Septembre 2022

01/09/2022


The Dear Hunter
Antimai
crossover prog / funk fruité – 50:44 – USA ‘22
The Dear Hunter est le projet du guitariste Casey du groupe post-hardcore The Receiving End Of Sirens, groupe qu’il a quitté pour s’y consacrer dès 2005; des histoires concernant la vie d’un garçon au tournant du 20e siècle, ici le 9e album concept sur la vie de la dernière métropole en froid avec les valeurs d’origine; XTC, The Mars Volta, The Trail Of Dead ou Genesis me viennent en tête mais il faut bien écouter et voir avant l'EP «The Indigo Child» pour bien comprendre la trame mélodique recherchée.
Huit Rings avec «Poverty» air bucolique, instruments à cordes, sur accords fruités des XTC et Joe Jackson; sax et trompettes mettent le rythme dans la pop prog new wave enchanteuse, sur «Train Of Dead», alambiqué et créatif. «Industry» basse forte, la rythmique groovy sur un Earth, Wind & Fire; break aérien symphonique, grandiloquent et solo basse. «LoTown» à l’entame onirique amenant la voix langoureuse de Casey; ça monte sur une ambiance pop prog fruitée, mélange de Mars Volta et d’XTC à nouveau; break spleen batterie saccadée et trompette détonnant. «Middle Class» où l’esprit prog est mis en évidence avec des instruments à vent énergiques; attention à la surprise pour les fans de l’instrumentation classique rock.
«Patrol» envoie sur «Cherchez le Garçon» pour expliquer le rythme enjoué; clavier 80’s qui permet à Casey d’exprimer tout son talent; dérive cinématique avant la reprise du refrain, trompette agressive et final de BOF. «Luxury» plus long titre avec voix de magister et rythme pop effréné; le break rappelle le synthé des Devo sur la BOF «Métal Hurlant»; la diversité aborde l’opéra baroque; break avec un solo guitare clairet et final flirtant avec la folie Zappa. «Nature» au son XTC suintant pour une pop song bucolique fruitée; break saxo sur les Blues Brothers. «Tower» ballade romantique jazzy, groovy à l’instrumentation à vent; la voix rappelle l’excellent album de Joe Payne entre symphonisme baroque et pop d’opérette déjantée; final à l’Alpenhorn.
The Dear Hunter enfonce le clou du creuset musical progressiste en mélangeant instrumentation et voix, ambiances jazzy, funky et tonique; un arrangement sonore singulier, créatif, qui botte le cul aux conventions; souvent formaté au style néo prog je me suis juste éclaté lors des écoutes de ce bijou OMNI. Disponible en vinyl, K7 et autres supports normaux pour ce son alambiqué, un groupe et un son à part.
Brutus
https://caveandcanary.bandcamp.com/album/antimai

https://youtu.be/ElsKO56ZYck

02/09/2022

Gerald Peter Project
Incremental Changes, Pt. 2
rock progressif symphonique / electro – 54:41 – Autriche ‘22
Il était musicien sur un bateau de croisière, jouait le répertoire de «La Croisière s’amuse» («The Love Boat»), (non je rigole), et composait secrètement ses propres thèmes dans l’espoir, un jour, de les matérialiser. Ce fut le cas dès 2014, année où Peter crée son projet qui verra sortir ses premiers enregistrements en 2015 mais dont «Incremental Changes, Pt. 2» est véritablement le premier album.
Musicalement, le claviériste, entouré du batteur Aaron Thier, de quelques guests, Jordan Rudess, Julie Elven et Martin Miller, voyage sur les eaux, (facile), du rock progressif bigarré voguant, (décidément), au gré de diverses vagues ( [😉] ) le menant aux frontières du néo-classique, du classique romantique, du smooth jazz, des ambiances cinématographiques (cinématiques comme disent les branchés; moi ça fait longtemps qu’on a retiré la mienne, de prise) et bien entendu de la musique électronique. Cette musique vous rappellera donc peut-être les travaux de Jordan Rudess, de Hans Zimmer mais aussi de Cody Carpenter (le fils du père).
De belles parties pianistiques qui évoluent vers du symphonisme parfois légèrement musclé, on songe alors à Dream Theater.
Musique instrumentale, sans écorchure, que l’on pourrait savourer comme musique de fond mais qui se révèle bien plus complexe et nécessite donc une écoute plus attentive.
Album agréable, balancé entre musique symphonique classique (limite à la The Enid), rock progressif complexe et séquences électro.
Agréable.
Centurion
https://geraldpeter.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=1p1l7gLBktI

03/09/2022

Dirty Shirt
Get Your Dose Now!
avant-garde / avant-metal – 48:42 – Roumanie ‘22
Diable, j’ignorais jusqu’à l’existence de Dirty Shirt alors qu’ils ont déjà sorti six albums en comptant celui-ci. Pour ceux qui ont adoré, tout comme moi, Diablo Swing Orchestra, ceci devrait logiquement être votre nouvelle came: mêmes mélanges musicaux improbables, même fougue dans l’interprétation, même inventivité. Que demander de plus? Zut, j’en suis déjà à ma conclusion. Bon OK, je vais développer un peu ma pensée car si, il m’arrive de réfléchir, parfois…
Dès le début de «New Boy in Town», le groupe nous invite et nous montre que si l’on sème le vent, on récolte le tempo, le tout dans une ambiance psyché rappelant les films de gangster du bon vieux temps passé. «Pretty Faces» se partage entre DSO déjà cité plus avant et le ragga (!). Avec son aspect festif et ses flutiaux, «What’s Going On» n’a absolument aucun rapport avec Marvin Gaye. Toujours un flutiau pour entamer «Hot For Summer» qui se métallise plus vite qu’on ne l’imagine, étrange mélange entre Rhapsody et les groupes usant et abusant des growls les plus lourds. Suite des voix gutturales et des sautillements plus primesautiers avec «New Conspiracy». Le titre suivant, en deux parties, n’est sans évoquer Nick Cave mâtiné de vocalises et mélodies orientales.
En tous les cas, vous ne serez pas volés à l’acquisition de cette plaque puisque Dirty Shirt nous propose pas moins de quatre plages bonus. Faites-vous plaisir!
Tibère
https://dirtyshirt.bandcamp.com/album/get-your-dose-now
https://www.youtube.com/c/DirtyShirt

04/09/2022

Post Generation
Control-Z
metal progressif (mais pas que) – 62:01 – UK/Italie ‘22
A débuté en 2014 en tant que projet parallèle du bassiste de Diaries Of A Hero, Matteo Bevilacqua. Le musicien anglo-italien s'est éloigné de son passé de heavy metal et a exploré différentes voies musicales, suivant les traces de groupes tels que Porcupine Tree, Anathema ou Pain Of Salvation. Avec ce deuxième album, Post Generation n’est plus dans les traces mais chemine à côté de ces groupes cités.
Matteo Bevilacqua n’a pas à rougir face à Steven Wilson, Daniel Cavanagh ou Daniel Gildenlöw…
Ce projet qui était autrefois un projet solo implique désormais le claviériste/multi-instrumentiste Carlo Peluso et le bassiste Antonio Marincola, ce qui permet à Matteo de se concentrer sur le chant et les guitares. Avec les batteurs de session Christoph Stahl, Paolo Rigotto (également l'homme derrière la table de mixage) et la chanteuse de session Michaela Senetta, «Control-Z» est un album concept gigantesque qui a mis 7 ans à sortir en raison de sa complexité. Vous y trouverez des relents de musiques contemporaines («What’s The Worry») et des sons jazzy (les intros de «About Last Night», «You’re The Next Line») et au détour d’un riff bien pêchu vous serez surpris par l’intervention d’un bois («This Is My Day») ou de cordes. L’acoustique virevolte avec l’électrique pour notre plus grand plaisir. Les voix féminines (Ah ce «Nathalie»!) alternent avec celle de Matteo.
Seule une version numérique est proposée à ce jour; pour la version physique il faudra attendre fin 2022. Il semble que cela vaille la peine d’attendre tant l’œuvre visuelle accompagnant la musique sera riche et abondante.
Redoutable d’efficacité, d’un niveau de composition élevé, d’une exécution parfaite, cet album doit figurer impérativement dans votre collection. Je mettrais juste un petit bémol vis-à-vis de la qualité d’enregistrement (quelques saturations)… Mais c’est peut être ma copie numérique ou mon matériel.
Publius Gallia

https://open.spotify.com/album/2lcPzDwO58ZgRf7PvrSSmk

https://www.youtube.com/results?search_query=Post+Generation+-+Control-Z

05/09/2022

Six By Six
SiX BY SiX
rock progressif/AOR – 47:25 – International ‘22
Et un nouveau supergroupe, un!
La sagesse venant avec l’âge, j’ai arrêté de m’emballer d’emblée avec l’arrivée d’un supergroupe. Je vous renvoie d’ailleurs à ma chronique de Arc of Life, le 19 avril 2021, pour vous remettre en tête mon opinion sur ce phénomène typique du prog. (https://www.facebook.com/progcensor/posts/829312147673003).
Le pedigree de celui-ci est somme toute surprenant puisqu’il est composé de Ian Crichton, guitariste de Saga, Nigel Glockler qui a été le batteur de Saxon et qui a fait des piges chez Asia et GTR et le bassiste-chanteur Robert Berry dont le principal fait d’armes est la création du groupe 3 avec Keith Emerson et Carl Palmer. Cela fait donc l’association d’un Britannique, d’un Canadien et d’un Américain.
A priori donc, on est en présence de vieux briscards à qui il n’est pas nécessaire de faire la canzonetta sur la manière de faire sonner un album; admettons également que ce n’est pas un groupe de jeunes premiers et donc, peu de chances d’entendre une copie de Muse ou de Radiohead.
C’est certes un trio mais rien à voir avec Rush. Effectivement, si vous aimez l’AOR typique des années 80, cet album est fait pour vous. Les compos sont courtes et directes en privilégiant l’efficacité à la complexité. Bien évidemment, rien à redire sur le travail des musicos. Robert Berry rappelle que, outre le fait d’être un excellent chanteur (certes typé mais excellent), c’est aussi un excellent bassiste (je ne m’explique pas qu’on ne lui ait jamais proposé d’intégrer Asia). Ian Crichton (comme dans Saga) a tendance à mettre de la guitare un peu partout et Nigel Glockler fait le taf avec assurance sans forcer son talent. Seule la plage «Reason to feel calm gain» tutoie les 8 minutes en prenant des accents un peu plus prog mâtinés d’influences vaguement celtiques.
On ne peut toutefois s’empêcher de se demander la raison d’être d’un tel album en 2022. Pour les amateurs du genre, ce sera certainement un régal, mais le genre est définitivement passé de mode. Rares sont les groupes qui peuvent proposer quelque chose qui se démarque dans un genre aussi codifié, même si cela n’enlève rien à l’allant et à la sincérité qui se dégagent de cette plaque.
J’ai donc passé un moment agréable et il reste à espérer que cet album trouve son public, sinon cela risque d’être un one shot.
Amelius
https://open.spotify.com/album/5tDFk3oGpIVMcDN1HnV50D
https://www.youtube.com/watch?v=qbVUONXEXEk

06/09/2022

Church of the Cosmic Skull
There Is No Time
rock psychédélique – 37:24 – UK ‘22
Ils sont sept, tout de blanc vêtus, à constituer la mouture actuelle de Church of the Cosmic Skull. À savoir, Bill Fisher «Brother Bill» (guitare, voix, membre fondateur), Caroline Cawlay «Sister Caroline» (voix), Joanne Joyce «Sister Joanne» (voix), Joseph Stone «Brother Joseph» (violon, violoncelle), Laurence Stone «Brother Laurence» (batterie), Michael Wetherburn «Brother Michael» (clavier, voix) et Sam Lloyd «Brother Sam» (basse, voix).
Eh non, les amis, «hippies not dead» car ici tout respire l’optimisme, l’amour (et même avec un grand A, s’il vous plaît). Je ne ressens aucune agressivité à l’écoute de cette plaque musicale, bien au contraire. Voilà du psyché joyeux comme on n’en entend pas souvent.
Même si l’introduction pianistique de «Seven Rays of Colour» nous fait craindre des compositeurs intravertis, très vite l’orgue sautillant et les chœurs à l’unisson nous rassurent et nous entraînent gambader avec eux comme des cabris insouciants. La mélodie de «One More Step» me rappelle quelque chose, mais je n’arrive pas à le localiser dans ma mémoire pour une fois défaillante. «Valleys and Hills», titre en deux parties, accélère le tempo avant de nous envoler à nouveau dans l’éther. Décidément, l’orgue et les chœurs ne peuvent que me réjouir. Tout en restant dans la mouvance psychédélique, les côtés popisants sont légion et réjouissants.
Dans un monde en proie aux ambiances plus qu’anxiogènes, précipitez-vous donc pour l’écoute de cette belle tranche de bonne humeur.
Tibère
https://churchofthecosmicskull.bandcamp.com/album/there-is-no-time

https://www.youtube.com/watch?v=qPCgckeMpQg

07/09/2022

Strange Pop
Ten Years Gone
crossover / néo-prog planant – 39:22 – Pologne ‘22
Strange Pop est un groupe hommage polonais du temps des instruments analogiques; Michał Dziadosz, compositeur, chanteur et multi-instrumentiste du groupe Iluzion est accompagné des trois guitares d’Amarok, Collage et Seasonal; il propose un rock progressif vintage 70’s lorgnant sur Pink Floyd, Soft Machine, Tangerine Dream et Lunatic Soul.
6 titres s’enchaînant dont «Quiet Storm», atmosphérique sublime, son des Pink Floyd planant avec synthés et guitare vibrante à la Gilmour. «Goodbye Song» déclinaison d’«Animals»; les vocaux en réverbération, lancinants, permettant de faire monter l’émotion jusqu’à ce solo à la sauce Riis sur une rythmique électronique. «Ex Oriente Lux» arrive son sur Lunatic Soul, Kitaro pour la flûte apaisante et rafraîchissante. «Night Trip» sur une déclinaison des Riverside mélancoliques, de l’art rock dans sa conception psychédélique et méditative avec slide guitare et voix de Michal chaleureuse et suintante de spleen. «432 Bars» titre fleuve plongeant sur le son archaïque des Tangerine Dream, Ashra Tempel et Klaus Schulze, air répétitif bourré de vagues souvenirs avec montée finale frissonnante en mode drug-vintage. «All This Hope» titre radio edit court, dansant, mélodie floydienne et rythme des Eloy; de l’harmonie concentrée vintage.
Strange pop c’est donc Michal pour la basse, la flûte, les claviers et les percussions pour un voyage spatial dans l’époque psychédélique des 70’s. Un son pur sans artifice, un air sombre sur la création musicale, de l’originale musique faite pour nous faire voyager sans frais dans l’espace prog. Strange pop sort un album simple fournissant des kyrielles d’idées personnelles intimes.
Brutus

https://strangepopmusic.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=Rm_Z-jUukj0

08/09/2022

Illusionaut
The New Body Electric
rock alternatif – 40:46 – USA ‘21
Flashs, ombres et masques… Après leur premier disque en 2018: «Snow Queen» et un break incongru fin 2019, «Ryan et les Illusionautes» sont de retour pour nous libérer/délivrer leur second album, pochette façon «Willy le Borgne» des Goonies (mais pour adultes): «The New Body Electric».
Et alors? Eh bien, laissez-moi vous tenir au courant: la recherche du mystère est toujours au rendez-vous, elle a même grignoté un peu (beaucoup) plus d’espace! Les initiés ne sont plus à convaincre, Illusionaut est un écho fébrile, un passage à l’ombre avant la lumière blanche de Saint-Pierre. À l’écoute de leurs dernières compos, cette fois plus encore, sans aller dire qu’ils ont mis les doigts dans la prise, la formation semble engager une lente descente après un sévère survoltage. Le chant est juste, précis mais bas perché et obsédant, tandis que les instruments, pour sûr classiquement bien rendus, donnent l’impression d’être joués depuis ailleurs et l’au-delà. Très certainement, l’effet est recherché et fera mouche auprès de ceux qui sont en quête de se perdre sur des points d’interrogation et de suspension… Bref chez «les aventuriers des décharges perdues» qui sont légion, à ne pas en douter! Je vais, de mon côté, laisser le chapeau et le fouet dans la naphtaline. Légèrement plus séduit par leur premier opus, mieux servi en basse, j’ai malgré tout apprécié la chevauchée de quelques-uns des plus tout à fait neuf morceaux: 1/ «Bella», «comme le jour» dirons-nous, ne manque pas de sel, avec sa sympathique croisade bass/guitare, 2/ «Let The Devil» nous laisse apprécier ses funèbres claviers, 3/ «We Never Sleep» nous fait la chasse, traversant inlassablement les remparts psychédéliques de nos sensations, avec flingues et cartouches kalaïdosquopiques. Tiens donc? C’est à la queue de l’album que nous ramassons les volts, la lumière et la grâce, ma foi, pourquoi pas?
Toutefois, de mon point de vue, ces morceaux vous apprivoiseront sur la longueur, les intros n’étant jamais ces feux d’artifices électriques qu’on croyait attisés par le titre de l’album! Nous sommes derrière les flammes des chandeliers, les clairs-obscurs, les demi-teintes, à attendre qu’on vienne nous chercher; si plusieurs vont tendre leurs mains, je vais les laisser dans mes poches, l’âme vaguement intéressée mais en tous les cas (plus ou moins) moyennement excitée!
Kaillus Gracchus
https://open.spotify.com/album/4svlO8bBW4zYai6qJWAA8T

https://youtu.be/UXTDJGaY0rQ

09/09/2022

Caravaggio
Caravaggio
rock progressif méditerranéen – 54:48 – Italie ‘22
Les guitares rutilantes, le chant parfois choral et en anglais, la rythmique solide sans fioritures, pour un ensemble transpirant l'efficacité qui pourrait faire croire à un bon prog américain. Mais très vite des instruments inhabituels nous ramènent autour de la Méditerranée: bouzouki, accordéon, guimbarde, castagnettes parsèment ce 1er album. Il y a aussi un apport de l'électronique, tel le vocoder parcimonieux de «Not on me». Bref, ils ne s'interdisent rien: à la fois mainstream et inventifs!
Ce quatuor créé en 2015 par le guitariste Fabio Troiani dont certaines compositions ne cadraient plus avec le style metal prog de son groupe Adramelch. Le chanteur d'Almadrech, Vittorio Ballerio, suivi par Marco Melloni (basse) et Alessio Del Ben (batterie, jouant aussi avec Quel Che Disse Il Tuono) se joignent alors à lui pour compléter le quatuor.
Mention à la voix multiforme de Vittorio, suave sur «Before My Eyes», au bord des larmes sur le beau «Guernica» mais aussi péchue et haut perchée, c'est un vrai plus dans la palette de ce Caravaggio.
«Guernica» est une belle démonstration d'une parfaite fusion texte musique, la guitare hispanisante, l'accordéon, les castagnettes, la caisse claire martiale, jusqu'au solo de guitare, tout est parfaitement émouvant.
«Unlike Dolphins», initialement teinté jazz, démontre une certaine tension; l'étonnante incantation amérindienne est une évidence qui vous restera en tête!
«Pompeii»: les cigales et la mandoline nous font immédiatement entrer dans ce trop court morceau majestueux et inattendu où guimbarde et castagnettes font merveille. Plus convenue, l'efficace ballade «Fix You» permet d’apprécier un peu plus les belles lignes de basse de Melloni et une fois de plus la voix de Ballerio. «Life Watching»: arpèges et flûte introduisent l'ultime morceau qui nous laisse nostalgiques à la fin de la piste d'un bien beau trek, en 10 étapes, qui nous a promenés intelligemment en terres inconnues autour d'une Méditerranée progressive.
Cicero 3.14
https://caravaggio1.bandcamp.com/releases
https://www.youtube.com/watch?v=5lF3FgiVJRs

10/09/2022

ᴉGeRaldᴉ
The Lost Tapes
rock expérimental/progressif – 46:48 – France ‘22
Par son ancrage conceptuel, cinématographique (la folie ordinaire du «Vol au-dessus d’un nid de coucou» mis en scène par Milos Forman sur base du roman psychédélique de Ken Kesey), plastique (la «Fontaine» provocatrice de Marcel Duchamp) et philosophico-littéraire (Albert Camus: la croyance pour vivre, nonobstant l’absurdité de la vie), autant que musical (Magma ou King Crimson) la musique de !GeRald! prétend à une imprégnation intellectuelle, toutefois suffisamment énervée («Waterfront Ratholes Act II») pour dépasser la condition strictement neuronale: à 4 + 1 (guitare, basse, percussions, clavier – et voix, plus un projectionniste – l’image, toujours l’image), le groupe explore dans une large mesure un sillon non revendiqué, celui de l’italo-slovène Devil Doll, avec cette colonne dévertébrée abrupte romantico-gothique (le piano dans «Waterfront Ratholes Act I»), ces emprunts empreints de classicisme («Fire in a Madhouse») ou de jazzitude («Still Fire in a Madhouse»), cette conviction théâtrale (les deux se sont assoupis avec Antonin Artaud sur la table de chevet) qui naît d’une condition humaine incompréhensible. Grandiose? Décadent? Franchement, il y a quelque chose…
Auguste
https://gerald-omniscient.bandcamp.com/album/the-lost-tapes
https://youtu.be/cXZGiN8q_7I

11/09/2022

Septicflesh
Modern Primitive
death metal progressif et symphonique – 53:46 – Grèce ‘22
Pour ce onzième album studio de Septicflesh, on retrouve le triumvirat présent depuis la formation du groupe, il y a déjà plus de 30 ans, à savoir: Seth Siro Anton au chant et à la basse, Christos Antoniou à la guitare et à l’orchestration et Sotiris Anunnaki V au chant clair et à la guitare à 12 cordes. Sur cet album-ci, ils sont accompagnés de Kerim «Krimh» Lechner à la batterie et de Psychon à la guitare, ainsi que d’autres musiciens aux instruments traditionnels. Collaborent également avec le groupe la chorale d’enfants Libro Coro et l’Orchestre philarmonique de Prague.
Comme par le passé, nos amis hellènes restent fidèles au son lourd (voire épique) qui les caractérise [note de Tibère: j’en connais qui diraient «encore un groupe avec un batteur épileptique et un troll au chant»] ainsi d’ailleurs que les envolées lyriques et symphoniques associées à des aspects nettement plus proches de la musique classique. Notons toutefois que le chant habituellement typiquement death metal peut se muer (un peu trop rarement) en chant clair (sur «Neuromancer» ou «Modern Primitives»). Une voix angélique se fait même jour sur «Coming Storm».
Pour ma part (La Louve), il y a longtemps que je n’ai plus écouté un album de Septicflesh mais j’ai quand même le souvenir qu’il s’agit en effet de la même recette, néanmoins je ne boude pas le plaisir d’écouter cet album.
Pour moi (Tibère), les 3 titres bonus, purement orchestraux, sont de toute beauté et rendent «Modern Primitive» indispensable.
https://septicflesh.bandcamp.com/album/modern-primitive
https://www.youtube.com/watch?v=czRT12CiJp8

12/09/2022

PreHistoric Animals
The Magical Mystery Machine (Chapter Two)
heavy pop prog – 46:17– Suède ‘22
PreHistoric Animals s’est fondé en 2015 sur une base prog alternative dans la lignée d’un A.C.T en plus lourd. Stefan avec Daniel (ex-Pain Of Salvation) s’orientent sur un métal mélodique avec ce 2e chapitre, toujours sur l’histoire de Cora et Jareth empêtrés dans une histoire de complot où la fin du monde approche. Du groove et des riffs pointus avec des soli où le feeling est mis avant la dextérité et des relents de Rush, Muse, Evership, Pinn Dropp et Hillward que j’ai chroniqué l’an dernier. (https://www.facebook.com/progcensor/posts/852065315397686).
«An Empty Space» intro électro spatiale voix en arrière et «We Harvest the Souls of the Brave» arrive puissant et mélodique; djent par le riff des guitares nerveuses, les nappes de synthé venant tempérer l’ardeur, sur les 30 sec To Mars et Haken; le solo guitare bien trempé décoiffe. «I Am the Chosen One (and I Like It)» dans la même lignée avec une basse tonitruante soutenue de claviers; monolithique et électro, long et latent. «Ghostfires» avec un riff bien placé et une voix douce confirme le côté alternatif rock; la seconde partie en porte voix amplifiant le refrain emmène l’auditeur, à noter un solo guitare aérien et nerveux qui déroule tout seul. «Cora's New Secret» belle intro courte; titre consensuel avec le refrain et le solo qui tue.
«The Protectors of the Universe» intro spatiale longue qui me plaît, synthé en réverbération, titre doux jusqu’à une accélération voix et rythme qui fait frissonner et donne du caractère. «2100 (New Year's Eve)» au tempo ralenti, phrasé nerveux et son rappelant les titres-stades du métal, ça change dans la continuité mélodique. «Pull Me In» court pour la ballade synthétique, lorgnant sur la pop prog électro. «It's a Start, Not the End» neuf minutes pour le titre au charisme, à la sensibilité forte; voix admirable, le solo guitare sérénade, la lourdeur du break, la dérive planante, tout est là pour fondre de plaisir.
PreHistoric Animals a fait une symbiose musicale du rock progressif, alternatif et de la pop endiablée, un condensé de rock tous étages qu’il ne faudrait pas oublier rien que pour le dernier titre.
Brutus

https://prehistoricanimals.bandcamp.com/album/the-magical-mystery-machine-chapter-2

https://www.youtube.com/channel/UCmwgFSi_ECR4E2J8hCPiRFw

13/09/2022

RanestRane
Apocalypse Now
ciné-concert symphonique – 77:55 – Italie ‘22
Je ne présenterai pas le groupe, car pour vous rappeler qui sont ces étranges grenouilles réputées pour leurs ciné-concerts, je vous invite à consulter les chroniques précédentes!
(https://www.facebook.com/progcensor/posts/802803700323848/)
Ils revisitent ici «Apocalypse Now» dont la bande son originale, outre les compos du père du réalisateur, est déjà un régal sonorisé par les Doors, les Stones, Wagner et, pour les séquences psychés, par des membres de Grateful Dead et des Mothers of Invention...
Mais ce n'est pas du tout un pèlerinage qui est proposé. Ce sont 9 compositions inspirées par le film, chantées en italien, ce qui rend un peu étranges les extraits VO des voix du film!
Mais quelles compositions!
L'initial «Saïgon» a l'ambiance d'un Pink Floyd des années 2020, la technicité au service de la mélodie, un clavier plus électro, parfois. «Cuore di Tenebra» (Pt1 et Pt2), morceaux très narratifs, sont plus légers, mais de derrière sa batterie le chant de Daniele Pomo, ainsi que les chœurs de Riccardo Romano (clavier, voir son album solo dans nos chroniques) restent prenants.
L'un des 2 epics «Napalm» ne pourra que vous embraser, pendant 20 minutes, par ses ambiances parfois angoissantes faites de tempi lourds (quelle batterie cardiaque à mi-morceau!) et de guitares saturées, mais aussi par son souffle... épique, fait de belles envolées de claviers et de guitares saturées. L'héliporté «Playmate» est plus rock. «The Eden Cries»: la guitare de Massimo Pomo, qui ouvre, pleure magnifiquement! Cette piste (10 minutes d'ambiances diverses) multiplie nos expériences, les rizières, la brume et la touffeur entre vos oreilles. Riche!
«The Horror», le 2nd epic, est très fractionné, entre tempo lourd (basse de Meo!), claviers réverbérés, guitare saturée et ballade symphonique. Entre peur et fascination. Objectif atteint.
Ce groupe de grand talent mérite toute votre attention et plus encore si vous parveniez à assister à l'un ou l'autre de leurs ciné-concerts, vous y seriez épatés; à défaut, ruez-vous sur le disque qui se suffit à lui seul!
Cicero 3.14
https://maracashrecords.bandcamp.com/album/apocalypse-now

https://www.youtube.com/watch?v=dILnVgraYwc&list=PLVcexO8welKL96GYBWgukL1WV_omYFuTZ

14/09/2022

Face the Day
Echoes of the Child's Mind
rock progressif mélancolique – 37:47 – République tchèque ‘22
Le projet parallèle Face the Day a été lancé en 2014 par Martin Schuster du groupe trash/death Mindwork.
Notre musicien, basé à Prague, explore ici les frontières du prog-rock mélancolique.
Un premier single, «Losing the Anima», sort en 2014, suivi du premier album (passé plutôt inaperçu) «Corroding Dreams», en juin 2016.
Prenant un virage plus rock progressif, s’ensuit un deuxième album studio, «Stuck In The Present», fin 2018, qui lui rencontre un succès certain qui justifiera l’adjonction de collègues musiciens afin de défendre l’album sur scène.
Il faut ensuite attendre 4 ans pour un troisième opus.
La musique contient quelques éléments métal et intègre plusieurs genres musicaux, allant du post-rock instrumental à l'art rock et rendant, ici et là, un hommage aux chefs-d'œuvre classiques des années 1970, mais avec une approche rock progressif moderne, dans le style de Porcupine Tree, Mogwai, Pink Floyd. La musique, sous l’impulsion et grâce au soutien d’une section rythmique sans faille, est atmosphérique et mélancolique, avec une bonne utilisation des claviers et des guitares. Ne loupez pas le trop court solo de saxo du dernier titre…
L’ambiance générale est plutôt sombre et lourde, parfois hypnotique, portant les thèmes de perte, de chagrin et de mélancolie tout au long des 38 minutes de cet album réalisé à l’occasion de circonstances familiales tragiques.
Martin Schuster s’est retrouvé à se remémorer son passé et ses souvenirs d’enfance. Il a également retrouvé sa collection de cassettes et réécouté des musiques qu’il n’avait pas entendues depuis bien longtemps. En ce qui me concerne, j’entends même Jan Akkerman («Panta Rhei») et Simon & Garfunkel («Last Kiss»).
Les titres sont chantés avec ce qu’il faut de spleen pour vous emmener tout au long de la route de retour des vacances…
Si vous ne deviez n'en écouter qu’un, ce serait le premier titre, représentatif du travail de notre musicien et de ses invités qui alternent acoustique et électrique dans leurs interventions.
Publius Gallia

https://facetheday.bandcamp.com/album/echoes-of-the-childs-mind

https://www.youtube.com/watch?v=8PVwIzlvEWk

15/09/2022

Baber / Wileman
Baber / Wileman
rock progressif apaisant – 39:19 – UK ‘22
Que voici un projet étonnant qui associe Matt Baber (du groupe de new prog Sanguine Hum) à Richard Wileman (de Karda Estra, néo-classique). Notons également, pour être complet, la participation d’Amy Fry sur trois titres à la clarinette et au chant. Nos deux acolytes principaux ne sont pas ici à leur première collaboration puisque Matt avait déjà participé à l’élaboration du titre «Mondo Profundo 1» sur l’album précédent de Karda Estra.
C’est une courte pièce au piano, intitulée «Four», qui introduit cette plaque. Le ton est donné: la musique sera apaisante et digne du plus grand intérêt. «Souvenir» voit le chant arriver, il se montre délicat, tout comme les splendides accords pianistiques qui l’accompagnent. Le son du piano se fait plus grave. Nous voici partis pour «Mondo Profundo 4», suite logique à l’album cité plus haut. C’est sur «Emperor» qu’intervient la première apparition, discrète cela dit, d’Amy et sa voix éthérée fait des merveilles. «2009» nous attend au son de délicats arpèges de guitare mêlés à la clarinette enchanteresse de l’amie Amy.
Un album à écouter de préférence au printemps, lorsque la nature commence à revivre et nous encourage aux longues promenades champêtres, la tête emplie de douces rêveries.
Tibère
https://baberwileman.bandcamp.com/album/baber-wileman
https://www.youtube.com/watch?v=aALGVdXsLAw

16/09/2022

Jalayan
Floating Islands
space-rock – 45:37 – Italie ‘22
Groupe de Milan formé en 2017. 1er album en 2019, «Sonic Drive». Alessio Malatesta aux claviers, Matteo Chiappa à la basse, Vincenzo Calvano aux guitares et Dario Marchetti à la batterie.
«Tilmun»: une intro réminiscente d’Ashra (période «Belle Alliance») et une guitare très Ozric Tentacles. Un space rock très dynamique et puissant qui rappelle «Pungent Effulgent». Heavy à souhait. Voilà un groupe que je verrais bien au Kozfest ou au Sonic Rock Solstice.
«Nemesis»: une production aux motivations écologiques qui envoie du bois; cela fait du bien. Je pense à une version plus musclée de «Surfing with the Alien».
Bon disque de rock spatial qui évoque aussi le premier «Automatic Man» de Mike Shrieve et des groupes à la Nebula. Instrumentation de premier ordre.
«Edination»: très Ozric de nouveau, une bonne pérégrination cosmique. Le guitariste sonne très Joe Satriani, ce qui me va bien au teint. Un final aérien au possible.
«Star Stairs»: un excellent escalier que j’aimerais localiser afin de planer. Le format instrumental leur réussit bien. Le son de la guitare me rappelle à nouveau «Satch» et c’est chouette. Cosmique et hard rock, toujours la signature Ed Wynne avec les pointes électro.
«Fire of Lanka»: un titre très sympathique dont les auteurs peuvent être heureux. Un excellent rock cosmique bien construit et massif.
«Colliding Orbits»: avec de bonnes influences reggae et dub pour faire bonne mesure. Comme je l’ai dit plus haut, ils seraient à leur place dans une myriade de festivals underground britanniques. Eux aussi j’ai envie de les voir.
«Narayanastra»: une guitare pleine de lyrisme aux influences indiennes avec un fond de Popol Vuh. Vraiment excellent. Un plus pour le feeling à la six cordes. Je passe un bon moment...
«Shem Temple»: étape finale dans le temple psychédélique pour une conclusion de toute beauté avec abondance de riffs agressifs et d’échappées acides.
Très bonne découverte.
Fatalis Imperator
https://jalayan.bandcamp.com/album/floating-islands
https://www.youtube.com/watch?v=rZTWKg-96lg

17/09/2022

J. Peter Schwalm, Stephan Thelen
Transneptunian Planets
rock atmosphérique – 60:43 – Allemagne/Suisse ‘22
C’est aussi le job – et certainement le plaisir – d’un patron de label (ici RareNoise Records) de créer des ponts entre les mondes musicaux qu’il entrecroise dans ses publications: à l’origine de la collaboration entre le compositeur électro-acoustique J. Peter Schwalm (il vit à Francfort) et le guitariste matheux Stephan Thelen (né aux États-Unis mais basé à Zurich) est l’idée, furtive, attentive et créatrice de Giacomo Bruzzo, qui tente d’imaginer (suffisamment, pour donner envie, mais pas trop, pour laisser le champ ouvert) ce que pourrait donner un monde sonore dystopique (comme en produit le premier), structuré par l’architecture polyrythmique du second. La chose se construit au fur et à mesure des allers-retours entre les deux musiciens, qui se donnent pour consigne libertaire une complète autonomie dans le traitement accordé à la contribution de l’autre – à quoi s’ajoutent des interventions extérieures de guitare, basse et batterie de la part de copains du monde habituel de l’un ou de l’autre. Le processus débouche sur huit compositions immersives qui forment un langage, à la fois idiosyncrasique et marqué de la patte de chacun, des sculptures sonores à l’abstraction stellaire, dans lesquelles on se laisse couler – au risque de s’y noyer.
Auguste

https://stephanthelen.bandcamp.com/album/transneptunian-planets

18/09/2022

Apeiron Bound
Multiplicity
metal progressif – 65:14 – USA ’22
Formé en 2018, ce groupe venu de Tampa en Floride vient de sortir son premier album. La plage d’ouverture, «Astral Projection», dans une atmosphère crépusculaire, laisse présager un album de prog classique, mais, dès que déboule le titre «Thought and Memory», le ton est donné, guitare aiguisée, choeurs virils et guerriers, il y a bien du metal là-dedans! Mais de la mélodie (notamment au niveau du chant) et surtout un break (avec un long passage de claviers) confirment que l’on est bien en territoire prog. Ce moment calme est contrebalancé par un retour en mode trépidant. Ceci donne le ton de l’album. Le piano joué en mode classique est l’un des atouts du groupe, il intervient en intro ou en plein milieu des compositions. Celles-ci s’enchaînent. «Eleutheromania» se veut davantage metal, avec du chant guttural, les riffs dédoublés, des battements décuplés, mais le chant et les breaks mélodieux inversent la vapeur, atténuant l’ébullition métallique.
Sur le bien nommé «Melancholic Zen», un titre instrumental, le piano n’est plus là que pour faire de la déco sonore, il crée une véritable ambiance et instaure un climat sombre. Ce titre sert de pont vers la suite, «My Sweet Stockolm», sur une déferlante de riffs à nouveau bien aiguisés et le chant criard, dans une subtile instrumentation prog metal à rebondissements rythmiques variés. Le côté obscur enfonce encore plus le clou, puisqu’ici il s’agit de death metal technique, certes, progressif bien sûr, mais ça décape sec! Là encore, un long passage atmosphérique refroidit la machine prête à exploser de tous ses riffs d’acier. Ce cas de figure reviendra avec, notamment, le titre «Astral Reflections».
Le groupe abat ses cartes au fil des compositions, montrant un jeu aux styles variés, tandis que s’enchaînent les titres, entre rage, dynamisme et reprise de souffle en atmosphère calme. Tel le titre «Firmament», entre clarté parfois presque pop et déchirement metalcore, ou encore «Emotive servitude», «Absent Familarity», toujours aussi carrés, barrés, mais souvent mélodiques. Les titres instrumentaux, autres atouts du groupe, servent de raccord («Precocious Tribalism», «Chaotic Fervor») dans des ambiances SF.
On pense souvent au groupe Threshold dans ce rapport néo-prog/metal prog. Dans les moments plus sombres, à Wolverine, Opeth, le tout remué par moments avec des intonations de death bien sulfureux! Le côté souvent déjanté de l’ensemble n’est pas sans rappeler non plus Devin Townsend.
Finalement, cet album porte bien son nom avec ses facettes multiples qui en font un mets de choix pour les amateurs de musique progressive aux reliefs accentués.
Orcus
https://apeironboundmusic.bandcamp.com/album/multiplicity
https://www.youtube.com/watch?v=Qeknb5qcYbk

19/09/2022

Jupu Group
Umpeen kasvoivat polut
jazz rock – 37:05 – Finlande ‘22
Si vous effectuez des recherches sur le net, vous trouverez des traces de l’existence de Jupu Group en 1975 avec leur album «Ahmoo». De cette époque, ne subsiste que le fondateur, Juhani ‘Jupu’ Poutanen. Ce dernier a réuni un nouveau groupe comprenant Helena Anhava, Helvi Juvonen, Otomo no Yakamochi et la chanteuse Meerika Alhqvist. Les compositions de «Chemins égarés» sont toutes l’œuvre de cette nouvelle entité et voyagent allégrement entre jazz rock échevelé, progressif pur jus, de blues jazzy, folk scandinave. On y découvre même un soupçon d’avant-gardisme, la plage «Kapriisi» en est un bon exemple de ce mélange hétéroclite. Le travail sur les voix est époustouflant, tel sur «Istut Yksin», sans que pour autant les instrumentistes soient oubliés, d’autant que le violon est omniprésent. Pour la plage titulaire, je n’hésiterai pas à effectuer un rapprochement avec nos Cos nationaux!
Si les différents styles musicaux évoqués dans cette chronique sont votre tasse de thé, précipitez-vous sur cette production hautement recommandable!
Tibère
https://jupugroup.bandcamp.com/album/umpeen-kasvoivat-polut
https://www.youtube.com/watch?v=g1soBUB8dAw

20/09/2022

Endless Valley
Nayivada
rock psychédélique/progressif – 39:08 – Australie ‘21
Parfois, sans qu’on s’y attende, alors qu’on traînasse au long d’un itinéraire cent fois parcouru (ici, un royaume imaginaire, une société utopique, des cultures ancestrales, des possibilités infinies), un éclat au fond du tamis (ici, le sens mélodique) attire l’attention et les doigts farfouillent, à tout hasard, sans trop d’illusion – mais, quand même l’espoir, l’envie, l’aspiration à l’inspiration, celle de l’artiste qui toujours, un peu, renouvelle, peaufine, va plus loin, (r)évolutionne, surprend, touche… «Nayivada», du groupe de Brisbane Endless Valley est une de ces pépites, qui surgit comme une certitude, pétrie de rêves d’enfance et d’innocence (ceux de la chanteuse-percussionniste Luna… Nayivada) – à la naïveté insupportable pour le trader, à la senteur de pureté pour le poète pacifiste –, six compositions finement abouties qui coulent avec évidence dès la première écoute, sans hiatus d’un bout à l’autre de ce premier album (simple, ramassé, arrangé avec goût et doigté): il n’y a là, à la fois, aucune surprise, et une beauté, simple et lumineuse, qui étale sa présence sur chaque centimètre carré de peau – et qu’on aime.
Auguste
https://4000records.bandcamp.com/album/nayivada
https://www.youtube.com/watch?v=SyMOEqEnHAE

21/09/2022

Mental Fracture
Disaccord
heavy prog – 52:05 – Israël ‘22
Mental Fracture, groupe de rock prog métal israélien, s’inspirant de Dream Theater, Porcupine Tree, Muse, Haken, Tesseract, Leprous, Tool et les Sky Architect que j’ai eu le plaisir de chroniquer par ailleurs; rock pop frais, jazzy par moments; son à la limite de la rupture, dissonance complexe, énergique, baroque, tourmentée. Rock déjanté fusionnant le métal, le jazz-rock et des effluves folkloriques diverses, une fracture mentale sonore.
«Echo of a Heartbeat»: intro cristalline cinématographique avec le violon rappelant les Light Damage pour ce son guimauve. «Summer Dies»: prog rock aux touches nostalgiques et la voix d’Ori, piano flirtant jazz rock bossa nova; solo guitare enjoué arrivant d’un coup en mid-tempo; de l’art rock innovant. «Goodbye Forever» entre beauté cinématique, stress vocal, métal opéra et pop à la Muse. «Hello»: rock avant-gardiste aux breaks saccadés, ambiance staccato, Yogev en guitar hero. «Concrete Wall»: air pop aéré avec piano de base, un peu des XTC, titre sur les problèmes de communication; riff djent et piano jazzy qui raccroche, novateur, à la Zappa et voix à la Leprous.
«Inception of Fear»: intro old-school riff et orgue avec overloops, breaks inattendus, guitare grinçante, voix hurlée et l’orgue ouaté; final jouissif. «Disaccord»: intro folklo orientale tonitruante puis jazzy; riff et synthé giclant leurs notes colorées. «Clockwork»: rock métal complexe, syncopé sur Tesseract, la basse imposante rythmant l’apport des guitares virevoltantes; le break jazzy avec Hai et Philip qui s’en donnent à cœur joie, sublime. «Hearts of Stone»: voix qui tire sur The Darkness, des vagues musicales avec guitare baroque à la Malmsteen, la baffe tout simplement.
Mental Fracture m’a bluffé; d’une impression de rock métal bigarré sans trop de saveur et bourré de réminiscences, les écoutes successives m’ont fait changer d’avis; ces pistes variées avec grandes plages instrumentales forment un véritable creuset inventif aux mélodies variées; une fusion classico-métallo-jazzy-rock prog qui ne demande qu’un petit frère prochainement. Un rock métal déjanté fusionnant.
Brutus

https://mentalfracture.bandcamp.com/album/disaccord

https://www.youtube.com/user/MentalFractureBand

22/09/2022

Ryo Okumoto
The myth of the Mostrophus
rock progressif – 60:45 (sans les bonus de l’édition japonaise) – USA ‘22
Cela faisait 20 ans (depuis «Coming Through» en 2002) que nous n’avions pas de nouvelles, en solo, de Ryo Okumoto. La sortie de ce nouvel album peut donc être considérée comme une excellente opportunité et ce d’autant plus que Spock’s Beard est silencieux, lui aussi, depuis quelques 4 longues années.
Les origines nipponnes sont bien présentes puisque l’artiste évoque un monstre (Kaijū en japonais) cousin de «Godzilla» appelé «Mostrophus», à moins que ce ne soit une métaphore pour représenter une ville comme New York… Bien qu’il semble que ce soit les habitants de Basingstoke (UK) qui soient les proies du monstre!
La notion japonaise de monstre est différente de celle des Occidentaux, il est plutôt vu comme une force de la nature devant laquelle l'homme est impuissant et non pas une force du mal. Chacun de nous peut s’approprier ce concept plutôt d’actualité à la sortie de cet été pour le moins caniculaire et sec.
Le nouvel opus est composé de six chansons et comprend une longue liste de musiciens invités.
Tel un Sylvester Stallone dans le film «Expendables», Ryo Okumoto a réuni une équipe de spécialistes, principalement issus de Spock’s Beard (anciens et actuels) mais aussi de Saga, ProgJect, Living Colour, I Am The Manic Whale et quelques autres.… Ah, il y a aussi Steve Hackett!
Musicalement nous n’avons aucune fausse note, de la composition à la réalisation tout est parfaitement maîtrisé et tout ce qu’on peut attendre de la musique qu’on aime est présent dans l’album. Les clins d’œil sont nombreux au prog et au rock des années 70 mais, on ne va pas se mentir, si vous ne supportez pas Spock’s Beard, passez votre chemin.
Mention spéciale au dernier, éponyme et épique titre «The Myth of the Mostrophus» d’une durée de plus de 22 minutes qui à lui seul mérite votre attention.
Publius Gallia

https://open.spotify.com/album/3Okyu6Li2fXJQ7hbKTF1FD

https://www.youtube.com/watch?v=FxHQ9rmLMl8

23/09/2022

Ars Pro Vita
Truth
rock progressif symphonique – 71:52 – Brésil ‘22
C'est un peu un opéra, avec des narratifs, ce qui participe au concept de l'album, mais brise parfois le rythme musical. Une fois cette remarque faite, qui vaut plus ou moins pour 3 des disques d'Ars Pro Vita que j'ai entendus, je ne peux que vous vanter, de nouveau, la qualité de la productions des frères Venegas, bien entourés par pléthore de chanteurs(euses) et un bassiste pour 2 pistes. Vous pouvez retrouver sur notre page les chroniques des 2 albums précédents, concepts et remarquables, eux aussi.
Ils nous proposent toujours une atmosphère genesienne, mais pas que, et le chant, en anglais le plus souvent, est proche du Gabriel des années 80. Notamment sur «Monkey Business», mais pas de magouilles ici car le thème de l'album est la vérité. On dénonce ses dévoiements à travers les 12 morceaux de musique de cet album. Comme c'est une valeur universelle, certains morceaux ont une couleur plus locale, tel l'hispanisant «Cruce De Caminos» chanté en espagnol, claquements de mains «flamenco» comme percussions supplémentaires, dans une ambiance lourde, qui est un superbe crescendo entêtant avec solo de bandonéon et de guitare flamenca. Ou le plus dispensable «The Elephant And The Blind Men» récitatif sur fond de sitar. C'est aussi une caractéristique de APV: ils exploitent allègrement (les Venegas sont de Porto Alegre 😉) l'universalité des thèmes choisis; ce furent la paix et le futur, ici c'est la vérité. Et à chaque fois c'est intelligemment réalisé!
À noter aussi, les très réussis «Personal Liar» et le trio quasi final: «Wowicake», magnifique pièce entre Genesis et Camel,
«Equal», vagues majestueuses, style «Shadows Of The Hierophant» de Hackett, et «Hiraeth», ballade à l'intro gaélique et aux vocaux angéliques.
Je conclus sur les derniers mots du disque, «truth is»: alors, mes frères et sœurs de l'Église Prog, en vérité, je vous le déclare en ce dimanche: «Écoutez Truth»!
Cicero 3.14

https://arsprovita.bandcamp.com/album/truth-july-2022

https://www.youtube.com/watch?v=5qikQhJXKUQ

24/09/2022

Mariusz Duda
The Lockdown Trilogy
Electronica / contemporain – 3 CD + 1 EP – Pologne ‘20-‘22
Membre de Riverstone et de Lunatic Soul que nos lecteurs connaissent bien, le bassiste et chanteur polonais Mariusz Duda a décidé de s’attaquer à la pure composition électronique sans se choisir un quelconque pseudonyme. On comprendra le titre général puisque tout a été composé pendant le confinement covidien de triste mémoire. Pour ce faire il s’est replongé dans l’univers musical qu’il écoutait dans sa jeunesse et s’en est, dit-il, inspiré. Une trilogie est normalement composée de trois albums mais elle est ici complétée par un EP serti de choses inédites. La musique de cet opus tétralogique est le plus souvent minimaliste et ancrée dans des rythmes vintage nés d’une boîte à rythme analogique à laquelle, bien sûr, se joint une basse omniprésente. L’ensemble se fait le plus souvent hypnotique et s’accompagne souvent de partitions de piano qui, par ses éclats de lumière, colore un univers qui sans cela se serait peut-être montré par trop lénifiant. La relative monotonie côtoie parfois le mélodique, comme pour le morceau éponyme de l’album «Claustrophobic Universe» qui y aurait gagné à se passer de ces rythmes un peu assommants (mais ce n’est qu’un avis personnel). «Numbers and Denials», qui suit, est de loin plus attrayant au son de ses combinaisons rythmiques et de son phrasé simple couplé à quelques notes cristallines et rêveuses, se concluant par des accents space ambient. Mariusz explore aussi la veine «musique contemporaine», usant du piano dans des constructions répétitives que l’on pourrait apparenter à de celles de Philip Glass ou, plus encore, de Steve Reich («Racing Thoughts»). Le piano se fait plus présent dans le volet «Interior Drawings». Le côté répétitif s’y accompagne de notes aériennes vêtues d’un léger écho et d’un rythme plus discret où une voix vient se greffer («Shapes in Notebooks»). On retrouve alors, ici encore, l’univers du «contemporain» plus nettement que celui de l’électronique. «Dream of Calm» se fait doux et caressant de par son piano cristallin. Même si l’abus de pitching (à mon avis mal contrôlé) vient un peu tout gâcher. D’une manière générale, certains morceaux auraient mérité d’être développés et nous laissent sur notre faim tandis que d’autres semblent n’être que des esquisses et se coupent abruptement. «Interior Drawings» (l’album), par ses interventions vocales («How to Overcome Crisis») et ses séquences rythmiques toujours accompagnées de piano et de quelques bruitages, reste le plus agréable à écouter et aussi le plus accessible. «Lockdown Spaces» offre des moments très proches de l’univers de la Berlin School et de la mouvance synthétique de Heldon («Pixel Heart» est magique) mais aussi de l’expérimental mêlé à de brèves partitions vocales. Le EP «Lets Meet Outside» alterne cette veine expérimentale et des phrasés souplement rythmés, teintés de touches atmosphériques. On y retrouve des sonorités Gary Numan (Tubeway Army). L’électro new wave des années 80. Au final, le créatif jouxte le linéaire ou le minimaliste parfois agaçant. Une trilogie (tétra?) qui semble être le précipité de «Eye of the Soundscape» de Riverside. Mais l’ensemble vaut la peine d’être écouté et même réécouté pour en goûter toutes les saveurs. La première impression a tendance à s’améliorer au nombre des écoutes.
Clavius Reticulus
https://mariuszduda.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/watch?v=I-HoYK_1OiI

25/09/2022

Derek Sherinian
Vortex
metal progressif / jazz-rock – 46:46 – USA ‘22
Derek Sherinian (Derek Sherinian Official) est un claviériste de renom dans le monde du métal prog. Il a fait partie du grand Dream Theater, Black Country Communion, Planet X et fait actuellement partie du supergroupe Sons of Apollo. Il a contribué à des albums d’Alice Cooper et d’Yngwie Malsteen, rien que ça… Derek Sherinian a été élu le plus grand claviériste du 21e siècle et le 8e plus grand de tous les temps par Prog Magazine. Pour sa carrière solo, il en est à son neuvième album avec «Vortex». Il est accompagné par le batteur Simon Phillips, le bassiste Tony Franklin et quelques invités: Steve Stevens, Joe Bonamassa, Ron Thal, Michael Schenker, Steve Lukather, Nuno Bettancourt, Zakk Wylde… que du beau monde! Derek présente cet opus comme la suite de «The Phoenix», son précédent album sorti en 2020. Les titres ne sont pas très longs, ce qui permet de passer aisément d’un style à l’autre. Nous passons du métal prog au rock jazzy en flirtant avec le blues rock. Le titre «Scorpion» nous montre toute sa dextérité au piano avec un groove d’enfer. «Die Kobra» c’est du pur métal prog où Michael Schenker et Zakk Wylde y apportent un maximum de puissance et de riffs dévastateurs. Le titre le plus prog est «Aurora Australis», onze minutes de pur bonheur où l’on découvre toute la complexité de son jeu et de sa puissance créative. Tout au long de l’album, une énergie folle se dégage de sa musique. Derek montre qu’il a encore des choses à dire et on se surprend à rêver d’une tournée avec (pourquoi pas?) quelques invités prestigieux présents sur cet album. Apparemment, cela serait en discussion pour cet automne…
Vespasien

https://open.spotify.com/album/78bm6WY7JufCk00Ttn5bNs

https://www.youtube.com/watch?v=UKHK-G6UDP4

26/09/2022

Syzygy
Psychosomatic
rock progressif – 69:50 – USA ‘22
En astronomie, un Syzygy représente le moment où trois astres (ou corps célestes) au moins sont alignés, par exemple, le soleil, la terre et la lune.
C’est aussi le nom choisi par un trio de musiciens: Tom Nelly aux guitares et voix, KD McClellan à la basse et Dan Landis à la batterie.
Un premier album sorti en 2003 et ce nouveau-né «Psychosomatic» serait leur cinquième… Mais je n’en mettrais pas ma main au feu.
Étant plutôt bien reposé au retour de mes vacances et d’humeur légère avant la reprise du boulot, je vais prendre un risque en osant définir le style de Syzygy comme le résultat d’un mélange entre la musique d’Hawkwind et celle de Sweet Smoke à la sauce Hard Rock et qui aurait pu être joué en live à Pompéi en 1972…
Voilà, vous savez tout autant que moi qu’en penser!
Nous avons entre les mains la proposition de six titres d’une respectable longueur, le plus court durant un peu plus de dix minutes.
Privilégiant l'instrumental et n'introduisant du chant que par petites touches délicates, on a l'impression constante que la recherche principale de ces musiciens est celle de l'équilibre entre agressivité, moments de calme voluptueux et mélodies raffinées. Ou alors nous assistons aux élucubrations musicales d’une entité psychotique… Ce qui pourrait être, pour la plupart d’entre nous, confirmé par la pochette de l’album, l’équilibre n’étant obtenu que par l’égale force de chacune des personnalités qui se succèdent.
Ainsi, de manière générale, les morceaux peignent un paysage sonore dans lequel des guitares agressives et des expérimentations rythmiques viennent en soutien à des mélodies qui accrochent immédiatement l'oreille.
Cela n’empêche pas le groupe de prendre son temps pour développer, ici et là, un son dans lequel les riffs rageurs laissent la place ou se superposent aux arpèges acoustiques sans rien perdre de sa complexité structurelle rythmique.
Le mixage est bien équilibré et met en valeur chaque instrument pour rendre le son d’ensemble ample, comme il se doit dans ce genre de production.
Publius Gallia
https://syzygyfl.bandcamp.com/album/psychosomatic
https://www.youtube.com/watch?v=cCsM6NJ88SQ

27/09/2022

Soniq Circus
Chapter 1: The Game Begins
néo-prog heavy fruité – 32:13 – Suède ‘22
Soniq Circus propose un néo-prog fruité et symphonique avec ce 3e album, eux qui ont commencé dès 2007; ils me rappellent les Magic Pie pour le phrasé et la recherche musicale, Spock’s Beard et Rush, un peu des Saga. C’est justement en mettant Saga sur Google que j’étais tombé dessus en 2011 avec «Reflections». Ce chapitre 1, écrit il y a plus de 12 ans et voué à retracer les événements sur le M/S Harmony, imprime une ambiance mélodique, contemplative sur des sons d’avant et maintenant.
«The Cruise (Prelude)» intro majestueuse fine sur l’air de «Cap’taine coeur de miel»; méditation avec un synthé réverbérant à la Ayreon, ça part oriental/médiéval avec «Let the Game Begin, Part I» étrange de par la voix, le tempo lent et la trompette assez bluffant; un air pesant pour le couplet, envoûtant pour le refrain; orchestration lourde et break avec trompette qui s’assimile parfaitement, c’est bien foutu et les chœurs en rajoutent. «Let the Game Begin, Part II» pour l’interlude phonique phrasé permettant de lancer «Let the Game Begin, Part III» avec l’intro virevoltante, un riff hargneux, bucolique, entre un Jethro Tull et un rock contemplatif bigarré; c’est changeant, un son propre qui donne du rythme. Le synthé amène un break coloré métal mélodique sur du Rush; la touche trompette marque l’esprit. «Cold Water» envolée de claviers pour le radio edit concentré plus rock. «The Quarrel» pour le synthé Ange des 80’s, rythmé, intense; la suite tombe sur les Magic Pie rien que pour la voix typée, phrasée; les claviers deviennent vintage sur un Circus Maximus, un Marillion, son usité expressif de Marco, guitare de Marcus au spleen énergique. «Toccata - The Storm Approaches» pour l’accroche d’avec le chap2, un arpège piano divinatoire sur la suite de la croisière?
Soniq Circus propose un néo-prog heavy avec breaks travaillés intimistes; inclassable, moderne, symphonique, lourd et frais rien que pour l’ajout de la trompette, un bel opus.
Brutus
https://soniqcircus.bandcamp.com/album/chapter-1-the-game-begins

https://youtu.be/Jp94IggyIoY

28/09/2022

Moura
Axexan, espreitan
crossover and over / prog – 40:57 – Espagne ‘22
Si vous voulez sortir des sentiers battus et rebattus du prog, Moura est fait pour vous!
«Alborada do alén» démarre ce disque par des synthés et séquenceurs style Tangerine, avec un peu plus d'emphase façon Vangelis. Enchaîné avec «Romance de Andrés d'Orois» dont le chant incantatoire en galicien voit suivre une sorte de «rock psy westcoast» bien gras, fait d'accords de guitares crunchies (de scie à main et de Flying V), d'une rythmique lente et d'un violon incisif, et le chant toujours galicien. Quand je vous promets de l'inédit!
Seuls les arpèges font la transition vers «Pelerinaxes», où une «clarinette» réverbérée vient prendre le lead. Et la tonalité se fait jazz latino pendant la moitié du morceau, puis ça fusionne jusqu'à la fin. S'enchaîne «Baile do dentón»: solide rythmique et chant réverbéré nous propulsent en spacerock. 4 plages sont passées en un éclair, et l'on ne sait plus où l'on est, d'autant que le morceau s'achève façon cornemuse!
Après un 1er silence entre 2 plages, «Alalá do Abellón» se fait plus inquiétant, lent, les incantations chorales prennent tout l'espace, puis la procession s'anime en une folle messe païenne médiévale.
«Cantar do liño»: rythme chaloupé et guitares sèches, chœurs, flûte offrent une respiration bienvenue. L'éclaircie se poursuit avec la plage suivante, le chant alterné féminin/masculin sert une belle mélodie qui, dès l'arrivée de guitares saturées, reprend la teinte rockpsywestcoast galicienne, mais le lead se fait sur la guitare cette fois.
La 1re partie de l'ultime morceau «Luà vermella» est folk médiévale, avec son bourdon, sa guitare sèche et une possible viole, avant de revenir vers le XXIe avec de lourdes guitares saturées, et où des chœurs discrets donnent à ces 9 minutes une fin en apothéose.
Ce septet de La Corogne, Finisterre galicien, se dit druidique, enraciné entre côtes et montagnes, entre monde des vivants et monde des morts. Je n'ai pas réussi à en savoir plus sur eux, mais l'essentiel restant leur musique: dégustez!
Cicero 3.14
https://eiradamoura.bandcamp.com/album/axexan-espreitan
https://www.youtube.com/watch?v=ylH5m864_X0

29/09/2022

Oceans of Slumber
Starlight and Ash
pop-metal mélodique – 46:15 – USA ‘22
J’étais impatient de connaître le successeur de l’album éponyme d’Oceans of Slumber, paru en 2020, dont je suis particulièrement fan! Oceans Of Slumber nous viennent de Houston au Texas, ils en sont à leur cinquième album depuis 2011. Le groupe est le bébé de Dobber Beverly, le batteur du groupe, mais la personne qui incarne le plus l’émotion, la passion, l’âme du groupe est la merveilleuse chanteuse Cammie Gilbert. Elle est une nouvelle fois mise en avant pour cet album et c’est un grand plaisir. «Starlight And Ash» raconte l'histoire d'une ville côtière condamnée, et ses habitants s'attardent sur le passé et sont trop têtus pour abandonner les souvenirs pour aller de l'avant. «Red Forest Roads» est l'un des morceaux les plus lourds, un début acoustique mais qui est assombri par la voix lourde d’émotion de Beverly et les guitares appuient là où ça fait mal. Le passé de blues et de gospel de Beverly sont plus puissants que jamais ici. Contrairement au passé, terminés les chants gutturaux, l’émotion vient par le sentiment progressif des titres. Ils appellent cela le «nouveau gothique du Sud». Ce n'est pas du prog… et ce n'est même pas vraiment du métal. Oceans of Slumber n’est plus tout à fait le même, il est en mutation en quittant leur côté doom. En fait cela ressemble plus à un album de ballades mais des ballades intumescentes. C'est une musique apaisante qui contient des paroles vraiment déchirantes. Certains fans n’aimeront pas ce nouveau style, d’autres en seront fous… Un peu comme en son temps la mutation d’Opeth. À vous de vous faire une idée.
Vespasien

https://open.spotify.com/album/7yyNmqnrEITs2vz3NXsmxz

https://www.youtube.com/watch?v=FAF1qRnbez8

30/09/2022

GOLEM
Gravitational Objects of Light, Energy and Mysticism
rock progressif '70 / hard rock – 45:19 – Italie ‘22
Alors, voilà le deal: on prend tous les claviers qu’on veut (orgues, pianos électriques, synthétiseurs), tant qu’ils sonnent comme dans les années '70 (Hammond, Mellotron…) – et comme il y en a un paquet, on y met deux interprètes (Paolo ‘Apollo’ Negri et Emil Quattrini), pas de guitare (personne, donc), une basse (la Rickenbacker de Marco Zammati) et une batterie (la Ludwig de Francesco Lupi) qui interagissent avec un œil sur le Black Sabbath de «Paranoid» ou le Deep Purple de «Child in Time», et une voix, celle de Marco Vincini, entre Greg Lake et Ian Gillan (ok, c’est une approximation); on s’immerge dans l’époque, aussi révolue que bénie, des lécheurs de buvard, en même temps que, avec deux claviers et sans guitare, on se fabrique un son un peu à part, à la fois dedans, mais pas tout à fait, certainement d’hier mais qu’on s’excite à créer aujourd’hui; et on s’attèle à peaufiner des lignes mélodiques qui résistent aux longs développements instrumentaux, à colorer le son au moyen d’instruments aux qualités instables – presque humaines – et d’amplis à lampes (de celles qui chauffent et n’ont jamais rêvé de label AAA), à faire vivre – encore un peu – une musique qu’on a laissée pour morte – ou agonisante, ou dépassée, ou finie… Mais que G.O.L.E.M. célèbre, à sa manière, posément exubérante.
Auguste

https://gravitationalgolem.bandcamp.com/album/gravitational-objects-of-light-energy-and-mysticism

https://www.youtube.com/watch?v=i3NjIHQ-4q0