Mars 2020

01/03/2020

Dissonant Dessert
Pray You Don't Become A Man
jazz prog expérimental – 43’58 – États-Unis ’19
«Pray You Don't Become A Man» pourrait poser la question du "bon titre" d’album. Mais ce n’est pas le sujet - et encore moins la question. Quoique «Pray You Don't Become A Man» dise tout de même quelque chose d’un groupe qui a choisi de s’appeler Dissonant Dessert - même s’il est natif de Chicago (et de son lac, gelé en hiver avant le Grand Changement Climatique) et que son âme damnée se nomme Eric Novak (allons bon). Bon? C’est quand même un album d’allumé(s) - genre, rond quand le tiroir est carré. Va-t’en définir la musique que Novak avait en tête et qu’il a, avec sa vingtaine de copains (il fait beaucoup seul, mais autant avec les autres), réussi à porter vers les oreilles potentielles d’un tas de petits auditeurs assoiffés de nouvelles notes - en tout cas de notes dans un autre désordre, aux caractéristiques moins conformistes, mais jamais quelconques. Novak expérimente (inspiré par Harry Partch), en particulier l’accordage: normal (comme on accorde un instrument en Occident, quoi), aléatoire (un quart de ton au-dessus, un quart de ton au-dessous…) ou naturel (le "viens comme tu es" appliqué à l’instrument - ça marche bien avec les vieux [instruments]). Ah oui: «Pray You Don't Become A Man» parle de sexe, de la masculinité et de sa toxicité, de mantes religieuses - et ainsi s’explique le titre. Très bien.
Auguste
4/5

https://dissonantdessert.bandcamp.com/album/pray-you-dont-become-a-man

02/03/2020

Ned Greenough
A Drop In The Bucket
classic prog – 53’19 – USA ‘19
Premier album de Ned Greenough, auteur-compositeur basé à Syracuse dans l’État de New York, «A Drop In The Bucket» renoue avec une tradition que l’on aurait pu croire perdue, mais qui affiche ici une vitalité et une fraîcheur réjouissantes, à travers une série de compositions qui dévoilent un potentiel certain et une patte qui ne demande qu’à s’affirmer. Le discours ici n’est pas à proprement parler typique du rock progressif dans ses tendances les plus modernes, et sur un plan stylistique l’on peut davantage parler d’une pop mélodique à la construction somme toute assez classique, mais qui n’hésite pas à s’ouvrir via des ruptures rythmiques et des développements instrumentaux qui montrent, sinon un esprit aventureux sur le plan instrumental, une certaine habileté dans la création d’ambiances. Lesquelles ambiances ne sont pas sans évoquer des figures tutélaires célèbres qui, à leur époque déjà, avaient un pied dans le rock progressif sans totalement être assimilables au genre car empruntant davantage à sa forme qu’au fond. Le piano, instrument de prédilection de Ned Greenough, tient ici très logiquement une place centrale, avec des phrasés délicats qui ne manqueront pas de rappeler les travaux solo de Tony Banks, tandis que l’accompagnement se révèle assez discret quoique dédié, rehaussé par endroits d’arrangements assez sobres qui suggèrent davantage qu’ils ne cherchent à enfoncer le clou à tout prix. De même que le style vocal, s’il s’appuie sur un timbre plaisant (évoquant parfois celui, remarquablement chaleureux, de Richard Sinclair), fait montre d’une retenue certaine. Un album d’auteur-compositeur, au charme assez anglais somme toute, marqué par une finesse constante et pour le moins prometteuse.
Cenomanus
3,5/5

https://nedgreenough.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=I981MKfZCCo&fbclid=IwAR3eNDSB8rNd1T_SRBhGNun1VN1SeO5O4YnaIZeIMqHtCutVtgf85NA8MIE

03/03/2020

Andy Pickford
Aphelion
chill out/prog electronica – 69’13 – UK ‘19
Notre très prolifique Andy Pickford commet un nouveau chef-d’œuvre. Certes on pourrait penser que je le dis à chaque nouveau bébé mais, croyez-moi, il se dégage de cet «Aphelion» une puissance mélodique que Picko n’a plus égalée, sur mon frissonomètre perso, depuis son album pour moi fétiche «Lughnasad» (2002). Un démarrage symphonique aux accents orientaux proche de la musique cinématique nous transporte immédiatement dans une spirale ascendante aux dimensions cosmiques. Et puis l’accalmie, un piano scintille sur une mer de synthés nimbés de séquenceurs glissant tout en douceur sensuelle vers la luminescence de la troisième partie où renaît la quiétude des matins du monde. Les partitions de claviers flottent en bulles légères pour éclore en rêves éthérés. Des chœurs angéliques viennent parfaire cette création sublime tandis qu’une voix incantatoire récite sur un rythme obsédant. Ambiance vangélienne pour suivre, chant féminin et clavier majestueux. Majesté qui se prolonge dans le septième volet pour doucement se muer en trames séquentielles à nouveau hypnotiques. La guitare du huitième volet vous achève à coup sûr! Un pré final aux couleurs prog rock qui tue avant de nous replonger dans l’univers vangélien façon «Blade Runner». Un film qui a d’ailleurs marqué Andy puisqu’il en avait composé sa propre BOF en 1993 avec son album «Replicant» (remastérisé en 2013 et gratifié d’un bonus conséquent). Une perle livrée comme «Psymanteum» en trois versions: une seule plage et dix plages en 16 bits et deux plages consécutives en 24 bits. Pour le concept de cet album qui est le prolongement thématique du précédent, je vous renvoie à bandcamp. Allez je pousse sur replay!
Clavius Reticulus
5/5

www.andypickford1.bandcamp.com/

04/03/2020

JPL
Sapiens, Chapitre 1/3 : Exordium
rock progressif – 47’40 – France ‘20
J’admire Jean Pierre Louveton qui, non content d’assumer une carrière solo assez conséquente, se permet des escapades à droite (Ayno) et à gauche (Grandval), sans compromettre une réputation déjà bien établie et encore grandissante. Déjà fort d’une discographie perso à faire pâlir bon nombre de compositeurs du genre (prog) avec ce neuvième album (!), JPL fut d’abord connu pour son groupe Nemo et ses 15 albums au compteur. Carrière menée de front entre 2002 et 2020, je n’oublie pas non plus les deux Wolfspring, plus prog metal en 2010 et 2013! Bref, je ne vous parlerai pas de Lazy, c’est trop vieux et puis, avec tout ça déjà, vous avez de quoi faire tourner la platine.
Alors, il a encore quelque chose à dire, Monsieur Louveton? Assurément oui! Ce «Sapiens», qui semble augurer une nouvelle trilogie, reste dans l’esprit développé depuis 18 ans. Un chant clair pour des textes oniriques et une écriture précise, sans oublier le jeu incisif qu’il a développé à la guitare. Quant aux compos, c’est comme une jungle luxuriante et touffue, on doit tout surveiller car la bonne musique vient de partout. Et niveau iconographie, c’est encore plus fort que d’habitude: une insolente beauté irradie de cette pochette qui fait honneur à son auteur et au genre qu’il représente. Sans entrer dans le détail, c’est, une fois de plus, une réussite totale. Accompagné de Jean Baptiste Itier (batterie), Florent Ville (batterie sur «À condition»), Guillaume Fontaine (claviers sur «À condition» et «Alpha Centauri»), Stéphanie Vouillot (piano sur «Le chaud et le froid», chœurs sur «Le chaud et le froid» et «Alpha Centauri»), Marguerite Miallier (vielle à roue sur «Mastodontes» et «Le chaud et le froid»), JPL se charge des guitares, basse, chant et autres instruments virtuels, c’est lui qui le dit!
Découpé en trois parties comme toute œuvre prog’ qui se respecte (sic), Erectus, Exitium et Exodus, mouvements eux-mêmes composés des vrais titres du disque, «Sapiens 1/3» est un très bel exemple de que le rock progressif français, imagé, descriptif et théâtral, peut encore donner au XXIe siècle avec des compositions audacieuses, tranchantes, lorgnant parfois avec efficacité vers une sorte de hard rock chaleureux (Thin Lizzy/Wishbone Ash), je pense en cela à des titres comme «À condition» ou «Le chaud et le froid». Une autre histoire de l’homme qui sera donc déclinée en un triptyque, comme notre compositeur stakhanoviste en a la charmante manie (les JPL I, II et III/Rétrospections en 3 volumes/SI, SI II, SI live, SI maman si!). Trop de bien à dire aussi sur des morceaux comme «Mastodontes» et «Alpha Centauri», le premier ouvrant et le second fermant la galette dans deux genres différents. Une orgie de sons mise en harmonie avec une inventivité diabolique. Jean-Pierre Louveton n’a pas la reconnaissance qu’il mérite, ne serait-ce que par sa prolifique façon de travailler en ayant toujours des compositions qu’il ne ressasse pas, diversifiées et évocatrices d’univers si chers à nos cœurs et nos âmes. Un nouvel âge d’or en somme avec Carducci, Apairys, Grandval, Magnesis et Lazuli qui sortent ou vont sortir en quelques mois de temps des rondelles accrochées à la devanture du «Frenchy Prog Paradise», JPL vient en vedette américaine compléter le bal de ces ‘maudits’ des médias. Il va sans dire que cet album me comble de bonheur et que je suis content de savoir qu’il y en aura deux autres du même tonneau. Et je suis content, et il est content, et nous sommes contents…
Commode
4,5/5

https://jplouveton.bandcamp.com/

https://youtu.be/af5X6jKg6eY?fbclid=IwAR00oVwrrq4YatHZtB_PeuTu8rapm2KRBHDuOlUKAuvWaWdEGGwrG5hwf6w

05/03/2020

Gerd Weyhing
SubTerraMachIneA
musique progressive et sérielle – 67’09 – Allemagne ‘19
Après s’être exercé à la méthode du frippertronic (boucles sonores pratiquées par Robert Fripp), Gerd Weyhing propose, avec ce «SubTerraMachIneA», une nouvelle œuvre instrumentale dont les prémices débutèrent fin 2013 avec l’élaboration du titre «The Tree». Ce long morceau (30 minutes), qui évoque la douloureuse agonie d’un chêne trois fois centenaire auquel on coupa le système d’irrigation du tissu xylémique afin que l’arbre se meure à petit feu, évolue dans le canevas d’une musique à la fois progressive et répétitive. Thèmes et boucles en échos enchevêtrés, en progression instrumentale, qui rappellent parfois le Mike Oldfield d’«Incantations» et d’«Amarok». Et même si l’architecture et l’orchestration, un peu fouillis, ne permettent pas toujours d’adhérer complètement à la démarche de l’artiste, nous avons là une fresque musicale qui ricoche au mieux sur l’histoire contée. Certes perfectible, ce «The Tree» reste donc une belle entrée en matière à laquelle il manque sans doute un peu de fougue aux moments opportuns. Nous sommes en présence d’un musicien fouineur qui n’a de cesse de nourrir sa musique, et ceci se confirme avec le deuxième titre, «Clockwork for Uncertain Times». Long de 24 minutes, il nous plonge dans une ambiance un peu différente. En effet plus expérimentale, cette composition, à l’instar des engrenages du temps qu’elle veut décrire, fait songer au Art Zoyd de «Marathonnerre» et du «Mariage du Ciel et de la Terre». Une évolution polyrythmique entêtante dont le balancier nous entraîne, tel un mécanisme inéluctable au gré d’un voyage temporel articulé de sonorités captivantes et répétitives. Cette allégorie de la flèche du temps, cyclique, à l’entropie incertaine, est sans doute la pièce la plus réussie de l’album. Je pense que Gerd Weyhing tient là quelque chose de particulier…
L’album se termine sur «Silence and Ecstasy» qui illustre un parcours de 30 km effectué en VTT au travers d’un paysage vallonné. Mis à part une instrumentation parfois bancale (la basse), le morceau tient la route (c’est préférable en VTT) et évolue, après une introduction planante, sur quelques frippertronics et autres arabesques guitaristiques. Ajoutons aussi certaines digressions très légèrement jazzy (piano électrique) et parfois une touche sérielle qui évoque encore une fois certaines œuvres d’Oldfield… Voilà de quoi terminer en beauté un opus intelligent, travaillé, inventif mais auquel il manque parfois un peu d’équilibre et de rigueur instrumentale.
Centurion
3/5

https://gerdski.bandcamp.com/album/subterramachinea

https://www.youtube.com/watch?v=YMiN_B4QXrM&fbclid=IwAR36Bb4841nohAbB5K-5VivdJmZHUVT6sN8dAXkj0XfRDwD4R0Y2RUBy0oA

06/03/2020

Ron Yuval
Somewhere in This Universe, Somebody Hits a Drum
rock progressif/fusion – 51’54 – Allemagne ‘19
Yuval Ron est un guitariste et compositeur berlinois ayant joué divers genres musicaux (progressif, jazz contemporain, métal...). Après avoir sorti trois albums sous la dénomination Ron Yuval and the Residents of the Future, il se décide à produire sa musique sous son propre nom. Il est cependant assisté du batteur Marco Minnemann pour nous présenter ce qu’il dénomme lui-même «Cinematic Prog» et ce n’est pas moi qui le contredirai car la musique présentée ici correspond parfaitement à cette étiquette, même si le style «fusion» n’est pas étranger à notre homme. J’ai trouvé, sur le net, l’une ou l’autre critique négative sur ce projet. Rassurez-vous immédiatement, ce ne sera pas le cas ici car, bien que n’étant guère friand de jazz rock fusion, l’aspect cinématique de l’œuvre m’a, par contre, complétement et instantanément séduit. Selon mes sources, ont également participé à la réalisation de ce bel objet, Matt Paull aux claviers et Roberto Badoglio à la basse. L’obsession de Ron pour la science-fiction saute aux yeux (déjà le titre et la pochette ou les vidéos!) dès l’entame de la plage titulaire où, bien qu’instrumental sur toute la longueur de l’œuvre, Ron s’amuse à des vocalises qui ne sont pas sans évoquer, pour moi, l’ami Chardeau que j’ai eu le plaisir de vous présenter il y a peu. Mais la partie purement instrumentale du titre est également très riche en sons et découvertes diverses. Une belle progression symphonique s’ensuit avec «Gravitational Lensing», toutefois entrecoupée d’un pont qui me semble plutôt genesissien. Cela se poursuit avec «Kulper Belt», à la fois solennel, langoureux et, en tout état de cause, profondément inspiré. Avec «Wifi in Emerald City», Marco peut faire montre de tout son talent derrière les fûts, alors que la musique est plus enlevée pour une progression crescendo. Un certain calme tout spatial revient avec «The Discovery of Phoebe» où les notes de guitare se font cristallines, telles des gouttes d’eau. Des nappes de clavier nous accueillent pour l’ultime plage de cette plaque, «I Believe in Astronauts», laissant la place à des arrangements nettement plus jazzy que sur le reste de l’album. Hé bien, si tous les albums de fusion ressemblent à ceci, alors oui j’aime la fusion!
Tibère
4/5

https://yuvalron.bandcamp.com/album/somewhere-in-this-universe-somebody-hits-a-drum-ft-marco-minnemann

https://www.youtube.com/watch?v=dGVX6JSf1Ic&fbclid=IwAR1H4LDm9-8nbF6gMpemR6GrI2_L-ek1ZP4qMcYXUGKBtvFblKIbMdRFvHw

07/03/2020

Domenico Solazzo
Kino
rock atmosphérique – 66’00 – Belgique ’19
Dix ans après «Deadend», Domenico Solazzo, batteur de Fungus Imperator (rock psychédélique), DeafDialogue (rock alternatif) ou Unity (jazz), producteur et, surtout, leader de PaNoPTiCoN, collectif d’improvisation (à géométrie variable) revisitant le jazz électrique seventies et qui a tourné dans le monde entier entre 2007 et 2012, revient, après un arrêt maladie prolongé, avec ce nouvel (et dixième) album sous son nom propre. Baignées dans un climat globalement sombre, il y déroule quatorze atmosphères: oppressante («I Should Stop»), embarrassée («Bohemian Grove»), paranoïaque («At The Core»), polymorphe («A Benevolent Threat»), amorphe («Slow Down»), science-fictionnesque («The Expansion Suite»), baudelérienne («Filling The Whole»), fragile («Just Another Fix»), chaotique («Dive in Darkness»), menaçante («The Inward Sacred») ou romantico-gothique («Never Tomorrow») - on est plus proche d’Ultravox que de Genesis. Une particularité: l’album est proposé, sous forme numérique bien sûr, mais aussi encapsulé dans une clé USB customisée contenant les chansons sous différents formats informatiques et accompagnées de contenus destinés à bâtir vous-même votre propre CD (ou DVD) - en plus d’une compilation de 13 pistes retraçant la carrière de l’artiste.
Auguste
2,5/5

https://domenicosolazzo.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=btlUazEV4RE&fbclid=IwAR1v6KGgDu8RGCXcIPqSYOgjtL62qNhXkJzD76RjoCHo7k29zBW5hqJfvfw

08/03/2020

Hawkestrel
The Future is Us
space rock – 59’26 – UK ‘19
Voilà un album à réserver aux inconditionnels de Hawkwind. Et uniquement aux inconditionnels! Développement: Alan Davey, qui fut membre du faucon de 1984 à 1996 puis de 2000 à 2006, s’entoure ici de musicos qui ont également fait partie du band à un moment ou un autre. Nik Turner (saxo), Simon House (violon) et encore Ginger Baker pour la batterie, Bridget Wishart et sa belle voix sur «Free like Us», dans le genre hybride folk space rock, ou encore Lemmy Kilmister (qu’on ne présente plus) au chant rocailleux sur «Bad Boy for Life». J’allais oublier le capitaine Kirk, William Shatner, qui laisse son uniforme de Star Fleet au vestiaire pour la reprise très discutable de «Sonic Attack». Bref tout ça veut dire que tous les enregistrements ne datent pas vraiment d’hier. Mis à part l’un ou l’autre passage intéressant voire original comme «12 strings shuffle» dans le genre country rock et ce malgré ce qu’en dit le label «Cleopatra», j’ai trouvé cet opus dispensable. On y retrouve en fait, d’un bout à l’autre, du Hawkwind de très moyenne facture, linéaire et sans surprise vraiment. Avec une telle distribution, nous étions en droit de nous attendre à plus de bravoure, genre «Warrior on the Edge of Time». Comme quoi le nom de l’artiste ne fait pas la chanson. Les amateurs du genre y retrouveront bien sûr la batterie marteau-pilon, les interventions de guitare «échotées» et le saxo typique du souffle du faucon. Mais les connaisseurs savent aussi que dans l’immense discographie de Hawkwind, tout n’est pas bon à prendre, loin s’en faut.
Clavius Reticulus
2/5

www.hawkestrel.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=ChY7IIXZ2QE&fbclid=IwAR1eZMM6vlXBZHnYy8N1dVtNwc609PTyQgJMl5r4CM91RpzuY-HRoWfpHXs

09/03/2020

Leprous
Pitfalls
rock progressif/pop/expérimental – 55'16 – Norvège '19
Lorsque le chef te demande: «Tu aimerais faire la chronique du nouvel album de Leprous?», tu ne réfléchis pas une seconde et tu dis oui! Après quelques minutes, tu commences à penser que ça va pas être commode de convaincre tous les «casse-pieds» du petit monde progressif que cet album n’est pas bon... Non! Il est excellent! Et je sais que je vais énerver quelques vieux grincheux, apparatchiks du Prog-Land en trouvant cet album malin, jouissif, inventif et donc, par là même, plus progressif que bien des disques soi-disant estampillés comme tels!
De plus, même si je trouvais du talent, de la technique et un grand professionnalisme au groupe norvégien, je n’avais jamais acheté une de leur galette! Trop métal, trop rock, un peu trop tout à mon goût, mais avec toujours de très bons titres sur chaque disque. Mais voilà, lorsque j’ai entendu le premier extrait sur Facebook, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai voulu aller plus loin, une sorte de prémonition jubilatoire, vous savez le poil qui se dresse.
«Pitfalls» est un de mes albums préférés de 2019, sinon mon préféré!
Décryptons cet album ensemble si vous le voulez bien. «Below» ouvre le bal avec ce qui va s’installer tout au long de l’album, un style assez épuré, minimaliste certainement pour certains, mais d’une efficacité incroyable. Et puis, il y a cette voix exceptionnelle d’Einar Solberg qui vous fait fondre lorsqu’elle se fait douce, puis qui vous propulse loin, très loin, lorsqu’il décide de mettre les chevaux! Que dire de ces nappes de claviers qui servent à merveille l’ambiance générale des morceaux, légèrement électro mais rien de trop, ces mélodies qui vous restent dans la tête encore et encore, cette maîtrise et retenue des musiciens (si je ne me trompe pas, un seul véritable solo de guitare dans le dernier titre «The sky is red»), tout en finesse harmonique et rythmique...? Je ne vais pas énumérer tous les morceaux et vous faire du blabla redondant. Juste quelques mots pour «Observe the train», dont le refrain éthéré m’a rappelé certains morceaux de Saga, et «By my throne» qui me donne envie de danser (et ça c’est pas de la tarte), avec cette section basse-clavier-batterie qui groove!
«Distant Bells» est un bien joli joyau, pas loin de ce que peu produire RY X (en plus élaboré), avant de se terminer en furie avec cette voix qui retourne tout sur son passage!
Enfin, je gardais le meilleur pour la fin: «At the bottom» et «The sky is red». Sans conteste pour moi les deux meilleurs titres de cet album.
Que ce soit la construction, la progression, la montée en puissance, le son (quelle claque cette intro de «The sky is red»!), tout est parfait dans ces deux morceaux. Je vous conseille vivement de mettre votre casque et d’écouter juste le break à partir de 5’00 d’«At the bottom»: c’est frissons garantis!
«The sky is red» et ses 11 minutes termine cet album en nous projetant dans une sorte de transmutation alchimiste et païenne dans sa deuxième partie. C’est un grand voyage intérieur que nous offre Leprous! (Écoutez bien la mise en place du batteur Baard Kolstad!)
Leprous a osé sortir des sentiers battus et rebattus du metal-progressif en y ajoutant plein de petites touches inventives et audacieuses. À eux maintenant de faire attention à ne pas verser dans une pop-électro insipide, standard, et de confirmer cette nouvelle orientation fort inspirée la prochaine fois...
En conclusion, «Pitfalls» est ma madeleine de Leprous de ce début d’année.
Pour information: la très jolie pochette est de l’artiste indonésienne Elicia Edijanto et la version digipack de «Pitfalls» contient deux morceaux en plus, dont une excellente reprise du morceau «Angel» de Massive Attack.
Trajan
5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=nj6fM2KpyOA&fbclid=IwAR2XA6kuxWfEAZf2eggCwCKm3gCFOko0-hR-DT52bSkXbSqE_svjAWo_zqY

https://www.youtube.com/watch?v=sVVXbw-rNiY&fbclid=IwAR0PXyW-xOMSBjI7FyTs6YWr7jJCJilCjkb03vpiB2FcOoisFlNeDx4iUTY

10/03/2020

Los Exploradores
Inventure
rock progressif – 35'20 – Norvège '19
Sur la pochette richement illustrée façon BD, les 4 musiciens sont tournés vers l’ouest comme des découvreurs, et c’est bien ce que Los Exploradores ont l’intention de faire: découvrir et expérimenter. Si, en matière de musique, tout ou presque a peut-être été inventé, on peut tout de même faire preuve de curiosité et d’originalité en allant piocher comme eux quelques influences aux 4 coins du monde, tout en conservant une base très "old school". Le groupe, qui a environ 8 années d'existence, nous livre ici son premier album en version numérique, en espérant assez de retombées pour se lancer dans le financement de la version physique. Les 5 titres présents ont pris le temps de mûrir et cela s’entend. Le premier, «From Fish to Man», est le plus long avec presque 10 minutes; il évoque parfois les joutes instrumentales de Liquid Tension Experiment ou de Transatlantic dans le foisonnement et l'enchaînement de thèmes forts. Chaque musicien a l'occasion de se mettre en valeur et le solo de guitare avant la reprise finale est un modèle de technicité au service de la mélodie, pour un premier titre très séduisant. «Metroparis» s’appuie sur une rythmique puissante où les claviers (synthé et orgue) dominent les débats. Le superbe «Genie Type A» alterne des passages ténébreux et dramatiques avec d'autres moments mélodiques lumineux où s'illustrent la guitare ainsi que le piano qui conclut d'ailleurs ce titre de très belle façon. Sur «Monkey Paw 1930», le piano prend à nouveau l'initiative et nous projette dans un jazz entraînant et survitaminé, façon années folles, sur fond de guitares saturées, avant de repartir dans le rock; c'est puissant, dansant, et la sauce est maintenue jusqu'au bout des 6'40. Après cette déferlante admirablement maîtrisée, on est ravi de souffler un peu, le temps de l'intro de «Evil Scientist», sur une jolie mélodie au synthé bientôt reprise par la guitare, alors que la musique se densifie à nouveau pour partir vers des contrées plus tourmentées. La basse se met elle aussi en valeur dans ce dernier morceau et la batterie prend le dessus, pendant que le piano imprime un rythme latino genre rumba, avant le retour du thème introductif. L’impression finale est excellente, il n’y a aucun titre faible, ils sont tous très aboutis, ce qui est remarquable pour un premier album. L’ambiance est généralement optimiste, parfois complexe mais toujours mélodique; elle est souvent très énergique, avec finalement peu de moments de répit, et la durée plutôt courte de 35 minutes est parfaite. Un très bon album à posséder pour les amateurs de fusion et prog instrumental.
Titus
4/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=GZOz6Ok1B88&fbclid=IwAR0TVdEsfnlyVZz2mQLQ35e40Na2gvKtb2nMbz25bNKcmtgH1iy3l1yXPps

https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=MlzJFQkxe7E&fbclid=IwAR3r-lNXRAjXhv8MJ0yrAZCcq3BdwajS--p8_vK9TwMzNDnJAiYxWvky5uI

11/03/2020

Perséïde
Parmi les Arbres
folk progressif et psychédélique – 43’54 – Québec ‘19
Originaire de Trois-Rivières (Québec), le groupe Perséide est composé de cinq membres: Louis-Philippe Cantin (chant, guitare rythmique), Olivier Durand (guitare maîtresse - c'est comme cela qu’il se qualifie!), Samuel Milette (basse), Daniel Quirion (synthétiseur, orgue) et Guillaume P. Trépanier (batterie). Quel dommage de commencer cet album par la plage la moins attrayante de leur production («Hier ne saura jamais»), quoiqu’elle demande à être réécoutée attentivement pour en tirer la substantifique moelle. Ce que je n’ai évidemment pas hésité à faire! Et ma foi, le charme finit par s’installer pour tous les amateurs, comme moi, de rock psychédélique influencé par les seventies (il semble que nos protagonistes préfèrent de loin les instruments d’époque aux technologies actuelles!). Continuons donc notre voyage spatio-temporel avec «Istanbul», titre dégageant une ambiance à mi-chemin entre des côtés arabisants et une planerie évanescente! «Les tombeaux d’Atuan» accentuent encore cette impression de voyage sidéral (les années septante ne sont pas loin!). Quel plaisir de se laisser bercer de la sorte! Le côté plus pop et groovy de nos amis se fait montre sur «Enracinés» et l’on se surprend à siffloter le chorus! La promenade en pays rêvé se poursuit avec «La nuit des faunes» où un pont sautillant nous attend pour terminer en apothéose. Un titre tout en douceur, «Contreplongée», apporte une respiration bienvenue avant d’attaquer la pièce de résistance («Parmi les arbres», plus de dix minutes tout de même!). Nul besoin de consommer certaines substances plus ou moins licites pour survoler la forêt et se balader de branche en branche. Il semble d’ailleurs que nos amis ont enregistré des sons captés en stéréo à l’extérieur, dans la nature: on peut donc terminer l’écoute sur une note sylvestre. N’hésitez donc pas à prendre votre temps pour bien vous imprégner de leur musique: vous ne le regretterez en aucune manière.
Tibère
3,5/5

https://perseide.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=1SC8j6D8C_s&fbclid=IwAR3ljMtfcfLAxXCiouU_ca2edG3bzICD_2PYDSFpx1vM0jdGRFnMkuaSyJE

12/03/2020

ZIO
Flower Torania
rock progressif heavy – 53’21 – France ‘20
Avant toute chose, je voudrais juste aligner la litanie de noms qui composent cette œuvre ‘ba(rock)que’ pour mieux saisir le vertige qui devrait assaillir tout fan de prog’ à son simple énoncé! Jimmy Pallagrosi (Ksiz, Franck Carducci, Karnataka): batterie, Marc Fascia: guitares, Olivier Castan (Carducci): claviers, Lzi Hayes: basse (2,3,5,8,10), mais encore Hayley Griffiths (Karnataka): chant sur «Torania», Joe Payne (The Enid): chant sur «Alan», Heather Findlay (Mostly Autumn, Mantra Vega): chant sur «Belbi», Franck Carducci: chant sur «Nato», Richard Henshall (Haken): lead guitare (7), Alex Lofoco: basse (6,7), Cagri Tozluoglu (Karnataka): additional orchestration (6, 8, 11) et Alphonse Alfano à l’accordéon (11)...
Fastidieuse mais instructive, cette liste démontre l’ambition de ce projet qui regorge de mélodies géniales, de coups tordus judicieux, de trouvailles gouleyantes. L’ami Carducci aurait dit: «Zio, c’est comme si Whitney Houston rencontrait Freddie Mercury sur du Rush!» Ce projet conceptuel éléphantesque est le résultat de deux ans de travail intense. Jimmy Pallagrosi, grand instigateur de cette œuvre gargantuesque a coécrit avec Marc Fascia (guitare) et Olivier Castan (claviers) cet album avec l'aide d’invités prestigieux du monde prog’. Grand opéra chatoyant que j’oserai comparer au meilleur Transatlantic, sans oublier le Yes des eighties, car ZIO, outre une réussite complète et talentueuse au niveau compositions, arrangements et interprétations, s’amuse à faire une pop classieuse de standing international. Je suis très heureux de voir que des Français sortent du schéma rock prog théâtral d’ici pour s’assoir à la table des grosses pointures anglo-saxonnes. Il y a incontestablement un côté music-hall, une facette métal symphonique, une grosse envie progressive, un bouillonnement opéra-rock où beaucoup de genres s’enlacent et ne s’entrechoquent jamais pour des oreilles ravies. Deux singles aux côtés de clips, une histoire de science-fiction/fantastique écrite, un jeu vidéo réalisé, un paquet d’illustrations et des dates de tournée internationale en prévision pour un groupe de six musiciens et une auto-production, c’est de l’ambition absolue!
On souhaite au projet Zio une totale réussite car l’œuvre est un excitant melting pot de création musicale tous azimuts qui, s’il rappelle bon nombre de groupes grandioses, arrive à tirer son épingle du jeu en proposant du ‘matériel’ époustouflant de maîtrise, aussi bien progressif que symphonique… Sans oublier cette touche de pop qui affleure et fait le sel de l’album. Et les voix de H. Findlay et H. Griffiths sont si belles…
Commode
4/5
Album non disponible sur bandcamp

https://youtu.be/lrmImQfXYus?fbclid=IwAR257MrpQ4WxLiHeqNy0w9AHG0NPSHG7OdDbOFQksmviU6boUfOtgE4-aUU

https://www.youtube.com/watch?v=CClvWn7TJb8&fbclid=IwAR1PYERYaOB97jHZQ74UQYk1SarTQvJblKscKwm6a2ou8b6zjO2Z_rDE51A

13/03/2020

Frédéric Gerchambeau / Bruno Karnel
Amra
progressif/expérimental/contemporain – 64’34 – France ’19
Quel drôle d’objet. Objet d’une rencontre entre drôles de gens. Deux gens, du nord de la France: Meaux et Lille. Bruno Karnel, qui se définit comme l’auteur d’un rock nomade (mais qu’est-ce que ça veut dire?) et Frédéric Gerchambeau, qui a tendance à peu se définir (ou alors il y a longtemps), mais qui manipule les systèmes analogues modulaires comme un patcheur fou. BK chante (ses propres textes ou le poème de Cuacuauhtzin de Tepechpan dans «Axolotl» : "La lumière me fatigue, l'oxygène me tue") et instrumente (surtout des cordes électroacoustiques) ce qui n’est pas synthés et séquenceurs, réservés à FG. Les deux signent les sept compositions de «Amra» («L'éternité», en sanskrit) - et la stupéfaction qui en sourd. Karnel écrit «Cérès Bus Stop» avec ces vers où substantif et verbe se confondent et grammaire se révolte: "Partout glyphosaté de haine/Pourvu que le dernier iPhone", tels les "On nous Claudia Schiffer/On nous Paul-Loup Sulitzer" d’Alain Souchon, la dystopie en sus. L’univers du disque est sombre, chaotique même (l’invraisemblable «Axolotl» et son côté fin de siècle - comme l’était une fois sur deux un concert de Van Der Graaf Generator), son esthétique, électronique autant que contemporaine (le minimalisme - plein à craquer - de «Ghost» ou le Terry Riley-sien «Alphoméga») ou progressive («Îles espace» - un hit à la Philip K. Dick sur une radio audacieuse). «Îles espace», d’ailleurs, évoque «L’eau, le lait, le vin» du montréalais The Box («Le Horla», 2009 - selon la nouvelle fantastique de Guy de Maupassant), d’une façon que je ne m’explique pas: ni l’instrumentation ni l’arrangement ne se rejoignent; l’atmosphère peut-être? le surgissement soudain dans le monde éveillé? Épique. Cosmique. Lyrique. Éthique. Écoutez!
Auguste
5/5

https://brunokarnel.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=smKjwe3bNpY&fbclid=IwAR0-EUWAeDPdxVUCUIRTkMvL3I76OZQOm8LkYTylUgqVIM8JQE4ebfm6deo

14/03/2020

Art
Asylum
rock progressif heavy – 49’37 – Italie ‘19
Haaaaa l'Italie, Bologne, sa sauce (oui c’est facile, j’avoue) et le rock progressif… toute une histoire.
Celle de ART commence au début de l’année 2016 et la sortie d’un déjà remarqué «Planet Zero», concept introspectif de nos états d’âme, qui m’avait laissé un très bon souvenir. Et c’est donc confiant que je me suis lancé dans l’écoute de ce nouvel album, «Asylum». Comme pour le premier, la volonté de viser la scène internationale se traduit par la présence de guests; je retiendrai pour ce second album la présence active de Stef Burns (Huey Lewis, Alice Cooper), une production léchée, bref un gros son. Titres directs sans fioritures, ni durées excessives, mais mélodiques à souhait pour un total de 9 titres sur 50 minutes, et c’est plié!
Les influences hard rock et AOR sont ici pleinement assumées et cela donne du peps, bien loin du son quelquefois scolaire et classique des autres formations de la péninsule. Le chant de Denis Borgatti, lui aussi, est loin des clichés des vocalistes italiens; encore pour moi une qualité de Art.
En résumé, plaisir immédiat garanti encore et encore!
Cet album est une totale réussite, à découvrir de toute urgence!
Tiro
4,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=VHEKPtzdIu8&fbclid=IwAR0bqjxdrwJjKqpbnmZzu9-xy7wL4P7DAc7RJDjhTFYrLO7clXKFlrlKwIQ

15/03/2020

Cheer Accident
Chicago XX
experimental rock, avant-prog, progressive pop – 37’30 – États-Unis ‘19
Cela fait maintenant belle lurette que CHEER-ACCIDENT explore les limites du rock, de l’expérimental, du prog et d’une certaine pop déjantée. Leur premier album date de 1986 et «Chicago XX» est leur vingtième opus!
Comme ils le disent eux-mêmes sur leur site, ils sont heureux d’être arrivés à XX… Harmonie et dissonances, amour et haine, hautbois et batterie...
Ce sont les voix qui sont plus mises en valeur sur «Chicago XX»: Carmen Amillas et Greg Beemster nous donnent quelques bons moments de chant au fil des huit morceaux très différents que ce court album nous présente.
Des moments pop, avec mélodies dignes des sixties, des dissonances - noblesse oblige - du mellotron (un peu de nostalgie), et tout un ensemble qui donne à cet album un air de famille, de déjà entendu, mais très agréable à l’écoute. Quelques moments sont même crimsoniens! Des arrangements plus sophistiqués avec «I Don’t Believe», par exemple… Des moments d’humour avec «Plea Bargain»…
Bon, vous aurez compris que l’album est éclectique mais ne manque pas d’intérêt pour les oreilles curieuses d’écouter ce que nos Américains de Chicago ont pu nous concocter pour ce XX.
Lucius Venturini
3/5
Album non disponible sur bandcamp

16/03/2020

Soma Tea
Soma Tea
blues rock psychédélique – 15’17 – Belgique ’20
Vous qui avez vu The Abelians et/ou Moaning Cities à Soignies, Soma Tea va vous dissoudre le cérumen tel un acide sous anesthésie générale. Trio bruxellois monté autour de Daphné Svanias (la batteuse-chanteuse qui broie tous les râteliers: S O R O R, Radio Blues, Calling Out The Dogs…), Soma Tea charge sur ce premier EP quatre titres à la puissance renversante: «Pali» (la vidéo youtube ci-dessous) en est le porte-drapeau, hymne - la guitare de Nathan Goldman, le seul physicien de l’ULB greffé à la six cordes - psyché-d’aujourd’hui capable de faire vaciller Örebro et son Blues Pills originel - et seuls les cieux savent à quel point Elin Larsson la Suédoise menace l’édifice entier du rock depuis Janis Joplin l’Américaine. «Daydreams» et sa guitare acerbe (on pense à Tom Verlaine, de Television) sur lit de peaux (si peu de cymbale) - au solo si wah-wah - encadre avec «Pali» les ponctuations faux-amis que sont «Stripclub» (si cymbale) et «Demon Laugh» (l’ombre de Shocking Blue - que Simon Rigot a eu la clairvoyance de remettre au jour, mais en vain). Court et prometteur.
Auguste
4/5

https://somatea.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=2-_N-MymEJY&pbjreload=10&fbclid=IwAR0bqjxdrwJjKqpbnmZzu9-xy7wL4P7DAc7RJDjhTFYrLO7clXKFlrlKwIQ

17/03/2020

Guranfoe
Sum of Erda
rock progressif instrumental – 36’34 – Angleterre ‘19
«Sum of Erda» est certes le premier album du groupe anglais, mais en consultant sa page bandcamp, on constate que la formation s’est faite la championne des prises live avec une petite centaine d’albums numériques témoignant de son évolution à travers le temps.
De ce foisonnement musical, Guranfoe a canalisé sa fougue créatrice, ses improvisations débridées, pour, dans une forme de condensé, proposer la substantifique moelle de sa créativité. Ce premier album studio totalement instrumental est donc son entrée officielle dans le petit monde du rock progressif contemporain.
Le style de Guranfoe est de prime abord vintage,… mais même s’il évolue habillé d’un halo d’antan, il ne s’embarrasse pas de références aux idoles passées. Paisiblement, cette musique foule les sentiers des seventies avec détachement, avec une forme de fausse candeur. L’air de pas y toucher, il fouille parcimonieusement le terreau du canterbury, examine les traces fossilisées du rock progressif, hume l’atmosphère ambiante de cette époque. Une musique instrumentale, disais-je, émanant à l’évidence de très longues jam-sessions, desquelles ont été façonnés un son, une identité, et une structure éthérée aux constructions riches et apaisantes. Ce sont des suites musicales, comme jadis ceux de la «grande musique» composaient des poèmes symphoniques. Un album d’orfèvres à l’instrumentation calibrée, au mixage tout en finesse, avec, par exemple, des effets stéréo rappelant les expérimentations sonores du début des seventies; il est donc tout indiqué d’écouter cet album au casque.
«Sum of Erda» est ce genre d’objet que l’on écoute en apesanteur. Détaché des genres et autres accointances, on erre comme une bulle au fil du vent au-dessus d’un paysage surexploité mais observé d’un angle inconnu. Album pastoral, évanescent, comme un p’tit nuage paisible apportant une fine pluie rafraîchissante au goût suave.
À conseiller!
Centurion
3,5/5

https://guranfoe.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=FK9Wd4LfTfg&fbclid=IwAR29yhOaumYdH5BOW7N1UkvdIkbvZ7Ud7Z9jr0ROUPcoinQQNU9W4gPVT9Q

18/03/2020

Viaje a Ixtlan
Calma (I et II)
space rock/krautrock/psyché – 23’15 + 25’35 – Argentine ’18 et ’19
Deux très courts albums (j’aurais plutôt appelé ça des EP) très différents l’un de l’autre mais, selon leurs dires, «en symbiose dans la recherche de continuité et de cohérence en chaque instant». «Calma I» est enregistré en 2018. Ce premier volet de VIAJE A IXTLAN propose quatre plages chantées par Mariano Bertolazzi qui œuvre aussi aux guitares. Le second volet est, quant à lui, purement instrumental. Si «Calma I» est d’un accès rock plus conventionnel, la plage «El Rio» se place quand même déjà dans la mouvance du second opus et la voix de Mariano, qui complète un rythme syncopé, a des gènes de krautrock façon Amon Düül II. «Calma», deuxième époque, est résolument space rock coloré kraut. Appuyées sur une basse ronflante et une batterie qui martèle un rythme hypnotique, les mélodies rappellent à la fois l’univers synthétique de Kraftwerk (de très loin, mais il y a quelque chose de sous-jacent dans la sonorité du synthé pareille à celle de l’album «Autobahn», in «Kometenmelodie») et surtout d’un groupe que j’avais déjà évoqué: Tea for the Wicked dans l’album «Wicked Teapot». Cette texture sonore est bien marquée dans la deuxième plage («Motorico»). Le tempo répétitif se révèle incisif et envoûtant. Les mélodies sont extrêmement simples mais aussi extrêmement efficaces. Je ne vois personnellement aucune vraie «continuité» entre les deux mini-albums. Je parlerais plutôt d’un aboutissement avec «Calma II» qui peut figurer dans les très bonnes productions du genre. Et surtout qu’il fait partie de ces albums que «plus que tu l’écoutes, plus que ça te goûte!».
Clavius Reticulus
3/5

www.viajeaixtlan.bandcamp.com

https://www.youtube.com/watch?v=062WrwJ1xHM&fbclid=IwAR0TTC0EO6Ms9bu7iltPlBWamuV5L8niTLpfVNnYWRJM2JzLdpE9lf-szDU

19/03/2020

Delta Tea
The Chessboard
rock progressif jazzy – 35’28 – France ‘20
Delta Tea est un des derniers arrivés sur une scène prog’ française qui n’a jamais autant fourmillé de groupes aux influences diverses et variées. Ayant bourlingué pas mal en Île-de-France depuis sa toute récente date de fondation (2018), Delta Tea sort son premier impact discographique sous la forme d’un EP cinq titres «The Chessboard». Entre metal et jazz sur les bords, au milieu c’est franchement prog’ et pas qu’un peu; les quatre garçons ont un air des Xang et Xaal du temps jadis et c’est, pour moi, une belle découverte. Le son est clair et limpide. «The Chessboard», titre éponyme qui ouvre la régalade, déborde de cette énergie saine et l’espace sonore est bien occupé. Ah oui, Delta Tea est un quartet instrumental. Comme dirait l’Ange, «ils jouent un autre jazz», c’est raffiné et sans esbroufe, bref accessible, du jazz-rock jouissif. Pour «Delocalized» qui suit, ambiance plus forte mais jamais pesante, ce qui caractérise bien ce groupe d’ailleurs, c’est une agilité de notes qu’on semble voir s’animer sous nos yeux, un peu de rock metal dedans pour assaisonner... «Until Dust» démarre plus velu pour mieux introduire un clavier réjouissant. Il y a de la puissance mais elle est savamment domptée. Une guitare fait quelques pas de deux. La musique de D.T. est très cinématographique, comme tous les bons groupes instrumentaux qui font passer des émotions, des visions dans leur musique. Avec «Share», je songe subrepticement aux Tiemko et Edhels aussi, décidément, pas mal de formations françaises qui ont su, en leur temps, faire jaillir une précision harmonique de leurs instruments. Et Delta Tea a bien su doser ce metal, juste passager, jamais envahissant, ce qui donne un délicat tourbillon jazzy/prog . «Outro» termine subtilement ce premier jet, qui, selon la formule consacrée, en appelle un autre, plus copieux. Ah oui, je ne vous ai pas dit que «Delocalized» commençait sérieusement comme du Rush?! J’espère un bel avenir pour Delta Tea qui possède des qualités évidentes, mises au service d’un rock prog’ sans œillères.
Commode
4/5

https://deltatea.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=ijKxWBa7mZE&fbclid=IwAR1JWB7Q4c-H7Jj1tocfJOuTTlDo3oHZeBp7QqnIIs6ZGxwCjbXulX5yPaE

20/03/2020

Klone
Le Grand Voyage
metal atmosphérique/prog – 46’50 – France ‘19
Il aura fallu 4 longues années à la formation française pour donner une suite au déjà somptueux «Here Comes the Sun» et, même si la parenthèse «unplugged» avait calmé notre impatience, 1460 jours c’est long. Cette attente est en partie due à l’arrivée d’un nouveau batteur en la personne de Morgan Berthet, connu pour être derrière les fûts de la formation tunisienne Myrath, mais également à une signature sur un nouveau label, Kscope (Steven Wilson, Anathema, etc.). Mais cette attente est aujourd’hui récompensée. Quel album les amis! Magnifiques arrangements, harmonies vocales, son, tout. C’est un sacré beau et grand voyage auquel la formation poitevine KLONE nous invite à participer!
Tout au long de ce «Grand Voyage», vous reconnaîtrez des influences des déjà cités comme Anathema, mais aussi celles du Floyd sur «Breach» dont le début fait penser à «Breathe in the air», d’Alan Parsons Project («Sirius») sur l’intro de «Sealed», et puis il y a les guitares tantôt en mode acoustique comme sur «Sad and slow» tantôt passant dans un registre plus metal… un must.
La voix de Yan Ligner est également superbement mise en valeur, tout au long de cet opus, par le travail de Francis Caste du studio Sainte-Marthe.
Klone nous confirme donc ici sa volonté de poursuivre dans l’univers progressif et atmosphérique qu’il désire encore explorer sur son prochain album, tout en nous promettant de revenir au metal pour son successeur… Espérons seulement ne pas devoir attendre 4 ans pour le voyage suivant, qui s’annonce déjà grandiose!
Tiro
5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=eL9KeXozxW4&fbclid=IwAR2EkqQO0ulRjYTiEnRVnR2YENWYAdnpS5WvRDe13DkAKyzZxMGiCqg8GVw

21/03/2020

Munknörr
Futharuna
folk nordique – 47’40 – Uruguay ‘19
Ce n’est pas tous les jours que l’on chronique un groupe uruguayen sur votre page Facebook favorite, d’autant plus si celui-ci s’inspire des musiques nordiques! Ça se comprend un peu mieux quand l’on sait que Damiàn Schneider, le compositeur et producteur de Munknörr (fondé en 2018), est d’origine allemande, même s’il vit depuis quelques années en Uruguay.
Les éléments essentiels de cet album sont le chamanisme et les runes, dont l’alphabet (futhark) fut utilisé pour l'écriture de langues… germaniques. Et donc, comme le décrit Damiàn, «Futharuna» est un mélange de musique nordique, chamanique et tribale avec une ambiance sombre et mystique. En effet, le son est froid et ténébreux, comme sur «Odin». «Ansuz», avec entre autres des cris de corneilles (au début et à la fin du titre) et des incantations prononcées par une voix masculine lugubre, contient aussi une atmosphère étrange, mais également un très bel accompagnement musical.
9 compositions (9 en raison de l’importance de ce nombre dans la culture nordique): 8 runes et Odin, le plus grand des dieux, qui, en se sacrifiant, a obtenu le secret des runes. «Uruz» fait référence à l’aurochs, un animal d’autrefois, qui dépassait la taille d’un taureau. Dans la culture nordique, il y avait un rituel: un enfant, lorsqu’il atteignait l’âge de 15 ans, devait chasser cet animal pour marquer son passage de l’enfance à l’âge adulte. C’est ainsi que la rune Uruz représente une étape de transition. Nous sommes à nouveau dans une ambiance tribale mais, étonnamment, alors qu’il s’agit d’un acte qui apparaît très physique et sauvage, la musique se fait plus douce. Sur «Teiwaz», ce sont mes amis les loups qui donnent le ton. Résonne ensuite un joli mélange de voix, toujours au rythme des percussions. «Hagalaz» traite du Fimbulvetr: un hiver de 3 ans et l’un des éléments qui a précédé le Ragnarök, prophétie annonçant la fin du monde. Sur ce titre, on entend la voix de la chanteuse grecque Aethelwyne, qui pourrait faire penser à Maria Franz, la chanteuse d’Heilung. «Dagaz» évoque la grande transformation de nous-mêmes pour pouvoir traverser des moments tristes et sortir vers la lumière. De fait, nous sentons une évolution sur ce titre avec une lueur «réjouissante» apportée par le sifflement d’un instrument à vent.
Comme le souhaite Damiàn Shneider, j’espère que vous avez apprécié ce voyage à l’époque où les peuples nordiques étaient en contact avec le chamanisme.
La Louve
4,5/5

https://munknorr.bandcamp.com/album/futharuna

https://www.youtube.com/watch?v=ekp9wt5KtKU&fbclid=IwAR0UhuC8Ob5RvkZKq5hOqgxq7NDh3DZnxxN_lcnJMTlp6DvACW3tyufRKWc

22/03/2020

Childwood
Opalessence
Canterbury/R.I.O. – 48’46 – Pays-Bas ‘20
Childwood est un groupe de Rotterdam, avec, pour timonier, le guitariste-compositeur-arrangeur Alex Vansalen. Les références sont claires: du Canterbury, mâtiné de R.I.O., de jazz et de complexités harmoniques. On se prend à penser à la grande époque de Henry Cow avec une chanteuse, Isabel Bermejo, qui caracole allègrement, et avec talent, sur les platebandes de Dagmar Krause. Il fallait oser, mais cela marche plutôt bien.
De son côté Alex fristouille intensément sa guitare à la mode frithienne, avec un zeste de Phil Miller pour quelques solos plus classiquement canterburiens, comme par exemple la plage d’ouverture «Eyes Wide Open».
Le reste du combo compte une section rythmique (basse et batterie) plus une violoniste et l’excellent saxophoniste, Wietse Voermans.
L’album se veut un voyage à travers les différents moments de la vie et s’écoute donc un peu comme un concept album. C’est là que cela devient un peu plus lourd quand on nous sert de longs poèmes mystico-gnostiques (!!??).
Un album très intéressant, surprenant et intelligent, à recommander à ceux qui cherchent l’aventure musicale aux confins du jazz contemporain, du R.I.O. et du Canterbury.
Lucius Venturini
3,5/5

https://childwood.bandcamp.com/album/opalessence

23/03/2020

Metronhomme
4
rock progressif/jazz-rock – 42’13 – Italie ‘20
Originaire de Macerata en Italie, le groupe Metronhomme - (association de «métronome» et «homme» afin d’évoquer rythme et dimension humaine) - nous délivre sa 4e offrande après avoir proposé une œuvre musicale en support à des performances théâtrales conceptuelles: «L'Ultimo Canto di Orfeo» en 2005, «Neve, Bar, Panopticon» en 2010 et un CD (aujourd’hui pratiquement introuvable) de la partie musicale de leur premier spectacle susmentionné.
Cet album «4», librement distribué sur les plateformes Youtube, Soundcloud, Spotify,… ne sortira pas en CD mais jouira néanmoins d’un pressage vinyle de haute qualité.
Instrumental, dans un style difficile à identifier, le groupe composé de Mirco Galli à la basse, de Tommaso Lambertucci au piano et aux synthés, d’Andrea Lazzaro Ghezzi à la batterie, et de Marco Poloni à la guitare, nous invite à découvrir une musique dont l’évolution et l’enchevêtrement des structures rythmiques et mélodiques tendent à aiguiser notre imaginaire. Les influences sont éparses, pas vraiment perceptibles, juste en filigrane, comme un parfum qui passe en laissant un souvenir d'arôme dont les effluves évoquent parfois Fripp, Mike Oldfield, le smooth jazz, le prog atmosphérique...
Musique élaborée et développée afin d’en faire émerger la meilleure structuration, elle pourrait être l’envers d’une formation comme Djam Karet dont la démarche basée sur une forme d’improvisation engendre un résultat parfois étonnamment similaire.
11 compositions assez courtes dont la cohésion stylistique vous emmène petit à petit vers un voyage introspectif. Comme un «metronhomme» en guise de pendule hypnotique vous invitant à vous évader au fil de sonorités et d’ambiances suggérées.
Album dont l’office est autant décoratif que concret, qui s’écoutera en fond sonore ou en profondeur afin d’en déceler la chirurgie complexe.
Démarche intéressante, originale, mais à laquelle il sera à mon sens nécessaire, à l’avenir, d’apporter un peu de fougue, de «lâcher-prise». À force de triturer on en oublie parfois une saine spontanéité.
Centurion
2,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=q3tjmzROlc0&list=PLbrSti5ifybGNiynayn84VdO0tX20ifeF&fbclid=IwAR3gMsYZd_ZNrHukSKKoe5omqqQaTPRhFWUiowmGetkN9vckb0g5CKjRupQ

24/03/2020

In Continuum
Acceleration Theory 2 - Annihilation
rock-progressif – 63’38 – USA ‘19
C’est peu de dire que je l’attendais cet album! En effet, le premier volume de «Acceleration Theory» m’avait réellement emballé et savoir qu’un second volume allait suivre suffisait à attiser ma curiosité. Mais, tout d’abord, un bref rappel pour les distraits: In Continuum est le groupe monté par le claviériste et producteur Dave Kerzner sur les cendres désormais refroidies de Sound of Contact. Ce projet éphémère associait, outre Dave Kerzner, Simon Collins (oui, le fils de…) et avait produit un tout bel album «Dimensionaut» en 2013. In Continuum est présenté comme un vrai groupe avec un casting pas dégueu, puisque on retrouve à la batterie rien moins que Marco Minnemann qui est plus ou moins partout pour le moment. «Annihilation» poursuit donc le voyage spatial proposé par le premier volume et nous emmène dans un genre de space opera prog d’excellente tenue. Et pourtant, cet album déçoit… Entendons-nous bien: par rapport à la moyenne des albums prog, cette plaque reste de très haute tenue et représente le haut du panier. Mais, par rapport au premier album, je dois avouer que c’est une déception. Plusieurs raisons expliquent cela. Tout d’abord, il faut mentionner un choix curieux en matière de production. Là où le premier album proposait un spectre sonore large et dynamique, celui-ci a une production plus étriquée qui repousse la batterie assez loin dans le mix. La batterie ne pulse donc pas dans les écouteurs; c’est d’autant plus dommage que le drumming de Minnemann reste simplement fabuleux. Un peu à la manière du regretté Neil Peart, ce mec est capable d’élever une composition rien que par sa manière de jouer. Il y a ensuite l’enchaînement des morceaux; sur les douze plages de l’album, la moitié sont des plages que je qualifierais «de transition», c’est-à-dire courtes, plutôt basées sur des ambiances et sans réelle composition. Cela renforce certes le côté cinématographique de l’album, mais l’ensemble perd en consistance ce qu’il a gagné en cohérence. Et enfin, pour les morceaux restants, les compositions sont simplement un cran en dessous du premier album: peu de mélodies tatouables, peu d’envolées qui nous emportent, et même les 20 minutes de la plage titulaire ne laissent pas un souvenir inoubliable. Cela dit, comme déjà mentionné, cela reste un album de très haute tenue, mais je m’attendais à au moins aussi bien que le premier album. Une déception donc, mais attendons de voir leur essai suivant, car le groupe est de toute façon à garder assurément à l’œil.
Amelius
3,5/5

https://sonicelements.bandcamp.com/album/acceleration-theory-part-two-annihilation

https://www.youtube.com/watch?v=bBtMeRXu1Ko&fbclid=IwAR0laGu4-mTca3Ifi3S6RETdkJ0U8e1TgH7aGYaFIhqtXQ1a5dXQ_5Wj148

25/03/2020

Pendragon
Love Over Fear
néo-progressif – 64’05 X3 – Angleterre ’20
J'ai tardé à écrire au sujet de cette dernière livraison de Pendragon, groupe vétéran de néo-progressif. C'est que ce «Love Over Fear» suscite des divergences de point de vue et une certaine polémique au sein des amateurs du genre... Nous voilà donc face à cette galette à la pochette bleutée, océanique et résolument positive, un peu à l'image de la direction prise par Nick Barrett qui semble être délibérément le seul maître à bord du bateau. Exit le heavy prog des albums «Pure» et «Passion» ou la sombreur qui subsistait encore partiellement dans «Men Who Climb Mountains» (ce dernier lorgnant toutefois vers une certaine modernité à la Anathema).
Exit le symphonisme puissant et emphatique de «Masquerade Overture» ou «Not of this World», les envolées éloquentes de Clive Nolan semblant être définitivement aux abonnés absents; on préférera d'ailleurs voir s'exprimer ce dernier dans Arena, se contentant ici d'interventions au piano et de claviers plutôt sobres et épurés. Dès l'ouverture de ce «Love Over Fear», avec un «Everything» étonnamment rétro, on a l'impression de revenir aux sources, au Pendragon des années 80... Mais, dès le titre suivant, «Starfish and the moon», Barett nous offre une ballade des plus modernes, pop et intimistes, et semble chanter mieux que jamais, (malgré un timbre de voix qui n'a jamais emballé tout le monde). On enchaîne avec le délicat «Truth and Lies» qui fait une fois de plus la part belle aux solos majestueux de guitare (presque interminables) de ce bon vieux Nick, tendance que l'on retrouvera sur pas mal de titres de l'album.
«360 degrees» confirme le virage pop avec son accessible folk rock limite irlandais. «Soul and the Sea» est puissant, agréable et entraînant, mais somme toute assez conventionnel. Les aériens «Eternal light» et «Water» sont une invitation au voyage de par la richesse de leurs atmosphères et leurs longues envolés guitaristiques. «Whirlind» est une nouvelle ballade made in Barett, avec cette fois-ci un bref final au saxo. Arrive enfin le morceau que je considère le plus intéressant de l'album: l'excellent «Who really Are you», contrasté, riche en ambiances et cassures, qui rappelle par ailleurs le talent de Barett à combiner guitares acoustiques et électriques. L'album se clôt avec une énième ballade, «Afraid Of Everything», peut-être celle de trop, rendant l'album un peu mou du genou. Personnellement, dans l'ensemble, j'y trouve quelques longueurs et mièvreries qui, hélas, peuvent mener l'auditeur à l'ennui... Ça n'enlève tout de même rien à la qualité intrinsèque des compositions. Paradoxalement, si certaines influences pop se font sentir, l'album est bien moins simple qu'il n'y paraît et demande un certain effort d'écoute pour en apprécier les meilleures facettes. On aime la guitare de Nick Barett, mais il a cette tendance, de mon point de vue, comme dit plus haut, à s'étaler sur des solos sans fin qui paraissent parfois se ressembler, et ce, peut-être au détriment d'une véritable cohésion de groupe et d'un renouvellement plus significatif, en termes d'inspiration et de démarche musicale. À souligner tout de même l'excellente prestation du nouveau batteur, Jan Vincent Velazco, qui sied à merveille en terme de technique et de feeling. Nul doute que le groupe saura défendre l'album sur scène. En résumé, une légère déception pour ma part; certains y trouveront leur compte, Pendragon nous délivrant toujours évidemment de la musique de qualité, à défaut d'être transcendante. À noter: disponibles dans l'édition qui comporte trois disques, la version acoustique que je trouve plutôt intéressante et une version instrumentale, pour ceux qui seraient allergiques à la voix de Nick.
Maximus
3/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=DM8lA1bM6mg&fbclid=IwAR3cfE0ah_SCtCGy_RmLqpk6zcpH1bhOf3f2rcGEmfjepBACmUJtdNPpRyE

26/03/2020

Esthesis
Raising Hands
rock progressif – 35’10 – France ‘19
Il a déjà été dit tellement de bien sur ce disque et ce groupe dans divers sites du net que je ferais tache si je ne me mettais pas au diapason des divers collègues de plume. Sous la houlette d’Aurélien Goude (chanteur, guitariste, clavier) en 2013 se forme le projet Esthesis. Rejoint ensuite pour ce premier EP en 2019 par Charles Thumloup [bassiste], David Delavoipière (guitariste) et Yann Pousset (batteur). Bien que conçu comme un projet en solo, «Raising Hands» ne pouvait être mis en musique que par un groupe tant le son se révèle bien souvent, beaucoup plus riche en émotions. Et c’est le cas ici où l’on est bien forcé d’admettre que le style Wilson (pas Brian, Steven) est devenu un genre ingéré par des formations se réclamant du nouveau grand monsieur de la progressive. Esthesis amalgame avec une aisance redoutable Porcupine Tree, Pink Floyd, mais aussi le Airbag de Bjorn Riis, si l’on doit jouer au jeu inévitable des comparaisons.
D’abord il y a ce titre divisé en deux parties et qui donne son nom à la rondelle, «Raising Hands». Si vous n’avez jamais pu pénétrer l’univers onirique et habité de Porcupine Tree, inutile d’aller plus loin! Comme dit l’autre, on s’y croirait… Floraison de sons à foison; au casque, c’est d’autant plus flagrant. Nul besoin de metal pour faire feu de tout bois ou plutôt de tuyères car il s’agit d’une escapade sidérale et sidérante que le quartet français s’autorise pour un premier jet. Esthesis prouve d’emblée que l’on a un nouveau groupe d’ici qui a du talent. La France Prog’ a un incroyable talent (!) et en 2019 de nombreuses formations nous l’ont prouvé en maintes occasions. Mais dans ce style si particulier, Esthesis prend la place derechef. Le final hallucinant de « Raising Hands pt. 2» n’a rien à envier à Hawkwind, groupe auquel j’ai souvent fait référence pour les premiers P. Tree, tiens, comme par hasard! Les claviers de A. Goude sont juste bons (good quoi!) et parviennent à faire décoller ce précieux aéronef vers des sommets insoupçonnés. Pourtant avec «Sleepers», on dérive doucement vers un psychédélisme floydien (voix en écho, climax aériens), il faut dire aussi que la guitare tricote des lacets de velours rassurants avec une infinie douceur. Pour «Hunger», on arrive au quatrième titre et la mayo a pris depuis belle lurette. C’est rassuré que l’on découvre un instrumental des plus ravigotants. Sur une base souple, le morceau se scinde en deux parties, révélant une cohésion déjà sérieuse entre les quatre intervenants et c’est l’explosion sonique pour deux dernières minutes incandescentes. Pure jouissance sonore et haut niveau de composition, mais aussi un groupe qui joue merveilleusement bien! On arrive à la fin avec le hautement floydien «Silent Call» qui débute comme un titre de «Wish you were here»; la voix d’Aurélien Goude est superbement adaptée à la musique que joue son groupe. On va déjà finir le disque sur ces 9 minutes de plaisir intense, de rock planant comme on disait en 77. Esthesis, de toute évidence, a su tirer la quintessence de l’art porcupinien et, pour finir, nous fait couler un sirop de Floyd entre les deux esgourdes comme ça, tranquille, facile et tout. Du grand art! Là, pour une fois, attendre le vrai gros album n’est pas une formule toute faite après un premier EP, on le veut, on l’attend… on l’exige!!!
Commode
4,5/5

http://esthesis.bandcamp.com/album/raising-hands

https://www.youtube.com/watch?v=txMIHkJsNJc&fbclid=IwAR32dPTCu0rzk_03qqnJCaMGgiLQrVpTTOUsx0O0wYfnRChY0xrwNBpULS8

27/03/2020

Oh no, It’s Prog!
Oh no, It’s Prog!
rock progressif – 40’59 – Italie ‘20
Oh No, It's Prog! est le projet d’un Italien, Gianni Nicola (guitariste et compositeur), rejoint à la batterie par Emanuele Bosco, à la basse par Luca Pisu, aux claviers Paolo Gambino et au chant Alessandra Turri. Le flûtiste Ariel Verosto intervient sur deux titres. Le nom que notre protagoniste principal a choisi pour son projet vient de ses années de lycée où, alors que ses condisciples se disputaient âprement afin de déterminer qui de Duran Duran et de Spandau Ballet était le meilleur groupe, lui, aux fêtes d’école, passait Marillion, Genesis ou IQ, s’attirant invariablement les quolibets du genre «C’est quoi, cette m…» ou «Oh, non, c’est du prog!». Quelle dérision! C’est pourtant une musique de grande qualité qu’il nous est donné de découvrir. Déjà, «Happy Song» s’avère effectivement très joyeuse, baignant dans une ambiance très «peace and love». Même si le thème est la nécessité d’être libre dans sa tête, elle se termine sur une note triomphante. Le chant féminin se montre différent des autres groupes de progressif: la voix d’Alessandra est plus proche d’une pop de qualité. «Early Morning Musings» est un hommage à deux groupes emblématiques du néo-prog des années 80: IQ et Marillion. L’heure précoce (cinq heures du matin) à laquelle notre compositeur se lève deux semaines par mois se révèle propice aux rêveries existentielles et à la créativité. Mais voilà la pièce de résistance: «The Dream», d’une durée de vingt minutes, divisée en cinq sections. Cette chanson parle d’un rêve vieux de plus de 25 ans où son auteur a rencontré ce que les psychologues appellent l’Ombre, la partie obscure présente en chacun de nous. Superbe titre avec de splendides passages à la flûte et de bien belles envolées de claviers et nanti d’un final emphatique et symphonique comme on les aime. «Taking a Stroll with Jethro» est encore un hommage, instrumental cette fois, à un groupe qu’il n’est même pas nécessaire de vous présenter, tant cela saute aux yeux. C’est une belle réussite en tout état de cause! Encore un instrumental pour clôturer notre écoute avec «Through the Corridor», très genesissien dans l’âme. Ne craignez surtout pas de supporter les artistes qui nous font parvenir leur promo: vous passeriez ici à côté d’une bien belle œuvre, même si elle se trouve éloignée des grands noms de notre musique préférée.
Tibère
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=88h9Ccw3gUY&fbclid=IwAR3F-AM-KbCkkFsDrMBxsUew8JVar208Qrro7BlT5mTC7JmePl9_Y86QvWo

28/03/2020

The Lucid brain integrative project
Almost integrated
électronique/Jazz/expérimental – 50’43 – France ’19
C’est NOundo (ici, la version 4.3) qui est au cœur de la musique d'Emmanuel Reveneau, l’âme et l’esprit dans The Lucid Brain Integrative Project, un programme de live looping modulaire multi-entrées dédié à la composition et à l'orchestration en temps réel, conçu essentiellement pour la scène et par des musiciens (Jean-François Domingues et Reveneau). C’est lui qui assure tous les instruments (cornet à pistons, claviers digitaux et batterie) sur les trois morceaux de «Almost integrated», enregistrés live (en témoignent les rires surpris par un final parfois abrupt) et sans sons préenregistrés. Actif depuis les années 1990 dans le spectacle vivant (son, image, corps, concept…) avec en tête la sédition de l’avant-garde et le tumulte de l’art total (cette volonté de réunir l’art et la vie, l’acteur comme le spectateur, de s’adresser à tous les sens, de fusionner les modes d’expression), initiateur en 2013 du Paris Loop Jubilee, Reveneau produit une musique à la fois sensible, improvisée et orchestrée en temps réel, bidouillée en autodidacte, profondément digitale et vintage à la fois, dont les boucles trempent autant dans le Canterbury que dans le free jazz - avec des radicelles du côté de Terry Riley ou de Fripp & Eno.
Auguste
4/5

https://thelucidbrain.bandcamp.com/releases

https://www.youtube.com/watch?v=U1usDBzaGVM&fbclid=IwAR3O5oJQG4FygMa9iuG_Sg6PQPwbknug_7JSu5-XwVtLsyQOqSXGQGbKcG8

29/03/2020

Mago De Oz
Ira Dei
folk metal – 48’51/43’32 – Espagne ’19
Voilà un supergroupe (10 membres aujourd’hui, pas moins!) qui, hormis son propre pays, ne tourne pas en Europe, privilégiant les pays hispanophones d’Amérique centrale et du Sud. C’est dommage car le spectacle est à chaque fois grandiose. À l’instar de quelques autres formations de renom, ils invitent ici un grand orchestre accompagné des chœurs du Coral Arianna Ensemble. Leur premier chanteur, Jose Andrea, à la voix rude et puissante, a cédé la place à Zeta il y a cinq ans déjà pour l’excellent «Ilussia». On le retrouve ici avec la pétulante Patricia Tapa, à la voix tantôt douce, tantôt agressive (comme peuvent l’être ces femmes latines au caractère trempé). Elle seconde magistralement le chant épique ou mélancolique des compositions de cette ire divine.
Ce double album, très attendu par les fans, procède d’un folk metal festif où viennent se greffer quelques extraits classiques, empruntés notamment à Dvořák et Vivaldi. «Nessun Dorma» (Puccini) interprété par Patricia sous le titre «Opera Mortis» est plus sujet à critique tant il est difficile d’égaler un Pavarotti ou même la version de Manowar, la voix de la belle ne s’y prêtant pas vraiment. Le violon enjoué de Moha (anciennement Mohamed) et les martèlements vitaminés de Txus font éclore des constructions musicales où virevoltent de concert flûte, hautbois et clarinette soutenus par l’ensemble à cordes et une guitare épique qui alterne les déchaînements aux colorations Rhapsody et Nightwish et les accalmies où coulent les chœurs angéliques et les synthés discrets ponctués d’arpèges de piano pétillants comme une fontaine céleste. Nul doute que cet album conceptuel qui fait suite à «Jesús de Chamberi», deuxième album du groupe sorti en 1996, confirme leur statut de référence incontournable au firmament du folk metal celtique. Si vous ne connaissez pas encore ces Madrilènes, plongez sur cet opus. Un dernier mot sur le packaging: artistiquement hyper soigné, comme chaque fois, l’album est également disponible sous forme de coffret rectangulaire recelant un somptueux livret qui reprend, entre autres, les textes des chansons et les «photos de famille».
Clavius Reticulus
4,5/5
Album non disponible sur bandcamp

www.magodeoz.com

https://www.youtube.com/watch?v=mueiby-Cbss&fbclid=IwAR1DoZ0CkcawaOKipyyIMjEnqXcsI9_N_4dtGoXdpce8IOA-1FBZuI1Fzmk

30/03/2020

Protean Circus
Rhymes in the voice of River
rock progressif (heavy) – 61’32 – Italie ‘19
En voici encore un! quoi donc? un groupe italien…
Un premier album pour ce sextet originaire de Rome, qui est basé sur un concept inspiré des légendes bretonnes, celles qui traditionnellement étaient contées lors des longues et sombres soirées d’hiver.
Au niveau musical le groupe Protean Circus est une véritable éponge de styles, allant de Kiss à Blue Oyster Cult, en passant par Toto, Pink Floyd, Queen et beaucoup d’autres…, et propose tantôt du métal prog, tantôt de l’AOR, tout en s’autorisant sans complexe quelques passages jazzy et blues («Deception is Revealed») ou folk («A Mild Immortal Nymph of River»).
Pour certains ce sera la preuve d’un bel éclectisme, pour d’autres un manque de personnalité, voire un forme d’opportunisme.
Musicalement, c’est bien fait, ça joue très bien, il y a du talent, c’est certain. La plage majeure de cet album est sans conteste «A mind Immortal Nymph of the River» qui de ses plus de 12 minutes ravira les plus exigeants des progueux.
Ceci étant dit, l’album a les qualités de ses défauts, à trop vouloir en faire ça peut conduire à en décourager plus d’un. Mais ce serait dommage de passer à côté d’un solide groupe en devenir.
Si pour le prochain album ils arrivent à canaliser leurs inspirations, ce sera une tuerie!
Tiro
3,5/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=hEbcJ_LADpQ&fbclid=IwAR2VLunCG3q4UTZM_OzCEktp-ZqHZpmh4OVLzW1BasuHeHikK4av2CZE7U8

31/03/2020

Sons Of Apollo
MMXX
metal progressif – 58’36 – USA ‘20
Sons Of Apollo, je suis sûr que vous connaissez déjà le groupe! Ils forment ce qu’on appelle un «supergroupe». Présentation rapide de l’impressionnant line up: Jeff Scott Soto au chant, il fait partie des meilleurs chanteurs de sa génération avec un chant haut perché. Il était un membre du groupe «Talisman», il a participé au fameux album Rising Force d’Yngwie Malmsteen, il a chanté dans Journey, il est un guest régulier d’Axel Rudy Pell, mais il est surtout connu aux USA pour être un des chanteurs live de Trans-Siberian Orchestra. Au clavier: Derek Sherinian ex-Dream Theater, Black Country Communion. À la guitare: Ronald Jay Blumenthal mieux connu sous le pseudonyme Ron «Bumblefoot» tant il a œuvré, et notamment dans Guns N' Roses et Art of Anarchy. À la basse: le grand Billy Sheehan que l’on retrouve dans Mr Big, The Winery Dogs, Talas, ou encore sur les albums de Richie Kotzen et David Lee Roth. Et enfin l’immense Mike Portnoy à la batterie. C’est plus facile de citer les groupes de métal progressif dans lesquels il n’a pas joué que l’inverse. Les principaux: Dream Theater, Flying Colors, Transatlantic.
«MMXX» est leur deuxième album, il succède à «Psychotic Symphony» sorti en 2017. Je trouve ce deuxième opus relativement plus musclé que le précédent. On reconnaît bien sûr les influences de tous les groupes des différents membres et, cela va sans dire, principalement de Dream Theater. Certains résument Sons of Apollo à un Dream Theater avec un vrai chanteur… Je trouve cela un peu dur pour James Labrie car lui et Jeff Scott Soto ne boxent pas dans la même catégorie. J’aime beaucoup «Resurrection Day», un titre plus passe-partout mais qui fait quand même ressentir le feeling Sons Of Apollo. «Desolate July» est d’une émotion et d’une sensibilité intense avec une intro piano voix partant vers une ballade typiquement américaine à la guitare lancinante et voix enjôleuse. Celui-ci est dédié à David Z, bassiste notamment d’Adrenaline Mob, tragiquement décédé le 14 juillet 2017 dans un grave accident de la route impliquant tout le groupe. Mike Portnoy y a joué pour remplacer le batteur A.J. Pero, batteur de Twisted Sister décédé d’une crise cardiaque en tournée en 2015 (il a remplacé A.J. Pero dans Twisted Sister pour leur tournée d’adieu également). «King Of Delusion» est le plus prog de l’album, une merveille de créativité et de technicité aux changements de rythmes et d’atmosphères incessants… 9 minutes de bonheur. L’album se termine avec «New World Today», naturellement le plus travaillé avec 16 minutes pour s’exprimer. Une intro guitare à la Pink Floyd où le clavier fait une incursion à la Deep Purple tout en douceur pour enchaîner avec une déflagration de pur métal progressif. On attend toujours d’un «supergroupe» un superbe album… ce n’est pas toujours le cas mais Sons Of Apollo l’a fait.
Vespasien
4/5
Album non disponible sur bandcamp

https://www.youtube.com/watch?v=7nGPHmXcRGU&fbclid=IwAR1N-0QjOkzSZJVVZNf9vlW9hxI2Nj68NGYBcBINzKuQX9Yl7I2eggynat0