Septembre 2019

01/09/2019

Phog
Evidence
néo-prog symphonique – 50’17 – France ‘19
La démocratisation et le développement des technologies permettent aujourd’hui, dans une forme de DIY (Do it Yourself), à tout musicien de concevoir, bricoler, produire ses propres compositions. De GarageBand (pour s’amuser) à Logic Pro X, Pro Tools, Cubase… les musicos peuvent recourir à une panoplie de sons, d’effets, d’arrangements, d’instruments, de séquences, de montages afin de peaufiner leur travail maison. Ces logiciels sont tellement bluffants qu’il est parfois difficile de faire la différence entre un son numérisé et le véritable son de l’instrument. Faut-il s’en plaindre, s’en réjouir? À vous d’en juger...
Ce «Evidence», seconde création officielle de Phog (pseudonyme du Lyonnais Philippe Ogier), baigne dans cet univers du musicien seul face à son Home Studio (Sonar de Roland en l’occurrence) et à ses tablatures, en tentant de changer, tel l’alchimiste, son plomb en métal précieux. Et il y a du taf. J’imagine les heures passées par l’homme face à son écran...
Cet album instrumental est remarquablement exécuté. L’agencement des divers instruments est admirablement bien construit. Une architecture complexe et équilibrée qui coule comme du petit lait. On s’y croirait. Et les guitares, (de vraies celles-là), dont Philippe joue admirablement bien, (son prof de guitare était fan d’Hackett), s’immiscent avec maestria dans cet ensemble homogène. Question style nous sommes sur du néo-prog à tendance symphonique. On songe à Camel, celui d’après les années 80, parfois un peu à Genesis, mais de manière générale à ce prog sympho de synthèse qui fait désormais partie du patrimoine génétique commun de tous les progueux.
On a envie de dire: «chapeau l’artiste pour ce travail», mais cette conception de la musique via home studio, (parfois un peu clinique, il faut bien l’avouer), ne fera jamais vraiment le poids face au rock puant la salle de répétition propice à l’échange des musiciens, à l’improvisation, à la recherche commune, à la créativité, bref ces choses qui sont sources de vérité.
Centurion
https://phog.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=-lG6MSCrbWU&fbclid=IwAR260s-YBjbgYorRdKD5XtKZ7olcbL-2fWKwTzmLso9bHj2C64JxZwH_t_Q

02/09/2019

Ange
Escale Heureuse
style Ange – 107’30 – France ‘19
Après l’album «Heureux», voici donc l’album en public «Escale Heureuse», suite logique (captée le 18 mai 2019 à Nancy) d’une tournée monumentale démarrée en 2018 et qui culminera au Trianon la nuit du 31 janvier au 1er février 2020 pour fêter les 50 ans de l’Ange national. Christian Décamps est le père du prog’ français, même s’il se défend de cette étiquette quelque peu mise à mal depuis un certain temps. Ange ne fait plus réellement de rock progressif ou plutôt en fait un autre mais entretient un sens du théâtral et de l’emphase sur scène qui correspond toujours aux fastes des années 70. Sur ce disque, on retrouvera avec un plaisir frémissant les grands classiques du passé que sont «Aujourd’hui, c’est la fête...», «Ballade pour une orgie», «Ces gens-là» qui termine inévitablement depuis toujours ou presque les concerts d'Ange, le sensationnel, cataclysmique, tourmenté et terriblement progressif «Capitaine Cœur de Miel», peut-être le meilleur titre du répertoire, «Vu d’un chien» hard-rock funky des plus velus en hommage à Roby Defer, guitariste angélique de 80 à 90 récemment disparu, se terminant dans une furieuse apothéose, «La Gare de Troyes» devenu un classique, «Les lorgnons» chanson poignante à l’intro «porcupinienne», «Harmonie» non moins émotionnelle ritournelle caressée puis rugie par le fiston à l’organe hors du temps, et ensuite on se délectera (ou pas) d’une cavalcade de morceaux plus récents dont «L’autre est plus précieux que le temps», boulet de canon qui ravage les ouïes avec un sens de la mélodie au sommet de l’art angélique!
Ange continue de satisfaire un public nombreux, sans cesse renouvelé. Les salles sont pleines et le talent du père Décamps (73 ans le 11 août!) n’a jamais baissé d’intensité; ses textes sont toujours autant pétillants et descriptifs, parfois abscons et jamais banals. Le groupe actuel ainsi formé depuis 1997, sauf pour le batteur Benoît Cazzulini arrivé en 2003, (sans oublier Caroline Crozat de 2001 à 2010), sent l’expérience à plein nez et c’est là, encore une fois, qu’on se demande quelle est la malédiction qui «punit» cette formation cinquantenaire n’ayant pas le succès grand public qu’elle mérite, tout au moins autant qu’un Thiéfaine, par exemple!
Mais vous qui me lisez connaissez tous cet Ange (éternel?) et je ne vais pas vous faire la retape plus longtemps. Vous savez de quoi il s’agit depuis longtemps… Même si le mythe progressif des 70’s a peu à peu disparu, il ressurgit à chaque prestation à la faveur de morceaux légendaires dont un certain «Nancy-Jupiter à la nage» est le digne descendant par ses tournures, ses passementeries musicales, ses chœurs échevelés et ses duos vocaux père/fils puisés au sein du genre dans un élan construit sur plus de 17 minutes quand même! Nouveau chef-d’œuvre de rock prog' assumé cette fois. De toute façon, Ange «chante n’importe quoi» et c’est bien quand même. Ce n’est pas moi qui le dis!
Commode

https://www.youtube.com/watch?v=BduZSedgei0&fbclid=IwAR2qg-dQWboUonV-Dlq_kKdeIssss5zv4aEzKdLh70iXhGMAJsMkLgpkm8s

03/09/2019

Frédéric L’Épée
The Empty Room
art rock – 60’09 – France/Allemagne ‘19
Niçois installé à Paris puis relocalisé depuis quelques années dans un Berlin plus accueillant pour les artistes au profil rétif au classement tranché, Frédéric L’Épée se définit comme compositeur contemporain et guitariste de rock. Le premier terme renvoie à son projet Philharmonie ou à ses œuvres, écrites le plus souvent pour guitare(s) et jouées notamment par l’ensemble e – w e r k, le second à ses groupes progressifs que sont Shylock et Yang. Entre l’une et l’autre de ces tendances (mais plus proche de la seconde), «The Empty Room» est un projet solo - avec quelques coups de main, pour la rythmique en particulier -, inspiré par des pertes et deuils récents. L’ombre de Robert Fripp, dont L’Épée a adopté le New Standard Tuning (méthode d’accordage proche de celle réservée habituellement au violoncelle ou à la mandoline), plane sur «Delta» ou «Treasured Wounds (blessures précieuses)» et la présence d’un Fred Frith (assagi) se fait sentir en arrière-plan de «Hymne aux Ancêtres 1». On pense aussi à Jean Lapouge, guitariste de Noëtra («Inévitable traversée (Unavoidable Crossing)»), voire, pour le convaincant «Descending the Slow River (en descendant la rivière lente)», au travail de Daniel Malempré et Alain Neffe, sorti en 2017 sous le nom de M.A.L. («My Sixteen Little Planets») mais posé sur bande en 1974 - et qui aurait (largement) «inspiré» Manuel Göttsching (guitariste d’Ash Ra Temple) pour son premier album solo «Inventions For Electric Guitar». On a connu moins bonnes références.
Auguste
https://laspada.bandcamp.com/album/the-empty-room

https://www.youtube.com/watch?v=lSoPX2S_uvI&pbjreload=10&fbclid=IwAR3mR8-1B0D8io4J8xHknGAA69H22e5GAOykSg7n6v_wXBC2IhwLIgpDokg

04/09/2019

Supersister Projekt 2019
Retsis Repus
canterbury – 39’00 – Pays-Bas ‘19
Après une longue collaboration avec Golden Earring, plusieurs projets en solo ou en groupe (notamment au sein des Nits), le claviériste-chanteur néerlandais Robert Jan Stips fait littéralement revivre l’esprit des mythiques Supersister avec ce nouveau projet. En partant [ndle: dès le départ (Québec)], le titre de l’album est un clin d’œil à la courte pièce palindromique figurant sur «Pudding en Gisteren» (paru en 1972). Jan Stips nous propose donc plus d’une dizaine de pièces dans le plus pur style Canterbury, conjuguant ses talents de compositeur et de claviériste. Pour ce faire, il a pu compter sur la collaboration d’anciens complices de Golden Earring (Cesar Zuiderwijk à la batterie), de Gruppo Sportivo (Peter Calicher aux claviers), des Nits (Hofstede et Geraets aux voix et Rob Kloet à la batterie) et même du dernier autre membre survivant de la formation originale de Supersister (Marco Vrolijk à la batterie). Côté compositions, les adeptes de chiffrages métriques «complexes» vont être gâtés, Jan Stips se fait généreux. À titre d’exemple, la pièce «Max Eco» débute par une alternance 4/4 - 7/4, revenant au 4/4 pour le passage chanté, puis passant en 11/4, détour en 15/8, retour en 11/4 et dernier passage chanté en 10/4, tout ça en trois minutes!!! Les arrangements s’appuient sur une palette instrumentale très concise; la batterie, la basse et les claviers d’usage (incluant le très typique clavier distorsionné) sont complémentés par le violon, le trombone et le trombone basse. Tout l’art de faire des choses très sérieuses en donnant l’impression de cabotiner se retrouve condensé dans ce petit bijou canterburien. Il y a des talents qui, comme le vin, se bonifient avec l’âge. À consommer sans modération.
Ugo Capeto
https://robertjanstips.bandcamp.com/album/retsis-repus-2

https://www.youtube.com/watch?v=lrVWmb2NoIo&fbclid=IwAR13_NxjJKLYQBNYHSpBm0lYuiwpkCRKWg_Yi9XfLEpd3-_gIQ_15uqKuSQ

05/09/2019

Red Bazar
Things As They Appear
rock (prog) mélodique – 55’14 – Angleterre ‘19
Longue évolution pour ce quatuor anglais qui ouvrit les hostilités par deux albums instrumentaux et un EP avant d'engager, à partir de l'album «Tales From the Bookcase» en 2016, un cinquième larron, le chanteur Peter Jones, que l'on retrouve également sur ce quatrième album «Things As They Appear».
Si l'on pouvait entendre à leur propos que leurs plaques instrumentales étaient parfois inspirées des grands anciens, ici, en fait depuis la présence du chanteur, la formation évolue dans un courant plus actuel, dans une démarche qui semble vouloir souder le prog, disons mainstream, et le rock mélodique un peu hard «AOR» FM.
Fondamentalement, si l'album respire la cohérence, suivant l'adage bien connu, ne souffrirait-il pas des défauts de ses qualités? Car, à bien y réfléchir, on ne sait plus trop à qui nous avons affaire. C'est au moment où vous croyez pouvoir trancher qu'arrive un solo de guitare prog, «Liar», ou que s'immisce une séquence de clavier, «Spiral». N'envisagez donc pas de cerner les arcanes du style... la musique vous entraînera souvent ailleurs. La solution est de ne pas essayer de classifier cet album car sa cohérence est justement ce qui semble à tort être ses errances. A-t-on fait le reproche à It Bites dans les années 90 d'avoir eu une démarche un peu similaire? Je mentionne le célèbre groupe anglais à dessein, car l'excellent «The Parting» y fait rageusement penser, et sans doute s’agit-il du titre le plus prog de l'album.
Alors du prog, «c’en est, ou c’en n'est pas?». On s’en fout, car en arrivant à faire abstraction de cette question entêtante, torturant l’esprit du petit monde de la prog, cet album aux multiples qualités (production à la rondeur irréprochable, compositions de grande qualité, son énorme, orchestration millimétrée) vous apportera la dose nécessaire de vitamine D avant d'affronter un quelconque hiver scandinave. Et j’irai jusqu’à dire qu’il s’agit de la meilleure réalisation du groupe, bien supérieure à l’album précédent dont les hésitations de styles étaient, pour le coup, une gageure.
J'invite ceux qui se sont farcis d'innombrables groupes de rock FM durant la période de vaches maigres (si si, j'en connais…) à tendre une oreille attentive à cette galette qui risque fort de leur donner l'envie de prendre la "loque à poussières" et de monter au grenier extraire du capharnaüm les vieilles cassettes de Russ Ballard, Night Ranger, Zebra, Foreigner ou Honeymoon Suite. Non non j'ai pas dit que Red Bazar c’était du rock FM, ne cherchez pas, laissez couler...
Centurion
https://redbazar.bandcamp.com/album/things-as-they-appear

https://www.youtube.com/watch?v=700vzuMQUyk&fbclid=IwAR18QecHPhB5Lhny9ADrb4xYNBE06HGFEe4W15SzFu8IjmFp58RzyGk35z8

06/09/2019

Zonder/Wehrkamp
If It's Real
pop-prog atmosphérique – 44’59 – USA ‘19
Voilà un petit moment qu'un album du multi-instrumentiste compositeur Gary Wehrkamp n'avait pas vu le jour depuis le très bon album du super-groupe Amaran's Plight et le dernier Shadow Gallery en date, «Digital Ghost». Le voilà de retour avec ce «If It's Real» dont la sortie paraît plutôt discrète. Le projet avec Mark Zonder, le batteur de Fates Warning, remonte en fait à un bon bout de temps... Les deux compères cherchaient un chanteur pour s'associer à eux. Ayant rencontré quelques difficultés et Gary ayant composé les lignes de chant, c'est finalement ce dernier qui prêtera sa voix. Le guitariste multi-instrumentiste, à l'instar d'un John Mitchell, s'en sort plutôt pas mal avec une voix pas désagréable. Mais venons-en à l'album... Au vu du pedigree des musiciens, on pouvait légitimement s'attendre à un album de métal progressif pur jus. Pourtant, le duo nous délivre un album assez aérien, mélancolique, fait d'une sorte de pop raffinée, un brin rétro, sombre et intimiste. Dès le premier morceau «I can't Believe», on a droit à un solo de guitare à la Pink Floyd dont l'inspiration semble assez évidente. On retrouve indéniablement au fil des compositions la patte de Wehrkamp, à savoir des arpèges et des envolées de guitares lyriques, des arrangements de claviers très symphoniques, et des harmonies vocales à la Shadow Gallery... Mais tout cela de façon assez douce, subtile, l'album étant principalement fait de ballades très mélodiques d'une fausse simplicité. Quelques longueurs tout de même à noter, comme le piano sur le titre «Last Place». On apprécie l'incisif «Two years», le superbe et efficace «Too Late» qui apportent un peu de dynamisme à la galette. On aurait peut-être souhaité davantage de titres de cet acabit. Mais ne boudons pas notre plaisir. L'album sonne un peu pop, cependant la noirceur et la finesse des compositions ne sont pas si simples à appréhender et délivrent une certaine richesse. Un petit mot sur la batterie: elle contribue aux ambiances et les sonorités qu'elle délivre sont assez variées et travaillées. En conclusion, un album assez sympathique, non dénué d'émotions, à mi-chemin entre pop et prog atmosphérique. Une musique joliment arrangée, nappée de sonorités des groupes susnommés.
Maximus

Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=qGhzFVSy89A&fbclid=IwAR3Ln-7ZBCMscfCCC2h2LwAjDvHKDxdcpw2u_2g00yV3NvlQ05T4ziSz214

07/09/2019

Tense of Fools
Live at the Church
rock psyché – 40’47 – France ’19
Certaines musiques ont une âme. Non qu’elles soient possédées en tant que telles, mais ceux qui les créent et leur donnent vie insufflent - dans des cordes, des boyaux, des peaux, des circuits électroniques - la vitalité, la fibre transcendante, le pneuma qui saisit celui qui les écoute du cœur aux entrailles, de la peau aux viscères. C’est ce qu’atteint dès les premières mesures Tense of Fools, avec six morceaux bruts, chamaniques, enregistrés, donc, en concert à l’Église (avec un grand "é", mais laquelle?), desquels se distinguent «How can you see?» (son côté floydien d’avant 1970), comme une pause au centre de l’Univers - basse: Alex Leboeuf; saxophone: Alexis Noël - ou (quoique...) «Cosmic Days», plus… tournoyant (chant et guitare: Lewis Feraud). Le son du groupe est aussi volontaire que les infos le concernant (le groupe) sont ésotériques («À la manière d'une locomotive mystique inscrivant une partition abstraite, ils délivrent un rock contemporain à croches heures [sic] captivant les silences.»), affirmation que la musique qui s’adresse aux tripes se passe de commentaire ciblant les neurones. Donc, écoutez!
En plus, ils sont beaux…
Auguste
https://tenseoffools.bandcamp.com/album/live-at-the-church

https://www.youtube.com/watch?v=muaSbqCHlw0&fbclid=IwAR0vr9nBeDLe-KbiBNW3UKqixKaAwRkbMTMK1yCJ7zW4Wr_FuJJzR_OKCTc

08/09/2019

Johnny Bob
Fjodor & the Watergiant
prog-rock folk – 37’52 – Allemagne ‘19
La suite en deux parties «Tom BombadilI I & II» (personnage qui apparaît dans «La communauté de l’Anneau» de Tolkien) nous plonge directement dans les contrées folkeuses. Mais outre quelques sonorités de tradition populaire, cette dernière est relevée par des guitares bien huilées. Et le prog-rock estampillé seventies n'est jamais bien loin. On songe un peu à Jethro Tull, à the Morrigan, et à Red Jasper; rien de novateur de prime abord donc, mais une orientation assumée et maîtrisée. Les parties vocales alternent entre chant masculin et chant… masculin? Oui car ce chant-là a des inclinaisons très féminines, comme celles d’une femme à la voix grave et rauque et qui rappelle un peu celle de Grace Slick (Jefferson Airplane).
Durant cette longue suite en deux parties (20 minutes), et qui voyage entre rock, folk, prog, et même un chouïa de psyché, à mon grand étonnement j'ai constaté que le groupe avait «piqué» le refrain de «City Lights», (la chanson que l'artiste belge Blanche avait présentée au concours Eurovision de la chanson en 2017, et qu’elle-même semblait avoir chouravé à la chanteuse Alexe Gaudreault). Bref un thème mélodique qui semble plaire à beaucoup et qu'on retrouvera donc régulièrement tout au long de la suite.
L'album, certes toujours un peu influencé par le folk, s'ancre résolument au fil du temps dans le rock progressif d'antan. Des changements d'ambiances perpétuels, qui, outre une flûte évanescente, peuvent compter sur des guitares parfois aériennes, quelques arpèges genesiens et quelques belles sonorités de synthés. Sans oublier la brillante section rythmique où le batteur excelle dans les structures complexes.
Le troisième titre sort un peu du schéma pour effleurer un blues nanti de guitares graveleuses et toujours relevé par ce batteur de grande qualité.
Ensuite, en guise d’entrée en matière, une jolie ballade soutenue par des cordes et une ambiance bucolique apaisante lance le dernier long titre: «Fjodor & the Watergiant». Il débute par une petite ritournelle infantile allant en s'amplifiant vers un rythme soutenu et une envolée progressive guitaristique. Alternance d'ambiances encore, qu'on s'apprête même à quitter en douceur, mais soudain apparaissent des effluves limite space-rock; claviers bien balancés, guitare rock… bref un final en beauté.
Agréable surprise que cet album semblant d'abord sans prétention mais qui se révèle être en définitive une bien belle découverte.
Centurion
https://johnnybob.bandcamp.com/album/fjodor-the-watergiant

https://www.youtube.com/watch?v=FhobEfVl6bA&fbclid=IwAR16P7iRPF9LRMsTwVNLpIlsmUwIQhCBQcREf0f4z1-2TYEkWxIcyGGHLE4

09/09/2019

Security Project
Slowburn
Peter Gabriel – 47’42 – USA ‘19
Marotta. Jerry. Fidèle et talentueux batteur de Peter Gabriel, de 1977 à 1986. Son seul nom m’incite à découvrir cet album. Et pourtant je suis d’habitude peu réceptif aux reprises.
Gunn. Trey. Une autre bonne raison de me lancer dans la découverte de «Slowburn», car c’est un musicien exceptionnel, un des rares à maîtriser le stick Chapman et la Warr guitar.
Rhodes. Happy. L’inconnue pour moi. À découvrir…
Les 8 titres de «Slowburn» survolent les anciens albums de l’Archange.
Je ne tarde pas à trouver mes marques: l'ambiance de ce live me replonge immédiatement dans celle de Forest National à Bruxelles, le 7 septembre 1980 pour être précis, lorsque Peter Gabriel tournait pour son album III (aka «Melt»), entouré de John Giblin, John Ellis, Larry Fast et... Jerry Marotta. Concert exceptionnel de l’«Intruder» (qui - pour la petite histoire - avait eu la bonne intuition d’inviter Simple Minds, groupe quasiment inconnu du public belge à l’époque, en première partie).
Le titre éponyme «Slowburn» annonce clairement la couleur: l’atmosphère musicale sera proche de celle des albums originaux, à condition de faire l’impasse sur la voix de PG… Démarche pas évidente pour les fans, dont je suis. Faudra jouer le jeu. Ok, je joue.
Passée la surprise d’entendre une voix qui n’est pas exactement «celle que j’attendais» - mais n’essaie pas de l’imiter! -, je me régale de ces reprises.
La tessiture vocale de Happy Rhodes est séduisante et se cantonne généralement aux tons assez graves, bien qu’elle soit - paraît-il - en mesure d’étendre son registre sur 4 octaves. Incroyable cette facilité à se glisser au sein de la (relative) noirceur des mélodies et rythmes gabrieliens, auxquels elle apporte une nouvelle fraîcheur.
J’enchaîne sur le délicat «Mother of Violence», puis sur «Family and the Fishing Net» où Gunn et Marotta ont tout le loisir d’exprimer leur talent.
«Humdrum» et l'émouvant «Wallflower» (hold on!) mettent en exergue les claviers de Michael Cozzi et la guitare de David Jameson.
«TLLDOB», l’album de la rupture, est ici bien représenté, avec de bonnes interprétations, assez fidèles aux titres originaux («The Lamb lies down on Broadway», «Fly on a Windshield»).
Pour terminer, un excellent «Medley» de plus de 10 minutes fait resurgir de manière moins conventionnelle, plus libre, les fantômes du passé de Genesis.
Un album très intéressant, un peu court (j’aurais bien vu quelques titres supplémentaires), un live trop timide (le public américain est plutôt calme!), mais l’esprit et l’essence des compositions originales sont respectés et bien présents.
Vivestido
https://music.securityprojectband.com/album/slowburn

https://www.youtube.com/watch?v=phwg31rdivA&fbclid=IwAR3thQAtbE_vOcOrfwlBnkcaB530VBaKAK_I4ly7yZBsuqHPAnrR_IplyeU

10/09/2019

Various Artists
Dur et Doux - Ça marchera jamais
rock in opposition – 80’56 – France ‘19
Collectif lyonnais fondé il y a une dizaine d’années par une quinzaine de groupes et deux fois plus d’artistes, «Dur et Doux», label et structure de production, favorise la créativité et l’innovation dans le domaine de la musique, amplifiée (enfin, pas toujours) par l’entrechoc des singularités de chacun de ses membres. Le titre, persifleur ou prémonitoire selon la commercialité du point de vue, de cette compilation égalitaire (un titre par groupe) sonne comme la réponse, étendard autant que systématique, des labels de la fin des ‘70s aux propositions des bands fondateurs du rock in opposition: «Ça marchera jamais», comme, si on y réfléchit un peu, la majorité des essais artistiques, tous arts confondus. Mais aussi, qu’est-ce que «marcher» veut dire? Se vendre? Se faire entendre? Être vu? Se faire beau? Gratter le vernis? S’insinuer caillou dans l’escarpin? Chahuter la routine? À chacun comme il lui plaît. J’aime la simplicité et l’évidence de Tout Le Monde Écoute («Le canon»), «Mediasphère» de Djihâd pour son idéologie électro-bruitiste, «I Can Scream» - et pas qu’à cause du bidon de Jessica Martin Maresco - de Pili Coït (un nom imagé dont la simple lecture vous fait trembler le gland), «You Smell» de Hidden People pour son dépouillement apparent et ses harangues de vulgarité fardées, les errances punkoïdes de Herr Geisha & the Boobs («Curdy»), les frôlements explosifs de PoiL («Luses Fada»), les aventures modernisées de Martine sous la forme des spoken words percussionnés de Brice et sa pute («Adriana Karembeu») - qui m’évoquent le travail sur la voix de François Sarhan dans «L'Nfer». J’aime moins Ni, mais chacun son avis.
Auguste

https://duretdoux.bandcamp.com/album/dur-et-doux-ca-marchera-jamais

https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=h7bDVvpjzRs&fbclid=IwAR029l-mw4QYINXcDm9T9qAfLYnBLWNDRyLd_h9eompY36XAMFzMoWqPdfY

11/09/2019

Lion Shepherd
III
rock progressif – 59'28 – Pologne ‘19
Lion Shepherd est un groupe polonais et si je le compare naturellement à Riverside vous allez me dire: facile… Mais, voyez-vous, c'est qu'il y a beaucoup de similitudes.
Une chose très importante change quand même: une note orientale est toujours présente sur cet album, que cela soit carrément audible ou caché au milieu des diverses rythmiques. La raison principale qui me fait penser à Riverside est le timbre de voix du chanteur Kamil Haida. De plus, les riffs lents et évasifs de Mateus Owczarek ressemblent au son de guitare du premier album de Riverside «Out Of Myself» où le regretté Piotr Grudziński était magique. (RIP: il est décédé d'une crise cardiaque le 21 février 2016.) Je ne suis pas surpris d'apprendre qu'ils ont tourné ensemble il y a quelques années, et bien triste d'avoir raté ça. L'apport de irish bouzouki et de oud amène de l’originalité à leur musique avec un vrai petit plus pour nous accrocher.
L'ensemble de l'album est composé de morceaux progressifs qui gonflent aux bons moments et produisent ainsi une musique semblant simple mais qui se révèle très complète. De plus, le groupe nous offre une œuvre particulièrement variée. Je pense notamment au titre «Fallen Tree» où, excepté la voix, on se croirait tombé dans un grand classique de Wasp avec des envolées de guitare carrément parfaites. Un autre exemple? Ok, «Toxic», qui colle terriblement avec la musique de Pagan's mind, une rythmique lente et lourde enrobée de sampler sombre jusqu'à atteindre enfin la guitare cristalline qui nous envoie loin dans la stratosphère. Vu les influences citées vous aurez compris que j'ai totalement adoré cet album. Je vais aller écouter de suite les deux premiers albums de Lion Shepherd et, si vous ne voulez pas passer à côté d'un jeune super groupe progressif, je vous propose de me suivre… En conclusion, s’ils arrivent à se détacher encore un peu plus du son de Riverside, ils sont, je n'en doute pas, promis à un grand avenir musical. Dès qu'ils viendront chez nous j'en serai, et, certainement qu’après les avoir écoutés, vous en serez aussi...
Vespasien
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=h2YXjONZf7I&fbclid=IwAR0xBShDFffFSqqnalGcM6IZnn2pIudIbmf-JoyoYzKjfYRvNZTLkd5PGUQ

12/09/2019

Edison’s Children
The Disturbance Fields
rock progressif – 67’41 – Angleterre ‘19
Après «In the Last Waking Moments» en 2011 et «The Final Breath Before November» en 2013, Edison’s Children nous présente ici son dernier rejeton discographique: «The Disturbance Fields». Initialement constitué par Pete Trewavas (Marillion, Transatlantic) aux guitares, basse et chant, et par Eric Blackwood partageant les mêmes instruments, y compris le chant et les guitares synthé. Ils sont aidés sur cet opus par Lisa Wetton (oui, la veuve de John!) et Henry Rodgers (DeeExpus, Touchstone) à la batterie ainsi que Rick Armstrong (le fils de Neil, l’homme qui a marché sur la lune - après Tintin bien entendu!) à la guitare et à la basse. L’album nous présente les manifestations physiques de la Nature résultant des dégâts que nous, la civilisation, apportons aux océans (pollution), aux forêts (déforestation). Si «Captain’s Ledger» introduit en douceur (guitare acoustique, voix) cette plaque, une certaine tension s’installe dès «A Random Occurrence» (sans pour autant verser dans des riffs telluriques!). Une basse ronde et chaude nous enveloppe ensuite («Asphyxiation»). Jamais d’agressivité ou de «performances» pour souligner le propos de nos compères. Au contraire, ceux-ci misent plutôt sur les atmosphères pour parvenir à leurs fins, même si la voix, dans «Indigenous», se fait plus grave et chargée. La mélodie la plus entêtante revient à «The Surge», l’un des titres les plus longs! Comme il se doit, «The Tempest» se fait plus syncopé avec de beaux développements à la guitare. Avec «A Random Disturbance», un thème déjà entendu nous revient avec une urgence accrue. «The Confluence», seul titre dépassant les dix minutes, nous charme par une guitare aérienne. Avec «Epitaph», il est temps de prendre congé de cette galette que je vous invite à écouter lors des longues soirées au coin du feu que l’hiver ne manquera pas de nous apporter!
Tibère

https://edisonschildren.bandcamp.com/album/the-disturbance-fields

https://www.youtube.com/watch?v=qZIQwtDiOXY&fbclid=IwAR3frnee5ZCuVDPDnXSXltF5BFQ4E43ySFT_j_DvyNQkGIuh7pW9-E2P00I

13/09/2019

Regal Worm
Pig Views - Early Sketches & Scribbles
rock progressif – 65’44 – Angleterre ‘19
Avec I Monster, Jarrod Gosling s’est payé un hit au tournant du siècle: «Daydream in Blue», remake downtempo (plutôt réussi) du «Daydream» (1969) de Wallace Collection, le groupe belge de rock symphonique. Avec The Skywatchers, Jarrod Gosling se promène sur le versant acoustique des choses. Avec Henry Fool, Jarrod Gosling titille l’atmosphérique du rock - accompagné de Tim Bowness (No-Man) et de Phil Manzanera (Roxy Music). Avec Cobalt Chapel, Jarrod Gosling sort «Variants» (je vous en parlais ailleurs sur cette page), réinterprétation réussie de titres du premier album. Avec Regal Worm, Jarrod Gosling propose un making of autour de l’album «Pig Views» de 2018: ses brouillons, ses laissés-de-côté et même une collection d’idées sonores à la queue leu leu, «Pig Bytes (A collection of random riffs, splodges and splurges from the sessions)»; celui-là, il ne faut pas se l’écouter en repeat, prenez-le plutôt comme une séquence documentaire… C’est du prog, qui lorgne sur les ’70, avec parfois un titre élégant, l’éloquent «Pre-Columbian Worry Song (Early rough mix)», qui remet Caravan en tête, parfois une suite ambitieuse, «Winter Suite (Early rough mix of Under den svenska vintern [During Swedish Winter])», mais à la structuration décousue, parfois un bouche-trou, «Help, The Captain's A Lunatic! (Unused shanty song for intro to Pre-Columbian Worry Song)». Le tout en rough mix, c’est la loi de l’exercice - plutôt anecdotique.
Auguste

https://regalworm.bandcamp.com/album/pig-views-early-sketches-scribbles

14/09/2019 : Les Samedis étranges

Heilung

Futha
folk expérimental – 74’00 – Allemagne/Norvège/Danemark ‘19
Né en 2014, le groupe est formé de 3 membres: Kai Uwe Faust, Christopher Juul et Maria Franz.
Si Heilung était francophone, ma chronique serait celle d’un groupe nommé Guérison car c’est la signification de Heilung en français; comme quoi la langue allemande passe parfois bien mieux. Quant au titre de l’album: «Futha», il provient de l’alphabet runique. Nous partons donc sur la voie de la guérison en invoquant la magie (noire?). Et la voix, V.O.I.X, cette fois, cet album y est essentiellement consacré: voix entre celle d’un homme et d’une créature sauvage (Gullum n’est pas loin), des cris affolants, des chants incantatoires: «Norupo» et «Elddansurin», des chants tribaux: «Hamrer Hippyer», des chœurs, des murmures ténébreux, des voix envoûtantes («aie confffianccccce, crois en moi»): «Elivagar» et aussi la voix seule d’un narrateur pendant plus de 3 minutes: «Vapnatak», c’est déjà moins pire que «Schlammchlacht» sur l’album «Ofnir», mais quand on ne connaît pas les codes, on se sent perdu et étranger. À part ce titre, toutes ces voix sont accompagnées de sons qui évoquent des rituels tribaux, des armées, des combats: l’univers de l’âge du fer et de la période viking en Europe du Nord.
Heilung jouera le 11 novembre prochain à l’Ancienne Belgique, mais pour ne pas gâcher mon plaisir (je trouve que ce groupe n’a pas sa place dans une salle), j’attendrai qu’il revienne au Castlefest où il a déjà joué en 2017.
La Louve
https://heilung.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=7PBo83bPyOE&fbclid=IwAR16P7iRPF9LRMsTwVNLpIlsmUwIQhCBQcREf0f4z1-2TYEkWxIcyGGHLE4

Algorhythm

Algorhythm (EP)
jazz et prog et rock et blues – 20’37 – Canada (Québec) ‘19
Originaire de Montréal, ce quintet, fondé par Alexander Lioubimenko, s’inscrit dans une démarche à l’éventail assez large puisque leur inspiration va du jazz au rock progressif en passant par le blues. Chanté en anglais, cet EP 3 titres débute par «Heat Of The Moment», un morceau dont l’introduction free-jazz au saxo ne laissait pas présager une suite jazz-blues à la Bill Evans (mais sans le groove caractéristique du saxophoniste américain). Alternance perpétuelle entre diverses tendances, où parfois une forme d’improvisation est contrecarrée par des structures rock-blues que ne désavouerait pas le Brecker Brothers Band. «Pull The Trigger», le deuxième titre, évolue sur un canevas assez similaire, avec en sus un p’tit côté funk rock plaisant (Herbie Hancock) auquel se collent quelques tournures de style à la Gentle Giant ou à la Soft Machine (époque jazz-rock). Diversité étonnante confirmée par «Why Now», le dernier titre. Introduction prog transfigurée par le groove de la section rythmique et se terminant dans une forme de jazz-rock progressif plus traditionnel.
Une très bonne première mouture pour un groupe qu’il va falloir suivre...
Centurion

https://open.spotify.com/artist/3WaMfPof35HrL5hYGA65OK?fbclid=IwAR1_8fjCzfEm4o7By7zpRQg4E-VbRuDmNiKjcSAI9UynWUmta9X9cjoF0RE

https://www.youtube.com/watch?v=EJzFP_Q2GIk&fbclid=IwAR2LP3p0F-9eedomNLrKKrfyxQ4ewf2A0Qjaun7SX0wdpc85hI2hmgq80Ug

oG

Water birds
cosmico-psychédélique – 42’07 – Belgique ‘19
Le propos d’oG s’est encore radouci depuis le précédent album «Out Of The Darkness» (2016), au point qu’on cherche parfois l’intérêt de cette nouvelle parution, qui tient, au mieux, de l’exercice ou de l’entraînement («The Blemmyae»), au pire de la musique d’ascenseur - ce qui, quand on pense à Erik Satie ou Brian Eno, ne devrait toutefois pas nécessairement connoter négativement. Si l’on peut accorder ‘one point’ pour le thème synthétique de «Insects Generated By Plants» et le (léger) rouleau compresseur de «The Mermecolion», on cherche en vain le relief (bon allez, une légère montée sur «Perytons», la voix d’Alice Artaud sur le morceau éponyme et quelques dissonances - qui ne mènent cependant nulle part - sur «Hydra») et on croise trop souvent l’insignifiance («The Pyrallis») ou l’insipide («The Golden Fruit»).
Auguste
https://ogmusique.bandcamp.com/

Néopolis

Néopolis (EP)
chansons rock (prog) – 10’56 – France ‘19
Dès l’entame de «Le chant de l'orage», le groove du piano fait irrémédiablement penser à Michel Berger. Ça swingue, c’est maîtrisé, c’est là une musique qui évolue dans une forme de chanson rock «à la française». Avec le deuxième titre, «Un étrange adieu», et ses quelques digressions jazzy, Néopolis pose subrepticement un orteil dans le prog, histoire de tester si l’eau est bonne, et s’éloigne de l’univers de la chanson comme l’ont fait jadis, dans les années 70, quelques groupes québécois (Beau Dommage, Octobre...).
Un mini EP 3 titres qui se termine par «La nuit résonne». Berger encore, piano toujours, rythmiques rock et très beau solo de guitare qui finissent par nous convaincre que nous sommes face à un quatuor sur lequel il faudra garder un œil.
Prometteur!
Centurion
https://open.spotify.com/album/7vxvdXZCAtJPPwwWFX0EgM?fbclid=IwAR03DEOBN3oBCVmOOG3N4lysotbH1AV3v-oYg1EcZEX133qNvGgOlEoJb4E

https://www.youtube.com/channel/UCC0ifus0pd-AEt90QpmNTmA?fbclid=IwAR2DPS2ytQ8UksENnmUfjbaHW3weEC9gdcMj7kBBX3pXdjnU5rdMVCUZPTI

Julien Thomas

Skizzen
psyché/électro/spatial – 72’46 – France ‘19
Musique évolutive, électronique quantique expérimentale et spatiale sont quelques termes qui viennent à l’esprit pour qualifier le parcours de Julien dans un univers parfois peu mélodique, dans le sens classique du terme, mais riche en sonorités astrales qui s’approchent tant d’un Steve Roach ou d’un Richard Rich que de certains maîtres germaniques comme Tangerine Dream, dans leur période rose et le début de leur période Virgin. «Skizzen», ce sont trois volets éponymes qui nous transportent dans ces univers paramélodiques étranges, le plus souvent sereins, évoquant des aurores boréales lumineuses, scintillantes et glaciales à la fois. La deuxième partie offre plus de phrasés proches de la Berlin school et de l’univers de Richard Pinhas (Heldon), c’est-à-dire rythmique et parfois acide. L’univers de Julien est iconogénétique et riche en émotions subliminales. La troisième partie de l’opus le confirme avec ses accents très planants, atmosphériques et rêverosiens (merci Dany). On pense à Marco Torrance, Stellardrone, Kip Mazuy ou encore Andrew Forrest, tout en restant fort éloigné du chill-out. Les claviers sont enveloppants, rêveurs et sensuels. Julien y ajoute des interventions séquentielles et quelques percussions qui flirtent en trame de fond avec la mouvance psychédélique. «Il faut bien faire la différence entre le possible et le réel» énonce une voix dans le contexte. Une sentence bien à propos. Notre compositeur propose sa musique gracieusement sur bandcamp. Vous n’allez pas passer à côté de ça! Plus je l’écoute, plus je suis envoûté!
Clavius Reticulus
https://julien-thomas.bandcamp.com/album/skizzen

15/09/2019

UMAE
Lost in the view
rock progressif – 60’08 – International '19
Et voici un groupe qui démontre les bienfaits insoupçonnés des festivals de rock progressif, puisque c’est bien dans l’un d’eux en 2017 que trois garçons s’y rencontrent et décident, après moult péripéties, d’unir leurs talents musicaux. Oui, car aucun n’est du même pays; c’est déjà difficile quand on est d’une région différente, alors là chapeau bas face à une telle persévérance! Umae vient de naître. Anthony Cliplef (guitare, chant) se rend en Islande, pays du chanteur et guitariste Guðjón Sveinsson, et le duo commence à travailler sur des chansons envoyées sous forme de démos à Samy-George Salib, qui ajoute sa batterie. Mais la belle histoire tourne au conte de fées quand ils réussissent à obtenir les bons auspices de (accrochez-vous bien…) Eric Gillette (Neal Morse), Conner Green (Haken), Adam Holzman (Steven Wilson/Miles Davis) et John Wesley (Porcupine Tree), l'album ayant été mixé et masterisé par Jens Bogren lui-même!!! Avouez que l’épopée peut faire jaser!
Wesley chante sur 3 titres, Green joue de la basse sur 7 titres, Gillette envoie un solo de gratte sur un titre et Holzman manie claviers, orgue et mellotron sur «Losing grip»… Excusez du peu! Alors que vaut ce premier opus me direz vous? Et bien, on peut dire que le trio (à la base) ratisse large mais sans compromission, largement inspiré par des pointures aussi diverses et variées que Unitopia, Transatlantic, Dream Theater ou Pineapple Thief. Du jazzy «Onerous» au metal math prog' de «Losing grip», de «By myself» aux atmosphères mystiques au symphonique «Let go» et son mirifique solo de guitare, Umae réussit haut les deux mains l’examen de passage, déjà repérés qu’ils sont par l’afflux de recrues prestigieuses! Un morceau m’inspire en particulier, «Turn back time» où A. Cliplef avoue lui-même s’être inspiré du «Whirlwind» de Transatlantic, le monstrueux mutant prog’. On a vu moins bonne influence… Il a composé ce morceau il y a dix ans et c’est le véritable point fort de l’album, longue progression comme on les aime, à moins que «Drift» qui clôt la galette n’emporte la mise. La chanson est simple, mais tellement bien faite! Le duo choral offre des progressions d'accords à la fois sensuelles et inhabituelles. Au moment du final, ponctué par une sublime envolée de saxophone, nous abordons même une mise en orbite stratosphérique vouvoyant l’emphatique! On aurait aimé plus de longueur pour savourer plus encore cet instant de bonheur. Certains morceaux sont d’un intérêt moindre («Running away», «Hold on», «Shame»), mais on ne peut en vouloir à ces jeunes gens qui ont réussi une performance déjà remarquable et remarquée, nonobstant les présences des pointures citées plus haut, qui leur assurent d’avance une certaine visibilité dans la sphère prog’!
Commode
https://umaeband.bandcamp.com/releases

https://youtu.be/NZQ0_IjOboI?fbclid=IwAR18QecHPhB5Lhny9ADrb4xYNBE06HGFEe4W15SzFu8IjmFp58RzyGk35z8

16/09/2019

Freedom To Glide
SEED
crossover prog – 55'12 – Angleterre ‘19
Freedom To Glide est un groupe anglais composé à l'origine de Pete Riley et Andy Nixon. À la genèse, ils formaient un cover band de «Pink Floyd», avant de se lancer dans leurs compositions, en 2010.
SEED termine de compléter une trilogie anti-guerre commencée en 2013 avec RAIN, suivie de FALL en 2016. Cet album est basé sur l'expérience d'un homme vivant la dernière année de la guerre 14-18. Ce soldat semble totalement perdu, ne voit pas de fin à cette guerre-boucherie et en déduit sa fin inévitable et imminente; la mort l'appelle. En analysant sa place dans ce conflit, il comprend, comme beaucoup, la stupidité de la guerre et ce qu'il a perdu pendant toutes ces années. Que ce soit au niveau familial, amical ou de l'humanité tout entière, il mesure l'ampleur du gâchis. Il rencontre un médecin du camp adverse. Les deux hommes se parlent et se respectent mutuellement face à la futilité de la guerre qui est là, juste devant leurs yeux. Malgré tout, alors qu'elle touche à sa fin, ils trouvent un arc-en-ciel dans la noirceur; l’espoir, la paix est peut-être à portée de main… Le thème, naturellement, a été maintes fois exploité, mais l'émotion passe très bien tout au long de l'album: l'angoisse, la peur, la mélancolie et l'espoir sont joués avec doigté. Ne cherchez pas de la complexité avec cet album; il s'agit plutôt d'un mélange subtil de guitare sèche/piano avec quelques passages de guitare électrique pour relever l'intensité et un peu d'orgue Hammond, çà et là, pour étoffer. L'album s’écoute très facilement d'une traite: il est léger, voire relativement basique, mais assez agréable. Ce qui booste principalement l'album c'est la cohérence du duo, la voix parfaitement maîtrisée accompagnée par une guitare aux accents floydiens. Je vous souhaite un agréable moment à leur écoute.
Vespasien
https://freedomtoglide.bandcamp.com/album/seed

https://www.youtube.com/watch?v=SZOQ_665_sk&fbclid=IwAR3oD7aWF27sXbBRnRB3v2wi2BFXqbVW87ywhKeo-9FKlkyWRlATjlBsZdQ

17/09/2019

VAK
Budo
zeuhl/RIO/avant-prog – 58’50 – France ‘18
10 bonnes raisons pour écouter cet album et qu’il nous devienne indispensable:
• il s’agit de zeuhl et d’entrée le rythme entêtant et hypnotique projeté par le duo basse/batterie nous transporte aux confins de ce mouvement emblématique jusque là défendu et créé par Magma (sans oublier Dün, Eskaton, Koenjihyakkei, Corima, Setna, etc.).
• il s’agit également de musique progressive (3 morceaux en 59 minutes…) dans sa forme expérimentale aux limites de la fusion, du jazz, de la musique contemporaine.
• il y a la voix parfaitement maîtrisée d’Aurélie Saintecroix, traitée en égale avec les autres instruments, pas de paroles mais des chœurs envoûtants, syncopés, délicats.
• il y a aussi des claviers en nappes ou en solo et, même s’ils ne sont pas mentionnés, j’y devine de délicieux «vintages» (Mini Moog, Fender Rhodes).
• il y a du saxo, de la flûte et des guitares en invités, juste ce qu’il faut, histoire de soutenir le propos en plénitude.
• il y a du recueillement, de la frénésie, une certaine poésie, de la profondeur.
• il y a Udi Koomran, qui n’a pas son pareil pour magnifier un mastering.
• il y a Soleil Zeuhl en soutien/diffuseur/instigateur, merci à l’infatigable Alain Lebon.
• il y a de la création et non pas de la redite, surtout pas du réchauffage, encore moins des fonds de tiroirs…
• il y a l’espoir dans le renouveau de ce genre, et là, ça me touche particulièrement.
Arthurus
https://vak-prog.bandcamp.com

https://www.youtube.com/watch?v=lgK3gO1Eqpg&fbclid=IwAR38ZrMKEuim7ZR3oGX1DI4vEPxxozZULF_wKHb6PbMYdbSjAYtUVKwbR-g

18/09/2019

Synapse
Impulse (EP)
métal-progressif – 28’19 – France ‘19
Comme vous pouvez le constater du fait de sa longueur, nous sommes en face d’un EP! Ce groupe parisien existe maintenant depuis trois ans et les ont passés à défendre sur scène des reprises des plus grands classiques du rock. Mais ce ne sont pas des reprises que nous propose le groupe sur cette galette, mais bien des compositions originales. Que nous disent d’eux-mêmes nos joyeux compères? «Les mélodies dans le genre "épic" avec une grosse dose de rock et des passages progressifs sur des harmonies de jazz sont la connexion parfaite pour lier ce que Synapse aime créer et jouer sur scène»; voici en substance la manière dont ils se présentent. Comme influences majeures, ils citent Muse, Dream Theater, Extreme et Metallica. J’y ajouterai volontiers The Old Dead Tree, c’est particulièrement flagrant sur le titre d’ouverture «One Bad Day Away»! «The Stream» poursuit dans la même veine, avec quelques jolies interventions à la guitare. Le court instrumental «Sven Lilla Aventyr» nous propose une facette plus intéressante du talent de nos sbires: la basse se fait effectivement presque jazzy. «Forgotten» est un titre nuancé, aussi bien dans le chant que dans l’orchestration où la guitare se pare d’un toucher évoquant effectivement un jazz épuré. L’instrumental «Dog Punk» présente un jeu de basse subtil complété par de chouettes harmonies de guitare. Avec «Memories», nous terminons l’écoute de cette galette de la même manière que nous l’avons commencée, malgré d’agréables nuances jazzy. Pour sortir de la masse, Synapse devrait, à mon avis, éviter de mettre trop en avant ses accents «métal».
Tibère

Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=8oZxPzPwdwc&fbclid=IwAR1r9NBJ039USx--2u1LoTfu-nirbq3mhtvIe-3DvNe5qxN24q8WGoBRl0M

19/09/2019

Alterra
iTopia
art rock/trip-hop/strange pop – 54’33 – Slovénie ‘19
Août 2058. Prisonnier depuis juin de mon loft réfrigéré, j’attends l’hiver en regardant s’affoler les thermomètres puis mourir le gazon. Je rêve d'hypocauste, de nuit froide. Longtemps que le Dux Bellorum trépassa, me laissant myriade de disques aux sonorités, maintenant, empreintes de nostalgie. Afin d’aménager ce sombre ennui, j’ai décidé, il y a trois jours, de réécouter cette collection suivant l’ordre alphabétique. Aujourd’hui, c’est au tour d’Alterra, groupe slovène dont ma mémoire n’a gardé trace. Play...
Courte introduction sucrée La Rocca Ballroom Tunes 5, ensuite trip à la Tron. Mes molécules sont décomposées et réassemblées à l'intérieur d’une boîte à musique où une Amy Winehouse robotique chante ses états d’âme sur une "soundtrack" presque blaxploitation me rappelant «Resonance», premier forfait de Bachelet.
Soudain l’«Operating System» s’emballe au doux ronron d’une basse insistante assistée de “lala” guillerets qui sautillent par-dessus les grattes fuzzées. Notre dame de fer décline sa complainte fractale, décrit un monde envoûtant où chacun partage son spleen dans un immense nuage noir ouaté de saxophones, enfumé de fantasmes, baigné de néons colorés. Paumée entre jeux et calculs, mon androïde parano y danse, y songe aux planètes interdites où se lamentent les thérémines, aux ailleurs où fuir une humanité à bout de souffle.
Rythmiques rodées, attaques massives doublées d’accents ethniques, l’ensemble toujours accompagné d’une 4 cordes profonde comme un orgasme digital. La quête de la belle connectée continue de réseaux corrompus en voyages binaires, à la recherche des origines. L’automate s’empêtre davantage lors d’un ultime détour ambiancé mellotron. Sans jamais trouver sens, elle songe à la déconnexion quand enfin lui apparaît Anticythère, nimbée de violons telle une pieuse merveille, une icône mécanique, l'aïeule idéale.
Artwork léché tant que sensé, mélodies entêtantes, envoûtantes, parfois complexes, souvent récréatives. Arrangements pensés, pesés, bien ficelés. Références culturelles nombreuses opposant nos extrêmes… Toute cette beauté métissée d’homme et de machine me fait compter les moutons électriques, rêvasser. Longtemps qu’elles assistent puis remplacent l’homme pour quantité de tâches. Plus nous abandonnons notre humanité en leur déléguant paresseusement, plus nous les faisons à notre image. Si, par miracle, ces objets devenaient conscients, aurions-nous la sagesse de les libérer ou l’audace d’un nouvel esclavage?
Alterra était sans doute de ces talentueux philosophes par la bidouille qui firent une synthèse audacieuse de leurs héritages, avec un génie tiède, moelleux comme un printemps jadis. Comment avais-je pu oublier cela? Entêtant, rafraîchissant, nous allons faire un bout de cet interminable été ensemble, peut-être plus...
Néron
https://alterramusic.bandcamp.com/album/itopia

https://youtu.be/tDMnHXNBZkk?fbclid=IwAR1g-ZRsxA7cMrrrg4n6WYJ5lFwaDGUv8-e9SDpjwYpdXIFhBZYyVUnZYQs

20/09/2019

Maiden UniteD
Empire of the clouds
metal-progressif acoustique – 41’39 – Pays-Bas + International ‘18
Lorsqu’une bande de potes issus de formations telles que Ayeron, Wihin Temptation, For all we know, up the Irons,The Ultraverse, Apocalyptica, Orgel Vreten et Kayak, avec Iron Maiden comme passion commune, se réunissent, cela donne Maiden UniteD, cover de luxe de la Dame. Idée de départ du fan club néerlandais de la Dame de Fer, c’est en 2006 que se forme ce supergroupe acoustique.
Pour «Empire of the clouds», ils ont décidé de se concentrer sur le dernier album du combo anglo-saxon, «The Book of Souls» de 2015, et tout particulièrement sur la pièce la plus épique de l’œuvre, «Empire of the clouds», qui est à l’origine une pièce de plus de 15 minutes qu’ils ont scindée en quatre parties, jouée en studio et également en live.
Le pitch du morceau, comme souvent dans l’œuvre de Maiden, est historique et nous relate l’accident d’un dirigeable de la Reine qui se crasha en 1930 en France, lors de son premier vol.
Tout le talent de mélodistes de la bande de Harris est ici sublimé. Certains d’entre vous l’ignorent probablement, mais Maiden est plus qu’une grosse machine à riffs métal et a démontré que ses influences sont autant à chercher chez les grands du prog que du coté de formations classiques telles que Deep purple ou Black Sabbath.
Le talent de Maiden UniteD est de dévoiler au grand jour toutes les richesses et subtilités de cette longue œuvre, mettant l’accent sur le coté folk, développant à l’extrême les mélodies et décuplant dans la foulée les émotions pourtant déjà bien présentes dans l’original.
Voilà un groupe de métalleux qui rendent à leurs pères un bien bel hommage et nous invitent à redécouvrir l’original.
Tiro
https://maidenunited.bandcamp.com/album/empire-of-the-clouds

https://www.youtube.com/watch?v=R27fZMKvojE&fbclid=IwAR0zKQVNor9FoIFrVhO4XiU8CIkoClhiNmduy7qD7ACNTy-23fGzNJBS6HQ

21/09/2019

Khadavra
Hypnagogia
prog-rock psyché/post-rock – 61’40 – Suède ‘19
Les voies du chemin de fer qui illustrent la pochette de ce «Hypnagogia» nous suggèrent un voyage au travers de couleurs pastel et psychédéliques, comme un billet imprimé pour un autre univers. Et effectivement la virée promise va nous envoyer dans le passé, dans les sonorités des seventies, dans les boyaux de la vieille bête parfois moribonde («khadavérique») mais toujours vivante du rock progressif et psychédélique.
Khadavra s’est fendu d’un premier album en 2014, «A True Image of the Infinite Mind», dont l’orientation musicale était davantage portée vers le doom/dark/métal/psyché/prog (pour faire simple), alors qu’aujourd’hui le groupe suédois semble avoir voulu recentrer son sujet vers le prog-psyché dont les influences sont à chercher du côté de Pink Floyd l’ancien, et du prog à la scandinave (ancien et nouveau). Cette musique somme toute bercée d’une aura passéiste demeure étonnamment moderne par son côté post-rock imprimé en filigrane. Les rythmes lents et les sonorités seventies s’emmêlent, «Mordangel», pour distiller une ambiance ténébreuse, mystérieuse, suavement progressive. Musique essentiellement instrumentale dont parfois le chant en suédois irrigue le chemin vers l’étrange, où l’usage rare du cor d’harmonie (french horn), l’utilisation de vieilles sonorités claviéristiques, de l’orgue… creusent le sillon en profondeur.
«Hypnagogia» est donc habillé d’ambiances organiques mais desquelles fusent des moments subtils comme ce piano fragile sur «Dissolve», cette atmosphère presque cold-wave sur «Tryptophan», ce sitar sur «Kollektiv».
Album intéressant qui jouit d’une ambiance palpable, de rythmes lents, d’une basse tricoteuse, de longs titres sujets à laisser le temps au temps; et ce temps-là n’est finalement pas si simple à dater.
Le voyage était une promesse, il est devenu une réalité.
Centurion
https://khadavra.bandcamp.com/album/hypnagogia

https://www.youtube.com/watch?v=GFIzXq2eUC4&fbclid=IwAR0gGFtz8NbRPBx980L1limr8pIsWjUzfOdg3xZl6wRIgGkXrn3EujGEJOc

22/09/2019

Magic Pie
Fragments of the 5th Element
classic rock prog – 46’38 – Norvège ‘19
ll y a quelque chose de merveilleusement nostalgique dans la musique de Magic Pie. Cela remonte à une époque (les années 70/80), lorsque des groupes publiaient une musique à la fois grandiose et sans prétention. Dérive des messages lyriques trop lourds ou du cynisme de certaines sorties modernes, la musique est divertissante et offerte aux auditeurs de manière très basique. Je crois que c’est la raison pour laquelle une grande partie de ce qui a été enregistré à l’époque est toujours extrêmement populaire parmi le public actuel. Bref, diversion close… À bien des égards, «Fragments of the 5th Element» fonctionne de la même manière. Bon, 5e album et 5 titres, on croit savoir d’où vient l’intitulé de l’album.
Cela ne veut pas dire que ce disque a quelque chose de frivole car il est certainement bien écrit et impeccablement interprété. En fait, cela rappelle quelques-uns des meilleurs albums des seventies de groupes tels que Kansas, Deep Purple ou Rainbow. Magic Pie utilise certainement un son rock plus dur et plus moderne, en particulier dans le duo d'ouverture, «The Man who had it all» et «P & C». Dans l'ensemble, l'esprit de l'album penche vers le rock des 70’s et pourtant, la matière semble fraîche et contemporaine.
«Table for Two» est une rock-song très agréable et directe avec un refrain contagieux et «Touched by an angel» impressionne par son ambiance bluesy et bowienne. Cependant, la carte de visite, la pièce montée, les clefs du camion (appelez ça comme vous voudrez!) pour la plupart des fans de prog’ sera «The Hedonist», formidable et époustouflante pièce épique de 23 minutes: intro ambient, séquences instrumentales impressionnantes, une mélodie acoustique et un interlude de claviers ainsi qu’une section de piano électrique jazzy. Du grand art que ne renieraient pas Rush et Dream Theater, c’est vous dire!
L’épopée progressive n’est pas une chose rare à ce stade et certains soutiendront qu’elle est un élément de base sur-utilisé du genre. Bien vu, il y a toujours quelque chose de passionnant dans une chanson long format. De structure complexe, qualité musicale et production à la clef, «The Hedonist» est l’une des meilleures et récentes épopées prog’!
Magic Pie ne réinvente en aucune manière le rock progressif, je ne pense pas non plus que ce soit leur but! Sans aucun doute rétro, leur musique fonctionne essentiellement en raison de sa capacité à divertir façon old school. Il est parfois difficile de cerner toutes les raisons pour lesquelles un album est un succès créatif. «Fragments of the 5th Element» entre dans cette catégorie, principalement grâce à la qualité des intervenants et de la production (gros son). Il aura fallu 4 ans au sextette norvégien (King for a day/2015) pour nous re-concocter une combinaison enivrante de prog' mélodique, de rock classique et de métal progressif avec un jeu énergique, des airs mémorables, des harmonies riches et des grands chanteurs.
Commode
https://magicpie.bandcamp.com/

https://youtu.be/kEqb1q_7av4?fbclid=IwAR1QJ5KMaLGVG93trw6BO1VVUnGAY5x370SoinCcPcdqXOD0IQvIn2Hzbj4

23/09/2019

Iamthemorning
The Bell
progressif – 46’10 – Russie ‘19
Quatrième album pour ce duo russe composé, je vous le rappelle, de Marjana Semkina au chant et guitares et de Greg Kolyadin aux claviers (y compris piano à queue). Je vous épargne la liste des invités (ils sont vingt-deux à se partager violon, harpe, violoncelle, alto, saxophone, marimba, trompette, accordéon, cloches, contre-basse…). Certains esprits chagrins me diront qu’il ne s’agit pas de progressif. Au sens strict, ils n’ont pas entièrement tort puisque nos deux leaders mélangent allégrement les influences classiques (via les arpèges de piano), les effluves d’Heavenly Voices (le chant aérien), les mélodies suaves dignes des plus grands dans le monde de la pop. Pourtant, dès le titre d’entrée («Freak Show»), après un peu plus de trois minutes, le progressif fait son apparition avec une superbe partie de saxophone.
Mais Marjana nous présentera mieux que je ne peux le faire la thématique générale de ce disque: «The Bell est divisée en deux parties mais chaque chanson est une histoire à part entière, alimentée par la cruauté humaine et la douleur qui en résulte. La cruauté est le thème central de l’album – ainsi que toutes les différentes façons d’agir et de réagir. Cet album comporte plusieurs couches et constitue, à bien des égards, un voyage intérieur, nous entraînant dans l’esprit d’une personne souffrant de violence, de négligence ou d’hostilité ouverte de la société ou d’une personne spécifique.»
La pochette, réalisée par Constantine Nagishkin, est comme d’habitude sublime. Mais laissons Marjana nous préciser l’origine d’un détail de cette dernière: «L’image sur la couverture est une cloche de sécurité – c’est une idée du 19e siècle, née de la peur obsessionnelle des gens d’être enterrés vivants, après avoir été provoquée par beaucoup d’attention de la part de la presse sur des cas supposés d’enterrements prématurés à travers le pays et par le fait qu’Edgar Allan Poe ait effrayé de nombreux lecteurs en décrivant de manière vivide le phénomène de l’enterrement prématuré dans ses nouvelles.»
Pour une fois, j’éviterai de détailler les titres de cet album enchanteur; allez plutôt les découvrir par vous-mêmes et vous verrez que le charme opère immédiatement.
Tibère
https://iamthemorningband.bandcamp.com/album/the-bell

https://www.youtube.com/watch?v=fdXb2SezK8E&fbclid=IwAR1odSRfAFrZRVva7Mh7C5TBsWtV-7rgvs4qkyil9DOCNqzpHPTJ7rxbhlg

24/09/2019

Eresis
Destructive knowlegde
métal-progressif – 70'41 – France ‘18
«Eresis» nous arrive de la région parisienne avec un deuxième album «Destructive knowlegde», après avoir sorti «Shedding Madness» en 2013. L'album se veut métal-prog symphonique et on repère tout de suite les influences: Visions of Atlantis, Midnattsol, Elis, Sirens Call et surtout Edenbridge; on dirait presque par moments un copier/coller. Autant le dire tout de suite, je suis assez mitigé au sujet de la nouvelle chanteuse Carole Knowledge qui remplace un certain «Nico». Elle a un timbre de voix intéressant, que ce soit en clair ou en voix plus symphonique, dans un style opéra-rock, mais son chant flirte et franchit trop régulièrement la frontière de la justesse. Côté studio, on entend malheureusement, et à de nombreuses reprises, que l'album est une auto-production, notamment avec le titre qui ouvre l'album, «Countdown on Earth», où on a toujours un son résonant qui manque de pêche, même si cela reste totalement audible bien entendu. Au niveau musical, même s’ils n’apportent aucune originalité, et bien que cela soit d'un très bon niveau, les riffs et la construction ont déjà été mille fois entendus et répétés. Cependant, les morceaux sont relativement longs et donc la variété de rythme et la complexité technique ont le temps de s'installer. La base de la rythmique, quant à elle, est assez dure et rapide, et les passages de chant ou de clavier annoncent toujours une variation de tempo. Les titres «Absence» et «Visions» sont enrichis de breaks qui donnent, alors, un côté plus prog assez agréable. Un album plus court avec moins de titres aurait amoindri la sensation de répétition. Je pense, enfin, qu'Eresis devrait chercher un style, une originalité, une touche personnelle. Mais rien ne vous empêche de cliquer sur les liens bandcamp et youtube pour vous faire votre propre idée.
Vespasien
https://eresis.bandcamp.com/album/destructive-knowledge

https://www.youtube.com/watch?v=Z_wtbpdO3mw&fbclid=IwAR14n38XCT7qI5gLVahWfsBlsaZCatEu0Z4ortbeUOvHoFEWXRrC-Sav4hI

25/09/2019

Tracteur
Tracteur
rock in opposition / avant-prog – 47’04 – France ‘19
La musique de Tracteur, qui offre «la liberté de se rouler des tractopelles dans la farine» (moi aussi, j’aime la poésie), a plusieurs affinités avec celle d’Artús: la complicité occitane, le spectre sonore et une partie de son esthétisme musical, l’utilisation d’instruments inhabituels - tsouras, bouzouki, accordéon et piano arrangé («et en plus il y a de la flûte à bec»). Le quintet, souvent aussi arrangé que son piano, rassemble sur ce premier album neuf compositions à l’énergie brute et à la titraille à l’avenant («Hallali», «Banana Noïse»…), où le violon mène la danse («Sous le Soleil d'Éthiopique»), où le bouzouki sonne le glas («Tartare de Volaille»), où les poules s’étranglent avec des voix de coqs («Le Bal des Caniches»), où l’on se détend, mais rarement (le folkeux «Léopold»), neuf titres qui siéent très certainement plus à la scène qu’à la platine - «Vegan Hardcore» bénéficie d’une fausse fin, tel le rappel d’un concert où on s’est donné, où on a sué, où on s’est défoulé. À entendre avec les yeux.
Auguste
https://tracteur.bandcamp.com/album/tracteur

https://www.youtube.com/watch?v=QjxB5_43RsM&fbclid=IwAR2HKcN3QXUhjCaImi4_v4-E7Vyo443YNbhvyRvLp8AfzWTqvhmVDbQyZJA

26/09/2019

Cyril
The Way Through
néo-pop (prog) – 46’07 – Allemagne ‘19
Formé en 2013, Cyril nous livre son troisième album avec Marek Arnold («Seven Steps to the Green Door», «Flaming Row» ou encore «Toxic Smile») comme maître d’œuvre. La formation allemande nous propose un néo-prog plutôt facile d’accès. Attention, facile ne veut pas dire mauvais, que du contraire. Nous avons ici une musique douce, intense, avec des tubes en puissance. Écoutez «First Love» pour vous en convaincre et je suis certain que vous aurez la mélodie dans la tête bien longtemps après l’écoute. Ambiance soft lumineuse d’autant plus surprenante que le fil rouge de cet album nous parle de la vie et de la mort, celle du malade dans le coma qui passe dans l’autre monde. Rien de bien lumineux en soi… Sans être de la pop, tout est pourtant douceur et subtilité dans cet album qui fait penser à Marillion et IQ; en fait un album assez old school, à la réflexion. Je vous dirai également que le thème abordé dans cet album est le fruit du travail de l’ami et complice de Marek dans «Damanek», Guy Manning, et la boucle est bouclée. Les thèmes au piano, les nappages subtils de claviers et les guitares (ne tournant pas le dos aux réverb) sont au rendez vous.
À l’arrivée, ce nouvel album de Cyril est une bonne surprise, certes facile d’accès, mais offrant une multitude de moments magiques.
Un album qui plaira donc à tous les amateurs de néo-prog orientés 80’s.
Tiro
https://www.youtube.com/watch?v=dZQybJSvqJw

https://www.youtube.com/watch?v=H8uwPUxSe_w&fbclid=IwAR3lLqJUkJ5pNJwV1xRXdeIXW1e4LaEdk0YY1Gm7T9TBCyjBi9R3ehChP5c

27/09/2019

Spiral Orchestra
Atlas Ark
rock progressif symphonique instrumental – 71’12 – Suisse ‘19
Voici la chronique d’un des albums les plus remarquables de cette année. Projet constitué autour de Thomas Chaillan, guitariste de studio né en France, qui se fend parfois de quelques prouesses scéniques, et dont le pedigree est déjà long comme un jour sans pain.
Avant d’entrer dans l’univers musical, brossons en quelques lignes le projet de l’œuvre. Il s’agit d’une fresque écologique dont le narratif basé sur un concept de science-fiction raconte, à travers une histoire presque onirique, les évolutions d’une civilisation ayant quitté, à l’aide de vaisseaux stellaires, (dont l’Atlas fut le premier), sa terre natale «Gaia» pour conquérir le cosmos et sauver l’humanité…
Pour «illustrer» avec maestria cette épopée gargantuesque, il faut mettre les moyens. Et Thomas Chaillan a mis le paquet. D’abord une formation rock traditionnelle, guitare, basse, batterie, et puis une ribambelle de musiciens venant de l’univers de la musique classique dont les instruments donnent le tournis; en voici la liste exhaustive: flûte, hautbois, cor, cor anglais, musard, clarinette, clarinette basse, basson, saxophone ténor, saxophone baryton, trompette, trombone, violon, violoncelle, piano, percussions, didgeridoo, sans oublier chœur féminin et chœur masculin. Oui ça en jette!
Avec de tels instruments, inutile de vous préciser que la musique sera… symphonique. Est-ce pour autant de la musique classique symphonique avec des touches de rock, ou même l’inverse? Pas vraiment, et même pas du tout. Il est d’ailleurs extrêmement compliqué pour le chroniqueur que je suis de rattacher ceci à quelque chose de connu. Juste pourrais-je, à travers ma prose, vous donner quelques pistes afin de tenter de vous aiguiller un peu dans ce dédale.
Alan Parsons Project, vous voyez? Bien, imaginez le premier album, «Tales of Mystery and Imagination», les parties symphoniques, revisitées par les Hongrois d’After Crying et dont la section de cuivres du groupe Chicago pulserait l’ensemble pour donner l’ampleur nécessaire afin d’illustrer une œuvre d’envergure hollywoodienne et dont la section rock et progressive serait tenue par le Kansas de Kerry Livgren et de Robby Steinhard. Vous sentez le truc? C’est comme une BO d’un film de space-opera, c’est comme du Ayreon en encore plus symphonique, c’est imposant, c’est monstrueux de grandiloquence et de pompeuseries, mais c’est éclatant!
Des tentatives symphonico-rock, il y en a eu d’autres; je pense par exemple à «Victor - A Symphonic Poem» de Rigoni/Schoenherz, mais cet «Atlas Ark» demeure pour moi une œuvre unique en son genre. Malgré son petit côté metal-progressif, le titre «Uprising» donne une idée de l’ensemble de l’album, et je vous propose d’écouter ce morceau via le lien en commentaire ci-après. Mais sachez que le moment himalayesque de l’opus est le long «Voidseeker» qui, du haut de ses 20 minutes, submerge de manière cataclysmique toute récalcitrance.
Album parfait? Non, le titre «Hesperides Gardens» est totalement dispensable, mais, mis à part cet intermède, l’album est une très grande réussite.
Centurion

Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=u8I5OoR8Uwc&fbclid=IwAR18KJVEhCHFTE9VheOpfwfNjUmfpJUPeV2-XtOwi_mc94xfJo9HNvzr9CE

28/09/2019

New Pleasure
Imprints
rock progressif instrumental – 40’01 – Canada ‘19
Second album pour ce duo d’Edmonton (Alberta) au Canada. Oui, simple duo, ce qui - on en conviendra - n’est pas très usité comme formule dans le milieu progressif: K. Wilson (piano, synthés et cordes) et D. Burkosky (batterie et cordes). Vu la composition du groupe (juste assez pour employer le terme), ils ont dû être au four et au moulin pour produire une musique qui, au premier abord, fait songer à… Alan Parsons (!) avec «Rovente». Oui, l’usage suranné volontaire des synthés nous plonge derechef dans une atmosphère instrumentale voisine des meilleurs opus du fécond compositeur de «Eye in the sky». Mais ce n’était qu’une première approche car, dès le titre suivant, «Imprints», très court, le style se veut plus insidieux et mystique; ce sera ainsi dorénavant pour tout l’album. Une sorte de B.O. de film d’angoisse va ainsi serpenter insidieusement et de manière totalement instrumentale, renforçant cette impression avec «Invisible intruder» suivi de «Endtrance».
Une déambulation musicale à la limite de l’inquiétant, puisant aussi bien dans une sorte de stoner pas trop lourd et un cosmic-rock pas trop planant. Drôles d’influences exploitées avec un petit manque de quelque chose, car, restant au bord de la falaise en permanence, sans s’élancer, le frêle esquif canadien nous laisse en état d’hypnose; on se languit d’une dérive qui ne viendra pas! Les vents du large ne souffleront jamais tout au long des 40 minutes de voyage et comme New Pleasure ne possède pas encore l’envergure d’un groupe expérimenté, on reste à quai!
«Chamber fog» n’en donnera pas plus avec cette impression de sur place qui me laisse chagrin. On n'en dira pas autant de «Crawling sky», plus aérien et quasi céleste parfois. Allez, enfin un morceau plus prog’ rock dans l’esprit et la construction, mais pas encore non plus la petite extase qu’on est en droit d’attendre. Une guitare tente péniblement de s’extraire sans vraiment non plus nous filer le grand frisson. Il est fort dommage que le chant soit absent de cet album car il aurait indéniablement apporté une couleur et une chaleur à certains morceaux et «Imprints» y aurait gagné en intensité. On en finit avec «Year of the sun» qui ne rattrapera pas le coup, ce que j’espérais secrètement.
Bon, ne soyons pas trop rabat-joie. New Pleasure a choisi une voie, celle du tout instru, et devrait se trouver un chanteur pour un éventuel troisième opus. Je reste persuadé que leur musique prendrait un tout autre tournant avec du chant. Mais tel est leur choix, respectons-le…
Commode
http://newpleasuremusic.bandcamp.com/album/imprints

https://www.youtube.com/watch?v=WwiEajFQ3KU&fbclid=IwAR0xc0lLsDKh3wWfmGFO0v19G0cZkMugqQrQZagDH489LvUmApcOAuMZWQQ

29/09/2019

Elephant 9
Psychedelic Backfire I / Psychedelic Backfire II
space rock/jazz fusion/rock rock psychédélique/improvisation – 71’16 / 62’19 – Norvège ‘19
Elephant 9 est un trio norvégien, formé d’un claviériste, un bassiste et un batteur. Les deux volumes de «Psychedelic Backfire» sont le résultat de quatre jours de concerts qu’ils ont donnés à Oslo. La grande différence entre le volume I et le volume II est la présence de Reine Fiske (oui, himself, Monsieur, Landberk, Morte Macabre, Paatos, etc.) sur le volume II.
La musique consiste en de longues improvisations basées sur le matériel de leurs albums studio antérieurs, qui reçoivent ici un traitement où l’improvisation tient une grande place. Tour à tour, on se retrouve dans des ambiances space rock, ou dans du jazz fusion que Larry Young n’aurait point renié, jusqu’à des relents emersoniens plus prog. La section rythmique est à toute épreuve, extrêmement serrée, précise, presque télépathique. On trouve aussi des moments plus aventureux qui nous mènent vers des ambiances krautrock, avec l’ombre de Can qui peut flotter...
Le deuxième volume contient la participation de Fiske, ce qui naturellement vient relever le premier opus sans en retirer quoi que ce soit. On le sent plutôt comme un mouvement naturel et, évidemment, la guitare de Fiske entre en parfaite alchimie avec notre trio.
Deux CDs hautement recommandables. Une musique contrastée, riche, entre le prog, l’impro et le jazz fusion. Simplement le témoignage de grands moments de concerts.
Lucius Venturini

https://www.youtube.com/watch?v=a4iQHRJev_E&fbclid=IwAR37tyofS35c-Vkuiljo6JKp6GT_kGXEqHI0IrdXIwFoXCIgR97-tHByEgo

30/09/2019

Hats Off Gentlemen It's Adequate - Ark (EP)
Centurion

Hats Off Gentlemen It's Adequate
Ark (EP)
rock progressif et divers – 25’10 – Angleterre ‘19
Ce binôme britannique (Malcolm Galloway et Mark Gatland), dont cet EP est déjà la sixième réalisation d’une épopée qui débuta avec l’album «Invisible» en 2012, nous propose avec ce «Ark» une sorte de mémorial dédié à Richard Galloway, le grand-père de Malcolm.
Grand-père était télégraphiste/mitrailleur sur l’Ark Royal, un porte-avions britannique de la Seconde Guerre mondiale dont un des hauts faits d’armes fut d’avoir contribué à couler le Bismarck. Malcolm prit connaissance des «journaux de vol» de l’illustre parent à la mort de son père, et ce trésor du passé lui donna l’envie de rendre hommage à son regretté ancêtre.
Le premier titre, «Ark», de 12 minutes, s’attache à illustrer la vie du navire de guerre, de sa construction à son trépas. Une pièce en évolution, dans un canevas progressif, (le style musical bien sûr mais aussi dans le sens du «mouvement par degrés successifs»). Un titre duquel transparaît une forme de nostalgie illustrant ce grand bâtiment naval qui découvrit très vite les affres de la guerre navale rendue impitoyable par les sournois U-Boots allemands sillonnant les eaux. On nage (si je puis dire) dans un progressif instrumental symphonique et mélodique, nanti d’envolées guitaristiques, de nappes de claviers et de parties pianistiques tout en délicatesse.
La suite sera très différente. D’abord «Chasing Neon», un morceau rythmique, électro-rock, entre chill-out et e-music technoïde au séquenceur envoûtant et très efficace. Ensuite «She Moved Through The Fair», un titre inspiré d’une vieille chanson irlandaise traditionnelle (rappelant furieusement le «Belfast Child» de Simple Minds) et se terminant par une belle montée en puissance.
Un EP intéressant, un peu différent des opus précédents qui étaient parfois plus rock, mais qui s’inscrit un peu dans l’orientation (plus aérienne) prise par l’album «Out of Mind» paru l’année dernière.
Centurion
https://hatsoffgentlemen.bandcamp.com/album/ark

https://www.youtube.com/watch?v=KMzUXPBiDD4&fbclid=IwAR2QpdSuXW3AVRrv1HOcskGXQKNQR4-AbU1Z3RXreMD7K_WqonUNH5rkziY