Octobre 2021
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- 29/10/2021 - EP
- 30/10/2021
- 31/10/2021
01/10/2021
Ciccada
Harvest
progressive folk – 46:44 – Grèce ‘21
Ciccada nous livre ici sa troisième offrande, après «A Child in the Mirror» en 2010 et «The Finest of Miracles» en 2015, et, ma foi, c’est toujours excellent! Les influences sont nombreuses et reflètent leur amour des glorieuses seventies (je citerai Camel, Jethro Tull, Gryphon, Gentle Giant ou Spirogyra). La musique inclut donc, non seulement le progressif, mais aussi des éléments folks, le classique ou le rock. Le groupe est composé de sept musiciens, Dimi Spela au chant, Evangelia Kozoni également au chant, Yorgos Mouhos aux guitares (6 et 12 cordes), Nicolas Nikolopoulos aux flûtes, clarinettes, saxophones et claviers, Marietta Tsakmakli aux saxophones, Aggelos Malisovas aux basses et Yiannis Iliakis à la batterie, aux percussions et au chœur.
«Eniania (Keepers of the Midnight Harvest)» a la charge de nous introduire dans l’univers de nos Hellènes, alternant des sonorités antiques à des côtés jazzy des plus agréables. Une ambiance toute médiévale nous surprend ensuite, avec «Open Wings» où les parties de flûte sont enchanteresses. Ne croyez pas que le reste de l’instrumentation soit en reste, une délicate guitare acoustique nous accueille ensuite sur «The Old Man and the Butterfly», bientôt relayée par une basse virevoltante. «No Man’s Land» donne une impression de va-t-en-guerre vite dispersée par les chants angéliques. Le court «Who’s to Decide?» s’envole sur une basse funky et un chant qui n’est pas sans rappeler celui, saccadé, de Gentle Giant. La fin de cette production s’approche, mais rassurez-vous, «Queen of Wishes», du haut de ses douze minutes et quelques, vous réserve encore de belles surprises musicales, notamment de bien belles interventions de la clarinette (et des claviers ou des guitares acoustiques ou du chant de nos belles Ménades – ah, Bacchus et Dionysos, que ne ferait-on pas pour elles?).
Ne boudez pas votre plaisir, ni le mien: il y a de fortes chances pour que cet album se retrouve dans mon top de fin d’année!
Tibère
https://ciccadabem.bandcamp.com/album/harvest
https://www.youtube.com/watch?v=Aw_r9pyy2no&ab_channel=Ciccada
02/10/2021
Sproingg
Clam
RIO/rock progressif – 59:59 – Allemagne ’20
On pense immédiatement à Sonar en découvrant le deuxième album de Sproingg, trio – Prudi Bruschgo (guitares électriques), Johannes Korn (Chapman sticks, violin électrique) et Erik Feder (batterie) – né en Forêt-Noire, dans la jolie ville de Fribourg-en-Brisgau, tant le travail sur l’étrangeté des rythmes et leur pluralité est une griffe commune. La difficulté est alors de dépasser l’âpreté des sonorités issues de ces biscornues signatures rythmiques, défi auquel les Suisses répondent avec une créativité mieux affinée que celle de leurs coreligionnaires allemands: même si le violon en adoucit les mœurs (ou arrondit les angles, c’est selon), la musique de Sproingg exige une habituation que les choix de production (séparation brutale des canaux stéréo: guitare à gauche, violon à droite…), rudes et persistants, ne facilitent pas toujours.
Auguste
https://sproingg.bandcamp.com/album/clam
https://www.youtube.com/watch?v=D0iDyYvdhoo&ab_channel=Sproingg
03/10/2021
Iron Maiden
Senjutsu
heavy metal / prog metal – 80:33 (2 CD) – UK ‘21
Les fans ont dû attendre six ans pour ce dix-septième album studio de la Vierge de Fer. Après la civilisation maya («The Book of Souls»), c’est au tour du Japon médiéval d’être à l’honneur. Comme pour le précédent bijou, l’emballage est hyper soigné et disponible sous diverses versions allant du double CD (digipack ou digibook) au box super de luxe rempli de «biscuits» en tous genres (surtout si vous faites partie du fan-club) et une édition 3 vinyles. De quoi combler les plus exigeants. Et côté musical, la bande de Steve Harris se surpasse une fois de plus. La construction mélodique, si elle reste la même, à savoir souvent une intro toute en douceur précédant des attaques musclées, se montre ici plus proche du progmetal que du heavy. C’est une évidence de par ces partitions superbement ciselées illuminées de solos de guitare bourrés d’énergie, témoins d’une maestria incontestable. Les amateurs de progmetal trouveront particulièrement de quoi faire leur bonheur sur la deuxième rondelle de quatre titres dont trois dépassent les dix minutes. La voix de Bruce Dickinson fait une fois de plus merveille, évoquant les moments de bravoure d’un Manowar dans ses morceaux symphoniques et la tessiture voisine de celle de Rob Halford. Résolument tournés vers des compositions éclatantes (l’extraordinaire «The Parchment» et son solo de six cordes à vous scotcher au plafond), nos musos vont nous allumer le Gulliver. Pensez au concept «Nostradamus» de Judas Priest et aux parties instrumentales de leur «Seventh Son of a Seventh Son»; vous êtes dans cet univers! Définitivement superbe, un achat incontournable.
Clavius Reticulus
https://open.spotify.com/album/3TymcPWXqsCRA5oSL0TkPU
https://www.youtube.com/watch?v=BKEW69QjN4g&ab_channel=IronMaiden
04/10/2021
Various Artists
Fanfare For The Uncommon Man: The Official Keith Emerson Tribute Concert
progressive rock – 65:23/56:47 – ‘21
En 2016 disparaissait tristement l’un des plus grands claviéristes de toute l’histoire du rock, à savoir le virtuose Keith Emerson. Son jeu, avant-gardiste, fougueux et créatif, a marqué de nombreux auditeurs et a inspiré beaucoup de musiciens. C’est tout naturellement qu’est né de façon officielle un hommage par le biais d’un concert exceptionnel organisé par son comparse Marc Bonilla (officiant sur l’album Keith Emerson Band de 2008).
Comme le suggère la jolie et percutante illustration qui revisite de façon amusante la pochette de «Tarkus», la musique d' Emerson, Lake & Palmer est à l'honneur. C'est ainsi qu'on replonge dans les grandes compositions d'Emerson au sein du trio de légende. Citons «The Barbarian», «Tarkus», «Endless Enigma», «Karn Evil 9 part 1 second impression» ou «Take a Pebble»… Ce qui est intéressant, c'est que l'interprétation est plutôt libre et sort du simple cadre scolaire sans altérer ni trahir l'esprit et l'essence des œuvres originelles. Et c’est là où l'on se rend compte de la densité des compositions de Keith Emerson... On peut allègrement les interpréter en y rajoutant des guitares aux nombreuses plages de claviers pour un résultat punchy et récréatif. Quelques chansons de Greg Lake sont aussi mises à l’honneur (ironie du sort, ce dernier disparaîtra peu de temps après cet hommage…). Cerise sur le gâteau, on a le droit à une reprise de ELPowell avec l’entraînant «Touch and Go». Également quelques compositions de sa carrière solo, comme le magnifique «Prelude To A Hope» utilisé en introduction. Parmi tant d’autres, notons la présence d’invités comme Eddie Jobson, Steve Porcaro, Rachel Flowers au toucher subtil et nuancé, Steve Lukather, Brian Auger, Jordan Rudess ou encore Vinnie Colaiuta… Sans oublier le fils de Keith, Aaron, officiant au piano. Peut-être pourra-t-on regretter l’absence de Carl Palmer à la batterie, au jeu si particulier et incisif. Ce dernier traçant toujours sa route de son côté avec son Carl Palmer’s ELP Legacy. Mais cette absence est vite oubliée par une rythmique impeccable. Ce qui ressort de ce concert hommage, c’est cette générosité, distillée pour notre plus grand plaisir, entre nostalgie et festivité. Le chant est correct et la setlist plutôt bien choisie. Recommandable pour les amateurs du genre ou comme introduction à la musique de Keith Emerson.
Maximus
https://open.spotify.com/album/16IK2etslQgs39jcEobyzD?si=X255Bw4wS0izZ2NXv4OK4Q&dl_branch=1&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=y2jL57fdjqg&ab_channel=KeithEmerson-Topic
05/10/2021
Fragile
Beyond
rock progressif / symphonic rock – 50:31 – Allemagne ‘21
Fragile (FRAGILE performing the music of YES) est le groupe tribute de Yes. Je ne les connais que depuis l’an dernier pour distiller un rock mélodique basé sur la voix de Claire ayant collaboré avec Steve Howe et Jon Anderson. Le groupe a donc décidé de se lancer dans le bain musical; inspirés et osant confronter leurs créations avec des réminiscences évidentes – on n’efface pas comme ça vingt ans de reprise –, les Oliver de That Joe Payne, Russ et Max aux guitares, drums et bass-keyboards proposent trois longs titres (14 à 22 minutes) mixant et brassant de près et de loin des notes à déclinaison yessienne.
3 titres qui emmènent sur les approches symphoniques de leurs maîtres, des associations sonores singulières avec un style propre où les réminiscences ne se font qu’au détour des cinq breaks, une voix limite à la Kate Bush pour le 1er opus. On creuse ensuite la discographie des premiers titres avec une basse et des claviers vintage, la voix de Claire me renvoie, bluffé, à mes premières écoutes de Yes; à mi-parcours, un break acoustique donne plus d’intensité, une ballade bucolique, le dernier break part sur «Relayer» avec l’orgue divin et un intermède piano acoustique bien affrété. Le dernier possède des sonorités jazzy sur un fond rétro; on peut y retrouver des airs à la Oldfield, la batterie intense permet une jolie bataille de claviers.
Fragile vous fera donc plonger dans les ambiances classique et symphonique des seventies. Un son qui se veut inventif tout en restant sur des territoires connus, un voyage rétro vintage censé s’écarter d’un des quatre piliers progressifs, c’est à vous de dire si c’est le cas.
Brutus
fragileyestribute.bandcamp.com/album/beyond
https://www.youtube.com/watch?v=UK67ZNdUqHQ&ab_channel=ForceTenProductions
06/10/2021
Half a Band
Tales From Claustrophobic Horizons
progrock atmosphérique – 70:41 – France ‘21
Plus efficace qu’une infusion d’passiflore dans un grand pot d’Rochefort 10, la musique soufflée du Half A Band invite insidieusement à sombrer avec elle.
Comprenez qu’il vous faudra, judicieusement, organiser le moment de son écoute afin de n’en perdre les sympathiques trouvailles, emporté With the «Great Collapse».
Ne faites, en tout cas, pas comme votre hôte qui s’attaqua à ce «pavéthéré» après une soirée d’bonheur retrouvé, concert arrosé, bal non-masqué, matinée café. Play!
Elle est à toi cette chronique, toi l’Auvergnat qui, sans panique, m’as donné cet oxymore empreint d’une merveilleuse lucidité «Tales From Claustrophobic Horizons». Le monde était donc devenu trop étroit; et les atmosphères d’Olivier Bonneau, davantage groupe à lui tout seul que demi-formation annoncée, une synthèse parfaite de nos rêves d’évasion ainsi que de notre désir de rester avant que ne se dérobe, sous le poids de nos actions, la terre des hommes.
La voix n’est certes guère toujours à la hauteur des ascensions qu’elle propose mais, sincère, accompagne parfaitement un ensemble vaporeux chargé de références classiques, rassurantes. Méfiez-vous toutefois du clin d'œil dans le titre qui, outre une influence souvent palpable, n’est point l’étendard de la galette.
Il faut souligner l’audace de nous livrer ces moments de sobre beauté avec leurs failles, celles qui touchent vraiment et dont devrait s’inspirer l’aseptique production moderne qui hydro-alcoolise le moindre laitage cru à odeur suspecte.
Terminons sur une affirmation qui en réjouira plus d’un: l’avenir s'annonce radieux! Excellent morceau, More Dynamic, aux nombreuses bravoures claviéristiques. Contrairement à ce qu’habituellement l’on trouve sous une telle longueur de nappe, la table dessous n’a pas de tiroirs. C’est un monolithe sculpté de divers motifs mélodiques qui rendent la contemplation douce et agréable.
Le sphinx s’est brisé la truffe, tombant dans son propre piège, qu’à cela ne tienne! La pleine poésie d’un Band à moitié galvanise le rat rêveur... «Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage», je ronge mon plaisir.
Néron
https://vallislupi.bandcamp.com/album/tales-from-claustrophobic-horizons
07/10/2021
Caravan
Who Do You Think We Are?… Deluxe Box Set
canterbury – 37 disques – UK ‘21
Impressionnante caravane qui regroupe 25 disques officiels, studio et live, plus 11 autres de concerts et inédits, ainsi que l'inévitable Blu-ray mixage de Steven Wilson en 5.1 de «In the Land of Grey and Pink», tout cela pourrait ressembler à un chant du cygne, une ultime publication. NON, car un nouvel album est annoncé pour octobre, nous y reviendrons!
Dans ce coffret, limité à 2500 exemplaires, proposé à un peu moins de 500€, ce qui met le disque à moins de 14 euros, il y a en plus des 37 disques: un mini livre de fan assorti de coupures de presse, un autre cartonné de 144 pages contenant une bio, des souvenirs agrémentés de photos, il y a aussi une réplique d'un programme de tournée, le press-kit de «For girls that grow plump in the night», un très intéressant arbre généalogique de la famille des musiciens de Canterbury, un plan de la ville aussi, des photos dédicacées de Pye Hastings de Dave et Richard Sinclair, un raton laveur, et 2 posters des années 70 réédités. À mon sens, il n'y manque qu'un manuel de contrepet, pratique dont le groupe était si friand, la censure britannique n'ayant sans doute pas capté le vrai sens de certains titres d'albums (la rédaction attend vos propositions ci-dessous 😉).
C'est en tout cas l'occasion de redécouvrir l'immense contribution de Caravan à l'école de Canterbury, le chef-d’œuvre qu'est l'album «In the Land of Grey and Pink» n'étant qu'une des portes d'entrée pour pénétrer ce groupe à la musique complexe, aux textes légers et au détachement so British!
Comment ne pas attribuer ***** à ce coffret indispensable à tous ceux qui n'ont aucun disque de Caravan ainsi qu'aux fans? Pour les autres, vendre les doublons pour financer l'achat... Et pour tous: Noël n'est pas si loin!
Cicero 3.14
Pas de lien Bandcamp ou Spotify
https://www.youtube.com/watch?v=n1mLxt1iSNs&ab_channel=Madfish
08/10/2021
Cronofonía
Cronofonia
progressive rock inventif – 130:33 – Mexique/Europe ‘21
Cronofonia est un projet de musique de studio créé par les compositeurs Pablo Patricio Ortiz (guitares, basse) et Joaquin ‘Negro’ Ortiz (chant, guitares) comme une plateforme pour la création, la production de leur musique en coopération avec de nombreux invités. On peut citer, entre autres, Dave Brainbridge (claviers, guitares - Iona), Frank Van Essen (batterie - Iona), Jinian Vilde (chant - David Cross Band), David Cross (violon). Je ne les listerai pas tous tant ils sont nombreux à avoir participé à l’élaboration de cette belle œuvre. Le projet se déroule simultanément au Mexique et en Europe avec des artistes provenant de différents pays, combinant différents styles, que ce soit rock, folk, jazz, musique classique dans une approche de fusion unique. L’album (double) existe en version physique ou digitale, mais surtout en espagnol ou en anglais et est distribué en Europe par Homerecords, maison d’édition belge, il est bon de le mentionner!
Je ne vous présenterai pas chaque titre (il y en a 22, dont certains en quatre parties!), mais je ne peux résister au plaisir d’effeuiller avec vous certains d’entre eux. Ainsi, «Dawn», le morceau introductif, pourrait vous faire penser à de la musique classique (il faut reconnaître que la liste des instruments utilisés est on ne peut plus longue) avant de se terminer en ‘folk’ presque andalou. Le chant, aussi bien féminin que masculin, fait merveille sur «The Ship of Fools», tant les voix se répondent harmonieusement, alors qu’un break nous emporte dans des ambiances jazz rock. Les quatre courts «Cronofonia» (de I à IV) nous emmènent dans des musiques sacrées et moyenâgeuses, ce qui est loin d’être déplaisant. «One Early Morning» s’égrène comme une agréable ballade, mais s’épaissit notablement du fait du remarquable travail sur les voix. De superbes parties de flûtes font leur effet sur «There is Life». Laissez-vous emporter (comme je l’ai été moi-même) par le cinématique «The End of History» avec son intermède sautillant, telle une fanfare en liberté! Par contre, ne vous excitez pas sur «One Of These Days», ce titre n’a absolument rien à voir avec celui de qui vous savez; celui-ci est folky et très calme.
Moi qui adore les albums diversifiés, avec Cronofobia, j’ai été plus que gâté et je n’hésiterai en aucune manière à vous le recommander chaudement et à lui accorder la plus haute note.
Tibère
https://homerecordsbe.bandcamp.com/album/cronofon-a
https://www.youtube.com/watch?v=ek8ahT5c3q8&ab_channel=Cronofonia-Topic
09/10/2021
Big Hogg
Pageant of Beasts
canterburyscene/rock progressif/jazz – 39:07 – UK ‘21
Big Hogg est un septuor (parfois sextuor) écossais, de la région de Glasgow. «Pageant of Beasts» est leur troisième album et, outre les sept musiciens crédités comme membres du groupe, on y trouve divers invités, dont la chanteuse Lavinia Blackwall et le guitariste Mike Hastings.
Avec une grande diversité de timbres, due à la variété de l’instrumentation (trombone, trompette, flûte) en plus de la base habituelle, on ne s’étonnera donc pas de voyager dans des ambiances diverses à l’écoute de cet excellent album.
Les influences sont également diverses – quoique fondamentalement britanniques – et très bien intégrées. Au fil des plages, on se retrouvera donc en train de flâner dans des relents de prog-jazz à la Canterbury («All Alone Stone»), ou d’agréables paysages bucoliques, entre Jethro Tull et Fotheringay (oui, oui!) comme dans «Willow’s Song», ou encore un peu de jazz légèrement funk avec quelques influences sud-africaines (oui, oui!), comme dans «Red Rum», sans oublier un certain humour de bon aloi, entre tasse de thé et chapeau melon… À elle seule, la clôture de l’album vaut le détour, avec une superbe courte pièce pour cuivres («Too Much Belly Not Enough Paw»).
Enfin, tout cela respire la bonne humeur et on est en face d’un album excellent pour les après-midi d’automne un peu venteux, avec option des feuilles qui volent, etc.
Lucius Venturini
https://bighogg.bandcamp.com/album/pageant-of-beasts
https://www.youtube.com/watch?v=FEsxI_C-drM&ab_channel=BigHogg-Topic
10/10/2021
Xavier Boscher
Earthscapes
progressive metal – 47:59 – France ‘21
Xavier Boscher est un compositeur et multi-instrumentiste français de talent; il en est déjà à son treizième album avec cet «Earthscapes». Il compose du progressif et du métal, pour lui-même et d'autres projets comme Nebuleyes, Misanthrope ou Continium; de plus il a tourné dans l'Europe entière avec le magnifique groupe grec Septicflesh. Les pochettes de ses albums sont magnifiques et sont peintes principalement par lui car le gaillard est également peintre et poète à ses heures perdues. Musicalement, c'est un très bon album avec de magnifiques soli et autres envolées de guitares. Malheureusement, le clavier de fond n'est pas toujours à la hauteur des instruments à cordes. Mais l'ensemble se tient et est fort agréable à écouter et à décortiquer. On en découvre chaque fois un peu plus à chaque écoute. Même si le son est très professionnel, sur certains passages le mixage ne me plaît pas à cent pour cent, notamment au niveau de la batterie.
«Luminescent Forest» n'est pas seulement l'œuvre la plus longue de l'album mais une des plus belles avec «Sanctuary Of Delight»; la recherche progressive y est très poussée mais dans deux styles différents, la première plus à la Dream Theater et la deuxième plus à la Genesis, toute proportion gardée.
Dans l'ensemble, un bon album, qui mérite votre attention.
Vespasien
https://xavierboscher.bandcamp.com/album/earthscapes
https://www.youtube.com/watch?v=fZ2sGEkAg-Y&ab_channel=XavierBoscher-Topic
11/10/2021
The Neal Morse Band
Innocence and Danger
progressive rock – 99:36 – USA ‘21
Cela fait 30 ans que cela dure! Enfin, 26 pour être plus précis; en 1995 sortait «The Light», le premier album de Spock’s Beard et le talent de compositeur, chanteur et multi-instrumentiste de Neal Morse, éclatait à la face du prog. Et, non content d’être doué, l’animal est aussi surtout prolifique. En effet, si on ne compte que les albums du Beard, de Transatlantic, Flying Colors et ses propres albums «prog» (oublions ses albums chrétiens), ce sont pas moins de 27 albums qu’il a livrés en offrande à ses fans, dont une tripotée de doubles albums. Neal Morse est, à ce titre, un véritable extra-terrestre capable de pondre à la chaîne des mélodies belles à pleurer et qui donnent l’impression d’avoir été composées dans l’instant; un phénomène donc.
Sa nouvelle livraison s’appelle «Innocence and Danger» et est (tiens donc) un double album. La première plaque (Innocence) propose huit «courts» morceaux et la seconde (Danger) deux longs épiques de 20 et 30 minutes. Ce n’est pas le premier album signé par «The Neal Morse Band» mais, ici, c’est l’acronyme NMB qui prévaut et, effectivement, on peut parler d’un vrai travail d’un groupe solide composé des fidèles Eric Gillette, Bill Hubauer, Randy George et l’infatigable Mike Portnoy. C’est d’ailleurs ce qui frappe ici; bien sûr la patte de Morse est reconnaissable entre mille mais les autres membres font plus que leur part du boulot: notons l’extraordinaire boulot d'Eric Gillette aux guitares mais aussi les voix que se partagent Morse, Hubauer et à nouveau Gillette.
Pour les compos, c’est du Morse pur jus: c’est brillant et mélodique à souhait. Le groupe sonne le feu de l’enfer et les arrangements sont véritablement somptueux. Relevons le morceau «The way it had to be» magnifiquement chanté par Eric Gillette et que l’on croirait sorti de sessions oubliées de Pink Floyd. Il n’y a aucune véritable faute de goût si ce n’est une dispensable reprise de «Bridge over troubled water» et un intermède acoustique («Emergence»), plutôt dispensable lui aussi. Les deux longues suites du second disque raviront les fans du bonhomme.
Le seul problème, c’est que Morse fait du Morse et semble ne savoir faire que du Morse. Cet album ravira donc ses aficionados mais risque de ne pas lui rapporter un fan de plus. Il n’y a donc aucune véritable prise de risque et il se repose sur son immense talent mais… presque sans forcer; un comble lorsque l’on compare la qualité de cet album avec la piètre qualité de nombres d’albums prog. Neal Morse se cantonne donc à tourner dans une cage dont il connaît tous les recoins. Elle est certes dorée et luxuriante… mais n’en reste pas moins une cage dont il lui est difficile de sortir. Certains ne s’en plaindront pas (j’en fais partie) mais d’autres pourraient passer leur chemin…
Amelius
https://open.spotify.com/album/0KdAbTq8g65KxB8wxCEElb?si=tW5GUa9pRkSNIWWP2RPZJg&dl_branch=1&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=PiNt_kQvoag&ab_channel=InsideOutMusicTV
12/10/2021
Big Big Train
Common Ground
progressive rock/crossover prog – 62:02 – UK ‘21
Big Big Train traîne dans les couloirs prog depuis 1991; je les ai connus grâce à «Bard» et ce son caractéristique génésisien, du Roine Stolt, du Spock’s Beard, une voix à la Peter Gabriel, puis des sons variés me faisant penser à XTC, à Sigur Ros un temps, surtout du néo à la Marillion, Arena et Frost*, de la pop sur les terres des Tears for Fears. Big Big Train représente surtout l’archétype du groupe underground anglais fusionnant différentes sonorités et se les appropriant pour en sortir un son propre, inventif et prenant; il y a de l’émotion dans cet album pastoral où les notes riches et colorées ne correspondent qu’à leur créativité. C’est selon moi l’un des représentants de la 3e vague progressive, ce au fil des 30 ans de leur carrière.
Du violon, des airs à la Elton John, des voix à la Bowie, d’autres à la Jackson; des sonorités diverses comme ce «Black with Ink» très pop Kim Wilde, un «Atlantic Cable» qui vaut le déplacement de par ses circonvolutions et sa progression flagrante, un «Endnotes» au spleen marqué qui repose les oreilles, un album majeur de fait à écouter d’urgence.
Big Big Train a sorti un très bel album qui bouleverse un peu les codes prog! Ici vous êtes emmenés sur des pistes variées, sur des styles différents, tant avec les voix et les sonorités qu’avec les airs. Ça oscille de fait entre du néo et du symphonique pastoral à l’anglaise; on peut y croiser Elton John, les Yes, une touche de Toto, du XTC par moments; un peu de Kate Bush, les Spock’s Beard et les Beardfish à leurs débuts; le heavy avec un peu des Oceansize ce qui fait une palette musicale variée. Un groupe qui ne se contente pas de se copier, qui s’ouvre à la création musicale, cela devient rare, cela vaut le déplacement.
Brutus
bigbigtrain.bandcamp.com/album/common-ground
https://www.youtube.com/watch?v=wIQnhCcI4gA&ab_channel=EnglishElectricRecordings
13/10/2021
Steve Hackett
Surrender of Silence
progressive rock symphonique – 57:41 (CD) – UK ‘21
Quand Steve quitta Genesis fin des années 70, il sonna le glas de la période la plus créative du groupe. Nul autre ne joue comme lui en mariant, tel un peintre, les palettes musicales de couleurs vives et les teintes nuancées des douceurs d’un jour d’été. Les compositions du présent album, d’une richesse inouïe, éclosent par envolées «classisantes», cisèlent des sculptures mélodiques où guitares électrique et acoustique se fondent ou s’additionnent, y invitant des structures aux parfums ethniques et orientaux (les superbes «Shangai to Samarkand» et «Wingbeats»). Personne d’autre que lui ne peut mener un navire aux voiles d’une telle ampleur sur d’océanes harmonies célestes. Chaque composition est une invitation au voyage. Après son parcours plutôt inspiré du soleil méditerranéen sorti cette même année, il colore ici ses partitions de piments tropicaux où s’invitent des claviers bien tempérés; on songe évidemment à Bach dans «The Devil’s Cathedral» mais doublé d’un saxo virevoltant avant le retour d’arpèges de guitare dont lui seul a le secret. «Held in the Shadows» envoûte une fois encore avec ses touches de mellotron et ses broderies acoustiques glissant sur une aire étoilée ponctuée de riffs saisissants. Pour le chant, Steve s’entoure plus que jamais de Nad Sylvan et Amanda Lehmann. Le Blu-ray est une immersion magique indispensable. Outre l’audio en mode multicanal DTS e.a., vous y trouverez deux clips vidéo empruntés au trip méditerranéen. En bon épicurien, tout chez Steve respire le bonheur et la joie.
Clavius Reticulus
https://open.spotify.com/album/3QVGfs2mj9DyIcIZJljMjK
https://www.youtube.com/watch?v=-8qOFpMaRLo&ab_channel=InsideOutMusicTV
14/10/2021
Alessandro Corvaglia
Out of the Gate
progressive rock/néo-prog/RPI – 55:54 – Italie ‘21
Une intro très rock prog italien, synthé léger, joyeux, puis la voix d'Alessandro qui nous ramène ainsi que le morceau vers un bon néo-prog typé Marillion/Fish, mais rien n'est figé dans cet album et le sax de Martin Grice (Delirium, entre autres) nous attire vers une petite parenthèse jazzy, vite remplacée par le thème entraînant de cette piste «Promise Land». Cette piste d'intro situe parfaitement l'auteur. Alessandro est connu comme le chanteur de nombreux groupes dont Maschera di Cera ou Delirium et Mr Punch, excellent cover band de Marillion. Mais si son album s'ouvre donc sans surprise, le reste, tout aussi plaisant, est pourtant loin d'être monolithique. Si les 3 premières pistes sont assez néo, «... and the Lady came in» est un instrumental d'un beau lyrisme pastoral. «White ghost», exécuté avec les membres de Giardino Onirico, revient au néo, avec de belles incisions de guitare howienne. Autres guests sur cet album: les guitaristes Marcella Arganese (UbiMajor, Mr Punch), Cesareo (Elio e le Storie Tese).
«Vision» est un magnifique cover de Peter Hammill, où la voix d'Alessandro et le solo de piano final font merveille. Vient ensuite la première des 2 pièces de Gordon Giltrap. Giltrap est un guitariste qui travaille entre autres avec John Etheridge et Rick Wakeman, et, depuis 42 ans, un mythe, aux yeux d'Alessandro! Ses deux compos, «A deed within a dream» et «12 Towers», font la part belle à la guitare sèche. Entre elles, «Here I have been» retrouve l'inspiration initiale globalement néo, mais avec une reprise au piano très PFM, un régal... Mais le summum vient avec l'epic «Out of Gate» dont le crescendo final est majestueux, concluant de la meilleure manière qui soit ce beau premier album!
Cicero 3.14
https://alessandrocorvaglia-ams.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=ecMOaLnvAo0&ab_channel=needle
15/10/2021
Sparks
Annette
rock opera prog – 40:47 – USA ‘21
Ne vous attendez surtout pas un album conventionnel des frères Mael, alias Sparks. Il s’agit en fait ici de la bande originale du film «Annette» réalisé par Leos Carax et présenté cette année en ouverture du Festival de Cannes. Ne vous y trompez pas, le synopsis a bien été écrit par Ron et Russel avant d’être adapté par Leos Carax. Quinze titres, courts, constituent le corpus de cette production.
Si «So May We Start» qui ouvre l’album fait bien partie du registre habituel de nos frangins adorés, il n’en est rien pour le reste: il s’agit bien d'une bande originale du film! On trouve d'ailleurs au chant les acteurs présents dans le film, comme Marion Cotillard, Adam Driver, Catherine Trottmann, entre autres. Le reste de cette production s’apparente plus à de l’opéra, tel «Aria (The Forest)». Des emprunts sont régulièrement faits à Verdi, Bizet, Puccini. La symphonie n’est pas en reste dans cette production, citant allégrement Brahms ou Mahler.
Une œuvre qui, si elle est ambitieuse et aventureuse, est à réserver aux plus curieux d’entre vous.
Tibère
https://open.spotify.com/album/53wesmaEPq7E4NwxNB8yET?si=6tHuK0urSs6NoA333ZWSFQ&dl_branch=1&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=203jsu0SFO0&ab_channel=SonySoundtracksVEVO
16/10/2021
J Peter Schwalm and Markus Reuter
Aufbruch
ambient atmosphérique – 48:57 – Allemagne ‘21
Auréolé de ses coopérations réitérées avec Brian Eno (concerts, installations sonores, albums, musiques de films), le compositeur électroacoustique allemand J. Peter Schwalm (synthétiseurs, pianos, électronique en temps réel) donne corps, avec «Aufbruch», en toute réalité et sans distanciation sociale, à ce qui avait commencé comme une simple relation épistolaire (une correspondance des temps modernes, virtuelle, mondiale et implacable) avec Markus Reuter (guitares tactiles, nappes, électronique) – qu’on connaît pour sa participation à Sonar: neuf pièces (parfois rehaussées du chant de Sophie Tassignon, Belge basée à Berlin) qui nous immergent dans une atmosphère indécise et énigmatique, où le monde est peut-être bien mort (quoique pas tout à fait), où l’apocalypse semble avoir vaincu (mais un îlot vivace persiste), trois quarts d’heure d’une ambiance sonore cinématique, improvisation initiée par Reuter (le peintre) sur ses Touch® AU8 et U8 Deluxe et transformée en temps réel, puis coloriée aux synthés et éditée par Schwalm (le sculpteur).
Auguste
https://jpeterschwalm.bandcamp.com/album/aufbruch
https://www.youtube.com/watch?v=Xtg-3gsqLaA&ab_channel=RareNoiseRecords
17/10/2021
Cerf Boiteux
Adieu - Tout
post rock psy/indus – 61:45 – France ‘20
Ce patronyme imaginatif invite déjà à l’envie d’en savoir plus et d’encastrer le casque autour du crâne pour découvrir l’univers de la formation rennaise, déjà détentrice d’un premier opus en 2017 («Alternative au Silence»). Foin de tout prog’ convenu et attendu, on s’abîme ici dans un post rock tantôt metal, tantôt indus, les deux tiers laissant la part congrue à ce cher bon vieux prog’ comme nous l’entendons. Pas de chanteur ni de claviers, mais deux guitaristes, un batteur et un bassiste s’acharnent sous une pochette mécanique à nous mettre la tête dans le seau. Oh, pas tout de suite. «I» commence plutôt comme une oraison funèbre de bon aloi si tant est que les deux vont de pair! Oui, au fait, «Adieu-Tout» se décline en six titres aux dénominations on ne peut plus sobres, allant de «I» à «VI», c’est clair, c’est pratique. La progression musicale est imparable, sur plus de neuf minutes, Cerf Boiteux en met six à bâtir avec patience une atmosphère chère au post rock, ajoutant, pierre après pierre, un échafaudage qui jouxte Doors et King Crimson si j’osais... Oui, il y a du Fripp dans ces guitares après tout! Mais une rugueuse surface métallifère vient heurter nos songeries qu’on pensait éternelles. Dorénavant, les Bretons ont installé le décor, planté le bivouac, comme une sorte de doom quasi éthéré. Des atmosphères épuisantes vont se succéder dans une parfaite symbiose, laissant, de temps à autre, des oasis guitaristiques très «frippantes» nous laisser respirer. C.B. se laisse pourtant parfois aller à une sorte de psychédélisme marécageux où le fantôme du Floyd originel vient hanter l’inspiration («IV») et c’est tout autant facétieux que jubilatoire dans le contexte. Le post rock étant un arrière (arrière?) petit rejeton de ce que le rock a proposé de plus lancinant et hypnotique, en gros, l’enfant naturel d’Hawkwind et Tangerine Dream pour «parler» aux anciens, j’ignore si cette filiation aura l’assentiment des Rennais mais elle me semble inévitable arrivé à mon âge! C’est tout à fait évident que les champions du passé ont tracé la route. Comment ne pas penser à «Ummagumma» quand on écoute «V» qui s’égrène dans une moiteur parfois «porcupinienne»? Suis-je allé vite en besogne en parlant de metal indus? À moitié si on invoque les saillies aux arêtes vives qui cisaillent chaque rêverie. Je sais maintenant à quoi rêvent les moutons électriques!
Commode
https://cerfboiteux.bandcamp.com/album/adieu-tout
https://www.youtube.com/watch?v=pQD9Zz_caBs&ab_channel=CerfBoiteux
18/10/2021
The Adekaem
The Great Lie
progressive rock – 76:50 – Pologne ‘21
C’est le nouvel album pour les Polonais de The Adekaem que nous tenons entre nos mains avides de découvrir de nouvelles musiques. Cette entité a été créée en 2013 à l’initiative d’Andrzej Bielas (claviers) et Krysztof Wala (guitares), rejoints ensuite par Marcin ‘Budda’ Pekata (basse) et Dariusz Goiński (batterie). Il semble que «The Great Lie» soit leur troisième album et nous livre une musique progressive influencée également par le psychédélisme. La batterie est ici jouée par Tomasz Holewa, tandis que d’autres intervenants font leur apparition au fil des titres, c’est ainsi que l’on retrouve Marcin Staszek (Moonrise) au chant ou Krzysztof Wyrwa (Millenium) à la basse.
C’est d’une manière emphatique que «Woodland Frolics At 3 AM», le plus long morceau de cette généreuse plaque, entame notre écoute. La guitare se fait floydienne en diable. Les délicieux accords à la guitare acoustique me font invariablement penser au plus tendre Genesis sur «The Tightrope Walker» tandis que le chant vaporeux nous envoie tout là-haut au firmament. Plus loin, un swing endiablé s’invite sur «The Fall of Phaeton». La suite «Luminous We Are» l’est assurément, lumineuse et enchanteresse. Sur «Spontaneous Combustion of Ego», l’ambiance se fait lourde et hypnotisante. Ne passons pas sous silence la plage titulaire qui clôture cette œuvre de bien belle manière.
En définitive, voici un album que je ne peux que vous recommander chaudement.
Tibère
https://theadekaem.bandcamp.com/album/the-great-lie
https://www.youtube.com/watch?v=wDy4d6J9h_g&ab_channel=needle
19/10/2021
Argos
The Other Life
progressive rock – 49:38 – Allemagne ‘21
Argos est né en 2005; j'ai croisé leur route en 2015 et ils sortent leur 6e opus en explorant une ligne mélodique symphonique axée sur les 70’s, Genesis, Camel, Caravan en ligne de proue et le plus récent Flower Kings. Des compositions bucoliques, calmes, pop-folk avec des déclinaisons progressistes variées, la flûte et le saxo venant souvent seconder la guitare. J’avais adoré leur dernier album pour leur longue suite finale majestueuse, je me jette dans cette autre vie en espérant y retrouver des émotions perdues.
De ces neuf titres de 50 minutes, je noterai «Chameleon Sky» pour la mélodie Charisma bucolique, «The Twilight Mind» pour l'envolée instrumentale et les déclinaisons génésisiennes de l'ère Hackett, «I Carry Light» rien que pour l'intro à la Minimum Vital divine et envoûtante, «The Trial of the Pyx» l'une de mes favorites pour ses sonorités crimsoniennes et les claviers à la Manfred Mann, enfin le «The Shall See Hotel» qui possède l'un des plus beaux soli de guitare éclairé par la présence du saxo de Marek, invité de marque. Sinon les autres titres tirent vers un néo prog folk basique bien calibré et manquant aussi de peps progressiste.
Argos a changé son fusil d’épaule et s’éloigne donc beaucoup de ses valeurs d’antan avec des titres très conventionnels à mon sens, agréables mais ne donnant pas d’émotion particulière, l’air très jazzy par instant, trop saccadé et prévisible. La voix de Robert flirtant souvent avec celle de Peter Hammill est un plus indéniable mais il manque ici un peu de folie progressive, canterburyenne ou autre, qui donnerait plus de cachet à cet album.
Brutus
argos.bandcamp.com/album/the-other-life
https://www.youtube.com/watch?v=kHPFXp_usxc&ab_channel=highvoltage
20/10/2021
Hollow Drifter
Echoes of Things to Come
psychedelic prog – 42:59 – Pays-Bas ‘21
Hollow Drifter, c'est quatre garçons pleins d'avenir, venus d'un plat pays qui n'est pas le nôtre. Après deux semonces en 2019 et en 2020, 2021, c'est le décollage: premier album dans les bacs! Sur photo, nos petits gars ont l'air d'une bande de copains de fac aux allures sympathoches intellos ce qu'il faut. Méfions-nous tout de même... La couverture de leur album représente un druide qui s'échappe d'un décor de jeu vidéo, au dos d’une chauve-souris... Il y a comme un écho tordu-bizarre à venir. Du coup, que voit-on à l'échographie? Une solide base classico-jazz se déployant dans une fantasque orchestration psychédélique.
«Echoes of Things to Come» joue peu de morceaux mais ce sont (à peu près tous) des longs.
Le début du set nous fait sortir d'une séance d'acouphènes, un peu rude d'ailleurs, après quoi, on distingue progressivement les instrus, c'est le «Prologue». Ensuite, vient «Panacea», titre trompeur, tout en harmonie, encore une peu timoré, sauf pour quelques breaks. «Misanthropy», on est plus sérieux, une potion un peu plus cradingue, guitare et clavier font bon ménage. Tout ça c'est très bien mais, si ces mises en bouches ne manquent pas de saveurs, notre quatuor sait manipuler son matériel, pas de doute là-dessus, le meilleur est à venir. Ne boudez pas votre plaisir, baissez la lumière, enfoncez-vous dans un vieux fauteuil (en cuir si vous avez), mettez un casque (faut pas vous distraire inutilement), servez-vous le breuvage de votre choix (je ne ferai pas de pub et n'inciterai personne) ou pourquoi pas, faites le tout, dans un bon bain chaud moussant, vous n'aurez que plus de rendu pour apprécier un son à la pointe de la hi-fi, servant une croisade fantasmagorique, une épopée feutrée et captivante.
Eh oui, eh oui, «Brain Cartographer», «What We Feared Before», «Twelve Dozen», dans ce sens ou dans un autre, peu importe l'humeur de votre lecture, elle vous en donnera une bonne. Au départ, curieux, vous serez rapidement excité de recevoir la suite dans les oreilles.
Bien plus précis que des échos, ce sont des rappels doucereux à la virtuosité.
Perso, j'ai jeté mon dévolu sur «Twelve Dozen». Tous les musiciens y font honneur à leur art, solos trio, solos quatuor, doucement, violemment, basse fidèle, batterie lancinante, mention spéciale aux claviers qui offriront un climax en mode aérospatial, bien sûr la guitare n'est pas manchote, elle sait se montrer hargneuse si elle le décide et plus timide quand il le faut. Conclusion? Subtile dosage des forces en présence.
En gros, j'ai décidé d'ouvrir la fenêtre et j'ose laisser venir à moi le magicien sur sa bête volante faussement aveugle.
Ouh là, ouh là! La barre est haute les gars, S.V.P., ne donnez pas dans le cliché, votre deuxième album peut être tout aussi réussi que votre premier.
C'est mon souhait, c'est ma prière, comme dirait "Mike".
Kaillus Gracchus
https://hollowdrifter.bandcamp.com/album/echoes-of-things-to-come
https://www.youtube.com/watch?v=_EJW4pC0VWY&ab_channel=StonedMeadowOfDoom
21/10/2021
Castanarc
The Sea of Broken Vows
neoprog old school – 50:49 – UK ‘21
C’est l’année des retours! Pensez, depuis «Little Gods» en 1989, Castanarc s’était tu lui aussi, sans doute fatigué du peu de reconnaissance comme tant d’autres. Pourtant, nous avons là un fleuron de la scène néo-progressive britannique des années 80, apparu plus exactement en 1984 avec l’excellent «Journey to the East», petite perle méconnue, pas assez brillante face aux diamants polis des Marillion, IQ, Pendragon et Pallas, sérieux concurrents s’il en est! Si l’histoire du rock progressif a peu à peu recouvert d’un manteau d’oubli ce petit vétéran (quatre albums avant celui-ci), c’est une injustice que je me devais de réparer et la sortie de ce cinquième opus, 32 ans après, m’en procure l’occasion. Il ne subsiste plus que le chanteur Mark Holiday et le claviériste David Powell du Castanarc originel, voire le saxophoniste Steve Beighton; quant au guitariste, c’est un nouveau, John Spence, des musiciens additionnels venant faire la maille. Si vous avez encore du Jadis ou du Mike & the Mechanics (!) qui viennent poindre dans la machine à influences, c’est normal, Castanarc a toujours évolué au point de conjonction entre les deux, dans un balancier d’influences qui, pour les néophytes, situe l’amplitude quasi exacte qui caractérise la musique des gens de Doncaster. Ce come back inattendu a pris le poids des années d’absence sur ses épaules avec, dans la besace, des compositions qui les rendent plus matures, mieux produites mais d’une ineffable beauté lyrique où les tics du néo-prog originel sont peu à peu effacés au profit d’un rock parfois AOR, américanisé mais d’une efficacité mélodique imparable. Le saxophone d’entrée de jeu, par exemple, dans le très joli «The ascent of man» donne un ton que les progsters pur jus ne sauront supporter! Castanarc se permet d’inclure des tons brumeux et nostalgiques superbement portés par le chant d’Holiday, offrant aux morceaux des instants de magie au goût d’éternel, une flûte ou des fonds de claviers nébuleux s’enlaçant avec une subtilité qui situe certains instants au cœur des plus mélancoliques instantanés de la mémoire néo-prog. Les onze titres n’atteignant jamais les cinq minutes, mis à part «For the want of a nail», vous avez un écrin de bonheur soyeux qui ravira les nostalgiques d’une époque révolue, saupoudré d’un savoir-faire amélioré par l’expérience du temps qui passe, cocktail de rêve pour s’assoir face à la fenêtre et se laisser aller dans les rêveries spleenétiques que propose cet excellent «The sea of broken vows»... Un pur bonheur pour des oreilles fatiguées et un retour gagnant!
Commode
https://castanarc.bandcamp.com/album/new-the-sea-of-broken-vows
22/10/2021
PFM Premiata Forneria Marconi
Ho sognato pecore elettriche /
I Dreamed of Electric Sheep
progressive rock – 2x40:49 (Italien/Anglais) – Italie ‘21
L'automne est la saison de la nostalgie, accentuée par la publication d'albums studio me rappelant ma jeunesse! Yes, Hackett, Caravan et ce 20e album de la Boulangerie Primée Marconi, «LA» PFM.
Si l'on exclut leurs trois premiers albums qui ont une certaine cohérence (classés dans tous les tops des chefs-d’œuvre prog), PFM se renouvelle sans cesse. Cet album en est la preuve par 10. Dont 3 instrumentaux. Dans les 2 superbes pistes initiales enchaînées, l'intro sonne comme un classique russe début XXe avant qu'une guitare nerveuse ne nous emmène dans un riff métal, pour finir de muter en une tarentelle très RPI!
Tout est dit. De l'attendu PFM classique: les mélodieux claviers d'Aless Scaglione ou de Luca Zabbini (Barock Project), la chaude voix et la batterie raffinée de Franz di Cioccio, la basse ciselée de Patrick Djivas (voir interview). Tel est «Ombre amiche».
Mais la basse et la guitare (Marco Sfoggli) nous entraînent ensuite hors des sentiers déjà balisés. Vers du métal prog, (d'où vient Marco), mais aussi vers du soundscape frippien «Atmospace», du funk «Peccore Electrico», du jazz-rock, du tzigane «Mr Non Solo» rejoint alors par le violon de Lucio Fabbri. Plus loin, «Il respiro del tiempo» avec ses ambiances orientales et celtes, la guitare de Sir Hackett et les roucoulades de flûte de Ian Anderson (Jethro Tull), en guests, nous achèvent dans un refrain choral totalement réjouissant. Enfin, que dire des 2 instrumentaux époustouflants qui concluent cet album? Reprenant l'intro de «Peccore», ces 2 pistes enchaînées, puissantes et folles, ne peuvent que rappeler le meilleur du PFM live!
Le nom du concept album vient du livre de Philip K. Dick dont a été tiré Blade Runner. La SF est très apprécié des «tauliers» Franz et Patrick, jumeaux de rythme depuis près de 50 ans, dont les demi-visages se partagent la troublante pochette. Le disque sort aujourd'hui, j'espère pour vous qu'il en reste, car cela doit partir comme des petits pains à la Boulangerie Marconi!
Cicero 3.14
https://open.spotify.com/playlist/0GNf7RfnYQqYoV1Yp3UiTA?si=a282d597b81a4a67&nd=1
23/10/2021
Nala Sinephro
Space 1.8
nujazz/ambient/spiritual jazz – 44:15 – Belgique/Angleterre ‘21
Attention: voici un ovni! et un ovni belge par-dessus le marché! Un grand moment! Un grand disque! Certainement un candidat à devenir une marque de l’année 2021.
Nala Sinephro est une autodidacte, d’abord au violon et ensuite à la harpe. Ceci est son premier album et nous assistons à l’émergence d’une compositrice qui devrait laisser une marque importante dans la musique de ce premier quart du XXe siècle. Cette première production a été réalisée à Londres que Nala a choisi comme lieu de vie et de travail.
Le projet comporte de nombreux musiciens, la plupart issus de la nouvelle scène jazz anglaise et les orchestrations – toujours subtiles et délicates – impliquent la présence de divers invités au gré des compositions.
La musique résiste aux classifications et nous offre quelque chose qui est plutôt dans la mouvance des «streams of consciousness» du spiritual jazz, mais revisité par une rencontre féconde avec l’ambient, ou le nu jazz. On retrouve une variété d’orchestration, mais toujours dans cette douceur et subtilité onirique et méditative qui caractérise l’album. Il y a même des moments un peu «free», mais qui passent comme tensions provisoires dans l’ensemble du mouvement de l’album. De même, on passe d’un morceau à l’autre avec l’aisance et la naturalité d’une écoute curieuse de participer à de nouveaux développements en cours.
Nos collègues anglais nous disent avec raison que cela peut évoquer les idées d'Alice Coltrane ou de Jon Hassell auxquels on pourrait joindre sans difficulté d’autres compositeurs. Toutefois, ces références ne doivent pas nous faire perdre de vue l’originalité du projet «Space 1.8», un projet d’une compositrice contemporaine qui explore un univers sonore méditatif, riche en timbres et modulations.
Un grand album d’une grande compositrice!
Warp Records
Lucius Venturini
https://nalasinephro.bandcamp.com/album/space-18
https://www.youtube.com/watch?v=atoeAlOpFtc&ab_channel=NalaSinephro-Topic
24/10/2021
Thy Catafalque
Vadak
experimental metal/avant garde – 62:14 – Hongrie ‘21
La Louve: Thy Catafalque, j’ai bien aimé un de leurs CD, tu dis? Je ne me souviens plus…
Tibère: Si, c’était en 2016, leur septième album, «Meta». Bon, on va écouter leur nouvelle et dixième production, «Vadak».
LL: En effet, je comprends pourquoi j’ai aimé, c’est très diversifié: metal, néo folk… Des guitares prog et même planantes sur «Köszöntsd a hajnalt», d’ailleurs mon titre préféré grâce aux redpipes (cornemuses électroniques) et au chant de Martina Veronika Horváth, que l’on retrouve également sur «Zúzmara», magnifique piano/voix clôturant en douceur notre écoute.
Ti: Tu oublies de signaler que, même au niveau «metal», on voyage entre différentes tendances allant du heavy au black en passant par un peu de trash, et surtout du métal atmosphérique. Des ambiances légèrement jazzy se font entendre de-ci de-là, tandis que des bases électro sont largement utilisées.
LL: Oui, je trouve aussi des sons indus, et sur «A kupolaváros titka», quelque chose que je qualifierais d’electro cinématique. Mais parlons maintenant du musicien qui est à la base de cette formation.
Ti: Effectivement, Thy Catafalque est le bébé d’un seul homme, Tamás Kátai qui, outre la composition et la programmation, s’occupe également des guitares, basses, synthés et chant et collabore ici avec pas moins de seize personnes dont cinq chanteurs/chanteuses en fonction des morceaux. Outre les instruments habituels, on trouve également des violons, violoncelles, trompettes, saxophones, trombones et des choses moins courantes…
LL: Surtout sur «Piros-sárga», où apparaissent des noms d’instruments comme tabla (percussions indiennes), dumbeq (percussions égyptiennes), duduk (hautbois arménien), riq (tambourin arabe) qui donne à cette plage un coté arabisant.
Ti: Pas moins de dix studios d’enregistrement (situés en Hongrie, Écosse, Serbie, Roumanie, Ukraine, Israël, Russie, Espagne, Suisse, Texas, Brésil et Argentine) ont été nécessaires à notre ami pour arriver à ses fins.
LL: Merci Tibère, tu ne t’étais pas trompé, cet album s’avère aussi bien (même mieux) que celui référencé en ce début de chronique.
Ti: Cette réalisation ambitieuse se révèle d’une richesse inouïe et mérite amplement une écoute attentive.
https://thycatafalque.bandcamp.com/album/vadak
https://open.spotify.com/album/5wZGEYbLZ3D7jpyth1THCT?si=9v9yHw8zTzm2_Uyd_AXfTw&dl_branch=1&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=P6D4pAukKys&ab_channel=SeasonofMist
25/10/2021
Agusa
En Annan Varld
symphonic prog, de Canterbury et bien au-delà – 46:13 – Suède ‘21
Seulement 2 longs instrumentaux pour ce 4e album studio d'Agusa. Mais quels magnifiques morceaux! «Sagobrus» (25 minutes): un thème majestueux et lent proposé à la flûte, avant qu'un orgue très Canterbury vienne augmenter le tempo. Une guitare incisive reprend ce même thème avec un rythme très rapide, jusqu'à un premier break. Une envolée de guitare, plus loin, au-dessus d'un rythme lent, d'une nappe d'orgue, le thème revient comme s'il était en nous depuis toujours, comme une évidence, pour un emballement final absolument enthousiasmant.
«Uppenbarelser» (21 minutes) démarre avec une guitare/harpe/kora? Des percussions sourdes rendent l'atmosphère plus inquiétante, avant que la basse n’égrène un solo qui mute en un pattern très proche de celui du magnifique «Awaken» de Yes. Il fournira la colonne vertébrale d'un morceau encore plus époustouflant que le précédent; la flûte plane, la guitare virevolte autour d'elle, une épinette (!) traverse le paysage où traînent des nuages d'altitude Hammond, pour un moment de pure félicité comme pourrait en fournir Anglagard. Mais cela ne leur suffit pas: pour mieux nous achever, Agusa revient avec son rythme lent toujours aussi lourd et une guitare solo, plus une flûte orientalisante. Une rapide digression industrielle fournit 4 notes pour un délire wah-wah d'où émergera une folle sarabande entêtante. Retour à la flûte et au pattern «Awaken» sur lequel viendront se prélasser guitare sèche et flûte, avant une fin qui nous rend à notre vie d'ici, au milieu des oiseaux, pour 2 dernières minutes teintées de la nostalgie d'être déjà arrivés au terme d'un puissant voyage dans «En Annan Varld». Un autre monde, celui d'Agusa, lieu qui a donné son nom au quintette qui s'y est formé en 2013. Pour moi, une découverte à la mise en son parfaite et 3 autres albums à tester dans ma playlist!
Cicero 3.14
https://agusaband.bandcamp.com/album/en-annan-v-rld
https://www.youtube.com/watch?v=l9zM2uYS_9Y&ab_channel=Morphy
26/10/2021
Checking For Echo Project
Life & Other Short Stories: Vol 1
progrock/pop-folk – 54:30 – UK ‘21
Checking For Echo Project c’est Jon Farley, multi-instrumentiste réputé, atteint de la sarcoïdose, affection pulmonaire l’empêchant de chanter; il se donne comme mission de sortir une musique dont les fonds iront à des associations d’aide aux musiciens et fait sa thérapie en même temps. Il oriente le son sur le thème du rock progressif et des bandes sons émotives pouvant passer sur un film; aidé par un collectif de musiciens prog internationaux, il compose des odes vibrantes, déchirantes sur des injustices sociales au niveau lyrique, sur des réminiscences venant du célèbre Camel avec Latimer à la guitare; c’est la guitariste Suzi James du groupe Fearful Symmetry qui permet cette ressemblance. À noter le support de membres vocaux de Dandelion Charm, Outside In, Kindred Spirit Band, Long Earth, Wind et Freedom To Glide.
10 titres pour un peu moins d’une heure de musique avec «Stillborn» pour un break tonitruant à mi-parcours, «The Big Issue» pour le titre le plus langoureux et intimiste invitant à la réflexion, «Seen But Never Heard» pour cette intro staccato à la Yes, «What About Us?» pour cette sensation d’être avec Mostly Autumn et «Just Making Shore» pour cet instrumental progressif fruité et angélique. À noter aussi les reprises de 3 titres de Frost*, IQ et Long Earth, rejoués de façon personnelle, qui s’intègrent bien dans l’album. Le dernier titre avec une phrase de chaque intervenant et leurs engagements clôt l’album.
Checking For Echo Project donne ici dans le symphonique, le prog rock mélodique aux airs facilement reconnaissables; Suzi aux guitares permet à chacun des 8 chanteurs de donner le maximum de lui-même de cette façon. Un album sans titre au-dessus de l’autre qui envoie dans des rêves sombres où le spleen est souvent présent.
Brutus
checkingforecho.bandcamp.com/track/life-other-short-stories
https://www.youtube.com/watch?v=2unBQYrctn4&ab_channel=CheckingForEchoProject
27/10/2021
Hawkwind
Somnia
rock progressif/space rock/psyché – 62:45 – UK ‘21
Album atypique de la veine space rock dont ils sont les maîtres incontestés. On se demande en fait, à l’écoute de plus d’une plage, si on est bien en présence du faucon de «Brainstorm». Force est de constater que plus d’un groupe catalogué dans le style hard rock, space rock ou heavy metal vire au progressif. Un progressif bien sûr teinté de sonorités bien à eux mais la mutation est indubitable. Je pense au dernier Iron Maiden qui explore plus que jamais la voie prog metal. Que trouve-t-on dans ce «Somnia»? Des sonorités Pink Floyd époque psyché, à plus d’un moment. «Alcyone», ballade plus que magique, se coule sans doute aucun dans l’ambiance de «More»; le final de «Unsomnia»: du Roger Waters dans ses œuvres avec les effets de voix et des pépiements d’oiseaux; «Meditation» par ses arpèges de guitare acoustique nous rouvre la porte psyché du Floyd in «More» encore, sans jeu de mot, ou «Atom Heart Mother» complété d’un tabla shankardien et un final cosmique à s’en pâmer sous les étoiles. Trame classique pour «Sweet dream» au leitmotiv parent du «Bolero» de Ravel, un intermède inattendu avant un nouveau plongeon dans leur galaxie personnelle. Le faucon nous offre ici bien des surprises. Une pincée de Can dans «Unsomnia», un nuage de funk dans «Small object in Space» et une batterie qui tue pour «China Blues», très hawkwinien celui-là. «It’s only a dream» œuvre dans la veine «Warrior on the Edge of Time»; «Cave of Phantom Dreams» la joue planant avec récitatif doublé d’un synthé cosmique. Riffs de guitare hallucinants, avec écho, reverb et une rythmique qui tue à l’arrière. De courts paysages sonores font le lien entre l’une et l’autre plage. Richesse des compositions et variété des ambiances, le tout baignant dans une parfaite homogénéité sidérale, on ne pouvait rêver mieux.
Clavius Reticulus
https://open.spotify.com/album/61G2b38KVlMXWfNC4gyFpF
https://www.youtube.com/watch?v=i19nUFEMnno&ab_channel=Hawkwind-Topic
28/10/2021
The Trip
Caronte 50 Years Later
heavy progressif – 41:07 – Italie ‘21
The Trip (La pagina ufficiale dei TRIP) est un groupe progressif italien des 70’s toujours porté par le vénérable Pino «Caronte» Sinonne (79 ans). 4 albums à leur actif: l’album éponyme de 1970, «Caronte» en 1971, «Atlantide» en 1972 et «Time of change» en 1973. Ils sont inspirés entre autres par ELP. C’est une relecture de «Caronte» qui nous est donnée à manger.
«Acheronte» commence ainsi: Andrea Ranfa déclame en italien avec fougue (intraduisible) et tout s’anime, alimenté par la batterie de Pino et, notamment, les claviers et le désespoir du vocaliste dans une trame heavy progressive et symphonique foisonnante et bouillonnante.
«Caronte 1»: on continue avec un heavy prog bien costaud avant de partir dans un registre plus enlevé et plus groovy à la ELP et Bram Stoker (leur seul album Heavy Rock «Spectacular» de 1972) où la guitare de Carmine Capasso parle haut et fort. Un instrumental saignant aux accents psychédéliques.
«Two Brothers»: d’aucuns sont quasiment lacérés par la surabondance de riffs dans ce morceau. Des riffs prompts à faire exploser la tronche comme dans Scanners de David Cronenberg. Nous restons dans la tendance observée dans le deuxième morceau, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ici, il s’agirait plus de Lucifer’s Friend, groupe où a évolué le regretté John Lawton (Uriah Heep). La guitare s’y taille la part du lion et ça fait du bien. Une dernière rafale psychédélique vient nous secouer.
«Little Jaine» est une ballade fort sympathique mais peu musculeuse. L’ensemble n’est pas désagréable mais la guimauve je la préfère dans mes nounours au chocolat.
«Ultima Ora & Ode a Jimi Hendrix». Voilà une des raisons pour lesquelles ce LP bénéficiera d'un verdict plus que clément auprès de ma Cour Kangourou personnelle (le tribunal de la Mafia). C’est une belle alliance entre heavy rock et psychédélisme truffé de guitares explosives avec de bons relents une fois encore d’ELP et un climax sonique digne des meilleurs poliziottesco (polars italiens des 70’s). On pourrait imaginer cette musique pour un duel final entre Tomas Milian et Fabio Testi.
Après «Caronte 2», un intermède instrumental très revigorant, nous arrivons au terme du voyage (promis j’ai rien fumé) avec «Una pietra colorata» et sa belle intro au sitar. C’est un bon petit rock sans prétention où Kiri, le fils de Pino, le remplace à la batterie. Très sympa mais trop souvent entendu et «Fantasia» conclut énergiquement et avec inspiration un album solide qui aurait pu surveiller un peu son indice glycémique (cf. Little Jaine).
Très chouette in fine et The Trip est un très bon groupe que j’ai eu la chance de voir 2 fois cette année. Pino «Caronte» Sinonne est très sympa par ailleurs.
Fatalis Imperator
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/caronte-50-years-later
https://www.youtube.com/watch?v=SVe7NwkqM6M&ab_channel=TheTrip-Topic
29/10/2021
NanoStorm
Tunnel of Time
progressive rock/space rock pastoral – 57:36 – France ‘21
NanoStorm est un groupe de Paris, cherchant sa voie entre le progressif des early seventies et le psychédélisme de la toute fin des sixties. Existant depuis 2015 et auteur de deux albums très confidentiels, «Into the Skies» et «World of Illusions», qui seront présentés sur scène jusqu’en 2019 où la formation connaît sa première scission (le batteur et le bassiste s’en vont, ils seront bien entendu remplacés), mais c’est l’apport de Carine Mougin à la flûte traversière, aux claviers et parfois au chant, qui va faire la différence, entraînant NanoStorm vers une autre dimension et surtout un nouvel opus qui voit le jour au printemps 2021, le ci-devant «Tunnel of Time». D’abord, si le rock spatial, divergeant parfois vers un ton pastoral, mélange ainsi deux influences qui n’ont pas si souvent cohabité, je mettrais un léger bémol sur le chant de Mathieu Bauzon, guitariste, un peu trop mièvre à mon goût, son jeu précis aux notes légères s’envolant avec grâce, sauvant la mise. Mais c’est bien entendu cette flûte qui distille des moments d’élégance et de poésie bienvenus, tel le court intermède «Voices in our heads». On retrouve des instants «floydiens» au sein de l’album, contrebalancés par cette fameuse flûte qui distille bien des rêveries avec la pureté et la délicatesse que cet instrument sait si bien épancher, comme une purification de l’art progressif dont il demeure un symbole. La pièce de bravoure, «Through of the Tunnel of Time», forte de ses presque vingt minutes, garde un ton serein et se présente comme une quintessence de l’album, la guitare de M. Bauzon flirtant avec des scories d’étoile filante pour un voyage halluciné sans divagations metal, comme c’est souvent le cas. Ici, tout respire une tranquillité qui rappellera le prog’ français des années 70, au cours desquelles «Tunnel of Time» aurait pu sortir sans faire tache dans le panorama pourtant fécond de l’époque. Pour ma part, c’est un réel compliment pour ce disque inattendu qui ne se perd pas dans une «modernité» forcée et reprend là où le progressif bucolique a laissé quelques dernières traces de pas dans la fraîcheur d’une herbe froissée dans la rosée du petit matin... L’intro de «Year after Year» devrait d’ailleurs éveiller un petit pincement au cœur des fans angéliques!
Commode
https://nanostorm.bandcamp.com/album/tunnel-of-time-2
https://www.youtube.com/watch?v=TVnrh72X_kU&ab_channel=NanoStorm
29/10/2021 - EP
In Solastalgia, EitherWay.
Morii
post rock – 29:05 – Canada (Québec) ‘21
Leur communication promotionnelle commence par un «For fans of Milanku, Mogwai, Godspeed You! Black Emperor, Neurosis», on pourrait s’arrêter là, vous auriez parfaitement compris de quoi il s’agit… Ceci dit, permettez-moi d’en rajouter une couche en vous informant que ce In Solastalgia, Either Way est un duo constitué de Jean-Philippe Hébert (guitares, claviers) et de Max Gosselin à la batterie. Jean-Philippe, multi-instrumentiste reconnu, a déjà accompagné pas mal de vedettes locales durant sa jeune carrière et se consacre aujourd’hui à ce projet post-rock pensé autour de l’idée philosophique de Glenn Albrecht décrivant une forme de détresse existentielle causée par le changement environnemental. Vaste sujet défendu par une musique instrumentale à l’émotion tangible où les six titres suivent un parcours balisé par les standards du post-rock mais rehaussé, par exemple sur le 4e volet, d’une ballade folk mélancolique; oxygénation salutaire avant de replonger dans des inquiétudes palpables et dramatiques.
Intéressant!
Centurion
https://open.spotify.com/album/79LZcpRWeHGXtpcP6GExQ5?si=D2IIwpwsSMKLn91k8GXQmw&dl_branch=1&nd=1
https://www.youtube.com/watch?v=TqrsvASAK_4&ab_channel=Jean-PhilippeH%C3%A9bert
30/10/2021
Superfjord
For The Moment, vol. 1
space rock psychédélique/jazz rock – 40:44 – Finlande ’21
Ce n’est pas si courant, ce nouveau disque (après deux albums studio) du groupe finlandais m’est rentré dans l’oreille dès la première confrontation, comme un ver luisant se faufile dans le chas d’une aiguille, et y est resté lové depuis, encore et encore écouté, ressenti, humé. Superfjord présente ici quatre morceaux (dont «Rainbow» et «Moment 3» sont enchaînés) enregistrés en concert – comme le titre l’indique, on doit s’attendre à d’autres témoignages de son activité scénique – et se montre effroyablement à l’aise devant un public qu’il invite à l’intimité et pour qui il développe, de façon expansée et phénoménale, un sens de l’improvisation qui magnifie encore un peu plus des compositions mêlant essences psychédéliques, touches-à-touches progressives, parfums jazz prononcés et cadences hypnotiques (dans le groupe, tous plus ou moins manient des percussions). Ce n’est pas si courant que je m’y laisse aller, à cette expression galvaudée, mais le voyage dans lequel nous aspire Superfjord nous ramène à la féérie des émissions de Patrick Bauwens (mais si, la série des «Carnets d’Emeraude», ses senteurs spirituelles et ses musiques éclectiques – une respiration en radio), tout en nous propulsant dans une stratosphère habitée par une de ces rares déités sans autre religion que le monde sonore.
Auguste
https://superfjord.bandcamp.com/album/for-the-moment-vol-1
https://www.youtube.com/watch?v=z1PD6s70L3k&ab_channel=Superfjord-Topic
31/10/2021
Everlust
Diary Of Existence
gothic metal – 47:07 – Lituanie ‘21
Il s’agit ici du 2e album de ce groupe lituanien dont la musique, subtil mélange d’arpèges cristallins et de riffs métalliques qui alternent au gré des passages, rappelle Lacuna Coil, impression renforcée par le fait que le timbre de voix de sa chanteuse Kate Halfdead est semblable à celui de Cristina Scabbia, mélodieux, doux mais expressif, énergique dans les parties metal, caressant dans les moments calmes. Mais il serait réducteur de se limiter à cette comparaison car en bien des points le groupe affiche une personnalité propre, en insérant notamment dans ses compositions des passages plus progressifs.
Vu le genre, on est donc dans des ambiances mélancoliques, romantiques dans les accalmies, sombres dans les envolées trépidantes. Cela démarre avec l’inquiétante plage «Gemini» digne d’un film fantastique, avec des rires diaboliques, chuchotements et autres bruissements étranges… Celle-ci est enchaînée par le titre «Land of Dreams», efficace avec un bon riff d’attaque souligné par des accords limpides typiquement gothiques/dark wave et la voix cristalline, le ton est ainsi donné.
Le groupe dévoile toute l’entendue de sa palette de styles en mettant en avant-plan l’un de ceux-ci, d’un titre à l’autre. Ainsi la plage «Everlust» est plus rapide, heavy, avec des riffs tranchants et de bons soli. Sur «Alone», le groupe dévoile davantage son côté prog avec des arrangements élaborés entre trépidations rythmiques et errances acoustiques, le chant qui monte en puissance et des poussées d’adrénaline épiques. «Destroyer», comme son nom l’indique, est plus carré, direct.
À l’instar de Lacuna Coil, sur certains titres, un chant masculin, celui du guitariste Vlad Pucens, côtoie le féminin, mais son timbre, lui aussi, est clair et mélodique. Ce tandem vocal constitue un bien bel atout pour le groupe, ces vocalistes affichant de brillantes prestations, gorgées d’émotions.
Au fil de l’écoute, les compositions n’en finissent pas de dévoiler leurs charmes; sur «Despair», décliné sur un rythme lent, les deux vocalistes délivrent d’envoûtantes mélopées et cette fois-ci c’est l’album «Aegis» de Theatre Of Tragedy qui se rappelle à notre bon souvenir. «Entwined» et «I Never Was» sont du même tonneau, ainsi que d’autres titres aussi brillants et toujours riches de cette intensité émotionnelle. À noter l’étonnante reprise du titre «Writings on the Walls», originellement interprété par Sam Smith pour le générique du film «James Bond 007: Spectre».
La mélodie reste toujours de mise dans cet album brillant, à la production impeccable, qui plaira à coup sûr aux amateurs de metal gothique et qui marque l’esprit en l’emmenant dans les limbes de notes vaporeuses et prenantes.
Orcus
https://everlustband.bandcamp.com/album/diary-of-existence-2021
https://www.youtube.com/watch?v=UzkM8_WiKsU&ab_channel=WormHoleDeathLabel