comme au temps de... Grandiose internement.
«Final ride» sonne «Lamb», sonne la fin aussi, malheureusement, de ce trop court album. Je pense me procurer leurs 2 productions précédentes pour prolonger le plaisir!
Cicero 3.14
Album non disponible sur Bandcamp.
04/06/2021 - EP
The Wring
The Wring² - Project Cipher
heavy prog – 29:52 – Canada ‘21
Les Canadiens de The Wring en sont à leur deuxième EP et si vous appréciez des groupes comme Rush, Fates Warning, Dream Theater ou Queensryche, il est fait pour ravir vos oreilles. À la base de ce projet, Don Dewulf s’est quand même entouré de quelques amis et pas des moindres, vous en conviendrez: Marc Bonilla (Keith Emerson Band, California Transit Authority, Glenn Hugues), Bryan Beller (Joe Satriani, Steve Vai), Thomas Lang (Robert Fripp, Peter Gabriel, Robbie Williams – heu…), Jason Henrie ou encore Jason Sadites sont venus en effet prêter leurs armes respectives et nécessaires à l’élaboration du disque.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela joue, et plutôt bien avec de nombreuses mélodies mémorables.
Si les groupes cités en entrée sont votre tasse de thé, il n’y a aucune raison pour que The Wring ne s’attarde pas sur vos platines. Je dois avouer que ce n’est guère mon cas…
Tibère
https://thewring2.bandcamp.com/releases
Nicola Alesini / SARO COSENTINO
Cities
smooth jazz planant – 31:07 – Italie‘21
Un album construit par un duo inédit, Nicola Alesini et Saro Cosentino. Tous deux des références dans leurs domaines et ayant collaboré avec d’innombrables artistes célèbres de la scène internationale!
Nicolas Alesini avec son sax soprano, sa clarinette basse, ses boucles électroniques, accompagne la fretless bass, la guitare et les claviers de Saro Cosentino pour visiter sept villes et faire apparaître sept variantes musicales qui, au travers des lacets des rues, des populations, et des parfums, nous invitent à caresser les cultures et sociologies des territoires.
Musique planante, instrumentale, parfois ethnicisée, toujours suave, dont les timbres rappellent John Surman et Jan Garbarek, voire dans une certaine mesure Terje Rypdal, et donc un peu les sons célèbres du label ECM.
Agréable moment de solennité, je dirais même de paix, à l’écoute de ce court voyage de 31 minutes qui sillonne l’Italie de Gênes à Palerme, de Rome à Venise, mais aussi, avec des touches allochtones, traverse Istanbul, Lisbonne et Prague.
Une petite friandise disponible depuis le 2 avril.
Centurion
https://sarocosentino.bandcamp.com/album/cities
Scherzoo
05
canterbury / jazz fusion – 54:09 – France ’20
Je vous parle ailleurs sur cette page de l’album solo de François Thollot, qui tient le gouvernail, la basse et (le plus souvent) la portée de Scherzoo, dans lequel officient, aux claviers, Anthony Pontet et Grégoire Plancher et, à la batterie, Clément Curaudeau. «05», édité par le label italien Lizard, est un album de claviéristes pour les amoureux du Fender Rhodes et de l’orgue, des sons vintage du Mellotron enrichis par les timbres du piano acoustique et du Clavinet (cette version électrique du clavecin, mise au point par Ernst Zacharias pour la firme allemande Hohner). La plupart des morceaux sont enregistrés live en studio – probablement pas les pépiements d’oiseaux de l’onirique «Bachannales Bucoliques» – et, instrumentaux de claviéristes, insistent sur la cohérence sonore, jouant surtout des variations d’humeur, avec un goût prononcé pour les envolées («Tourmente des nombres», «Le réveil»), jusqu’à la cavalcade épique («Tsunami») – en restant toutefois toujours dans l’agréable-à-l’oreille-et-sans-révolution.
Auguste
https://scherzoo.bandcamp.com/album/05
Peter Orins
VRTN & VBRTN
expérimental – 50:15 – France ’21
Formé à la musique classique, au jazz, à l’impro et à la composition, actif dans le circuit de La Malterie, atelier d’art à Lille, Peter Orins présente, cette fois en solitaire (batterie et percussions, électronique), deux morceaux, deux travaux, deux approches. Comme «Happened By Accident» (2019), «VRTN» utilise la batterie comme un résonateur d’objets, de matières – et donc de résonances – diverses (du métal, du verre, du bois…), outre qu’il privilégie une construction largement ouverte à l’imprévisibilité, notamment grâce au logiciel Pure Data, qui grossit les sons «microscopiques» et ajoute des progressions harmoniques inattendues. Dans «VBRTN», Orins se sert d’une ancienne sérendipité, par laquelle il utilise la cymbale pour faire vibrer et résonner la peau du tom basse, sur base d’une fine baguette de bois glissée entre elle: il démultiplie ici sa découverte hasardeuse sur trois couples cymbale/tom basse pour générer de longs drones, graves et soyeux. Étrange et intéressant.
Auguste
Zézette
Raoul Mon Amour
math rock – 44:10 – France ’21
C’est le cas à la première écoute – ça, ce n’est pas rare – mais l’effet se maintient aux suivantes – ce qui est moins courant –, je chèvre-choute, balance d’un pied à l’autre et ne sais pas bien quoi faire avec ce «Raoul Mon Amour» qui oscille entre démarche rabâchée et poésie ostracisée: des ingrédients glanés tant chez Ramon Pipin qu’auprès d’Etron Fou Leloublan, une musique rêche, des rythmes match rock, quelques éructations, peu de conviction. Certes, le trio de chanteurs (Thomas Molten joue aussi de la guitare, Robin Nibor de la batterie et Aymeric Mimik de la basse) se donne la liberté d’un ton, mais ne le renouvelle guère et, après le morceau titulaire qui, sur un mode toutefois emprunté, donne l’espoir à travers un road-récit entre gilets jaunes et route de Memphis, ce qui vient fait surtout du surplace – à « * * * * » près.
Auguste
L'étourneur
https://souterraine.biz/album/raoul-mon-amour
Adoct
Ouvre-glace
avant-jazz/expérimental acoustique – 75:43 – France ’21
C’est une musique impressionniste, faite de touches – pas tant au sens claviéristique du terme, n’en déplaise à Jérémie Ternoy et Barbara Dang, les deux pianistes du projet, que pictural –, ajustées petit à petit les unes aux autres, comme les sons de traits de pinceau; une musique capable de suspendre le temps, à la manière, autrement minimale et étale, de Morton Feldman; une musique qui retient notre souffle dans une tension vers la découverte (que se passe-t-il? où va-t-on?); une musique d’exploration et d’interaction – vivante et qui ne demande qu’à vivre. Adoct unit, le temps d’un concert – finalement sans public, le virus décide –, deux trios reliés par un batteur commun (Peter Orins, dont je vous parle ailleurs sur cette page) sur la scène de La Malterie à Lille en décembre 2020, autour d’un instrumentarium acoustique (deux grands pianos, une guitare, un saxophone, une flûte à bec et une batterie) et de l’envie de ne pas laisser la Santé nous ruiner la nôtre. C’est beau et j’ai un faible pour le morceau titulaire.
Auguste
CIRCUM-DISC
https://tocmuzzix.bandcamp.com/
06/06/2021
Echoes and Signals
Mercurial
rock progressif atmosphérique – 51:16 – Russie ‘21
Je n'avais jamais écouté, avant ce jour, ce groupe russe Echoes and Signals et c'était une erreur. Ils en sont déjà à leur quatrième album «Ouroboros» (2013), «V (Five)» (2014), «Monodrama» (2017) et voici «Mercurial». Le groupe est composé de Fedor Kivokurtsev (guitares, chant), Alexey Zaytsev (basse, claviers) et Leo Margarit (batteur actuel de «Pain of Salvation»). Un changement notoire (à part le nouveau batteur) est que cette fois l'album n'est pas qu’instrumental. Et c'est une merveilleuse idée quand on a une voix comme Fedor, car pour moi le gros point fort de l'album est son chant! Un timbre très fin qui est un plaisir absolu à écouter et se fond littéralement dans les différentes ambiances de cet album. Un rock prog atmosphérique aux ambiances souvent noires et planantes, ce qui ne veut absolument pas dire lentes. On y retrouve du Steven Wilson, du Porcupine Tree, du Pain of Salvation et une pointe d'Anekdoten et de Riverside. L'album commence avec «Darkness», un titre mélancolique (comme son nom l'indique), purement atmosphérique et cristallin. «Broken Machine» commence avec un rythme plus électro trip-hop mais le titre évolue jusqu'à un rock au riff relativement dur. «Chaos» vous fera frissonner, clavier et basse lourde, batterie subtile et surtout ce chant glaçant. Les ambiances au fil de l'album sont toujours recherchées sans tomber dans la facilité et étant plus qu'accessibles. En écoutant nos amis russes, vous passerez à coup sûr un agréable moment, ils en valent la peine.
Vespasien
07/06/2021
Alifie
Etre De L'Opium
space rock – 49:20 – France ‘20
Premier album pour Alifie, jeune trio français composé de Marie-Pierre Quaranta (chant/claviers), Sébastien Siozade (guitares/basse) et Denis Guillemin (batterie). Sous une très jolie pochette, Alifie développe un progressif orienté space rock à forts relents psychédéliques. Quatre morceaux seulement mais aucun ne descend sous les dix minutes et permet d’allonger les dérives spatiales comme il se doit, le rêve ne doit pas finir. Pour un premier jet, c’est une vraie réussite qui fait songer immanquablement aux exploits passés d’Hawkwind (comment l’éviter quand on parle de space rock?) mais aussi de Pink Floyd dans ses grands moments grondissants et rugissants, sans oublier les extravagances hallucinatoires d’un Ozric Tentacles. «Schizofriendly» appartient à la caste sacrée du space rock pur et dur où le chant «étouffé» de Marie-Pierre participe de belle manière à ce voyage de 12:21 entre les poussières cosmiques et les queues de comète pour rattraper «Oumuamua» avant qu’il ne quitte le système solaire! «Etre de l’Opium», titre éponyme, est une libre adaptation d’un texte de Jean Cocteau («Prairie légère»), au tempo plus ralenti et qui, d’emblée, invite à un autre périple interstellaire; alangui, on scrute par le hublot l’espace infini en divagant mentalement sur ces belles paroles: «J'étais liège sur l'eau, nuage en l'air, écume, je montais, étendu sur un tapis ailé.»… Cette poésie accentue les effets du voyage où la guitare cosmique de Sébastien délivre pleins et déliés avec une maestria remarquable et remarquée. Encore 12:37 de pur bonheur! «Moonchild» est une variation sur ce morceau de King Crimson dans «In the Court…». Alifie s’épanouit dans la différence de traitement entre l’original et leur relecture du titre; la voix de Marie-Pierre se fait plus douce au rythme des entrelacs aquatiques de la guitare qui nous fait comme des ronds dans l’eau, élargissant ses doux arpèges tandis que le clavier irrigue cette reprise d’une magie ancestrale, pensez donc… 1969! 10:44 d’un psychédélisme doux amer qui peut faire songer aux atmosphères les plus folk de Led Zeppelin, surprenant n’est-il pas? Surtout que le final s’envole dans un ectoplasme de «Stairway to Heaven», comme un rappel aux volutes du passé. Pour en finir et atterrir sur quelque planète lointaine, Alifie dévoue son art à un autre cover, celui de «A Saucerful of Secrets» de qui vous savez. Inutile de vous faire l’article, le trio est tout à son aise dans un univers qu’il maîtrise avec une grâce et une magie répertoriée et, parfois, accentuée. La folie magistrale et l’encerclement cérébral de cette divagation quasi expérimentale (pour 1968) sont restitués avec un talent fou sur 13:38. Je conseille sans a priori cet album à tous ceux qui aiment partir loin dans leur tête sans bouger de chez eux, au casque, l’effet est saisissant et le plaisir intense et jouissif. Une croisière sidérale dont je pensais seuls capables les Anglo-Saxons. Casque bas!
Commode
08/06/2021
Keor
Tearoom
rock progressif avant-gardiste-djent – 37:38 – France ‘21
Keor (KEOR Homepage) est le nom du projet du multi-instrumentiste Victor Miranda-Martin de Montpellier. La musique de Keor combine des sons de guitare lourds avec des ambiances, des compositions de rock progressif déjantées. Son album précédent me rappelait les recherches progressives du grand Devin Townsend et avait eu un retour positif indéniable. Cette pièce à thé a été son défouloir, sa muse, son fléau dit-il.
«!!!»: intro juste intro pour l’heure de l’apéro en fait.
«Blossom»: sur un titre déjanté, du djent, du Townsend, du Zappa s’il était encore présent, rythme métallique syncopé, de l’énergie, de la puissance, break mélodique qui surprend par une belle mélodie et ça repart toujours avec la voix criante, l’une en retrait, la batterie claire, agressive.
«a - Warlike»: sur un rythme encore plus lourd et effrayant, du Tool, du Teramaze, du Townsend, du heavy électrique à la Rammstein pour le riff ravageur; break avec flûte bansurî indienne et une infra-basse d’un coup qui dénote encore plus, quelques bruitages de mer pour la satisfaction et un soupir, des sons off qui finissent de perturber, bon c’est vraiment la guerre.
«Took a Nap»: son d’arrêt cardiaque puis air frais aérien, mystérieux aussi, air de création de monde, voix phrasée, air du «quand tu te réveilles de ta sieste?», la batterie métronomique mène le rythme et je note le côté déjanté dans toute son acceptation.
«Underworld»: sur une basse saccadée, on retrouve le son djent de base, nerveux, agressif; il y a du Red Hot dedans, du Suicidal Tendencies, du Living Colour, la basse fait son petit show limite décalé, le final avec cette percussion grave qui te fait réagir tandis que des bruitages vont et viennent.
«Learning God»: air avant-gardiste, minimaliste, un banjo vient tenir présence, la voix plaintive, la percussion s’y invitent; ça ressemble à un fourre-tout, à un fatras, ça se calme encore plus presque incroyable; à mi-parcours ça part sur un imbroglio, on y retrouve une batterie créant le rythme et des voix sur des musiques de film, des bruits de rue, des complaintes, ça me rappelle d’un coup l’un des titres des Beatles; le final au riff basique repart sur les méandres cataclysmiques.
«Marta/I Am Keor» pour la fin, présentation de Marta et Keor, un mantra puis un dernier air qui me renvoie à certains sons d’Anyone, qui s’éloigne dangereusement des rives progressives telles qu’on les vit depuis un bon moment.
Keor a sorti un album puissant, expansif, diversifié, personnel. De la progression anachronique, déstructurée et déstructurante qui a un sens, moitié orchestrale, vocale, explosive, enregistrée dans une grotte à l'intérieur des montagnes brumeuses sûrement aussi. Keor ou l’extrême en ce début d’année.
Brutus
keor.bandcamp.com/album/tearoom
09/06/2021
Apogee
Endurance of the Obsolete
rock progressif – 65:34 – Allemagne ‘20
Le groupe Apogee nous vient d’Allemagne et constitue le projet du musicien, compositeur et chanteur Arne Schaefer, membre fondateur du groupe Versus X. Notons toutefois que notre ami se fait aider, à la batterie et aux percussions, par Eberhard Graef. Dès «Interpretations», on trouve par moments des arrangements à tendance folk progressive, voire même médiévale, ainsi que certaines parties vocales qui me font irrémédiablement penser à Gentle Giant. La plage la plus courte, «Waiting for the Dawn», évoque certains titres à la guitare acoustique de Genesis. Le titre éponyme (douze minutes) est un épique dans la plus pure tradition progressive où le chant n’est pas sans nous orienter vers celui d’Andy Tillinson (The Tangent). Sur «Spirits Disengage», on voyage sans cesse entre le progressif et des sections acoustiques, le tout emballant un chant des plus plaisants. «The Complex Extensive Way» déploie tout d’abord une superbe mélodie vocale sur fond de claviers délicats tandis que, plus loin, une flûte délectable nous enchante sur une portion des presque treize minutes qu’il dure. Avec «Overruled», nous voici déjà à la fin de notre promenade dans cette belle production que je m’empresse de vous recommander chaudement.
Tibère
https://progressivepromotionrecords.bandcamp.com/album/endurance-of-the-obsolete
10/06/2021
Notion Blue
The Son, The Liar, and The Victor
rock progressif – 42:29 – USA ‘20
Nouveau groupe américain originaire du Connecticut, dont la genèse remonte aux années de lycée de deux fratries: les frères Chase et les frères Barbi. Ces quatre-là jouaient ensemble sans avoir vraiment l’ambition de concrétiser leur expérience en album, mais à la mort tragique de Johnny Barbi (bassiste), le désormais trio décide de former officiellement le groupe et de produire un premier album en hommage au cher disparu.
Musicalement, Notion Blue revendique les influences de Dream Theater, Neal Morse et Steven Wilson. Je rajouterai qu’à plus d’un égard leur musique fait également référence à Gentle giant, «The Gathering Overture», et donc à Spock’s Beard et à Echolyn. Ceci rappelle aussi un peu la démarche de leurs compatriotes de One Now Ago avec leur excellent «No One’s Listening».
Les voix mixées en avant sont prépondérantes, mais cet atout en deviendrait vite une faiblesse car elles ne sont pas toujours maîtrisées. Heureusement, celles-ci laissent aussi énormément de place à l’instrumentation, ce qui permet au trio de démontrer toute sa richesse technique. Sans en atteindre la perfection, loin s'en faut, on est parfois assez proche de l’univers de l’ancien Spock’s Beard. Une musique à l’américaine, où le rock rencontre la complexité du rock progressif, où la pondération se heurte à l’exaltation, «Keeping Apart».
Des passages de très grande qualité se blessent quelquefois sur des récifs abrupts et font que «The Son, The Liar, and The Victor» est inégal et pas totalement abouti. Dommage car le potentiel est là et justifie ma note plutôt encourageante. Ne boudez pas votre plaisir, Notion Blue devrait pouvoir séduire une frange non négligeable de progsters.
Centurion
https://notionblue.bandcamp.com/album/the-son-the-liar-and-the-victor
11/06/2021
Kayak
Out of this World
rock progressif/rock – 70:48 – Pays-Bas ‘21
Dix-huitième album du band. Ton Scherpenzeel nous offre ici une musique de qualité qui oscille entre progressif et pop rock. Une ligne suivie depuis longtemps, si l’on excepte les trois concepts «Merlin, Bard of the Unseen», «Nostradamus» et «Cleopatra», résolument progressifs. On trouve ici trois plages chantées par Mark Singor, bien plus proches de la pop rock que du genre que nous affectionnons. Mais d’entrée, c’est la claque. Le morceau éponyme se pare d’une orchestration quasi classique et donne le ton à l’album qui s’inspire pour certaines plages des concepts que je viens de citer tout en revêtant d’autres textures déjà par le chant de Bart Schwertmann, celui de Mark Singor et de Kristoffer Gildenlow («One by One»). S’il y a toujours un timbre Dickinson chez Bart, la voix de Mark nous fait plutôt penser à celle de David Bowie («As the Crow flies»). Comparaison faite ensuite, «Waiting» pourrait bien être, rythmiquement parlant, le «Owner of a Lonely Heart» de Kayak, mais avec la voix de Bowie. «Under a Scar» est une ballade proche de celles que l’on trouvait sur l’étincelant «Merlin Bard of the Unseen», même construction douce d’abord suivie d’une de ces reprises instrumentales qui tuent. Le final du splendide «Critical Mass» qui m’a fait immanquablement penser à Arena est un vrai plaidoyer pour le progressif. Solos de guitare splendides, envolées de synthés en nébuleuses spirales dont seul Ton a le secret, celui de la recette du bonheur mélodique qui prend aux tripes. Ton assure le chant de «Ship of Theseus», qui conclut l’album. Sa voix poignante, aux accents dramatiques, achève un voyage que l’on aimerait sans fin. Kayak n’a pas dit son dernier mot, loin s’en faut. Cette nouvelle formation confirme ici une véritable renaissance.
Clavius Reticulus
12/06/2021
Stefano Panunzi
Beyond The Illusion
art rock cinématique jazz – 67:11 – Italie ‘21
Pour ce 3e album, le premier depuis 12 ans, Stefano Panunzi s'est entouré d'une pléiade de musiciens de renom qui interviennent sur l'une ou l'autre des 12 pistes. Gavin Harrisson, Tim Bowness, Martin Grice (sax de Delirium, le plus Italien des Anglais... qui chante sur 3 titres), Lorenzo Feliciati (un des 2 bassistes du trio Twinscape) sont les plus connus.
Écoutons ce que nous propose le claviériste romain.
«When Even Love Cannot» est une appétissante introduction instrumentale aussi implacable que son titre; la basse prend les commandes, entourée d'une batterie tout en nuances et d'un climat de synthés aériens. Même climat dans le suivant, «The Awakening», avec guitares et chant en plus. Le troisième est tout aussi agréable et léger, un rien nippon, avec toujours cette belle basse ciselée.
«Acid Love», syncopé, explore une ambiance plus lourde. Avec «I Go Deeper», retour de la voix, délicate et expressive, pour un beau soft art-rock.
«Mystical Tree» nous emmène sur les «Plateaux of Mirrors» de Brian Eno dans un ambient musclé et ethnique pour un mariage multiculturel très harmonieux.
«Her», long morceau de plus de 8 minutes, est un magnifique slow, avec un riff entêtant merveilleusement utilisé avec parcimonie et pertinence.
«We Are Not Just What We Are» poursuit dans une ambiance majoritairement jazz où le sax s'affirme de plus en plus en instrument solo pour la fin de l'album.
L'intro rock de «The Doubt» casse de belle manière, un instant, le climat de sérénité de l'album avant qu'il reprenne son emphase avec le soutien d'un grand orgue et de chœurs.
«I Am!» fait une fin ambient à ce bel album d'une grande diversité qui s'écoute très facilement avec plaisir.
Une musique que je m'imagine bien apprécier de nouveau lors d'un prochain déplacement en voiture. La musique de Stefano Panunzi est vraiment à découvrir!
Cicero 3.14
Album non disponible sur Bandcamp.
13/06/2021
Goditha
The Rock Opera
metal symphonique – 91:33 – Grèce ‘20
Voici un opéra metal rassemblant plusieurs chanteuses et chanteurs issus de la scène metal grecque. Tous évoluent dans un registre lyrique. S’y retrouvent, entre autres, Maxi Nil (Jaded Star), Iliana Tsakiraki (Enemy Of Reality), Angel Wolf Black (Vivaldi Metal Project), Yiannis Papanikolaou (Diviner) Margarita Papadimitriou (SL Theory), Anastacia Papadopoulou (Upon Revival); citons également le chanteur allemand Henning Basse (Firewind, Mayan, Brainstorm...) venu prêter voix forte à ces Hellènes. En tout, pas moins de 16 voix différentes illustrent ce projet qui a donc des allures d’Ayreon dans la fond et la forme, dans la mise en place et le style.
Produit par Bob Katsionis, qui se charge également de jouer la plupart des instruments, il s’agit d’un concept album dont l’histoire et les partitions proviennent de la plume de l’auteure-compositrice Elina Englezou. Il s’agit d’un conte fantastique, dont l’action se déroule au Moyen Âge, dans un village en proie à quelques obscurs tourments maléfiques; au niveau des thèmes, on est quelque part entre «Les Sorcières de Salem» et «Le Village des Damnés».
La musique de Goditha (Goditha The Rock Opera) se veut donc le pendant musical de cette histoire, la baignant dans un metal symphonique et progressif aux allures théâtrales. Au fil des titres, les différents intervenants vocaux se succèdent, agissent de concert ou se donnent la réplique dans des tableaux épiques où chacun joue son rôle en variant la tonalité et l’intensité de son chant, en fonction de la scène décrite. Des vocalises entonnées avec ferveur rivalisent avec de sombres mélodies chuchotées. Ainsi certains passages se font plus heavy, d’autres plus atmosphériques; les envolées métalliques enjolivées d’enluminures symphoniques alternent avec des passages piano-voix mélancoliques.
Sur certains de ces moments parmi les plus calmes, l’emploi d’instruments classiques et folkloriques, tels que orgue, violons, mandolines, balalaïka, ocarina, renforce l’ambiance médiévale avec une atmosphère aux climats étranges.
Relativement courts, les différents titres s’alternent harmonieusement en rendant l’écoute aisée et exempte de longueurs. Les différents chants restent clairs, mélodiques, et émanent d’artistes talentueux dans l’exercice de leur art vocal, du début à la fin de cette fresque qui plaira aux fans d’Epica, Kamelot, Nightwish, Ayreon…
Orcus
https://goditha.bandcamp.com/album/goditha-the-rock-opera
14/06/2021
Huxley Would Approve
Grave New World - Part Two
rock progressif – 52:56 – Allemagne/Canada ‘21
Huxley Would Approve est l’association de Rainer Schneider (multi-instrumentiste, compositeur, producteur, chanteur) et de Joe Boliero pour les textes, les idées conceptuelles et le graphisme. 5 ans pour donner une suite aux fans des Pink Floyd avec un épanchement sur Camel, Barclay James Harvest, Alan Parsons, peut-être Genesis, Hackett dans certains recoins, ou le sombre King Crimson, plus près des Porcupine Tree évidemment. Note d’espoir, d’ouverture se posant près d’Huxley et de Waters.
«Blue Morpho Part Three - Eureka moment»: instrumental énergique avec orgue de cathédrale au départ, guitare rythmique, un son frais, neuf, enjoué, il y a du Yes , du ELP, un air à la «Apache», enfin une intro remarquable à la Dream Theater fruitée qui enchaîne sur «Tomb Of The Unknown Soldier» avec le premier titre, relent immédiat des Floyd période Waters et les voix caractéristiques de Judith et Rainer, rythme chaloupé, ça groove même, la basse bien en avant, le synthé qui arrive sublime, simple et beau; les soli guitares s’incrustent métalliques; ça devient syncopé puis conventionnel, il y a moins de tristesse, plus d’espoir mais aussi beaucoup d’agressivité; un grand moment jusqu’au grincement de porte et cette horloge qui t’amène à «Shadow Work» où la guitare gilmourienne de Werner donne de la lumière et de l’ombre à la mélodie, vous associez le tout avec d’excellentes interventions aux synthés et vous obtenez l’un des titres instrumentaux les plus vibrants selon moi. Couvrez vous avant l’orage car «Darkness (Reprise)», figurant sur le premier album, vient vous assener un coup des Pink Floyd par séquence souvenir interposée.
«Leaden Wings» enchaîne et prolonge l’ambiance planante floydienne; titre conventionnel, classique dirais-je, une montée plus synthétique qui part sur Mc Kennitt, sur Camel, Pink Floyd à nouveau avec un solo à faire fondre, non qui fait fondre, Alan Parsons pour la mélodie finale aussi.
«Looking For A Miracle»: sur un titre acoustique floydien reconnaissable, dépressif avec toute la gaieté que cela peut procurer; chœurs, voix de Judith pour planer, c’est atmosphérique et c’est magnifié par le décollage musical de la guitare faisant passer une autre dimension, titre sublime jusqu’au bruitage final, mais décrochez voyons!
«Delta Girl» sonne beaucoup comme une alliance folk floydienne acoustique avec la guitare de Sebastian; beaucoup de voix sonnant Waters, chœurs chaleureux emmenant tout là-haut pour une ballade romantique suave; c’est simple, c’est séquence souvenir; le son battement de cœur vous fait rebaigner dans «Time» avant que «Blue Morpho - Part Four» vienne finir l’album avec un rythme effréné, air bien trempé, pop rock mélodique rempli de sonorités intéressantes, instrumental nerveux grattant jusqu’aux thèmes hard prog; la digression progressive latente et le piano divin d’Olaf qui fait partir sur Pink Floyd, Tangerine Dream période «Stratosfear» puis sur du Popol Vuh et là je fonds. Mélodie émotive, intimiste à son paroxysme pour imaginer ce monde meilleur.
Huxley Would Approve a frappé fort, très fort; ils ont fusionné les sons de l’avant et du maintenant pour une note d’espoir, celle que l’humanité puisse changer en acceptant ses côtés obscurs individuels et en acceptant la lumière! Un album qui sent la redite de loin de par les thèmes usités, un album qui regorge de sons différents des dinos comme un testament de ce qu’ils ont pu apporter au monde; un album subtil, fin, suintant les réminiscences, adapté pour vous plonger dans vos propres souvenirs, un vrai médicament pour entrer dans le meilleur des mondes, du grand art.
Brutus
Album non disponible sur Bandcamp.
https://www.youtube.com/channel/UCAe7k0yjYaCmOiwRJZzkVOA/videos
15/06/2021
Godspeed You ! Black Emperor
G_d’s Pee AT STATE’S END!
post rock ambient psyché – 52:38 – Canada ‘21
Cela démarre toujours avec les sons de la vie courante ou de la radio: ils viennent vous chercher là où vous êtes, et c'est alors que l'expérience de Godspeed You ! Black Emperor commence à s'insinuer entre vos oreilles, obsessionnelle. Ici il faut attendre 6:21. JE VOUS SUPPLIE d'en passer par là. Car ensuite la pulsion commence à vous remuer la tripaille, à vous exploser les neurones de ses mélodies psychédéliques, amples et lancinantes. Autour de la pulsion primaire (parmi les 8 membres, il y a 2 bassistes et 2 batteurs/percussionnistes, en plus de 3 guitaristes et un multi-instrumentiste violon/orgue) viennent les autres pour mieux nous emporter dans cette folle sarabande. Un break pour nous laisser prendre conscience du chemin déjà parcouru. Et doucement un second crescendo vous élèvera encore plus haut et le decrescendo vous laissera épuisés et ahuris au milieu d'une prairie ou résonnent des coups de feu.
Un album magnifique et triste, 4 pièces dont 2 de 20 minutes, composé en tournée, quand il y en avait, enregistré avec des masques au début de la seconde vague. Certaines parties sont certainement des impros.
Abandonnez-vous une heure dans leur univers apocalyptique. L'apocalypse est un synonyme de révélation, rien à voir avec une destruction quelconque, c'est à la renaissance qu'appelle GY!BE.
Vous ressortirez changés par leurs poignantes mélodies.
Enfin voici quelques éléments complémentaires sur GY!BE: 7 albums depuis 1997, anticapitalistes militants, parfois classés anars, ils ne sont pas sur les réseaux sociaux, il n'y a que 2 photos du groupe connues, ils n'ont accordé qu'une demi-douzaine d'interviews collectives depuis leur création. Interviews collectives, car ici pas de culte de la personnalité. Musique sincère et pure.
Leurs tournées sont souvent complètes tant les concerts sont appréciés avec les fameux films 16mm projetés en arrière-plan. Ils seront en Europe dès janvier 2022: réservez!
Cicero
https://godspeedyoublackemperor.bandcamp.com/album/g-d-s-pee-at-state-s-end
16/06/2021
Edenya
Silence
rock progressif – 50:03 – France ‘20
Sous trois simples prénoms se découvre Edenya, déjà auteur d’un opus en 2017, le bien nommé Edenya dont seul subsiste le dénommé Marco (guitares/claviers/piano), visiblement l’âme du nouveau trio, rejoint par Elena et Rémi (chant et chœurs). Parmi les invités, on découvre Julien Perdereau qui tient la batterie et… la basse (!), Adrien France au violon sur quatre titres et Sophie Clavier au chant sur le dernier morceau. Encore un nouveau groupe pratiquant, avec envie et respect des anciens, un rock progressif d’envergure, réunissant dans une casserole magique folk, atmosphères ambient et rock progressif parfois symphonique. On remarque de suite le chant plaintif d’Elena qui sait vite monter dans un aigu plaisant pour «The Promise», surprenant exercice qui vire de bord maintes fois dans la grande tradition progressiste, orientalisant et métallisant après des instants d’apaisement quasi hippies! J’ai cependant un petit souci, qu’ils ne m’en veuillent pas, je pense parfois confondre les voix de Rémi et Elena… Rémi ayant un organe très doux, au point d’avoir cru à la première écoute qu’Elena changeait sa voix en cours de route! Cette particularité ne fait que rajouter au charme évoqué par des titres que leurs chants enluminent d’une grâce incertaine. Ajoutez à cela ce violon qui fait des apparitions radieuses comme par exemple pour «Broken Love», court morceau qui me fait songer par sa trame à certains efforts de Mogwaï! «All They Want» pourrait être un titre de M. Oldfield avec Maggie Reilly, genre «Moonlight Shadow», quand Elena entonne ce refrain aux relents celtiques, le violon et la batterie s’enlacent pour un joli pas de deux. Mais là encore, changement de décor pour un exercice rock et rythmé n’ayant plus rien à voir, voici le prog’ comme on l’aime, surprenant et déroutant, chassant dans toutes les directions. De toute évidence, même s’il existe une unité de ton et d’ensemble, Edenya sait se diversifier à l’intérieur de chaque morceau; on les croit partis par là, ils reviennent par ici, explorant des styles bien différents tout en les harmonisant avec une réelle dextérité. N’est ce pas une autre définition du rock progressif? La part belle est cependant dévolue aux jolies mélodies, de celles qui parlent à l’âme et au cœur. Qu’on retrouve d’ailleurs pour «Will The Demons Win?»… Le court «Chaos» désorientera l’auditeur avec ses guitares saturées et sa basse grondante. Et voici le morceau qui donne son nom à l’album, «Silence», pièce maîtresse par sa longueur (11:02) et sa musicalité débordante et dévorante de sensibilités diverses. Encore le chant envoûtant d’Elena avant que ne déboule un prog metal jusque là refoulé aux frontières d’une pure quiétude progressive. Mais ce n’est qu’une façon de «booster» la chose et ça ravigote comme on disait avant. Breaks, tempos doucereux, chevauchée plombée, guitares aux abois et plein ravissement dans la navigation des sens, c’est bien le plat de résistance dont on sentait capable le groupe dans une certaine apogée parfaitement maîtrisée. On en termine avec une jolie peccadille, «Still Alive», chantée par Rémi, violon en ballade et guitare boisée en accompagnement, une pépite tombée d’un sac en toile de jute d’un lycée en 76! Edenya nous offre un album qui nécessite plusieurs écoutes, mais vous vous enivrerez de la sève qui découle de chaque sillon. Un disque très réussi assurément…
Commode
17/06/2021
Confusion Field
Disconnection Complete
rock progressif heavy – 51:24 – Finlande ‘21
Une nouvelle découverte intéressante pour cette chronique; Confusion Field est plus un projet qu’un groupe. L’architecte de ce projet s’appelle Tomi Kankainen; il a fait partie de plusieurs groupes dans les années 80 et 90 (notamment Waterfront Weirdos, Morningstar, Murder In Art et Heathen Hoof, tous inconnus pour ma part) et il s’est lancé dans un projet pour lequel il compose et joue la basse, les claviers et les guitares rythmiques. Il est ici entouré de Petri Honkonen à la batterie et de Markus Jämsen aux guitares lead.
Sous un artwork classieux, l’album ne manque ni d’intérêt ni d’allure. Présenté comme du métal prog, le genre pratiqué ici est surtout basé sur les mélodies et les arrangements riches sans être envahissants. Le second morceau de l’album «Close Call» fait fortement penser à RPWL de par son rythme lancinant et des structures simples sans être simplistes; la voix grave de Tomi Kankainen fait d’ailleurs également penser à celle de Yogi Lang. D’autres moments pourraient aussi les rapprocher de ce qu’a fait Eloy dans la seconde partie de sa carrière. L’accent n’est pas mis ici sur la complexité des structures mais il y a un vrai soin apporté à l’instrumentation et à la mise en son. On ne peut raisonnablement pas parler de prog-métal car les mid-tempos dominent nettement. Cela dit, les guitares sont très présentes et bien mises en avant, ce qui pourrait effectivement les rapprocher d’une étiquette plus métal.
L’album s’essouffle toutefois un peu sur la longueur; il y a en effet peu de morceaux qui sortent vraiment du lot et le ton assez monocorde de la voix de Kankainen renforce cet aspect de monotonie. Plus de variété dans les styles de morceaux et dans les choix de sonorités aurait été la bienvenue.
Cela dit, cet album reste tout à fait recommandable pour les amateurs de prog avec de l’emphase et est à déconseiller aux amateurs de zeuhl et de RIO… mais ça vous l’aviez compris depuis le début!
À découvrir donc.
Amelius
Album non disponible sur Bandcamp.
18/06/2021
Lykantropi
Tales to be Told
néo psychédélique – 40:27 – Suède ‘20
Tout le monde sait ce qu’est la lycanthropie: les fameux loups-garous de notre enfance ne font plus peur à personne depuis belle lurette. Mais savez-vous qu’il existe, en Suède, un groupe portant le patronyme réjouissant de Lykantropi?
Je ne peux m’empêcher de vous traduire le texte présent sur sa page Bandcamp: «Dans la société d’aujourd’hui, on peut penser que les vieux contes populaires appartiennent aux illusions du passé. Avec ses riffs enchanteurs et ses belles harmonies, Lykantropi nous ramène, à travers la transformation du loup-garou, à la musique rock et folk du début des années 70. De douces harmonies rappelant les Mamas & The Papas sont superposées avec des guitares électriques et des flûtes dans un breuvage de sorcière».
Son univers est donc posé dans cette accroche. Le groupe est mené par Martin Östlund (chant et guitare) et comprend Ola Rui Nygard (batterie), Tomas Eriksson (basse), My Shaolin (chant), Elias Håkansson (guitare) et Ia Öberg (flûte).
Dès «Coming Your Way», la flûte enchante nos oreilles avec ses accents très «old school» tandis que la mélodie nous rappelle les temps anciens de Fleetwood Mac. La plage titulaire coule également de source tant elle se fluidifie, malgré une section rythmique en béton. «Mother of Envy» ne dépareille en rien cette belle plaque. La plage la plus progressive (et aérienne) de l’album, en suédois, «Kom ta mig ut», déboule ensuite: magique, il n’y a pas d’autres mots, car différentes ambiances nous enveloppent tout à coup. Retour à l’anglais avec «Spell on Me» et son côté bluesy, et toujours de merveilleuses harmonies vocales. Décidément, ces Suédois sont forts! «Axis of Margaret» ne s’éloigne guère de ce schéma. «Life on Hold» permet d’effectuer la transition vers LA pièce maitresse de l’album, en suédois également, j’ai nommé «Världen går vidare», à propos de la vie et tout dans la nature qui souhaite grandir: de toute beauté.
Une œuvre que tous les amateurs des glorieuses seventies devraient posséder!
Tibère
https://lykantropi.bandcamp.com/album/tales-to-be-told
19/06/2021
Fair Wind Pleases
The Wind and the Season
fusion – 30:06 – Russie ‘21
Ceci est le premier album d’un ensemble de Saint-Pétersbourg, composé de quatre musiciens. La palette des instruments comprend, outre la section rythmique (juste une batterie), un piano acoustique, une clarinette et une clarinette basse.
La musique est une rencontre entre divers genres. On y trouve de très nettes sources d’inspiration classique, mixant des ambiances world avec des improvisations jazz et fusion. Le discours est tour à tour enjoué, calme et méditatif, pour tout à coup s’emporter dans quelque bourrasque automnale pour se calmer ensuite.
Tout cela est passionnant et vaut vraiment le détour. Le CD est court (une demi-heure) mais il n’y a pas une minute à jeter… Il se divise en trois longues pièces dont l’une est divisée en trois parties entrecoupées par les deux autres morceaux.
Le jeu entre les deux clarinettes et le piano est vraiment superbe et nous offre de très beaux moments, pendant que la batterie tisse une trame sur laquelle les timbres peuvent s’exprimer en toute liberté.
En résumé, installez-vous dans un bon fauteuil confortable, laissez la lumière tamisée pendant que la pluie et le vent font rage dehors, servez-vous un bon vieux whisky (ou similaire) et passez une demi-heure magnifique! La pochette du CD en donne parfaitement le ton...
Lucius Venturini
https://fairwindpleases.bandcamp.com/album/the-wind-of-the-season
20/06/2021
Konom
Konom
neo metal progressif – 51:58 – UK '21
Voici Konom, un jeune groupe anglais de Manchester. Ils nous présentent leur premier véritable album éponyme, après un EP intitulé «Prelusion», sorti en 2015. On peut nettement qualifier Konom de groupe de metal prog mais pas uniquement, comme souvent Dream Theater, car ils ont la rythmique parfois dure mais rarement lourde. On ressent nettement plus des influences d'Arena, Vanden Plas, Marillion, et plus généralement une ambiance prog années 80-90. Ils jouent plus dans du neo metal prog. Le premier titre de l'album, «A Welcome Change», en est la démonstration parfaite. Les musiciens (Benjamin Edwards à la basse, Tom Rice à la batterie, Dan White aux guitares et Johnatan Worsley aux claviers) montrent l'ensemble de leurs capacités. Le chant est assuré par Arya Bobaye; il sait être totalement envoûtant et nous prendre avec lui par la main pour nous envoyer au milieu de son univers et, lorsqu'il doit monter très haut, il est pour moi à la limite du faux et cela colle nettement moins bien, notamment sur «Birotunda». «As The Waters Rise» est le titre qui commence le plus durement mais la suite est une envolée de guitare magnifique avec des changements de rythme impressionnants! Vient ensuite «The Great Harvest» découpé en cinq parties. Quelle démonstration encore une fois. La musique vous accroche la peau, vous envoie très haut et vous redépose avec des frissons. Les arpèges de guitare acoustique et piano se transforment bientôt en une chanson prog metal élaborée qui montre le côté le plus lourd et le plus sombre du groupe. Toujours très bien élaborée et pleine de changements de tempo, la musique de ce quintet passe toute seule car la rythmique guide les différents passages à la perfection. La quatrième partie, connectée à la précédente avec une ligne de basse et une batterie profonde et captivante, nous montre un potentiel plus mélancolique pour lâcher les chevaux avec un son de clavier seventies à la Deep Purple… La pochette est très belle également et notre Centurion me souffle que celle-ci, comme le nom du groupe, est inspirée du célèbre roman «Fondation» d'Asimov. Pour un album autoproduit enregistré dans leur home studio, le son et la production sont parfaits. On ne peut que les féliciter. Je vous conseille fortement d'acheter ou télécharger légalement ce premier opus pour soutenir ce groupe Konom qui a de très belles années devant lui.
Vespasien
https://konom.bandcamp.com/album/konom
21/06/2021
Berlin Heart
Mute In The Sea
musique électro atmosphérique progressive – 51:02 – France ‘20
L’éventail de la musique dite progressive est large. À tort on se restreint souvent à ne référencer que l’aspect symphonique, là où les formations se croisent et se mêlent dans un tourbillon de similitudes récursives. Pourtant le progressif a de multiples facettes, des écoles, des styles, qui parfois deviennent sectes exclusives et réprobatrices. Mais aussi des errances bienfaitrices qui bousculent, alpaguent l’attention et contribuent à créer de nouveaux univers. Steven Wilson a fait ça, créer de nouvelles références, desquelles il ne cesse de s’extraire pour en explorer de nouvelles. Vincent Blanot, dans son projet solo Berlin Heart, sur lequel il bosse depuis 3 ans, fait partie des enfants irradiés par l’aura wilsonienne. Il y a dans sa musique cette couleur étrange que l’on percevait sur «Insurgentes», le premier album solo du Maître, mais aussi sur certains travaux de Richard Barbieri.
Ambiances cinématiques, faites de sons parfois improbables, de constructions atmosphériques à la poésie étrange, qui coulent comme une eau limpide pour atténuer les aspérités d’un lit pétri d’expériences peut-être douloureuses. Une musique à l’effigie du musicien qui sur la pochette semble en proie aux éléments, et qui, dans ce silence apparent, peut a contrario évoquer la quête d’une catharsis rédemptrice. Cet album est immersif, voguant entre les aspects froids, électroniques, et une chaleur apportée par des sons, des mélodies, des instrumentations acoustiques. De cet échange entre pôles divergents émane une cohésion, un tout magistralement unifié, une force en construction et qui explosera bientôt.
Un très bel album, une promesse, brassé de climats, de sonorités envoûtantes, et parfois réveillé du tocsin de menaçantes guitares.
Excellent travail de ce jeune musicien parisien, qu’il faudra suivre avec énormément d’intérêt, d’autant que le prochain album est déjà sur les voies.
Centurion
https://berlinheartmusic.bandcamp.com/album/mute-in-the-sea
22/06/2021
Sylvan
One To Zero
rock progressif mélodique – 65:46 – Allemagne ‘21
Sylvan sort son 10e album, «One to Zero», sur un concept d’intelligence artificielle évoluant au fil de la vie pour tenter de sauver le monde des humains. Sylvan c’est le prog metal teuton avec une voix, des mélodies, des rythmes, de l’épique, de la sensibilité et une naissance depuis 1998, du néo prog entre Arena et RPWL, plus loin un peu des Pink Floyd, Marillion ou Eloy. Une déclinaison de claviers, une guitare mélodique, Marco à la voix et des montées d’adrénaline pour donner dans l’art rock sophistiqué assez loin des envolées instrumentales. Sylvan c’est un groupe phare, alors lisons, ci-dessous, pour éclairer notre lanterne.
«Bit By Bit»: avec intro rythmée, rock progressif atmosphérique, nébuleux sur bruits d’ordinateurs; de la mélodie, une voix Marco au sommet de son art, des breaks énergiques et l’éternel Porcupine Tree ou... Sylvan en toile de fond; synthétiseur et Moog en arrière du fait d’une guitare rageuse, bref ça enchaîne avec «Encoded At Heart» longue ballade romantique au piano à queue, texte pour sauver le monde; basse qui assure la trame musicale et ça continue de monter mid-tempo, chœurs, guitare à la Saga jusqu’au solo de guitare floydien, air robotique planant pour une baffe sensuelle; ça continue avec «Start Of Your Life» et son rythme hypnotique synthétique, groove, pop quand je dis que la décennie 2020 en sera! Des guitares viennent proposer un air des 80’s remodelé, novateur entre les Soen, Paradise Lost et Simple Minds; nerveux, simple mais concis et parfait.
«Unleashed Power»: pour une coupure franche avec piano cristallin, claviers envahissants et la voix de Marco sensible, émotive, saupoudrée; mélodie mélancolique, celle qui te fait pleurer de joie, qui t’envoie dans l’éther; piano lourd intimiste puis atmosphérique amenant de fait un solo électrique apaisant. Ce qui guide sur «Trust In Yourself» calme et entraînante, basée sur des ruptures musicales; Marco à nouveau au centre du titre; break tout en douceur avec cordes et violoncelle de Katia Flintchs; solo jouissif, orgasmique, déjanté sur la base centrale et final synthétique métronomique.
«On My Odyssey» avec violon et basse dub, sons extrêmes; refrain mémorisable pour voyager, déclinaison progressive avec foison d’instruments, violon folk et percus, la guitare à la Al Di Meola envoyant très loin, Espagne, Amérique du Sud je ne sais, mais la montée finale met la voix de Marco en complète phase avec les instruments; titre d’une sensibilité effrayante.
«Part Of Me» avec à nouveau ce piano mélancolique pour l’une des pièces maîtresses gorgée d’émotion, violon plaintif, voix dépressive remplie d’espoir, air latent hypnotisant; break au 1/3 sur une montée symphonique à la Marillion, ça monte, ça grimpe, ça retombe en cascade rien que sur la voix et le piano et ça repart sans coup férir avec émotion.
«Worlds Apart» piano d’abord et titre pour laisser libre cours à la voix, moi qui adore les instruments et la voix comme un énième instrument je suis hors-jeu; mais hors-jeu agréablement car vous avez la plus belle mélodie chantée, envoûtante; jeux de voix de fées ou de sirènes à la fin.
«Go Viral» pour l’intro électro acoustique à la Muse, ça décolle d’un coup, l’AI prend enfin le contrôle; un air avec casiers basé sur des claviers faisant bondir la voix, faisant headbanger, ça faisait longtemps; break à la Supertramp quelques instants le temps de t’assener un riff de fin du monde; batterie lourde, guitare nerveuse puis aérée, cristalline un temps avant de revenir à la fin de la pandémie, de notre vie?
«Not A Goodbye» oui c’est pas fini! Son lourd synthétique métronomique, guitare hypnotique, air des Motors d’un coup (rappelez-vous «Airport»), ambiance souvenir avec l’une des plus belles voix assurément pour un final symphonique dantesque; rien d’extraordinaire, juste des associations de notes, des montées, des envolées; un solo limite hard prog vient montrer que Jonathan est très bon; le riff rappelle un peu Ayreon pour le mélange genres, la fin en deux fois pour la séquence oldies 80’s; titre de réinitialisation avec buzz, après un suicide numérique où l’homme reprend les rênes.
Bon, je ne me cache pas, j’aime Sylvan; mais si l’album avait été sans relief je l’aurais dit; ici simplicité et émotion, destruction et espoir, intensité et diversité, prog rock, néo prog, touches hard rock, symphonique, ce groupe touche-à-tout est merveilleux. En CD, vinyle gatefold et numérique, produit par Kalle Wallner et Yogi Lang qui ont jeté quelques notes eux aussi dessus, album potentiellement dans le top, tenez-le-vous pour dit.
Brutus
Album non disponible sur Bandcamp.
23/06/2021
Obsolem
Between Scylla and Charybdis
crossover prog/heavy-prog – 54:15 – France ‘20
Obsolem se présente comme un collectif français de rock progressif originaire de L’Isle Adam, soit entre Beauvais et Paris. Premier effort de ces jeunes gens où l’on retrouve encore une fois avec plaisir une demoiselle au chant, ce qui semble devenir monnaie courante dans le rock progressif de nos jours et je serai certainement le dernier à m’en plaindre! Obsolem c’est Leia Oo au chant, Greg Françoise aux guitares, basse et claviers, Peter Coutouly à la basse et Franck Schaack à la batterie. Rien ne laissait présager cette nouvelle découverte d’envergure car on touche déjà non pas au sublime mais à l’excellence dès le premier opus. On doit à Greg Françoise la création d’une créature synthétique qui sort d’un long sommeil et découvre où notre monde en est arrivé. La trame va se transformer en album-concept «Between Scylla and Charybdis», belle trouvaille puisque l’adage veut qu’on tombe de Charybde en Scylla; Obsolem, lui, reste entre les deux, bref, pas la joie! Enfin, un peu comme nous quoi, dans la vraie vie… Ceci dit, je suis très motivé par la prolifération de nouveaux groupes français de rock progressif, ou tout du moins l’idée que la jeune génération s’en fait, n’hésitant pas en l’occurrence à faire intervenir un rappeur (Kris 101) au sein d’un morceau («Diabolus ex Machina»), mais j’y reviendrai. La guitare omniprésente de G. Françoise donne le tempo à l’ouvrage, tantôt caressante, tantôt virevoltante, elle dirige le groupe vers des territoires défrichés avec une passion juvénile. Avant de continuer, j’insiste sur le caractère novateur de la musique d’Obsolem qui, bien qu’empruntant aux scènes précédentes comme tout un chacun, n’en développe pas moins un style bien à lui, d’où la difficulté à exprimer un ressenti sincère sans dénaturer la profonde particularité du groupe de l’Oise. Une évidente modernité découle avec un naturel édifiant, d’où l’impression de petit chef-d’œuvre dès la première écoute. Ça fait souvent ça quand on écoute quelque chose de profondément novateur. Pour essayer de m’expliquer, Lazuli m’avait fait un peu la même sensation lors de sa découverte; imaginez donc où je place la barre pour Obsolem?! Musicalement, rien à voir, entendons-nous bien, je parle de l’effet de surprise… Parfois robotique, synthétique mais toujours chaleureuse et imagée, la musique des Isariens chaloupe sur des effets issus de la synth wave en y intégrant des mélopées progressistes irradiantes. Deux cas particuliers restent, dont «Diabolus ex Machina» où un hip hop rageur s’invite entre deux interventions divines de Leia dans son registre habituel depuis le début du disque. Si vous vous souvenez du «Epic» de Faith No More, on y est presque, cet art subtil de mélanger le miel et le sel! Mais aussi «The Curse» qui nous emmène vers un disco chiadé à la Giorgio Moroder/Cerrone où Leia se prendrait pour Donna Summer (!) avant de se dégourdir, sans coup férir, vers des terres plus rassurantes pour progsters déjà en manque, en virant de bord à 180° vers du pur rock pour mieux nous déboussoler, ça j’adore, je me sens chahuté et je vibre. Pour ne pas bousculer les ‘pépères’ du prog’, je conseillerais d’aller direct au dernier titre «…and Charybdis» qui clôt dans la grande tradition prog’ l’intro «Between Scylla…», idée géniale d’où, hélas, est absente la si belle voix de Leia. Là, apothéose, sans laisser tomber ses velléités dérangeantes pour de chastes oreilles, Obsolem retrouve une verve qui nous parle, avec des emprunts à Camel, Floyd et Cie, pour la beauté de la guitare de G. Françoise. Bref, ne vous y trompez pas, ceux qui aiment évoluer dans leur approche musicale doivent écouter cet album avec la plus grande urgence. C’est celui d’un vrai renouveau, d’un charivari musical tourbillonnant et plutôt génialissime!
Commode
https://obsolem.bandcamp.com/album/between-scylla-and-charybdis
24/06/2021
Lazuli
Dénudé
rock progressif français – 66:24 – France ‘21
...«La musique est aussi faite de silences mais celui-là est bien trop long! Voici de quoi le rompre en attendant de vous retrouver en live»... déclare Lazuli en introduction de son dixième album. C'est donc le confinement qui fut le moteur de cet album. Du fait à la maison. Avec bien sûr Dominique et Claude Leonetti, Vincent Barnavol, Romain Thorel. Et Arnaud Beyney dont c'est le premier disque au sein de Lazuli. C'est dans leur studio gardois, si bien nommé, Abeille Rôde, qu'ils ont fait leur miel de 16 fleurs issues de sept de leurs albums précédents. Et ils nous proposent de déguster un autre Lazuli, intimiste, où plus encore la qualité des textes nous saute à l'âme. Ce n'est pas un «unplugged», les instruments connectés sont présents, la Léode est donc là aussi, c'est toujours un ravissement. Ce retour à l'os des créations, ces versions délicates et épurées nous offrent un troisième Lazuli en plus de celui des albums studio et du phénomène scénique.
Dans cette compilation nous avons le nectar, un choix (comme il a dû être difficile!) du meilleur de leurs créations et une restitution qui nous offre une sorte de «live in room» parfaitement mis en son. Que ce soit en duo fraternel («Tristes moitiés»), ou à 8 – chœurs compris – («Mes semblables»), le spectacle ne manque jamais d'épaisseur. Car cette économie de moyens ne se fait pas au détriment du souffle épique; «Dénudé» n'est pas un nouveau Lazuli, mais c'est un vrai album de proximité.
Ce disque est sorti symboliquement le 16 mars 2021, un an après leur dernier concert. En attendant d'être de nouveau voyeur de l'enchanteur Lazuli sur sa scène pour une exécution publique, «Dénudé» est une exhibition pudique, plaisir d'écouteur.
Cicero 3.14
Album non disponible sur Bandcamp.
25/06/2021
Kimono Drag Queens
Songs of Worship
rock psyché éclectique – 31:24 – Australie ‘20
C’est leur premier album après une bonne poignée de singles et l’une ou l’autre tournée locale depuis leur formation en 2016. Singles dont on retrouve ici trois titres: «Hunters», «Wild Animals» et l’excellent «Willy’s World». Mais sous l’étiquette «psyché» se cachent diverses influences venues tant de nos contrées européennes, loin des Aborigènes, que ponctuellement du Moyen-Orient. Ni musique ethnique, ni world music cependant, juste quelques teintes diaphanes de l’une et de l’autre. Nos artistes ont mis deux ans à nous concocter ce premier bébé. Diverses influences, disais-je, sises dans les rythmes parfois tribaux tels ceux des Touaregs du Hoggar ou dans les riffs de guitare fuzzy secondés par une batterie qui ne sont pas, l’une et l’autre, sans rappeler Iron Butterfly («Evil Desire», «Delilah»), sonorité de six cordes nappée de reverb, mariée au chant de Harry Webber à la voix parfois caressante comme celle de Jean-Louis Murat (oui! oui! étonnant!). Une autre approche anamorphique de Jefferson Airplane («Delilah» encore) dont les couleurs flottent au vent comme une nef fantôme dont les voiles diffuseraient un parfum vintage? Ce trop court album se termine par une petite perle des plus envoûtantes: «Willy’s World», mariage d’un trio harmonique aux fragrances psychéfloydiennes né d’une voix dessinée en écho lointain, d’une batterie qui martèle comme le cœur de muses célestes et d’une guitare en déclinaison sidérale. Un trip de tout premier ordre, hypnotique, ensorcelant, cosmique. Que pourrions-nous faire d’autre, une fois au bout du voyage, sinon réserver le suivant? Espérons que l’attente ne sera pas trop longue.
Clavius Reticulus
https://copperfeastrecords.bandcamp.com/album/songs-of-worship
25/06/2021 - EP
Caeli Concept
The Dark Playground
rock progressif/jazz technique – 29:18 – France ‘21
Sept musiciens pour six morceaux, le groupe de Périgueux, Caeli Concept, démarre sa carrière par un EP. Difficile de rendre compte du melting pot musical dans lequel évolue le septette périgourdin si ce n’est déjà en inventoriant trois instruments identifiables pour un style précis: saxophone, trombone, trompette. Avons-nous là un band pratiquant le jazz-rock/fusion? C’est plus compliqué, car le groupe assène une sorte de metal sans l’air d’y toucher, régénéré en permanence par une approche stylistique iconoclaste et parfois incongrue. On peut classer ce premier essai dans la catégorie metal-prog technique avec ces cuivres en sus, qui sont la vraie diversité du genre proposé pour une petite demi-heure copieusement dopée au mélange des genres tout en en touchant l'un sans bouger l’autre! Il reste cependant de quoi sustenter abondamment le progster par le biais de tournures torturées bien sympathiques, «The Dark Playground» et Caeli Concept agissant dans la catégorie sans trop heurter les oreilles sensibles.
Commode
https://caeliconcept.bandcamp.com/album/the-dark-playground-3
26/06/2021
Empyrium
Über den Sternen
dark folk – 52:33 – Allemagne ‘21
Belle découverte que ce duo de la Franconie, qui existe pourtant depuis 1994, mais, comme vous l’aurez compris, je ne peux vous décrire ses albums précédents. Néanmoins, je n’ai raté que cinq albums, puisque «Über den Sternen», n’est que leur sixième. À la tête d’Empyrium, c’est le multi-instrumentiste Markus «Schwadorf» Stock (guitares acoustique et électrique, batterie, basse, claviers, hammered dulciner), et ce n’est pas tout, il apporte aussi sa ténébreuse voix! Il est accompagné par le ténor Thomas Helm; tous deux se retrouvent également notamment dans l’excellent groupe de doom metal progressif Noekk et ils interviennent également sur l’album «Urd, Skuld & Verdandi» de Tir, chroniqué sur votre page Facebook favorite. Le chant growl ou sombre de Markus s’accorde admirablement bien avec la douceur du chant «monastique» de Thomas, comme sur «A Lucid Tower Beckons On The Hills Afar». Sur «The Oaken Throne», on voyage doucement dans une atmosphère inquiétante sur une musique un peu post rock. À l’écoute de «Moonrise», des accords de guitare nous emmènent dans un lieu où le temps s’est arrêté. Il ne reste qu’à fermer les yeux et à se détendre. La plage titulaire de l’album est aussi un beau mélange musical composé de black metal atmosphérique contrasté par deux passages acoustiques très calmes.
Encore un très bon album du label Prophecy!
La Louve
27/06/2021
Rapid Strike
Rapid Strike
heavy metal progressif – 55:28 – Croatie ‘21
C’est bien la première fois qu’il m’est donné de chroniquer un groupe croate. Bien qu’il existe depuis 2010, «Rapid Strike» est leur deuxième album. Composée de Hrvoje Madiraca aux guitares, basses et principal compositeur, de Ante Pupačić Pupi aux guitares, également à la composition et de Bexie James au chant, la bande a pu compter également sur la participation de Tina Bukić, Tanja Melanie Hrvat, Ivana Elez au chant, de Danijel Stohan, Duje Pelaić aux batteries et de Dean Clea Brkić et Nikola Čapalija sur certaines parties de basse.
La musique proposée ici s’avère être principalement influencée par le heavy metal, le blues («Sailing On» et «Losing You»), avec certaines parties de guitares très progressives («Losing You»). Pour moi, «Shout it Out» est le meilleur titre de cette plaque (on se surprend à chanter).
Musicalement, ils font le job correctement (mention spéciale au chant de Bexie) et je suis certain que lorsque les concerts pourront (enfin!) reprendre, il y aura de quoi passer un bon moment (surtout pour vos cervicales!).
Enfin, allez vous faire votre propre opinion sur la chanson reprise ci-dessous.
Tibère
Album non disponible sur Bandcamp.
28/06/2021
Nine Skies
5.20
rock progressif – 51:35 – France ‘21
Tient-on là «The» disque de rock progressif français de l’année 2021? Encore trop tôt pour le dire mais l’œuvre est d’envergure, il faut bien l’admettre. Songez donc, un groupe français qui obtient le concours de Steve Hackett himself pour jouer un solo sur un morceau, «Wilderness» en l’occurrence, on aura beau chercher, je pense bien que c’est la première fois! Cela situe déjà le niveau mais ce n’est pas tout puisque son frère John est venu placer sa flûte sur «The old man in the snow» et Damian Wilson pousser la chansonnette sur «Porcelain Hill», excusez du peu… On n'a guère l’habitude qu’une formation d’ici réunisse quelques «vedettes» internationales du mouvement prog’ pour un album. Mais cette addition de noms, si elle peut servir de caution, n’est pas l’arbre qui cache la forêt car Nine Skies, pour son troisième album studio, a placé la barre très haut. Avec la présence d’un quatuor à cordes, les Niçois proposent une œuvre relativement intimiste et souvent acoustique. Tout un univers de poésie et de rêve s’épanche à travers les onze morceaux de «5.20». On tient là une production qui n’a pas à rougir de la concurrence anglo-saxonne et l’avancée jusqu’au terme de la galette ne fait que renforcer cette impression. La variété instrumentale démontre que Nine Skies n’est pas un simple groupe de rock: piano, violon, saxophone, flûte, violoncelle, mandoline parsèment l’œuvre au gré de l’inspiration, des instruments dont la simple évocation fait tilt à l’oreille du fan de prog’ rock. Pourtant, guère de longues suites ici mais de délicates pastilles entre trois et six minutes, si riches qu’elles passent pour de gros bonbons au goût savoureux, chaque titre emplissant l’oreille de mélodies diaphanes portées par les voix parfois conjointes d’Aliénor Favier et Achraf El Asraoui. Prenons, au hasard, le plus court, «Beauty of Decay», et cette guitare harmonieusement caressée par Alexandre Lamia ou le sublime «Wilderness» où l’on ne peut passer sous silence cette minute «genesisienne» distillée par le génie de S. Hackett avec ce toucher inimitable! Chantées en anglais, les paroles ont toutes été écrites par Anne-Claire Rallo, sauf «Wilderness» par Alexandre Lamia (le bien nommé…). Richesse musicale insensée qui nécessite, comme tout très bon album de rock progressif, une foultitude d’écoutes pour en apprécier les pleins et déliés, telle une corne d’abondance déversant des mélanges d’influences de tous horizons, comme l’orientalisant «Golden drops». Quant aux guitares, ils sont jusqu’à quatre à en jouer, mais les notes n’indiquent pas qui opère, Alexandre Lamia, Eric Bouillette, David Darnaud, Achraf El Asraoui se partageant les manches. Comment ne pas signaler l’exaltant solo de flûte de John Hackett qui vient conclure «The old man in the snow» de la meilleure des façons? Damian Wilson pose sa voix reconnaissable comme un papillon sur une fleur, caressant le violon pour «Un vieil homme dans la neige». N’ayons pas peur des mots ou des phrases toutes faites, «5.20» est un très grand disque de rock progressif parcourant les émotions avec une élégance rare et une signature unique. L’album se conclut avec le sublime saxophone de Laurent Benhamou pour un morceau d’anthologie, «Smiling Stars», qui nous laisse sur place, l’âme en émoi… Signalons pour la petite histoire de ce grand disque qu’il a pu être achevé grâce au principe du crowdfunding, initié en son temps par un certain Marillion. On peut dire que ceux qui ont misé leurs espoirs en Nine Skies ont fait un bon placement!
Commode
https://nineskies.bandcamp.com/
29/06/2021
tRKproject
Books That End In Tears
rock progressif symphonique – 48:12 (X2) – Pologne ‘21
tRKproject est le groupe de Ryszard Kramarski, claviériste de Millenium, fantastique compositeur, sortant ici son 5e album, débuté en 2010; un side-project à deux voix pour le chant, utilisant de grandes pistes musicales et des réminiscences avouées du Pink Floyd, du Camel, des solos à la Marillion jouissifs, prog et mélo! 4 suites tirées de 4 livres cultes de W. Golding, F. Kafka et G. Orwell avec un lien de près ou de très près avec l’actualité; le titre renvoie selon moi en clin d’œil à sa dernière pochette avec ses larmes. À noter l’aide de Marcin de Moonrise, Grzegorz de Loonypark et Krzysztof de Millenium.
«Lord Of The Flies»: intro à la Pink Floyd, je vous laisse trouver avec vagues et guitare qui se lamente! Karolina a une voix à faire fondre, air déjà entendu sur le dernier avec une connotation country! Flûte, air symphonique, acoustique pompeux, synthés en veux-tu oui beaucoup!!! une voix orientale suivie du solo onirique de la guitare, final plus en latence avec voix masculine oui, air lourd tribal final venant d’une île déserte avant la reprise des vagues pour partir; le titre majeur de l’album.
«The Trial» avec un synthé hélicoptère pour s’envoler directement et un air syncopé monolithique; break guitare nerveuse puis ça repart sur l’air à la Pendragon, 2e break plus génésisien et guitare spleen géniale; le prolongement est plus varié, rock, plus travaillé, complexe à définir, un plus. Le final lorgne sur la fin de «The Wall» genre «The Trial» avec les guitares rugissantes, aussi sur «Fly to the Rainbow»; reprise du refrain. Titre progressiste avec de l’énergie à revendre, spleen et explosif.
«Nineteen Eighty-Four» avec une basse lourde, imposante, air plus calme, guitare à la Rothery spleen assuré, bon 1984 est passé depuis belle lurette et on en est pire au niveau libertés, titre dépressif. Heureusement des claviers que Wright aurait adoré entendre mettent un peu de notes joyeuses; Big Brother ne fait plus peur, tiens un riff violent floydien magnifique juste avant de repartir dans les limbes musicales, sur ce son entêtant de «The Wall», dans la tête même de Ryszard. Ou comment passer dix minutes sans s’en rendre compte.
«Animal Farm» pour un air rock prog mélodique au départ, break à 4 minutes qui t’interpelle, mais oui on dirait…, voix qui hurle pour éviter les sirènes, le solo de guitare floydien qui arrache la toile d’araignée de mon salon musical, la voix à la Waters, le clavier à la Barclay James Harvest qui vient calmer le jeu, un dernier solo jouissif pour continuer à planer, pour éviter de redescendre sur cette terre aride, bon on passe à la séquence voix masculine et là ce sera vous qui déciderez quel CD vous transporte le plus.
tRKproject sort des mélodies entraînantes dans un maelstrom onirique musical; un album qui ressemble au précédent mais donnant plus d’intensité de par les breaks nombreux innovants et clignant sur les dinosaures, ceux dont on rêve encore mais qu’on n’écoute plus assez; un son à la lisière de l’ancien et du renouveau, de l’art music à sa plénitude que vous soyez Jekyll ou Hyde, Yin& Yang, Karolina ou David. Sortie de l’album en double CD (Karolina Leszko et Dawid Lewandowski)
Brutus
Album non disponible sur Bandcamp.
30/06/2021
Matteo Brigo
Space Pirate
guitar héro/hard rock – 39:55 – Italie ‘21
Un guitariste un peu fou relatant les aventures rocambolesques d’un savant tout aussi cinglé perdu sur un bateau pirate sillonnant l’espace. Ben, voilà, en gros, le cadre historique narrant les aventures du héros du manche à six cordes débutées en 2016 avec l’album «It Works» et poursuivies en 2018 avec «80’s Movies».
Les références du musicien sont à chercher du côté de Joe Satriani, de Steve Vai et du regretté Eddie Van Halen, mais admettons que, outre ces références, le côté bastringue de l’album «Space Pirate» donne une certaine originalité au travail du guitariste italien. Matteo, accompagné par Luca Serasin à la basse et par Alessandro Arcolin à la batterie, mène donc tambour battant son bateau vers un hard-rock mélodique contenant quelques passages et envolées progressives accentuées par des claviers et autres effets spéciaux que l’on qualifiera de bizarres. Un album qui véhicule une forme de dérision le rendant sympathique par rapport aux travaux de certains de ses congénères du manche (pas de nom) dont les exubérances pédantes et techniques sont absolument insupportables. Ici, au contraire, et même si l'on n’évite pas les démonstrations limites obligatoires inhérentes aux techniciens de la guitare, cette musique reste agréable, et même un peu «joueuse» de par les images improbables qu’elle véhicule.
Centurion
https://matteobrigo.bandcamp.com/album/space-pirate